« Les Nouvelles

de

Chrétienté »

n° 12

Le 1 juillet

 

 

Sommaire

A- Les Nouvelles de Rome.

a-Le 15 octobre 2005 : Tous les enfants ayant fait leur première communion  sont invités par le Pape au Vatican

b-Un ouvrage de l’Académie pontificale pour la vie.

c-Première visite de Benoît XVI au président de la République italienne.

d-Benoît XVI pour la 39e Journée mondiale de la Paix

e-Benoît XVI et la paix en « Terre Sainte »

f-Mgr Lajolo, ministre des Affaires étrangères de Benoît XVI et la Chine

 

B-Les  nouvelles de France.

a-Dominique de VILLEPIN 

 

C-Des Nouvelles de Strasbourg  et du parlement européen

a-Avortement. Euthanasie. L’initiative de 33 députés européens

b-Incident de séance à Strasbourg. Lettre ouverte de Paul-Marie Couteaux à MicheL Rocard.

D-Des Nouvelles de l’Ukraine :Ce que dit Julia Tymochenko

a-Présentation de Julia Tymochenko

b-Ce qu’elle dit : son discours

c-Réflexions

 

D-Les Nouvelles de l’Eglise de France

a-Mgr Aubertin nommé archevêque de Tours

b-Déclaration de l'assemblée plénière des évêques de France et la loi de 1905

c-L’avortement au « Bac L », la polémique se poursuit.

d-Direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Paris

 

E- Des Nouvelles de Madrid

a-Après la manifestation extraordinaire des familles du  18 juin 2005

 

F-Document

a-Encore l’esclavage dans le monde

 

 

A- Les Nouvelles de Rome.

a- Le 15 octobre 2005 : Tous les enfants ayant fait leur première communion sont invités par le Pape au Vatican

Je vous ai déjà informé que le pape Benoît XVI invitait le 15 octobre 2005 à un rencontre de catéchèse les enfants qui avaient fait leur première communion au cours de l’année. Mais voici les paroles importantes qu’il a prononcées à cette occasion le 12 juin 2005 : « …Sur le chemin éducatif, une étape plus que jamais importante est la première communion, véritable fête pour la communauté paroissiale, qui accueille pour la première fois les plus petits de ses enfants à la Table du Seigneur. Pour souligner l’importance de cet événement pour la famille et la paroisse, le 15 octobre prochain, si Dieu le veut, je présiderai au Vatican une rencontre spéciale de catéchèse avec les enfants qui ont fait la première communion au cours de cette année. Cette rencontre de fête coïncidera presque avec la fin de l’année de l’Eucharistie, tandis que se déroulera l’Assemblée ordinaire du Synode des Evêques centrée sur le mystère eucharistique. Il s’agira d’une circonstance joyeuse et opportune pour rappeler le rôle essentiel que le sacrement de l’Eucharistie revêt dans la formation et dans la croissance spirituelle des enfants.

Je confie dès à présent cette rencontre à la Vierge Marie, afin qu’elle nous enseigne à aimer toujours plus Jésus, dans la méditation constante de sa Parole et dans l’adoration de sa présence eucharistique, et nous aide à faire découvrir aux jeunes générations la « perle précieuse » de l’Eucharistie, qui donne son sens véritable et plein à la vie. Avec cette intention nous nous adressons à la Sainte Vierge ». (OR n° 24 14 juin 2005)

Cette initiative heureuse, notez-le en plein synode des Evêques sur l’Eucharistie, me fait penser à Saint Pie X appelant les plus petits à la table sainte…

 

b-Un ouvrage de l’Académie pontificale pour la vie.

Vraiment l’Eglise se mobilise pour la défense de la vie humaine. Les Francs Maçons eux aussi le constatent.

Ce nouvel ouvrage a pour titre : « La dignita della proceazione umana et le tecnologici riproduttive ? Aspetti antroplogici ed etici ». Il reprend les actes de la dixième Assemblée générale de l’académie pontificale pour la vie qui s’était tenue à Rome les 20-22 février 2004.

Ce livre a le mérite de traiter les questions liées aux technologies de reproduction non seulement d’un  point de vue scientifique et éthique, mais plus largement anthropologique : qui est et qu’est la personne ? L’embryon est-il une personne humaine dès sa conception ? Quel respect lui devons-nous ? Une vision claire de la dignité de l’homme et de la procréation humaine est présentée d’un point de vue qui va au-delà du plan moral et juridique et traite en profondeur le niveau ontologique.

Ce livre a été élaboré par Juan de Dios Vial Correa et Elio Sgreccia.

Ce livre réaffirme les principes de la doctrine catholique en matière de procréation. Vous pouvez les retrouver dans « Donum Vitae », instruction de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. : le respect de la vie humaine naissante dès sa conception est un devoir, la procréation humaine doit avoir lieu dans le cadre du mariage entre un homme et une femme ; elle doit être le fruit de l’acte conjugal ; l’intervention biomédicale respecte la dignité de la personne lorsqu’elle vise à aider et non à remplacer l’acte conjugal. Dans « Humanae Vitae » et dans « Familiaris Consortio », on présentait déjà les deux significations – unitive et procréative – de l’acte conjugal dans leur implication réciproque : il n’y a pas de véritable unité sans ouverture à la procréation ; il n’y a pas de véritable responsabilité procréative sans don intégral des époux au niveau corporel et spirituel. Les techniques de fécondation artificielle bouleversent le sens de la relation conjugale, de l’acte unitif et procréatif, du désir de donner vie à un enfant comme accueil de l’autre. En outre elles négligent la dimension humaine et relationnelle (pas seulement biologique) de la vie prénatale, du lien mère-fœtus et fœtus-environnement.

L’OR en langue française du 14 juin 2005 en fait une longue présentation intéressante.

c-Première visite de Benoît XVI au président de la République italienne.

On lira avec intérêt le compte-rendu de Zénit sur la première visite de Benoît XVI au Palais du Quirinal  ROME, Vendredi 24 juin 2005 (ZENIT.org)

Nous commenterons dès que nous l’aurons lu en français le discours du Pape Benoît XVI

 

d-Benoît XVI pour la 39e Journée mondiale de la Paix

Le thème du message de Benoît XVI pour la 39e Journée mondiale de la Paix, le 1er janvier 2006, est : « Dans la vérité, la paix »; un thème qui n’est pas sans rappeler la devise du pape : « Coopérateurs de la vérité ».

Le thème a été annoncé samedi par la salle de presse du Saint-Siège par un communiqué.

 

e-Benoît XVI et la paix en « Terre Sainte »

Le jeudi 23 juin 2005, Benoît XVI recevait à midi dans la salle Clémentine du palais apostolique du Vatican, les quelques 70 participants de la « Réunion des Œuvres d’Aide aux églises orientales » (le R.O.A.C.O) qui dépend de la congrégation romaine pour les Eglises orientales. Les travaux de l’assemblée étaient centrés sur trois sujets dont la situation de l’Eglise en Terre Sainte.

Les travaux de cette assemblée étaient centrés sur trois thèmes principaux: l’étude et la formation des séminaristes et des prêtres des Eglises catholiques orientales – à Rome (où ils sont 500) ou dans leurs pays, comme en Irak -, la situation de l’Eglise catholique en Ukraine et en Terre Sainte. Le custode de Terre Sainte, le P. Pierbattista Pizzaballa, franciscain participait à la rencontre.

