" Les Nouvelles
de
Chrétienté "
n°30
Le 25 novembre
2005
Sommaire
a- Le Vatican promet de ne pas abandonner Taïwan
b-
Rapprochement en vue entre le Vietnam et le Vatican
c- Sa Sainteté Benoît XVI fait rentrer
dans le rang le monastère d’Assise
d- Don Camillo éminence grise d'Italie ?
e- Benoît XVI a nommé lundi 21 novembre
Mgr Jean-Marie Le Vert évêque auxiliaire de Meaux
f-
Rome: Instruction de Rome sur le choix
des séminaristes
a-La loi
de 1905
b-
Plainte d’éditeurs catholiques contre le site internet « Dieu n’est pas à
vendre.
c- Deux
élus FN d'Alsace condamnés pour un tract anti-musulman
d- Une interview de Nicolas Sarkozy exclusive
dans l’Express
C-Les Nouvelles des Etats-Unis
D- Au sujet de l’ « affaire de Bordeaux »…
,
a- Le Vatican promet de ne pas abandonner
Taïwan
Le cardinal
Jean-Louis Tauran, ancien chef de la diplomatie vaticane, assure que le Vatican
n'abandonnera pas Taïwan même s'il ouvre une ambassade à Pékin.
La visite du
cardinal Tauran à Taïwan a fait naître des spéculations sur une possible
rupture par le Saint-Siège de ses relations avec Taïpeh.
Mais le prélat a
déclaré que le Vatican trouverait une "manière appropriée" de
maintenir ses liens avec Taïwan.
"Lorsque la
liberté religieuse sera réalisée en Chine, alors le Saint-Siège sera prêt à
changer la nature de ses relations avec Taïwan", a dit le cardinal Tauran
dans un discours à Taïpeh.
"Si et quand
la normalisation (avec Pékin) adviendra, le Saint-Siège n'abandonnera pas
Taïwan", a-t-il assuré sans autre précision, ajoutant seulement que le
Saint-Siège n'a jamais pris la décision de rompre des relations diplomatiques
avec ses alliés.
Le pape Benoît
XVI a déclaré le mois dernier à des diplomates que le Saint-Siège était prêt à
mettre fin à ses relations avec Taïwan et à rouvrir sa nonciature à Pékin mais
que
Le Vatican est
l'un des 25 Etats, en majorité d'Afrique et d'Amérique latine, qui
reconnaissent officiellement Taïwan. Le reste du monde entretient des relations
diplomatiques avec Pékin.
Pékin soutient
qu'il ne peut renouer ses relations diplomatiques avec le Vatican, rompues en
1951, que si le Saint-Siège rompt au préalable ses relations avec Taïwan, que
Pékin considère comme une province rebelle.
Reuters
mardi 22 novembre
2005
b-Rapprochement
en vue entre le Vietnam et le Vatican
(RV - mardi 22 novembre 2005) Un rapprochement est-il possible entre le
Saint Siège et le Vietnam ? Lundi, le régime communiste a approuvé la création
d’un nouveau diocèse. Par ailleurs, l'archevêché de Hanoi a confirmé samedi
l’ordination de 57 prêtres vietnamiens au cours d'une cérémonie lundi prochain.
Des petits pas qui pourraient confirmer l’ébauche d’un rapprochement, estime
Régis Anouilh, rédacteur en chef de la revue « Eglise d’Asie ».
c- Sa Sainteté Benoît XVI fait rentrer dans le rang le monastère
d’Assise
Le pape Benoît
XVI a mis fin à l’autonomie du monastère franciscain d’Assise (centre de
l’Italie), par un motu proprio.
Les moines de l’ordre
fondé au XIIIe siècle par Saint-François d’Assise devront désormais en référer
à l’évêque local, aux évêques de la région Ombrie, voire à
Le motu proprio de
Paul VI qui avait donné une autonomis d’action à ce monastère est annulé 36 ans
plus tard par un autre motu proprio - de Benoît XVI celui-là - publié samedi,
qui met en avant la nécessité d’une "meilleure collaboration"
entre les moines et le diocèse.
Un parlementaire UDC
(Union des démocrates-chrétiens, centre droit) de la région, Maurizio Ronconi,
s’est félicité de la décision du souverain pontife, affirmant qu"’elle
était devenue inévitable car depuis des années, les moines d’Assise sont
instrumentalisés par la gauche".
