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de

 

Chrétienté "

n° 27

 

 

Le 4 novembre   2005

 

 

Spécial Synode.

 

Sommaire

 

1- Les 50 propositions du Synode sur l’Eucharistie

 

2- Condamnation  des récents actes terroristes en Terre Sainte et de la décalvation du premier ministre d’Iran contre le droit à l’existence d’Israël.

 

3- Nouvelles des Etats-Unis

 

4- Les nouvelles religieuses de France

 

  A-annonce de la béatification de Charles de Foucauld

  B- Biographie  de Charles de Foucauld

  C-- Un autel bi-messe à Angers, et de la grogne

  D- Communiqué de Bernard Antony, Président de l’AGRIF

  E- Communiqué de Mgr Olivier de Berranger, Evêque de Saint Denis

  F- L’affaire de l’abbé Pierre.

 G- Assemblée évêques: Mgr Ricard évoque "le devoir" de lutte contre l'injustice

 

5- Les nouvelles politiques de France.

 

 

1- Les 50 propositions du Synode sur l’Eucharistie

 

Je donnerai aujourd’hui la parole aux pères synodaux en publiant une grande partie des « propositions » présentées, par les pères synodaux au Souverain Pontife, Benoît XVI,à l’issue du Synode, qui s’est achevé le 23 octobre dernier. Zénith,  à petite dose, nous en donne la traduction française de la version non officielle italienne.

 

Vous trouverez dans ce numéro, les propositions 6 à 25. Les six premières ont été publiées dans les LNDC de la semaine dernière.



Proposition 6

L’adoration eucharistique

Le Synode des Evêques, reconnaissant les multiples fruits de l’adoration eucharistique dans la vie du peuple de Dieu dans de si nombreuses parties du monde, encourage fortement le maintien et la promotion, selon les traditions, aussi bien de l’Eglise latine que des Eglises orientales, de cette forme de prière, recommandée si souvent par le vénérable serviteur de Dieu, le pape Jean-Paul II. Il reconnaît que cette pratique naît de l’action eucharistique – qui est en soi le plus grand acte d’adoration de l’Eglise, qui permet aux fidèles de participer pleinement, consciemment, activement et de manière fructueuse au sacrifice du Christ selon le désir du Concile Vatican II – et y reconduit. Ainsi vécue, l’adoration eucharistique soutient les fidèles dans leur amour et le service chrétien envers les autres et promeut une plus grande sainteté personnelle et des communautés chrétiennes. En ce sens, le renaissance de l’adoration eucharistique, y compris parmi les jeunes, apparaît aujourd’hui comme une caractéristique prometteuse de nombreuses communautés. Pour cette raison, afin de favoriser la visite au Très Saint Sacrement, veillons à ce que, dans la limite du possible, les églises dans lesquelles est présent le Saint Sacrement restent ouvertes.
Que la pastorale aide les communautés et les mouvements à connaître la juste place de l’adoration eucharistique pour nourrir une attitude d’émerveillement face au grand don de la présence réelle du Christ. En ce sens, l’adoration eucharistique est encouragée également dans l’itinéraire de préparation à la première communion.
Pour promouvoir l’adoration, il convient de donner une reconnaissance particulière aux instituts de vie consacrée et aux associations de fidèles qui s’y consacrent de façon spéciale et sous différentes formes, les aidant afin que la dévotion eucharistique devienne plus biblique, liturgique et missionnaire.


Eucharistie et sacrements

Proposition 7

Eucharistie et sacrement de la réconciliation

L’amour pour l’Eucharistie conduit à apprécier toujours davantage le sacrement de la Réconciliation, dans lequel la bonté miséricordieuse de Dieu permet un nouveau commencement de la vie chrétienne et montre la relation intrinsèque existant entre le baptême, le péché et le sacrement de la Réconciliation. L’état de grâce est nécessaire pour recevoir dignement l’Eucharistie.
L’évêque a la tâche, d’une grande importance pastorale, de promouvoir dans le diocèse une récupération décisive de la pédagogie de la conversion qui naît de l’Eucharistie et de favoriser pour cela la confession individuelle fréquente. Les prêtres quant à eux, doivent se consacrer généreusement à l’administration du sacrement de la pénitence.
Le Synode recommande vivement aux évêques de ne pas permettre dans leurs diocèses le recours aux absolutions collectives, sauf dans les situations objectivement exceptionnelles établies par le Motu Proprio Misericordia Dei du pape Jean-Paul II le 7 avril 2002. Que les évêques veillent par ailleurs à ce qu’il y ait dans chaque église des lieux adaptés aux confessions (cf. CIC 964 § 2). Il est recommandé à l’évêque de nommer le pénitencier.
Dans cette perspective il faudrait également approfondir les dimensions de la réconciliation déjà présentes dans la célébration eucharistique (cf. CCC 1436), en particulier le rite pénitentiel, afin que l’on puisse y vivre de vrais moment de réconciliation.
Les célébrations pénitentielles non sacramentelles mentionnées dans le rituel du sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation peuvent réveiller le sens du péché et former un esprit de pénitence et de communion dans les communautés chrétiennes, préparant ainsi les cœurs à la célébration du sacrement. Le renouveau de la spiritualité eucharistique peut être l’occasion d’approfondir la compréhension et la pratique des indulgences. Ce Synode rappelle que les évêques et les curés peuvent demander à la Pénitencerie Apostolique l’indulgence plénière pour célébrer différentes événements et anniversaires. Le Synode encourage une catéchèse renouvelée sur les indulgences.


Proposition 8

Eucharistie et sacrement du mariage

Dans l’Eucharistie s’exprime l’amour de Jésus Christ qui aime l’Eglise comme son épouse, jusqu’à donner Sa vie pour elle. L’Eucharistie corrobore inlassablement l’unité et l’amour indissoluble de tout mariage chrétien.
Nous voulons faire sentir notre proximité spirituelle particulière à tous ceux qui ont fondé leur famille sur le sacrement du mariage. Le Synode reconnaît la mission unique de la femme dans la famille et dans la société et encourage les conjoints afin que, bien intégrés dans leur paroisse et parfois insérés dans de petites communautés, mouvements et associations ecclésiaux, ils accomplissent des cheminements de spiritualité matrimoniale nourrie par l’Eucharistie.
La sanctification du dimanche se fait également dans la vie familiale. Pour cette raison la famille, comme « Eglise domestique » doit être considérée comme un domaine fondamental par la communauté chrétienne. C’est la famille qui initie les enfants à la foi ecclésiale et à la liturgie, surtout à la Messe.


Proposition
9

Eucharistie et polygamie

La nature du mariage exige que l’homme soit lié de manière définitive à une seule femme et inversement. Dans ce contexte, il convient d’aider les polygames qui s’ouvrent à la foi chrétienne à intégrer leur projet humain dans la nouveauté et la radicalité du message du Christ. En tant que catéchumènes, le Christ les rejoint dans leur situation spécifique et les appelle aux renoncements et aux ruptures nécessaires à la communion, qu’un jour ils pourront célébrer à travers plusieurs sacrements, surtout à travers l’Eucharistie.
L’Eglise les accompagnera entre temps avec une pastorale empreinte de douceur et de fermeté.


Proposition 10

Modalité des Assemblées dominicales dans l’attente d’un prêtre

Dans les pays dans lesquels la pénurie de prêtres et les grandes distances rendent pratiquement impossible la participation à l’Eucharistie dominicale, il est important que les communautés chrétiennes se rassemblent pour louer le Seigneur et faire mémoire du Jour qui Lui est consacré en communion avec l’Evêque, avec toute l’Eglise particulière et l’Eglise universelle. Il est également très important de préciser la nature de l’engagement des fidèles à participer à ces assemblées dominicales.
Que l’on veille à ce que la liturgie de la Parole organisée avec le soutien d’un diacre ou d’un responsable de la communauté auquel ce ministère a été légalement confié par l’autorité compétente, se déroule selon un rite spécifique approuvé à cet effet. Pour ne pas priver les fidèles trop longtemps de la communion eucharistique, les prêtres s’efforceront de visiter fréquemment ces communautés. Il incombe aux évêques et aux Conférences épiscopales de réglementer la possibilité de distribuer la communion.
Il faudra éviter toute confusion entre célébration de la Messe et assemblée dominicale dans l’attente d’un prêtre. Pour cette raison on ne se lassera pas d’encourager les fidèles à se rendre, dans la mesure du possible, là où la Messe est célébrée.
Que les Conférences épiscopales veillent à mettre à disposition du matériel approprié expliquant le sens de la célébration de la Parole de Dieu avec la distribution de la communion, et les principes qui la règlementent.