Au cours de cet entretien, après avoir salué ses hôtes, le pape a prononcé cette phrase encourageante :

« certains signaux positifs, qui nous parviennent ces derniers mois, rendent plus solide l’espérance que ne tarde pas à se rapprocher le jour de la réconciliation entre les différentes communautés présentes en Terre Sainte ».

Pour maintenir la paix en Terre Sainte, on a souligné l’importance d’une « présence, même à travers les moyens de communication, active et participant à ce qui arrive en Terre Sainte, favoriser les pèlerinages, et faire pression au niveau politique, au niveau international, afin de stimuler les parties en présence à se rencontrer et à surmonter les obstacles ».

f-Mgr Lajolo, ministre des Affaires étrangères de Benoît XVI et la Chine



Le secrétaire du Vatican pour les Relations avec les Etats, Mgr Lajolo est rentré mercredi à Rome après une visite dans le sud-est asiatique, en particulier dans les villages frappés par le Tsunami du 26 décembre dernier
Il revient en effet d’une visite d’une douzaine de jours (11-22 juin) dans quatre pays du sud-est asiatique - la Thaïlande, la Malaisie, Singapour et le Brunei.

Il a souligné à son retour à Rome qu’il a eu un accueil très cordial en Malaisie et au Brunei bien que le Vatican n’ait pas de relations diplomatiques stables avec ces pays et il a précisé que « L’établissement de relations diplomatiques avec la Chine est une question examinée depuis un bon moment. A mon avis, il n’y a pas de difficultés insurmontables. Mais il faut agir avec prudence pour vérifier les présupposés indispensables de part et d’autre. Je suis sûr qu’avec de la bonne volonté et en esprit d’amitié, on pourra arriver à bon port ».

 

 

B-Les nouvelles de France.

 

 

a-Dominique de VILLEPIN 

 

 

Faits et Documents du 15 juin 2005, grâce à des citations bien choisies, révèle la nature profonde de Dominique de VILLEPIN : un apôtre de l’idéologie des « Lumières »

 

 

« Je crois à cette folle immortalité française qui veut réconcilier les contraires. Je crois à l’éternité de l’homme né un soir de 1789. » Dominique de VILLEPIN dans Le requin et la mouette. Ed Plon 2004

 

Au Sénat il déclarera le 14 06 2003 : « Les mondes de l’Islam et de l’Occident s’entremêlent. Les cinq millions de musulmans de France nous le montrent : la dimension islamique fait partie intégrante de l’Europe [….] Les musulmans européens, authentiques passeurs de culture, représentent une chance que nos sociétés doivent saisir pour se projeter dans l’avenir […..] Oui, l’Islam a toute sa place en Europe, d’ores et déjà et davantage encore à l’avenir. »

 

En 2005, à l’occasion de la campagne sur la Constitution européenne, il signera un vibrant plaidoyer avec le romancier espagnol Georges SEMPRUN, L’Homme européen ( Plon), où l’on retrouve la même veine et le même enthousiasme pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, voire des pays du Maghreb : «  la seule frontière que trace l’Union européenne est celle de la démocratie et des droits de l’homme ». « Jamais l’Européen ne se sent lié par un territoire ». « Trop souvent, le poids de notre héritage, la volonté légitimes de creuser jusqu’aux racines de notre mémoire nous empêchent d’avancer et de faire entrer dans notre maison commune le souffle du monde. »

 

En mai 2003, il est adoubé par le Groupe de Bilderberg, qui se réunit à Versailles du 15 au 18 mai, recevant ainsi l’onction des cercles mondialistes. Le 25 juin 2003, il recevait une délégation de dignitaires du Grand Orient de France (et d’obédiences alliées)  pour le (pseudo) bicentenaire de cette organisation maçonnique. En voici quelques extraits qui dévoilent, beaucoup plus que d’autres discours, le fond de sa pensée et son idéologie, entièrement héritée des « Lumières » : «  Je suis heureux de vous accueillir au Quai d’Orsay, dans le temple de la boussole et de l’horloge, vous, hommes et femmes de l’équerre et du compas […] Ce qui est remarquable, c’est de voir à quel point cette diversité s’incarne dans un esprit commun, dans des idéaux partagés, forgés au fil des siècles avec une constance et une fidélité particulière. Aujourd’hui, dans un contexte de montée des peurs et de l’irrationnel, les valeurs de progrès, de tolérance et de liberté sont plus que jamais indispensables pur redonner à l’homme la place qui lui revient dans notre action – la première de toutes […] Vos idéaux sont aussi ceux qui peuvent permettre à chaque culture de s’enrichir du regard des autres […] La France est héritière de votre histoire, comme la franc-maçonnerie est héritière de l’Histoire de la France[….]La franc-maçonnerie a, en grande partie, formé l’ossature des clubs révolutionnaires qui ont mené la France à la République [….] De l’instruction à la vie associative et syndicale, du rôle de la femme et de la famille à la définition des sphères respectives de l’Etat et des religions, à la loi dite « de séparation » de 1905, c’est aujourd’hui, au carrefour de toutes les mutations du monde que l’on mesure l’importance de ces fondations indispensables [….] Les défis contemporains appellent  un nouvel engagement pour penser et refonder le monde. Un héritage tel que le vôtre – j’entends le mot héritage dans son acception vivante – vous engage  apporter une contribution essentielle aux grands enjeux du monde [….] A nous d’en prendre la mesure, en cherchant à définir une nouvelle architecture internationale [….] Fidèles à vos valeurs et à votre tradition, vos êtes bien placés pour participer  cette grande aventure humaine. Aujourd’hui, certaines questions en particulier, auxquelles il nous appartient d’inventer ensemble des réponses. Comment lutter contre les extrémismes, les intégrismes et les fondamentalismes ? A nous de développer une réflexion et de forger des concepts opératoires, d’inventer ensemble un modèle d’humanisme moderne et renouvelé. »

 

C-Des Nouvelles de Strasbourg et du parlement européen

 

 

a-Avortement. Euthanasie. L’initiative de 33 députés européens.

 

« Ils auront été 33, tout de même, au Parlement européen de Strasbourg, à signer une courageuse « déclaration écrite pour l’interdiction de l’avortement et de l’euthanasie » destinée à réclamer à l’ONU la mise en place d’un « traité international visant l’interdiction totale de l’avortement et de l’euthanasie ». Le texte avait quatre co-auteurs : le polonais Maciej Mariam Giertych, le Néerlandais Johannes Blokland, l’Irlandaise Hathy Sinnott et le français Patrick louis (villiériste)
Selon les règles du Parlement européen, le texte de ces auteurs ayant été rendu public le 7 mars dernier, les autres députés disposaient de trois mois pour y apposer leur signature. Ils sont 29 à l’avoir fait  - parmi eux pour la France Ari Vatanen et Paul Marie Couteaux – et un nombre important de polonais. Si la déclaration avait recueilli 367 signatures au moins, elle aurait été automatiquement transmise à l’ONU. Ce ne fut pas le cas…

Mais les auteurs de la déclaration observent que le nombre de signataires n’est pas « représentatif des députés partageant ces idéaux pour la vie humaine ». Leur communiqué précise : « Il est clair que si cette déclaration avait suscité une plus grande attention politique, le chiffre aurait été plus significatif. Cette initiative signifie un bon point de départ et concrétise un besoin urgent de mobiliser tous les efforts politiques pour protéger la vie humaine ».

Il faut souligner tout ce que leur déclaration avait d’important et de significatif. Pour réclamer un véritable respect de la vi,  les députés ont invoqué de nombreux textes…y compris Evangelium vitae de Jean-paul II. Et ils ont expliqué ainsi leur démarche, citant leur texte : « Puisque « il n’y a pas d’interdiction claire, universelle et uniforme relative au meurtre d’êtres humains innocents », les Nations unies devraient « s’assurer que le droit à la vie – de la conception jusqu’à la mort naturelle – est garanti par la législation internationale ».