Voici le communiqué de l’AFP : Sujet : Coup de crosse papal
aux franciscains d'Assise
par Philip Pullella
CITE DU VATICAN, 21
novembre (Reuters) - La décision du pape Benoît XVI de remettre au pas les
moines franciscains d'Assise, considérés comme trop à gauche par certains
catholiques italiens, a soulevé une tempête politique en Italie à l'approche
des élections législatives d'avril. Un décret pontifical promulgué ce week-end
limite l'autonomie des moines gardiens de la basilique Saint-François d'Assise,
où repose la dépouille de leur fondateur, but de pèlerinage de millions de
fidèles. Le décret place les moines sous le contrôle de trois personnes -
l'évêque d'Assise, le cardinal Calillo Ruini, président de la conférence
épiscopale italienne, et un autre cardinal du Vatican. Cette initiative
constitue la première remise au pas d'un ordre religieux par Benoît XVI et elle
revient sur un précédent décret pontifical de Paul VI qui, en 1969, avait
accordé une large autonomie aux franciscains d'Assise. "Maintenant, les franciscains
ont les mains liées et ils ne peuvent plus être un pont entre l'Eglise et la
société", a déploré Livia Turco, ancienne ministre, membre des Démocrates
de gauche, la plus importante formation de l'Olivier, la coalition
d'opposition. Ces dernières décennies, les moines d'Assise ont été associés à
des partis politiques et à des causes de gauche. La procession de Pâques qu'ils
organisent chaque année est fréquentée par des dirigeants de gauche et souvent
boycottée par les hommes politiques de centre-droite. Ils ont aussi accueilli
des personnalités controversées telles que l'ancien ministre irakien des
Affaires étrangères, Tarek Aziz, des dirigeants du Parti communiste italien et
le cinéaste et acteur Roberto Benigni, connu pour ses opinions de gauche.
EXPLOITATION
POLITIQUE Le sénateur Maurizio Ronconi,
de l'UDC (centre-droite), a salué l'initiative du pape en accusant la gauche
"d'exploiter" politiquement les moines depuis des années. Le décret
pontifical impose aux franciscains de demander l'autorisation de leur évêque
pour toute initiative future. Des analystes estiment que cela privera le
centre-gauche de sa plate-forme la plus visible à l'approche des élections, ce
qui serait de nature à aider la droite dans sa tentative de séduire l'électorat
catholique. Le cardinal Ruini a prévenu le centre-gauche qu'il ne tolérerait
aucune tentative de faire passer des lois autorisant les mariages entre homosexuels
ou élargissant le droit à l'avortement. Le pape, préfet de la congrégation pour
la doctrine de la foi pendant 23 ans, jusqu'à son élection en avril dernier, a
aussi fait savoir aux moines que leurs célébrations religieuses devaient se
conformer aux normes. Des catholiques conservateurs ont accusé les franciscains
de frôler le syncrétisme lors de leurs réunions oecuméniques. Le pape Jean Paul
II s'était rendu à plusieurs reprises dans la ville natale de Saint François,
chantre de la pauvreté évangélique et, par deux fois, il avait participé à
Assise à une rencontre mondiale pour la paix avec des chefs spirituels d'autres
religions. Le décret de Benoît XVI, largement commenté dans la presse, a été
salué par l'évêque sortant d'Assise. "Il était temps", s'est exclamé
Mgr Sergio Goretti dans une interview à
d- Don Camillo éminence grise d'Italie ?
LE MONDE | 23.11.05 |
par Jean-Jacques Bozonnet
"Don
Camillo" est-il devenu l'éminence grise de l'Italie ? Celui dont les avis
sont redoutés, toujours écoutés, et souvent suivis. Président de
|
Depuis la disparition de
Le cardinal Ruini a proposé que
des militants antiavortement du Mouvement pour la vie soient présents à
l'avenir dans les hôpitaux et les dispensaires où sont données les
consultations pré-IVG. Le ministre de la santé a saisi l'idée au bond en
suggérant "une présence culturelle pluraliste" pour conseiller
les femmes, tout en rappelant avec force que la loi 194 sur l'interruption de
grossesse défend aussi "le droit à ne pas avorter". Les
dirigeants de l'opposition ont observé un silence prudent, laissant à la gauche
de la gauche et aux laïques de service le soin de s'indigner et de réclamer une
révision du Concordat qui régit les relations entre l'Eglise et l'Etat depuis
1984.
