" Les Nouvelles
de
Chrétienté "
n° 24
Le 13 octobre
2005
Sommaire.
L’enseignement du Saint Père
A-la béatification du cardinal allemand Clemens
August von Galen
B- un nouveau livre du pape : "La
révolution de Dieu".
C- Le discours de Benoît XVI pour l’ouverture du Synode.
Les nouvelles de Rome.
A-Une visite d’Etat du président israélien Moshe Katsav au Vatican
B-Le « compendium » en
français sur l’enseignement social de l’Eglise.
C- Un « acte
commémoratif »à Rome de la promulgation
de « Nostra Aetate »
D- Le Vatican encourage la formation des
prêtres contre le satanisme
Les accords avec Rome
A-Le point de vue du
cardinal Médina. Priorité aux
questions doctrinales
B- L’article de M
l’abbé Philippe Laguérie.
C- Les derniers propos de Mgr Fellay sur sa rencontre avec le pape
Benoît XVI
La montée de l’Islam en France
Un rapport révèle la "pression
islamiste" dans des entreprises
L’Eglise catholique en France
L’Eglise catholique dans la société française, par Mgr Ricard
Le drapeau de l'Union Européenne.
Son origine est chrétienne
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L’enseignement du Saint Père
A-la béatification du cardinal
allemand Clemens August von Galen.
Le dimanche 9 octobre 2005, à Saint Pierre, à
l’issue de la messe célébrée par le cardinal José Saraiva Martins au cours de
laquelle a eu lieu la béatification du cardinal allemand Clemens August von
Galen, le Saint Père a prononcé ce petit discours :
Chers frères et soeurs,
Ce matin, dans la
Basilique Saint Pierre a eu lieu la béatification de Clemens
August von Galen, évêque de Münster, cardinal, intrépide opposant au régime
nazi. Ordonné prêtre en 1904, il accomplit son ministère dans une paroisse de
Berlin pendant de longues années et en 1933 il devint évêque de Münster. Au nom
de Dieu, il dénonça l’idéologie néo-païenne du national-socialisme, défendit la
liberté de l’Eglise et les droits humains gravement violés, protégeant les
juifs et les personnes plus faibles, que le régime considérait comme des rebuts
à éliminer. Les trois fameuses prédications que cet intrépide pasteur prononça
en 1941 sont bien connues. Le pape Pie XII le créa cardinal en février 1946 et,
à peine un mois plus tard, il mourut, entouré de la vénération des fidèles, qui
reconnurent en lui un modèle de courage chrétien. C’est là précisément le
message toujours actuel du bienheureux von Galen : la foi ne se réduit pas à un
sentiment privé, éventuellement même à une chose que l’on doit cacher
lorsqu’elle commence à déranger, mais elle implique la cohérence et le
témoignage également dans le domaine public en faveur de l’homme, de la
justice, de la vérité. Je félicite vivement la communauté diocésaine de Münster
et l’Eglise en Allemagne, en invoquant sur tous, par l’intercession du nouveau
bienheureux, d’abondantes grâces du Seigneur ».
On notera tout particulièrement cette
phrase : « la foi ne se réduit pas à un sentiment privé,
éventuellement même à une chose que l’on doit cacher lorsqu’elle commence à
déranger, mais elle implique la cohérence et le témoignage également dans le
domaine public en faveur de l’homme, de la justice, de la vérité ».
B- un nouveau livre du pape : "La révolution de Dieu".
Le premier livre du pape Benoît XVI: ses discours aux JMJ de Cologne
Le premier livre du pape Benoît XVI, qui rassemble ses discours aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Cologne (Allemagne), est sorti mardi en Italie sous le titre "La révolution de Dieu".
Tiré dès le premier jour à 350.000 exemplaires et diffusé dans toute l'Italie à travers 4.000 librairies, supermarchés ou stations-service au prix de 9,5 euros, le livre sortira prochainement dans 18 autres pays dont la France, les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Espagne ou encore la
Corée, ont annoncé ses éditeurs, les Editions vaticanes et San Paolo.
Les Editions vaticanes, auxquelles Benoît XVI a confié la gestion de ses droits d'auteur, ont déjà laissé publier plusieurs livres sous sa signature. Mais il s'agissait jusqu'ici de discours ou d'écrits rédigés avant son élection le 19 avril, du temps où il était encore le cardinal
Joseph Ratzinger.
"La Révolution de Dieu" regroupe tous les discours de Cologne, enrichis des éventuelles improvisations: homélies et adresses aux jeunes pèlerins, discours dans la synagogue, rencontre avec les musulmans, avec les représentants chrétiens...
Les éditeurs ont par ailleurs indiqué que le "compendium", une version grand public du catéchisme de l'Eglise catholique publiée fin juin sous les auspices de Benoît XVI, avait atteint une diffusion de 600.000 exemplaires.
C- Le discours de Benoît XVI pour l’ouverture du Synode.
Voir le commentaire dans RSLM de cette semaine.
Les nouvelles de Rome.
A-Une visite d’Etat du président
israélien Moshe Katsav au Vatican.
Une visite d’Etat du président israélien
Moshe Katsav au Vatican est prévue au Vatican le mois prochain, a annoncé le 2
octobre, à la une, le quotidien israélien « Haaretz » (La Terre). Le président Katsav
effectuera également une visite
officielle en Italie au même moment. Ce sera la première visite d’Etat d’un
chef d’Etat israélien au Vatican.
M. Katsav a déjà rencontré Joseph Ratzinger à
l’occasion des funérailles de Jean-Paul II le 8 avril dernier. Selon M. Obed
Ben Hur, ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, la visite de M. Katsav «
symbolise les bonnes relations » entre le Saint-Siège et Israël.
Pour sa part, le conseiller du président Katsav, M. Avi Granot, souligne deux
aspects de la rencontre: « Israël et le Vatican sont deux Etats qui ont des
relations diplomatiques mais au-delà, il y a aussi une reconnaissance, de la
part du Saint-Siège, qu’Israël représente le peuple juif et le Vatican, le
monde catholique. De là, l’importance d’une telle rencontre. »
On se souvient que le pape Benoît XVI avait adressé un message à la communauté
juive au lendemain de son élection. La communauté juive, à Rome, mais aussi
dans d’autres pays, comme en France, avait organisé des rencontres de prière à
l’occasion de la maladie de Jean-Paul II et fait parvenir des messages de
condoléances après son décès, le 2 avril dernier.
D’autres signaux positifs ont suivi : la visite « historique » de Benoît XVI,
pape allemand, à la synagogue de Cologne, le 19 août dernier, la lettre du
Premier ministre Ariel Sharon au pape Benoît XVI, et la visite des deux grands
rabbins d’Israël, Shlomo Moshe Amar et Yona Metzger, au Vatican le 15 septembre
dernier.
B-Le
« compendium » en français sur l’enseignement social de l’Eglise.
La
traduction française du « compendium »sur l’enseignement social de l’Eglise, vient de
paraître. Le livre fut présenté par le cardinal Martino, au pape
et aux pères synodaux, samedi dernier, 8 octobre 2005.
Voici la note que nous
trouvons sur « Zénit ».
« ROME, Lundi 10 octobre
2005 (ZENIT.org) – L’édition
en français du « compendium » de l’enseignement social de l’Eglise a été
présentée, samedi dernier, 8 octobre, au pères du synode, par le cardinal
Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix. Un
événement éditorial très attendu.
Le cardinal Martino a remis un volume en français au pape Benoît XVI, grand
francophone, lors de la Xe
congrégation générale du synode des évêques sur l’Eucharistie, samedi matin. La
présentation a été saluée par un applaudissement chaleureux.
« Depuis longtemps, le monde francophone, souligne un communiqué du dicastère
romain, attendait la publication de l’édition française, réclamée à grande voix
par les agents pastoraux et les centres d’étude, non seulement en France, mais
dans toutes les Nations où l’on parle français ».
Le cardinal Martino avait présenté, le 25 octobre 2004, l’édition en italien de
ce « compendium » de l’Enseignement sociale de l’Eglise. Il insistait sur la
nécessité de faire connaître, vivre et répandre cet enseignement.
L’ouvrage a demandé cinq ans de travail, d’abord sous la direction du défunt
cardinal vietnamien François-Xavier Nguyen Van Thuan, prédécesseur du cardinal
Martino.