Le texte affirme nettement que « la menace actuelle pesant contre la vie humaine provient de la mauvaise volonté d’une poignée de décideurs qui ignorent  les principes du droit naturelle », déplorant le fait qu’il a été estimé qu’un vote majoritaire pouvait prévaloir sur le droit naturel ». Et il demande « aux Nations Unies de mettre en place un traité internationalement contraignant qui fasse respecter chaque vie humaine et interdire tout acte allant contre la vie humaine, y compris l’avortement et l’euthanasie ». (Jeanne Smits Présent du 24 juin 2005)

 

b-Incident de séance à Strasbourg. Lettre ouverte de Paul-Marie Couteaux à MicheL Rocard.

 

 

 

Le 7 juin à Strasbourg, une altercation a opposé deux députés français au Parlement européen. Alors que Paul-Marie Coûteaux, élu villériste, s’élevait contre la tentative du Parlement de faire comme si la Constitution avait été adoptée, débattant sur la possibilité, pour l’Union européenne, d’être représentée à l’ONU, l’ancien premier ministre socialiste Michel Rocard l’a accusé de “ cracher dans la soupe ”.

 

M Paul-Marie Couteaux dont nous connaissons maintenant le nom depuis sa prise de position au Parlement européen conte l’avortement et l’euthanasie, a réagi publiquement en adressant une lettre ouverte à M Michel Rocard. Je remercie la direction de Minute de m’avoir donné l’autorisation de porter, à mon tour,  ce document important à votre connaissance.

 

 

 

Monsieur

le premier ministre,

 

Bruxelles

le 7 juin 2005

Vous avez tenu hier à mon encontre, dans l’hémicycle de Strasbourg, des propos certes plus insultants pour vous-même qu’ils n’entendaient l’être pour moi, mais auxquels il me paraît nécessaire de répondre, non point seulement parce que, ayant alors quitté l’hémicycle, je n’ai pu le faire de vive voix, ni davantage en raison de votre qualité – au sens administratif de ce terme – mais en ce qu’ils révèlent d’aveuglement ; celui-ci conduisant à une crise grave, il me paraît devoir le traiter avec soin.

D’après les minutes de la séance d’hier, telles qu’elles sont publiées aujourd’hui dans le compte-rendu officiel du Parlement, vous auriez dit ceci à mon sujet : “S’il y a forfaiture quelque part, elle est d’utiliser une paye de député européen pour venir cracher dans la soupe.” Propos stupéfiants en ce qu’ils supposent de mépris pour la démocratie et pour le principe même de l’élection, ne serait-ce seulement parce que celle-ci commande qu’un élu s’exprime dans le sens de ses opinions et non dans celui de qui le “ paye ”,  pour utiliser le mot distingué qui est dans votre registre.

 

 

Un empire contre les démocraties

 

Je suis confus de devoir rappeler au démocrate que vous prétendez être que, bien que vous et vos amis ayez montré tant d’exemples contraires, un député est d’abord la voix de ses électeurs. Les Français qui ont choisi un non dont je suis l’un des porte-parole et qui est aussi adressé au mensonge, n’entendent pas que je participe à un débat sur les voies et  moyens de doter on ne sait quel “ ministre des Affaires étrangères européen ” d’un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU et d’en disposer en lieu et place de ceux qui sont actuellement dévolus à la Couronne britannique et à la République française, puisque tel était le sujet du débat d’hier.

A faire comme si les électeurs n’existaient pas, vous jouez dangereusement, M. le Démocrate, avec la démocratie. Il est vrai qu’on ne vit jamais nul empire (le mot qu’utilise au sujet de l’Europe l’un de vos camarades, M. Strauss-Kahn) tenir compte d’un référendum qu’aurait par malencontre organisé l’une de ses provinces. En ce qu’il nie par nature la singularité des peuples, un empire n’est jamais démocratique; immanquablement, il dévale sa pente autoritaire, ce que votre réflexe prouve d’éloquente, ou plutôt d’accablante façon.

 

La France éjectée de l’ONU

 

Je vous rappellerai ensuite, puisque votre mot me contraint à entrer dans ces détails, que les émoluments que je peux recevoir comme député français au Parlement européen proviennent du Sénat français, le Parlement européen ne versant, vous le savez, que des défraiements. Puisque nous sommes ici dans certaines choses concrètes qui vous intéressent au point que vous semblez estimer qu’un homme est nécessairement commandé par l’argent, je vous fais observer que les électeurs et les contribuables français pourraient s’étonner que vous utilisiez vos émoluments nationaux pour demander, comme vous l’avez fait devant moi il y a quelques mois, la suppression du siège français au Conseil de Sécurité de l’ONU, suppression dont vous avez même précisé qu’elle vous paraissait “ naturelle ”.

Sans doute, après une si longue carrière, êtes-vous arrivé au point où votre conscience ne discerne plus ce qu’est votre devoir envers la France, car vous avez depuis trop longtemps pris l’habitude d’être “ payé ”, comme vous dites, pour la desservir. S’il s’agit de “ cracher dans la soupe ”, autre figure de votre élégant vocabulaire, c’est la nation qui pourrait vous demander des comptes, après avoir entretenu votre personne pendant les innombrables années au cours desquelles vous fûtes député, ministre et Premier ministre tout en publiant la nation pour dépassée, le peuple pour inadapté, et la France pour obsolète.

 

Un coup d’Etat contre les peuples

 

Il est exact que j’ai utilisé le mot de “ forfaiture ”. Si vous m’avez bien écouté, j’ai même utilisé l’expression de “ forfaiture collective ”. Dès lors que les Français ont refusé le projet dit de Constitution européenne et que, de ce fait, aux termes mêmes de la Convention de Vienne de 1969, comme du traité de Rome exigeant l’unanimité, ce projet devenait caduc, nous n’avions pas à débattre comme s’il avait été approuvé, comme si nous avions un ministre européen des Affaires étrangères et que rien n’était plus pressé que de décider des instruments à mettre à sa disposition, siège “ européen ” au Conseil de Sécurité inclus. Le fait que le peuple qui vous a élu venait de trancher la question devrait à tout le moins vous commander le silence. 

Quant à moi, si je siège au Parlement européen, c’est pour y représenter, avec quelques autres de mes amis, la voix de millions de Français qui n’entendent pas détruire la belle idée de l’Europe avec laquelle vous jouez dangereusement, pour le simple caprice, et le bénéfice, d’europiromanes vivant en état d’apesanteur au-dessus des nations, des Etats et des réalités. Il y a place pour une Europe qui respecte les souverainetés populaires, les incite à travailler ensemble, organise leur coopération, défriche par le débat les voies d’un avenir qui par le fait de la géographie et de l’histoire leur est en partie commun, donc place pour un Parlement qui soit le lieu de ce débat, ce qui dans mon esprit est autre chose que ce que vous nommez “soupe ” et qui suppose, comme en tout Parlement, qu’il comporte une majorité et une opposition. Votre phrase sur l’utilisation d’une “ paye de député pour cracher dans la soupe ” prouve que vous n’acceptez nulle opposition et que l’entreprise à laquelle vous consacrez ce qui vous reste d’énergie et peut-être, après tant de déconvenues, ce qui vous reste de rêve, est simplement en train de glisser vers le totalitarisme.