Cette dernière menace a fait
figure de provocation. Aussitôt, Romano Prodi, le futur candidat du centre
gauche contre Silvio Berlusconi, a dû rassurer : "Une telle révision
n'est pas et ne sera pas à notre programme." Ce catholique fervent
s'était déjà attiré les foudres de Camillo Ruini, et aussi de certains de ses
alliés modérés, en préconisant un "pacs à la française"
pour les "couples de fait", qu'ils soient hétérosexuels ou
homosexuels.
Traversée de courants
catholiques, l'opposition à Berlusconi refuse d'apparaître comme l'opposition à
Ruini. Piero Fassino, secrétaire des Démocrates de gauche (DS, ex-communistes),
a fait récemment une sorte de coming out en se disant "croyant".
Auparavant, le patron du Parti de la refondation communiste (PRC), Fausto
Bertinotti, avait confessé à un journal ses "doutes" d'athée.
Les partis de centre gauche
reconnaissent à l'Eglise le "droit légitime" de s'exprimer sur
tous les sujets. Même si elle juge "incongrue" la sortie de
Mgr Camillo Ruini sur la pilule RU 486, Livia Turco, sénatrice et ancienne
ministre de gauche (DS), en réfère à Enrico Berlinguer, l'historique leader du
Parti communiste italien des années 1970, pour qui "le sentiment
religieux contribuera au changement de la société italienne".
A droite, le vote catholique est
devenu vital en raison du retard accumulé dans les sondages préélectoraux.
Divorcé remarié et pratiquant occasionnel, Silvio Berlusconi est souvent resté
en retrait sur les thèmes de société les plus délicats. Pour le référendum sur
la procréation médicalement assistée, par exemple, le chef du gouvernement n'a
jamais dit publiquement le fond de sa pensée. Désormais, il ne cache plus sa
volonté d'aligner étroitement sa coalition sur les positions de l'Eglise. Il
multiplie les gestes. Ainsi, le projet de budget 2006, pourtant difficile à
équilibrer, prévoit une exonération d'impôts locaux sur les biens immobiliers à
usage commercial de l'Eglise. Pour sa troisième visite au Vatican en cinq ans, samedi
19 novembre, il s'est livré à une vaste opération de charme à l'égard de Benoît
XVI et de son premier ministre, Mgr Angelo Sodano. Il s'est affirmé comme le
champion des valeurs catholiques, notamment sur les dossiers de la bioéthique
et de l'école privée.
ONCTION ÉLECTORALE
Après la période de froid avec
Jean Paul II sur la question irakienne, la présidence du Conseil s'est
félicitée de "la particulière convergence entre les orientations de
l'Italie et les objectifs moraux et religieux de l'Eglise catholique
dans le monde". Avant M. Berlusconi, le président de
Le Saint-Siège et
L'histoire de l'Italie et de ses
relations avec la religion catholique fait que cette notion de laïcité apparaît
souvent ambiguë. On se souvient que l'unanimité s'est faite, à droite et à
gauche, contre un responsable d'association musulman qui demandait le retrait
des crucifix des salles de classe de l'école publique. Il y a quelques jours,
le pays ne s'est pas ému de la condamnation à sept mois de prison d'un
magistrat qui refusait de juger tant qu'un crucifix resterait accroché au mur
de la salle d'audience. Cet israélite réclamait au moins le droit d'y ajouter
le symbole de sa propre religion. Les plus fortes réticences à la gestion
politique de "Don Camillo" naissent dans les propres rangs de
l'Eglise. Des voix de prêtres commencent à s'élever pour regretter que "la
référence à Jésus-Christ soit peu présente dans les interventions de Mgr
Ruini".
JEAN-JACQUES BOZONNET
e- Benoît XVI a nommé lundi 21 novembre Mgr Jean-Marie Le Vert
évêque auxiliaire de Meaux
Emetteur : CEF
Conférence des Evêques de France
Benoît XVI a nommé lundi 21 novembre
Mgr Jean-Marie Le Vert évêque auxiliaire de Meaux.
