" Les Nouvelles

de

Chrétienté "

n° 24

Le 13 octobre  2005

 

Sommaire.

 

L’enseignement  du Saint Père

 

A-la béatification du cardinal allemand Clemens August von Galen

 

B- un nouveau livre du pape : "La révolution de Dieu".


C- Le discours de Benoît XVI pour l’ouverture du Synode. 
 

Les nouvelles de Rome.


A-Une visite d’Etat du président israélien Moshe Katsav au Vatican 

B-Le « compendium » en français sur l’enseignement social de l’Eglise.

C- Un « acte commémoratif »à Rome  de la promulgation de « Nostra Aetate »

D- Le Vatican encourage la formation des prêtres contre le satanisme

 

Les accords avec Rome

 

A-Le point de vue du cardinal Médina. Priorité aux questions doctrinales

 

B- L’article de M l’abbé Philippe Laguérie.

 

C- Les derniers propos de  Mgr Fellay sur sa rencontre avec le pape Benoît XVI

 

La montée de l’Islam en France

Un rapport révèle la "pression islamiste" dans des entreprises

L’Eglise catholique en France

L’Eglise catholique dans la société française, par Mgr Ricard

Le  drapeau  de  l'Union  Européenne.

Son origine est chrétienne   

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L’enseignement  du Saint Père

 

A-la béatification du cardinal allemand Clemens August von Galen.

Le dimanche 9 octobre 2005, à Saint Pierre, à l’issue de la messe célébrée par le cardinal José Saraiva Martins au cours de laquelle a eu lieu la béatification du cardinal allemand Clemens August von Galen, le Saint Père a prononcé ce petit discours :

Chers frères et soeurs,

Ce matin, dans la Basilique Saint Pierre a eu lieu la béatification de Clemens August von Galen, évêque de Münster, cardinal, intrépide opposant au régime nazi. Ordonné prêtre en 1904, il accomplit son ministère dans une paroisse de Berlin pendant de longues années et en 1933 il devint évêque de Münster. Au nom de Dieu, il dénonça l’idéologie néo-païenne du national-socialisme, défendit la liberté de l’Eglise et les droits humains gravement violés, protégeant les juifs et les personnes plus faibles, que le régime considérait comme des rebuts à éliminer. Les trois fameuses prédications que cet intrépide pasteur prononça en 1941 sont bien connues. Le pape Pie XII le créa cardinal en février 1946 et, à peine un mois plus tard, il mourut, entouré de la vénération des fidèles, qui reconnurent en lui un modèle de courage chrétien. C’est là précisément le message toujours actuel du bienheureux von Galen : la foi ne se réduit pas à un sentiment privé, éventuellement même à une chose que l’on doit cacher lorsqu’elle commence à déranger, mais elle implique la cohérence et le témoignage également dans le domaine public en faveur de l’homme, de la justice, de la vérité. Je félicite vivement la communauté diocésaine de Münster et l’Eglise en Allemagne, en invoquant sur tous, par l’intercession du nouveau bienheureux, d’abondantes grâces du Seigneur ».

On notera tout particulièrement cette phrase : « la foi ne se réduit pas à un sentiment privé, éventuellement même à une chose que l’on doit cacher lorsqu’elle commence à déranger, mais elle implique la cohérence et le témoignage également dans le domaine public en faveur de l’homme, de la justice, de la vérité ».

B- un nouveau livre du pape : "La révolution de Dieu".
 
Le premier livre du pape Benoît XVI: ses discours aux JMJ de Cologne
 
Le premier livre du pape Benoît XVI, qui rassemble ses discours aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Cologne (Allemagne), est sorti mardi en Italie sous le titre "La révolution de Dieu".
 
Tiré dès le premier jour à 350.000 exemplaires et diffusé dans toute l'Italie à travers 4.000 librairies, supermarchés ou stations-service au prix de 9,5 euros, le livre sortira prochainement dans 18 autres pays dont la France, les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Espagne ou encore la
Corée, ont annoncé ses éditeurs, les Editions vaticanes et San Paolo.
 
Les Editions vaticanes, auxquelles Benoît XVI a confié la gestion de ses droits d'auteur, ont déjà laissé publier plusieurs livres sous sa signature. Mais il s'agissait jusqu'ici de discours ou d'écrits rédigés avant son élection le 19 avril, du temps où il était encore le cardinal
Joseph Ratzinger.
 
"La Révolution de Dieu" regroupe tous les discours de Cologne, enrichis des éventuelles improvisations: homélies et adresses aux jeunes pèlerins, discours dans la synagogue, rencontre avec les musulmans, avec les représentants chrétiens...
 
Les éditeurs ont par ailleurs indiqué que le "compendium", une version grand public du catéchisme de l'Eglise catholique publiée fin juin sous les auspices de Benoît XVI, avait atteint une diffusion de 600.000 exemplaires.
 
C- Le discours de Benoît XVI pour l’ouverture du Synode. 
 
Voir le commentaire dans RSLM de cette semaine.

 

Les nouvelles de Rome.

A-Une visite d’Etat du président israélien Moshe Katsav au Vatican.

Une visite d’Etat du président israélien Moshe Katsav au Vatican est prévue au Vatican le mois prochain, a annoncé le 2 octobre, à la une, le quotidien israélien « Haaretz » (La Terre). Le président Katsav effectuera également une visite officielle en Italie au même moment. Ce sera la première visite d’Etat d’un chef d’Etat israélien au Vatican.

M. Katsav a déjà rencontré Joseph Ratzinger à l’occasion des funérailles de Jean-Paul II le 8 avril dernier. Selon M. Obed Ben Hur, ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, la visite de M. Katsav « symbolise les bonnes relations » entre le Saint-Siège et Israël.

Pour sa part, le conseiller du président Katsav, M. Avi Granot, souligne deux aspects de la rencontre: « Israël et le Vatican sont deux Etats qui ont des relations diplomatiques mais au-delà, il y a aussi une reconnaissance, de la part du Saint-Siège, qu’Israël représente le peuple juif et le Vatican, le monde catholique. De là, l’importance d’une telle rencontre. »

On se souvient que le pape Benoît XVI avait adressé un message à la communauté juive au lendemain de son élection. La communauté juive, à Rome, mais aussi dans d’autres pays, comme en France, avait organisé des rencontres de prière à l’occasion de la maladie de Jean-Paul II et fait parvenir des messages de condoléances après son décès, le 2 avril dernier.

D’autres signaux positifs ont suivi : la visite « historique » de Benoît XVI, pape allemand, à la synagogue de Cologne, le 19 août dernier, la lettre du Premier ministre Ariel Sharon au pape Benoît XVI, et la visite des deux grands rabbins d’Israël, Shlomo Moshe Amar et Yona Metzger, au Vatican le 15 septembre dernier.

B-Le « compendium » en français sur l’enseignement social de l’Eglise.

La traduction française du  « compendium »sur l’enseignement social de l’Eglise, vient de paraître.  Le livre  fut présenté par le cardinal Martino, au pape et aux pères synodaux, samedi dernier, 8 octobre 2005.

Voici la note que nous trouvons sur « Zénit ».

 

« ROME, Lundi 10 octobre 2005 (ZENIT.org) – L’édition en français du « compendium » de l’enseignement social de l’Eglise a été présentée, samedi dernier, 8 octobre, au pères du synode, par le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix. Un événement éditorial très attendu.

Le cardinal Martino a remis un volume en français au pape Benoît XVI, grand francophone, lors de la Xe congrégation générale du synode des évêques sur l’Eucharistie, samedi matin. La présentation a été saluée par un applaudissement chaleureux.

« Depuis longtemps, le monde francophone, souligne un communiqué du dicastère romain, attendait la publication de l’édition française, réclamée à grande voix par les agents pastoraux et les centres d’étude, non seulement en France, mais dans toutes les Nations où l’on parle français ».

Le cardinal Martino avait présenté, le 25 octobre 2004, l’édition en italien de ce « compendium » de l’Enseignement sociale de l’Eglise. Il insistait sur la nécessité de faire connaître, vivre et répandre cet enseignement.

L’ouvrage a demandé cinq ans de travail, d’abord sous la direction du défunt cardinal vietnamien François-Xavier Nguyen Van Thuan, prédécesseur du cardinal Martino.