Si, des années 60 au cours desquelles vous marxisiez à la tête du PSU, vous n’avez guère conservé le goût du prolétariat, du moins avez vous, semble-t-il gardé celui de la dictature, version consensuelle et molle. Vous voudrez donc, je vous prie, m’indiquer le discours à tenir pour être autorisé à siéger dans ce Parlement, et si la condition de couvrir un coup d’Etat permanent contre les peuples vous suffit. 

 

Le temps des patries n’est pas fini

 

Cette semaine, à Strasbourg, j’ai beaucoup entendu dire de vos compagnons  éclairés, ou illuminés, que le non du peuple  français n’était qu’une tempête sur le village gaulois et qu’il n’y avait pas lieu de changer pour si peu l’agenda européen. Exemple parmi d’autres des insultes faites aux Français, qui furent nombreux à se porter aux urnes. Faire comme si la prétendue “ Constitution européenne ” était adoptée, et en venir même à l’examen de ses modalités d’application est donc un manquement grave au droit. C’est donc à juste titre que j’ai utilisé le terme de “forfaiture collective”. Comme vous ignorez apparemment le sens exact de ce mot, puisque vous tentez de le retourner contre moi en lui donnant un sens controuvé, je vous signale, aux fins de votre édification personnelle qu’il a deux équivalents possibles : putsch ou coup d’Etat.

Je tenais à ce que ces différents points soient portés non pas certes à votre connaissance car je doute que vous repériez grand chose encore au fond des brouillards dans lesquels vous vous enfoncez, recuit comme vous l’êtes dans le bunker de vos certitudes avariées, dépassées et désormais désavouées, mais surtout pour quelques amis et alliés auprès desquels je prendrai soin de diffuser cette missive qui, ne concernerait-elle que votre personne, ne mériterait pas  plus d’un paragraphe.

Pour ce qui vous concerne, monsieur le Premier ministre et triste sire, je ne peux que vous assurer du maigre respect auquel m’obligent votre âge et l’honneur que vous avez d’être mon confrère ainsi que, comme vous le dites vous-même, mon compatriote – tant il est vrai que, en effet, à rebours de ce qu’écrivait l’un de vos maîtres penseurs, Drieu La Rochelle, thuriféraire de l’Europe chimérique, le temps des patries n’est pas fini...

Paul-Marie Coûteaux

 

* Les intertitres sont de la rédaction. (« Minute » n° 2211 du 22 juin 2005).

 

 

 

D- Des Nouvelles de l’Ukraine

Ce que dit Julia Timochenko

 

 

a-Présentation de Julia Timochenko.

 

 

Julia Timochenko, 44 ans, Premier ministre du gouvernement de Victor Iouchtchenko, en visite à Paris du 3 au 6 juin, est la femme la plus populaire de la nouvelle Ukraine. Elle fut un des artisans les plus fermes et décisifs de la victoire de Victor Iouchtchenko sur Victor Ianoukovitch, l'homme de Moscou et des maffias russes. Sortie grâce à la révolution orange, à la détermination des habitants, surtout des jeunes, et au sens national des Ukrainiens, des griffes de l'Ours moscovite, l'Ukraine se retrouve une nation indépendante, libre, souveraine, comme avant la mainmise de Catherine sur le pays des Cosaques Zaporogues dont l’histoire a accompagné toutes les grandes victoires européennes. Retour à Iaroslav et à sa fille Anne de Kiev, reine de France. Le chemin de Julia a été dur et long. Fondatrice de la première compagnie de gaz ukrainienne, lorsqu'elle était ministre de l'Economie sous le ministère de Victor Iouchtchenko, pour libérer le pays des approvisionnements russes, elle prend de tels risques qu'elle est jetée en prison par les maîtres du Kremlin. Aujourd'hui, elle se retrouve le premier personnage du pays, après le Président, et lors de son discours d'investiture, le 2 février dernier, prend un ton d'une élévation à laquelle nous n'étions pas accoutumés depuis longtemps de la part des hommes politiques. L'Ukraine (la sainte Rouss’) se réveille et se lève, comme dans le poème de Mycola Vassyl Prinya, écoutons-la.

 

b-Ce qu’elle dit : son discours

 

Extraits : « Non pas des chiffres, derrière lesquels on ne sait jamais ce qui se cache, mais la philosophie du travail du gouvernement, la philosophie de notre pensée, la philosophie de l'édification de la société. Le programme qui vous est proposé aujourd'hui n'a pas une structure traditionnelle, il se présente en six points et le premier d’entre eux, je l’ai intitulé “La Foi”.

 

« 1. La Foi : La foi en Dieu doit être la base de notre société. Cela veut dire que notre foi et la foi de notre peuple est nécessaire, non à Dieu, elle est nécessaire à l'homme et à notre société (…). L'Ukraine ne pourra pas se relever tant qu'elle ne tombera pas à genoux devant Dieu [l’autre foi, c’est la foi en son propre pays. Croire qu’ils – les Ukrainiens – sont chez eux dans ce pays, que celui-ci peut les défendre, leur offrir une vie normale et digne]. La foi en son pays commence par le respect des traditions, notre connaissance de l’histoire de notre pays. Notre foi en notre pays commencera lorsque nous aurons revu entièrement notre histoire. Pour qu'il n'y ait aucune tension politique, pour que nous sachions exactement comment notre histoire s'est déroulée, comment notre pays a évolué [le monde est aujourd’hui tourné vers l’Ukraine], c'est pourquoi l'Ukraine, ce n'est pas seulement notre espoir, c'est également l'espoir du monde. Tous s'accordent à dire que l'Ukraine est aujourd'hui porteuse d'une mission exceptionnelle au monde, celle de porter en avant les nouvelles valeurs de la société et de la politique. Des valeurs plus justes que celles qui existent aujourd’hui dans les pays les plus développés.

 

« 2. La justice : Le principe de primauté du droit doit devenir le principe qui régulera notre vie. Lorsqu'on parle de justice, on pense tout de suite en termes d'égalité et d'inégalité. Il est bien évident que nous ne sommes pas tous égaux dès le départ, mais il est des inégalités inadmissibles. La première d'entre elles, c'est l'inégalité des enfants à la naissance. L'enfant n'est pas responsable de la famille dans laquelle il est né, c'est pourquoi nous devons créer des conditions de vie égales pour tous [un des premiers points du programme du Président, c'est de multiplier par dix l'allocation versée aux mères à la naissance de leur enfant]. Nous devons donner aux gens une chance d'obtenir un salaire décent pour leur travail. Il faut arrêter de parler de salaire minimum qui pousse les gens vers la pauvreté. La justice existe ou n’existe pas. Nous ferons en sorte qu'elle existe [réforme d’un système judiciaire corrompu, accession de tous à la justice].

 

« 3. L'harmonie : Il faut modifier totalement le rôle du pouvoir dans le pays, harmoniser les relations entre l’Etat et la société [en Ukraine, il était de coutume de dire que le pouvoir allait de pair avec le business, qu 'ils étaient] comme deux sœurs siamoises avec un seul cerveau, un seul cœur, un seul foie, un seul estomac et que si on les séparait, ils étaient voués à la mort. L’Etat pour les gens et non pas les gens pour l'Etat, ce sera désormais la devise du gouvernement. [Elle s’est également déclarée pour la défense des intérêts sociaux des retraités et des couches sociales les plus défavorisées.] Une personne qui part à la retraite ne doit pas avoir moins d’argent que lorsqu’elle travaillait : nous n’envoyons pas les gens à la mendicité.