Rappelons que ce volume, comme l’indiquait le cardinal Martino, a une «
structure simple et franche », en trois parties :
- les 4 premiers chapitres traitent des points fondamentaux de la Doctrine sociale ;
- les sept suivants exposent les contenus et les thèmes de la famille, du
travail, de la vie économique, de la communauté politique, de la communauté
internationale, de l’environnement et de la paix.
- le dernier chapitre contient une série de recommandations sur l’utilisation
de la Doctrine
sociale dans les activités pastorales de l’Eglise et dans la vie de tous les
chrétiens, surtout des fidèles laïcs.
Le président du conseil pontifical avait précisé que le compendium « est
accessible à tous - catholiques et autres chrétiens, personnes de bonne volonté
». C’est « un instrument utile pour le discernement moral et pastoral des
événements complexes qui caractérisent notre temps, un guide, une aide sur la
moralité sociale des enseignements de l’Eglise à la disposition des fidèles ».
Il constitue aussi « un instrument pour renforcer le dialogue œcuménique et
inter-religieux pour les catholiques avec tous ceux qui recherchent sincèrement
le bien de l’humanité ».
L’ouvrage est dédié à Jean-Paul II qui, en 1999, avait souhaité, dans son
exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in America » que l’Eglise
dispose d’un « compendium ou une synthèse approuvée de la doctrine sociale
catholique, comprenant un catéchisme qui mettrait en évidence son lien avec la
nouvelle évangélisation ».
Ce volume de plus de 500 pages, est accompagné d’une lettre d’introduction du
cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat, et adressée au président du conseil
pontifical avec pour titre : « Un humanisme intégral et solidaire ».
Compendium de la Doctrine
sociale de l'Église, édition française, Conseil Pontifical Justice et Paix,
Librairie Éditrice Vaticane, oct. 2005 (18 euro
C- Un « acte commémoratif »à Rome de la promulgation de « Nostra Aetate »
On fêtera à Rome, le 27 octobre 2005, au palais de la Chancellerie, les 40 ans de la déclaration conciliaire
Nostra Aetate sur les relations de l’Eglise catholique avec les religions
non-chrétiennes, et spécialement le judaïsme. On annonce la participation du
rabbin Rosen et du cardinal Lustiger.
Cet acte commémoratif sera
ouvert par le cardinal Walter Kasper, président de la commission du Saint-Siège
pour les Relations religieuses avec le judaïsme. Ce sera l’occasion d’un «
bilan » du dialogue juif-catholique ces dernières décennies, et de tracer des
perspectives, avec le rabbin David Rosen, du Comité juif américain (American
Jewish Committee) et le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de
Paris.
D- Le Vatican encourage
la formation des prêtres contre le satanisme
Le Vatican est décidé à
poursuivre la formation des prêtres face à la montée du satanisme et lance un
nouveau séminaire universitaire pour contrer les agissements prêtés au
"Malin".
Les cours en "exorcisme et prière de libération" sont dispensés à
l'université pontificale Regina Apostolorum dirigée par les Légionnaires du
Christ, un ordre religieux conservateur.
Le Vatican s'alarme de la montée des pratiques satanistes chez les jeunes. En
Italie, ces adeptes sévissent sur l'internet avec plus de 500 clubs, a révélé
début octobre une enquête réalisée par l'école de journalisme de l'Université
de Palerme.
La majorité de ces clubs --57%-- ont été localisés dans le nord, 25% dans le
centre, 18 % dans le sud, et la
Sicile est particulièrement touchée, souligne cette étude.
Les adeptes recrutés sur l'internet sont très jeunes: 21% ont entre 15 et 17
ans, 9% entre 11 et 14 ans et 3% entre 6 et 10 ans, souligne cette enquête.
Trois jeunes membres d'un groupe de rock heavy metal baptisé les "Bêtes de
satan" ont été condamnés au début de l'année à de lourdes peines de prison
pour des meurtres rituels commis en 1998. Ils étaient âgés d'une vingtaine
d'années au moment des faits.
Benoît XVI est décidé à valoriser le rôle des exorcistes. Il les a encouragés dans leur "important
ministère au service de l'Eglise" dans un message à l'occasion du congrès
national des prêtres exorcistes organisé le 14 septembre à Rome.
Réservés aux prêtres et aux séminaristes étudiants en théologie, les premiers
cours de l'université pontificale Regina Apostolorum ont attiré plus d'une
centaine d'élèves de tous âges venus du monde entier.
L'Université a annoncé les interventions d'un représentant du pape Benoît XVI,
Mgr Angelo Comastri, vicaire général pour l'Etat du Vatican et d'un exorciste, Mgr
Andrea Gemma, évêque de Isernia-Venafro, lors de la présentation jeudi du
second séminaire, consacré à la démonologie, à l'occultisme et à la figure du
Diable dans les cultures anciennes et modernes, ce qui inclut le cinéma, la
musique et l'internet.
Les accords avec Rome
L’agence de Presse « Apic » vient
d’interroger le Cardinal Medina, ancien préfet de la Congrégation
du culte et des sacrements, sur la rencontre entre Benoît XVI et Mgr Fellay, le
29 août dernier. Son point de vue est intéressant.
Vous en trouverez le texte ci-après.
Il sera suivi de l’article de M l’abbé Philippe
Laguérie dans le « Mascaret » de septembre.
Vous pourrez constater la différence des points de
vue. Une différence importante. Le cardinal insiste sur l’importance de la
doctrine dans le règlement de « cette affaire ». M l’abbé Laguerie
insiste, lui, sur l’importance d’une solution pratique.
Nous remarquons en particulier que le cardinal insiste
sur la nécessaire acceptation du Concile par les membres de la FSSPX.
Il écrit : « Si l’on ne se met pas d’accord
sur les problèmes doctrinaux posés par certains membres de la Fraternité, on
obtiendra des décisions utiles et sympathiques mais sans arriver à la pleine
communion, si vivement souhaitée. L’autorisation, pour tous les prêtres, de
célébrer selon la forme ancienne du rite romain ne résoudra pas le problème de
fond qui existe avec la Fraternité Saint-Pie X. Si ces membres disaient,
par exemple, nous repoussons le concile Vatican II, alors on se trouverait dans
une situation difficile à résoudre. Il faudra s’occuper ensuite des questions
pratiques liturgiques. Ce deuxième aspect est beaucoup plus facile car il
s’agit d’un problème canonique, juridique et liturgique qui n’entraîne pas, à
mon avis, de questionnements doctrinaux ».
Il me semble que, sur ce sujet, la réponse de M l’abbé
Laguérie devrait lui donner satisfaction et permettre d’aller de l’avant. Il
est faux de dire purement et simplement que la FSSSPX « refuse le
Concile ». Ce ne fut jamais la position de Mgr Lefebvre, ni de Mgr de
Castro Mayer, ni de M l’abbé Berto, ni de Jean Madiran.
Il serait bien important que sur ce sujet, Mgr Fallay
rappelle la position de la FSSPX. Le
texte de M l’abbé Laguérie pourrait être retenu.
A- Le point de vue du cardinal Médina. Priorité aux
questions doctrinales
Résumé : Dans un entretien du 26 septembre
2005, le cardinal chilien Jorge Arturo Medina Estevez, membre de la Commission Ecclesia
Dei et ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline
des sacrements, répond aux questions d’I.MEDIA, partenaire de l’agence Apic à
Rome. (Propos recueillis par Antoine-Marie Izoard, Rome)
Apic: Quel regard portez-vous sur la
rencontre du 29 août dernier entre Benoît XVI et Mgr Fellay, le supérieur
général de la Fraternité Saint-Pie X ?
Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: Beaucoup
d’autres contacts ont précédé cette visite de Mgr Fellay au Saint-Père. Des
contacts notamment avec le cardinal Castrillon Hoyos (président de la
commission Ecclesia Dei, ndlr), et avec d’autres personnes, comme moi-même. Mgr
Fellay m’a rendu visite, et je suis allé le voir lorsqu’il avait été
hospitalisé à Rome, il y a quelques années. Ainsi, on ne peut pas dire que
cette rencontre avec le Saint-Père ait été inattendue, car nous avons des
contacts, et Mgr Fellay sait que le pape est préoccupé par la communion
plénière de tous les catholiques, tous les chrétiens, et en particulier avec ce
groupe, qui relève des décisions et des positions de Mgr Lefebvre.