Rappelons que ce volume, comme l’indiquait le cardinal Martino, a une « structure simple et franche », en trois parties :

- les 4 premiers chapitres traitent des points fondamentaux de la Doctrine sociale ;

- les sept suivants exposent les contenus et les thèmes de la famille, du travail, de la vie économique, de la communauté politique, de la communauté internationale, de l’environnement et de la paix.

- le dernier chapitre contient une série de recommandations sur l’utilisation de la Doctrine sociale dans les activités pastorales de l’Eglise et dans la vie de tous les chrétiens, surtout des fidèles laïcs.

Le président du conseil pontifical avait précisé que le compendium « est accessible à tous - catholiques et autres chrétiens, personnes de bonne volonté ». C’est « un instrument utile pour le discernement moral et pastoral des événements complexes qui caractérisent notre temps, un guide, une aide sur la moralité sociale des enseignements de l’Eglise à la disposition des fidèles ».

Il constitue aussi « un instrument pour renforcer le dialogue œcuménique et inter-religieux pour les catholiques avec tous ceux qui recherchent sincèrement le bien de l’humanité ».

L’ouvrage est dédié à Jean-Paul II qui, en 1999, avait souhaité, dans son exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in America » que l’Eglise dispose d’un « compendium ou une synthèse approuvée de la doctrine sociale catholique, comprenant un catéchisme qui mettrait en évidence son lien avec la nouvelle évangélisation ».

Ce volume de plus de 500 pages, est accompagné d’une lettre d’introduction du cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat, et adressée au président du conseil pontifical avec pour titre : « Un humanisme intégral et solidaire ».

Compendium de la Doctrine sociale de l'Église, édition française, Conseil Pontifical Justice et Paix, Librairie Éditrice Vaticane, oct. 2005 (18 euro  

 

C- Un « acte commémoratif »à Rome  de la promulgation de « Nostra Aetate »


On fêtera à Rome, le 27 octobre 2005, au palais de la Chancellerie,  les 40 ans de la déclaration conciliaire Nostra Aetate sur les relations de l’Eglise catholique avec les religions non-chrétiennes, et spécialement le judaïsme. On annonce la participation du rabbin Rosen et du cardinal Lustiger.

 

Cet acte commémoratif sera ouvert par le cardinal Walter Kasper, président de la commission du Saint-Siège pour les Relations religieuses avec le judaïsme. Ce sera l’occasion d’un « bilan » du dialogue juif-catholique ces dernières décennies, et de tracer des perspectives, avec le rabbin David Rosen, du Comité juif américain (American Jewish Committee) et le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de Paris.

D- Le Vatican encourage la formation des prêtres contre le satanisme

Le Vatican est décidé à poursuivre la formation des prêtres face à la montée du satanisme et lance un nouveau séminaire universitaire pour contrer les agissements prêtés au "Malin".

Les cours en "exorcisme et prière de libération" sont dispensés à l'université pontificale Regina Apostolorum dirigée par les Légionnaires du Christ, un ordre religieux conservateur.

Le Vatican s'alarme de la montée des pratiques satanistes chez les jeunes. En Italie, ces adeptes sévissent sur l'internet avec plus de 500 clubs, a révélé début octobre une enquête réalisée par l'école de journalisme de l'Université de Palerme.

La majorité de ces clubs --57%-- ont été localisés dans le nord, 25% dans le centre, 18 % dans le sud, et la Sicile est particulièrement touchée, souligne cette étude.

Les adeptes recrutés sur l'internet sont très jeunes: 21% ont entre 15 et 17 ans, 9% entre 11 et 14 ans et 3% entre 6 et 10 ans, souligne cette enquête.

Trois jeunes membres d'un groupe de rock heavy metal baptisé les "Bêtes de satan" ont été condamnés au début de l'année à de lourdes peines de prison pour des meurtres rituels commis en 1998. Ils étaient âgés d'une vingtaine d'années au moment des faits.

Benoît XVI est décidé à valoriser le rôle des exorcistes.  Il les a encouragés dans leur "important ministère au service de l'Eglise" dans un message à l'occasion du congrès national des prêtres exorcistes organisé le 14 septembre à Rome.

Réservés aux prêtres et aux séminaristes étudiants en théologie, les premiers cours de l'université pontificale Regina Apostolorum ont attiré plus d'une centaine d'élèves de tous âges venus du monde entier.

L'Université a annoncé les interventions d'un représentant du pape Benoît XVI, Mgr Angelo Comastri, vicaire général pour l'Etat du Vatican et d'un exorciste, Mgr Andrea Gemma, évêque de Isernia-Venafro, lors de la présentation jeudi du second séminaire, consacré à la démonologie, à l'occultisme et à la figure du Diable dans les cultures anciennes et modernes, ce qui inclut le cinéma, la musique et l'internet
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Les accords avec Rome 

 

L’agence de Presse « Apic » vient d’interroger le Cardinal Medina, ancien préfet de la Congrégation du culte et des sacrements, sur la rencontre entre Benoît XVI et Mgr Fellay, le 29 août dernier. Son point de vue est intéressant.

Vous en trouverez le texte ci-après. 

 

Il sera suivi de l’article de M l’abbé Philippe Laguérie dans le « Mascaret » de septembre.

 

Vous pourrez constater la différence des points de vue. Une différence importante. Le cardinal insiste sur l’importance de la doctrine dans le règlement de « cette affaire ». M l’abbé Laguerie insiste, lui, sur l’importance d’une solution pratique.

 

Nous remarquons en particulier que le cardinal insiste sur la nécessaire acceptation du Concile par les membres de la FSSPX.

 

Il écrit : « Si l’on ne se met pas d’accord sur les problèmes doctrinaux posés par certains membres de la Fraternité, on obtiendra des décisions utiles et sympathiques mais sans arriver à la pleine communion, si vivement souhaitée. L’autorisation, pour tous les prêtres, de célébrer selon la forme ancienne du rite romain ne résoudra pas le problème de fond qui existe avec la Fraternité Saint-Pie X. Si ces membres disaient, par exemple, nous repoussons le concile Vatican II, alors on se trouverait dans une situation difficile à résoudre. Il faudra s’occuper ensuite des questions pratiques liturgiques. Ce deuxième aspect est beaucoup plus facile car il s’agit d’un problème canonique, juridique et liturgique qui n’entraîne pas, à mon avis, de questionnements doctrinaux ».

 

Il me semble que, sur ce sujet, la réponse de M l’abbé Laguérie devrait lui donner satisfaction et permettre d’aller de l’avant. Il est faux de dire purement et simplement que la FSSSPX « refuse le Concile ». Ce ne fut jamais la position de Mgr Lefebvre, ni de Mgr de Castro Mayer, ni de M l’abbé Berto, ni de Jean Madiran.

 

Il serait bien important que sur ce sujet, Mgr Fallay rappelle la position de la FSSPX. Le texte de M l’abbé Laguérie pourrait être retenu.

 

 

A- Le point de vue du cardinal Médina. Priorité aux questions doctrinales

 

 

 Résumé : Dans un entretien du 26 septembre 2005, le cardinal chilien Jorge Arturo Medina Estevez, membre de la Commission Ecclesia Dei et ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, répond aux questions d’I.MEDIA, partenaire de l’agence Apic à Rome. (Propos recueillis par Antoine-Marie Izoard, Rome)  

 

 

 

 

 

 

Apic: Quel regard portez-vous sur la rencontre du 29 août dernier entre Benoît XVI et Mgr Fellay, le supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X ?

 

 Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: Beaucoup d’autres contacts ont précédé cette visite de Mgr Fellay au Saint-Père. Des contacts notamment avec le cardinal Castrillon Hoyos (président de la commission Ecclesia Dei, ndlr), et avec d’autres personnes, comme moi-même. Mgr Fellay m’a rendu visite, et je suis allé le voir lorsqu’il avait été hospitalisé à Rome, il y a quelques années. Ainsi, on ne peut pas dire que cette rencontre avec le Saint-Père ait été inattendue, car nous avons des contacts, et Mgr Fellay sait que le pape est préoccupé par la communion plénière de tous les catholiques, tous les chrétiens, et en particulier avec ce groupe, qui relève des décisions et des positions de Mgr Lefebvre.