Proposition 11

Pénurie de prêtres


La caractère central de l’Eucharistie pour la vie de l’Eglise fait ressentir avec une souffrance aiguë le grave problème du manque de prêtres dans certaines parties du monde. De nombreux fidèles sont ainsi privés du Pain de vie. Pour répondre à la faim eucharistique du peuple de Dieu qui, souvent doit se passer de la célébration eucharistique pendant une longue période, il est nécessaire de recourir à des initiatives pastorales efficaces. Dans ce contexte les Pères synodaux ont affirmé l’importance du don inestimable du célibat eucharistique dans la pratique de l’Eglise latine. En faisant référence au Magistère, en particulier au Concile Vatican II et au magistère des derniers souverains pontifes, les Pères ont demandé que soient expliquées de façon adéquate aux fidèles les raisons de la relation entre le célibat et l’ordination sacerdotale, dans le respect total de la tradition des Eglises orientales. Certains ont évoqué les « viri probati », mais cette hypothèse a été jugée comme voie à ne pas emprunter.
Il faut par ailleurs tenir compte du fait que pour offrir le don eucharistique à tous les fidèles, la qualité chrétienne de la communauté et sa force d’attraction ont un poids décisif. Il s’agit en particulier :
- d’encourager les pasteurs à promouvoir les vocations sacerdotales ; à les découvrir et à en devenir les « annonciateurs », en commençant déjà avec les enfants, et en prenant soin des « servants de messe » ;
- de ne pas avoir peur de proposer aux jeunes la radicalité de l’engagement à la suite du Christ ;
- de sensibiliser les familles qui dans certains cas sont indifférentes, voire même contraires ;
- d’entretenir la prière pour les vocations dans toutes les communautés et dans tous les domaines de l’Eglise ;
- de veiller – cela à l’attention des évêques – en associant également les familles religieuses et en respectant leur charisme propre, à une distribution plus équitable des prêtres et de demander au clergé lui-même une grande disponibilité pour servir l’Eglise là où le besoin existe, même au prix de quelque sacrifice.

Proposition 12

Pastorale des vocations


Comme réponse au devoir urgent de l’Eglise d’offrir le don de l’Eucharistie de façon habituelle à tous les fidèles, et étant donnée la pénurie de prêtres en différents lieux, notre regard se tourne vers le Seigneur et nous lui demandons avec insistance d’envoyer des ouvriers à Sa moisson.
De notre côté nous proposons de renforcer la pastorale des vocations et la dimension vocationnelle de toute la pastorale, spécialement de la pastorale de la jeunesse et de la famille. Nous demandons pour cela :
- de constituer des groupes de servants de messe et de leur fournir l’accompagnement spirituel ;
- de diffuser l’adoration eucharistique pour les vocations, dans les paroisses, dans les collèges et dans les mouvements ecclésiaux ;
- d’encourager les curés et tous les prêtres à l’accompagnement spirituel et à la formation des jeunes, en les invitant à suivre le Christ dans le sacerdoce, par leur témoignage ;
- d’organiser, selon les possibilités, un centre des vocations ou un petit séminaire dans les Eglises particulières.
Nous, évêques et prêtres, voulons nous engager personnellement dans ce type de pastorale, en donnant un exemple d’enthousiasme et de piété.

Catéchèses et mystagogie

Proposition 13

La séquence des sacrements de l’initiation chrétienne

Le lien étroit existant entre le baptême, la confirmation et l’eucharistie n’est pas suffisamment perçu. Il est par conséquent opportun d’expliquer que nous sommes baptisés et confirmés en relation à l’Eucharistie. Il convient donc de favoriser une meilleure intégration du lien entre les trois sacrements de l’initiation chrétienne dans la célébration de chacun de ces sacrements, quel que soit l’ordre chronologique ou l’âge de la confirmation et de la première communion. Un approfondissement théologique et pastoral de la confirmation pourrait en ce sens être de grande valeur. Tout cela aurait par ailleurs une valeur positive dans le dialogue œcuménique.
L’âge approprié pour la confirmation pourrait être repensé. Il faudrait également voir si dans l’Eglise latine la séquence baptême, confirmation, première communion doit être observée uniquement pour les adultes ou également pour les enfants. La tradition latine, qui se différencie de la tradition orientale en ce qui concerne la séparation de la célébration de la confirmation et de celle du baptême, possède son droit propre et sa charge propre. Par ailleurs, les différences entre les deux traditions ne sont pas de nature dogmatique. Les deux traditions donnent en réalité une réponse pratique différente à la situation identique du grand nombre de baptêmes d’enfants.

Proposition 14

Eucharistie, catéchèses et formation


L’Eucharistie, mysterium fidei, inscrit dans l’alliance de Dieu avec Son peuple, est la source d’inspiration de toute proposition de formation pastorale. Celle-ci doit manifester l’Eucharistie dans sa relation intime avec tous les autres sacrements, en conduisant les hommes et les femmes de notre temps vers une vie nouvelle dans le Christ.
A cet effet il faudra développer des itinéraires catéchuménaux bien inculturés, dans lesquels la présentation du contenu doctrinal, l’introduction à la vie spirituelle et morale et l’engagement social trouveront leur place.
Tout le peuple de Dieu – les évêques et les curés selon leur responsabilité spécifique – doit s’engager dans cette formation permanente promue dans chaque Eglise particulière, spécialement les fidèles engagés dans les paroisses et les communautés, comme les catéchistes et les évangélisateurs.
Une formation solide sera donnée en particulier aux séminaristes sur les fondements théologiques, liturgiques, pastoraux d’une authentique spiritualité eucharistique. Ceux-ci doivent comprendre au mieux le sens de toute règle liturgique.
Les paroisses et les petites communautés qui en font partie doivent être des écoles de mystagogie eucharistique. Dans ce contexte on cherchera la coopération des communautés de vie consacrée, des mouvements et des groupes qui revalorisent, selon leurs propres charismes, la formation chrétienne.
Dans le cadre de la nouvelle évangélisation nous reconnaissons le besoin de développer des nouvelles formes de catéchèses adaptées aux diverses situations et cultures. Dans ce contexte, le Catéchisme de l’Eglise catholique et les récents enseignements du magistère devront être des références privilégiées.

Proposition 15

Famille et initiation aux sacrements


Il convient d’associer la famille chrétienne à l’initiation sacramentelle des enfants. Il ne faut pas limiter sans raison l’accès des enfants à la table eucharistique. La première communion, notamment, est un pas très important pour une vie engagée sur les voies de la sainteté, emplie de charité, de joie et de paix. Toute famille, soutenue par la paroisse, les prêtres, les personnes consacrées, des collaborateurs laïcs et, de façon spéciale, par l’école catholique, doit favoriser un processus d’éducation à l’Eucharistie.
L’Eglise, famille de Dieu, grandit et se nourrit à la table de la Parole de Dieu et du corps et du sang du Christ. La célébration de l’Eucharistie doit promouvoir toujours davantage à tous les niveaux la prise de conscience et la réalisation d’une « Eglise famille » à travers la solidarité, les relations familiales et la communion entre tous les membres de la communauté.



Proposition 16

Catéchèse mystagogique


La tradition la plus ancienne de l’Eglise rappelle que le cheminement chrétien, sans négliger l’intelligence systématique des contenus de la foi, est une expérience qui naît de l’annonce, qui s’approfondit dans la catéchèse et trouve sa source et son sommet dans la célébration liturgique. Foi et sacrements sont deux aspects complémentaires de l’activité sanctificatrice de l’Eglise. Suscitée par l’annonce de la Parole de Dieu, la foi est nourrit et grandit dans la rencontre de grâce avec le Seigneur ressuscité dans les sacrements. La foi s’exprime dans le rite et le rite renforce et fortifie la foi.
De là l’exigence d’un itinéraire mystagogique à vivre dans la communauté et avec son aide et qui se base sur trois éléments essentiels : l’interprétation des rites à la lumière des événements bibliques conformément à la tradition de l’Eglise ; la valorisation des signes sacramentaux ; la signification des rites en vue de l’engagement chrétien dans la vie.
Il serait souhaitable de développer la méthode mystagogique surtout avec les enfants de la Première Communion et avec les confirmands.


Proposition 17

Compendium sur l’Eucharistie

Les bureaux compétents du Saint-Siège et/ou les Conférences épiscopales devraient envisager l’élaboration d’un projet de Compendium eucharistique ou d’un instrument d’aide pastorale qui regrouperait à la fois des éléments liturgiques, doctrinaux, catéchistiques et liés à la dévotion sur l’Eucharistie, pour aider à développer la foi et la piété eucharistique.
Ce Compendium pourrait proposer le meilleur de l’enseignement patristique, l’expérience de l’Eglise latine et des Eglises orientales et des prières de dévotion. Il devrait comporter une catéchèse appropriée sur la nature et sur la structure des prières eucharistiques.


