« Les Nouvelles de Chrétienté »

n°2

                   

Le vendredi 22 avril 2005

 

 Habemus papam

 

 

 

Sommaire :

A-le premier discours du pape

 

B-les mots officiels d’accueil

 

a- -  de l’Episcopat français

           

            b- de Mgr Fellay, supérieur général de la FSSPX

          

            c- L’accueil de l’Allemagne, « fière de son élu »

           

            d-Le président français Jacques Chirac

          

            e- Frère Roger, de Taizé,

         

            f- L'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois

 

    C- l’élu du Conclave. Sa biographie. Son blason.

         

            a- petite biographie tiré de son  livre « La mia Vita ».

             

              b- le nom de « Benoît »

         

            c- son blason épiscopal, sa devise, et ses symboles

 

    D- Quelques caractéristiques de sa personnalité                                       

 

    E- Le Cardinal Ratzinger et la liturgie

 

    F- Jugements

 

    G- Les premiers documents du nouveau pape : Benoît XVI

 

 

                                                           HABEMUS PAPAM

IOSEPHUM RATZINGER

QUI SIBI NOMEN IMPOSUIT

BENEDICTUM XVI

 

C’est en ces termes que l’Osservatore Romano, le journal du Vatican, dans son  édition italienne, annonçait la mardi 19 avril 2005 à 19.10 l’élection du nouveau pape Benoit XVI.

 

En dessous de l’image du nouveau pape, saluant la foule massée, sur la place Saint Pierre, à la loggia, nous pouvions lire  ces paroles sorties d’un cœur très italien, je veux dire, chaleureux, des hommes du soleil :

 

« Abbiamo attraversato la tristezza del Venerdì Santo; abbiamo pianto; ci siamo sentiti orfani di un Padre che tutto si è consumato per Cristo e per la sua Chiesa. Abbiamo pregato. Abbiamo atteso.

Abbiamo implorato il Sacro Cuore di Gesù.

Ed ecco che il Signore dalle fibre più intime del suo Cuore ci dona il Successore di Pietro.

Non siamo più soli. Pietro è con noi. La navigazione riprende la rotta; il cammino riprende il ritmo del viandante.

Grazie, Padre Santo, per aver detto  «sì». Un «sì» che anche noi diciamo a Te. Senza riserve e con amore. Con quell'amore petrino che da circa un secolo e mezzo è la nostra fierezza ».

 

L'OSSERVATORE                                         ROMANO

GIORNALE QUOTIDIANO

UNICUIQUE SUUM

POLITICO RELIGIOSO

 

EDIZIONE STRAORDINARIA - Martedì 19 aprile 2005 - Ore 19.10

HABEMUS PAPAM

IOSEPHUM RATZINGER

QUI SIBI NOMEN IMPOSUIT

BENEDICTUM XVI

Abbiamo attraversato la tristezza del Venerdì Santo; abbiamo pianto; ci siamo sentiti orfani di un Padre che tutto si è consumato per Cristo e per la sua Chiesa. Abbiamo pregato. Abbiamo atteso.

Abbiamo implorato il Sacro Cuore di Gesù.

 

Ed ecco che il Signore dalle fibre più intime del suo Cuore ci dona il Successore di Pietro.

Non siamo più soli. Pietro è con noi. La navigazione riprende la rotta; il cammino riprende il ritmo del viandante.

 

Grazie, Padre Santo, per aver detto  «sì». Un «sì» che anche noi diciamo a Te. Senza riserve e con amore. Con quell'amore petrino che da circa un secolo e mezzo è la nostra fierezza.

.

Voici notre traduction

 

« Nous avons connu  la tristesse du vendredi saint ; nous avons pleuré ; nous nous sommes sentis orphelins d’un Père tout  donné au Christ et à son Eglise ; Nous avons prié ; nous avons attendu ; Nous avons imploré le sacré cœur de jésus

Et voici que le Seigneur du fond de son Cœur nous donne le Successeur de Pierre.

Nous ne sommes plus seuls. Pierre est avec nous. Le voyage reprend son cours, la marche son rythme.
Merci, Très Saint Père d’avoir su dire »Oui ». A notre tour, nous te disons « oui », sans réserve et même avec amour »

 

Nous faisons notre ces belles paroles d’accueil !

 

Les 115 cardinaux réunis en conclave depuis hier, ont donc élu ce mardi 19 avril 2005 , en milieu d’après-midi, le cardinal bavarois et francophone distingué Joseph Ratzinger, âgé de 78 ans, et jusqu’ici pilier du pontificat de Jean-Paul II, en tant que préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il avait pour devise épiscopale: « Coopérateurs de la vérité ».

 

 

 

A- Le premier discours de Benoît XVI

Voici le texte intégral du premier discours public prononcé mardi soir par le pape Benoît XVI, Joseph Ratzinger (Allemagne) élu en fin d'après-midi :

"Chers frères et chères sœurs, après le grand pape Jean Paul II, Messieurs les cardinaux m'ont élu moi, un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur.

"Le fait que le Seigneur sache travailler et agir également avec des instruments insuffisants me console et surtout, je me remets à vos prières, dans la joie du Christ ressuscité, confiant en Son aide constante.

"Nous allons de l'avant, le Seigneur nous aidera et Marie, Sa Très Sainte Mère, est de notre côté".

B - Les mots officiels d’accueil

a-  de l’Episcopat français

« Nous nous réjouissons, nous rendons grâce », par Mgr Ricard

Voici le texte intégral de la déclaration de Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, Président de la Conférence des évêques de France, à la nouvelle de l’élection de Benoît XVI.

Paris, le 19 avril 2005

 « L’Église catholique vient de recevoir un nouveau Pasteur, le Pape Benoît XVI. Nous nous réjouissons et nous rendons grâce : Dieu n’abandonne pas son Eglise !

A nous, catholiques, le Pape est donné comme point d’appui de notre foi : enraciné, par l’Esprit, dans la Parole du Christ, il nous conduira vers le Père ! A nous évêques, responsables des Eglises particulières, Il est donné comme fondement de notre communion dans la diversité de nos missions.

Merci de tout cœur à la terre d’Allemagne qui donne l’un de ses fils à Rome et au monde entier !

Dans ce monde où doivent être relevés de terribles défis, les défis de la faim et de la pauvreté, de la liberté et de la paix, de la dignité de la personne et du respect de la vie, Benoît XVI sera, après le bien aimé Jean-Paul II, sentinelle de l’humanité, témoin de l’amour de Dieu pour tous et premier serviteur de l’unité.

Le monde est devenu un village global : jamais nous n’avons eu autant besoin du successeur de Pierre pour bâtir une fraternité universelle dans la vérité, pour ouvrir l’Eglise sur le monde et la guider vers la sainteté.

Sans plus tarder, avec l’Eglise de Rome et l’Eglise universelle,
l’Eglise catholique en France prie avec ferveur et affection pour le Pape Benoît XVI : Qu’il soit principe et fondement visible de l’unité dans la foi et de la communion dans la charité.


+ Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence des évêques de France

 

b- de Mgr Fellay, supérieur général de la FSSPX

Communiqué de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X à l'occasion de l'élection du nouveau Souverain Pontife

Au nom de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, Monseigneur Bernard Fellay, Supérieur Général, salue l’accession du Cardinal Joseph Ratzinger au Souverain Pontificat. Il y voit une lueur d’espérance de sortir de la profonde crise qui secoue l’Église catholique, crise dont certains aspects ont été soulevés par l’ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et tout récemment dans sa prédication du Chemin de Croix pour le Vendredi Saint.

Monseigneur Fellay implore Notre Seigneur Jésus-Christ, Tête du Corps Mystique, afin que la Tradition bimillénaire de l’Église, oubliée et mise à mal au cours des quarante dernières années, retrouve enfin sa place durant ce Pontificat, et que la Sainte Messe traditionnelle soit rétablie sans restrictions dans tous ses droits.

Le Supérieur général assure enfin le Successeur de Pierre, Benoît XVI, de ses prières et de celles de toute la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X dans la tâche considérable qui l’attend pour la restauration de toutes choses dans le Christ.

+ Bernard Fellay

Supérieur Général

 

c- L’accueil de l’Allemagne, « fière de son élu » 

 

L'élection du cardinal originaire de Bavière suscite un vif émoi.

Par Odile BENYAHIA-KOUIDER
mercredi 20 avril 2005



Ratisbonne (Bavière) envoyée spéciale


 « Hier soir, bravant une pluie glacée, les habitants de Ratisbonne, la ville où le nouveau pape possède une maison et où vit son frère, se sont spontanément réunis sur la place de la cathédrale. Dès que la nouvelle est arrivée, les cloches se sont mises à sonner à tout rompre. Présentant un journal télévisé «spécial pape», Ulrich Wickert, le PPDA allemand, avait les larmes aux yeux, et butait sur chacun de ses mots. La classe politique allemande a été elle aussi très émue. «C'est un très grand honneur pour l'Allemagne», a estimé le chancelier Gerhard Schröder, qualifiant Benoît XVI de «digne successeur de Jean Paul II». «C'est un moment historique», a renchéri Angela Merkel, présidente de la CDU (Parti chrétien-démocrate). «Une nouvelle réjouissante pour l'Allemagne», a reconnu Joschka Fischer, ministre vert des Affaires étrangères, en espérant que la coopération avec le Saint-Siège sera aussi bonne qu'avec son prédécesseur ».

d-Le président français Jacques Chirac a adressé ses vœux au nouveau pape et assuré que « la France, fidèle à son histoire (...) poursuivra le dialogue confiant qu'elle a toujours entretenu avec le Saint-Siège, en particulier dans les combats communs au service de la paix, de la justice, de la solidarité et de la dignité de l'homme »

 e- Frère Roger, de Taizé, a déclaré :

 

« Les premières paroles de Benoît XVI ont été pour « le grand pape Jean-Paul II », lui qui a soulevé une telle espérance dans la famille humaine. A Taizé, nous prions pour que le nouveau pape poursuive l’exceptionnel ministère de paix et de communion de Jean-Paul II. Nous attendons en particulier que les nouvelles générations soient soutenues pour vivre de l’Évangile aujourd’hui ».

e- L'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois,

 

s'est déclaré « très heureux » de l'élection de Joseph Ratzinger qui a « des qualités éminentes qui vont se développer dans sa nouvelle mission pontificale ».

Mgr Vingt-Trois s'est également déclaré « très heureux de la rapidité avec laquelle le conclave a abouti » pour élire le nouveau pape Benoît XVI, montrant que la « cohésion avait été rapide à se faire » sur un nom.


 

 

C- l’élu du Conclave. Sa biographie. Son blason.

 

Présentation de Benoit XVI par lui-même, tirée de son livre autobiographique « La mea vita » publié chez Fayard en 1997.

 

a- petite biographie tiré de son  livre « La mia Vita ».

Joseph Ratzinger est né le 16 avril 1927 à Marktl am Inn, dans le diocèse de Passau, dans la très catholique Bavière. Son père était commissaire de gendarmerie.

Il a fait ses études de théologie et de philosophie à l'université de Munich, au lendemain de la seconde guerre mondiale, de 1946 à 1951, et à l'école supérieure de philosophie et de théologie de Freising.

Il a été ordonné prêtre le jour de la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul, les deux saints patrons de Rome, le 29 juin 1951. Ce brillant théologien était voué à l’enseignement.

En même temps il continue ses études et défend sa thèse de doctorat, en 1953, sur le thème « Peuple et maison de Dieu dans la doctrine de l'Église de saint Augustin ».

Il obtient quatre ans plus tard sa « maîtrise » d’enseignement grâce à une recherche sur la théologie de l'histoire chez le docteur franciscain saint Bonaventure.

Il enseigne dès lors en Rhénanie, à Bonn (1959-69), puis en Westphalie, à Münster (1963-66) et dans la prestigieuse université de Tübingen (1966-69), jusqu’à ce qu’il soit nommé professeur ordinaire de dogmatique et d'histoire des dogmes à l'université de Ratisbonne et vice-président de cette université. Mais dès 1962, il intervient au concile Vatican II en tant qu’expert de l'archevêque de Cologne, le cardinal Joseph Frings.

C’est le pape Paul VI qui l’a nommé archevêque de Munich et Freising en 1977 et l’a « créé » cardinal. Il devint membre du conseil de la deuxième section de la secrétairerie d'Etat, de cinq congrégations (Eglises orientales, culte divin, évêques, évangélisation des peuples, éducation catholique), des conseils pontificaux pour la promotion de l'unité des chrétiens et de la culture et des commissions pontificales pour l'Amérique latine et « Ecclesia Dei ». Sa relation profonde avec Karol Wojtyla date surtout des conclaves de 1978.

Depuis 1981, le cardinal Ratzinger était le préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi. Il devint également en tant que tel président de la commission biblique pontificale et de la commission théologique pontificale internationale. Il a présidé la commission pour la préparation du catéchisme de l'Église catholique (1986-1992).

Le 30 novembre 2002 il a été élu doyen du sacré collège des cardinaux: il succédait au cardinal Bernardin Gantin, rentré au Bénin. Le doyen est chargé, comme prévu par la constitution apostolique de Jean-Paul II, d'assurer le gouvernement de l'Eglise catholique pour les affaires courantes pendant la vacance du siège apostolique et de présider l'assemblée des cardinaux.

 

b- le nom de « Benoit »

Il a  choisi le nom de Benoît XVI : il place ainsi son pontificat sous la protection de Saint Benoît, père du monachisme occidental et patron de l’Europe.

        c- son blason épiscopal, sa devise, et ses symboles.