 

 

 

Apic: Désormais, quelles solutions peut trouver Rome pour avancer dans le rapprochement avec la Fraternité Saint-Pie X ?

 

 Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: La situation est complexe, avec d’un côté le problème liturgique et, d’un autre, les questions doctrinales. Je pense qu’il faudrait avant tout dresser une liste des difficultés doctrinales afin de pouvoir en discuter et trouver des solutions, des explications ou des nuances qui permettent de les surmonter. Il conviendrait d’organiser pour cela une espèce de groupe de travail. Mais, à l’intérieur même de la Fraternité, il y a des courants différents. Certains ont une position peu nuancée, inflexible. D’autres sont mieux disposés vis-à-vis du dialogue. Sans faire d’accusations désagréables, il faut rappeler que l’on a entendu dire que le missel de Paul VI était ‘hérétique’ ou bien que ce rite pouvait même être jugé comme ‘invalide’. Dans ce cas, on se trouve dans une situation extrêmement difficile. Pourtant, sur la doctrine, je crois qu’il y a moyen de s’entendre. Peut-être y a-t-il eu de fausses interprétations, peut-être peut-on s’expliquer sur certains points… mais il faudrait se mettre d’accord sur la réception du Concile Vatican II.

 

 

 

Apic: Contrairement à vous, Mgr Fellay place avant la résolution des questions doctrinales celle du problème liturgique et de l’autorisation de célébrer la messe tridentine pour tous. Est-ce une bonne solution ?

 

 Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: Si le Saint-Père le veut, dès demain, il peut prendre une décision concernant les problèmes liturgiques, je n’y vois aucune difficulté. En revanche, si l’on ne se met pas d’accord sur les problèmes doctrinaux posés par certains membres de la Fraternité, on obtiendra des décisions utiles et sympathiques mais sans arriver à la pleine communion, si vivement souhaitée. L’autorisation, pour tous les prêtres, de célébrer selon la forme ancienne du rite romain ne résoudra pas le problème de fond qui existe avec la Fraternité Saint-Pie X. Si ces membres disaient, par exemple, nous repoussons le concile Vatican II, alors on se trouverait dans une situation difficile à résoudre. Il faudra s’occuper ensuite des questions pratiques liturgiques. Ce deuxième aspect est beaucoup plus facile car il s’agit d’un problème canonique, juridique et liturgique qui n’entraîne pas, à mon avis, de questionnements doctrinaux.

 

 

 

Apic: D’après vous, Benoît XVI peut donc libéraliser, du jour au lendemain, la célébration de la messe tridentine ?

 

 Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: Le Saint-Père pourrait, s’il le veut, établir des autorisations plus ou moins larges pour l’emploi de la forme ancienne du rite romain à l’intérieur de l’Eglise catholique. Par exemple, il y a quelques années, lors de la publication du nouveau rite des exorcismes, la Congrégation pour le culte divin a donné la possibilité aux évêques d’utiliser le rite précédent. Un certain nombre d’évêques l’a demandé. Cela crée un antécédent. Ainsi, j’espère que, petit à petit, la possibilité de célébrer dans la forme ancienne du rite romain sera ouverte. Avec de la bonne volonté, on peut y arriver. Je ne vois que quelques difficultés d’ordre pratique. Par exemple, il faudrait arriver à rendre compatibles les deux calendriers liturgiques. On pourrait aussi trouver une solution au problème du lectionnaire (les lectures bibliques choisies pour la célébration de la messe et des sacrements, ndlr). Dans un diocèse, bien sûr, cela peut poser un problème d’homogénéité. Il ne s’agit pas de problèmes capitaux, on peut les résoudre sans difficultés majeures, ce qui n’est pas le cas pour les questions dogmatiques.

 

 

 

Apic: Le rite de saint Pie V a-t-il réellement été aboli après le concile ?

 

 Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: J’ai examiné la question. Il y a vraiment des arguments pour soutenir que le rite de 1962 n’a jamais été juridiquement aboli. Mais il y a aussi des arguments pour soutenir le contraire. Comme il y a un doute, on ne peut tirer de conclusions nettes pour dire qu’il a été interdit. Ainsi, on ne peut exclure ou blâmer le rite tridentin, qui a été celui de l’Eglise romaine pendant quatre siècles. Mais, je le répète encore, je crois qu’il faudrait en premier lieu trouver une solution aux questions doctrinales. J’appartiens à la commission Ecclesia Dei et, chaque fois que l’on me demande de célébrer dans l’ancien rite, je le fais sans demander la permission à personne : ni à Rome, ni à l’évêque du lieu. Le missel de saint Pie V et celui de Paul VI sont tous deux parfaitement orthodoxes. Ils ont des tonalités qui répondent à des sensibilités différentes, à différents accents théologiques. Ainsi, par exemple, je trouve que les formules de l’offertoire, dans le missel de saint Pie V, sont très pédagogiques pour souligner le caractère sacrificiel de la messe, un aspect essentiel de la célébration eucharistique.

 

 

B- L’article de M l’abbé Philippe Laguérie. 

 

 Je ne garde que ce qui a trait aux « accords » avec Rome

L’évènement le plus considérable de l’été est et restera la rencontre historique de Mgr Bernard Fellay avec le pape Benoît XVI du 29 août 2005. Elle engage l’avenir de la Tradition et de l’Eglise. J’aimerais ici vous donner brièvement mon sentiment.
Et tout d’abord, quitte à vous surprendre, vous dire que je laisse entièrement Mgr Fellay à ses graves responsabilités dans ce domaine qui relève, par sa nature, des ses compétences et de ses grâces d’état. Pourvu qu’elles soient parfaitement loyales de part et d’autre (comme d’ailleurs elles se sont engagées) ces relations nouvelles, qui portent en elles un immense espoir, relèvent de la prudence. J’ai toujours reconnu aux autorités de la Fraternité leurs compétences dans ce domaine et continuerai de le faire. En voici les raisons.

1) La doctrine

La doctrine catholique n’est pas susceptible de discussion et tous les baptisés, jusqu’au pape et surtout lui, se doivent de la recevoir comme telle. Il y a dans le concile Vatican II une dizaine de thèses inacceptables au regard de cette doctrine. Comme est par exemple le fameux « Subsistit in » selon lequel l’Eglise fondée par Notre Seigneur se contenterait de subsister dans l’Eglise catholique Romaine. Ce qui voudrait dire qu’il y a d’autres modes de subsistance de cette Eglise de Jésus-Christ. D’où l’appartenance à géométrie variable des fidèles (?) à l’Eglise. Les fameux “cercles concentriques” du pape Jean-Paul II. D’où, à la limite, les “chrétiens anonymes” de Rahner qui appartiennent à l’Eglise (le corps, pas l’âme) sans le savoir. Autant d’hérésies qui mêlent l’extravagance au loufoque. Car si tout un chacun appartient ainsi diversement à l’Eglise, c’est que « par le mystère de l’Incarnation, Jésus-Christ s’est uni, en quelque sorte, à tout homme ». Mais la doctrine catholique est très simple : l’Eglise du Christ ne subsiste pas (seulement) dans l’Eglise Romaine ; elle est l’Eglise Romaine et il n’y a aucun autre mode de subsistance que celui-là. Car si l’on sait que la subsistance est le formel de la personne (physique ou morale), cette doctrine du Concile est aussi ridicule que d’affirmer d’un homme qu’il subsiste en lui-même. Pour ma part, comme pour la vôtre, je ne subsiste pas dans l’abbé Laguérie (Philippe), je le suis tout simplement. Il n’y a pas d’autres modes de subsistance de votre serviteur, et fort heureusement d’ailleurs, pensent mes ennemis et même mes amis… Si un passant dans la rue, vous explique qu’il subsiste dans sa personne, un bon conseil : changez de trottoir ! Paradoxalement, le pape Benoît XVI qui globalement s’affirme héritier et défenseur du concile Vatican II, malmène l’une après l’autre les grandes thèses de ce Concile en les ramenant à la vérité catholique. Il l’a fait pour la liberté religieuse en 1988, depuis l’Amérique du sud. Il l’a refait récemment pour le fameux (« subsistit in », affirmant que le seul sens possible de cette phrase est l’identité de l’Eglise du Christ avec l’Eglise Romaine. Et s’il nous fallait là-dessus être plus papiste que le pape, qu’à cela ne tienne. Il existe d’ailleurs une règle objective et officielle d’interprétation du concile dont tous pourraient et devraient convenir et qui laisse le champ libre à une inéluctable critique des points contestés et inacceptables.
C’est la déclaration du 6 mars 1964 de la Commission doctrinale du Concile lui-même, (A.S.S.) 57. 1965. 72. 75). Nous traduisons ce texte décisif : « En raison de la pratique conciliaire (générale) et de la fin pastorale du présent concile (Vat. II), le saint Synode n’entend proposer, en matière de foi et de mœurs, comme devant être tenu par l’Eglise ces seules choses qu’il aura expressément déclarées comme telles. Toutes les autres, que propose ce Saint Synode comme doctrine du magistère suprême de l’Eglise, tous et chacun des fidèles du Christ doivent les recevoir et les accepter selon l’esprit de ce Saint Synode, qui se fait connaître, soit à partir de la matière traitée, soit à partir du mode d’expression, suivant règles (classiques) de l’interprétation théologique ».
Les textes douteux et dangereux du Concile ne relèvent évidemment pas du 1er paragraphe. Jamais le Concile ne propose à tenir comme de foi ou de mœurs les doctrines controversées. Il faut donc admettre que ces doctrines doivent être reçues, selon l’esprit de ce concile à fin pastorale et suivant les critères traditionnels de la théologie catholique. Et c’est le Concile lui-même qui nous ouvre la voie à une critique du Concile dans tous les enseignements où il n’a pas dit expressément qu’il enseignait la foi ou les mœurs à tenir. C’est ce que nous faisons depuis 30 ans, c’est ce qu’entreprend ici et là le pape Benoît XVI et c’est ce que demande… le Concile ! Etant sauve la doctrine, voyons la prudence d’un accord.