 

« 4. La vie : Nous commencerons par la naissance de l'enfant ; il faut qu'il ait accès à tous les degrés de l'instruction, et cela commence par le jardin d'enfants [le gouvernement garantira l’utilisation de la langue ukrainienne comme langue nationale, le développement libre de la langue russe et des autres langues conformément à la loi sur les langues et à la charte européenne]. Les gouverneurs auront pour tâche de faire l'inventaire des entreprises qui sont à l'arrêt... Nous ferons tout pour que les gens aient accès au logement. Le gouvernement a la possibilité d’assurer une vie décente à tous [création aussi d’un système d’assurance-maladie où les enfants et les invalides ne seront pas oubliés, avec gratuité des soins et des médicaments].

 

« 5. La sûreté : Les doctrines de défense actuelles ne correspondent pas aux exigences de l'Ukraine et du monde. Réforme du service militaire, création d'une armée de métier, renforcement du contrôle par le Parlement, de l'enseignement militaire et de la préparation.

 

« 6. Le monde : Notre chemin doit nous mener vers l'Europe. Et c'est pourquoi nous devons adopter une nouvelle stratégie nationale d'intégration européenne de l'Ukraine, jeter les bases fondamentales pour que l'Ukraine devienne un membre à part entière de l'Union européenne (…). C'est pourquoi la marche vers l'intégration européenne doit commencer par une discussion ouverte pour que toutes les craintes et les phobies engendrées de manière artificielle en Ukraine soient vaincues. Une mission très difficile et magnifique nous attend, celle de jeter les bases du bien-être et de la prospérité pour nos enfants et nos petits-enfants, celle de construire une nouvelle Ukraine. »

 

c- Réflexions

 

On remarquera, par le choix même des termes, que ce souci d'intégration européenne ne met nullement en sourdine, ni en humiliation, le sentiment national et patriotique. On aimerait, nous aussi, avoir des dirigeants politiques au pouvoir s'exprimant avec une telle clarté dans l'exposé et une telle détermination.

Ce programme a été accepté et Julia élue Premier ministre par 375 voix sur 420 (source OP Oksana. Pravda.com.ua, site officiel de Julia Timochenko). Dans Le Figaro du 4 juin, elle déclarait que le non de la France au traité européen n'était nullement un « non à l’Ukraine » : « Nous ne voyons pas le non français comme un refus sans équivoque d’élargissements ultérieurs. Tous les sondages réalisés dans les pays membres de l'Union européenne montrent un soutien à l'entrée de l'Ukraine dans l'Union. Le resserrement des liens économiques est le premier pas que l'Ukraine doit accomplir pour aller en Europe. »

Hervé de Saint-Méen

 

 

E- Les Nouvelles de l’Eglise de France

a-Mgr Aubertin nommé archevêque de Tours

Mgr Bernard Aubertin a été nommé par Benoît XVI archevêque métropolitain de Tours.

Mgr Aubertin était jusqu'ici évêque de Chartres. Il succède donc à Mgr André Vingt-Trois, nommé le 11 février dernier par Jean-Paul II archevêque de Paris.

Mgr Aubertin est né en 1944 dans les Vosges, à Épinal. Il a été ordonné prêtre en 1972.

Il a fait ses études de théologie à Fribourg, en Suisse, puis à Strasbourg, à l’université pontificale Grégorienne.

C’est un connaisseur de l’Islam. Il a en effet étudié également à l’Institut Pontifical d'Études Arabes de Rome, et il a fait son service national au titre de la Coopération dans un collège tenu par les Pères Blancs en Algérie, de Septembre 1966 à Juillet 1968.

Le nouvel archevêque de Tours était évêque de Chartres depuis 1998.

 

 



b-Déclaration de l'assemblée plénière des évêques de France

L'Eglise catholique en France et la loi du 9 décembre 1905, cent ans après.

Déclaration de l'assemblée plénière des évêques de France

 

Les évêques de France ont publié cette déclaration à l’issue de leur assemblée plénière, le 15 juin dernier, à Chevilly Larue (cf. www.cef.fr).

 

Nous la commenterons dans un prochain numéro.

Conférence des évêques de France

1. A un siècle de distance de la loi du 9 décembre 1905 « concernant la séparation des Eglises et de l’Etat », nous, évêques de l’Eglise catholique en France, souhaitons nous exprimer publiquement sur le cours d’une histoire qui a marqué notre pays et qui, au fil du temps, a contribué à modifier en profondeur les rapports entre l’Eglise catholique, les pouvoirs publics et la société française. La lettre que le pape Jean-Paul II nous avait adressée le 11 février dernier nous invitait à cette relecture et nous proposait un éclairage sur des points qui restent encore en débat actuellement.

De l'affrontement à l'apaisement

2. La loi du 9 décembre 1905 a été ressentie, au moment où elle a été votée, comme une violence et un véritable traumatisme par beaucoup de catholiques français. Elle semblait venir comme un point d’orgue après la guerre de l’école, le refus de reconnaissance légale de beaucoup de congrégations, l’expulsion de leurs membres et la rupture unilatérale des relations diplomatiques de la France avec le Saint-Siège. Cette loi a été jugée inacceptable en 1906 et 1907 par le pape Pie X dans ses encycliques Vehementer nos, Gravissimo officii et «Une fois encore ». Le pape Pie XI lui même en 1924 dans son encyclique Maximam gravissimamque, dans laquelle il préconise la création d’associations diocésaines, ne reviendra pas sur la position de son prédécesseur. Comment expliquer alors que l’Eglise catholique en France se satisfasse aujourd’hui d’une situation initiée par cette loi de 1905 ? Tout simplement parce que le siècle écoulé depuis la promulgation de la loi a vu se produire d’importants changements.

3. Il faut tout d’abord noter que la loi de 1905 a été, de 1907 à nos jours, plus d’une fois complétée par d’autres dispositions législatives ou réglementaires, et interprétée par la jurisprudence. Plusieurs fois, en effet, et dès les premières années qui suivirent son adoption, cette loi fit l’objet, par la jurisprudence des tribunaux et la pratique administrative, d’interprétations ouvertes, dans la ligne indiquée par Aristide Briand lui-même : ce qui aurait pu être une loi de combat a cédé devant un esprit d’apaisement.

4. Contacts, dialogue, recherche commune entre l’Eglise catholique et l’Etat devaient faciliter la recherche de solutions ne tombant pas sous le coup des trois raisons majeures qui avaient motivé le refus pontifical :
1) La loi de 1905 était une rupture unilatérale, sans même une dénonciation par voie diplomatique, d’une convention internationale, le concordat de 1801. Les relations avec le Saint-Siège étaient rompues. Sans compter que l’application de la loi s’est faite dans des conditions particulièrement injustes et éprouvantes pour un certain nombre de catholiques, surtout parmi les religieux et les prêtres. Le rétablissement, en 1921 des relations diplomatiques, à l’initiative du Gouvernement de la République, et l’accord de 1923-1924 entre la France et le Saint-Siège allaient ouvrir une issue.
2) La loi de 1905, dans les dispositions touchant l’organisation des cultes, risquait de ne pas respecter la nature de l’Eglise catholique et sa structure hiérarchique. En effet, les « associations cultuelles » prévues par la loi ne garantissaient pas suffisamment la responsabilité propre de l’évêque dans le diocèse ou du curé dans la paroisse. Finalement, l’interprétation autorisée de la loi par le Conseil d’Etat et cet échange de lettres (de 1923-1924) entre le Saint-Siège et le Gouvernement mirent en évidence qu’il était possible de parvenir à un accord entre la législation républicaine et les normes canoniques de l’organisation ecclésiale, expression de la liberté de l’Eglise catholique.
3) La loi de 1905 invoquait dans son titre une séparation qui paraissait inacceptable à beaucoup de catholiques dans le contexte d’alors. L’expérience et la réflexion ont permis de mieux rapprocher la notion de séparation de celles d’indépendance, d’autonomie et de coopération utilisées plus tard par le concile Vatican II pour caractériser les relations de l’Eglise catholique avec la communauté politique : « Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Eglise sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes. Elles exerceront d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles rechercheront davantage entre elles une saine coopération » (Gaudium et spes n° 76 § 3).

