Una Voce
Internationale, son Président, le
docteur Ralf Seibenbürger et la commission « Ecclesia Dei », le Cardinal Castrillon
Hoyos.
Dici, dans sa livraison du 3 avril au 24 avril, nous apprend que le président de l’Association « Una
Voce » internationale, le Docteur Ralf Siebenbürger,
a visité Rome et les dicastères romains
et tout particulièrement Mgr Perl,
secrétaire de la Commission « Ecclesia Dei »,
et surtout son président, le Cardinal Castrillon Hoyos. A l’issue de sa visite, il aurait
adressé un compte rendu aux
membres de son association.
Monsieur l’abbé Lorans, auteur de cet article, nous dit en
citer « des extraits les plus
importants » qu’ensuite il commente.
Les affirmations de cet article sont des plus importantes.
"Ecclesia Dei" ?
Rome : A quoi sert la Commission "Ecclesia Dei" ?
« Le 13
mars, j’étais à Rome où j’ai eu l’occasion de faire le tour des dicastères au
Vatican. Vous serez certainement intéressés de savoir ce que j’y ai entendu.
Voici mon compte rendu.
« Tout d’abord, j’ai rendu visite à Mgr Perl à la Commission
Ecclesia Dei. Il m’a dit – et le
cardinal Castrillon Hoyos
l’a répété ensuite – que les autorités du Saint-Siège
avaient abandonné tout projet de créer une juridiction pour les fidèles qui
préfèrent l’ancien rite (i .e. une administration apostolique ou quelque chose
de semblable). Selon Mgr Perl, ces personnalités officielles craignent les
protestations des évêques locaux et des conférences épiscopales. Il a aussi dit
que le Saint-Siège était très ennuyé par la
conférence de presse de Mgr Fellay du 2 février et le
document sur l’œcuménisme publié à cette occasion par la Fraternité Saint Pie
X. (…)
« Ensuite j’ai rencontré S. E. le cardinal président de la
Commission Ecclesia Dei à la
Congrégation pour le Clergé. (…) Le Dr Siebenbürger
était accompagné d’une délégation de trois membres italiens de l’Association Una Voce (ndlr). Le cardinal nous a reçus très amicalement et nous a
consacré une heure entière. Il a souligné qu’il aimait l’ancien rite qu’il avait
lui-même célébré de 1952, date de son ordination, à 1965.
« Le cardinal répéta qu’ils avaient abandonné toute idée de
nous donner une juridiction propre. Il mentionna qu’une telle juridiction
propre avait été accordée à la Fraternité St Jean-Marie Vianney à Campos, car
le fondateur de cette Fraternité, Mgr de Castro Mayer, était allé beaucoup plus
loin que Mgr Lefebvre. Le cardinal souligna que Mgr Lefebvre n’avait jamais
fondé une structure particulière pour sa Fraternité qui puisse être considérée
comme un acte concret de schisme. Au contraire, Mgr de Castro Mayer avait fondé
un contre-diocèse qui avait été clairement un
schisme. Pour résoudre ce schisme, une juridiction propre avait été accordée à
la Fraternité et aux fidèles de Campos.
« Le cardinal a rejeté l’opinion qui considère l’ancien rite
comme un rite à part, comme par exemple le rite byzantin ou le rite arménien. «
Il n’y a qu’un seul rite romain » a-t-il insisté, « et ce rite romain a
différentes formes ». Ainsi, selon lui, l’ancien rite n’est pas un rite propre,
mais l’ancien et le nouveau sont deux formes d’un seul et même rite. En même
temps, le cardinal a dit que le Saint-Siège est
encore en train de chercher une solution pour une application plus facile de
l’indult sans toutefois accorder une juridiction propre, gardant à l’esprit
l’opinion mentionnée ci-dessus.
« En ce qui concerne nos amis irlandais, j’ai mentionné ce
qui était arrivé à la basilique Saint-Pierre à l’abbé
Nevin et j’ai annoncé au cardinal qu’il recevrait une
lettre de l’abbé Nevin sur cette question. (Ce
prêtre dûment mandaté par son évêque pour célébrer la messe traditionnelle dans
son diocèse, s’est vu refuser l’autorisation de la célébrer dans la basilique Saint-Pierre de Rome, ndlr)
« Le cardinal a saisi là l’occasion de me dire la raison
pour laquelle il y avait de si grandes restrictions pour la célébration de
l’ancien rite à la basilique Saint-Pierre : la
basilique est le cœur même de l’Eglise, nous
expliqua-t-il, et à cause de cela, il ne sera célébré qu’un seul rite dans
cette basilique, c’est le rite célébré partout dans l’Eglise
universelle. Et c’est le Nouvel Ordo. (Ces paroles semblaient contredire les
propres paroles du cardinal selon lesquelles à la fois le Nouvel Ordo et
l’ancien rite n’étaient pas deux rites différents, mais un seul et même rite.
Et outre, on peut rappeler qu’en 1992 le Saint-Père
lui-même a célébré à Saint-Pierre, en la fête de l’Ascension de Notre Seigneur, selon le rite mozarabe).
« Quand j’ai demandé au cardinal que tout prêtre célébrant
en latin ait la liberté de choix entre le missel de 1962 et le missel de 1970,
le cardinal a seulement dit quelque chose au sujet de l’autorité de l’ordinaire
du lieu. »
Notre commentaire : Comme
le note avec pertinence le Dr Siebenbürger, le
cardinal Castrillon Hoyos
paraît peu cohérent lorsqu’il affirme que le rite ancien et le rite nouveau
sont les deux formes d’un seul et même rite pour déclarer, tout de suite après,
qu’il ne peut être célébré qu’un seul rite dans la basilique Saint-Pierre « et c’est le Nouvel Ordo ». C’est donc que
les deux rites sont différents et qu’à ce titre ils bénéficient de traitements
différents : l’un a « droit de cité » à Rome et l’autre pas.
Lorsque de façon très concrète le président d’Una Voce demande au cardinal la liberté pour
tout prêtre de célébrer la messe de son choix, la réponse est
embarrassée : il faut voir avec l’évêque du lieu. Et c’est tout vu ! puisque de l’aveu même de Mgr Perl les autorités romaines «
craignent les protestations des évêques locaux et des conférences épiscopales
». La seule question qui vaille est la suivante : Comment la Commission Ecclesia Dei envisage-t-elle une solution
pratique « pour une application plus facile de l’indult sans toutefois accorder
une juridiction propre » ? - Le drame est là, aucune mesure n’est prise.
Aux maux bien réels de l’Eglise, on oppose des mots,
une rhétorique impuissante.
Par ailleurs, les membres de la Fraternité Saint Jean-Marie
Vianney de Campos apprendront avec intérêt qu’une juridiction propre ne leur a
été accordée que parce qu’ils étaient de vrais schismatiques. Ce statut,
paradoxalement avantageux, est refusé à la Fraternité Saint Pie X - à bon droit
puisque son Supérieur général, Mgr Fellay, rappelait
aux journalistes romains, le 2 février dernier : « Nous ne constituons pas
une hiérarchie parallèle, nous ne sommes que des évêques supplétifs ». Nous
savons cependant gré au cardinal Castrillon Hoyos de réfuter clairement l’accusation de schisme portée
contre la Fraternité Saint Pie X. Ce fait mérite d’être connu.
En France, on le sait bien, lorsque le gouvernement ne veut
pas traiter un problème trop brûlant, il crée une commission. Telle paraît être
l’étrange vocation de la Commission Ecclesia
Dei.