Mgr Le Vert était jusqu'à présent curé de la cathédrale de Tours
(Indre-et-Loire).
Le pape Benoît XVI a nommé ce lundi 21 novembre 2005 Mgr Jean-Marie Le Vert
évêque auxiliaire de Meaux. Mgr Jean-Marie Le Vertétait jusqu'à présent curé de
la cathédrale de Tours, prêtre accompagnateur de
Biographie
Mgr Jean-Marie Le Vert est né le 9 avril 1959 à Papeete (Tahiti). Il est le
fils de Jean Le Vert, responsable du Centre de Télécommunications des PTT de
Papeete, et de Madame, née Anne-Marie Postaire Le Marais, institutrice.
Formation
Mgr Jean-Marie Le Vert a effectué ses études secondaires au lycée Paul Gauguin
de Papeete. Après une préparation à l'École Sainte-Geneviève (Versailles), il a
intégré l'École Navale en 1979. Officier de Marine, il est titulaire d'un
diplôme d'ingénieur. Après les 1er et 2e cycles au séminaire de Gênes
(communauté Saint-Martin) de 1982 à 1987, il a été ordonné prêtre le 10 octobre
1987. Il effectue sa licence canonique en théologie à l'Université catholique
de Fribourg (1994-1995). Après son départ de la communauté Saint-Martin, il est
incardiné dans le diocèse de Tours en juillet 1995.
Ministères exercés
1990-1994 : Vicaire pour les paroisses du Centre ville à Tours.
De 1995 à 2000 : Curé de la paroisse Saint-Jean de Montjoyeux à Tours, et
accompagnement des aumôneries des étudiants, du lycée Grandmont et des collèges
du doyenné de Tours-Sud II.
1997-1998 : Directeur au séminaire interdiocésain d'Orléans.
De 1997 à 2000 : Professeur en patrologie et en théologie pastorale au
séminaire interdiocésain d'Orléans.
De 1998 à 2000 : Curé de la paroisse des Fontaines.
A partir de 1999 : Élu au Conseil presbytéral.
De 2000 à 2005 : Aumônier diocésain des étudiants, prêtre accompagnateur de
De 2001 à 2004 : Aumônier régional des étudiants de la région étudiante Centre
Ouest.
2002-2003 : Président de
A partir de 2003 : Responsable diocésain du service des vocations,
co-responsable de
2004 : Membre du Collège des consulteurs.
2005 : Curé de la cathédrale de Tours, prêtre accompagnateur de
f- Rome: Instruction de Rome sur le choix des séminaristes.
L’Agence APIC nous informe sur la dernière Instruction de Rome
concernant les candidats aux séminaires :
« Les actes
homosexuels ne peuvent être approuvés en aucun cas
Rome, 23 novembre 2005 (Apic) Le texte de l'Instruction sur les séminaristes à
tendance homosexuelle a été dévoilé dans la soirée du 22 novembre par l'agence
de presse italienne Adista. Ce document approuvé par Benoît XVI le 31 août
devait être rendu public le 29 novembre dans le quotidien officiel du
Saint-Siège, L'Osservatore romano. Il redit que les actes homosexuels sont
"contraires à la loi naturelle" et "ne peuvent être approuvés en
aucun cas".
Le texte "sur
les critères de discernement vocationnel au sujet des personnes présentant des
tendances homosexuelles en vue de l'admission au séminaire et aux ordres
sacrés" a été signé le 4 novembre par le préfet et le secrétaire de
La remise du document aux chefs des dicastères de la curie romaine le 9
novembre dernier, logiquement sub secreto, a été à l’origine des fuites dans la
presse italienne. Les quotidiens Il Giornale et L’Indipendente en ont ainsi
publié dès le 11 novembre des extraits. Depuis lors, elle a été envoyée aux
nonciatures qui l'ont elles-mêmes adressée aux évêques du monde entier. Ce qui
explique sans doute la parution du texte dans son intégralité sur le site de
l'agence de presse italienne contestataire Adista, une semaine avant la
publication officielle. Composée en trois parties intitulées 'maturité
affective et paternité spirituelle', 'l'homosexualité et le ministère ordonné'
et 'le discernement de l'idonéité des candidats par l'Eglise', précédées d'une
introduction et suivies d'une conclusion, l’Instruction rappelle l'exigence de
l'Eglise de ne pas ordonner de prêtres à tendance homosexuelle.