Deuxième partie

La participation du peuple de Dieu à la célébration eucharistique


La structure de la célébration eucharistique

Proposition 18

La Parole de Dieu dans la célébration eucharistique


Des deux tables de la Parole de Dieu et du Corps du Christ l’Eglise reçoit et offre aux fidèles le pain de vie, en particulier dans la sainte liturgie. La parole de Dieu, comme tout le mystère eucharistique, n’est accessible que dans la foi. Il convient par conséquent que les lectures soient proclamées avec soin, si possible par des lecteurs confirmés.
Il convient de donner sa juste valeur à la liturgie de la Parole dans la célébration eucharistique. Il existe un lien intrinsèque entre la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Dans l’Eucharistie, le Verbe fait chair se donne à nous comme nourriture spirituelle. La foi naît en écoutant la Parole de Dieu (cf. Rm 10,17).
Pour apprécier, célébrer et mieux vivre l’Eucharistie, une profonde connaissance des Saints Ecritures proclamées est nécessaire. « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ » (cf. DV 25). Il faut aider le fidèle à apprécier les trésors des Ecritures dans le lectionnaire, en développant l’apostolat biblique, en encourageant des groupes paroissiaux à préparer la messe du dimanche à travers une étude priante des lectures et des pratiques liturgiques comme le silence ou éventuellement quelques brèves paroles d’introduction qui favorisent une meilleure compréhension. Le peuple de Dieu doit par ailleurs être éduqué à travers une catéchèse fondée sur la Parole de Dieu. Aimer, lire, étudier, méditer et prier la Parole de Dieu est un fruit précieux de la pratique de la lectio divina, des groupes d’étude et de prière bibliques en famille et dans les petites communautés ecclésiales.
La Parole de Dieu doit être vénérée et honorée (cf. DV 21), en particulier les Evangiles, comme signe de la présence du Verbe incarné dans l’assemblée des fidèles (cf. IL 46), précisément à cause du lien intrinsèque entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique.
La prière des fidèles doit trouver une expression qui la relie mieux à la Parole de Dieu, aux besoins de l’assemblée, et plus largement à ceux de l’humanité tout entière.


Proposition 19

L’homélie


La meilleure catéchèse sur l’Eucharistie est l’Eucharistie elle-même, bien célébrée. On demande pour cela aux ministres ordonnés de considérer la célébration comme leur principal devoir. Ils doivent en particulier préparer l’homélie avec soin, en se basant sur une connaissance appropriée des Saintes Ecritures. L’homélie doit mettre la Parole de Dieu proclamée dans la célébration en relation étroite avec la célébration sacramentale (cf. SC 52) et avec la vie de la communauté, afin que la Parole de Dieu soit réellement le soutien et la vie de l’Eglise (DV 21) et se transforme en nourriture pour la prière et pour la vie quotidienne.
L’homélie basée sur les enseignements des Pères de l’Eglise, est une vraie mystagogie, c’est-à-dire une vraie initiation aux mystères célébrés et vécus.
La possibilité de recourir, en partant du lectionnaire triennal, à des homélies « thématiques » qui, tout au long de l’année liturgique, puissent traiter les grands thèmes de la foi chrétienne : le Credo, le Notre Père, les parties de la messe, les dix commandements et autres thèmes, a également été suggérée. Ces homélies thématiques correspondront à ce qui a été reproposé, de manière autorisée, par le Magistère de l’Eglise dans les quatre « piliers » du Catéchisme de l’Eglise catholique et dans le récent Compendium. Il a également été proposé, à cet effet, d’élaborer une aide pastorale basée sur le lectionnaire triennal, qui lie la proclamation des Ecritures aux doctrines de la foi qui en sont issues.


Proposition 20

L’offrande du travail humain


Le pain et le vin, fruits de la terre et du travail de l’homme, que nous mettons sur l’autel comme expression de l’offrande de la vie de la famille humaine, signifient que toute la création est assumée par le Christ pour être transformée dans son amour récapitulateur et être présentée au Père. Il convient de mettre toujours plus en évidence comment la dignité du travail des hommes et des femmes du monde entier est intimement unie au sacrifice rédempteur du Christ Seigneur à travers la célébration eucharistique.


Proposition 21

Acclamations durant la prière eucharistique


Les prières eucharistiques pourraient être enrichies d’acclamations, pas seulement après la consécration, mais à d’autres moments également, comme il est prévu dans les prières eucharistiques pour les célébrations avec les enfants et comme cela se fait dans différents pays.


Proposition 22

Epiclèse

Etant donné que la lex orandi exprime la lex credendi, il est essentiel de vivre et d’approfondir la foi dans l’Eucharistie à partir de la prière avec laquelle l’Eglise la célèbre depuis toujours, c’est-à-dire la prière eucharistique.
En particulier, la spiritualité eucharistique gagne à reconnaître l’importance de l’Esprit Saint qui transforme les oblats et fait que la communauté tout entière devienne toujours davantage corps du Christ. Le Synode souhaiterait que le lien entre l’épiclèse et le récit de l’institution apparaisse plus clairement. Il deviendrait ainsi plus évident que toute la vie des fidèles est, dans l’Esprit Saint et le sacrifice du Christ, une offrande spirituelle agréable au Père.
Dans ce contexte le Synode souligne la nécessité que soit mieux précisée la nature des différentes significations exprimées dans la formule : « L’Eglise fait l’Eucharistie et l’Eucharistie fait l’Eglise ».


Proposition 23

Le signe de paix

Le salut de paix au cours de la messe est un signe expressif, de grande valeur et de grande profondeur (cf. Jn 14, 27). Toutefois, dans certains cas, il prend un poids qui peut devenir problématique, lorsqu’il se prolonge trop ou suscite même de la confusion précisément avant de recevoir la communion. Il serait peut-être utile d’envisager de placer le signe de paix à un autre moment de la célébration, en tenant compte également d’habitudes anciennes et vénérables.


Proposition 24

Ite missa est


Pour rendre plus explicite le rapport entre Eucharistie et mission, qui est au cœur de ce Synode, il conviendrait de préparer de nouvelles formules de conclusion (bénédictions solennelles, prières sur le peuple ou autre) qui soulignent la mission dans le monde des fidèles qui ont participé à l’Eucharistie.


Ars celebrandi.

Proposition 25

La dignité de la célébration

Ceux qui participent à l’Eucharistie sont appelés à vivre la célébration avec la certitude d’être le peuple de Dieu, le sacerdoce royal, la nation sainte (cf. 1P 2, 4-5.9). Chacun d’eux y exprime sa vocation chrétienne spécifique. Ceux qui parmi eux ont reçu un ministère ordonné l’exercent selon leur rang : l’évêque, les prêtres et les diacres. Le rôle des diacres et le service rendu par les lecteurs et les acolytes méritent en particulier une plus grande attention.
Que les évêques surtout, en tant que modérateurs de la vie liturgique, encouragent une digne célébration des sacrements dans leur diocèse, qu’ils corrigent les abus et proposent le culte de l’église cathédrale comme exemple.
Ce Synode renouvelle son appréciation pour le soin que les prêtres accordent au fait de célébrer la liturgie de façon digne, « attente ac devote », pour le plus grand bénéfice du peuple de Dieu. Ils démontrent ainsi l’importance de la foi, de la sainteté, de l’esprit de sacrifice et de la prière personnelle pour célébrer l’Eucharistie. Il convient d’éviter l’excès d’interventions qui peut conduire à une manipulation de la messe, comme par exemple lorsqu’on remplace les textes liturgiques par d’autres textes, ou lorsqu’on donne à la célébration une connotation non liturgique.
Une authentique action liturgique exprime le caractère sacré du mystère eucharistique. Ce caractère sacré devrait apparaître dans les paroles et les actions du prêtre célébrant, tandis qu’il intercède auprès de Dieu le Père aussi bien avec les fidèles que pour eux.
Comme toutes les expressions artistiques le chant doit également être en profonde harmonie avec la liturgie, participer efficacement à son but, c’est-à-dire exprimer la foi, la prière, l’émerveillement, l’amour envers Jésus présent dans l’Eucharistie.
Il convient de souligner la valeur, l’importance et la nécessité d’observer les règles liturgiques. La célébration eucharistique doit respecter la sobriété et la fidélité au rite voulu par l’Eglise, avec le sens du sacré qui aide à vivre la rencontre avec Dieu et avec les aspects concrets qui favorisent cette rencontre (harmonie du rite, des vêtements liturgiques, des ornements et du lieu sacré). Il sera important que les prêtres et les responsables de la pastorale liturgique fassent connaître les ouvrages liturgiques en vigueur (missel, lectionnaire) et les règles qui s’y rattachent.
Pour conduire les fidèles au mystère célébré, une catéchèse préalable qui favorise leur participation active empreinte de piété authentique, est nécessaire. Que les ministres favorisent cette pleine participation par la proclamation des textes, et recommandent des temps de silence, des gestes et des attitudes appropriés.


2- Condamnation  des récents actes terroristes en Terre Sainte et de la décalvation du premier ministre d’Iran contre le droit à l’existence d’Israël.