 

 Il écrit: « Ce que je vis aujourd’hui a commencé le jour de mon ordination épiscopale. Car le temps présent n’est pas une date précise, il est l’Aujourd’hui d’une vie. Et cet Aujourd’hui peut être plus ou moins long. Pour moi, ce qui a commencé avec l’imposition des mains à mon ordination épiscopale à la cathédrale de Munich demeure toujours l’aujourd’hui de ma vie. C’est pourquoi je ne peux écrire mes mémoires à ce sujet, je ne peux qu’essayer de bien remplir ce présent » .(p. 140, éditions Fayard)

Il ajoute à propos de sa devise épiscopale: « J’ai choisi pour devise épiscopale la parole extraite de la troisième lettre de saint Jean: « Coopérateurs de la vérité », premièrement parce que cela me paraissait faire le lien entre ma tâche précédente et ma nouvelle mission. Toute proportion gardée, il s’agit bien toujours de la même chose: rechercher la Vérité, se mettre à son service. Et, deuxièmement, parce que dans le monde actuel, la question de la Vérité a presque disparu, qu’elle paraît dépasser l’homme, et que sans elle tout disparaît, cette devise me sembla moderne dans le bon sens du terme. Sur les armoiries des évêques de Freising figure depuis environ mille ans le Maure couronné: on ne sait pas bien ce qu’il signifie. Pour moi, il exprime l’universalité de l’Eglise, sans acception de personne, ni de race ni de classe, car nous sommes tous « un » dans le Christ (Galates 3, 28) ». (p. 141)


Il ajoute l’explication de deux autres symboles. « J’ai choisi pour moi deux autres symboles: en premier lieu la coquille, d’abord signe de notre pèlerinage, de notre marche: « Nous n’avons pas de cité permanente sur le terre ». Mais elle me rappelait aussi une légende selon laquelle saint Augustin, méditant sur le mystère de la Sainte Trinité, vit un enfant sur la plage jouer avec un coquillage, à l’aide duquel il essayait de puiser l’eau de la mer dans un trou. Et cette parole lui aurait été donnée : il est plus difficile à ton intelligence d’appréhender le mystère divin que de transvaser la mer entière dans un petit trou. Ainsi la coquille me rappelle mon grand maître saint Augustin, mes travaux de théologie et la grandeur du mystère qui dépasse toute science ». (pp. 141-142)

A propos de l’ours, Joseph Ratzinger raconte la légende de saint Corbinien de Freising. Un ours dévora le cheval du saint évêque en route pour Rome. L’ours dut porter le chargement du cheval. Le cardinal rapproche cette légende de l’interprétation que saint Augustin fait d’un verset de psaume : « Il avait choisi la vie de chercheur et avait été destiné par Dieu à être une « bête de somme », un bœuf docile qui tire la charrue de Dieu en ce monde ».

Il explique : « L’ours qui remplaça le cheval – ou plutôt le mulet – de saint Corbinien et fut chargé de son fardeau, qui devint sa bête de somme (contre son gré), n’est-il pas l’image de ce que je dois faire et de ce que je suis ? « Je suis devenu ton mulet chargé de ton joug, et c’est ainsi que je suis tout près de Toi pour toujours ». » (p. 143)


Le cardinal, aujourd’hui pape Benoît XVI conclut : « Quels détails ajouterai-je sur mes années d’épiscopat ? On raconte qu’à son arrivée à Rome Corbinien remit l’ours en liberté. Qu’il soit allé dans les Abruzzes ou retourné dans les Alpes, cela n’intéresse pas la légende. Quant à moi j’ai, entre-temps, fait mes valises pour Rome et depuis longtemps je marche, mes valises à la main, dans les rues de la Ville éternelle. J’ignore quand on me donnera congé, mais je sais que cela vaut pour moi aussi : «Je suis devenu ta bête de somme ; et c’est justement ce que je suis auprès de Toi ». » (p. 144)

 

 

D- Quelques caractéristiques de sa personnalité

Sa douceur.

 

« c’est la « douceur » qui le caractérise le mieux, conviennent tous ceux qui l’ont rencontré.

 

Sa simplicité humble

 

le cardinal Ratzinger se rend souvent au Borgo Pio – petite rue célèbre proche du Vatican, à deux pas de chez lui, sans escorte, sans garde du corps, sans jeune « monsignor » pour porter sa serviette, comme un simple « curé », le béret basque noir enfoncé sur la tête.

Il se laisse aborder par qui s’approche, comme cette passante âgée, heureuse d’échanger deux mots avec « Son Eminence », et avec laquelle il soutient une conversation affable de plusieurs minutes.

Il s’arrête volontiers à bavarder avec le doyen de la salle de presse du Saint-Siège, Archangelo Paglialunga, répondant tranquillement à quelque demande que ce soit.

« On peut se promener et l’accompagner jusqu’à chez lui », confiait Giuseppe de Carli, vaticaniste de la Rai qui l’a interviewé.

 

E- Le Cardinal Ratzinger et la liturgie

 

Avec le cardinal Stickler, le cardinal Ratzinger est certainement le cardinal qui a parlé le plus souvent de la liturgie. Ils  sont nombreux ses livres où il parle de la liturgie, de la réforme liturgique. On se souviendra qu’il a reçu, le 24 octobre 1998, à Rome les prêtres et fidèles des communautés « Ecclesia Dei Adflicta ». J’avais fait, avec eux , le voyage à Rome. Les propos prononcés par le Cardinal Ratzinger avaient été très importants et révélateurs d’une résolution. J’en ai fait un large commentaire. Il constitue le chapitre 3 de la Troisième partie de mon livre « en gestation ».

 

Vous pouvez en lire le texte en cliquant ici

III partie 

 

Chapitre III :Libres réflexions sur un voyage à Rome

 

Les paroles que le cardinal Ratzinger adressa à Rome, le 24 octobre 1998, aux fidèles et

Prêtres des communautés religieuses relevant du Motu Proprio «  Ecclesia Dei Adflicta » ainsi  que celles tenues par le Souverain Pontife lui-même le 26 octobre, relancent le débat sur la messe catholique.

 

Elles doivent être analysées, étudiées de près.

On ne peut pas faire comme si elles n’avaient jamais été prononcées.

 

Elles sont importantes.

Changent-elles la situation concrète ?

 

Je n’en suis pas sur.

 

Elles manifestent, toutefois, des tensions et oppositions graves entre les dicastères romains.

 

Elles donnent peut-être, aussi, lieu à quelques espérances.

 

Pour comprendre toute l’importance des paroles du cardinal et du pape, il faut les restituer dans leur contexte historique.

 

Revoyons l’affaire en en survolant l’histoire.

 

Le Consistoire du 24 mai 1976

 

 

Que de chemin parcouru, me semble-t-il – depuis le fameux discours du pape Paul VI au Consistoire du 24 mai 1976. Là, le pape met un point final à la libre célébration de l’ancienne messe ou du moins, le désire et l’exprime clairement : « le Nouvel Ordo – disait-il aux cardinaux – a été promulgué pour prendre la place de l’ancien après une mure délibération et afin d’exécuter les décisions du Concile ».

 

Depuis lors, que de combats menés en faveur de la Messe catholique, traditionnelle, latine et grégorienne.

 

Ils furent menés, tout au début, par des ecclésiastiques. Les plus connus, je l’écris pour les jeunes qui ne savent pas assez les choses, sont le RP Calmel, OP,  Monsieur l’abbé Dulac, Dom Guillou, Monsieur l’abbé Coache,  le père Barbara,  Mgr Lefebvre,  le père André d’Angers,  le père Guérard des Lauriers…mais aussi  par  des laïcs, Monsieur Madiran, Melle Luce Quénette et bien d’autres encore.

 

Tous ont le soutien de revues :

-« Nouvelles de Chrétienté », des moines bénédictins de la Source à Paris en la personne de Dom Guillou, première revue interdite à la lecture des séminaristes français à Rome,

- La « lettre de la Péraudière », de Mademoiselle Luce Quénette

- Le « Combat de la Foi », de l’abbé Coache

- « Introïbo » du RP André

- Mais surtout la revue « Itinéraires » de Jean Madiran.

 

 Une œuvre majeure, éditée par Itinéraires, s’impose immédiatement dans ce combat. C’est le « Bref Examen Critique », ensemble de réflexions doctrinales et pastorales sur la réforme liturgique de la Messe, sur le « Nouvel Ordo Missae » et la Constitution Pontificale le promulguant intitulée  « Missale Romanum » et publiant une introduction « théologique » de la réforme dénommée « Institutio Generalis ».

 

Le « Bref Examen Critique », œuvre collective de théologiens, de pasteurs, fut présenté, tout au début, au pape Paul VI par les cardinaux Ottaviani et Bacci, et concluait  à la non orthodoxie de la réforme liturgique, cette réforme « s’éloignant dans l’ensemble comme dans le détail », de la doctrine catholique sur la messe, solennellement définie, face au protestantisme, par le Concile de Trente.

 

Ces combats se concentrent très vite sur l’œuvre de Mgr Lefebvre, sa fondation, Ecône, la Fraternité Sacerdotale Saint pie X, autour de sa personne.

 

Son refus, connu et rendu publique le 2 juin 1971, déclenche la « guerre », les sanctions.

 

Tout d’abord, la suppression voulue et décidée par Mgr Mamie, évêque de Fribourg, avec l’appui de Rome, du séminaire d’Ecône, de la Fraternité. Puis les peines canoniques – sa « suspens a divinis » en 1976 – l’interdiction d’user de ses pouvoirs épiscopaux.

 

Mgr Lefebvre va très vite se trouver en opposition avec Rome. C’est un « face à face terrible » qu’il n’aurait pas voulu connaître – il me l’a dit – mais qu’il supporte vaillamment.

 

En effet, devant « ce refus des dociles », le pape s’inquiète. Il craint pour sa réforme liturgique, son instauration paisible dans l’Eglise – en France particulièrement.

Jusque là, jusqu’au 24 mai 1976, le Nouvel Ordo Missae de 1969 n’était pas revêtu d’une obligation imposant son usage et excluant le missel ancien.

 

Jusque là, il est vrai, le pape Paul VI laissait dire qu’il avait interdit ou aboli la messe traditionnelle mais il ne le disait pas lui-même. Il laissait dire-  en même temps et en sens contraire – qu’il avait concédé souvent ses autorisations, à contre cœur, « contre son gré », ce sont les paroles mêmes du cardinal Gut.

 

Dans les conversations que Mgr Lefebvre eut avec la Commission « ad hoc » composée de trois cardinaux : Mgrs Garrone, Tabera, Wright – avant le Consistoire du 24 mai 1976 toutes les conversations tournaient autour de sa fameuse déclaration du 21 novembre 1974, ce qui laissait entendre qu’en refusant la Nouvelle Messe, Mgr Lefebvre ne commettait « aucune transgression qui puisse être juridiquement retenue contre lui » (Jean  Madiran). Son refus de la Nouvelle Messe, n’était donc pas, pour eux, objet de sanctions juridiques. La constitution « Missale Romanum », promulguant la Nouvelle Messe, n’aurait donc pas aboli l’Ancienne Messe.  Ce qui est vrai.

 

Les choses changèrent toutefois avec les paroles du Pape Paul VI, le 24 mai 1976.

Il faut les relire

Elles sont capitales, aujourd’hui surtout.

 

Déclarant parler « au nom de la Tradition elle-même », invoquant explicitement « l’autorité suprême qui lui vient du Christ », le Pape réclame clairement que, par obéissance à son autorité suprême, la messe catholique traditionnelle ne soit plus célébrée.

 

« C’est au nom de la Tradition elle-même que nous demandons, dit le Pape, à tous nos fils et à toutes les communautés catholiques, de célébrer avec dignité et ferveur les rites de la liturgie rénovée. L’adoption du Nouvel Ordo Missae n’est certainement pas laissée à la libre décision des prêtres ou des fidèles. L’instruction du 14 juin 1971 a prévu que la célébration de la messe selon le rite ancien serait permise, avec l’autorisation de l’ordinaire (l’évêque résidant) seulement aux prêtres âgés ou malades qui célèbrent sans assistance.

Le Nouvel Ordo Missae a été promulgué pour prendre la place de l’ancien, après mures délibérations et afin d’exécuter les décisions du Concile ».

 

Et le Pape poursuit en comparant son œuvre liturgique – le concile Vatican II et la réforme - avec l’œuvre du Concile de Trente et la publication du Missel Romain – « recognitum » – révisé.

 

Lisez bien

 

« De la même manière (haud dissimuli ratione), notre prédécesseur, Saint Pie V, avait rendu obligatoire le missel révisé sous son autorité après le Concile de Trente, la même prompte soumission, nous l’ordonnons au nom de la même autorité suprême qui nous vient du Christ, à toutes les autre réformes liturgiques, disciplinaires, pastorales mûries ces dernières années, en application des décrets conciliaires ».

 

Le Pape Paul VI invoque donc le précédent de Saint Pie V et il en tire les conclusions :

 

« Parce qu’il a – lui, Paul VI dans la réforme de la messe, procédé de la même manière que Saint Pie V, il peut de la même manière – rendre, à son tour, sa réforme obligatoire ».

 

Tout était dit en ces mots. Et de fait, n’est-il pas écrit : « Qui vous écoute, m’écoute ».

 

L’affaire est entendue. Il n’était plus permis de célébrer l’ancienne messe sans aller formellement contre la volonté du Pape, chose, pour tout catholique, extrêmement grave.

 

Tout était désormais clair.

 

Le « Nouvel Ordo Missae » était « obligatoire ». Il abolissait, du moins dans la pensée du Pape, l’ancien rite. Il fallait obéir.

 

 

Et c’est ainsi que beaucoup d’ecclésiastiques, beaucoup de laïcs, des amis proches de Mg Lefebvre : un Dom Roy, un Marcel Clément et d’autres encore « ravalèrent leur salive » et abandonnèrent les critiques doctrinales faites heureusement par le cardinal Ottaviani. Ils firent, dès lors, comme si le « Bref Examen Critique » n’avait jamais existé. Ils rentrèrent dans le rang. Dom Oury, de Solesmes, essaya de justifier ce revirement. Mais surtout, Rome avait parlé par la bouche du Pape régnant.

 

« Roma locuta est, causa finita est ».

 

La Rome conciliaire, du moins,  eut bien aimé qu’il en en fut ainsi de tous, de Mgr Lefebvre en particulier, afin que la « communion » ecclésiale soit effective, son unité parfaite.