Apic: Désormais, quelles solutions peut
trouver Rome pour avancer dans le rapprochement avec la Fraternité Saint-Pie X ?
Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: La situation
est complexe, avec d’un côté le problème liturgique et, d’un autre, les
questions doctrinales. Je pense qu’il faudrait avant tout dresser une liste des
difficultés doctrinales afin de pouvoir en discuter et trouver des solutions,
des explications ou des nuances qui permettent de les surmonter. Il
conviendrait d’organiser pour cela une espèce de groupe de travail. Mais, à
l’intérieur même de la
Fraternité, il y a des courants différents. Certains ont une
position peu nuancée, inflexible. D’autres sont mieux disposés vis-à-vis du
dialogue. Sans faire d’accusations désagréables, il faut rappeler que l’on a
entendu dire que le missel de Paul VI était ‘hérétique’ ou bien que ce rite
pouvait même être jugé comme ‘invalide’. Dans ce cas, on se trouve dans une
situation extrêmement difficile. Pourtant, sur la doctrine, je crois qu’il y a
moyen de s’entendre. Peut-être y a-t-il eu de fausses interprétations,
peut-être peut-on s’expliquer sur certains points… mais il faudrait se mettre
d’accord sur la réception du Concile Vatican II.
Apic: Contrairement à vous, Mgr Fellay place
avant la résolution des questions doctrinales celle du problème liturgique et
de l’autorisation de célébrer la messe tridentine pour tous. Est-ce une bonne
solution ?
Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: Si le
Saint-Père le veut, dès demain, il peut prendre une décision concernant les
problèmes liturgiques, je n’y vois aucune difficulté. En revanche, si l’on ne
se met pas d’accord sur les problèmes doctrinaux posés par certains membres de la Fraternité, on
obtiendra des décisions utiles et sympathiques mais sans arriver à la pleine
communion, si vivement souhaitée. L’autorisation, pour tous les prêtres, de
célébrer selon la forme ancienne du rite romain ne résoudra pas le problème de
fond qui existe avec la Fraternité Saint-Pie X. Si ces membres disaient,
par exemple, nous repoussons le concile Vatican II, alors on se trouverait dans
une situation difficile à résoudre. Il faudra s’occuper ensuite des questions
pratiques liturgiques. Ce deuxième aspect est beaucoup plus facile car il
s’agit d’un problème canonique, juridique et liturgique qui n’entraîne pas, à
mon avis, de questionnements doctrinaux.
Apic: D’après vous, Benoît XVI peut donc
libéraliser, du jour au lendemain, la célébration de la messe tridentine ?
Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: Le Saint-Père
pourrait, s’il le veut, établir des autorisations plus ou moins larges pour
l’emploi de la forme ancienne du rite romain à l’intérieur de l’Eglise
catholique. Par exemple, il y a quelques années, lors de la publication du
nouveau rite des exorcismes, la Congrégation pour le culte divin a donné la
possibilité aux évêques d’utiliser le rite précédent. Un certain nombre
d’évêques l’a demandé. Cela crée un antécédent. Ainsi, j’espère que, petit à
petit, la possibilité de célébrer dans la forme ancienne du rite romain sera
ouverte. Avec de la bonne volonté, on peut y arriver. Je ne vois que quelques
difficultés d’ordre pratique. Par exemple, il faudrait arriver à rendre
compatibles les deux calendriers liturgiques. On pourrait aussi trouver une
solution au problème du lectionnaire (les lectures bibliques choisies pour la
célébration de la messe et des sacrements, ndlr). Dans un diocèse, bien sûr,
cela peut poser un problème d’homogénéité. Il ne s’agit pas de problèmes
capitaux, on peut les résoudre sans difficultés majeures, ce qui n’est pas le cas
pour les questions dogmatiques.
Apic: Le rite de saint Pie V a-t-il
réellement été aboli après le concile ?
Mgr Jorge Arturo Medina Estevez: J’ai examiné
la question. Il y a vraiment des arguments pour soutenir que le rite de 1962
n’a jamais été juridiquement aboli. Mais il y a aussi des arguments pour
soutenir le contraire. Comme il y a un doute, on ne peut tirer de conclusions
nettes pour dire qu’il a été interdit. Ainsi, on ne peut exclure ou blâmer le
rite tridentin, qui a été celui de l’Eglise romaine pendant quatre siècles.
Mais, je le répète encore, je crois qu’il faudrait en premier lieu trouver une
solution aux questions doctrinales. J’appartiens à la commission Ecclesia Dei
et, chaque fois que l’on me demande de célébrer dans l’ancien rite, je le fais
sans demander la permission à personne : ni à Rome, ni à l’évêque du lieu. Le
missel de saint Pie V et celui de Paul VI sont tous deux parfaitement
orthodoxes. Ils ont des tonalités qui répondent à des sensibilités différentes,
à différents accents théologiques. Ainsi, par exemple, je trouve que les
formules de l’offertoire, dans le missel de saint Pie V, sont très pédagogiques
pour souligner le caractère sacrificiel de la messe, un aspect essentiel de la
célébration eucharistique.
B- L’article de M
l’abbé Philippe Laguérie.
Je
ne garde que ce qui a trait aux « accords » avec Rome
L’évènement le plus considérable de l’été est
et restera la rencontre historique de Mgr Bernard Fellay avec le pape Benoît
XVI du 29 août 2005. Elle engage l’avenir de la Tradition et de
l’Eglise. J’aimerais ici vous donner brièvement mon sentiment.
Et tout d’abord, quitte à vous surprendre, vous dire que je laisse entièrement
Mgr Fellay à ses graves responsabilités dans ce domaine qui relève, par sa
nature, des ses compétences et de ses grâces d’état. Pourvu qu’elles soient
parfaitement loyales de part et d’autre (comme d’ailleurs elles se sont
engagées) ces relations nouvelles, qui portent en elles un immense espoir,
relèvent de la prudence. J’ai toujours reconnu aux autorités de la Fraternité leurs
compétences dans ce domaine et continuerai de le faire. En voici les raisons.
1) La doctrine
La doctrine catholique n’est pas susceptible
de discussion et tous les baptisés, jusqu’au pape et surtout lui, se doivent de
la recevoir comme telle. Il y a dans le concile Vatican II une dizaine de
thèses inacceptables au regard de cette doctrine. Comme est par exemple le
fameux « Subsistit in » selon lequel l’Eglise fondée par
Notre Seigneur se contenterait de subsister dans l’Eglise catholique Romaine.
Ce qui voudrait dire qu’il y a d’autres modes de subsistance de cette Eglise de
Jésus-Christ. D’où l’appartenance à géométrie variable des fidèles (?) à
l’Eglise. Les fameux “cercles concentriques” du pape Jean-Paul II. D’où, à la
limite, les “chrétiens anonymes” de Rahner qui appartiennent à l’Eglise (le
corps, pas l’âme) sans le savoir. Autant d’hérésies qui mêlent l’extravagance
au loufoque. Car si tout un chacun appartient ainsi diversement à l’Eglise,
c’est que « par le mystère de l’Incarnation, Jésus-Christ s’est uni,
en quelque sorte, à tout homme ». Mais la doctrine catholique est
très simple : l’Eglise du Christ ne subsiste pas (seulement) dans l’Eglise
Romaine ; elle est l’Eglise Romaine et il n’y a aucun autre mode de subsistance
que celui-là. Car si l’on sait que la subsistance est le formel de la personne
(physique ou morale), cette doctrine du Concile est aussi ridicule que
d’affirmer d’un homme qu’il subsiste en lui-même. Pour ma part, comme pour la
vôtre, je ne subsiste pas dans l’abbé Laguérie (Philippe), je le suis tout
simplement. Il n’y a pas d’autres modes de subsistance de votre serviteur, et
fort heureusement d’ailleurs, pensent mes ennemis et même mes amis… Si un
passant dans la rue, vous explique qu’il subsiste dans sa personne, un bon
conseil : changez de trottoir ! Paradoxalement, le pape Benoît XVI
qui globalement s’affirme héritier et défenseur du concile Vatican II, malmène
l’une après l’autre les grandes thèses de ce Concile en les ramenant à la
vérité catholique. Il l’a fait pour la liberté religieuse en 1988, depuis
l’Amérique du sud. Il l’a refait récemment pour le fameux (« subsistit
in », affirmant que le seul sens possible de cette phrase est
l’identité de l’Eglise du Christ avec l’Eglise Romaine. Et s’il nous fallait
là-dessus être plus papiste que le pape, qu’à cela ne tienne. Il existe
d’ailleurs une règle objective et officielle d’interprétation du concile dont
tous pourraient et devraient convenir et qui laisse le champ libre à une
inéluctable critique des points contestés et inacceptables.