 

Le Directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro-Valls a fait la déclaration suivante hier en fin d'après-midi :

"Les graves évènements survenus ces derniers jours en Terre Sainte préoccupent beaucoup le Saint-Siège qui, unie à toute la communauté internationale, condamne fermement les actes de violence -l'attaque terroriste de Hadera et les successives représailles- quelle qu'en soit la provenance, et condamne aussi certaines déclarations faites, particulièrement graves et inacceptables, par lesquelles le droit d'exister d'Israël a été nié".

"Le Saint-Siège réaffirme à cette occasion le droit des israéliens comme des palestiniens à vivre en paix et sécurité, chacun dans un état souverain. Le Saint-Siège sent le devoir de renouveler l'appel aux responsables de tous les peuples du Moyen Orient afin qu'ils écoutent le souffle de paix et de justice qui monte des populations et qu'ils évitent d'accomplir des gestes ou choix de division et de mort et qu'ils s'engagent avec courage et détermination à créer les conditions minimums nécessaires pour reprendre le dialogue, la seule voie qui assurera un avenir de paix et de prospérité aux enfants de cette terre".

 

3- Nouvelles des Etats-Unis

 

Un « conservateur » à la Cour suprême ? Enjeux d’une nomination récente

 

Le président des Etats-Unis, George Bush, a désigné, lundi 31 octobre, un nouveau candidat à la Cour suprême, M. Samuel Alito. Cette nomination devrait relancer le débat sur l'avortement. La revue de presse de la Fondation Jérôme Lejeune (www.genethique.org) analyse les enjeux.

Juge à la Cour d'appel de Pennsylvanie, M. Samuel Alito a rédigé des arrêts remarqués, notamment au sujet de l'avortement.

En 1991 par exemple, il avait défendu une loi de Pennsylvanie dans laquelle était spécifiée qu'une femme devait prévenir son mari avant d'interrompre une grossesse (la Cour suprême de Pennsylvanie a annulé la loi).

Diplômé de Princeton et de Yale, il a travaillé au département de la justice sous Reagan, où il a représenté à 12 reprises le gouvernement devant la Cour suprême. Il a été aussi procureur fédéral en matière criminelle avant d\'être nommé juge de la Cour d\'appel de Philadelphie.

Sa confirmation au Sénat devrait donner lieu à de vifs débats entre Démocrates et Républicains. Les conservateurs, qui avaient obtenu le retrait du premier choix de M. Bush, l'avocate texane Harriet Miers, ont remercié M. Bush et promis leur soutien.

Avec cette nomination, la majorité de la Cour suprême qui définit les droits et libertés des citoyens peut basculer.

Selon l\'Institut Guttmacher, un organisme spécialisé dans la « santé reproductive », le nombre d\'avortements est aux Etats-Unis l\'un des plus élevés des pays développés, comme le nombre de grossesses non désirées. En 2002, 1.29 million de femmes ont subi un avortement.

En 1992, la Cour suprême a reconnu aux États la possibilité de restreindre les modalités d\'avortement. Depuis, les États ont passé 487 lois pour réduire le champ d'application. Le nombre d'établissements qui pratiquent l'avortement a diminué de 1000 en 10 ans.

Ces mesures font dire à certains spécialistes que si la décision de 1973 de la Cour était renversée, la vie des Américains n'en serait pas changée. Les États reprendraient alors la main sur cette question et, selon les estimations 21 d'entre eux interdiraient probablement l'avortement.

 

4- Les nouvelles religieuses de France

 

A-annonce de la béatification de Charles de Foucauld.

 

Frère Charles de Foucauld sera béatifié à Rome le 13 novembre

 

–Voici l’annonce de la béatification de Frère Charles de Foucauld faite par le postulateur de sa cause, Mgr Maurice Bouvier, le 23 septembre dernier, comme l’indique le site de la conférence des évêques de France (www.cef.fr).

Annonce de la béatification de Charles de Foucauld .

23 septembre 2005

Le 17 février 2005, deux mois après le décret de reconnaissance d’un miracle attribué à l’intercession du vénérable Charles de Foucauld, un message de la Secrétairerie d’Etat annonçait que le Saint-Père avait décidé que la cérémonie de béatification de Charles de Foucauld aurait lieu place Saint-Pierre à Rome le dimanche 15 mai 2005 en la fête de la Pentecôte et que seraient béatifiés avec lui un groupe de sept martyrs et trois religieuses.

La proximité entre la décision du décret ouvrant la voie à la prochaine béatification et la date de l’événement lui-même nous surprenait, nous obligeant à des préparatifs plus rapides que prévu. Mais il fallait sans doute y voir un indice du vif désir, plusieurs fois exprimé, du Souverain Pontife Jean Paul II de proclamer combien la vie et le message de Charles de Foucauld sont un signe pour notre temps, une voie de sainteté évangélique offerte aux chrétiens du 3e millénaire, une grâce manifeste de Dieu faite à toute l’Eglise et à chacun de ses membres.

Amis et disciples de frère Charles, nous avions accueilli dans la joie et l’action de grâces cette proposition du Saint-Père. Ne venait-elle pas confirmer ce que nous sentions, depuis que nous fréquentons frère Charles et depuis qu’il nous accompagne les uns et les autres dans cette communion qui relie mystérieusement l’Eglise du ciel et celle de la terre ?

Jean Paul II, rappelé à Dieu le 2 avril, aura fêté tout autrement sa rencontre avec Charles de Foucauld. Dès le 5 avril, un message téléphonique de la Secrétairerie d’Etat nous indiquait que la cérémonie prévue pour le dimanche de la Pentecôte était renvoyée à une date ultérieure, qu’il appartiendrait au prochain Pape de fixer. Peu après son élection, le Souverain Pontife Benoît XVI indiquait qu’il entendait présider seulement les canonisations et qu’il se ferait représenter pour les béatifications, lesquelles pourraient avoir lieu dans les diocèses ou les pays des bienheureux.

En ce qui concerne la béatification de Charles de Foucauld, le postulateur présentait une requête pour qu’elle soit maintenue à Rome. Le 11 juillet, un message de la Secrétairie d’Etat faisait savoir que le Saint-Père en avait fixé la date au 13 novembre 2005 et le lieu en la basilique Saint-Pierre de Rome. Avec lui seront béatifiées deux religieuses appartenant à des congrégations italiennes.

Nous remercions le Seigneur qui nous fera vivre cet événement de la béatification de Charles de Foucauld le dimanche où la liturgie invite les chrétiens à porter leurs regards vers le Retour du Seigneur. Lors de cette cérémonie de béatification, c’est en notre nom à tous que l’évêque de Laghouat (Ghardaïa), Mgr Claude Rault, demandera au représentant du Saint-Père de bien vouloir mettre Charles de Foucauld dans la liste des Bienheureux et de permettre qu’il soit vénéré comme tel en certains lieux et par certains groupes de fidèles. La réponse à cette demande du peuple de Dieu sera précisément cette reconnaissance par l’Autorité suprême de l’Eglise, reconnaissance qui nous permettra de vénérer le Bienheureux Charles de Foucauld. Son prénom et son nom seront suivis de la mention : prêtre diocésain, et aussi de cet autre nom : frère Charles de Jésus qu’il s’était donné pour vivre dans la Fraternité qu’il souhaitait rassembler pour porter l’Evangile aux pauvres du Sahara.

Monseigneur Maurice BOUVIER, postulateur
Cause de canonisation de Charles de Foucauld

 

B- Biographie  de Charles de Foucauld

 

Cette biographie est publiée par le site de la conférence des évêques de France (www.cef.fr).

Charles de Foucauld est né à Strasbourg le 15 septembre 1858. Il a une sœur Marie, de 3 ans plus jeune que lui, qui épousera en 1884 Raymond de Blic. Les deux enfants deviennent orphelins en 1864. Charles a alors six ans. Son grand-père maternel le recueille avec sa sœur et se charge de leur éducation. Après la guerre de 1870 et l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, il choisit pour eux la nationalité française et vient habiter à Nancy.

Charles continue ses études au lycée de cette ville. La formation chrétienne de son enfance lui permet de faire une fervente Première Communion en 1872, mais elle ne va pas être assez solide pour l’aider dans son adolescence et, à partir de 1874, il perd la foi.
Il prépare son entrée à l’Ecole de Saint-Cyr pour devenir militaire et y est admis en 1876. Sous-lieutenant de cavalerie, il mène une vie assez désordonnée, ce qui ne l’empêche pas de se montrer courageux dans les opérations militaires auxquelles il participe dans l’ouest de l’Algérie.
En 1882, il donne sa démission de l’Armée et entreprend un voyage d’exploration dans le Maroc. La réussite de cette périlleuse expédition lui vaut honneurs et estime, lui ouvrant les portes du monde des géographes et des explorateurs.