NDLR : Ce point de vue sur le Concile devrait avoir l’assentiment de tous. Il l’avait de Mgr Lefebvre… et cela, certainement

2) La prudence  

La prudence est cette vertu (naturelle ou surnaturelle : pour les thomistes, ça fait deux) qui applique aux conditions concrètes de l’agir moral (par définition fluctuantes et mouvantes) les principes moraux, inchangeables et intangibles quant à eux, du droit naturel et surnaturel.
La morale ne consiste pas, donc, dans l’application matérielle des principes au concret (sous peine d’immoralité). Elle doit absolument passer par la vertu de prudence personnelle. La prudence est comme la suspension d’une voiture : entre la caisse, immobile, et les roues, nécessairement chaotiques comme le sol, il faut cet ajustement continuel qui nous évite le décor à chaque tournant ou dos d’âne. Quand le grand saint Nicolas envoie trois sacs d’or par la fenêtre à ce très curieux papa qui, faute de pouvoir les doter convenablement, avait simplement décidé de prostituer ses trois filles… il fait preuve d’une très grande prudence ! Car enrichir ainsi un père monstrueux en passe de devenir le proxénète de ses propres filles, défit quelque peu le bon sens… et pourtant il crée ainsi trois jeunes foyers chrétiens.
La prudence ne peut être ici que celle de Monseigneur Fellay et de lui seul. Son entourage et les pressions de toutes sortes ne peuvent ni ne doivent interférer, sauf comme de sages conseils. Etant sauve la doctrine et notre capacité à la conserver intégralement, c’est à lui seul d’apprécier l’opportunité des propositions romaines, hic et nunc, pour le bien non seulement de la Fraternité, mais de toute l’Eglise. A lui d’apprécier et de ménager l’absence de toute déviation doctrinale, d’évaluer l’impact considérable d’un feu vert romain sur notre apostolat, d’imposer l’unité de la Fraternité etc…

Quel chemin accompli depuis le mois de juillet où il n’était pas question d’accord (cf. B.O. du district de France), alors qu’on vient de s’engager, « par étapes et dans des délais raisonnables », à une pleine réconciliation ! Nous soutiendrons donc Mgr Fellay de nos prières tout au long de cette année difficile pour lui. C’est le juste retour du principe de subsidiarité bien compris. Quand un secrétaire, loin derrière son bureau me dicte le bien commun de Saint-Eloi et déclare illicite notre ministère auquel il n’entend rien : je sais dire non et l’ai prouvé. Mais quand le bien commun tout entier de la Tradition est engagé au plus haut niveau, je sais attendre et prier aussi.
Nul ne doit douter pour l’heure des bonnes intentions qui animent les deux partis. La cadence imposée par Rome me plait aussi : si un entrepreneur propose de me construire une maison “dans des délais raisonnables”, j’escompte prudemment être assez vite dans les murs, c’est le cas de le dire… Car l’échéance de l’été 2006 ne doit en rien interférer et quand un pape, après seulement six mois de Pontificat, prend ainsi les affaires en main, il me semble que le zèle de tous et de chacun doit se réveiller.

Abbé Philippe Laguérie

Voilà qui est bien dit. J’approuve et je signe… Qu’on se le dise !

 

C- Les derniers propos de  Mgr Fellay sur sa rencontre avec le pape Benoît XVI

Dans « 
Monde et  Vie », le numéro  n°753, Olivier Pichon, rédacteur en chef du journal,  nous a gardé quelques « réponses de Mgr Fellay » sur ces derniers contacts avec Rome, le 29 août 2005. 

Il s’exprimait, le 6 octobre 2005, devant quelques journalistes.

Voici son article.

« Le 6 octobre, à l'invitation de la Fraternité Saint-Pie X, se trouvaient  réunis un nombre important de journalistes. Du Figaro à l¹AFP de Présent,  l¹Action française et Rivarol à France catholique, de Radio courtoisie à  Radio classique et Radio Notre-Dame sans oublier La Porte latine et  Fideliter. Monde & Vie était représenté par son rédacteur en chef. Nous 
livrons à nos lecteurs, sans exhaustivité, quelques-unes des réponses  faites à cette occasion.

On soulignera l¹atmosphère à la fois studieuse et sympathique autour d¹une  personnalité épiscopale dont chacun aura noté la grande patience et la  grande sérénité. Les questions ont d¹abord porté sur sa rencontre avec Sa  Sainteté Benoît XVI. Mgr Fellay a déclaré : « je n¹ai pas senti de tension,  il y avait de la bienveillance, c¹était net, il n¹y a pas eu escamotage des 
problèmes, vu les circonstances ».
Sur la question de l¹élection même, le  supérieur général de la FSSPX a déclaré que : « de tous les candidats, si  l¹on pouvait souhaiter une élection c¹était bien la sienne » et d¹ajouter « 
je ne le vois pas nous déclarer schismatiques », en soulignant qu¹il aurait  été clairement élu pour enrayer la crise de l¹Eglise et parce qu¹il  représentait la ligne conservatrice.

A la question : que pensez-vous de la déclaration du cardinal Medina selon 
laquelle le Saint Père pourrait, du jour au lendemain, libéraliser la  célébration de la messe tridentine, la réponse fut, en substance, qu¹en  effet, le Pape souhaitait une certaine liberté pour cette messe. Mais que  les restrictions mises par les évêques sont injustes et qu¹il fallait sortir  du carcan imposé par ces derniers. Cependant Mgr Fellay ne voit pas venir
une libéralisation totale mais plutôt conditionnelle. Pour le prélat, le  problème de fond n¹étant pas là. C¹est la crise de l¹Eglise qui est en cause : « ce que nous disons à Rome, c¹est que nous ne sommes pas le problème,  pourquoi sommes-nous devenus un problème ? »

A la question d¹un groupe de travail commun, Mgr Fellay a répondu qu¹il n¹y  était pas hostile mais qu¹il « ne voulait pas une décision humaine personnelle pour résoudre, à bon marché, une crise ». 
 
Sur l¹expérience de Toulon (Ndlr. la nomination de l¹abbé Loiseau dans une paroisse par Mgr Rey avec autorisation de célébrer la messe tridentine), Mgr Fellay a répondu : « tout ce qui se fait dans le sens de la tradition est bon, je ne critiquerai pas l¹abbé Loiseau car cela fait du bien à l¹Eglise ». 