5. C’est donc tout ce travail de dialogue, d’ajustement et de négociation au long d’un siècle qui a permis de calmer les passions, de se découvrir et de s’apprécier mutuellement. Aujourd’hui, les pouvoirs publics et l’Eglise catholique sont ainsi parvenus à des relations plus sereines, comme le soulignait le pape Jean-Paul II dans sa Lettre évoquée plus haut : « Cette paix, acquise progressivement, est devenue désormais une réalité à laquelle le peuple français est profondément attaché. Elle permet à l’Eglise qui est en France de remplir sa mission propre avec confiance et sérénité, et de prendre une part toujours plus active à la vie de la société, dans le respect des compétences de chacun » (n° 2).

Notre conception de la laïcité

6. Cette expérience d’un siècle de relations entre l’Eglise catholique et l’Etat nous permet aujourd’hui de mieux définir ce que nous entendons par laïcité et d’expliciter ce que nous affirmions en 1996 dans la Lettre que nous adressions aux catholiques de France : comme catholiques, nous nous situons « dans le contexte culturel et institutionnel d’aujourd’hui, marqué notamment par […] le principe de la laïcité » (Proposer la foi dans la société actuelle, p. 20).

7. Le régime de laïcité est lié à la non-confessionnalité de l’Etat et à sa non-compétence en matière de foi religieuse et d’organisation interne des communautés religieuses. L’Etat en effet n’est pas dépendant d’une confession religieuse ou d’une philosophie ; il n’est pas compétent en ces domaines (cf. la Lettre de Jean-Paul II, n° 3). Etat et Eglise catholique sont dans deux registres distincts. A quelque niveau que ce soit (national, régional, départemental, communal), les pouvoirs publics n’interviennent pas dans la vie interne de l’Eglise, et l’Eglise n’a pas vocation à gérer le politique. Cette autonomie ne signifie pas ignorance mutuelle puisque l’Etat et l’Eglise sont « au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes » (Gaudium et spes). Pour autant, l’Etat de droit n’est pas indépendant vis-à-vis de l’éthique, puisqu’il est au service des droits de l’homme. Ainsi, l’Eglise ne sort pas de sa responsabilité quand elle interpelle les pouvoirs publics lorsque l’être humain ou les droits de la personne humaine et son aspect transcendant ne sont pas respectés. Cette juste séparation des pouvoirs n’empêche donc pas – bien au contraire – connaissance mutuelle, relations et dialogue. D’autant que la séparation entre Eglises et Etat n’équivaut pas à une séparation entre Eglises et société. Nous sommes reconnaissants au Président de la République et aux gouvernements successifs d’avoir institué en février 2002 et mis en œuvre une instance de dialogue et de concertation avec les représentants de l’Eglise catholique.

8. Cette conception de la laïcité assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes. Selon cette laïcité, l’Etat a le devoir de promouvoir le droit civil à la liberté religieuse (cf. Déclaration conciliaire Dignitatis humanae). Conformément à la loi de 1905, il a le souci de la juste intégration de ces confessions religieuses dans le jeu de la vie sociale, en respectant l’inviolabilité des consciences. C’est en ce sens que nous comprenons le caractère « laïque » de la République française tel qu’il est affirmé dans la Constitution de la Ve République. Cette « saine et légitime » (Pie XII, 28 mars 1958) conception de la laïcité se distingue de certaines conceptions radicales de la laïcité qui sont une approche négative du religieux, une volonté de réduire l’influence sociale des religions et de renvoyer celles-ci au seul domaine de l’intime et des convictions personnelles. Précisons à ce propos que nous nous inquiétons d’assister parfois, en certains lieux, à la résurgence d’attitudes et de prises de position marquées par un laïcisme qu’on aimerait croire dépassé.

9. Cette laïcité peut se vivre selon des régimes juridiques différents. Elle est, par nature et par définition, pluralité et diversité. En témoignent le régime général des cultes qui cohabite avec un régime local en Alsace Moselle, plusieurs régimes spécifiques en outremer, certains services publics d’aumôneries (hôpitaux, prisons, armée) dont les titulaires sont rémunérés, le statut particulier des Congrégations, le caractère propre de l’Enseignement catholique et la reconnaissance d’utilité publique d’oeuvres caritatives.

10. Le régime de séparation, qui « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (article 2 de la loi du 9 décembre 1905), établit l’exercice des cultes dans le domaine des libertés publiques, dans la foulée de la liberté d’association reconnue en 1901. Les cultes ne relèvent plus du droit public en ce qui concerne les règles de leur organisation interne. Cependant, par la protection dont bénéficient leurs activités propres, ils restent sous l’empire des principes régissant les libertés publiques. La Loi de séparation ne nie pas la dimension sociale des cultes pour enfermer le religieux dans le pur domaine des convictions personnelles. Soucieuse de permettre à chaque citoyen de pratiquer sa religion, elle a non seulement proposé la création des associations cultuelles mais aussi d’aumôneries « destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons » (loi du 9 décembre 1905, art. 2).

11. Cent ans après la promulgation de la loi, le paysage français a bien changé. Des questions nouvelles se posent… Nous ne sous-estimons pas la portée des interrogations soulevées par la Fédération protestante de France qui voit le fonctionnement des associations cultuelles remis en question par les modifications apportées à la loi de 1901 sur les associations. Nous n’ignorons pas les questions posées par l’implantation d’autres religions, notamment de l’islam, dans notre pays. Et nous nous réjouissons par ailleurs de constater chez beaucoup d’hommes de bonne volonté les progrès de la tolérance et du respect d’autrui.

12. Tout cela considéré, pour ce qui nous concerne, nous ne pensons pas qu’il faille changer la loi de 1905. Certes, il n’est pas dans notre intention de l’idéaliser. Mais, alors que la loi n’utilise pas le mot « laïcité », on en est venu à la considérer comme l’expression d’un équilibre satisfaisant des relations entre l’Etat et les organisations religieuses ; elle a acquis par là une valeur symbolique certaine. En conséquence, il nous semble sage de ne pas toucher à cet équilibre par lequel a été rendu possible en notre pays l’apaisement d’aujourd’hui.

13. Nous ne sommes pas pour autant condamnés à l’immobilisme. Sans toucher aux principes édictés dans la loi, bien des solutions peuvent être trouvées aux questions nouvelles par des applications ouvertes de cette loi. Notre expérience d’un siècle est là pour témoigner que cela est possible.

Apporter notre contribution à la vie de notre pays

14. Au-delà de la question des relations des organisations religieuses avec l’Etat, l’anniversaire de la loi de 1905 pose la question de la façon dont ces organisations vivent dans une société marquée par la pluralité des convictions et des croyances et souhaitent apporter leur contribution au bien commun de la société.