Mais il est habité alors par une quête religieuse. Sous l’influence discrète de sa famille qu’il a retrouvée à Paris, il cherche à avoir des cours de religion et demande l’aide d’un prêtre pour être éclairé sur la religion catholique. Il parle à ce prêtre, l’abbé Huvelin, à la fin octobre 1886, à l’église Saint-Augustin à Paris. Au lieu de lui donner un cours de religion, le prêtre l’invite à se confesser et à communier : pour Charles c’est la conversion, une grâce qui va le transformer pour la vie. Résolu de ne plus vivre désormais que pour ce Dieu de Jésus-Christ qui est venu à sa rencontre, il fait le pèlerinage de Terre sainte. Il y découvre quelle fut la vie humble et cachée du Fils de Dieu incarné en devenant cet homme Jésus, pauvre ouvrier à Nazareth. Attiré par le désir de l’aimer et de l’imiter de toutes ses forces, il décide de se faire moine trappiste.

Entré en 1890 au monastère de Notre-Dame-des-Neiges, en vue d’aller s’enfouir pour toujours dans une pauvre Trappe de Syrie, il cherche à avancer de plus en plus dans l’imitation de la vie de Jésus à Nazareth. Six ans plus tard, il demande à quitter la Trappe ; on le lui accorde et en février 1897, il est autorisé à suivre sa vocation personnelle.
Suivant le conseil de l’abbé Huvelin, il se rend à Nazareth, demande à loger à la porte du couvent des Clarisses et se fait leur domestique. Il vit ainsi en ermite dans la prière, la pauvreté et la recherche de la volonté de Dieu sur lui. Au bout de trois ans, son désir d’imiter Jésus dans sa Charité universelle lui fait accepter la perspective du sacerdoce. Il s’y prépare à la Trappe de Notre-Dame-des-Neiges et, le 9 juin 1901, il est ordonné prêtre du diocèse de Viviers ; c’est pourquoi il sera béatifié avec la qualification de « prêtre diocésain ».

Pour faire rayonner la Charité divine et porter la présence eucharistique aux pauvres des régions non-évangélisées, il pense aller au sud du Maroc, où il a voyagé autrefois, et s’établit pour cela à Beni-Abbès, aux confins algéro-marocains. Il ne pourra pas réaliser ce projet, mais Mgr Guérin, le premier préfet apostolique du Sahara, acceptera qu’il aille dans le sud algérien. Charles se fixe en 1905 à Tamanrasset, dans le Hoggar, au pays des Touaregs. Il apprend leur langue pour devenir proche de tous et pour sauver leur culture. Il cherche, en utilisant au mieux les ressources apportées par la nation colonisatrice qu’est la France, à promouvoir leur progrès humain, intellectuel et moral, les préparant ainsi à découvrir un jour ce qui fait le secret de sa vie religieuse. A Tamanrasset comme à Beni-Abbès, les compagnons espérés ne viendront pas ; il y reste seul, mais il veut qu’en France on partage la responsabilité missionnaire qui est la sienne, et il envisage en ce but une « confrérie » qui unirait toutes les bonnes volontés chrétiennes dans un grand réseau au service de ces pays en cours de développement et non touchés par le message évangélique.
Il meurt dans un guet-apens devant son ermitage, victime d’un coup de feu, le 1er décembre 1916.

 

 

 

C-- Un autel bi-messe à Angers, et de la grogne

 

C’est, du moins, le titre de la « nouvelle » du journal Libération, du  mercredi 02 novembre 2005

 

 

Des paroissiens de Notre-Dame-des-Victoires ne sont pas ravis de devoir cohabiter avec les traditionalistes.

 

par Nicolas de la CASINIERE
 

L'église catholique Notre Dame des Victoires devra désormais aménager dans son choeur un autel «bi-messe». Ses fidèles sont en train de réfléchir aux moyens techniques qui permettront à la table de célébration de se retourner pour accueillir concomitamment deux rites. L'ordinaire, avec un prêtre qui continue de faire face au public pendant la messe, et à lui parler en français. Et le nouveau venu, avec un curé qui tournera le dos aux fidèles pour entonner pater, ave et autres prières, comme dans l'ancien temps. Les paroissiens de Notre-Dame ont jusqu'à Noël pour mettre en place l'autel tournant. En attendant, ça fronde dans les rangs.

Plusieurs votes. D'habitude, les traditionalistes célèbrent leurs cérémonies dans leurs propres lieux de culte. A Angers, c'est la chapelle de la Visitation. Mais celle-ci semble avoir des problèmes de chauffage et de sécurité : près de trois cents «tradis» s'y entassent chaque dimanche dans des conditions qui inquiètent l'évêque de la ville, Mgr Bruguès. Une première paroisse, sollicitée pour les accueillir, a décliné. A Notre-Dame, le oui l'a semble-t-il emporté, sans enthousiasme. «Il y a eu plusieurs votes de l'équipe d'animation partiellement favorables, constate Marie-Caroline Terrière, porte-parole de l'évêché. Mais ce n'est qu'indicatif, ça ne lie pas l'évêque. L'Eglise ne fonctionne pas en démocratie participative.» «Il y a une contestation d'un petit groupe, c'est anecdotique, estime encore la porte-parole. La peur du retour des monstres du passé, c'est le combat de la génération précédente.»

Selon elle, la fusion ne peut qu'être profitable à Notre-Dame : «L'Eglise n'a jamais vraiment abandonné ni interdit le latin. La nouveauté, c'est de faire travailler sur un même territoire des chrétiens qui s'ignoraient.» Car, à Angers comme ailleurs, les traditionalistes refusent généralement l'intégrisme. Ils ont seulement conservé le rite en latin de Pie V, malgré les réformes de Vatican II entre 1962 et 1965. Le pape Jean Paul II a réintégré ces fidèles tournés vers le passé dans la communauté catholique, en 1988, il y a plus de quinze ans.

La décision de l'évêque jette pourtant le trouble parmi les fidèles laïcs de la paroisse. Monique Le Lirzin vient ainsi de démissionner de l'équipe liturgique et du portage du bulletin paroissial. Elle affirme publiquement son écoeurement d'une cohabitation forcée : «Après l'élection de Benoît XVI qui a choqué bien des chrétiens, ce choix exacerbe nos inquiétudes sur le repli de l'Eglise vers ceux qui prônent une certaine rigidité et le refus de l'oecuménisme. Nos réticences de paroissiens de base ont été niées. Nous ne sommes plus des moutons ! Mgr Bruguès a manqué de sagesse, même si c'est difficile de dire ça d'un évêque.» Une de ses amies menace carrément : «Arrêtons là le psychodrame, lance-t-elle. Les tradis vont trouver place nette, ils n'entendront plus parler de nous !»

Flottement. Dimanche, à la chapelle de la Visitation, ça ronchonne aussi un peu, les opinions flottent. Une mère de famille jure qu'elle ne mettra jamais les pieds à Notre-Dame, elle ira rejoindre la chapelle des intégristes : «J'ai mes distances avec le pape, et on doit une grande gratitude à Mgr Lefebvre pour le maintien de la messe tridentine, en latin. Les modernistes saccagent beaucoup en tutoyant Dieu.» Un autre adepte regrette «la polémique», et opte pour la voie de la sagesse : «Il faut éviter que les fidèles se dispersent à droite à gauche.» «Les ordres viennent d'en haut, de l'évêque, renchérit une paroissienne. Et à Notre-Dame, ils n'ont pas foule, on est allés voir.» «C'est peut-être une stratégie des prêtres pour se faire mousser en se vantant de gros effectifs ?» hasarde une autre.

De l'autre côté, on ne désarme pas : «Pas sûr que la communauté qui arrive, plutôt de droite et riche, soit en accord avec le quartier populaire autour de Notre-Dame, le seul du centre où il y a des HLM», avertit Monique Le Lirzin.

 

 

D- Communiqué de Bernard Antony, Président de l’AGRIF

 

Par jugement du 3 novembre 2005, la 17ème chambre du Tribunal de Paris constituée par Madame Sauterand, Messieurs Boyer et Jean –Maeher, a débouté notre association de sa plainte contre le journal Libération à la suite de la publication de l’immonde caricature du Christ affublé d’un préservatif.

Pour ce Tribunal, finalement, l’image du Christ peut être dégradée sous le prétexte que le message à faire passer est acceptable, en l’occurrence la lutte contre le sida. En fait, contre les chrétiens, on peut tout se permettre !

 

D’évidence, on ne jugerait pas de la même façon un dessin semblable, aussi injurieux pour les juifs ou les musulmans.

 

« Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cours vous feront blanc ou noir ». Cette phrase de La Fontaine exprime parfaitement la façon dont nos tribunaux jugent aujourd’hui en fonction de l’appartenance à une religion ou à une communauté selon les réactions qu’elles peuvent déclencher.

 

Tant que les chrétiens demeureront aussi passifs face aux injures les plus outrageantes pour leur foi et l’honneur de Dieu, il ne faudra pas s’attendre à d’autres jugements.