 

Elle le lui avait déjà demandé un mois auparavant par une lettre de Mgr Benelli, substitut de la Secrétairerie d’Etat, le 21 avril 1976. Il lui demandait :

 

Pour prouver cette communion effective avec le Pontife… « Vous écrivez au Saint Père pour lui dire votre acceptation du Concile Vatican II et de tous ses documents, affirmer votre plein attachement à la personne de sa sainteté Paul VI et à la totalité de son enseignement, en vous engageant – c’est cela qui importait - comme preuve concrète de votre soumission au successeur de Pierre, à adopter et à faire adopter dans les maisons qui dépendent de vous (elles étaient censées ne plus exister depuis l’ordre de Mgr Mamie en 1974 !), le missel qu’il a lui-même promulgué en vertu de sa suprême autorité apostolique ».

 

Mgr Lefebvre affirma bien dans sa réponse sa reconnaissance du Souverain Pontife. Il lui écrivit, le 22  juin 1976 :

« Votre sainteté… connaît ma profonde soumission au successeur de Pierre que je  renouvelle dans les mains de Votre Sainteté ».

 

Mais il ne peut accepter d’abandonner la messe catholique de « toujours » au profit du Nouvel Ordo Missae, le Nouvel Ordo s’éloignant trop de la doctrine catholique. L’article 7 de « l’Institutio Generalis » donnant une définition protestante de la messe est, à lui seul, suffisant pour le prouver.

 

L’article 7

 

Si l’on veut bien comprendre l’attitude de Mgr Lefebvre et du courant traditionaliste, il ne faut jamais oublier cet article 7. Il est à lui seul, la preuve qu’un vent « hérétique » et « protestant » soufflait dans les dicastères romains, laissant planer une légitime suspicion sur ces autorités romaines.

 

Cet article 7 était, de fait, dans la bouche et dans les écrits de tous les traditionalistes de l’époque. Grâce à cette pression, cet article fut corrigé mais la réforme liturgique, elle-même, resta inchangée.

 

Et de fait, lorsque le Conseil Permanent de l’Episcopat Français eut à encourager les prêtres à appliquer la réforme liturgique – le 2 décembre 1976 - il les invita à relire « l’Institutio Generalis » dans sa première rédaction, non corrigée, celle du fameux  « article 7 ».

 

Alors si certains amis laissèrent Mgr Lefebvre, Jean Madiran, lui, lui apporta un complet soutien. Il fit une déclaration formidable dans « Itinéraires » qu’il est bon de relire. Il fut suivi par Dom Gérard qui prenait de l’ampleur, toujours à Bédoin.

 

Nous en sommes émus encore en le relisant aujourd’hui.

 

Les ordinations du 29 juin 1976

 

Mgr Lefebvre ne voulut pas, lui aussi, se laisser « étrangler ». Il passa outre. Il s’inspira « in genere » de la sagesse de Pierre et pour l’heure, nous dit qu’il valait mieux « obéir à Dieu qu’aux hommes ». Il s’inspira – in concreto – du droit que lui donnait la Bulle « Quo Primum » et bien plus encore, du droit que lui donnait la coutume – la consuetudo immemoralis – et tout autant la certitude de la vérité qui vous rend  libre.

 

Il fit alors, en toute paix, les ordinations sacerdotales du 29 juin 1976 – ce qu’on voulait lui empêcher de faire – sur la prairie d’Ecône.

 

Ce sera alors, contre Mgr Lefebvre, « le temps des injures et des coups » comme l’écrivait à l’époque Jean Madiran.

 

Ce fut, tout d’abord, la condamnation des jeunes prêtres, « le refus de juridiction à tous les prêtres ordonnés par Mgr Lefebvre ce jour ».

 

Ce fut ensuite l’odieux communiqué de presse de Mgr Mamie dans le discours de Fribourg :

 

« Personne, désormais, ne peut plus suivre, de bonne foi, Mgr Lefebvre ».

 

Ce fut enfin la notification – à Mgr Lefebvre – de la « suspens a divinis », le 22 juillet 1976.

 

 

Après quelques essais timides de réconciliation dans l’été 1976, sa visite, en particulier, à Castel Gondolfo qui ne servit à rien, tomba alors la lettre signée du Pape lui-même, le 11 octobre 1976, qui exigeait, de nouveau, de Mgr Lefebvre :

 

- « une totale docilité au Concile, aux réformes post-conciliaires et aux orientations qui engagent le Pape lui-même »

- « qui rejetait tout jusqu’à l’idée d’une tolérance éventuelle de la messe traditionnelle »

- et « qui lui imposait une capitulation totale ».

 

Le pape Paul VI n’envisageait, de fait, aucune concession, ne fut-elle de pure forme, ni avant, ni pendant, ni après la capitulation demandée.

 

« Nous ne pouvons pas prendre vos requêtes en considération », tranchait le Pape.

 

La « réaction ».

 

Grâce à la force intrépide et calme de Mgr Lefebvre, son œuvre continua.

Les fidèles le soutinrent. La cérémonie de Lille le fit connaître du plus grand nombre…Les médias parlèrent de lui…Il n’a pas perdu pour autant son âme, ni considéré faire chose inutile. Il ne s’est pas, non plus, confiné dans la seule prière. Il appliquait joliment et prudemment la maxime de Sainte Jeanne d’Arc – la mienne aussi, s’il est permis de le confesser – « Bataillons, et Dieu donnera la victoire ».

 

S’il y avait un peu plus de batailles, il y aurait aussi un peu plus de victoires…

 

Ses fondations, alors, se multiplièrent autour de lui, en dehors de lui. Les Dominicaines enseignantes de Brignoles, puis de Fanjeaux développent leurs monastères, leurs écoles. Le Père Eugène de Villeurbanne précise sa fondation. Les écoles de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X se développent dès 1977, au prix de quelques difficultés ! Les missions se développent. Les séminaires grandissent, leur nombre augmente.

 

Pendant ce temps à Rome, la Rome conciliaire multiplie -elle- les actes œcuméniques. Commencés par Paul VI d’abord, au Vatican, avec la visite d’Athënagoras, patriarche schismatique de Constantinople, le 5 janvier 1964, et sa réception solennelle à la Basilique Saint Pierre.  J’y étais.

 

Ils sont menés à un  train d’enfer à Rome et dans les pays lointains.

 

Et c’est la visite du Pape Jean-Paul II au Temple protestant, à Rome, le 11 décembre 1983, puis la visite du Pape à la Synagogue, le 13 avril 1986.

 

C’est enfin la journée « de prières » à Assise, le 27 octobre 1986. Pour Mgr Lefebvre c’est le comble de la trahison, le déshonneur de l’Eglise, l’humiliation de Notre Seigneur en la personne de son Vicaire : le Pape,  au milieu des hauts dignitaires de toutes les religions ! Une initiative antichristique au possible, dans les faits.

 

le « danger du sédévacantisme »

 

Il n’en fallut pas plus  pour ouvrir le champ aux sirènes sédévacantistes. Si le Pape agit ainsi, c’est qu’il n’est pas vraiment pape. Un nombre non négligeable d’ecclésiastiques donnent de la voix : le père Barbara, le RP Guérard des Lauriers. C’est peut-être le plus jeune, le moins expérimenté, qui fait le plus de bruits : le père de Blignières, à l’époque simple abbé. A ses arguments, tous devaient se ranger. Il était péremptoire et parlait avec assurance…

 

Dans l’agitation, et Dieu sait si elle fut grande dans les rangs de la Fraternité Saint Pie X, il était en ce temps-là, sérieusement critiqué par ceux-là même qu’il fréquente assidûment aujourd’hui…

 

Mgr Lefebvre resta serein. Il nous dit sa pensée dans un très beau sermon d’ordination, en  juin 1978.

Il reste toujours très attaché à Rome, à la papauté comme il le sera toujours durant toute sa vie, même lorsqu’il conféra les sacres en 1988 à quatre d’entre nous, leur enjoignant de remettre leur épiscopat dans les mains du Souverain Pontife lorsque les choses s’arrangeront.

 

Malgré des difficultés, nombreuses et variées - c’est la loi - le combat se poursuivit.

 

L’attachement à la Messe tridentine restait le grand facteur d’unité.

 

la lettre « Quattuor abhinc annos »

 

Cette résistance opiniâtre obligea Rome à lâcher du lest en faveur de la Messe tridentine

Disons mieux, à « louvoyer ». Elle appliqua l’axiome « diviser pour régner ».

 

Alors fut publiée la lettre du 3 octobre 1984 appelée « Quattuor abhinc annos ». Constatant que « le problème de l’ancienne messe subsiste toujours » malgré des efforts contraires, Rome accorde un indult en faveur de l’ancien rite.

 

Aux évêques des diocèses, est donnée « la faculté de consentir, par indult, la possibilité de célébrer la messe en utilisant le missel romain dans son édition officielle de 1962 ».

 

Mais pour l’obtenir, les conditions sont draconiennes.

 

Il fallait en faire la demande explicite à l’évêque. Elle ne pouvait être célébrée dans les églises paroissiales à moins que l’évêque ne le permette mais uniquement dans les églises ou oratoires désignés par l’évêque. Et surtout, il fallait, que ceux qui en faisaient la demande « n’aient aucun lien avec ceux qui mettent en doute la légitimité et la rectitude doctrinale du Missel Romain promulgué en 1970 par le Pontife Romain Paul VI ».

 

Jean Madiran fit sur ce document romain, de succulents commentaires dans Itinéraires, n°288 de décembre 1984.

 

Malgré le désir évident de diviser ceux qui en appelaient toujours à une juste application de la Bulle « Quo Primum Tempore », l’unité reste parfaite…

 

Une avancée importante était faite.

 

Le monde entier apprenait que l’ancienne messe n’était plus interdite…du moins totalement, absolument, qu’elle pouvait être dite.

 

Le Motu Proprio : « Ecclesia Dei Adflicta ».

 

L’âge venant et le mouvement œcuménique allant toujours de l’avant, la réunion d’Assise ayant eu lieu, le confirmant, Mgr Lefebvre décida de consacrer des évêques pour assurer, dans une juste liberté, la pérennité de la Tradition catholique.

 

Malgré quelques tentatives du cardinal Ratzinger pour empêcher cela ou mieux, pour le contrôler,  Mgr Lefebvre passa aux actes, le 30 juin 1988, à Ecône.

 

Alors tout soudainement, sous le choc, pour essayer d’arracher le plus grand nombre de fidèles à Mgr Lefebvre, pour ceux qui désiraient vivre de la Messe catholique, Rome ouvre encore davantage les « tenailles », le champ en faveur de l’ « ancienne » Messe.

 

Et c’est la publication du Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta ».

 

Là, dans ce document, Rome essaye de justifier l’excommunication de Mgr Lefebvre. On lui reproche de « scléroser » la Tradition : « Elle est vivante », nous dit-on. On exhorte les fidèles à ne pas suivre Mgr Lefebvre. Et pour régler tous les problèmes concrets inhérents à cette situation nouvelle, on crée une commission « ad hoc » qui s’appellera : « Commission Ecclesia Dei Adflicta ». Elle sera présidée d’abord par le cardinal Meyer et aura pour secrétaire Mgr Perl. Elle aura pour mission :

 

« …de collaborer avec les évêques, les dicastères de la Curie Romaine et les milieux intéressés dans le but de faciliter la pleine communion ecclésiale des prêtres, des séminaristes, des communautés religieuses et des individus, religieux ou religieuses ayant eu, jusqu'à présent, des liens avec la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre et qui désireraient rester unis au successeur de Pierre dans l’Eglise Catholique en conservant leur tradition spirituelle et liturgique ».

 

Rome facilite alors les créations de communautés nouvelles.  La Fraternité « Saint Pierre » voit le jour.  La communauté du Père de Blignières.  C’est l’érection du Barroux en abbaye, du prieur en Père Abbé…

 

Et c’est aussi et surtout la concession, à tous, de la liturgie « ancestrale ». Les monastères de Fontgonbaullt, de Randol, très audacieusement et avec un courage fou, s’engouffrent dans le mouvement, ils reprennent la Messe « tridentine »…Qui pourrait le leur reprocher… Ca manque d’élégance et de conviction…C’est tout !

 

Mais peu importe…La messe regagnait du terrain…C’était l’essentiel.

 

Et de fait Rome demandait aux évêques qu’ils veuillent bien « respecter le désir spirituel de tous ceux qui se sentent liés à la Tradition liturgique latine ».

 

 Il leur est demandé de faire « une application large et généreuse des directives données en leur temps par le siège apostolique pour l’usage du Missel Romain selon l’édition typique de 1962 ».

 

Et en note, on rappelait la lettre « Quattuor abhinc annos», du 3 octobre 1984 où, il vous en souvient, était demandé que soit bien établi « sans ambiguïté et même publiquement que le prêtre et les fidèles en question (n’aient ) aucun lien avec ceux qui mettent en doute la légitimité et la rectitude doctrinale du Missel Romain promulgué en 1970 par le Pontife romain Paul VI.

 

C’est ainsi que les choses se passèrent- se sont passées et pas autrement. Les textes sont incontournables.

 

Constatons que Rome s’ouvre de nouveau à la liturgie « ancienne », non point par conviction doctrinale  - elle refuse toujours officiellement à prendre en compte les critiques doctrinales que depuis le début  nous adressons à la réforme liturgique issue du Concile Vatican II, c’est ce qu’il faut bien retenir – mais par la nécessité de réduire ou le désir de réduire la « casse » et d’arracher le plus grand nombre possible de fidèles à Mgr Lefebvre. On «  tolère » ce que l’on ne peut supprimer.

 

Mais peu importe – j’allais dire – la Messe « ancienne » regagnait du terrain dans l’Eglise.

C’était l’essentiel.

Même si les choses se font dans une « mauvaise atmosphère », au milieu d’une condamnation grave, contradictoire à toute une pratique œcuménique, d’une manière équivoque, la messe tridentine n’est plus formellement interdite.

