Le message de la franc-maçonnerie

 

 

Vous vous souvenez, sans doute,  qu’en juin 2003, eut lieu  la réception solennelle de délégations maçonniques par le Président de la République et plusieurs de ses ministres, pour le 275ème anniversaire de la Maçonnerie française. Nous en avons donné le texte intégral sur notre site ITEM  (Archives Année 2003, Dossier de l’actualité religieuse, article sous le nom : « La guerre est religieuse »). Ce texte m’apparaît majeur. Il faut le lire et le relire. Pour vous en faciliter la lecture, il me semble heureux de vous proposer la synthèse des « idées » maçonniques que Monsieur de Lassus vient de présenter dans le numéro 171 de l’A.F.S. Il se pose la question : « Quel est le vrai message que veut faire passer la franc-maçonnerie ? »

 

 

 

En simplifiant au maximum, dit-il, ce vrai message se résume en cinq points :

 

 

En philosophie... c’est le refus  des certitudes :

 

« Au fond, les méthodes maçonniques ne sont autres qu'une contestation permanente; pour nous, il n'existe pas de vérités éternelles; il n'y a que des traditions constamment remises en question. (Pierre Simon, ancien grand-maître de la Grande Loge, le Monde, 1.7.1970)

 

 

« La franc-maçonnerie est dès l'origine l'ennemie de tout absolu, elle proclame que la vérité n'est jamais acquise (...). Tout est relatif, toute fin est transitoire, tout pouvoir est contestable. (Michel Baroin, ancien grand-maître du Grand-Orient, émission faite à "Radio-France", le 4.2.1979 et reproduite dans le Courrier hebdomadaire de Pierre Debray du 22.2.1979).

 

 

C’est bien la même affirmation que vous retrouvez dans le texte de Jacques Chirac. Il dit : « Trois siècles ont passé et vous tenez à ce que vos travaux continuent de s’accomplir dans la liberté, le refus des certitudes… »

 

En morale... c’est l’affirmation d’ une morale fondée sur l'homme et sur la seule raison.

 

« L'homme est le point de départ de toute chose et de toute connaissance, il est sa propre source et sa propre référence. Seul aujourd'hui il peut dire ce qui est bon pour l'homme. ( Michel Baroin, ancien grand-maître du Grand-Orient, émission faite à "Radio-France", le 4.2.1979 et reproduite dans le Courrier hebdomadaire de Pierre Debray du 22.2.1979)

 

D'où «un bonheur sans Marx et sans Jésus»  ( Pierre Simon, ancien grand-maître de la Grande Loge de France, «De la vie avant toute chose»,  p.243).; et, pour ceux qui ne s'en contenteraient pas, une perspective plus attirante : celle de l'évolution d'une élite, par ses capacités propres et par sa volonté de puissance, en direction du surhomme, d'une surhumanité.

 

Jacques Chirac, en 2003, dans son discours, disait, en un autre langage et sous d’autres mots, la même chose : l’homme,  sa raison,  est la mesure  de toute chose, la seule règle, le seul absolu. Il n’y a d’autre morale, d’autre vérité, d’autre principe que l’homme. C’est la philosophie essentielle des « Lumières ».  D’ou son opposition absolue à tout dogmatisme, c’est à dire à tout « surnaturel ». Jacques Chirac disait  en effet   «  l’idéal maçonnique, celui d’Isaac Newton, rêvait de substituer aux dogmatismes le débat sur le progrès scientifique, de desserrer l’étreinte, de casser les rigidités, pour instaurer un espace de liberté, hors des tabous et des index de l’époque. .. »  Se substituer aux « dogmatismes », c’est-à-dire aux dogmes catholiques, « desserrer les étreintes », « casser les rigidités », « instaurer un espace de libertés, hors des tabous et des index de l’époque »… c’est affirmer vouloir se « dégager » de tout surnaturel, de toute « Révélation », de toutes affirmations révélées, qui sont autant de « rigidités », de  « tabous », autant « d’index. » inspirés de la Révélation chrétienne. .

 

Il poursuivait son discours en disant : «   Vous inscrivez votre engagement dans l’héritage des Lumières. Lumière de la raison, de la tolérance, de la solidarité humaine, lumières de la liberté, la liberté absolue de consciences, la liberté de douter, parce que le doute est moteur de progrès…Bref, la vraie liberté de l’homme parvenu à s’affranchir tant des passions que des  carcans sociaux… » entendez : tant des carcans sociaux fondés sur le catholicisme. . »

 

 

 En politique... c’est l’affirmation des principes de 1789 et des valeurs de la République.