C’est la déclaration du 6 mars 1964 de la Commission doctrinale du Concile lui-même,
(A.S.S.) 57. 1965. 72. 75). Nous traduisons ce texte décisif : « En
raison de la pratique conciliaire (générale) et de la fin pastorale du présent
concile (Vat. II), le saint Synode n’entend proposer, en matière de foi et de
mœurs, comme devant être tenu par l’Eglise ces seules choses qu’il aura
expressément déclarées comme telles. Toutes les autres, que propose ce Saint
Synode comme doctrine du magistère suprême de l’Eglise, tous et chacun des
fidèles du Christ doivent les recevoir et les accepter selon l’esprit de ce
Saint Synode, qui se fait connaître, soit à partir de la matière traitée, soit
à partir du mode d’expression, suivant règles (classiques) de l’interprétation
théologique ».
Les textes douteux et dangereux du Concile ne relèvent évidemment pas du 1er
paragraphe. Jamais le Concile ne propose à tenir comme de foi ou de mœurs les
doctrines controversées. Il faut donc admettre que ces doctrines doivent être
reçues, selon l’esprit de ce concile à fin pastorale et suivant les critères
traditionnels de la théologie catholique. Et c’est le Concile lui-même qui nous
ouvre la voie à une critique du Concile dans tous les enseignements où il n’a
pas dit expressément qu’il enseignait la foi ou les mœurs à tenir. C’est ce que
nous faisons depuis 30 ans, c’est ce qu’entreprend ici et là le pape Benoît XVI
et c’est ce que demande… le Concile ! Etant sauve la doctrine, voyons la
prudence d’un accord.
NDLR :
Ce point de vue sur le Concile devrait avoir l’assentiment de tous. Il l’avait
de Mgr Lefebvre… et cela, certainement
2) La prudence
La prudence est cette vertu (naturelle ou
surnaturelle : pour les thomistes, ça fait deux) qui applique aux
conditions concrètes de l’agir moral (par définition fluctuantes et mouvantes)
les principes moraux, inchangeables et intangibles quant à eux, du droit
naturel et surnaturel.
La morale ne consiste pas, donc, dans l’application matérielle des principes au
concret (sous peine d’immoralité). Elle doit absolument passer par la vertu de
prudence personnelle. La prudence est comme la suspension d’une voiture :
entre la caisse, immobile, et les roues, nécessairement chaotiques comme le
sol, il faut cet ajustement continuel qui nous évite le décor à chaque tournant
ou dos d’âne. Quand le grand saint Nicolas envoie trois sacs d’or par la
fenêtre à ce très curieux papa qui, faute de pouvoir les doter convenablement,
avait simplement décidé de prostituer ses trois filles… il fait preuve d’une
très grande prudence ! Car enrichir ainsi un père monstrueux en passe de
devenir le proxénète de ses propres filles, défit quelque peu le bon sens… et
pourtant il crée ainsi trois jeunes foyers chrétiens.
La prudence ne peut être ici que celle de Monseigneur Fellay et de lui seul.
Son entourage et les pressions de toutes sortes ne peuvent ni ne doivent
interférer, sauf comme de sages conseils. Etant sauve la doctrine et notre
capacité à la conserver intégralement, c’est à lui seul d’apprécier
l’opportunité des propositions romaines, hic et nunc, pour le bien non
seulement de la
Fraternité, mais de toute l’Eglise. A lui d’apprécier et de
ménager l’absence de toute déviation doctrinale, d’évaluer l’impact
considérable d’un feu vert romain sur notre apostolat, d’imposer l’unité de la Fraternité etc…
Quel chemin accompli depuis le mois de
juillet où il n’était pas question d’accord (cf. B.O. du district de France),
alors qu’on vient de s’engager, « par étapes et dans des délais
raisonnables », à une pleine réconciliation ! Nous soutiendrons
donc Mgr Fellay de nos prières tout au long de cette année difficile pour lui.
C’est le juste retour du principe de subsidiarité bien compris. Quand un
secrétaire, loin derrière son bureau me dicte le bien commun de Saint-Eloi et
déclare illicite notre ministère auquel il n’entend rien : je sais dire
non et l’ai prouvé. Mais quand le bien commun tout entier de la Tradition est engagé au
plus haut niveau, je sais attendre et prier aussi.
Nul ne doit douter pour l’heure des bonnes intentions qui animent les deux
partis. La cadence imposée par Rome me plait aussi : si un entrepreneur
propose de me construire une maison “dans des délais raisonnables”, j’escompte
prudemment être assez vite dans les murs, c’est le cas de le dire… Car
l’échéance de l’été 2006 ne doit en rien interférer et quand un pape, après
seulement six mois de Pontificat, prend ainsi les affaires en main, il me
semble que le zèle de tous et de chacun doit se réveiller.
Abbé Philippe Laguérie
Voilà qui est bien dit. J’approuve et je
signe… Qu’on se le dise !
C- Les derniers propos de Mgr Fellay sur sa rencontre avec le pape
Benoît XVI
Dans « Monde
et Vie », le numéro n°753, Olivier Pichon, rédacteur
en chef du journal, nous a gardé
quelques « réponses de Mgr Fellay » sur ces derniers contacts avec
Rome, le 29 août 2005.
Il s’exprimait, le 6 octobre 2005, devant
quelques journalistes.
Voici son article.
« Le 6 octobre, à l'invitation de la Fraternité Saint-Pie X, se trouvaient réunis un nombre important de journalistes. Du Figaro à l¹AFP de Présent, l¹Action française et Rivarol à France catholique, de Radio courtoisie à Radio classique et Radio Notre-Dame sans oublier La Porte latine et Fideliter. Monde & Vie était représenté par son rédacteur en chef. Nous
livrons à nos lecteurs, sans exhaustivité, quelques-unes des réponses faites à cette occasion.
On soulignera l¹atmosphère à la fois studieuse et sympathique autour d¹une personnalité épiscopale dont chacun aura noté la grande patience et la grande sérénité. Les questions ont d¹abord porté sur sa rencontre avec Sa Sainteté Benoît XVI. Mgr Fellay a déclaré : « je n¹ai pas senti de tension, il y avait de la bienveillance, c¹était net, il n¹y a pas eu escamotage des
problèmes, vu les circonstances ».
Sur la question de l¹élection même, le supérieur général de la FSSPX a déclaré que : « de tous les candidats, si l¹on pouvait souhaiter une élection c¹était bien la sienne » et d¹ajouter «
je ne le vois pas nous déclarer schismatiques », en soulignant qu¹il aurait été clairement élu pour enrayer la crise de l¹Eglise et parce qu¹il représentait la ligne conservatrice.
A la question : que pensez-vous de la déclaration du cardinal Medina selon
laquelle le Saint Père pourrait, du jour au lendemain, libéraliser la célébration de la messe tridentine, la réponse fut, en substance, qu¹en effet, le Pape souhaitait une certaine liberté pour cette messe. Mais que les restrictions mises par les évêques sont injustes et qu¹il fallait sortir du carcan imposé par ces derniers. Cependant Mgr Fellay ne voit pas venir
une libéralisation totale mais plutôt conditionnelle. Pour le prélat, le problème de fond n¹étant pas là. C¹est la crise de l¹Eglise qui est en cause : « ce que nous disons à Rome, c¹est que nous ne sommes pas le problème, pourquoi sommes-nous devenus un problème ? »
A la question d¹un groupe de travail commun, Mgr Fellay a répondu qu¹il n¹y était pas hostile mais qu¹il « ne voulait pas une décision humaine personnelle pour résoudre, à bon marché, une crise ».
Sur l¹expérience de Toulon (Ndlr. la nomination de l¹abbé Loiseau dans une paroisse par Mgr Rey avec autorisation de célébrer la messe tridentine), Mgr Fellay a répondu : « tout ce qui se fait dans le sens de la tradition est bon, je ne critiquerai pas l¹abbé Loiseau car cela fait du bien à l¹Eglise ».