 

Vous vous souvenez bien des paroles du Pape Paul VI lors du Consistoire du 24 mai 1976…

La messe retrouvée « place » grâce à son propre dynamisme.

Et l’Esprit Saint doit bien veiller sur la Sainte Eglise

Il veut la restauration de ce trésor de l’Eglise. Et malgré les obstacles que les hommes peuvent susciter, l’Esprit Saint insuffle son souffle à l’Eglise qui est une, sainte et apostolique…Elle ne peut se couper de la Tradition Apostolique …qui a été reçue par les apôtres bien avant même saint Hippolyte…De plus, L’Eglise « conciliaire » reste  sur le choc des sacres.

 

Ce choc semble faire réfléchir les hommes d’Eglise.

 

les propos nouveaux tenus par le Cardinal Ratzinger au Chili.

 

Non seulement la messe regagne du terrain à partir des sacres grâce à l’énergique clairvoyance de Mgr Lefebvre mais les critiques doctrinales qui, en leur temps, avec le « Bref  Examen Critique » étaient  présentées au souverain pontife Paul VI, commencent à être prises en compte.

 

C’est ainsi que l’on peut dire que :

Le Motu Proprio est le point final d’une période d’application obstinée de la réforme liturgique.

Les sacres, le point de départ d’une nouvelle réflexion liturgique.

 

C’est ainsi, que cela plaise ou non.

 

Il faut le prendre en compte dans notre plaidoyer pour Mgr Lefebvre.

Et nous, du coté de la Fraternité, nous ouvrir à la réalité et ne pas faire du « lefebvrisme », et bien analyser les choses.

 Plédoyer

L’Eglise « conciliaire » – de fait – se trouve devant un vrai problème, le problème de la messe et l’amour persistant des nouvelles générations pour cette messe « ancienne ».

La nostalgie des anciens n’explique rien, n’est pas le problème.

 

Le cardinal Ratzinger le dit, le confesse même publiquement au Chili devant les évêques, le 13 juillet 1988…quelques jours après les sacres. Il faut le noter.

 

« Le problème posé par Mgr Lefebvre ne prend pas fin avec la rupture du 30juin. Il serait trop facile de se laisser envahir par une espèce de triomphalisme et de penser que le problème a cessé d’en être un à partir du moment où Mgr Lefebvre s’est nettement séparé de l’Eglise.

Un chrétien ne peut ni ne doit jamais se réjouir d’une désunion. Même s’il ne fait aucun doute que l’on peut attribuer la faute au Saint Siège, il nous faut  nous interroger sur les erreurs que nous avons commises et que nous commettons : les critères en fonction desquels nous jugeons le passé sur la base du décret sur l’œcuménisme de Vatican II, doivent, comme c’est logique, être aussi appliqués au présent… »

 

Il poursuit… C’est très important,

 

Lisez  bien :

 

« Un fait doit nous faire réfléchir : à savoir que bon nombre de gens, hors du cercle restreint des membres de la FSPX de Mgr Lefebvre, voient en lui une sorte de guide ou tout au moins, un allié utile. Il ne suffit pas d’évoquer les mobiles politiques, la nostalgie ou d’autres raisons culturelles secondaires, ces raisons ne suffisent pas à expliquer la faveur rencontrée même et spécialement auprès des jeunes, dans des pays très divers et placés dans des conditions politiques et culturelles complètement différentes. Certes, une vision étroite, unilatérale, ressort

avec évidence. Mais indubitablement, on ne pourrait imaginer un  phénomène de cette ampleur s’il ne mettait pas en jeu des éléments positifs qui, en général, ne trouvent pas un espace vital suffisant au sein de l’Eglise aujourd’hui ».

 

Le langage est nouveau.

La problématique aussi.

 

C’est le début d’une nouvelle réflexion.

 

Et de fait, on voit apparaître sous la plume, dans la bouche des autorités romaines, les premières critiques, du jamais vu depuis le discours consistorial de 1976.

 

Le cardinal Stckler. La « Commission des 9 cardinaux »

 

Le cardinal Stickler ne craint pas de célébrer publiquement, à Lourdes, lors des Congrès du Cercle Montauriol, la messe « ancienne ». Il se permet de faire l’apologie de la messe tridentine aux USA, au centre « Latin Mass Society ».

 

A cette occasion, il affirme, dans une interview, qu’une commission de 9 cardinaux, en 1985, a reconnu que la Messe Tridentine n’a jamais été abolie par le Concile Vatican II…et qu’un évêque, de sa propre autorité, ne peut interdire sa célébration.

Vous voyez l’injustice de Mgr Pican nous fermant les portes de la Basilique de Lisieux parce que nous voulons dire la Messe de saint Pie V.

 

Le livre de Mgr Gamber

 

On voit, en même temps, le cardinal Ratzinger commencer à dénoncer la réforme liturgique non pas seulement les abus et extravagances mais la réforme elle-même, le texte lui-même, l’œuvres des « experts liturgistes ».

 

Il préface le livre de Mgr Gamber : « La Réforme Liturgique en question », qui est une critique très sévère sur le Nouvel Ordo Missae et qui parle de « rupture avec la Tradition ». Nous en avons parlé dans le bulletin d’octobre : « plaidoyer pour Mgr lefebvre ». Il créé la revue « Communio », donne la parole, entre autres, au cardinal Danéels qui n’est pas, lui aussi, tendre pour cette réforme liturgique et son application. Nous avons analysé son article dans notre  revue.

 

Le « sel de la Terre »

 

Il publie un petit ouvrage intitulé « Le Sel de la Terre », en 1997. Là il affirme l’incohérence de refuser ce que l’Eglise a toujours permis.

 

Lisez bien :

 

« Je suis certes d’avis que l’on devrait accorder beaucoup plus généreusement, à tous ceux qui le souhaitent, le droit de conserver l’ancien rite. On ne voit d’ailleurs pas ce que cela aurait de dangereux ou d’inacceptable. »

 

Il devient terrible :

 

« une communauté qui déclare soudain strictement interdit ce qui était jusqu’alors pour elle tout ce qu’il y a de plus sacré et de plus haut, et à qui l’on présente comme inconvenant le regret qu’elle en a, se met elle-même en question. Comment la croirait-on encore ? Ne va-t-elle pas interdire demain ce qu’elle prescrit  aujourd’hui ? »

 

Quel est le traditionaliste qui n’affirmerait pas la même chose ?

 

Nous ne cessons de le répéter depuis trente ans. Le cardinal Ottaviani le demandait au Souverain Pontife de l’époque :

 

« C’est pourquoi nous supplions votre Sainteté de ne pas vouloir que nous soit enlevée la possibilité de continuer à recourir à l’intègre et fécond missel romain de saint Pie V si hautement loué par votre Sainteté et si profondément vénéré et aimé du monde catholique tout entier. » (lettre à Paul VI)

 

 

 « Ma vie. Mes souvenirs »

 

Enfin le cardinal Ratzinger dans son dernier livre, traduit tout récemment en français : « Ma vie, mes souvenirs », s’étonne que le Missel ancien ait pu être interdit dans l’Eglise de Dieu.

Il constate tout d’abord cet interdit :

 

« Le deuxième grand évènement au début de mes années à Ratisbonne, fut la publication du Missel de Paul VI, assortie de l’interdiction quasi-totale du missel traditionnel après une phase de transition de six mois seulement ».

 

Il manifeste tout de suite son étonnement :

 

« J’étais consterné de l’interdiction de l’ancien missel ».

 

Il donne le motif de sa consternation car « cela ne s’était jamais vu dans toute l’église de la liturgie ».

 

Il critique la raison qui fut invoquée à l’époque pour justifier cette interdiction :

 

« On fit croire que c’était tout à fait normal, le missel précédent avait été conçu par Pie V en 1570, à la suite du Concile de Trente. Il était donc normal qu’après 400 ans et un nouveau Concile, un nouveau Pape présente un nouveau missel ».

 

Mais qui ne voit que ce fut l’argument utilisé par le pape Paul VI au Consistoire du 24 mai 1976.

 

Notons bien au passage comme je l’ai montré plus haut que c’est sur cet argument, sur ce principe que Mgr Lefebvre fut déclaré désobéissant et qu’il fut condamné, par le pape, et subit sa peine canonique. C’est un comble !

 

Or le cardinal explique que cet argument est faux : « La vérité historique est tout autre ».

 

Nous, nous l’avons toujours dit. Monsieur l’abbé Dulac en fait une démonstration parfaitement claire dans le « Courrier de Rome » et la revue « Itinéraires ».

 

Presque trente ans  plus tard, le cardinal Ratzinger le démontre lui aussi très exactement :

 

« Pie V s’était contenté de revoir le Missel Romain en usage à l’époque comme cela se fait normalement dans une histoire qui évolue. Ainsi, nombreux furent ses successeurs à réviser ce missel, sans opposer un missel à un autre. Il s’agissait d’un processus continu de croissance et d’épurement, sans rupture…Pie V n’a jamais crée de missel. Il n’a fait que réviser le missel, phase d’une longue évolution…

Le décret d’interdiction de ce missel (il pourrait ajouter : la pensée de Paul VI au Consistoire de 1976) a opéré une rupture dans l’histoire liturgique dont les conséquences ne pouvaient qu’être tragiques ».

 

Mais c’est précisément ce que craignait tout « le courant » traditionaliste de l’époque, ce que craignait le cardinal Ottaviani, ce que craignait Mgr Lefebvre.

 

Il a fallu attendre les « sacres », il a fallu attendre presque trente ans pour qu’une autorité et quelle autorité : rien moins que le préfet de la Congrégation de la Foi – reconnaisse le danger…

 

Et c’est parce que Mgr Lefebvre a vu ce danger qu’il déclara avec le cardinal Ottaviani, « caveamus », « non possumus ». .

Ce que Mgr Marcel Lefebvre disait hier,

le cardinal Ratzinger le dit aujourd’hui.

 

On s’en réjouit sincèrement.

 

Mais il est tout également juste de demander à Rome, à la même autorité qu’elle veuille bien revoir le « procès » de Mgr Lefebvre et lui rendre justice…

 

Le cardinal précise encore sa pensée :

 

« On démolit le vieil édifice pour en construire un autre…et de l’avoir opposé en tant que construction nouvelle à l’histoire telle qu’elle s’était développée, d’avoir interdit cette dernière, faisant ainsi passer la liturgie non plus comme un organisme vivant mais comme le produit de travaux d’érudits : voilà ce qui nous a porté un énorme préjudice ».

 

C’est très vrai.

Nous ne pouvons qu’applaudir.

Voilà ce que nous expliquait Mgr Lefebvre.  Voilà ce qu’il défendait pour justifier son « non possumus ». Il était cohérent.

 

« Voilà ce que nous a  porté un énorme préjudice. » A l’Eglise d’abord, certes, aux fidèles ensuite. Mais aussi à Mgr Lefebvre, à ses prêtres, à son œuvre…Ce qu’il disait à l’époque et qui fut la raison de sa condamnation actuelle, est dit aujourd’hui par le cardinal Ratzinger.

Le cardinal Ratzinger a certainement raison de dire cela aujourd’hui, mieux vaut tard que jamais.

Alors Mgr Lefebvre avait également tout à fait raison de le dire à son époque…

 

Mais pourquoi a-t-il été condamné ?

 

Nous ajoutons cette réflexion à notre plaidoyer pour Mgr Lefebvre déposé, le 24 octobre 1998, dans les mains du cardinal.

 

Le cardinal reprend enfin la forte idée que nous avons trouvée dans le livre de Mgr Gamber :

 

« On eut alors l’impression que la liturgie était « fabriquée », sans rien de pré-établi, et dépendant de notre décision…il est donc logique que…chaque communauté finisse par se donner à elle-même, sa propre liturgie ».

 

Il conclut alors :

 

« Je suis convaincu que la crise de l’Eglise que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie ».

 

C’est nous donner raison.

Il faut alors que justice soit faite !

 

Mais peu importe cela. Car plus encore, il faut se réjouir – pour l’Eglise – que ces paroles aient été dites, enfin.

Que de chemin parcouru depuis le 24 mai 1976.

 

 

Le 24 octobre 1998                                                        

 

Et le Cardinal reprenait ces  même idées  - il y a tout de même une constance pour un esprit que d’aucuns disent hégélien - dans le commentaire qu’il fit le 24 octobre 1998 à Rome, devant les communautés « Ecclesia Dei(adflicta).

 

Là, il s’appuya sur l’autorité du cardinal Newman.

 

« Il est bon de rappeler ici ce qu’a constaté le cardinal Newman qui disait que l’Eglise, dans son histoire, n’avait jamais aboli ou défendu des formes liturgiques orthodoxes, ce qui serait tout à fait étranger à l’esprit de l’Eglise ».

 

Mais qu’a donc fait Paul VI, Eminence ?

 

Il poursuit :

 

« Une liturgie orthodoxe, c'est-à-dire qui exprime la vraie foi, n’est jamais une compilation faite selon des critères pragmatiques de diverses cérémonies…les formes orthodoxes d’un rite sont des réalités vivantes, nées du dialogue d’amour entre l’Eglise et son Seigneur, sont des expressions de la vie de l’Eglise où se sont condensées la foi, la prière et la vie même de générations…L’autorité de l’Eglise peut définir et limiter l’usage des rites dans des situations historiques diverses, mais jamais elle ne les défend purement et simplement ».

 

Ainsi parla le Cardinal à Rome le 24 octobre 1998.

 

Il me semble que l’on peut s’en réjouir. Mgr Lefebvre ne disait rien d’autre.

 

 

Le 26 octobre 1998                                                  

 

Arrive enfin le 26 octobre 1998.

Les « tradi » étaient reçus par le Souverain Pontife en audience publique.

Il les reçut chaleureusement.

Il fut applaudi chaleureusement.

 

Le silence se fait.  J’ai eu la cassette.