Il reste cependant pour Mgr Fellay que, s¹il est vrai que le Pape « veut résoudre le problème, pour autant qu¹il le perçoive, ce n¹est pas en un pontificat qu¹on peut résoudre un tel problème ».  

Sur la question de l¹obéissance, Mgr Fellay a déclaré : « Nous sommes catholiques, nous voulons rester catholiques, mais comment alors qualifier notre position qui est une manifeste désobéissance. 
1. Que l¹Eglise n¹est  pas née d¹aujourd¹hui. 
2. Que nous reconnaissons le pape et les évêques locaux mentionnés au canon de la messe ». 
 
Dans ces conditions Mgr Fellay  ajoute que dans l¹état de nécessité, il faut demeurer fidèle à une obéissance plus élevée. 

Au final, à la question de savoir si l¹âge du Souverain Pontife, qui peut vouloir une solution rapide, et à celle du risque de manquer une occasion historique, le supérieur de la FSSPX a répondu en substance qu¹il se hâtait lentement. 
Olivier Pichon
 

La montée de l’Islam en France

Un rapport révèle la "pression islamiste" dans des entreprises

PARIS, 11 oct 2005 (AFP) -

Un rapport récemment effectué pour plusieurs entreprises françaises, et dont l'AFP a pris connaissance, révèle la "pression islamiste" qui s'exerce dans certaines entreprises de la grande distribution et de la sécurité, notamment par le biais d'un "prosélytisme militant et contestataire".

Ce "rapport de recherche" a été écrit par Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), à partir d'entretiens avec des policiers, des cadres d'entreprises et des élus locaux, et d'enquêtes sur le terrain.

Le texte d'une trentaine de pages, daté de septembre, constitue une "version révisée" d'une étude de 2004 sur la montée de l'islamisme dans la société française, réalisée pour le compte d'entreprises de la grande distribution et du transport de colis - dont les noms n'ont pas été révélés - afin de déterminer les "impacts possibles" sur leurs activités.

Selon ce rapport, la stratégie de
la "poussée islamiste" dans les entreprises passe par trois étapes : le prosélytisme religieux, la prise de contrôle de la communauté musulmane dans l'entreprise, et la remise en question de ses règles de fonctionnement pour imposer les valeurs islamiques.

"Les exemples sont nombreux, même si encore peu d'entreprises acceptent de les évoquer ouvertement", souligne ce rapport, qui cite la découverte d'une "dizaines de salles de prières clandestines à EuroDisney" ou le cas, en 2002, du président d'une société de fret à l'aéroport de Roissy, employant 3.000 personnes, qui s'est plaint auprès des Renseignements généraux (RG) de "l'implantation d'un petit groupe de confession musulmane décidé à imposer leur mode de travail sous la menace de grèves à répétition".

Des postes cibles

Le rapport relève que la grande distribution apparaît comme la plus concernée. "De nombreux hypermarchés observent que les employés les plus engagés dans le prosélytisme islamique cherchent systématiquement" à occuper les postes de standardistes, de chauffeurs-livreurs, de coursiers, de caissières ou de sécurité, "qui permettent des échanges d'information, d'argent et de marchandises".

Par ailleurs, les "beurettes" des grandes surfaces constituent "la nouvelle cible des islamistes", écrit Eric Denécé. Il cite plusieurs cas, dont celui d'un hypermarché de Livry-Gargan où deux caissières qui refusaient de porter le voile sont "considérées comme étant séquestrées par leur famille", aucun contact n'ayant pu être établi avec elles après leur départ normal, un soir, du magasin.

"Cette montée en puissance de l'islamisme radical" représente "une nouvelle menace qui peut menacer l'intégrité de l'entreprise" et "qui doit être assimilée à un risque sectaire davantage que contestataire", assure le rapport.

Il propose donc de "traiter ce risque de la même manière que les risques représentés par l'Eglise de la Scientologie ou les autres sectes".

Par ailleurs, à côté de ces "risques sectaires", le rapport observe "la multiplication de pratiques criminelles" dans ces entreprises : vols dans les stocks; cambriolages dans l'entreprise, ses fournisseurs ou les transporteurs de fonds grâce à des informations provenant de l'intérieur de la société ou d'entreprises sous-traitantes; détournements de fonds sur des sommes en liquide à la caisse; détournement et falsification de chèques".

"Ces pratiques ont deux finalités, la délinquance utilisant l'islam comme prétexte et le financement local du terrorisme", ajoute le rapport

L’Eglise catholique en France

 

 

L’Eglise catholique dans la société française, par Mgr Ricard
Conférence au Centre Saint Louis des Français à Rome


Nous publions ci-dessous le texte de la conférence que Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France a prononcée ce mardi, 4 octobre  2005, au Centre Saint Louis des Français à Rome.

* * *



Mesdames, Messieurs,

Je me propose de vous parler ce soir de l’Eglise catholique dans la société française, non pas pour en faire une simple description mais pour me risquer à faire un diagnostic sur sa propre vitalité. Je ne me situerai ni en sociologue, ni en historien, ni en politologue mais en praticien, c’est-à-dire en pasteur qui doit analyser la situation, se donner des lignes d’action et prendre des décisions.

L’Eglise catholique a toujours entretenu des rapports complexes avec la société dans laquelle elle vit. Il y eu des moments où l’évolution de la société s’est montrée favorable à l’appartenance ecclésiale (cf. L’Eglise de Pologne et le désir de liberté et de libération de la société polonaise) et d’autres moments où cette évolution a agi en sens contraire. C’est le cas de la France aujourd’hui. L’évolution de notre société depuis une quarantaine d’années représente par beaucoup de ses aspects un véritable défi pour l’Eglise.


I - L’EGLISE AU DEFI


Observons tout d’abord quelques traits marquants de l’évolution de la société française.

Traits marquants de l’évolution de notre société française.

Il y aurait beaucoup à dire. Je ne relève que quelques traits marquants de cette évolution :

La crise de 1968 a été profonde. Au-delà des événements politiques eux-mêmes qui ont été relativement brefs, nous avons assisté à un bouleversement culturel profond. Toute une génération a été marquée par la remise en question des institutions et des appartenances sociétaires ainsi que par une valorisation de l’individu. Nous assistons aujourd’hui à une revendication très forte d’une reconnaissance légale du droit que pense avoir chaque individu : droit d’avoir un enfant comme je veux et quand je veux ; droit à la reconnaissance des unions homosexuelles et à l’adoption par deux personnes du même sexe ; droit à l’enfant. Beaucoup ne voient pas quelle considération objective pourrait remettre en question cette revendication subjective de ce qui apparaît comme un droit.

Cette valorisation de l’individu a été relayée par le développement de la société de consommation : c’est l’individu qui ressent des besoins (et si ce n’est pas le cas, la publicité lui en crée), qui choisit, qui achète. L’image du caddy dans une grande surface est bien le signe emblématique qui caractérise le comportement de beaucoup dans notre société. Même si la publicité et la présentation des produits nous conditionnent fortement, nous avons l’impression d’être libres et de choisir nous-mêmes. C’est l’individu qui fait son marché dans tous les domaines, y compris dans le domaine spirituel et religieux. Un nouveau produit chasse l’autre : pourquoi vouloir fixer son choix sur ce produit une fois pour toutes ? N’est-ce pas se priver de tous ceux qui pourront venir, bien plus attirants et performants que celui sur lequel pourrait se porter votre choix aujourd’hui ? Signalons cependant que cette valorisation de l’individu s’accompagne aussi paradoxalement dans notre société par l’imposition (en particulier par les médias) de modes de pensée et vivre. On se veut tolérant mais on peut être féroce envers ceux qui ne se plient pas à la pensée unique. Bien des jeunes qui veulent témoigner de l’originalité de leur foi en savent quelque chose.