Il reste cependant pour Mgr Fellay que, s¹il est vrai que le Pape « veut résoudre le problème, pour autant qu¹il le perçoive, ce n¹est pas en un pontificat qu¹on peut résoudre un tel problème ».
Sur la question de l¹obéissance, Mgr Fellay a déclaré : « Nous sommes catholiques, nous voulons rester catholiques, mais comment alors qualifier notre position qui est une manifeste désobéissance.
1. Que l¹Eglise n¹est pas née d¹aujourd¹hui.
2. Que nous reconnaissons le pape et les évêques locaux mentionnés au canon de la messe ».
Dans ces conditions Mgr Fellay ajoute que dans l¹état de nécessité, il faut demeurer fidèle à une obéissance plus élevée.
Au final, à la question de savoir si l¹âge du Souverain Pontife, qui peut vouloir une solution rapide, et à celle du risque de manquer une occasion historique, le supérieur de la FSSPX a répondu en substance qu¹il se hâtait lentement.
Olivier Pichon
La montée de l’Islam en France
Un rapport révèle la "pression
islamiste" dans des entreprises
PARIS, 11 oct 2005 (AFP) -
Un rapport récemment effectué pour plusieurs entreprises françaises, et dont
l'AFP a pris connaissance, révèle la "pression islamiste" qui
s'exerce dans certaines entreprises de la grande distribution et de la
sécurité, notamment par le biais d'un "prosélytisme militant et
contestataire".
Ce "rapport de recherche" a été écrit par Eric Denécé, directeur du
Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), à partir d'entretiens
avec des policiers, des cadres d'entreprises et des élus locaux, et d'enquêtes
sur le terrain.
Le texte d'une trentaine de pages, daté de septembre, constitue une "version
révisée" d'une étude de 2004 sur la montée de l'islamisme dans la société
française, réalisée pour le compte d'entreprises de la grande distribution et
du transport de colis - dont les noms n'ont pas été révélés - afin de
déterminer les "impacts possibles" sur leurs activités.
Selon ce rapport, la stratégie de la "poussée islamiste" dans les entreprises passe par
trois étapes : le prosélytisme religieux, la prise de contrôle de la communauté
musulmane dans l'entreprise, et la remise en question de ses règles de
fonctionnement pour imposer les valeurs islamiques.
"Les exemples sont nombreux, même si encore peu d'entreprises acceptent de
les évoquer ouvertement", souligne ce rapport, qui cite la découverte
d'une "dizaines de salles de prières clandestines à EuroDisney" ou le
cas, en 2002, du président d'une société de fret à l'aéroport de Roissy,
employant 3.000 personnes, qui s'est plaint auprès des Renseignements généraux
(RG) de "l'implantation d'un petit groupe de confession musulmane décidé à
imposer leur mode de travail sous la menace de grèves à répétition".
Des postes cibles
Le rapport relève que la grande distribution apparaît comme la plus concernée.
"De nombreux hypermarchés observent que les employés les plus engagés dans
le prosélytisme islamique cherchent systématiquement" à occuper les postes
de standardistes, de chauffeurs-livreurs, de coursiers, de caissières ou de
sécurité, "qui permettent des échanges d'information, d'argent et de
marchandises".
Par ailleurs, les "beurettes" des grandes surfaces constituent
"la nouvelle cible des islamistes", écrit Eric Denécé. Il cite
plusieurs cas, dont celui d'un hypermarché de Livry-Gargan où deux caissières
qui refusaient de porter le voile sont "considérées comme étant séquestrées
par leur famille", aucun contact n'ayant pu être établi avec elles après
leur départ normal, un soir, du magasin.
"Cette montée en puissance de l'islamisme radical" représente
"une nouvelle menace qui peut menacer l'intégrité de l'entreprise" et
"qui doit être assimilée à un risque sectaire davantage que
contestataire", assure le rapport.
Il propose donc de "traiter ce risque de la même manière que les risques
représentés par l'Eglise de la
Scientologie ou les autres sectes".
Par ailleurs, à côté de ces "risques sectaires", le rapport observe
"la multiplication de pratiques criminelles" dans ces entreprises :
vols dans les stocks; cambriolages dans l'entreprise, ses fournisseurs ou les
transporteurs de fonds grâce à des informations provenant de l'intérieur de la
société ou d'entreprises sous-traitantes; détournements de fonds sur des sommes
en liquide à la caisse; détournement et falsification de chèques".
"Ces pratiques ont deux finalités, la délinquance utilisant l'islam comme
prétexte et le financement local du terrorisme", ajoute le rapport
L’Eglise catholique en France
L’Eglise catholique dans la société française, par
Mgr Ricard
Conférence au Centre Saint Louis des Français à Rome
Nous publions ci-dessous le texte de la conférence que
Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence
des évêques de France a prononcée ce mardi, 4 octobre 2005, au Centre Saint Louis des Français
à Rome.
* * *
Mesdames, Messieurs,
Je me propose de vous parler ce soir de l’Eglise catholique dans la société
française, non pas pour en faire une simple description mais pour me
risquer à faire un diagnostic sur sa propre vitalité. Je ne me situerai ni
en sociologue, ni en historien, ni en politologue mais en praticien,
c’est-à-dire en pasteur qui doit analyser la situation, se donner des
lignes d’action et prendre des décisions.
L’Eglise catholique a toujours entretenu des rapports complexes avec la
société dans laquelle elle vit. Il y eu des moments où l’évolution de la
société s’est montrée favorable à l’appartenance ecclésiale (cf. L’Eglise
de Pologne et le désir de liberté et de libération de la société polonaise)
et d’autres moments où cette évolution a agi en sens contraire. C’est le
cas de la France
aujourd’hui. L’évolution de notre société depuis une quarantaine d’années
représente par beaucoup de ses aspects un véritable défi pour l’Eglise.
I - L’EGLISE AU DEFI
Observons tout d’abord quelques traits marquants de l’évolution de la
société française.
Traits marquants de l’évolution de notre société française.
Il y aurait beaucoup à dire. Je ne relève que quelques traits marquants de
cette évolution :
La crise de 1968 a
été profonde. Au-delà des événements politiques eux-mêmes qui ont été
relativement brefs, nous avons assisté à un bouleversement culturel
profond. Toute une génération a été marquée par la remise en question des
institutions et des appartenances sociétaires ainsi que par une
valorisation de l’individu. Nous assistons aujourd’hui à une revendication
très forte d’une reconnaissance légale du droit que pense avoir chaque
individu : droit d’avoir un enfant comme je veux et quand je veux ; droit à
la reconnaissance des unions homosexuelles et à l’adoption par deux
personnes du même sexe ; droit à l’enfant. Beaucoup ne voient pas quelle
considération objective pourrait remettre en question cette revendication
subjective de ce qui apparaît comme un droit.
Cette valorisation de l’individu a été relayée par le développement de la
société de consommation : c’est l’individu qui ressent des besoins (et
si ce n’est pas le cas, la publicité lui en crée), qui choisit, qui achète.
L’image du caddy dans une grande surface est bien le signe emblématique qui
caractérise le comportement de beaucoup dans notre société. Même si la
publicité et la présentation des produits nous conditionnent fortement,
nous avons l’impression d’être libres et de choisir nous-mêmes. C’est
l’individu qui fait son marché dans tous les domaines, y compris dans le
domaine spirituel et religieux. Un nouveau produit chasse l’autre :
pourquoi vouloir fixer son choix sur ce produit une fois pour toutes ?
N’est-ce pas se priver de tous ceux qui pourront venir, bien plus attirants
et performants que celui sur lequel pourrait se porter votre choix
aujourd’hui ? Signalons cependant que cette valorisation de l’individu
s’accompagne aussi paradoxalement dans notre société par l’imposition (en
particulier par les médias) de modes de pensée et vivre. On se veut
tolérant mais on peut être féroce envers ceux qui ne se plient pas à la
pensée unique. Bien des jeunes qui veulent témoigner de l’originalité de
leur foi en savent quelque chose.