Document dicté par l'urgence de la situation actuelle
Dans son Introduction,
Dans sa première partie, l'Instruction aborde la question de la maturité
affective et paternité spirituelle. "Selon la constante Tradition de
l'Eglise, seul un homme baptisé reçoit validement l'ordination sacrée",
rappelle-t-elle tout d'abord. "En effet, le prêtre représente
sacramentellement le Christ, Tête, Pasteur et Epoux de l'Eglise". Et
d'expliquer qu'"en raison de cette configuration au Christ, toute la vie
du ministre sacré doit être animée par le don de toute sa personne à l'Eglise
et par une authentique charité pastorale".
Les actes homosexuels, des péchés graves
Dans sa deuxième partie, le document de
"En ce qui concerne les tendances homosexuelles profondément enracinées,
poursuit le document, elles aussi sont objectivement désordonnées et, souvent,
elles constituent une épreuve pour ces personnes". C'est pourquoi ces
personnes "doivent être accueillies avec respect et délicatesse" et
"on évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste",
tient-il à souligner. Le document précise que ces personnes "sont appelées
à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie et à unir au sacrifice de la croix
du Seigneur les difficultés qu'elles peuvent rencontrer".
Pas d'admission au séminaire pour les homosexuels
"Dans la lumière de cet enseignement, ce dicastère, en accord avec
La troisième et dernière partie, plus longue, porte sur le discernement de
l'idonéité des candidats par l'Eglise. "Deux aspects sont indissociables
dans toute vocation sacerdotale, commence-t-elle, le don gratuit de Dieu et la
liberté responsable de l'homme". "La vocation est un don de la grâce
divine, reçu par l'intermédiaire de l'Eglise, dans l'Eglise et pour le service
de l'Eglise", souligne-t-elle. "En répondant à l'appel de Dieu,
l'home s'offre librement à Lui dans l'amour". "Le seul désir de
devenir prêtre n'est pas suffisant, précise-t-elle aussi, et il n'existe pas de
droit à recevoir l'ordination sacrée".
Formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale
Pour
"L'appel aux ordres est de la responsabilité personnelle de l'évêque ou du
supérieur majeur", poursuit le document. "En tenant compte de l'avis
de ceux à qui ils ont confié la responsabilité de la formation, l'évêque ou le
supérieur majeur, avant d'admettre à l'ordination le candidat, doivent parvenir
à un jugement moralement certain sur ses qualités", précise-t-il. Et
"dans le cas d'un doute sérieux sur ce point, ils ne doivent pas
l'admettre à l'ordination". Puis, d'ajouter que "le discernement de
la vocation et de la maturité du candidat est aussi un grave devoir du recteur
et des autres formateurs du séminaire".
"Dans le discernement de l'idonéité à l'ordination, un rôle important est
dévolu au directeur spirituel", poursuit l'Instruction. "Tout en
étant tenu au secret, il représente l'Eglise au for interne". C'est
pourquoi, "lors des entretiens avec le candidat, le directeur spirituel
doit notamment rappeler les exigences de l'Eglise en ce qui concerne la
chasteté sacerdotale et la maturité affective spécifique du prêtre, et aussi
l'aider à discerner s'il a les qualités nécessaires". "Si un candidat
pratique l'homosexualité ou présente de telles tendances profondément
enracinées, son directeur spirituel, comme d'ailleurs son confesseur, ont le
devoir de le dissuader, en conscience, d'avancer vers l'ordination",
prévient-il.
Un candidat ne doit pas cacher son homosexualité
Malgré tout, "il reste entendu que c'est le candidat lui-même qui est le
premier responsable de sa propre formation". "Il serait gravement
malhonnête qu'un candidat cache son homosexualité pour accéder, malgré tout, à
l'ordination", met alors en garde
Enfin, dans sa conclusion,
Cette Instruction est la première promulguée sous le pontificat de Benoît XVI.
Le pape avait suivi sa préparation en tant que préfet de
23.11.2005 –
Apic
a-La loi de 1905.