Les influences de la crise culturelle de 1968 et de la société de consommation ont amplifié un mouvement beaucoup plus ancien de sécularisation de notre société française. Ce mouvement tend à distendre les liens de réalités sociales diverses avec une appartenance religieuse ou une influence ecclésiale (sécularisation des hôpitaux, des cliniques, des syndicats, des œuvres de jeunesse, des maisons de retraite…) Sa tendance est de renvoyer les Eglises et les religions dans le pur domaine du privé, dans celui des opinions ou des convictions personnelles. Certaines tendances laïques militantes plaideront pour une non intervention des religions ou une non prise en compte des religions dans l’espace public. En 1905, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat avait consacré la laïcité de l’Etat. Aujourd’hui, certains militeraient pour une laïcité de la société elle-même. La peur de l’Islam après les attentats terroristes et la dénonciation des fondamentalismes religieux, d’où qu’ils viennent, ont renforcé ces temps derniers cette tendance.

Répercussions de cette évolution sur la vie ecclésiale

Inutile de dire que cette évolution de notre société française (mais dont on peut aussi retrouver certains de ces traits marquants dans d’autres pays industrialisés et en particulier de l’Europe de l’Ouest) n’a pas été sans répercussions sur la vie de l’Eglise catholique en France. On peut relever les conséquences suivantes :

L’affaiblissement d’une transmission familiale du patrimoine chrétien. La crise de transmission des valeurs qui a touché tous les milieux et toutes les familles de pensée (les milieux « laïques » par exemple) a été durement ressentie dans les familles catholiques. On ne peut plus dire : les grands-parents étaient catholiques, les parents le sont, les enfants le seront (comme j’ai pu encore le constater dans certaines familles maronites) A partir d’une même éducation, le choix des enfants peut être différent, par rapport à la foi, à l’appartenance ecclésiale ou à la demande de sacrements : mariage religieux ou pas, mariage civil ou pas, baptême pour les enfants ou pas. Tout ceci est ressenti très fortement par les différentes générations familiales. Ceci contribue à une baisse du nombre des baptêmes (69%), de 432 701 en 1993 à 385 460 en 2002, des mariages (132 128 en 1993 à 110 409 en 2002 sur 288 000 mariages civils), des militants, des pratiquants.

La baisse de la pratique dominicale. Elle est variable suivant l’implantation des paroisses. Mais on constate une baisse des pratiquants. Les statisticiens considèrent d’ailleurs aujourd’hui comme pratiquant régulier celui qui va au moins une fois par mois à la messe. La crise de la transmission familiale, le rythme du week-end (où on est en famille et où on dort le dimanche matin), l’approche subjective de la participation eucharistique (j’y vais quand j’en ai envie) et le regroupement paroissial pour la célébration dominicale ont eu pour effet de réduire le nombre des pratiquants.

La baisse du nombre de prêtres et des vocations sacerdotales et religieuses. Le nombre de prêtres est passé en France de 30 909 en 1992 à 25 542 en 2002. Et cette baisse ne rend pas compte du vieillissement de ce corps sacerdotal. Si le nombre d’ordinations est resté stable pendant ces dix dernières années (120 en moyenne par an), le nombre des séminaristes est passé 1172 en 1994 à 773 en 2003. On a dit que le pourcentage des vocations sacerdotales et religieuses comparé au nombre des jeunes rencontrés était resté identique au cours des années…mais c’est le nombre de jeunes touchés par une activité apostolique qui a fortement baissé. La difficulté de l’engagement à vie là aussi se fait sentir. Le statut du prêtre est aujourd’hui en France peu valorisant. De plus les familles peu nombreuses ont du mal à penser qu’un appel pourrait s’adresser à un de leurs enfants. Les vocations sont comme les autoroutes. On en dit le besoin, mais à condition qu’elles passent chez les autres. Des jeunes rentrent plus âgés au séminaire. Beaucoup ont fait des études supérieures. On constate que la plupart des vocations viennent des villes, et en particulier des villes universitaires. Ce qui est un problème redoutable pour les diocèses essentiellement ruraux.
Par contre, le diaconat permanent progresse puisqu’il passe de 853 diacres en 1993 à 1850 diacres en 2003.

Beaucoup de jeunes ne fréquentent pas l’Eglise ou même sont devenus étrangers à la foi chrétienne. Ils manquent cruellement de culture religieuse. Dans les collèges et les lycées, les aumôneries font du bon travail, mais les effectifs dans les lycées sont très faibles. De plus, dans certains établissements la création d’une aumônerie a été refusée par le chef d’établissement (ou le conseil d’établissement) par peur d’avoir à donner la même autorisation aux musulmans. C’est l’effet pervers de la loi sur les signes religieux : faire de l’établissement public un sanctuaire où les religions n’entrent pas. Dans l’Enseignement catholique, l’ouverture à tous les jeunes, le respect des opinions de chacun se sont souvent accompagnés d’une proposition de la foi réduite au minimum. La non motivation de certains professeurs ou de certains parents n’a pas contribué à modifier sensiblement les données du problème. D’où l’insatisfaction d’autres parents dans tel ou tel établissement. Il y aurait aussi bien des choses à dire sur la pastorale étudiante et la situation des mouvements apostoliques et des mouvements éducatifs (comme les différents scoutismes par exemple)

L’influence de l’environnement social sur les catholiques n’a pas simplement une dimension quantitative (en termes de « baisse ») Elle s’exerce aussi sur les mentalités. Les catholiques sont marqués également par l’évolution de la société dans laquelle ils vivent. Ils sont touchés par la fragilité de la vie familiale (avec ses divorces et ses familles recomposées) Ils sont influencés par la mentalité ambiante. Certains se trouvent ainsi en dissension avec l’enseignement de l’Eglise, sur les questions d’éthique personnelle en particulier. Je signale en particulier un trait de la mentalité actuelle : autrefois, il y avait la loi et la casuistique qui permettait de résoudre des cas particuliers de conflits de devoirs. Aujourd’hui, il n’y a que la loi et le cas singulier. Pour justifier sa situation personnelle, on souhaite tout simplement changer la loi.

Devant cette situation, on comprend que des observateurs du phénomène religieux ont pu parler de déclin de l’Eglise catholique dans notre pays. Certains chroniqueurs ont vu dans la prise en compte de ces phénomènes la mort annoncée du catholicisme. Vous ne vous étonnerez pas si je vous dis que je ne partage pas cette analyse et ce diagnostic.

Je pense que l’accueil de l’Evangile n’est jamais acquis une fois pour toutes dans une société et ceci depuis le début de l’aventure évangélique. Jean nous parle de cette crise qui traverse le groupe naissant des disciples. Il écrit : « A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui » (Jn 6, 66) et on comprend que Jésus pose à ses proches la question de confiance : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » (id v. 67) Et Pierre de répondre : « A qui irions-nous, Seigneur ? C’est toi qui as les paroles de la vie éternelle. » (v.68) Ce cri de foi de Pierre est particulièrement éclairant. Au cours de son histoire, l’Eglise n’a pu répondre aux crises qui la touchaient que par un sursaut de foi, une prise au sérieux de l’appel à la sainteté et une vigueur missionnaire renouvelée. La reconstruction de l’Eglise en France au lendemain de la Révolution en est un bel exemple. Je crois que c’est ce qui nous est demandé de vivre aujourd’hui. Je pense d’ailleurs que l’Eglise est, certes, confrontée à un terrible défi mais qu’elle n’est pas sans ressources pour l’affronter positivement. Ma conviction est que l’Eglise qui est touchée par cette crise vit aujourd’hui beaucoup plus une réelle mutation qu’un lent effritement.