15. La situation de l’Eglise catholique en France en 2005 est différente de ce qu’elle était en 1905. Diverses évolutions ont permis un rapprochement des esprits. Longtemps identifiée à un combat contre l’Eglise catholique et contre la religion au nom de l’émancipation des esprits par la raison, la laïcité est apparue, au cours du siècle, comme un régime de pacification des esprits par le droit dans un pays où se développait une pluralité de convictions et de croyances. De son côté, l’Eglise catholique, une nouvelle fois, a proposé, en la développant, sa conception de la liberté de conscience et de la liberté religieuse. La Déclaration conciliaire Dignitatis humanae rappelle la liberté de l’acte de foi : « Par sa nature même, l’acte de foi a un caractère volontaire. […] Il est donc pleinement conforme au caractère propre de la foi qu’en matière religieuse soit exclue toute espèce de contrainte de la part des hommes » (n° 10). Dans un régime de libertés publiques, dont les seules limites sont les exigences de l’ordre public prévues par la loi, l’Eglise catholique reconnaît à toute personne sa pleine et entière liberté de conscience, même lorsqu’elle n’approuve pas l’usage que celle-ci peut en faire. Dans sa présence au sein de la société, l’Eglise catholique privilégie le dialogue, la rencontre, l’échange et le partage (cf. Gaudium et spes, n° 16).

16. Disons-le clairement : l’Eglise catholique en France ne cherche pas à faire pression sur les esprits. Sa situation de confession majoritaire ne lui donne pas des privilèges mais une responsabilité accrue, celle d’apporter sa pierre à l’édification de notre société. Refusant toute attitude sectaire, elle désire contribuer à maintenir vivantes les valeurs religieuses, morales et spirituelles qui font partie du patrimoine de la France et ont contribué à son identité. Si elle intervient dans les débats de notre temps, c’est pour faire entendre sa conception de l’homme et témoigner de l’expérience dont elle est porteuse. Elle ne souhaite pas s’enfermer dans la défense de ses intérêts communautaires mais contribuer à promouvoir la dignité intégrale de chaque personne humaine dans notre vie sociale, ainsi que la paix et la justice dans notre société. Elle apporte avec d’autres sa participation dans des domaines divers : la solidarité, la culture, le vivre ensemble dans les cités, la participation à de multiples associations, la présence dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la politique, le soutien aux familles, la consolidation des liens avec l’ensemble des Eglises chrétiennes et les autres religions… Mais elle offre surtout ce qu’elle a en propre et qui est sa raison d’être : faire connaître le Christ, source de renouvellement intérieur et de fraternité ouverte à tous.

Dans l’hommage universel qui lui a été adressé, la plupart des peuples ont reconnu que le pape Jean-Paul II a servi, en même temps et sans contradiction, la double mission de l’Eglise : oeuvrer à l’union intime avec Dieu et à l’unité de tout le genre humain (cf. Lumen gentium, n°1).

17. Le même Jean-Paul II, dans la Lettre qu’il nous avait adressée le 11 février, demandait que le centenaire de la loi du 9 décembre 1905 soit l’occasion pour tous les catholiques d’un engagement renouvelé et d’un plus grand service de tous : « J’encourage les catholiques français à être présents dans tous les domaines de la société civile, dans les quartiers des grandes villes comme dans la société rurale, dans le monde de l’économie, de la culture, des arts, comme de la politique, dans les oeuvres caritatives comme dans le système éducatif, sanitaire et social, avec le souci d’un dialogue serein et respectueux avec tous. Je souhaite que tous les Français travaillent main dans la main à la croissance de la société, afin que tous puissent en bénéficier » (n° 8).
Nous faisons nôtre cet appel et souhaitons tenir cet engagement.

Chevilly-Larue, le 15 juin 2005.

 

c-L’avortement au « Bac L », la polémique se poursuit

Réactions en chaîne

ROME, Jeudi 23 juin 2005 (ZENIT.org) – La polémique autour de l'épreuve scientifique du « bac L » continue à provoquer une vague de contestations en France. La revue de presse de la Fondation Jérôme Lejeune fait le point (www.genethique.org).

Après les premières associations qui ont protesté en écrivant au ministre de l'Éducation nationale (cf. revue de presse du 20/06/05) et la direction diocésaine c'est au tour de la Confédération nationale des associations familiales catholiques (AFC) et de l'Unapel de réagir.

Eric Raffin de l'Unapel a dénoncé la maladresse du sujet : "le document se présente comme une justification non pas simplement d'un texte de loi, fixant un cadre pour les situations de détresse, mais aussi comme une justification de la banalisation d'une pratique qui reste un sujet de société très sensible. On a vraiment placé les élèves en difficulté, certains ont pu perdre pied."

Annette Cordin, chargée du secteur éducation au sein des AFC estime que le sujet "a pu poser un cas de conscience aux élèves. Ne se sert-on pas du baccalauréat pour faire passer une opinion?" s'interroge t-elle. La Confédération dénonce un sujet qui "obligeait à une prise de position idéologique particulière".

L'Unapel et les AFC souhaitent que les examinateurs fassent preuve de la plus grande prudence. "Certains jeunes, mal à l'aise ont dû se rabattre sur l'autre sujet au choix. Dans ce cas, il y a eu rupture du principe d'égalité dans l'épreuve. D'autres ont pu s'emporter au risque d'être pénalisé. Nous demandons au ministre de reconnaître que la liberté de conscience n'a pas été respectée" affirme Annette Cordin.

Dans Famille Chrétienne, des jeunes ayant passé leur bac, témoignent : "j'ai été très choquée du sujet de SVT que l'on nous a proposé (maîtrise de la reproduction, uniquement à travers l'avortement et la pilule). Je pense que c'est une véritable honte. Il ne s'agissait pas à mon avis d'un sujet de SVT, mais d'éthique" explique une jeune fille.

Thierry Boutet, dans l'édito de Famille Chrétienne explique que de nombreux témoignages sont arrivés au journal. Parmi les étudiants, certains n'ont pas hésité à rendre une copie où ils écrivaient que "l'avortement est un meurtre" contrairement à ce qu'affirmait l'article du Monde. "A toi, Pierre-Thomas - son fils, qui a passé son bac -, à vous tous qui n'avez pas hésité à suivre ce que vous dictait votre conscience, je voudrais dire mon admiration. Vous avez posé un acte de résistance, héroïque, au totalitarisme intellectuel [...] Soyez remerciés pour cet exemple" affirme-t-il. Comme l'écrit Jean-Marie Le Mené, président de la Fondation Jérôme Lejeune : "Le père de famille que je suis considère désormais qu'il peut y avoir de l'honneur à rater son bac".

Le ministre, Gilles de Robien a tenté de mettre fin à la polémique : "c'est une épreuve scientifique et contrairement à ce qu'on a dit, ce n'est pas une épreuve philosophique où on demandait un avis sur l'IVG, si on est d'accord ou pas d'accord" a-t-il expliqué;

Le cabinet du ministre estime de son côté qu'il n'y a pas eu erreur et souhaite maintenant clore le débat, conclut la revue de presse.

 

d-Direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Paris

« Bac L » en France: « Un sujet qui n’aurait pas dû être posé »

ROME, Jeudi 23 juin 2005 (ZENIT.org) – La Direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Paris a diffusé ce communiqué, le 21 juin, à propos des sujets d’Enseignement scientifique du « bac L ».

La direction diocésaine de l'Enseignement catholique de Paris est un service de l'archevêché de Paris qui assure, en lien avec des congrégations religieuses, la coordination et l'accompagnement des établissements scolaires privés catholiques du diocèse de Paris — qui a les limites de la ville. Elle est au service de 150 établissements privés sous contrat (87 écoles, 50 collèges, 43 lycées, 12 lycées professionnels et 2 CFA, soit 85 % des établissements privés sous contrat à Paris) qui scolarisent 75000 élèves (25 % de la population scolaire à Paris). Elle entretient des liens réguliers de collaboration avec le rectorat de l'académie de Paris, les collectivités locales et la fédération des parents d'élèves.