Prudence des experts face à la
révision de la loi de 1905
Sophie de Ravinel
[Le Figaro 22 novembre 2005]
DANS QUINZE JOURS, une séance exceptionnelle à l'Institut de France viendra
clore le centenaire de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat.
Auparavant, une ultime assemblée de spécialistes s'interrogera sur la laïcité
comme «valeur commune de
En matière de laïcité, personne n'a souhaité souffler sur les cendres de
l'histoire de peur de raviver quelques braises mal éteintes. Car pour la
plupart des responsables politiques, à commencer par Dominique de Villepin, la
loi est «un pilier» sur lequel repose l'Etat. Y toucher reviendrait, selon le
premier ministre, à «ouvrir la boîte de Pandore».
«La nécessité de certaines relectures critiques»
Le seul à avoir écorné cet accord tacite s'appelle Nicolas Sarkozy. Ministre de
l'Intérieur et, à ce titre, en charge des cultes, il a constitué une commission
d'évaluation juridique du texte de 1905. Les quinze experts qu'il a nommés
commenceront leurs travaux à la fin de cette semaine sous la direction de
Jean-Pierre Machelon, juriste et historien, directeur d'études à l'Ecole
pratique des hautes études. Leurs propositions sont attendues pour juin
prochain.
Jean-Pierre Machelon ne voit pas sa mission comme «un bouleversement des grands
équilibres à la base du droit des cultes». Il considère plutôt que la
commission de réflexion vise à étudier les «aménagements que pourrait appeler
dans ce domaine l'évolution de notre société». «La législation applicable aux
religions constitue un ensemble très complexe qui n'a cessé d'évoluer au
vingtième siècle, explique-t-il. Dans un pays où l'on révise
«La situation de l'islam souvent évoquée»
Jean-Pierre Machelon, qui insiste sur son «indépendance politique», reconnaît
que «la situation de l'islam est souvent évoquée, à bon droit» et que «la
construction ou l'aménagement de lieux de culte, qui mobilise les responsables
musulmans, mais aussi protestants, pose un réel problème». «Le vrai danger,
dit-il, serait de refuser d'entendre les revendications ou les inquiétudes.»
De son côté, l'historien Yves Bruley, chargé de mission pour le centenaire à
l'Académie des sciences morales et politiques, souligne que «les passions
s'enflamment encore très vite sur ces questions de laïcité et de religions».
«La commémoration, explique-t-il, a eu le mérite de rappeler combien les débats
ont été âpres à l'époque.
(1) «Laïcité, valeur commune de
b- Plainte d’éditeurs
catholiques contre le site internet « Dieu n’est pas à vendre.
Rappelons que l'avocat des éditions
du Cerf est également
celui, entre autre, de
PARIS, 23 novembre 2005 (AFP) - Plainte d'éditeurs catholiques
contre un Catéchisme "pirate"
Les éditeurs français du Catéchisme de l'Eglise catholique abrégé ont annoncé
mercredi qu'ils portaient plainte pour contrefaçon et pour diffamation, après
la diffusion d'une édition pirate et d'attaques notamment sur internet.
"Ce que l'on détruit par une telle campagne, ce n'est pas une manne mais
un instrument de travail, le seul qui permette d'avoir des instruments pour la
foi", a déclaré le directeur des Editions du Cerf, le frère dominicain
Nicolas-Jean Sed, lors d'une conférence de presse.
"Qui a intérêt à saccager un tel instrument de travail?", s'est
interrogé le responsable, qui s'exprimait au nom des co-éditeurs du Catéchisme
abrégé paru début septembre, à savoir Le Cerf, Fleurus-Mame et Bayard.
Deux plaintes ont été déposées, à Paris et Laval (Mayenne), pour contrefaçon
après des saisies probatoires et une autre va l'être pour diffamation contre le
site Internet "Dieu n'est pas à vendre" et la revue L'Homme
nouveau, a précisé l'avocat des éditeurs, Me Christian Charrière-Bournazel.
La version officielle de l'abrégé, vendue 18 euros, a fait l'objet d'un contrat
d'exclusivité pour l'édition, la publication et la commercialisation en France,
conclu entre le Vatican,
"Cela contrevient à la propriété intellectuelle", selon l'avocat,
"et derrière, il y a une entreprise de dénigrement et de diffamation
particulièrement perverse". Des pétitions circulent ainsi sur l'Internet accusant
les éditeurs de vouloir "avoir le monopole de la parole de Dieu" qui
"ne doit pas être réservée aux riches".