Les influences de la crise culturelle de 1968 et de la société de
consommation ont amplifié un mouvement beaucoup plus ancien de sécularisation
de notre société française. Ce mouvement tend à distendre les liens de
réalités sociales diverses avec une appartenance religieuse ou une
influence ecclésiale (sécularisation des hôpitaux, des cliniques, des
syndicats, des œuvres de jeunesse, des maisons de retraite…) Sa tendance
est de renvoyer les Eglises et les religions dans le pur domaine du privé,
dans celui des opinions ou des convictions personnelles. Certaines
tendances laïques militantes plaideront pour une non intervention des
religions ou une non prise en compte des religions dans l’espace public. En
1905, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat avait consacré la
laïcité de l’Etat. Aujourd’hui, certains militeraient pour une laïcité de
la société elle-même. La peur de l’Islam après les attentats terroristes et
la dénonciation des fondamentalismes religieux, d’où qu’ils viennent, ont
renforcé ces temps derniers cette tendance.
Répercussions de cette évolution sur la vie ecclésiale
Inutile de dire que cette évolution de notre société française (mais dont
on peut aussi retrouver certains de ces traits marquants dans d’autres pays
industrialisés et en particulier de l’Europe de l’Ouest) n’a pas été sans
répercussions sur la vie de l’Eglise catholique en France. On peut relever
les conséquences suivantes :
L’affaiblissement d’une transmission familiale du patrimoine chrétien. La
crise de transmission des valeurs qui a touché tous les milieux et toutes
les familles de pensée (les milieux « laïques » par exemple) a été durement
ressentie dans les familles catholiques. On ne peut plus dire : les
grands-parents étaient catholiques, les parents le sont, les enfants le
seront (comme j’ai pu encore le constater dans certaines familles
maronites) A partir d’une même éducation, le choix des enfants peut être
différent, par rapport à la foi, à l’appartenance ecclésiale ou à la
demande de sacrements : mariage religieux ou pas, mariage civil ou pas,
baptême pour les enfants ou pas. Tout ceci est ressenti très fortement par
les différentes générations familiales. Ceci contribue à une baisse du
nombre des baptêmes (69%), de 432 701 en 1993 à 385 460 en 2002, des
mariages (132 128 en 1993 à 110 409 en 2002 sur 288 000 mariages civils),
des militants, des pratiquants.
La baisse de la pratique dominicale. Elle est variable suivant
l’implantation des paroisses. Mais on constate une baisse des pratiquants.
Les statisticiens considèrent d’ailleurs aujourd’hui comme pratiquant
régulier celui qui va au moins une fois par mois à la messe. La crise de la
transmission familiale, le rythme du week-end (où on est en famille et où
on dort le dimanche matin), l’approche subjective de la participation
eucharistique (j’y vais quand j’en ai envie) et le regroupement paroissial
pour la célébration dominicale ont eu pour effet de réduire le nombre des
pratiquants.
La baisse du nombre de prêtres et des vocations sacerdotales et
religieuses. Le nombre de prêtres est passé en France de 30 909 en 1992
à 25 542 en 2002. Et cette baisse ne rend pas compte du vieillissement de
ce corps sacerdotal. Si le nombre d’ordinations est resté stable pendant
ces dix dernières années (120 en moyenne par an), le nombre des
séminaristes est passé 1172 en 1994 à 773 en 2003. On a dit que le
pourcentage des vocations sacerdotales et religieuses comparé au nombre des
jeunes rencontrés était resté identique au cours des années…mais c’est le
nombre de jeunes touchés par une activité apostolique qui a fortement
baissé. La difficulté de l’engagement à vie là aussi se fait sentir. Le
statut du prêtre est aujourd’hui en France peu valorisant. De plus les
familles peu nombreuses ont du mal à penser qu’un appel pourrait s’adresser
à un de leurs enfants. Les vocations sont comme les autoroutes. On en dit
le besoin, mais à condition qu’elles passent chez les autres. Des jeunes
rentrent plus âgés au séminaire. Beaucoup ont fait des études supérieures.
On constate que la plupart des vocations viennent des villes, et en
particulier des villes universitaires. Ce qui est un problème redoutable
pour les diocèses essentiellement ruraux.
Par contre, le diaconat permanent progresse puisqu’il passe de 853 diacres
en 1993 à 1850 diacres en 2003.
Beaucoup de jeunes ne fréquentent pas l’Eglise ou même sont devenus
étrangers à la foi chrétienne. Ils manquent cruellement de culture
religieuse. Dans les collèges et les lycées, les aumôneries font du bon
travail, mais les effectifs dans les lycées sont très faibles. De plus,
dans certains établissements la création d’une aumônerie a été refusée par
le chef d’établissement (ou le conseil d’établissement) par peur d’avoir à
donner la même autorisation aux musulmans. C’est l’effet pervers de la loi
sur les signes religieux : faire de l’établissement public un sanctuaire où
les religions n’entrent pas. Dans l’Enseignement catholique, l’ouverture à
tous les jeunes, le respect des opinions de chacun se sont souvent
accompagnés d’une proposition de la foi réduite au minimum. La non
motivation de certains professeurs ou de certains parents n’a pas contribué
à modifier sensiblement les données du problème. D’où l’insatisfaction
d’autres parents dans tel ou tel établissement. Il y aurait aussi bien des
choses à dire sur la pastorale étudiante et la situation des mouvements
apostoliques et des mouvements éducatifs (comme les différents scoutismes
par exemple)
L’influence de l’environnement social sur les catholiques n’a pas
simplement une dimension quantitative (en termes de « baisse ») Elle
s’exerce aussi sur les mentalités. Les catholiques sont marqués
également par l’évolution de la société dans laquelle ils vivent. Ils
sont touchés par la fragilité de la vie familiale (avec ses divorces et ses
familles recomposées) Ils sont influencés par la mentalité ambiante.
Certains se trouvent ainsi en dissension avec l’enseignement de l’Eglise,
sur les questions d’éthique personnelle en particulier. Je signale en
particulier un trait de la mentalité actuelle : autrefois, il y avait la
loi et la casuistique qui permettait de résoudre des cas particuliers de
conflits de devoirs. Aujourd’hui, il n’y a que la loi et le cas singulier.
Pour justifier sa situation personnelle, on souhaite tout simplement
changer la loi.
Devant cette situation, on comprend que des observateurs du phénomène
religieux ont pu parler de déclin de l’Eglise catholique dans notre pays.
Certains chroniqueurs ont vu dans la prise en compte de ces phénomènes la
mort annoncée du catholicisme. Vous ne vous étonnerez pas si je vous dis
que je ne partage pas cette analyse et ce diagnostic.
Je pense que l’accueil de l’Evangile n’est jamais acquis une fois pour
toutes dans une société et ceci depuis le début de l’aventure évangélique.
Jean nous parle de cette crise qui traverse le groupe naissant des
disciples. Il écrit : « A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples
s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui » (Jn 6, 66) et on comprend
que Jésus pose à ses proches la question de confiance : « Voulez-vous
partir, vous aussi ? » (id v. 67) Et Pierre de répondre : « A qui
irions-nous, Seigneur ? C’est toi qui as les paroles de la vie éternelle. »
(v.68) Ce cri de foi de Pierre est particulièrement éclairant. Au cours de
son histoire, l’Eglise n’a pu répondre aux crises qui la touchaient que par
un sursaut de foi, une prise au sérieux de l’appel à la sainteté et une
vigueur missionnaire renouvelée. La reconstruction de l’Eglise en France au
lendemain de la
Révolution en est un bel exemple. Je crois que c’est ce
qui nous est demandé de vivre aujourd’hui. Je pense d’ailleurs que l’Eglise
est, certes, confrontée à un terrible défi mais qu’elle n’est pas sans
ressources pour l’affronter positivement. Ma conviction est que l’Eglise
qui est touchée par cette crise vit aujourd’hui beaucoup plus une réelle
mutation qu’un lent effritement.