Le Pape lit son discours. Il commence en italien par saluer les délégations venues pour les béatifications qu’il fit la veille.

« Carissimi e sorelle,

Hieri abbiamo celebrato la solenne beatificazione de zefirino Agostini, antoniode sant Anna Colvao, Faustino Miguez e Theodore Guerin. Tre sacerdoti ed unaoprgine… »

Pour la délégation venue pour la  béatification de Mère Théodore Guerin, il s’adresse en anglais et un petit moment, en français.

 

Il salue les pèlerins de la Fraternité St Pierre venus à Rome pour célébrer le dixième anniversaire du Motu Proprio « Ecclesia Dei ».

 

« Je vous salue cordialement, chers pèlerins, qui avez tenu à venir à Rome à l’occasion du 10ème anniversaire du Motu Proprio « Ecclesia Dei » pour affermir et renouveler votre foi au Christ et votre fidélité à l’Eglise. Chers amis, votre présence auprès du successeur de Pierre à qui revient, en premier, de veiller à l’unité de l’Eglise, est particulièrement significative ».

 

Il affirme que l’Eglise veut donner « un signe de compréhension aux personnes attachées à certaines formes liturgiques et disciplinaires antérieures ».

 

Il cite de nouveau le Motu Proprio.

 

En conséquence, il invite fraternellement les évêques – c’est la fin du discours - « à avoir une compréhension et une attention pastorale renouvelée aux fidèles attachés à l’ancien rite ».

 

Tout cela est très bien sur le plan pratique mais les considérations doctrinales, invoquées nous ramène à la pensée » de 1976, du Pape Paul VI.

 

Il affirme de nouveau et confirme même le « bien fondé de la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II et mise en œuvre par le Pape Paul VI ».

Que valent alors les critiques de Mgr Gamber dans son livre préfacé par le cardinal Ratzinger ?

 

 La Sécrétairerie d’Etat me semble vouloir donner, de nouveau, un frein à la pensée du cardinal Ratzinger.

 

Le Pape affirme également que « les derniers Conciles œcuméniques, Trente, Vatican I, Vatican II se sont particulièrement attachés à éclairer le mystère de la foi et ont entrepris des réformes nécessaires pour le bien de l’Eglise, dans le souci de la continuité avec la Tradition apostolique déjà recueillie par Saint Hippolyte ».

 

Autrement dit, ce qu’a fait le Concile de Tente fut fait par le Concile  Vatican II. La réforme liturgique, voulue par Vatican II, nécessaire au temps présent, s’est accompli dans le souci de la continuité avec la Tradition, comme le fit le Concile de Trente en son temps.

 

Les critiques de cette réforme ne sont donc pas permises. Tout est idoine.

 

Il en profite même pour justifier le canon 2 universellement utilisé par les prêtres dans la liturgie réformée qui est ou serait celui de saint Hippolyte. Comment le contester puisque lui aussi, en son temps, a recueilli la Tradition apostolique.

La boucle est bouclée.

 

C’est le retour à la case départ du 24 mai 1976.

 Avec toute cette différence, d’une importance capitale, Ô combien ! Jean-Paul II n’en tire plus l’interdiction de l’ancien rite,  ce que faisait son prédécesseur. Il y a là plus qu’une nuance, une nouveauté qui laisse une espérance.

 

Le travail fait par les sacres et depuis les sacres est sous ce rapport considérable. Il ne faut pas craindre de le dire.

 

 

L’abbé Aulagnier, remettant au Cardinal Ratzinger le 24 octobre 1998 un pli contenant le plaidoyer pour Mgr Lefebvre

 

 

F- Jugements

a- le défi de l'unité de l'Eglise

 

Benoît XVI

Le pape Benoît XVI devant le défi de l'unité de l'Eglise
Thierry Boutet

« ….L'élection de Benoît XVI intervient sur une Église plus divisée qu'on ne croit, et parfois sur l'essentiel. La personnalité de Jean Paul II masquait pour partie cette situation. Mais malgré les critiques dont il fut l'objet, il était devenu quasi intouchable.

Le prochain pontife est armé pour faire face à cette situation. Jean Paul II était parvenu à se rallier les jeunes et les forces vives du laïcat. À l'agonie, ne disait-il pas encore : "Je vous ai cherchés, vous êtes venus, je vous remercie." Il avait conquis la sympathie des médias. Mais il a peiné à modifier en profondeur l'attitude du clergé et de nombreuses universités catholiques.

La rapide élection de Benoît XVI a manifesté l'unité spirituelle du collège des cardinaux. Mais en bien des lieux, comme en France, l'Église-institution a encore besoin de se renouveler en profondeur. Prions pour celui que les cardinaux “ont envoyé à la vigne du Seigneur”.

[19 avril, 20h00]

 

b- lourde succession

 

tiré du  Bulletin d'André Noël

Le Bulletin d’André Noël Synthèse Hebdomadaire

N° 1951 4

 

 

 

LA TACHE IMMENSE DU PROCHAIN PAPE

 

 

« ….Ce sera une rude tâche pour le nouveau pape », ….Un des problème a affronté   « est la crise des vocations en Europe, qui risque de faire de ce continent un désert sacerdotal dans les prochaines décennies, au moment où renaît avec virulence l’antichristianisme. Il ne peut y avoir de vocations sacerdotales ou religieuses que là où s’épanouissent des familles chrétiennes : c’est en leur sein que naissent les vocations. Or désormais, en France, la moitié des enfants ne sont plus baptisés. Naguère le scoutisme, les mouvements mariaux étaient aussi un vivier pour les vocations ; or aujourd-

’hui, le scoutisme est exsangue et certains mouvements de jeunes catholiques sont largement déchristianisés. C’est pourquoi, la plupart des vocations proviennent maintenant des nouveaux mouvements religieux, notamment charismatiques. Certes, il faut s’en réjouir mais cela ne saurait suffire. Il convient aussi de nourrir ces vocations naissantes d’une solide catéchèse : on ne consacre pas sa vie à un christianisme réduit à des bluettes sentimentales à l’enseigne de la « solidarité », ni à un Jésus devenu un « copain ». Le prochain pape a donc devant lui

une tâche gigantesque : reconstruire une chrétienté. Le règne de Jean-Paul II a permis de donner, à l’extérieur, une image forte de l’Eglise, à travers la personnalité d’un homme exceptionnel. Il est à craindre qu’il n’ait masqué, à l’intérieur, son profond délabrement, ou pour parler comme Paul VI, son « autodestruction ».

 

 

 

G- Les premiers documents du nouveau pape : Benoît XVI

 

 

a- l'homélie du cardinal Ratzinger prononcée la veille du conclave

 

b- l’homélie du  Saint Père le Pape Benoît XVI, le matin du 20 avril

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a- Nous publions l'homélie du cardinal Ratzinger prononcée la veille du conclave


 C’est un très intéressant document qui prend aujourd’hui toute sa valeur.

"En cette heure de grande responsabilité, nous écoutons avec une attention particulière ce que le Seigneur nous dit avec ses propres mots. Des trois lectures, je voudrais choisir seulement quelques passages, qui nous concernent directement dans un moment comme celui-ci.

La première lecture nous propose un portrait prophétique de la figure du Messie – un portrait qui trouve toute sa signification à partir du moment où Jésus lit ce texte dans la synagogue de Nazareth, lorsqu'il dit : " Aujourd'hui s'accomplit ce passage de l'Ecriture " (Lc 4, 21). Au centre du texte prophétique, nous trouvons une parole qui – au moins à première vue – apparaît contradictoire. Le Messie, parlant de lui, dit être envoyé " annoncer une année de grâce de la part du Seigneur, un jour de vengeance pour notre Dieu " (Is 61, 2). Ecoutons, avec joie, l'annonce de l'année de miséricorde : la miséricorde divine place une limite au mal, nous a dit le Saint-Père. Jésus-Christ est la miséricorde divine en personne : rencontrer le Christ signifie rencontrer la miséricorde de Dieu. Le mandat du Christ est devenu le nôtre à travers l'onction sacerdotale ; nous sommes appelés à proclamer, pas seulement par des paroles mais par notre vie, et avec les signes efficaces des sacrements, " l'année de miséricorde du Seigneur ". Mais que veut dire Isaïe lorsqu'il annonce le " un jour de vengeance pour notre Dieu " ? Jésus, à Nazareth, dans sa lecture du texte prophétique, n'a pas prononcé ces mots, il a conclu en annonçant l'année de la miséricorde. Est-ce la raison du scandale qu'a produit ensuite sa prédication ? Nous ne le savons pas. En tout cas, le Seigneur a offert son commentaire authentique de ces paroles par sa mort en croix. " Il a porté nos péchés dans son corps sur le bois de la croix ", dit saint Pierre (1 P 2, 24). Et saint Paul écrit aux Galates : " Le Christ nous a rachetés de cette malédiction de la loi, devenu lui-même malédiction pour nous, car il est écrit : maudit soit celui qui pend au gibet, afin qu'aux païens passe dans le Christ Jésus la bénédiction d'Abraham et que par la foi nous recevions l'Esprit de la promesse " (Ga 3, 13s).

La miséricorde de Dieu n'est pas une grâce à bon marché, elle ne suppose pas la banalisation du mal. Christ porte dans son corps et dans son âme tout le poids du mal, toute sa force destructrice. Il brûle et transforme le mal dans la souffrance, dans le feu de son amour souffrant. Le jour de la vengeance et l'année de la miséricorde coïncident dans le mystère pascal, dans le Christ mort et ressuscité. Telle est la vengeance du Dieu : lui-même, dans la personne du Fils, souffre pour nous. Plus nous sommes touchés par la miséricorde du Seigneur, plus nous entrons en solidarité avec sa souffrance et devenons prêts à accomplir dans notre chair " ce qui manque aux épreuves du Christ " (col 1, 24) .

Passons à la deuxième lecture, à la lettre aux Ephésiens. Là, il s'agit, en substance, de trois choses : en premier lieu, des ministères et des charismes dans l'Eglise, comme don du Seigneur ressuscité et monté au ciel ; donc, de la maturation de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, comme condition et contenu de l'unité dans le corps du Christ ; et, enfin, de la participation commune à la croissance du corps du Christ, c'est-à-dire de la transformation du monde dans la communion avec le Seigneur.

Arrêtons-nous seulement sur deux points. Le premier est le chemin vers " la maturité du Christ ", comme le dit, un peu en simplifiant, le texte italien. Plus précisément nous devrions, selon le texte grec, parler de la " mesure de la plénitude du Christ ", à laquelle nous sommes appelés à parvenir pour être réellement adultes dans la foi. Nous ne devrions pas rester des enfants dans la foi, comme des mineurs. En quoi consiste être adulte dans la foi ? Saint Paul répond que cela signifie être " ballotté et emporté à tout vent de la doctrine " (Ep 4, 14). Description très actuelle !
Combien de vents de doctrines avons-nous connu au cours de ces dernières décennies, combien de courants idéologiques, de modes de pensée… La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens, bien souvent, a été agitée par ces vagues, jetée d'un extrême à l'autre : du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme radical ; de l'athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite. Chaque jour, naissent de nouvelle sectes, réalisant ce que disait saint Paul sur l'imposture des hommes, sur l'astuce qui entraîne dans l'erreur (cf Ep 4, 14). Avoir une foi claire, selon le Credo de l'Eglise, est souvent étiqueté comme fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser porter " à tout vent de la doctrine ", apparaît comme l'unique attitude digne de notre époque.

Une dictature du relativisme est en train de se constituer qui ne reconnaît rien comme définitif et qui retient comme ultime critère que son propre ego et ses désirs .

Nous, en revanche, nous avons une autre mesure : le Fils de Dieu, l'homme véritable. C'est lui la mesure du véritable humanisme. Une foi qui suit les vagues de la mode n'est pas " adulte ". Une foi adulte et mûre est profondément enracinée dans l'amitié avec le Christ. C'est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et nous donne le critère pour discerner entre le vrai et le faux, entre l'imposture et la vérité. C'est cette foi adulte que nous devons faire mûrir, c'est vers cette foi que nous devons guider le troupeau du Christ. Et c'est cette foi – seulement la foi – qui crée l'unité et se réalise dans la charité. Saint Paul nous offre à ce propos – en opposition aux péripéties continuelles de ceux qui sont comme des enfants ballottés par les vagues – une belle parole : faire la vérité dans la charité, comme formule fondamentale de la vie chrétienne. En Christ, la vérité et la charité coïncident. Dans la mesure où nous nous approchons du Christ, y compris dans notre vie, vérité et charité se mêlent. La charité sans vérité serait aveugle ; la vérité sans charité serait comme " une cymbale qui retentit " (1 Co,13, 1).

Merci Jésus pour ton amitié

Venons maintenant à l'Evangile. De sa richesse je voudrais seulement extraire deux petites observations. Le Seigneur nous adresse ces merveilleuses paroles : " Je ne vous appelle plus serviteurs ... Mais je vous appelle amis " (Jn 15,15). Nous nous sentons seulement, et si souvent, des serviteurs inutiles ; et cela est vrai (cf Lc 17, 10). Malgré cela, le Seigneur nous appelle amis, il fait de nous ses amis, il nous donne son amitié.

Le Seigneur définit l'amitié de deux manières. Il n'y a pas de secrets entre amis : le Christ dit tout ce qu'il entend du Père ; il nous donne sa pleine confiance, et, avec la confiance, il nous donne aussi la connaissance. Il nous révèle son visage, son coeur. Cela nous montre sa tendresse pour nous, son amour passionné qui va jusqu'à la folie de la croix. Il s'en remet à nous, il nous donne le pouvoir de parler avec son être intime : " ceci est mon corps... ", " je t'absous "... Il nous confie son corps, l'Eglise. Il confie sa vérité à nos esprits faibles et à nos mains fragiles - le mystère de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, le mystère de Dieu qui " a tant aimé le monde qu'il lui a donné son fils unique " (Jn, 3, 16). Il nous élevé au rang d'amis - et nous, comment répondons-nous ?