II – LA RELEVE DETERMINEE ET SEREINE DE CE DEFI

Devant ce défi, l’Eglise qui est en France ne baisse pas les bras. Elle veut résolument et sereinement le relever. Elle répond à la crise qu’elle rencontre par une évangélisation renouvelée, par une pratique du dialogue et par une réorganisation de ses structures. C’est ce qu’il nous faut voir maintenant.

une évangélisation renouvelée

La Lettre aux catholiques de France que nous avons publiée en 1996 a beaucoup insisté sur la nécessité aujourd’hui de « proposer la foi », et de la proposer à nouveaux frais. Il faut prendre ces termes non dans un sens faible (« on a peut-être un produit qui vous intéresse…si vous avez envie, vous pouvez venir voir ») mais au sens fort : mettre en contact avec l’Evangile comme puissance d’illumination, de motivation et de transformation intérieure. Je trouve cette proposition de la foi mise en œuvre de multiples manières dans la vie de l’Eglise. Citons-en quelques-unes :

le soutien de l’engagement des catholiques dans la prise en charge de la vie ecclésiale. On peut constater depuis une quarantaine d’années un fort investissement des catholiques pour prendre en charge la vie et la mission des communautés chrétiennes. Certes la diminution du nombre de prêtres a été souvent le facteur déclanchant de cet investissement des laïcs (aujourd’hui un curé seul pour 15 paroisses…ne peut plus porter tout seul la charge curiale, que ce soit dans la prise en charge des services, des relais paroissiaux, de la mission pastorale elle-même) mais ce n’est pas la seule motivation. Il y a la redécouverte des responsabilités de la vie baptismale mais aussi la nécessité de proposer des communautés chaleureuses, priantes, célébrantes, fraternelles, missionnaires comme soutien d’une réelle évangélisation. Certains catholiques partent sur la pointe des pieds, vont vers des Eglises évangéliques en plein essor ou vers les sectes par défaut de fraternité dans certains de nos lieux d’Eglise. Cette prise en charge de la vie ecclésiale se vit aussi bien dans la présence à la pastorale des obsèques que dans l’animation des aumôneries scolaires, qu’elles soient dans le public ou dans le privé.
Une prise de conscience se fait aussi chez beaucoup de ces catholiques qu’il y a une proposition publique de la foi qui est à faire, une invitation à lancer, sans provocation ou prosélytisme intempestif, mais avec confiance. Je pense à ce qu’a représenté la semaine d’évangélisation de Toussaint 2004 à Paris. Tout un travail est encore à faire sur ce point. Dans nos méthodes apostoliques, il faut joindre au levain enfoui dans la pâte la lampe qu’on met sur le lampadaire et qui brille pour toute la maison.

Le développement de la formation et le ressourcement spirituel. Ces chrétiens engagés, mais aussi tous ceux qui sont confrontés aux multiples questions que pose notre société à la foi chrétienne et à l’Eglise, ont une demande forte de formation. La réponse à cette demande peut revêtir différentes formes : catéchèse d’adultes, formation plus théologique ou de type universitaire, formation plus spécifiée à des tâches ecclésiales. Dans la plupart des diocèses ont été mis en place des centres ou des instituts de formation. On constate que cette demande de formation, loin de se tarir, va en s’amplifiant.
Mais à côté de cette demande de formation, on a vu apparaître plus récemment un besoin de ressourcement spirituel, d’accompagnement spirituel. On se rencontre qu’il s’agit moins de se noyer dans le faire mais de grandir dans l’existence spirituelle. Ceci me paraît être d’ailleurs une réponse non narcissique au besoin d’épanouissement personnel de l’individu, à son besoin de parler, de se confier, de discerner les chemins par lesquels une fidélité au Christ et à l’Evangile lui demande de passer. Je suis frappé de voir comment les mouvements de jeunes intègrent cette nécessité de répondre à ce besoin d’accompagnement spirituel demandé par des jeunes. Mais citons aussi dans ce domaine du ressourcement spirituel l’importance des récollections (paroissiales, de catéchistes, d’animateurs pastoraux), des retraites (par ex. celles proposées par la Communauté de l’Emmanuel l’été à Paray-le-Monial), des pèlerinages (comme occasion de conversion ou de renouvellement spirituel) et de la fréquentation de grands sanctuaires.

l’engagement dans une pastorale des jeunes renouvelée. On constate dans tous les diocèses un réel engagement pour soutenir une pastorale des jeunes. Certes, le défi est grand – je l’ai dit plus haut- mais il veut être relevé, même si les résultats en cette matière restent numériquement modestes. 85 évêques français ont participé aux Journées mondiales de la Jeunesse et plus de 65 ont souhaité être présents la première semaine avec leur délégation de jeunes dans les diocèses allemands d’accueil. On sent un certain nombre de jeunes aujourd’hui plus loin de l’Eglise, moins familiers du langage et des mœurs de la tribu, mais aussi moins critiques, plus disposés à écouter une parole, à condition que celle-ci éveille quelque chose en eux. Beaucoup de jeunes ont une attente spirituelle, se posent des questions sur leur vie. Ils ont besoin de points de repère, d’une parole qui déploie une intelligence et une cohérence de la foi chrétienne. Les évêques ont été frappés de la qualité d’écoute des jeunes pour les catéchèses dans le cadre des JMJ. On se rend compte que pour vivre en chrétiens dans une société sécularisée, il est important de proposer à des jeunes un enracinement ecclésial, une nourriture spirituelle et un accompagnement personnel, une formation chrétienne solide et l’apprentissage à savoir rendre compte de sa foi. Je constate que le choc que représente la rencontre avec des jeunes musulmans convaincus, sûrs et fiers de leur foi, peut provoquer un déclic bénéfique chez un certain nombre de jeunes catholiques.

Le développement d’une pastorale de l’initiation. On se rend compte que nous sommes de plus en plus dans une situation de première évangélisation. Des jeunes, des enfants, des adultes arrivent dans des groupes ecclésiaux sans aucun éveil préalable à la foi.
Il n’y a plus chez un certain nombre d’enfants la première sensibilisation qui se faisait dans le cadre des familles (par la grand-mère souvent) La catéchèse doit se penser aujourd’hui dans une dynamique missionnaire : comment contacter des familles ? Faire la promotion du catéchisme ? Accueillir des enfants qui n’ont eu aucune première approche de la vie chrétienne ? Comment les faire entrer dans les différentes dimensions de cette vie : expérience ecclésiale, écoute de la Parole, initiation à la prière et la vie eucharistique, apprentissage de la conversion à laquelle appelle l’Evangile ? Comment animer une catéchèse avec ces enfants (qui arrivent d’ailleurs à différents moments de leur parcours scolaire) mais aussi avec des enfants qui ont déjà reçu, en particulier dans le cadre de leur famille, toute une formation ? Comment éviter de leur donner, sous prétexte d’initiation une formation allégée, voire nettement insuffisante ? Voici des questions sur lesquelles nous réfléchissons et sur lesquelles nous allons poursuivre notre réflexion lors de notre prochaine assemblée plénière à Lourdes en novembre prochain.
Mais il n’y a pas que les enfants ou les jeunes qui frappent à la porte. Il a aussi des adultes qui souhaitent se remettre en route sur le chemin de la foi, à cause d’une interrogation personnelle, d’un événement qui les a fait réfléchir, de l’éducation religieuse de leurs enfants. Comment les différentes communautés chrétiennes vivent leur propre responsabilité d’accueil et d’accompagnement dans la foi ? Celles-ci ont aussi une responsabilité d’engendrement dans la foi. Nous travaillons comme évêques à cette prise de conscience si nécessaire.
Il est important de noter aussi l’augmentation du nombre de catéchumènes, du nombre d’enfants ou de jeunes qui demandent le baptême en âge scolaire mais aussi du nombre de jeunes adultes qui demandent le baptême, souvent après être passés par des itinéraires très compliqués Quel moment fort pour un évêque que celui de la rencontre avec ces catéchumènes lors de l’appel décisif !

accueillir l’aiguillon des communautés nouvelles. Les communautés nouvelles sont dans nos Eglises diocésaines une source de dynamisme communautaire, de vitalité spirituelle et d’élan d’évangélisation. Elles invitent à ne pas rester au sein de nos groupes ecclésiaux mais à risquer à l’extérieur une annonce explicite du message évangélique. Leur intégration dans la vie des diocèses se fait bien mieux qu’il y a quelques années. Si leurs relations sont bonnes avec les autres composantes de l’Eglise diocésaine, elles peuvent être un aiguillon précieux pour l’ensemble de la vie du diocèse. Il faut cependant remarquer qu’un certain nombre de ces communautés ont une implantation urbaine et que des zones rurales (ou des diocèses ruraux) sont moins touchées par elles.