II – LA
RELEVE DETERMINEE ET SEREINE DE CE DEFI
Devant ce défi, l’Eglise qui est en France ne baisse pas les bras. Elle
veut résolument et sereinement le relever. Elle répond à la crise qu’elle
rencontre par une évangélisation renouvelée, par une pratique du dialogue
et par une réorganisation de ses structures. C’est ce qu’il nous faut voir
maintenant.
une évangélisation renouvelée
La Lettre aux
catholiques de France que nous avons publiée en 1996 a beaucoup insisté
sur la nécessité aujourd’hui de « proposer la foi », et de la proposer à
nouveaux frais. Il faut prendre ces termes non dans un sens faible (« on a
peut-être un produit qui vous intéresse…si vous avez envie, vous pouvez
venir voir ») mais au sens fort : mettre en contact avec l’Evangile comme
puissance d’illumination, de motivation et de transformation intérieure. Je
trouve cette proposition de la foi mise en œuvre de multiples manières dans
la vie de l’Eglise. Citons-en quelques-unes :
le soutien de l’engagement des catholiques dans la prise en charge de la
vie ecclésiale. On peut constater depuis une quarantaine d’années un
fort investissement des catholiques pour prendre en charge la vie et la
mission des communautés chrétiennes. Certes la diminution du nombre de
prêtres a été souvent le facteur déclanchant de cet investissement des
laïcs (aujourd’hui un curé seul pour 15 paroisses…ne peut plus porter tout
seul la charge curiale, que ce soit dans la prise en charge des services,
des relais paroissiaux, de la mission pastorale elle-même) mais ce n’est
pas la seule motivation. Il y a la redécouverte des responsabilités de la
vie baptismale mais aussi la nécessité de proposer des communautés
chaleureuses, priantes, célébrantes, fraternelles, missionnaires comme
soutien d’une réelle évangélisation. Certains catholiques partent sur la
pointe des pieds, vont vers des Eglises évangéliques en plein essor ou vers
les sectes par défaut de fraternité dans certains de nos lieux d’Eglise.
Cette prise en charge de la vie ecclésiale se vit aussi bien dans la
présence à la pastorale des obsèques que dans l’animation des aumôneries
scolaires, qu’elles soient dans le public ou dans le privé.
Une prise de conscience se fait aussi chez beaucoup de ces catholiques
qu’il y a une proposition publique de la foi qui est à faire, une
invitation à lancer, sans provocation ou prosélytisme intempestif, mais
avec confiance. Je pense à ce qu’a représenté la semaine d’évangélisation
de Toussaint 2004 à Paris. Tout un travail est encore à faire sur ce point.
Dans nos méthodes apostoliques, il faut joindre au levain enfoui dans la
pâte la lampe qu’on met sur le lampadaire et qui brille pour toute la
maison.
Le développement de la formation et le ressourcement spirituel. Ces
chrétiens engagés, mais aussi tous ceux qui sont confrontés aux multiples
questions que pose notre société à la foi chrétienne et à l’Eglise, ont une
demande forte de formation. La réponse à cette demande peut revêtir
différentes formes : catéchèse d’adultes, formation plus théologique ou de
type universitaire, formation plus spécifiée à des tâches ecclésiales. Dans
la plupart des diocèses ont été mis en place des centres ou des instituts
de formation. On constate que cette demande de formation, loin de se tarir,
va en s’amplifiant.
Mais à côté de cette demande de formation, on a vu apparaître plus
récemment un besoin de ressourcement spirituel, d’accompagnement spirituel.
On se rencontre qu’il s’agit moins de se noyer dans le faire mais de
grandir dans l’existence spirituelle. Ceci me paraît être d’ailleurs une
réponse non narcissique au besoin d’épanouissement personnel de l’individu,
à son besoin de parler, de se confier, de discerner les chemins par
lesquels une fidélité au Christ et à l’Evangile lui demande de passer. Je
suis frappé de voir comment les mouvements de jeunes intègrent cette
nécessité de répondre à ce besoin d’accompagnement spirituel demandé par
des jeunes. Mais citons aussi dans ce domaine du ressourcement spirituel
l’importance des récollections (paroissiales, de catéchistes, d’animateurs
pastoraux), des retraites (par ex. celles proposées par la Communauté
de l’Emmanuel l’été à Paray-le-Monial), des pèlerinages (comme occasion de
conversion ou de renouvellement spirituel) et de la fréquentation de grands
sanctuaires.
l’engagement dans une pastorale des jeunes renouvelée. On constate
dans tous les diocèses un réel engagement pour soutenir une pastorale des
jeunes. Certes, le défi est grand – je l’ai dit plus haut- mais il veut
être relevé, même si les résultats en cette matière restent numériquement
modestes. 85 évêques français ont participé aux Journées mondiales de la Jeunesse et plus de
65 ont souhaité être présents la première semaine avec leur délégation de
jeunes dans les diocèses allemands d’accueil. On sent un certain nombre de
jeunes aujourd’hui plus loin de l’Eglise, moins familiers du langage et des
mœurs de la tribu, mais aussi moins critiques, plus disposés à écouter une
parole, à condition que celle-ci éveille quelque chose en eux. Beaucoup de
jeunes ont une attente spirituelle, se posent des questions sur leur vie.
Ils ont besoin de points de repère, d’une parole qui déploie une
intelligence et une cohérence de la foi chrétienne. Les évêques ont été
frappés de la qualité d’écoute des jeunes pour les catéchèses dans le cadre
des JMJ. On se rend compte que pour vivre en chrétiens dans une société
sécularisée, il est important de proposer à des jeunes un enracinement
ecclésial, une nourriture spirituelle et un accompagnement personnel, une
formation chrétienne solide et l’apprentissage à savoir rendre compte de sa
foi. Je constate que le choc que représente la rencontre avec des jeunes
musulmans convaincus, sûrs et fiers de leur foi, peut provoquer un déclic
bénéfique chez un certain nombre de jeunes catholiques.
Le développement d’une pastorale de l’initiation. On se rend compte
que nous sommes de plus en plus dans une situation de première
évangélisation. Des jeunes, des enfants, des adultes arrivent dans des
groupes ecclésiaux sans aucun éveil préalable à la foi.
Il n’y a plus chez un certain nombre d’enfants la première sensibilisation
qui se faisait dans le cadre des familles (par la grand-mère souvent) La
catéchèse doit se penser aujourd’hui dans une dynamique missionnaire :
comment contacter des familles ? Faire la promotion du catéchisme ?
Accueillir des enfants qui n’ont eu aucune première approche de la vie
chrétienne ? Comment les faire entrer dans les différentes dimensions de
cette vie : expérience ecclésiale, écoute de la Parole, initiation à la
prière et la vie eucharistique, apprentissage de la conversion à laquelle appelle
l’Evangile ? Comment animer une catéchèse avec ces enfants (qui arrivent
d’ailleurs à différents moments de leur parcours scolaire) mais aussi avec
des enfants qui ont déjà reçu, en particulier dans le cadre de leur
famille, toute une formation ? Comment éviter de leur donner, sous prétexte
d’initiation une formation allégée, voire nettement insuffisante ? Voici
des questions sur lesquelles nous réfléchissons et sur lesquelles nous
allons poursuivre notre réflexion lors de notre prochaine assemblée plénière
à Lourdes en novembre prochain.
Mais il n’y a pas que les enfants ou les jeunes qui frappent à la porte. Il
a aussi des adultes qui souhaitent se remettre en route sur le chemin de la
foi, à cause d’une interrogation personnelle, d’un événement qui les a fait
réfléchir, de l’éducation religieuse de leurs enfants. Comment les
différentes communautés chrétiennes vivent leur propre responsabilité
d’accueil et d’accompagnement dans la foi ? Celles-ci ont aussi une
responsabilité d’engendrement dans la foi. Nous travaillons comme évêques à
cette prise de conscience si nécessaire.
Il est important de noter aussi l’augmentation du nombre de catéchumènes,
du nombre d’enfants ou de jeunes qui demandent le baptême en âge scolaire
mais aussi du nombre de jeunes adultes qui demandent le baptême, souvent
après être passés par des itinéraires très compliqués Quel moment fort pour
un évêque que celui de la rencontre avec ces catéchumènes lors de l’appel
décisif !
accueillir l’aiguillon des communautés nouvelles. Les communautés
nouvelles sont dans nos Eglises diocésaines une source de dynamisme
communautaire, de vitalité spirituelle et d’élan d’évangélisation. Elles
invitent à ne pas rester au sein de nos groupes ecclésiaux mais à risquer à
l’extérieur une annonce explicite du message évangélique. Leur intégration
dans la vie des diocèses se fait bien mieux qu’il y a quelques années. Si
leurs relations sont bonnes avec les autres composantes de l’Eglise
diocésaine, elles peuvent être un aiguillon précieux pour l’ensemble de la
vie du diocèse. Il faut cependant remarquer qu’un certain nombre de ces
communautés ont une implantation urbaine et que des zones rurales (ou des
diocèses ruraux) sont moins touchées par elles.