Selon des estimations, le catéchisme des Editions du Bénin aurait été imprimé à
30.000 exemplaires, apparemment sur le territoire français, mais une partie
seulement aurait été expédiée vers le Cameroun et le Bénin.
L'édition "officielle" s'est vendue à ce jour à 80.000 exemplaires et
les co-éditeurs ont lancé un deuxième tirage de 100.000 exemplaires en octobre
en se fondant sur les ventes alors réalisées "mais les effets de la
contrefaçon ont fait que les ventes se sont ralenties", a expliqué M. Sed.
c- Deux élus FN d'Alsace condamnés pour
un tract anti-musulman
STRASBOURG, 21 nov 2005 (AFP) -
par Karim Kettani
Deux
élus alsaciens du Front National, Patrick Binder et Xavier Codderens ont été
condamnés lundi à 5.000 euros d'amende chacun pour provocation à la
discrimination et à la haine raciale ou religieuse par le tribunal
correctionnel de Strasbourg.
Les deux hommes étaient poursuivis pour avoir diffusé en mars un tract jugé
discriminatoire à l'égard des musulmans pour dénoncer une subvention du Conseil
régional à la construction de la grande mosquée de Strasbourg.
Le document titré "Pas de cathédrale à
Le 14 novembre à l'audience, le parquet avait requis une peine de 4 à 6 mois de
prison avec sursis et 10.000 euros d'amende.
Les deux élus devront en outre payer la publication du jugement dans la presse
locale et verser 1.000 euros solidairement à
Les deux hommes ont fait appel dès l'annonce du jugement qui avait été mis en
délibéré, selon leur avocat.
d- Une
interview de Nicolas Sarkozy exclusive dans l’Express
Nicolas Sarkozy contre-attaque
par Denis Jeambar
Banlieues, sécurité,
immigration... Au cœur de la crise où la révolte des cités a plongé le pays, le
ministre de l'Intérieur
s'explique.
Cet entretien
décapant avec Denis Jeambar en dit long sur sa vision de
L'Express. Comme vous n'avez pas la réputation d'être un homme irréfléchi,
on n'imagine guère que vos propos et votre action, ces dernières semaines, face
à la crise des banlieues, aient obéi à une sorte d'excitation fébrile ou de
précipitation face à l'événement. On a même le sentiment que vous avez appliqué
à la lettre la recette suivante: affirmer une fermeté absolue dans votre
volonté d'affronter les émeutes pour démontrer que chacune de vos décisions est
signe de courage. Vous voulez
apparaître, d'abord, comme le ministre qui a le courage physiqued'aller sur le
terrain au contact de la réalité. Vous voulez être, ensuite, l'homme qui a le
courage de nommer les choses en
utilisant les mots du monde réel: «Kärcher», «racaille», etc. Bref,
contrairement à une idée reçue, je ne vois aucun dérapage dans votre action,
mais plutôt un calcul permanent. Vous vous moquez des réactions désagréables
que vous provoquez, car, même dans cette crise, vous avez délibérément choisi
vos moyens en cherchant à jeter le trouble. L'essentiel est d'orchestrer le
débat politique autour de vous et d'installer l'idée que vous êtes le seul
acteur politique vraiment courageux. Autant dire qu'au milieu de ces événements
difficiles vous êtes ministre, bien sûr, mais que vous vous employez également
à sculpter votre personnage dans la perspective de la présidentielle.