Au moment où en Indonésie, on décapite des petites filles parce qu’elles sont chrétiennes, au moment où en Egypte, on massacre les Coptes pour les mêmes raisons, il serait temps que les chrétiens de France prennent conscience que justice ne leur sera rendue que s’ils acceptent le combat pour leur survie qui leur est imposé. C’est ce à quoi l’AGRIF les convie.

 

Le 3 novembre 2005

 

E- Communiqué de Mgr Olivier de Berranger, Evêque de Saint Denis

 

Comme suite aux agitations révolutionnaires de Saint Denis, l’évêque du diocèse fait ce communiqué :

 

Chers Amis,

Ces derniers jours, notre département a connu des événements dramatiques qui ont endeuillé des familles et fait craindre pour la paix sociale. Eglise en Seine-Saint-Denis, nous nous sentons particulièrement proches de ceux qui, à Clichy-sous-Bois, à Montfermeil, à Epinay-sur-Seine, ont été directement touchés, spécialement dans des cités montrées du doigt. Nous souffrons avec eux. Nous prions pour eux.

En souhaitant que les enquêtes en cours permettent de faire la clarté sur les événements eux-mêmes, nous voulons surtout témoigner, à cause du Christ livré par amour de tous, de notre espérance pour l’homme, pour la jeunesse, pour le vivre ensemble dans la dignité. Nous saluons le travail inlassable de tous les hommes et femmes de bonne volonté qui, dans les municipalités, les établissements scolaires ou les associations, ne baissent pas les bras. Nous remercions les pompiers et les membres des forces de l’ordre qui vivent le plus souvent leur rude tâche comme un service du bien commun. « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Evangile de ce Jour)

+Olivier de Berranger, Evêque de Saint-Denis 

 

 

F- L’affaire de l’abbé Pierre.

 

a-« Le grand naufrage de l’abbé Pierre » selon le Bulletin d’André Noël.

 

Dans un nouvel ouvrage où, pour une énième fois, il fait des adieux qui n’en finissent pas depuis au moins dix

ans, l’abbé Pierre a avoué avoir eu des relations sexuelles. Ainsi va notre société où les confessionnaux sont

désertés mais où ce qui devrait en relever est publié à tous vents par les media. Voilà qui va encore faire bondir

la côte du plus populaire des Français ! Pensez : un prêtre, passant pour un saint homme, qui dit et fait ce que le

monde pense ! Le célibat consacré, tout comme la chasteté volontaire, sont des réalités qui paraissent absurdes,

voire scandaleuses, en un siècle « hyperérotisé » qui a perdu ses références chrétiennes, y compris, hélas ! chez certains catholiques. L’abbé, fort de son autorité morale, aurait pu œuvrer comme le pape à les faire comprendre à défaut de les faire admettre, même s’il devait crier dans le désert et être pour cela moins plébiscité par les sondages de popularité. Or, au contraire, il caresse le populo dans le sens du poil.

Ce qu’il a fait, et aurait dû relever de ce que les moralistes appellent le « for interne,» ne concerne que Dieu,

son confesseur, celles qu’il a... séduites et lui-même. S’il en reçu l’absolution, nous n’avons aucun commentaire

à formuler sur ses actes. En revanche, ses déclarations et ses prises de position publiques où il conteste ouvertement la doctrine de l’Eglise, appellent des protestations.

Il dit : « Je n'ai jamais compris pourquoi Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger avaient affirmé que jamais

l'Eglise n'ordonnerait des femmes. Une telle affirmation suppose que cette pratique serait non conforme à la

substance même de la foi chrétienne. Or ceux qui prennent de telles positions, quelles que soient leurs éminentes

fonctions, n'ont jamais avancé un seul argument théologique décisif qui démontre que l'accès des femmes au

sacerdoce serait contraire à la foi. » On se demande si, en écrivant cela, l’abbé est de bonne foi ! Car enfin prétendre qu’il n’y pas « un seul argument théologique décisif » pour refuser le sacerdoce aux femmes, c’est

avouer que l’on n’a jamais pris connaissance des textes de Jean-Paul II et de Benoît XVI, pour ne citer que les plus récents, où les arguments, fondés sur l’Ecriture et la Tradition abondent. Il peut les rejeter, et rejeter avec

eux l’autorité de l’Eglise qu’il devrait servir en tant que prêtre, mais il ne peut déclarer qu’ils n’existent pas !

Pour ce qui est de l’homosexualité, il confie : « Je comprends le désir sincère de nombreux couples homosexuels, qui ont souvent vécu leur amour dans l'exclusion et la clandestinité, de faire reconnaître celui-ci par la société. Jusqu'à son décès, j'ai eu comme secrétaire le père Peretti, qui ne faisait pas mystère de son homosexualité et qui est l'un des fondateurs d'une association chrétienne pour la reconnaissance de l'homosexualité : David et Jonathan. J'ai récemment rencontré les membres de cette association. Je leur ai dit que le mot « mariage » était trop profondément enraciné dans la conscience collective comme l'union d'un homme et d'une femme pour qu'on puisse comme cela, du jour au lendemain, utiliser le même mot pour un couple de même sexe. Cela créerait un traumatisme et une déstabilisation sociale forte. Pourquoi ne pas utiliser le mot d’ “alliance”.» Pas de « mariage » mais une alliance ! Ce qui, de toute façon, vaut reconnaissance par la loi de l’union homosexuelle contre laquelle l’Eglise et en première ligne Benoît XVI ne cesse de protester. Le mot « alliance » est pour le moins malheureux.

 

L’abbé n’ignore pas que c’est ce terme-là qui, dans l’Ecriture, désigne le lien entre le Dieu sauveur et l’homme sauvé.

On le trouve aussi dans la liturgie de la messe lorsqu’elle évoque la « nouvelle alliance » dans le sang du Christ.

User de ce mot pour cautionner la pseudo « alliance » homosexuelle touche au blasphème.

Il ajoute : « Je connais des prêtres qui vivent en concubinage avec une femme qu'ils aiment depuis des années et

qui acceptent bien cette situation. Ils continuent d'être de bons prêtres. Cela pose la question cruciale pour

l'Eglise du mariage des prêtres et de l'ordination d'hommes mariés. Je suis convaincu qu'il est nécessaire qu'existent dans l'Eglise des prêtres mariés et des prêtres célibataires qui puissent se consacrer totalement à la prière et aux autres. » Cette question a été tranchée, et toujours dans le même sens par l’Eglise et encore récemment au synode sur l’Eucharistie où le pape a rappelé que le célibat sacerdotal est « un don précieux » pour l’Eglise. L’Abbé Pierre au sujet de « l’hypothèse » que Jésus se serait marié avec Marie-Madeleine, cela « ne troublerait nullement ma foi », dit-il. Ce blasphème est évidemment en deçà de toute réfutation et on ne peut qu’éprouver de la compassion devant le grand naufrage, à 93 ans, de l’abbé Pierre et un profond dégoût pour ceux qui l’exploitent. On comprend que les media télévisuels ou radiophoniques tout comme la presse écrite s’arrachent un tel prêtre qui se livre avec complaisance à leurs demandes d’entretien. Feraient-ils la même chose avec une autre religion ? Pouvons-nous suggérer à l’abbé Pierre de méditer cet avertissement de Notre Seigneur : « Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous » ?

P.R.

Du Bulletin d’André Noël  N° 1976

 

 

b- Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont, donne, dans le Monde, du 2 novembre,  son « point de vue ».

 

Point de vue

Peut-on dévoiler l'intimité d'un vieillard, fût-il l'abbé Pierre ?, par Hippolyte Simon


A lire les commentaires relatifs au dernier livre concernant l'abbé Pierre, Mon Dieu... pourquoi ? (Ed. Plon, 112 p., 13 €, Le Monde du samedi 29 octobre), publié par son "confident", Frédéric Lenoir, j'ai été et je reste profondément choqué.

Ce qui me met mal à l'aise, ce n'est pas tant le contenu de ces prétendues révélations. Depuis l'épisode évangélique dit "de la femme adultère", nous sommes, et heureusement pour nous, délivrés d'avoir à jeter la première pierre [Jean, 8, 3-11]. Alors, en dehors des personnes engagées, qui est concerné ? Que chacun s'examine donc en conscience et s'en remette, s'il le peut, à la tendresse de Dieu.


D'ailleurs, quand on lit la conclusion que l'abbé tire de son expérience, plutôt malheureuse, selon son propre aveu, on retrouve la doctrine la plus classique de la tradition chrétienne : pour être humaine et gratifiante, la sexualité demande à être vécue dans un projet global qui engage durablement les deux partenaires. Il n'y a pas de quoi faire un scoop ! Si, à l'inverse, on nous avait appris que l'abbé Pierre n'a jamais couché avec personne, cela eût été, en un sens, aussi choquant. C'est donc que le problème est ailleurs que dans le contenu de l'information. Dans les deux cas, cela signifie qu'un "ami" de l'abbé Pierre s'est senti autorisé à mettre sur la place publique l'intimité de ce vieil homme.