Le courage d’une parole et une pratique du dialogue
Les catholiques en France doivent résister à deux tentations qui sont
exprimées dans l’Eglise par deux courants antagonistes : celle de la
forteresse assiégée où l’Eglise est surtout occupée à se défendre et oublie
qu’elle est porteuse d’un message pour tous et celle de l’alignement sur la
mentalité actuelle. Dans ce dernier cas, on tolère mal une Eglise qui ne
pense pas comme tout le monde. L’Eglise, dit-on, si elle ne veut pas se
marginaliser, doit se convertir à la modernité (supprimer le célibat des
prêtres, se taire sur les questions d’éthique sexuelle, celles-ci étant
vues comme appartenant au domaine de la vie privée, uniquement régi par la
conscience individuelle, revenir à un évangile délesté, pense-t-on de son
armature dogmatique cf. Le livre sur Marie de Jacques Duquesne) Ce courant
oublie que la mentalité moderne n’est pas la norme de la foi mais que
celle-ci se trouve dans l’Evangile lu à la lumière de toute l’expérience
ecclésiale.
Dans une société sécularisée et pluraliste, il est important de parler,
à la fois pour témoigner de cette foi qui nous fait vivre mais aussi pour
partager la conception de l’homme qui nous habite, une conception qui n’est
pas une position strictement confessionnelle mais qui peut être partagée
avec d’autres qui ne sont pas forcément catholiques ou croyants. Il nous
faut parler « à temps et à contre temps » comme le dit saint Paul, en
faisant attention à ne pas nous réfugier paresseusement dans le contretemps
pour justifier une non écoute ou un manque de communication avec les hommes
de notre temps.
Cela nous invite à inscrire notre parole dans une pratique de dialogue
et de compagnonnage. Il y a le dialogue quotidien dans les multiples
engagements que l’on peut avoir. Les enquêtes mettent rarement en valeur un
fait pourtant marquant : le nombre important de catholiques engagés dans
des domaines très divers (éducatif, social, professionnel, politique,
présence dans des cités difficiles), mais aussi dans la vie associative
(organisations de quartiers ; organismes de solidarité ou de secours ; aide
et présence au Tiers-monde..)
Ce dialogue se vit avec les autres Eglises chrétiennes (je pourrais être
témoin du travail qui se fait dans le Conseil d’Eglises chrétiennes en
France), avec le Judaïsme et les organisations juives. Nous sommes
redevables sur ce point à tout ce qui a été fait par le Cal Decourtray, le
Cal Etchegaray et le Cal Lustiger et par bien des acteurs de l’ombre.
Depuis 2 ans, nous avons pris l’initiative de colloques avec le Congrès
juif mondial et des rabbins (en particulier des universités juives
orthodoxes) à New York. Mais il a aussi ce qui se fait en France avec le
CRIF. Nous sommes en relation avec le monde de l’Islam mais la difficulté
d’avoir des partenaires à l’autorité reconnue rend plus difficiles (je ne
dis pas impossible) des contacts réguliers.
Nous vivons aussi un dialogue régulier avec les pouvoirs publics dans le
respect d’une laïcité bien comprise : à savoir la reconnaissance de la non
confessionnalité de l’état et de sa neutralité religieuse. Autonomie,
neutralité ne veulent cependant pas dire ignorance ou manque de relations.
Il est de la responsabilité de l’Etat d’assurer la liberté de conscience et
de garantir le libre exercice des cultes. Il doit veiller à ce que chaque
Eglise ou religion puisse exercer ses activités non seulement dans la
sphère privée des consciences mais aussi dans l’espace public comme
organisation. Nous sommes reconnaissants à l’Etat d’avoir mis en place,
depuis février 2002, une instance officielle de dialogue avec l’Eglise
catholique.
Une réorganisation ecclésiale nécessaire
Pour faire face aux conséquences des évolutions de notre société sur notre
vie ecclésiale l’Eglise en France a souhaité revoir son propre
fonctionnement institutionnel.
Au niveau des diocèses, on a vu dans la plupart d’entre eux se
mettre en place une réforme des paroisses face à l’émiettement de la vie
paroissiale ou des célébrations eucharistiques. On a rassemblé des
paroisses, non pas simplement pour modifier une carte géographique qui
tient compte de la diminution du nombre de prêtres, mais pour aider à ce
que se créent de véritables communautés, avec des services divers qui
doivent permettre une certaine qualité et plus de tonus à la vie
paroissiale. On assiste aujourd’hui à une mutation, c’est le quadrillage
territorial qui semble disparaître au profit de pôles vivants de vie
ecclésiale.
Au niveau de la Conférence
des Evêques de France, on a souhaité travailler en provinces
ecclésiastiques. Celles-ci ont succédé aux régions apostoliques. Celles-ci
étaient neuf, les
provinces quinze. Elles sont plus
petites. Le but de la réforme entreprise est non seulement de permettre un
échange entre évêques mais aussi de rendre possible une entraide entre
diocèses, des collaborations communes, des prises en charge
interdiocésaines. Il faut noter que dans les années qui viennent certains
diocèses n’auront sans doute plus les forces apostoliques nécessaires
(prêtres et laïcs) pour fonctionner de façon purement autonome.
La réforme de la conférence a contribué à doubler l’assemblée plénière, en
Novembre et en avril. Les évêques ont souhaité se retrouver tous plus
souvent pour réfléchir ensemble sur tous les défis qui se posent à eux
aujourd’hui – et dont j’ai esquissé une rapide présentation- et avoir une
méthode de travail plus réactive pour aborder plus rapidement des questions
de fond qui se posent à l’Eglise aujourd’hui.
Il est temps de conclure. On me pose souvent la question : n’êtes-vous pas
angoissé devant l’avenir ? Je réponds : non, je suis soucieux mais pas
angoissé. Je suis soucieux en pensant à l’équilibre nécessaire à
sauvegarder pour les laïcs entre leur engagement ecclésial et leurs
responsabilités dans le monde, aux vocations sacerdotales et religieuses, à
l’investissement des chrétiens dans le domaine de la culture, à l’équilibre
de vie et de ministère des prêtres, à la possibilité de survie de certains
diocèses dans les années qui viennent, à ce que peut entraîner comme
déséquilibres dans nos sociétés le terrorisme international.
Mais je ne suis pas angoissé. Je suis habité par l’expérience forte de
l’Evangile. Celle-ci est au-delà des chiffres et des stratégies. Elle est
toujours une expérience neuve pour celui qui la vit. Le Christ vient nous
dire : tu es aimé, tu es unique aux yeux de Dieu. Laisse-toi aimer. Si tu
accueilles cet amour, tu feras l’expérience d’une transformation
intérieure, d’une lumière, d’une flamme, d’un souffle, d’une source d’eau
vive au cœur de ta propre vie. Et si tu es aimé, tu es appelé à ton tour à aimer.
Prends cette route de l’amour. Tu feras l’expérience qu’elle te conduira à
la vie, à la vraie vie, à celle qui ne déçoit pas.
Je crois que cette Bonne Nouvelle est aujourd’hui beaucoup plus actuelle et
attendue qu’on ne croit.
† Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Président de la
Conférence
Des Evêques de France
Le drapeau de l'Union Européenne.
Son origine est chrétienne Voici les faits: ce drapeau a été dessiné par Arsène Heitz, un strasbourgeois aujourd'hui décédé. Le travail de Heitz a duré 5 ans: de 1950 à 1955. Pendant cette période il y avait exactement 101 projets au concours pour le nouveau drapeau du "Conseil de l'Europe", dont une vingtaine de projets travaillés par M. Heitz. En 1950 M. Paul M.G. Lévy était le premier Directeur au Service de Presse du Conseil de l'Europe. C'est lui qui fut chargé de faire aboutir le projet de Drapeau. Cet homme très cultivé ne savait pas dessiner. Mais il connaissait M. Arsène Heitz, homme très simple, employé au service du courrier, mais très artiste. Tous deux étaient des catholiques pratiquants. Il fallait éviter d'évoquer la signification religieuse des 12 étoiles et du fond bleu, pour ne pas susciter des velléités. Mais pour ces Catholiques le symbole était évident: "Un signe grandiose est apparu au ciel, une Femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de 12 étoiles" (Apok 12,1), la Très Sainte Vierge Marie! C'est le 8 décembre (!) 1955 que le dessin de M. Heitz fut retenu. Depuis, l'Europe laïciste, club non-chrétien déclaré, marche sous la bannière de Notre-Dame, celle même qui écrasera Satan de son talon. » Unec du RU39/2005 (8.10.2005):
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