Le second élément par lequel Jésus définit l'amitié, est la communion des volontés. " Idem velle - idem nolle " était aussi pour les romains la définition de l'amitié. " Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande " (Jn 15, 14). L'amitié avec le Christ correspond à ce qui est exprimé dans la troisième demande du notre Père : " Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ". A l'heure de Gethsémani, Jésus a transformé notre volonté humaine rebelle en une volonté conforme à la volonté divine et unie à elle. Il a souffert tout le drame de notre autonomie - et, c'est justement en portant notre volonté dans les mains de Dieu, qu'il nous donne la vraie liberté : " Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux " (Mt 21,39). Notre rédemption se réalise dans cette communion des volontés : être ami de Jésus, devenir amis de Dieu. Plus nous aimons Jésus, plus nous le connaissons, plus notre vraie liberté grandit et plus croit la joie d'être sauvé. Merci Jésus pour ton amitié !

L'autre élément de l'Evangile, que je voulais souligner, est le discours de Jésus sur le fait de porter du fruit : " Je vous ai institué pour que alliez, que vous portiez du fruit et un fruit qui demeure " (Jn 15, 16). C'est ici qu'apparaît le dynamisme de l'existence du chrétien et de l'apôtre : je vous ai institué pour que vous alliez... Nous devons être animé d'une sainte inquiétude : l'inquiétude de porter à tous le don de la foi et de l'amitié avec le Christ. En vérité, l'amour, l'amitié de Dieu nous a été donné pour qu'il parvienne aussi aux autres. Nous avons reçu la foi pour la donner aux autres - nous sommes prêtres pour servir les autres. Et nous devons porter un fruit qui demeure. Tous les hommes veulent laisser une trace qui demeure. Mais que reste-t-il ? Ce n'est pas l'argent. Ce ne sont pas les bâtiments et encore moins les livres. Toutes ces choses disparaissent après un certain temps, plus ou moins long. La seule chose qui subsiste dans l'éternité, c'est l'âme humaine, l'homme créé par Dieu pour l'éternité. C'est ainsi que le fruit qui demeure est celui que nous avons semé dans l'âme humaine - l'amour, la connaissance ; le geste apte à toucher le coeur ; la parole qui ouvre l'âme à la joie du Seigneur. Alors, allons et prions le Seigneur, pour qu'il nous aide à porter du fruit, un fruit qui demeure. C'est seulement ainsi que la terre, de vallées de larmes, sera transformée en jardin de Dieu.

Revenons enfin, et encore une fois, à la lettre aux Ephésiens. La lettre dit - avec les paroles du psaume 68 - que le Christ, en montant au ciel " a distribué ses dons aux hommes " (Eph. 4, 8). Le vainqueur distribue des dons. Et ces dons sont apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et maîtres. Notre ministère est un don du Christ aux hommes, pour construire son corps - le monde nouveau. Vivons notre ministère comme cela, comme don du Christ aux hommes ! Mais, en cette heure, prions surtout avec insistance le Seigneur, pour qu'après le grand don du Pape Jean-Paul II, il nous donne à nouveau un pasteur selon son coeur, un pasteur qui nous guide à la connaissance du Christ, à son amour, à la vraie joie. Amen."

Au Vatican, basilique Saint-Pierre, le lundi 18 avril 2005.

 

 

 

b-Sur l’Homélie-Programme de notre Saint Père le Pape Benoit XVI le matin du 20 avril 2005

Par l’abbé Charles Tinotti

 

 

 Avant de publier ci-dessous le texte complet du premier message de Benoît XVI, son hémélie du mercredi 20 avril, texte traduit sur l’original latin, langue dans laquelle il a été prononcé, voici quelques note sur le contenu réel de la pensée du St Père et l’articulation des thèmes, suite aux approximations médiatiques déformantes déjà universellement répandues
On aura ainsi une meilleure perspective que celle répétée à l’envie qui reprend sans même vérifier les dépêches de l’AFP avec l’orientation propre à cette agence « d’information » : Benoît XVI est un fin théologien et si on a correctement lu tout ce qu’il a écrit depuis 30 ans, présenter son homélie-programme comme « Vatican II continue », « le dialogue interreligieux va s’intensifier » ou « la tâche prioritaire est le l’Œcumenisme » et « il faut développer le gouvernement collégial de l'Église » relève du canular-pression.
France Inter à 19 heures ce 20 avril titrait même : « d’où vient le retournement de Benoit XVI ? » affirmant ensuite que des « cardinaux conservateurs s’étaient déjà mués en papes progressistes comme Roncalli-Jean XXIII ». Et détaillant ensuite que soit un ‘accord’ aurait été passé entre les ‘traditionalistes’ et ‘l’aile progressiste’ pour une élection rapide, soit que Benoit XVI aurait voulu désamorcer l’hostilité d’une bonne partie du monde civil et religieux, notamment à l’intérieur même de l'Église. Comme on le voit, le Prince de ce monde et du mensonge n’aura pas mis longtemps à dégainer.
Dominique Bromberger bien plus finement remarquait dans son ‘regard sur le monde’ en fin de journal, que si on cherchait une référence en Benoit XV pour deviner le nouveau Benoit XVI on risquait fort de se tromper : mieux valait penser à Benoit XIV Cardinal Lambertini au savoir encyclopédique et à l’intelligence hors pair, et très ferme en dogmatique, qui correspondait avec Voltaire et continua à la faire après son élection. Tout comme en Janvier 2004 le Cardinal Ratzinger participait à des débats avec Jürgen Habermas. « Benoit XVI continuera le dialogue sans pour autant faire de concession sur les positions dogmatiques. Les cardinaux de l’Église entière en fait donnent un message avec cette élection : l’Eglise entend se recentrer en priorité sur sa cohérence interne et la fortifier chez ses fidèles sans pour autant renoncer aux dialogues déjà initiés » concluait quasi littéralement D. Bromberger. Voilà qui sonne nettement plus juste.
On voit bien la réaction grossièr entreprise pendant tout ce 20 avril par le pouvoir culturo-relieux dominant le monde public officiel (?), et qui tente de distiller son fiel en s’imposant le premier dans l’atmosphère publique, sachant que les rectifications viendront, quitte à se replier au profit d’une extension plus discrète donc plus efficace par ses relais dans la ‘base’ et la masse de ‘suiveurs’ qui absorbe sans recul les campagnes médiatiques.
D’où l’importance de lire par soi même, sereinement, posément les textes exacts et si possibles complets de Benoit XVI. En se rappelant qu’il s’appelle Joseph Ratzinger.
Son langage est précis : ce n’est pas un idéologue manipulateurs de mots mais un théologien qui aime les âmes en vrai pasteur.
Sa pensée est solide : ce n’est ni un chercheur poussiéreux de grimoires ni un exalté qui a des idées géniales tous les matins.
Son intention est droite : il ne travaille pour plaire à personne sinon Dieu.
Si on n’oublie pas ces trois éminentes qualités, on se rendra compte qu’il y a par exemple un vrai « Vatican II », celui auquel se réfère Benoît XVI et un « Vatican II » fictif des soi disants amis de la soi disant modernité, cette distinction était même un thème constant du théologien Ratzinger ; de même il y a le « dialogue » de ceux qui renoncent à être eux même et le « dialogue » réel en vue du Salut, ce fut même un thème public du cardinal Ratzinger avant la deuxième journée d’Assise. On pourrait multiplier les exemples.
Quelques exemples de réductions déformatrices déjà répandue majoritairement dans la presse toute tendances confondues méritent d’être cités :

? LE PLAN
D’aucuns ont résumé l’homélie du Pape en disant que LA priorité qu’il avait énoncée était celle de l’œucuménisme ou de l’unité pleine et visible des fidèles du Christ. Pourtant il n’en parle qu’au cinquième point. Le plan suivi est fort instructif, les ‘titres’ sont repris quasi tous à la lettre même du Pape sinon de la l’esprit propre à chaque paragraphe indiqué :
1° Jean Paul II. L’héritage significatif aux yeux des hommes du monde entier.
2° Unité nécessaire du collège des apôtres dans la Foi de l'Église.
3° Actualité et permanence des Documents Conciliaires et fidèle continuité à la tradition bimillénaire de l'Église
4° l’Eucharistie correctement célébrée et ‘aimée’ comme centre et source de l'Église.
5° Devant Dieu, Juge suprême de chacun, la nécessité de travailler à l’unité pleine et visible de tous les disciples du Christ
6° Dialoguer avec le monde pour faire resplendir en chacun la lumière du Christ, seul Sauveur
7° Restez avec nous Seigneur ! Je Vous serai toujours fidèle

? PREMIER POINT PARTICULIER : COLLEGE DES APOTRES ET UNITE DE LA FOI.
Avant de parler de l’unité visible à retrouver entre fidèles du Christ, Benoît XVI commence par rappeler l’unité nécessaire entre membres du Collège apostolique dont il est partie à un titre unique : cela n’est pas anodin. Voyons donc ce premier point.
Certains ont compris que le Pape voulait « développer le gouvernement collégial de l'Église ». Leurs désirs trouble leur vue de la réalité : le mot « développer » n’y est pas. Et le Pape rappelle posément , loin d’une collégialité démocratico-politique rêvée par certains, qu’elle a été définie souverainement par le Seigneur lui-même quand Il a consitué les Douze. Il ne dit pas autre chose : il faut savoir au moins lire le texte avec la finesse même dans laquelle il a été pensé et écrit. La vraie collégialité surnaturelle ainsi transmise par la Tradition de l'Église loin de justifier le « dissentiment » implique au contraire un surcroît « d’unité dans la foi » : et ces mots sont dans le texte. Loin des interprétations faites par certains du Concile style « Credo à la carte », il y a là une réaffirmation magistrale de la collégialité-catholicité non pas inventée, mais redéployée dans les Documents Conciliaires comme dit Benoit XVI, ce qui est bien différent de « selon l’esprit du concile » et qui par ailleurs inclut la « nota prævia » imposée par Paul VI pour éviter l’hérésie de la collégialité-démocratie qui a failli s’imposer.

? SECOND POINT PARTICULIER : L’EXECUTION DE VATICAN II. PRECISIONS.
Benoit XVI ne parle pas de Vatican II en général comme le laissent penser les commentateurs du 20 avril. Il ne cite pas Vatican II comme un magma flou, encore moins un ‘epsrit’ : il lui attribue une ‘grande autorité’ à laquelle il adjoint la « fidélité perpétuelle à la tradition de deux mille ans de l'Église », et il parle des « Documents Conciliaires ». En filigrane, la voie est donc très ouverte pour, enfin dirons certains, donner le sens exact des formules controversées de Vatican II, sens compatible avec la Tradition en marche de l'Église depuis son Origine. L’affaire est donc à suivre au lieu d’être classée si rapidement et surtout si unilatéralement, manière qui correspond en fait à une volonté de pression idéologique sur Benoit XVI. Mais depuis vingt ans le cardinal Ratzinger connaît la musique…

? AUTRE POINT PARTICULIER : L’UNITE DES CHRISTIFIDELES. PRECISIONS.
Ce cinquième et non premier point qu’est l’unité pleine et visible des Christifideles a des présupposés nécessaires explicitement mentionnés dont celui de la conversion personnelle et intime de chacun au Christ Vivant : ne pas le relever c’est détourner le texte de son sens pour lui en faire dire un autre.
Quant aux « gestes forts » non précisés que le Pape évoque, les « dictateurs relativistes » pourrait on dire inclinent cette phrase dans deux sens, qui ne sont même pas dans le texte quand on le lit in extenso : ? c’est une formule si platonique qu’elle ne sera évidemment pas réalisée et donc Benoit XVI est déjà décevant, ah ! ce conservateur est en plus bon stratège… ? d’autres y voient : ‘il s’est engagé à d’autres gestes forts style Assise’ espérant relancer un processus de pressions dans les mois futurs. En lisant ce que le Pape dit sans idée préconçue on peut penser que les gestes appelés par le St Père seront moins de l’ordre médiatiques (et donc récupérables) que ‘monastiques’ : de l’ordre de la conversion irremplaçable de chaque âme avec Dieu … D’ailleurs le texte latin, seul texte original qualifié de tel par le site du St Siège, ne dit pas comme la version italienne officille et les libres traductions françaises, des « gestes concrets » mais des « œuvres solides ». Il y a entre les deux tout un monde. Les ‘effets Télé’ espérés par certains ne semblent pas encore de mise.
On pourra aussi noter que l’engagement du Pape à promouvoir tout effort pour l’unité pleine et visible des chrétiens (expression très précise aussi) est précisée : dans la mesure où lui trouvera ces initiatives « opportunes ». Détail… opportun.

? UN OUBLI DE TAILLE ET ENORME (REVELATEUR ?) : LE POINT CENTRAL SUR LA SAINTE EUCHARISTIE.
Il est symptomatique que personne jusqu’ici n’ait relevé que le cœur de cette homélie soit consacré à la nécessité de l’Eucharistie et de sa célébration correcte, et (jusqu’à plus ample informé) c’est la première fois qu’un Pape dans son discours inaugural recommande aux prêtres de dire la messe tous les jours et à tous les fidèles d’exprimer de manière courageuse et claire la foi dans la Présence Réelle au Saint Sacrement ! On notera aussi que le passage consacré à Vatican II précise « dans la fidélité à la tradition bimillénaire de l'Église » : normalement un concile apporte une lumière qui éclaire davantage la tradition qui le précède. Ici, c’est le concile Vatican qui a besoin de la voie de la tradition bimillénaire : il est énorme que cela ne soit pas relevé. Pour saisir ce texte dans son sens vrai, il mérite d’être lu en entier et méditer lentement, loin des commentaires, et en quasi prière. ?