 

C'est-à-dire les Droits de l'homme sans Dieu, la neutralité de l'État, la séparation de l'Église et de l'État, la souveraineté populaire; et, couronnant le tout, le principe de laïcité (la religion est affaire strictement privée).   (Cf. la brochure AFS «Philosophie de la Révolution et droits de l'homme».  

 

Jacques Chirac dira même que les principes de 1789, comprenant l’affirmation des « Droits de l’homme » sans Dieu, la neutralité de l’Etat…tout cela constituant les valeurs de la République sont même l’œuvre explicite du combat maçonnique : « Dans les tavernes des origines, ils ont contribué à diffuser les valeurs qui furent celle de la Révolution française et que proclame la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.  Dans le grand élan de 1848, ils militent pour les libertés politiques et syndicales, la liberté de la presse, la liberté d’association, l’abolition de l’esclavage…  Quelques années auparavant, ils avaient préparé, pour une très large part et ardemment soutenu la loi de 1882, loi capitale pour la République, qui créait un enseignement primaire obligatoire, laïque et gratuit.  Avec la même fermeté, le même enthousiasme, ils appuient la loi de 1901, qui garantit la liberté d’association, puis celle de 1905, qui sépare les églises et l’État.  Le Combat pour la laïcité doit beaucoup à leur engagement.  Combat de chaque instant, combat qui reste toujours d’actualité ».

 

En religion... c’est l’affirmation d’un double message, l'un affiché, l'autre confidentiel :

 

- message affiché : le naturalisme. Il n'y a pas d'ordre surnaturel et révélé s'imposant à tous; chacun choisit sa religion comme il l'entend.

Ici, Monsieur de Lassus parle de « naturalisme ». Là, Jacques Chirac parlera d’ « humanisme ». Mais c’est la même idée :  « Parce que les francs-maçons ont d’abord à cœur l’exigence d’humanisme… »

 

- message confidentiel réservé à un petit nombre d'initiés : une invitation à adhérer au dogme et à la pratique de l'occultisme (ou religion de Satan)  (Cf. cette remarque du père Emmanuel à propos du mystère d'iniquité : «Ce mystère d'iniquité, antithèse de l'Église mystère de charité, c'est le culte du diable dans les sociétés secrètes».  Cité dans Le Sel de la Terre,  N°37 (été 2001), p.144).

 

 

C’est aussi l’affirmation que l'adversaire principal à abattre... c’est le catholicisme

 

              « Notre but final est celui de Voltaire et de la Révolution française, l'anéantissement à tout jamais du Catholicisme et même de l'idée chrétienne, qui, restée debout sur les ruines de Rome, en serait la perpétuation plus tard ». (Extrait de l'instruction permanente de la Haute Vente; texte rédigé en 1819 et reproduit par J. Crétineau-Joly dans son livre L'église romaine en face de la Révolution,  t.II, p. 72 à 79. La Haute Vente est une société secrète italienne qui, dans le cours de la première moitié du XIXème siècle, semble avoir pris la succession de l'Illuminisme dans la direction générale des sociétés secrètes).

 

Il s'agit en somme de "décatholiciser" ( Expression utilisée par Piccolo Tigre, agent juif de la Haute Vente, dans une lettre du 18 janvier 1822 citée par J. Crétineau-Joly, L'Église romaine en face de la Révolution,  t.II, p.107) le monde. Comment s'y prendre? Par le relativisme doctrinal, l’expression du doute. Mais surtout par la corruption.

 

- par le doute répandu systématiquement. C’est formellement dit par Jacques Chirac : « Vous inscrivez votre engagement dans l’héritage des Lumières, Lumières de la raison….lumières de la libertés, la liberté absolue de conscience, la liberté de douter, parce que le doute est moteur de progrès… ».

 

- par la corruption :

 

« Le catholicisme n'a pas plus peur d'un stylet bien acéré que la monarchie; mais ces deux bases de l'ordre social peuvent crouler sous la corruption : ne nous lassons donc jamais de corrompre (...). Popula-risons le vice dans les multitudes. Qu'elles le respirent par les cinq sens, qu'elles le boivent, qu'elles s'en saturent (...). Faites des coeurs vicieux, et vous n'aurez plus de catholiques. ( Lettre de Vindice à Nubius (pseudonyme de deux membres de la Haute Vente) du 9 août 1838; citée par Crétineau-Joly, op.cit., t.II, p.128. Souligné par nous)

 

 

Tel est le vrai message de la franc-maçonnerie. Il faut le connaître et le faire connaître pour répondre à la consigne du pape Léon XIII dans l'encyclique Humanum Genus  :

 

« Arrachons à la franc-maçonnerie son masque pour la faire voir telle qu'elle est ».

 

Et ayons confiance : comme le dit le psaume III, «Desiderium peccatorum peribit», «Les désirs des impies périront». (Arnaud de Lassus)