Le courage d’une parole et une pratique du dialogue

Les catholiques en France doivent résister à deux tentations qui sont exprimées dans l’Eglise par deux courants antagonistes : celle de la forteresse assiégée où l’Eglise est surtout occupée à se défendre et oublie qu’elle est porteuse d’un message pour tous et celle de l’alignement sur la mentalité actuelle. Dans ce dernier cas, on tolère mal une Eglise qui ne pense pas comme tout le monde. L’Eglise, dit-on, si elle ne veut pas se marginaliser, doit se convertir à la modernité (supprimer le célibat des prêtres, se taire sur les questions d’éthique sexuelle, celles-ci étant vues comme appartenant au domaine de la vie privée, uniquement régi par la conscience individuelle, revenir à un évangile délesté, pense-t-on de son armature dogmatique cf. Le livre sur Marie de Jacques Duquesne) Ce courant oublie que la mentalité moderne n’est pas la norme de la foi mais que celle-ci se trouve dans l’Evangile lu à la lumière de toute l’expérience ecclésiale.
Dans une société sécularisée et pluraliste, il est important de parler, à la fois pour témoigner de cette foi qui nous fait vivre mais aussi pour partager la conception de l’homme qui nous habite, une conception qui n’est pas une position strictement confessionnelle mais qui peut être partagée avec d’autres qui ne sont pas forcément catholiques ou croyants. Il nous faut parler « à temps et à contre temps » comme le dit saint Paul, en faisant attention à ne pas nous réfugier paresseusement dans le contretemps pour justifier une non écoute ou un manque de communication avec les hommes de notre temps.

Cela nous invite à inscrire notre parole dans une pratique de dialogue et de compagnonnage. Il y a le dialogue quotidien dans les multiples engagements que l’on peut avoir. Les enquêtes mettent rarement en valeur un fait pourtant marquant : le nombre important de catholiques engagés dans des domaines très divers (éducatif, social, professionnel, politique, présence dans des cités difficiles), mais aussi dans la vie associative (organisations de quartiers ; organismes de solidarité ou de secours ; aide et présence au Tiers-monde..)
Ce dialogue se vit avec les autres Eglises chrétiennes (je pourrais être témoin du travail qui se fait dans le Conseil d’Eglises chrétiennes en France), avec le Judaïsme et les organisations juives. Nous sommes redevables sur ce point à tout ce qui a été fait par le Cal Decourtray, le Cal Etchegaray et le Cal Lustiger et par bien des acteurs de l’ombre. Depuis 2 ans, nous avons pris l’initiative de colloques avec le Congrès juif mondial et des rabbins (en particulier des universités juives orthodoxes) à New York. Mais il a aussi ce qui se fait en France avec le CRIF. Nous sommes en relation avec le monde de l’Islam mais la difficulté d’avoir des partenaires à l’autorité reconnue rend plus difficiles (je ne dis pas impossible) des contacts réguliers.
Nous vivons aussi un dialogue régulier avec les pouvoirs publics dans le respect d’une laïcité bien comprise : à savoir la reconnaissance de la non confessionnalité de l’état et de sa neutralité religieuse. Autonomie, neutralité ne veulent cependant pas dire ignorance ou manque de relations. Il est de la responsabilité de l’Etat d’assurer la liberté de conscience et de garantir le libre exercice des cultes. Il doit veiller à ce que chaque Eglise ou religion puisse exercer ses activités non seulement dans la sphère privée des consciences mais aussi dans l’espace public comme organisation. Nous sommes reconnaissants à l’Etat d’avoir mis en place, depuis février 2002, une instance officielle de dialogue avec l’Eglise catholique.

Une réorganisation ecclésiale nécessaire

Pour faire face aux conséquences des évolutions de notre société sur notre vie ecclésiale l’Eglise en France a souhaité revoir son propre fonctionnement institutionnel.
Au niveau des diocèses, on a vu dans la plupart d’entre eux se mettre en place une réforme des paroisses face à l’émiettement de la vie paroissiale ou des célébrations eucharistiques. On a rassemblé des paroisses, non pas simplement pour modifier une carte géographique qui tient compte de la diminution du nombre de prêtres, mais pour aider à ce que se créent de véritables communautés, avec des services divers qui doivent permettre une certaine qualité et plus de tonus à la vie paroissiale. On assiste aujourd’hui à une mutation, c’est le quadrillage territorial qui semble disparaître au profit de pôles vivants de vie ecclésiale.

Au niveau de la Conférence des Evêques de France, on a souhaité travailler en provinces ecclésiastiques. Celles-ci ont succédé aux régions apostoliques. Celles-ci étaient neuf, les

 

provinces quinze. Elles sont plus petites. Le but de la réforme entreprise est non seulement de permettre un échange entre évêques mais aussi de rendre possible une entraide entre diocèses, des collaborations communes, des prises en charge interdiocésaines. Il faut noter que dans les années qui viennent certains diocèses n’auront sans doute plus les forces apostoliques nécessaires (prêtres et laïcs) pour fonctionner de façon purement autonome.
La réforme de la conférence a contribué à doubler l’assemblée plénière, en Novembre et en avril. Les évêques ont souhaité se retrouver tous plus souvent pour réfléchir ensemble sur tous les défis qui se posent à eux aujourd’hui – et dont j’ai esquissé une rapide présentation- et avoir une méthode de travail plus réactive pour aborder plus rapidement des questions de fond qui se posent à l’Eglise aujourd’hui.

Il est temps de conclure. On me pose souvent la question : n’êtes-vous pas angoissé devant l’avenir ? Je réponds : non, je suis soucieux mais pas angoissé. Je suis soucieux en pensant à l’équilibre nécessaire à sauvegarder pour les laïcs entre leur engagement ecclésial et leurs responsabilités dans le monde, aux vocations sacerdotales et religieuses, à l’investissement des chrétiens dans le domaine de la culture, à l’équilibre de vie et de ministère des prêtres, à la possibilité de survie de certains diocèses dans les années qui viennent, à ce que peut entraîner comme déséquilibres dans nos sociétés le terrorisme international.

Mais je ne suis pas angoissé. Je suis habité par l’expérience forte de l’Evangile. Celle-ci est au-delà des chiffres et des stratégies. Elle est toujours une expérience neuve pour celui qui la vit. Le Christ vient nous dire : tu es aimé, tu es unique aux yeux de Dieu. Laisse-toi aimer. Si tu accueilles cet amour, tu feras l’expérience d’une transformation intérieure, d’une lumière, d’une flamme, d’un souffle, d’une source d’eau vive au cœur de ta propre vie. Et si tu es aimé, tu es appelé à ton tour à aimer. Prends cette route de l’amour. Tu feras l’expérience qu’elle te conduira à la vie, à la vraie vie, à celle qui ne déçoit pas.

Je crois que cette Bonne Nouvelle est aujourd’hui beaucoup plus actuelle et attendue qu’on ne croit.

† Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence
Des
Evêques de France

 
 
Le  drapeau  de  l'Union  Européenne.
Son origine est chrétienne   
 
Voici les faits: ce drapeau a été dessiné par  Arsène Heitz, un strasbourgeois aujourd'hui décédé. Le travail de  Heitz a duré 5 ans: de 1950 à 1955. Pendant  cette période  il y  avait exactement 101 projets  au concours  pour le  nouveau drapeau  du "Conseil de l'Europe", dont une vingtaine  de projets  travaillés par  M.  Heitz.  En  1950  M.  Paul  M.G. Lévy  était le  premier Directeur au Service de Presse du Conseil de l'Europe. C'est  lui qui fut chargé de faire aboutir le projet de  Drapeau. Cet  homme très  cultivé  ne  savait pas  dessiner. Mais  il connaissait  M. Arsène Heitz, homme très simple, employé au service du  courrier, mais très artiste. Tous deux étaient des catholiques pratiquants. Il fallait éviter d'évoquer  la signification  religieuse des  12 étoiles et du fond bleu, pour ne pas susciter des velléités. Mais
pour  ces  Catholiques  le  symbole  était  évident:  "Un   signe grandiose est apparu au  ciel, une  Femme revêtue  du soleil,  la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne  de 12  étoiles" (Apok 12,1), la Très Sainte Vierge Marie! C'est le 8 décembre (!) 1955  que  le dessin  de M.  Heitz fut  retenu. Depuis,  l'Europe laïciste, club non-chrétien déclaré, marche sous  la bannière  de Notre-Dame, celle même qui écrasera Satan  de son  talon. »
Unec du RU39/2005 (8.10.2005):