Que l'abbé Pierre me pardonne ici d'évoquer son âge. L'auteur du livre et l'éditeur dévoilent l'intimité d'un vieillard. Qu'il soit consentant, comme ils le prétendent, ne change rien à la gravité de l'affaire. De toute façon, en faisant cela, ils savent bien que l'opinion publique va se focaliser sur un seul point, et que tout le reste du message spirituel de l'abbé va en être "dévoyé". Car il est triste de voir quelqu'un qui a tant lutté pour défendre l'intimité des pauvres servir aujourd'hui de caution à l'exhibitionnisme et au voyeurisme médiatiques. L'intimité commence, justement, par le fait de disposer d'un toit et d'une chambre à soi... Faudra-t-il maintenant y mettre une caméra ?

C'est donc cela qui me scandalise : le voyeurisme. A quoi sert de construire des maisons, à quoi sert d'invoquer le droit au logement, si on fait passer tous les Français devant le trou de la serrure ? Jusqu'à une date récente, on disait que même les personnages publics ont droit au respect de leur vie privée. Et pourquoi l'abbé Pierre n'y aurait-il pas droit ? Parce qu'il est prêtre ? Parce qu'il est vieux ? Certains médias n'ont pas eu de mots assez durs pour qualifier le procureur américain qui prétendait enquêter sur l'intimité de Bill Clinton et de la trop fameuse Monica.

Aujourd'hui, les mêmes sont les premiers à se servir des révélations de l'abbé Pierre pour vendre du papier ou du temps d'antenne. Ce procureur américain était, disait-on, un fondamentaliste de l'ordre moral. Le rédacteur du livre de l'abbé Pierre agit-il autrement ? Ignore-t-il que l'un des principes fondamentaux de la liberté, dans toute société, c'est la distinction entre le for "interne" et le for "externe" ? Cette pseudo-exigence de "transparence" conduit souvent à la dictature. Ou, en version ridicule, à un gros mensonge d'Etat, comme on l'a vu à propos de la santé du président Mitterrand.

On me rétorquera que c'est l'abbé lui-même qui a fait ses confidences au rédacteur. Et alors ? Est-ce une raison suffisante pour les mettre sur la place publique ? Tout le monde a le droit de faire des confidences, mais celui qui les reçoit a le devoir de les garder pour lui.

Si l'abbé Pierre avait réellement voulu nous faire des confidences sur sa sexualité, il aurait pu le faire, il y a trente ou cinquante ans, à une époque où il rédigeait lui-même ses livres. Il y a dix ans, quand il avait, disait-on, "dérapé" dans l'antisémitisme par sa lettre d'encouragement à Roger Garaudy, des journalistes nous avaient expliqué que l'abbé Pierre n'avait peut-être plus assez d'autonomie personnelle pour résister aux sollicitations de ses amis. Et personne ne l'aurait, cette fois, sollicité ?

Pour le reste, on habille ces révélations d'un prétendu débat autour de l'ordination d'hommes mariés ou de femmes. Mais, s'il s'agissait vraiment de ces débats, ils pouvaient être menés pour eux-mêmes. Et je n'aurais pas été scandalisé par le fait qu'un journaliste sollicite et utilise les idées bien connues de l'abbé Pierre sur ces points. Après tout, c'est de bonne guerre, et on aurait pu, en effet, en discuter.

Pour ma part, je ne refuse pas d'en parler, mais sur le fond. Simplement, je croirais davantage à la bonne foi de ceux qui prétendent en débattre s'ils prenaient la peine de signaler un point de vue différent du leur. Je constate qu'il est impossible de faire entendre un avis divergent. Alors qu'on ne vienne pas me dire que les prétendues "révélations" de l'abbé Pierre sont là pour faire avancer le dossier.

En réalité, ce débat est, ici, un alibi au voyeurisme et à l'utilisation marchande du rayonnement exceptionnel de l'abbé Pierre. Son oeuvre, et l'admiration que nous lui portons tous, méritaient mieux, et autre chose, que ce racolage.
par Hippolyte Simon

 

 

c- Frédéric Lenoir lui répond dans le Monde du 4 novembre .

 

« L'abbé Pierre a-t-il perdu la tête » ?, par Frédéric Lenoir

 

Dans Le Monde daté du 3 novembre, Mgr Hippolyte Simon réagit avec véhémence à la publication du livre d'entretiens que j'ai réalisé avec l'abbé Pierre, Mon Dieu... Pourquoi ? (Plon) et dans lequel le fondateur d'Emmaüs reconnaît "avoir cédé de manière passagère" à la force du désir sexuel.

 

L'archevêque de Clermont-Ferrand se dit "profondément choqué" par le fait qu'un ami de l'abbé Pierre (moi-même en l'occurrence) se soit "senti autorisé à mettre sur la place publique l'intimité de ce vieil homme". Il parle de "voyeurisme"  et m'accuse de ne pas avoir respecté "le droit à la vie privée" de l'abbé Pierre. Dans quel but ? Par mercantilisme, évidemment.

Même si ces propos ont un caractère insultant pour l'abbé Pierre ( un vieillard sénile, tout compte fait ) et pour moi-même ( un faux ami et un irresponsable cupide ), ils entendent lancer un vrai débat. Je partage au moins le point de vue du prélat sur un point : comme lui, je déplore le voyeurisme ambiant et le déballage public de l'intimité des stars à longueur de livres-confessions. Mais s'agit-il de cela en ce qui concerne l'ouvrage de l'abbé Pierre ?

Mgr Simon n'a visiblement pas lu le livre et s'appuie sur "les commentaires"  qui en sont faits dans la presse. Or l'aveu de l'abbé tient une place infime dans l'ouvrage et s'inscrit, non dans le cadre d'une longue confession intime, mais d'un chapitre où le prêtre explique que "le désir sexuel doit s'exprimer dans une relation amoureuse, tendre, confiante". Il reconnaît alors avoir connu "l' expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction, mais cette satisfaction fut une vraie source d'insatisfaction, car je sentais que je n'étais pas vrai".

Fallait-il censurer ces trois lignes, comme l'affirme Mgr Simon, pour "respecter la vie privée" de l'abbé Pierre ? Le seul problème c'est que, contrairement à ce que suggère Mgr Simon, l'abbé Pierre, même malade et épuisé, est en pleine possession de ses moyens intellectuels. C'est en toute conscience et lucidité qu'il m'a tenu ce propos et décidé de le maintenir à chaque étape de l'élaboration du manuscrit qui s'est étalée sur de longs mois.

Comme je l'explique dans mon éditorial du Monde des religions de novembre, il y a même eu un vrai débat dans l'entourage de l'abbé Pierre sur l'opportunité de publier ou non cette brève confidence et d'en faire à nouveau état dans un entretien télévisé. Le fondateur d'Emmaüs a écouté les uns et les autres et a décidé de maintenir ses propos et l'interview. Aurais-je dû censurer l'abbé malgré lui ?

Allant jusqu'au bout de ce que Mgr Simon ne fait que suggérer, Mgr Lustiger, pour qui j'ai pourtant une grande estime, aurait déclaré à un journal italien que "l'abbé Pierre perdait un peu la tête". Que ceux qui douteraient encore de la santé mentale de l'abbé se procurent une cassette du long entretien qu'il a accordé à Marc-Olivier Fogiel et qui a été diffusé sur France 3 : tous les commentateurs ont souligné que, malgré un épuisement physique évident, il y était incisif, déterminé, vif, plein d'humour et de malice : bref, lui-même.

Il reprend les propos de son livre avec conviction et demande aux lecteurs de ne pas accorder plus d'importance qu'il n'en faut à ces passages sur la morale sexuelle, qui ont leur place dans cet ouvrage, mais qui ne le résument pas.

C'est on ne peut plus clair pour un vieillard prétendument sénile, et chacun peut constater que l'abbé maîtrise parfaitement son propos, contrairement à la confusion dans laquelle il était plongé lors de l'affaire Garaudy, épisode douloureux que Mgr Simon ne manque pas de rappeler.

L'abbé Pierre est certes un homme âgé, fatigué, usé, mais il a, en pleine conscience, voulu dire tout haut ce qui se murmure tout bas sur l'extrême difficulté qu'ont la plupart des prêtres à vivre la chasteté. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à militer avec force pour le maintien du célibat à côté de l'ordination d'hommes mariés.

Non, Monseigneur, ce n'est pas indigne, c'est digne. Ce n'est pas céder à la tentation du voyeurisme, mais faire acte de vérité et d'humilité. C'est tout simplement aux antipodes de la langue de bois ecclésiastique habituelle. Loin de discréditer l'Eglise, je pense que de telles paroles la rendent plus vraie et plus humaine.

