Le mystère de la femme
Prédication du Père de Blignières ( Dans la revue : Sedes Sapientiae, Automne 2003)
Il y a exactement quinze ans, le pape
écrivait en conclusion de sa lettre Mulieris dignitatem sur la dignité de la femme : « L’Eglise désire remercier la très Sainte Trinité pour le
Mystère de la femme et pour toute femme, pour ce qui constitue la dimension
éternelle de sa dignité féminine, pour les merveilles de Dieu qui, dans
l’histoire des générations humaines, se sont accomplies
en elle et par elle ».
(…) « La
gloire de l’homme »
La femme est la gloire de l’homme, Saint Paul
le dit en propres termes (1co 11,7). Si nous nous reportons aux récits sacrés
des origines, nous voyons que la femme, comme l’homme, a été créée à l’image de
Dieu.
(…) Par son intuition
que l’amour rend incandescente, la femme révèle l’homme à lui-même, elle va
lire tout au fond de lui le mystère de sa personne. Aimée par l’homme, reconnue
par lui avec enchantement et admiration comme « la chair de sa chair et l’os
de ses os », la femme renvoie et multiplie l’amour qu’elle reçoit. Elle
fait prendre conscience à l’homme d’être une personne, elle l’ouvre à la
communion dans la différence, elle est celle « en qui l’ordre de l’amour
dans le monde crée des personnes trouve son premier enracinement ».
Ainsi, jouissant d’une « égalité
absolue dans les valeurs personnelles et fondamentales », l’homme et la
femme ont-ils des « fonctions diverses, complémentaires et admirablement
équivalentes ». « La masculinité et la féminité se distinguent, se
complètent et s’éclairent mutuellement » ». C’est le mérite
incomparable de l’Eglise d’avoir « restitué à la
femme la dignité primitive, d’avoir résolument abrogé dés sa naissance le
complexe d’injuste infériorité personnelle auquel le paganisme plus d’une fois
condamnait la femme ».
Oui, « la dignité de la femme se
mesure dans l’ordre de l’amour ». L’amour
désintéressé, profond et total de la femme pour l’homme qu’elle aime
dans son mystère personnel, est le reflet crée de l’amour gratuit dont Dieu
aime chaque être humain et en vertu duquel « il l’appelle par son
nom ». Dans le mariage, cet amour sponsal est
l’image de l’amour dont toute âme chrétienne aime le Christ, son Epoux, et se
soumet à lui. Et dans le fiat que
Marie dit à l’annonciation, « le caractère prophétique de la femme dans sa
féminité trouve son expression la plus haute » : c’est une femme qui
dit oui à Dieu lorsqu’il vient épouser l’humanité.
La joie de l’Eglise
(…) Qui pourra mesurer l’influence de
la femme, source et protectrice de la vie ? « La mère est le soleil de la famille (…) par sa générosité et son dévouement,
par son aide infatigable et sa vigilante et prévoyante délicatesse à procurer
tout ce qui peut égayer la vie de son mari et de ses enfants. (…) Son regard et sa parole pénètrent doucement l’âme, l’attendrissent, la fléchissent, apaisent le
tumulte des passions (…). L’épouse est le soleil de la famille par son naturel, sa digne simplicité, sa parure chrétienne
et honnête, aussi bien dans le recueillement et la droiture de son esprit que
dans la grâce harmonieuse de ses gestes et de ses
vêtements, de son élégance et de son maintien à a fois réservé et affectueux.
(…)
Marie est « celle par qui la
Joie a fait irruption dans le monde » (hymne
acathiste), elle est au principe de la joie de Dieu à qui elle engendre
selon la chair un Fils. Ainsi la femme chrétienne
est-elle au principe de la joie de l’Eglise.
Et comme le Cœur immaculé de Marie a été le Paradis du nouvel Adam, ainsi le
cœur de la femme offre-t-il au baptisé l’ambiance favorable à la vie,
restaurant autour de lui « le climat de la grâce ». Elle peut elle
aussi chanter le Cantique des merveilles de Dieu. « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes
choses : telle est la découverte (…) de l’originalité éternelle de la
femme telle que Dieu l’a voulue ».
L’honneur du peuple.
La femme est l’honneur du peuple
chrétien. Elle l’est par la compassion, par l’apostolat
et par la beauté.
Le cœur féminin est doué d’une incroyable capacité de
compassion. Connaissant par expérience la souffrance, naturellement aimante, la
femme est sensible à la misère d’autrui. Elle est la consolatrice de l’homme dans l’exil.
Elle sait sa puissance pour adoucir le malheur, elle est forte par la
conscience de ce qui lui est confié, forte du fait que Dieu
lui confie l’homme.
N’est-ce pas une femme qui
oint les pieds du Christ en vue de sa sépulture ?
Ne sont-ce pas des femmes
qui le consolent et pleurent sur lui lors de la voie douloureuse ?
Des femmes qui se tiennent
au pied de la croix ?
Des femmes encore qui
courent les premières au sépulcre au matin de Pâques ?
Au travers de l’histoire, n’a-t-on
pas vu les plus beaux types de féminité se consumer dans un dévouement sans
bornes au soin des misères de toute sorte ? (…)
Nous avons plus
que jamais besoin du génie de la compassion féminine, dont le sourire
rejoint chacun en sa détresse personnelle.
La femme est aussi la fierté du peuple chrétien
par son apostolat spécifique.
Jésus a aimé dans les femmes une qualité
d’adhésion de l’esprit et du cœur, dans l’écoute et la garde de sa Parole. On
voit dans l’évangile ce que peut l’intuition du
cœur féminin évangélisé par le Christ : bien souvent il devance
l’homme dans la foi aimante et la reconnaissance des voies du salut. Ainsi,
Madeleine devine avant tout le monde que la mort de son Maître est imminente,
et le geste de son onction est une éloquente prédication de la Passion. Ainsi
cherche-t-elle celui que son cœur aime avec une telle ardeur qu’elle mérite la
première apparition du Ressuscité et devient « l’Apôtre
des apôtres ». (…)
La femme est enfin l’honneur du peuple chrétien
par sa beauté.
Je parle ici bien sûr de la beauté
qui apaise et attire au bien – comme celle d’une Jeanne d’Arc
-, non de la séduction qui trouble et fait oublier Dieu. Je parle de cette
beauté que Dieu a impartie à la femme pour qu’elle soit, par tout elle-même, un
appel vers la beauté de Dieu. Beauté du corps et du vêtement véritablement
féminin, beauté de la grâce et du geste, beauté de la façon d’être, de parler
et de vivre, beauté du cœur et de l’âme.
Dans un monde de plus en plus marqué
par la laideur des modes de vie, du vêtement, de l’architecture, cette beauté-
là est une consolation. Hélas, nous en sommes trop souvent sevrés aujourd’hui,
même de la part de catholiques pratiquantes et par ailleurs méritantes.
(…) Si Dostoïevski a pu dire :
« la Beauté sauvera le monde », c’est à cette Beauté totale dont
Marie est le modèle qu’il pensait.
Oui, la femme est la gloire de
l’homme, la joie de l’Eglise et l’honneur du peuple
chrétien.
« Si la vie révèle jusqu’à
quelles profondeurs du vice et de l’abjection
la femme descend parfois, Marie montre jusqu’où la femme peut monter,
dans le Christ et par le Christ, jusqu’à s’élever au dessus de toutes les
créatures. Quelle civilisation, quelle religion a jamais poussé
l’idéal féminin à de telles hauteurs, l’a exalté jusqu’à cette
perfection ? »
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