Un sujet qui n’aurait pas dû être posé

En demandant aux candidats de restituer une argumentation à partir d’éléments approximatifs et polémiques ce sujet les plaçait inconsidérément et inutilement devant un cas de conscience. En ce sens, ce sujet ne respecte ni les candidats ni les exigences d’une formation intellectuelle authentique. Or le baccalauréat vise à valider les acquis des élèves, non pas à les déstabiliser dans un contexte d’examen déjà éprouvant. Les inciter ainsi à entrer dans des logiques réductrices et polémiques sans possibilité de critique n’a pas de sens pédagogique.

La direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Paris manifeste donc sa désapprobation. Au niveau national, le contact a été établi avec le Ministère de l’Éducation nationale par l’intermédiaire du Secrétariat général de l’Enseignement catholique.

Ce qui heurte les consciences

Il y a des questions qu’on ne peut pas aborder sans précautions. Même si la régulation des naissances est au programme de toutes les séries générales du baccalauréat et si le contexte des 30 ans de la loi Veil a pu motiver le choix d’un sujet de bac portant sur l’IVG, on peut légitimement s’interroger sur le libellé du sujet de l’épreuve anticipée d’enseignement scientifique du Bac L cette année.

Selon la réglementation, cette épreuve doit permettre « d’apprécier la culture scientifique et la compréhension des enjeux de société dans lesquels la science est impliquée. » On peut comprendre alors pourquoi les élèves ont été invités à réfléchir non pas sur des données scientifiques rigoureuses mais sur un article de presse évoquant les débats lors de l’adoption de la loi Veil. Cependant, même s’il ne s’agit pas tant d’étudier la valeur scientifique des arguments — par ailleurs très approximatifs voire polémiques — on demande au candidat d’argumenter dans le sens d’une prise de position très critiquable, sans lui permettre la critique ! De ce fait, le candidat n’est pas invité à mesurer les enjeux d’un débat mais à faire l’exercice artificiel de défendre une opinion qui peut objectivement être contraire à sa conscience.

Un malaise révélateur, qui appelle une réponse éducative

L’absence de réflexion morale sur des sujets humains aussi sensibles est d’ailleurs visible de façon symptomatique dans les documents d’accompagnement des programmes officiels sur la procréation. S’ils évoquent que l’évolution technique en matière de procréation pose des problèmes éthiques, ils placent systématiquement l’étude de ces questions éthiques dans les « limites non exigibles » du programme. Pourtant, une telle matière mériterait une réflexion plus rigoureuse. Pourquoi, par exemple, confondre contragestifs et contraceptifs ? Ces questions touchent trop personnellement les adolescents pour qu’on ne les aborde que de façon technique.

La formation de l’esprit critique des lycéens requiert l’accompagnement des enseignants. En abordant des sujets humains aussi sensibles dans leurs cours, les enseignants ont la possibilité de remettre les éléments d’analyse dans leur contexte, d’instaurer le dialogue avec leurs élèves, de les amener à peser chaque information et chaque argument avec prudence. Les établissements catholiques d’enseignement sont témoins que, quelles que soient leurs convictions, les familles demandent à l’école non seulement d’instruire mais d’éveiller l’intelligence des élèves à une recherche exigeante de vérité et de former leur jugement avec respect, sans réductionnisme ni parti pris.

« Vous ne toucherez jamais avec trop de scrupules à cette chose délicate et sacrée qu’est la conscience de l’enfant. » (Jules FERRY, Lettre aux instituteurs)

J.-François CANTENEUR
Adjoint au Directeur diocésain

Frédéric GAUTIER
Directeur diocésain

 

 

 

F-Des Nouvelles de Madrid

a-Après la manifestation extraordinaire des familles du 18 juin 2005

 

Madrid: L’appel du 18 juin des Familles, sans précédent

Le début d’un mouvement

Zénit donne ces informations des plus importantes sur la manifestation du 18 juin dernier à Madrid

– La manifestation du 18 juin à Madrid a été « le début d’un mouvement familial sans précédents », souligne l’agence vaticane Fides. Les organisateurs n’excluent donc pas d’autres mobilisations massives pour défendre le mariage authentique et la famille.

« Ce n’est pas la fin, mais le début d’un mouvement social sans précédents, ce mouvement familial », a en effet déclaré M. Benigno Blanco, vice-président du Forum Espagnol de la Famille (FEF), à l’occasion de la manifestation de samedi dernier, 18 juin, à Madrid.

D’après les organisateurs, la manifestation a été un véritable succès, même si elle a été organisée seulement en 50 jours, et sans aucune aide de la part d’institutions publiques ou privées : les dépenses ont en effet été financées grâce à la générosité des participants.

Ceux-ci sont venus affirmer massivement « la valeur du mariage, de la famille, et pour défendre le droit de chaque enfant à avoir un père et une mère », souligne Fides.

M. Joseph Miro, président de l’association « E-Christians », a déclaré, dans son intervention : « Durant les derniers mois, l’Europe, le monde entier, ont regardé vers l’Espagne avec stupeur. En Europe, dans le monde, le mariage est l’union d’un homme et d’une femme, comme le précise la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Sur les 191 pays qui composent les Nations Unies, le mariage homosexuel est interdit dans 189 pays ». Face à cette réalité, on se demande : « Est-ce toute l’humanité qui se trompe ? ». Comme l’a déclaré M. Blanco : « La famille est le trésor principal que garde aujourd’hui la société, elle est sa base et son pilastre fondamental. Mais personne n’était allé aussi loin dans ses tentatives pour détruire l'institution de la famille. Aussi, le pouvoir de la famille s’est réveillé, et nous ne nous endormirons plus. Nous ne pouvons rester silencieux ».

Devant le succès de cette manifestation, qui a manifesté le refus unanime des familles espagnoles des deux lois contre la famille (les divorces et les « mariages » homosexuels), M. Eduardo Hertfelder, président de l’Institut de Politique familiale, a demandé au gouvernement espagnol le retrait immédiat pour la révision des deux lois.

Il demande en outre la création d’une table de dialogue pour affronter de manière sérieuse et rigoureuse les deux problèmes, si l’on ne voulait pas provoquer une fracture définitive dans la société.

La Confédération nationale catholique des Familles et des Parents d’élèves a demandé au président du gouvernement de retirer la loi du Parlement, parce que, après la grande manifestation, « on ne peut désormais continuer à dire que cette loi repose sur l’appui de la majorité du peuple espagnol ».

Pour sa part le FEF a souligné que la manifestation de samedi dernier était « seulement le début » et que l’on n’excluait pas d’autres mobilisations massives pour la défense du mariage authentique et de la famille, si le gouvernement ne répondait pas à ses requêtes.

Les organisateurs ont aussi contesté certaines informations erronées sur la manifestation, comme la « manipulation des données (d’après le gouvernement, seules 166.000 personnes ont participé à cette manifestation) », ou l’affirmation que la manifestation était un acte « contre les personnes homosexuelles » et qu’on y a brandi des banderoles qui leur étaient hostiles.

 

G- Encore l’esclavage dans le monde

Il reste encore deux cents millions d’esclaves dans le monde

Il  faut lire l’entretien avec Giancarlo Giojelli, auteur d’une enquête sur l’esclavage, dans Zénit du lundi 27 juin