TEXTE DU PREMIER MESSAGE DE BENOIT XVI
Traduction faite sur la version italienne officielle avec quelques correctifs apportés par l’abbé Tinotti d’après l’original latin, langue utilisée par le St Père.
1. "Grâce et paix en abondance sur vous tous ! En ces heures, deux sentiments contrastés cohabitent en nous. D'une part un sentiment d'inadéquation et de tourment humain pour la responsabilité qui nous a été confiée hier, comme successeur de l'apôtre Pierre à ce Siège de Rome, pour l'Église universelle. D'autre part, nous ressentons une profonde gratitude envers Dieu, qui - comme il nous le fait chanter au cours de cette liturgie - n'abandonne pas son troupeau, mais le conduit à travers les temps, guidé par ceux que Lui-même a élu vicaires de son Fils et a constitué pasteurs.
"Très chers frères, cette intime reconnaissance pour un don de la divine miséricorde l'emporte malgré tout dans notre cœur. Et nous considèrons cela comme une grâce spéciale obtenue de notre vénéré prédécesseur, Jean Paul II. Nous avons l'impression de sentir sa forte main qui serre la nôtre. Nous avons l'impression de voir ses yeux souriants et d'entendre ses mots, qui nous sont particulièrement destinés en ce moment : N'aie pas peur!
“La mort du Pape Jean Paul II, et les jours qui ont suivis, ont été pour l'Église et le monde entier un extraordinaire temps de grâce. La grande douleur de sa disparition et le sens de vide qu'il a laissé chez tous sont tempérés par l'action du Christ ressuscité, qui s'est manifestée pendant de longues journées dans l'unanime vague de Foi, d'amour et de solidarité spirituelle qui a eu son point culminant lors de ses obsèques solennelles.
"Nous pouvons le dire, les funérailles de Jean Paul II ont été une expérience vraiment extraordinaire au cours de laquelle on a perçu la puissance de Dieu qui, à travers son Église, veut faire de tous les peuples une grande famille, par la force unificatrice de la Vérité et de l'Amour. À l'heure de la mort, à l'image de son Maître et Seigneur, Jean Paul II a couronné son long et fécond pontificat, confirmant le peuple chrétien dans la Foi, le réunissant autour de lui et faisant sentir toute la famille humaine plus unie.
"Comment ne pas se sentir soutenu par ce témoignage ? Comment ne pas ressentir l'encouragement qui provient de cet événement de grâce ?
2. "À la grande surprise de toutes nos prévisions, la divine Providence, par le vote des vénérables Pères cardinaux, nous a appelé à succéder à ce grand pape. En ces heures, je repense à ce qui s'est passé dans la région de Césarée de Philippe, il y a plus de deux mille ans. Nous avons l'impression d'entendre les mots de Pierre : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, et l'affirmation solennelle du Seigneur : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église... Je te donnerai les clés du royaume des cieux.
"Tu es le Christ! Tu es Pierre! Nous avons l'impression de revivre la même scène évangélique. Nous, Successeur de Pierre, nous répétons avec anxiété les paroles inquiètes du pêcheur de Galilée et de nouveau nous écoutons avec une intime émotion la promesse rassurante du divin Maître. Si le poids de la responsabilité qui se reverse sur nos pauvres épaules est énorme, la puissance divine sur laquelle nous pouvons compter est certainement démesurée : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. En nous choisissant comme évêque de Rome, le Seigneur a voulu que nous soyons son vicaire, il a voulu que nous soyons la “pierre” sur laquelle tous peuvent s'appuyer en sécurité. Nous Lui demandons de suppléer la pauvreté de nos forces, pour que nous soyons le courageux et fidèle Pasteur de son troupeau, toujours docile aux inspirations de son Esprit.
"Nous nous apprêtons à entreprendre ce ministère particulier, le ministère “pétrinien” au service de l'Église universelle, nous abandonnant humblement dans les mains de la providence de Dieu. Et c'est avant tout au Christ que nous renouvelons notre totale et confiante adhésion : In Te, Domine, speravi. Non confundar in Aeternum !
"À vous, Messieurs les Cardinaux, avec une âme reconnaissante pour la confiance que vous nous avez démontrée, nous vous demandons de nous soutenir par la prière et la collaboration constante, active et sage. Nous demandons également à tous les frères de l'épiscopat de nous être proches par la prière et le conseil, afin que nous puissions vraiment être le Servus Servorum Dei. À l'image de Pierre et des autres apôtres qui ont constitué sur la volonté du Seigneur un unique Collège apostolique, de même le successeur de Pierre et les Évêques, successeurs des Apôtres, - le Concile l'a redit avec force - doivent être étroitement unis entre eux. Cette communion collégiale, bien que dans la diversité des rôles et des fonctions du pontife romain et des évêques, est au service de l'Église et de l'unité dans la foi, de laquelle dépend en grande partie l'efficacité de l'action évangélisatrice du monde contemporain. C'est donc dans cette voie, dans laquelle ont avancé nos vénérables prédécesseurs, que nous entendons avancer nous aussi, seulement préoccupé de proclamer au monde entier la présence vivante du Christ.
3. "Nous avons en particulier devant nous le témoignage de Jean Paul II, qui a laissé une Église plus courageuse, plus libre, plus jeune. Une Église qui, selon son enseignement et son exemple, regarde avec sérénité le passé et qui n'a pas peur de l'avenir. Le Grand Jubilé l'a introduite dans le nouveau millénaire portant dans ses mains l'Evangile, donné au monde actuel par une lecture renouvelée avec la grande autorité du Concile Vatican II. Justement Jean Paul II a conseillé de prendre le Concile comme “boussole” pour s'orienter dans le vaste océan du troisième millénaire. Il a écrit également dans son testament spirituel : “Je suis convaincu que pendant de longues années encore, les nouvelles générations puiseront dans les richesses que ce concile du XXe siècle nous a accordées."
Nous voulons donc, nous aussi, au moment d'entreprendre ce service de Successeur de Pierre, décarer notre volonté ferme et certaine de continuer l’exécution du concile Vat II sur les traces de nos prédécesseurs et dans la fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l'Église. Justement cette année, on fêtera le quarantième anniversaire de la conclusion de ces assises conciliaires (8 décembre 1965). Les années passant, les Documents Conciliaires restent d'actualité, leurs enseignements se révèlent particulièrement pertinents pour les nouvelles instances de l'Église et la société devenue globale actuelle.
4. "Il est significatif que notre pontificat s'ouvre tandis que l'Église vit l'Année de l'Eucharistie. Comment ne pas voir dans cette coïncidence providentielle un élément qui doit caractériser le ministère auquel nous sommes appelés ? Cœur de la vie chrétienne et source de la mission évangélisatrice de l'Église, l'Eucharistie ne peut être que le cœur du service pétrinien qui nous a été confié.
"L'Eucharistie rend permanente la présence du Christ ressuscité, qui continue de se donner à nous et nous appelle à prendre part au banquet de son Corps et de son Sang. De la pleine communion avec lui découlent tous les autres éléments de la vie de l'Église, avant tout la communion entre tous les fidèles, puis l'engagement à annoncer et à témoigner de l'Évangile, l'ardeur de la charité envers tous, vers les pauvres et les petits tout spécialement.
"C'est pourquoi cette année la Solennité du Corpus Domini devra être célébrée avec un relief tout particulier. Et l'Eucharistie sera également au cœur de la Journée mondiale de la jeunesse en août à Cologne et du synode des évêques qui se réunira en octobre autour du thème: 'L'Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l'Église'. Nous demandons à tous d'intensifier ces mois à venir l'amour et la dévotion envers Jésus-Eucharistie en exprimant de façon décidée et claire la foi en la présence réelle du Seigneur, par la solennité et la rectitude de sa célébration.
"Nous le demandons de façon particulière aux prêtres, auxquels nous pensons en ce moment avec une grande affection. Le sacerdoce ministériel est né au Cénacle avec l'Eucharistie, comme l'a rappelé tant de fois notre vénérable prédécesseur Jean Paul II. La vie sacerdotale doit avoir avant tout une forme eucharistique, a-t-il écrit dans sa dernière Lettre du Jeudi Saint. L'impeccable célébration de la messe quotidienne, cœur de la vie et de la mission de tout prêtre, doit y contribuer fortement.
5. "Alimentés et soutenus par l'Eucharistie, les catholiques ne peuvent que se sentir stimulés à la pleine unité que le Christ a ardemment souhaité au Cénacle. De ce lien suprême avec le Divin Maître, le Successeur de Pierre doit se charger tout particulièrement car c'est à lui qu'a été confié le rôle de confirmer les frères dans la Foi.
"A l'aube de notre ministère dans l'Église de Rome, que Pierre a marqué de son sang, c'est avec grande conscience que le nouveau Pape s'engage fortement à oeuvrer sans relâche ni économie d'énergie à reconstituer la pleine et visible unité de tous les fidèles du Christ. Telle est son ambition, le devoir urgent qui l'appelle. Il est conscient que les déclarations de bonnes intentions ne suffisent pas. Des œuvres solides sont demandées, qui entrent dans les esprits et qui meuvent les consciences, poussant chacun à la conversion intérieure qui est le fondement de tout progrès sur le chemin de l’Œcumenisme.
"Le dialogue théologique est nécessaire. L'approfondissement de la motivation historique des choix faits par le passé est tout aussi indispensable. Mais la priorité est bel et bien la purification de la mémoire, si souvent évoquée par Jean-Paul II, qui seule peut disposer les âmes à accueillir la plénitude de la vérité du Christ. Devant lui, Juge suprême de tout être, face à qui chacun de nous doit se placer dans la perspective de devoir lui rendre un jour compte de ce qu'il a fait ou non envers l'unité de ses disciples.
"L'actuel Successeur de Pierre se laisse personnellement interpeller par cette question, prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire avancer la cause fondamentale de l'œcuménisme. À la suite de ses prédécesseurs, il est tout à fait déterminé à cultiver toute initiative pouvant se présenter comme opportune pour développer contacts et ententes avec les représentants des diverses Églises et communautés chrétiennes. En cette occasion, il leur adresse un salut cordial dans le Christ, l'unique Seigneur.
6. "En ce moment, nous revient à l'esprit l'expérience inoubliable que nous avons tous vécue lors de la mort et des funérailles de Jean-Paul II. Autour de son cercueil posé à terre, les chefs d'État et des personnes de tout horizon, de nombreux jeunes aussi, se sont inclinés dans un mouvement d'affection et d'admiration. Le monde tout entier avait confiance en lui et beaucoup ont estimé que cette intense émotion, amplifiée et diffusé de par le monde par les médias, a exprimé un appel à l'aide adressé au Pape par l'humanité, par une humanité tourmentée par l'incertitude et la crainte, qui s'interroge sur son destin.
"L'Église doit aujourd'hui raviver en elle la conscience de sa mission, qui est de re-proposer au monde la voix de celui qui a dit : “Je suis la lumière du monde. Qui marchera à ma suite ne sera plus dans les ténèbres, et recevra la lumière de la vie.” En inaugurant son ministère, le nouveau pape sait que son devoir est de faire resplendir devant les femmes et les hommes la lumière du Christ, non la sienne mais celle du Christ.
"C'est avec cet engagement que nous nous adressons à vous tous, y compris à ceux qui adhérent à d'autres religions ou simplement sont à la recherche d'une réponse aux questions fondamentales de la vie, et qui ne l'ont toujours pas trouvée. Avec simplicité, avec affection, nous voulons vous assurer que l'Église entend poursuivre avec eux un dialogue ouvert et sincère, à la recherche du véritable bien de l'homme et de la société.
"Nous demandons à Dieu de donner l'unité et la paix à la famille humaine et déclarons la disponibilité de tous les catholiques à collaborer à un réel développement social, dans le respect de la dignité de tout être humain.
"Nous n’écarterons aucun effort ou application à poursuivre le dialogue prometteur engagé de mes prédécesseurs avec les divers courants de civilisation, de manière aussi qu'une compréhension partagée dégage les conditions d'un avenir commun meilleur.
"Tout particulièrement, nous pensons aux jeunes. Toute notre affection est acquise à ces interlocuteurs privilégiés de Jean-Paul II, dans l'attente si Dieu le veut de les rencontrer prochainement à Cologne. Nous continuerons à dialoguer avec vous, chers jeunes, qui êtes l'avenir et l'espérance de l'Église et de l'humanité. Nous écouteronsi vos attentes de manière à pouvoir vous aider à rencontrer toujours plus profondément le Christ vivant, éternellement jeune.
7. "Mane Nobiscum Domine! L'invocation dominante de la Lettre apostolique de Jean-Paul II pour l'Année eucharistique est la prière qui s'échappe naturellement de notre cœur tandis que nous entreprenons le ministère auquel le Christ nous a appelé. À la suite de Pierre, c'est à lui que nous renouvelons notre promesse de fidélité absolue. C'est lui seul que nous entendons servir, en nous consacrant totalement au service de son Église".
"Nous invoquons la maternelle intercession de Marie pour soutenir cet engagement. Dans ses mains nous plaçons notre présent et notre avenir, ceux aussi de l'Église. Puissent aussi les saints Apôtres Pierre et Paul, et tous les saints, intercéder pour nous.
"Vénérés frères cardinaux, c'est rempli de ces sentiments que nous adressons à vous une bénédiction affectueuse, ainsi qu'à tous ceux qui assistent à cette messe ou la suivent par la radio et la télévision." Benoît pp XVI