Restent les deux questions de fond. Faut-il renoncer à dire quelque chose d'intime, même avec intelligence et pudeur, sous prétexte que certains médias vont s'en emparer et le mettre en exergue ?

N'est-ce pas finalement cela qui effraie le plus certains membres de la hiérarchie catholique ? Que des dizaines de milliers de Français lisent et prennent au sérieux les propos pour le moins iconoclastes que l'abbé tient sur le célibat et le mariage des prêtres, la place de la femme dans l'Eglise, l'homosexualité, le préservatif face au sida ?

Aurais-je dû aussi censurer l'abbé Pierre, cet homme libre, sur toutes ces questions dérangeantes ? Mais que les clercs inquiets se rassurent, l'abbé Pierre parle également, et encore plus abondamment, de l'amour, de la Sainte-Trinité, de Jésus ou de l'Eucharistie.

Mais cela, je suis tranquille, on ne me reprochera pas de l'avoir laissé... et les misérables qui achèteront le livre par pur voyeurisme devront plonger leurs yeux impies dans ce qui est, pour l'essentiel, un magnifique témoignage de foi catholique.

Frédéric Lenoir, écrivain et sociologue, est directeur de la rédaction du Monde des religions.

 

G- Assemblée évêques: Mgr Ricard évoque "le devoir" de lutte contre l'injustice

AFP -
Le président de la Conférence des évêques de France, l'archevêque de Bordeaux Mgr Jean-Pierre Ricard, a évoqué vendredi "le devoir d'une lutte tenace contre toutes les forces de marginalisation et d'injustice économique, sociale et politique", à l'ouverture de la 40e assemblée plénière des évêques.

Mgr Ricard a fait part de sa préoccupation face aux conditions de l'immigration, soulignant que les évêques du Maghreb avaient depuis longtemps alerté sur l'afflux de réfugiés d'Afrique subsaharienne aux frontières de l'Union européenne.

"Ce n'est pas en érigeant des murs autour de l'Union européenne que nous résoudrons les questions migratoires", a-t-il poursuivi, "seul l'engagement pour un développement solidaire entre les peuples et une conversion nécessaire de nos modes de vie pourront aider à trouver des solutions justes et humaines".

Il s'est félicité que "les opinions publiques de nos pays européens s'émeuvent" et qu'en France "des solidarités se manifestent au sein de la population pour soutenir des familles de migrants, des étudiants et des lycéens menacés d'expulsion".

L'Eglise catholique doit "éduquer à la +mondialisation de la solidarité+", a-t-il dit, reprenant une expression de Jean Paul II. Il a salué la venue à Lourdes du président de la Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo (RDC), l'archevêque de Kisangani Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, ainsi que du président de l'Association des conférences épiscopales de l'Afrique centrale (ACEAC), l'évêque de Tshumbe (RDC) Mgr Nicolas Djomo Lola.

Mgr Ricard a également appelé à redécouvrir l'importance de la messe dominicale, dans la foulée de l'appel du pape Benoît XVI, et défendu le célibat des prêtres, mis en cause dans le récent livre de l'abbé Pierre "Mon Dieu...pourquoi?".

"Une Eglise qui se sent appelée comme chez nous en France à devenir de plus en plus une Eglise de première évangélisation appelle tout particulièrement cette forme de disponibilité", a-t-il dit, estimant que le propos de l'abbé Pierre avait été "instrumentalisé pour alimenter le procès contre l'Eglise et en faire une arme de plus contre le célibat des prêtres".

"Tout est bon pour nourrir un tel combat : que ce soit un scandale, des cas de pédophilie, des prêtres qui ont des enfants ou qui se marient", a-t-il assuré, "quand après tel ou tel incendie on arrête un pompier pyromane, on prend toujours soin de souligner que c'est vraiment une exception par rapport à l'ensemble du corps des pompiers. On ne le fait jamais pour les prêtres".

L'assemblée, qui se réunit jusqu'à mercredi à la mi-journée, rassemble 142 évêques, dont 113 en exercice. Elle doit notamment finaliser un Texte national pour l'orientation de la catéchèse en France, en discussion depuis 2001, et mettre en oeuvre la refonte interne de la Conférence des évêques.

 

5- Les nouvelles politiques de France.

 

Le droit de vote aux émigrés : la double erreur de Sarkozy.

 

Dans une interview au « Monde » (25 octobre) Nicolas Sarkozy a cru devoir déclarer : « A titre personnel, je

considère qu’il ne serait pas anormal qu’un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et résidedepuis  au moins dix ans en France, puisse voter aux élections municipales. » Cette déclaration a aussitôt, ouvert un nouveau front dans la guerre fratricide quasi quotidienne entre lui et Dominique de Villepin qui lui a répondu qu’il y était opposé. Peu importe car le ministre de l’Intérieur n’entend pas imposer sa mesure au gouvernement Villepin mais l’adopter s’il est élu président en 2007. Prenons donc conscience, dès maintenant, que l’ouverture du droit de vote aux étrangers fait partie de la plate-forme présidentielle du candidat Sarkozy.

Ne soyons ni indignés, ni même étonnés, s’il la met en œuvre un jour : il nous aura prévenus.

La campagne de Sarkozy est commencée, nous le savons. Il tempère ses positions jugées répressives, propres –

pense-t-il – à satisfaire l’électorat de droite par des ouvertures vers la gauche pour élargir son électorat (d’où

l’abolition de la « double peine», la « discrimination positive », son action en faveur du communautarisme islamique). Indépendamment du fond du débat – que nous allons examiner – il s’agit d’une erreur stratégique. La plupart de ceux qui ont accédé à l’Elysée ont commencé par rassembler leur camp au premier tour et attendu le second pour s’ouvrir à leurs adversaires. Sarkozy entend faire les deux en même temps avec le risque de s’aliéner une partie des électeurs de droite sans séduire ceux de gauche. Il perd sur les deux tableaux, sans compter qu’à souffler ainsi le chaud et le froid, il brouille son image, laquelle est importante pour être élu. Peu lui importe apparemment de choquer son parti et ses électeurs. Il précise en effet : « Je ne demande pas à mon parti d’être d’accord avec moi sur tout. Et j’ai la liberté de ne pas être d’accord avec lui sur tout. » Sauf que ses électeurs, s’ils ne sont pas d’accord avec ses prises de positions, peuvent ne pas lui

accorder leurs suffrages…

Certes, il met un certain nombre de conditions à l’octroi du droit de vote. Il faut, c’est bien le moins, que l’immigré soit « en situation régulière ». Omettant de préciser que beaucoup de ceux qui sont dans ce cas ont commencé par être en situation irrégulière, obtenant la légalisation de leur présence sur notre sol à la faveur de régularisations successives. On notera qu’il n’exige pas dix ans de présence légale chez nous, mais simplement que l’immigré réside en France depuis dix ans, incluant donc la période de présence clandestine. Autrement dit, il propose que ceux qui sont venus chez nous en violant notre loi participent à l’élection des

conseillers municipaux, ce qui est choquant. En outre, ajoute le ministre, ils doivent travailler et payer des impôts. Travailler ? Cela signifie-t-il que les chômeurs, français ou étrangers, doivent être privés du droit de vote ?

Quant aux impôts, les immigrés, à une écrasante majorité, font partie des 50% de contribuables potentiels exemptés de l’impôt sur le revenu, comme des impôts locaux. Mais le fond du problème n’est pas là. Les immigrés auxquels songe naturellement Nicolas Sarkozy ne sont pas les quelques citoyens communautaires,

britanniques ou hollandais, dans un village paisible du Gers, mais des Maghrébins ou des Africains qui, dans certaines banlieues et de nombreux bureaux de vote, constitueraient la majorité des votants appuyés par des

Français musulmans ou d’origine maghrébine. Si bien que le danger n’est pas illusoire de voir des municipalités dirigées par des étrangers, même si on devait leur interdire l’accès au fauteuil du maire (mais au nom de quoi l’édicterait-on ?) leur poids au sein du conseil municipal ferait du maire une marionnette entre leurs mains. De toute façon, si ce droit nouveau était restreint aux scrutins municipaux, les immigrés pèseraient d’un poids politique plus lourd dans notre vie politique et nos institutions. Négliger cela, c’est la seconde erreur de Sarkozy. Car il « oublie » que non seulement les maires, mais aussi, dans les moyennes et grandes villes, les conseillers municipaux sont Grands Electeurs pour les élections sénatoriales. C’est ainsi qu’au fil des années – cela prendrait peut-être des décennies – nous pourrions avoir un président du Sénat qui devrait son élection à des sénateurs tributaires du vote immigré. Rappelons que le président du Sénat est le deuxième personnage de l’Etat appelé à assurer l’intérim du président de la République en cas de vacance présidentielle. Mais ces considérations ne pèsent pas assez pour faire fléchir ou réfléchir notre bouillant ministre de l’Intérieur…

 Du Bulletin d’André Noël. N° I976.