Message lu en latin à l'issue de la messe concélébrée ce 20 avril au matin en la Chapelle Sixtine avec le Sacré Collège.
Original latin
Venerabiles Fratres Nostri,
dilectissimi Fratres ac Sorores in Christo,
vos universi homines bonae voluntatis!
1. Gratia copiosa et pax vobis! (cfr 1 Pt 1,2). Duo animum Nostrum discordes sensus hoc tempore una simul subeunt. Nam ex una parte humano turbamento perfundimur et impares Nos sentimus officio hesterno die Nobis commisso, Successoribus scilicet Petri Apostoli hac in Romana Sede, coram universali Ecclesia. Ex altera autem parte magnopere animum gratum esse Deo patefaciendum animadvertimus, qui - sicut in sacra liturgia canimus - gregem suum non deserit sed eundem per temporum vices ducit, iis agentibus quos ipse Filii sui vicarios elegit constituitque pastores (cfr Praefatio I de Apostolis).
Dilectissimi, intimus animi grati sensus propter divinae misericordiae donum in corde Nostro praeter omnia antistat. Et id arbitramur gratiam esse peculiarem, quam Decessor Noster, recolendae memoriae, Ioannes Paulus Secundus Nobis tribuit. Eius videmur firmam persentire manum, quae Nostram perstringit; subridentes Nobis videmur eius oculos contueri eiusque verba audire, Nobis peculiari hoc momento destinata: “Noli timere!”.
Summi Pontificis Ioannis Pauli Secundi obitus, et subsequentes dies, pro Ecclesia mundoque insigne fuerunt gratiae tempus. Magnus dolor ob eius excessum et vacui sensus in omnibus relictus Christi resuscitati opera extenuantur, quae per concordem fidei, amoris et spiritalis solidarietatis effusionem, exsequiarum sollemnium attingentis fastigium, diuturno hoc tempore est patefacta.
Id quidem dicere possumus: Ioannis Pauli Secundi funus experientia fuit revera unica ubi quodammodo potentiae Dei percepta est per ipsius Ecclesiam quae cunctos populos magnam familiam efficere vult, per coniungentem virtutem Veritatis atque Amoris (cfr Lumen Gentium,
1). Mortis hora, suo Magistro Dominoque figuratus, Ioannes Paulus Secundus suum diuturnum frugiferumque Pontificatum extulit, in fide christianum populum confirmans, eundem circum se congregans atque efficiens ut universa hominum familia coniunctiorem se esse sentiret. Nonne hac testificatione Nos sustentari sentimus? Nonne incitamentum, quod ex eventu hoc manat, animadvertimus?
2. Omnem Nostram praeveniens exspectationem, Providentia divina per Venerabilium Patrum Cardinalium suffragia Nos, ut huic magno Pontifici succederemus, vocavit. Hoc tempore mentem Nostram ad id convertimus quod abhinc duo milia annorum in partibus accidit Caesareae Philippi. Petri verba audire videmur: “Tu es Christus, Filius Dei vivi” itemque Domini sollemnem confirmationem: “Tu es Petrus, et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam ... Tibi dabo claves regni caelorum” (Mt 16, 15-19).
Tu es Christus! Tu es Petrus! Eandem evangelicam scaenam rursus experiri videmur; Nos Petri Successores, trepidantes Galilaeae piscatoris trepidantia verba iteramus atque intima quadam animi affectione roborantem divini Magistri promissionem rursus audimus. Si permagnum est muneris onus, quod debilibus umeris Nostris imponitur, procul dubio immensa est divina potentia qua inniti possumus: “Tu es Petrus et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam” (Mt 16,18). Romae Episcopum Nos eligens, suum Vicarium Nos voluit Dominus, “petram” Nos voluit, in qua securi omnes sistere possint. Eum nimirum rogamus ut Nostrarum virium egestati subveniat, ut animosi simus et fideles eius gregis Pastores, usque Spiritui inspiranti obsequentes.
Hoc peculiare ministerium sumus ingressuri, ministerium scilicet ‘petrinum’, universali Ecclesiae destinatum, humiliter Dei Providentiae manibus Nos permittentes. Ante omnia Christo Nostram totam fidentemque adhaesionem renovamus: “In Te, Domine, speravi; non confundar in aeternum!”.
Ex vobis, Venerabiles Cardinales Fratres, grato animo ob Nobis significatam fiduciam quaerimus ut Nos precatione necnon constanti, actuosa prudentique cooperatione sustentetis. Ab omnibus quoque in Episcopatu Fratribus flagitamus ut precatione et consilio Nobis adsint, ut Servus servorum Dei vere simus. Quemadmodum Petrus ceterique Apostoli Domini voluntate unum efformarunt Collegium apostolicum, eodem quidem modo Petri Successor et Episcopi, Apostolorum successores, - id Concilium firmiter confirmavit (cfr Lumen gentium, 22) -, inter se arte coniuncti esse debent. Collegialis haec communio, licet diversa sint munera officiaque Romani Pontificis et Episcoporum, Ecclesiae et unitati in fide omnium credentium inservit, unde maximam partem pendet in huius temporis mundo evangelizationis operae efficacitas. Hanc eandem semitam, in qua Venerabiles Decessores Nostri ambularunt, calcare quoque Nos volumus, universo mundo praesentiae vivae Christi de proclamatione tantummodo solliciti.
3. Nostros ante oculos Ioannis Pauli Secundi Pontificis potissimum obversatur testimonium. Animosiorem, liberiorem iunioremque Ecclesiam relinquit, Ecclesiam scilicet quandam quae, ad eiusdem doctrinam et exemplum, tranquille praeteritum tempus contuetur quaeque futurum aevum haud timet. Per Magnum Iubilaeum ea in novum est ingressa millennium gerens manibus suis Evangelium directum ad hodiernum orbem per iteratam lectionem magna cum auctoritate Concilii Vaticani Secundi. Iustissima quidem de causa Pontifex Ioannes Paulus Secundus Ecclesiae in Concilio illo demonstravit indicem seu ut dicitur quasi “nauticam pyxidem”, qua in vasto mari tertii millennii dirigeretur (cfr Litt. Ap. Novo millennio ineunte, 57-58). In suo spiritali quoque Testamento scripsit: “Persuasum mihi habeo advenientes homines diutius etiam quaedam sumpturos ex divitiis illis quas hoc Concilium saeculi vicesimi nobis est elargitum” (17.III.200).
Nos quoque propterea munus ingredientes quod est proprium Successoris Petri, firmam certamque voluntatem declarare volumus Concilii Vaticani Secundi continuandi exsecutionem, Praegredientibus Decessoribus Nostris, atque in fideli perpetuitate duorum milium annorum Ecclesiae traditionis. Hoc ipso anno conciliaris congressionis conclusae recoletur memoria anniversaria quadragesima (die octavo mensis Decembris anno millesimo nongentesimo sexagesimo quinto). Annorum decursu Concilii Documenta hodierni temporis haud amiserunt vim; immo eorum doctrina pro novis Ecclesiae praesentisque societatis globalizatae, ut aiunt, postulationibus admodum evadit apta.
4. Quadam cum significatione Noster Pontificatus incohatur, dum peculiarem Annum Eucharistiae dicatum vivit Ecclesia. Nonne provida in haec temporum convenientia indicium quoddam est percipiendum, quod ministerium notare debet cui sumus vocati? Eucharistia, vitae christianae cor ac Ecclesiae evangelizantis fons, necessario permanentem mediamque partem constituit et fontem petrini ministerii, Nobis commissi.
Eucharistia continenter Christum resuscitatum efficit praesentem, qui nobis pergit se tradere, nos vocans sui Corporis Sanguinisque ad mensam communicandam. Ex eius plena communione aliud quiddam Ecclesiae vitae oritur, communio videlicet in primis inter omnes Christifideles, nuntiandi Evangeliique testificandi munus, in omnes, potissimum in pauperes parvulosque, caritatis ardor.
Hoc anno idcirco singulari modo celebranda erit Sollemnitas Corporis Domini. Praeterea media pars Eucharistiae erit mense Augusto in Die Mundiali Iuventutis Coloniae et mense Octobri in Coetu Ordinario Synodi Episcoporum quae versabitur in argumento: “Eucharistia vitae ac missionis Ecclesiae fons et culmen”. Ab omnibus propterea rogamus ut proximis mensibus amorem pietatemque erga Iesum in Eucharistia multiplicent ac fortiter et luculenter fidem suam declarent in realem Domini praesentiam, imprimis per sollemnitatem et rectitudinem celebrationum.
Id peculiarem in modum a Sacedotibus postulamus, quibus nunc magnus Nostri animi affectus dirigitur. Sacerdotium quippe ministeriale in Cenaculo una cum Eucharistia enatum est, quemadmodum saepenumero confirmavit Decessor Noster Ioannes Paulus Secundus, veneratae memoriae. “Sacerdotalis exsistentia peculiari titulo «eucharistiam formam» habere debet”: sic in novissima Epistula in Feria V in Cena Domini scripsit (n.1). Ad id propositum multum confert ante omnia celebratio quotidie devota sacrificii eucharistici, quod est veluti centrum vitae ac missionis cuiusque sacerdotis.
5. Nutriti atque sustentati Eucharistia ipsa catholici necessario se impelli sentiunt ad plenam illam unitatem quam in Cenaculo Christus tam vehementer exoptavit. Petri itaque Successor se debere novit recipere hoc supremum Magistri Divini desiderium in se et quidem peculiari modo.
Etenim officium illi est concreditum confirmandi fratres (cfr Lc 22,32).
Plena propterea conscientia ineunte ministerio suo intra Ecclesiam Romanam quam Petrus suo irrigavit sanguine, hodiernus ipsius Successor accipit tamquam primarium quoddam munus ut laboribus nihil parcens det operam restituendae plenae visibilique unitati omnium Christi discipulorum. Haec est eius voluntas, hoc ipsius etiam obstringens officium. Sibi enim conscius est, ut hoc obtineatur, non sufficere bonorum sensuum declarationes. Solida opera postulantur quae animos penetrent atque conscientias excitent, unumquemque ad illam interiorem conversionem permoventia quae est fundamentum omnium progressum in oecumenismi via.
Pernecessarius est dialogus theologicus pariterque poscitur investigatio causarum historicarum in quibusdam consiliis iam pridem captis. Magis tamen urget illa “memoriae purgatio” totiens a Ioanne Paulo Secundo commemorata, quae sola homines disponere potest ad plenam Christi veritatem. Coram eo, Supremo videlicet Iudice omnium viventium, quisque nostrum sistere debet conscius se aliquando rationem reddere ei debere omnium quae fecerit et omiserit de permagno bono plenae et visibilis unitatis omnium eius discipulorum.
Hic Petri Successor illa interrogatione patitur se etiam in prima persona interpellari paratusque est ad ea omnia efficienda quae potuerit ut principalem oecumenismi causam promoveat. Decessorum suorum vestigiis ingressus plane provehere in animo habet omne inceptum quod opportunum videri possit ad consortium et consensum adiuvandum cum diversarum Ecclesiarum et Communitatum ecclesialium legatis. Ad eos immo vero etiam hac data opportunitate fervidissimam suam mittit in Christo unico Domino universorum salutationem.
6. Hoc temporis momento repetimus nostra memoria inestinguibilem experientiam quam omnes habuimus in morte et exsequiis Pontificis complorati Ioannis Pauli Secundi. Circa exuvias mortales eius in nuda terra repositas Capita Nationum conglobata sunt, homines cuiusvis socialis ordinis ac praesertim iuvenes in memorabili affectus et admirationis amplexu. Fidens ad illum respexit orbis totus. Multis quidem visa est haec intenta communicatio, propagata usque ad orbis fines per communicationis socialis instrumenta veluti chorus ad Pontificem directus et auxilium expetens pro hominibus nostri temporis qui dubiis timoribusque conturbati sua interrogant de aetate ventura.
Ecclesia horum dierum in se conscientiam renovare debet sui officii hominibus iterandi vocem eius qui dixit: “Ego sum lux mundi; qui sequitur me, non ambulabit in tenebris, sed habebit lucem vitae” (Io 8,12). Suum ideo ministerium suscipiens Pontifex novus probe intellegit opus suum esse ut refulgere sinat coram viris ac mulieribus hodiernis Christi lucem: non suam, verum Christi ipsius lucem.
Haec omnia cogitantes appellamus omnes, etiam illos qui alias sequuntur religiones vel qui solummodo responsionem conquirunt interrogationi fundamentali de exsistentia humana necdum eam invenerunt. Simpliciter atque amanter omnes alloquimur ut iis confirmemus Ecclesiam velle cum illis dialogum apertum sincerumque componere dum verum quaeritur hominis ac societatis bonum.
A Deo flagitamus unitatem ac pacem hominum familiae et declaramus catholicos omnes paratos esse ad operam adiutricem suam conferendam in verum progressum socialem qui dignitatem omnis hominis revereatur.
Viribus Nostris non parcemus neque studiis ut magnae spei dialogum prosequamur a Nostris Venerabilibus Decessoribus incohatum cum diversis culturis ut ex mutua comprehensione condiciones melioris venturi temporis omnibus oriantur.
Nominatim cogitamus adulescentes. Ad eos qui fuerunt interlocutores praecipui Pontificis Ioannis Pauli Secundi extenditur peramanter amplexio Nostra, cum exspectamus, si placuerit Deo, dum eos Coloniae conveniamus proximo nempe Mundiali Iuventutis Die. Vobiscum - carissimi adulescentes - qui estis futura aetas et Ecclesiae totiusque mundi spes, pergemus colloqui et exspectationes vestras exaudire unde possimus adiuvare vos ad altius usque Christum viventem cognoscendum qui sempiternus est Iuvenis.
7. Mane nobiscum, Domine! Invocatio haec, quae argumentum principale efficit Epistulae Apostolicae Ioannis Pauli Secundi pro Eucharistiae Anno, est etiam precatio quae sua sponte Nostro surget ex animo, dum comparamus Nos ad ministerium illud incipiendum in quod Christus Nos advocavit. Ei Nos, sicut Petrus, quoque fidelitatem Nostram sine ulla condicione promissam renovamus. Ei uni servire cogitamus Nosque totos eius Ecclesiae ministerio devovere.
Ut haec suffulciatur promissio maternam deprecationem Mariae Sanctissimae invocamus, cuius in manibus tum praesens tum futurum tempus Personae Nostrae atque Ecclesiae reponimus. Intercedant deprecatione pariter sua sancti Apostoli Petrus et Paulus, ceterique caelites universi.
His cum affectibus vobis, Venerabiles Cardinales Fratres, singulis qui huius ritus sunt participes nec non omnibus qui per televisionem et radiophonium sequuntur, amantem Nostram Benedictionem impertimur.
[00466-07.01] [Testo originale: Latino] ?