Nicolas Sarkozy. Vous avez à la fois raison et tort. Vous avez
raison parce que mon action procède, en effet, d'une analyse. J'ai beaucoup
réfléchi et travaillé ces questions. Mais vous avez tort quand vous laissez
supposer qu'il y a dans cette affaire une question d'ego. J'ai une grande
expérience de la vie politique et je sais qu'agir en fonction de son seul ego
conduit à l'échec. Je reviens aux faits et à mon analyse. 1 Français sur 2 qui
ne vote pas. Trois tsunamis politiques graves en trois ans: la présidentielle
de 2002, les élections de 2004 et le référendum de 2005. Une classe politique
de moins en moins audible. Des discours, dont tant de nos concitoyens se
disent: il n'y a rien à retenir et pas davantage à entendre. Tant de Français
qui pensent que ceux qui prononcent ces discours ne croient pas un mot de ce
qu'ils disent. C'est pour cela que j'ai parlé de la nécessité de la rupture
dans notre façon de faire de la politique. Mon propos allait bien au-delà de la
conjoncture ou de mon souci de ne pas m'inscrire simplement dans un bilan. J'ai
la conviction que ce n'est pas la politique qui n'intéresse pas; c'est
l'absence de débat politique qui consterne. C'est à partir de ce constat que
j'ai décidé de parler des raisons de la crise et des problèmes de
ce qui manque en France, c'est un vrai débat.
Je veux redonner des couleurs et de la force à un débat d'idées aujourd'hui
moribond.
De toute évidence, vous avez sciemment décidé, pour vous
différencier, d'utiliser ce que vous appelez les «vrais mots». Votre mode de
communication est très innovant, de ce point de vue: vous préférez parler de
«racaille» plutôt que de «délinquants» ou de «viols» plutôt que de
«tournantes». Vous pensez être mieux entendu et mieux compris ainsi. Vous êtes
convaincu que vous renouez le fil avec les Français en parlant comme eux. Mais
cette démarche calculée, voulue, que vous assumez pleinement, soulève plusieurs
questions. Sur le rôle du politique, d'abord: on peut parler net sans parler
cru, dire des choses claires en élevant le niveau, considérer qu'il y a une exemplarité
aussi dans le langage de l'homme public. Il n'y avait rien de plus tranché et
tranchant que les conférences de presse du général de Gaulle. Pour autant, le
propos n'était jamais vulgaire. A quoi sert ce qu'il faut bien appeler votre
démagogie sémantique et verbale? Elle plaît, peut-être, dans l'instant, mais,
sur le fond, elle est dangereuse, car elle vous pousse à l'imprécision et à
l'amalgame.
Le mot «racaille» est en effet utilisé quotidiennement dans les
banlieues, mais c'est un terme collectif, qui englobe tout le monde et qui est
désastreux face à des individus qui ont perdu tout sens de la responsabilité
personnelle. Il n'est pas culpabilisant: il fait plaisir à ceux qui condamnent
de l'extérieur ces auteurs de violences, mais il n'a aucun impact sur eux. Vous
parlez à l'opinion, pas à ces individus.
Bref, si c'est bon pour votre popularité, ça n'a aucune
efficacité, bien au contraire, dans les banlieues. Vos mots masquent votre impuissance
pratique, qu'on pourrait résumer ainsi: malgré tout ce que vous avez dit et
fait, malgré la mobilisation énorme des forces de police, on brûle des
centaines de voitures et des bâtiments publics chaque nuit aux portes de Paris
et de nombreuses villes. La vérité,c'est que des portions entières du
territoire ne sont plus sous le contrôle de l'Etat depuis fort longtemps.
N. S. Qu'est-ce que vous me reprochez? D'appeler un voyou un voyou? De
dire que je veux débarrasser les banlieues d'un trafic que l'on commente depuis
des années sans s'y attaquer? C'est vrai, les banlieues, ça fait bien longtemps
qu'on sait ce qui s'y passe et ça fait trente ans qu'on a décidé, consciemment ou
inconsciemment, de les laisser dépérir dans leur coin en contournant le
problème. On a essayé d'acheter le calme en retirant les services publics et encréant
les conditions d'une politique sociale centrée sur l'assistanat. Tant
d'habitants de nos quartiers se sont ainsi sentis abandonnés par
Vous pouvez préciser cette accusation?
N. S. La police et la gendarmerie n'ont jamais eu les consignes pour
aller en profondeur dans les banlieues. Je prends un exemple: entre 1997 et
2002, il y a eu 25 journées d'émeutes et guère d'interpellations! Je ne sais
pas si la consigne avait été donnée, mais elle a été parfaitement exécutée: ne
rien faire. Nous venons de connaître 18 jours d'émeutes et nous avons, à ce
jour, procédé à près de 3 000 interpellations. Dans la polémique sur cette
crise, j'ai très bien vu que certains observateurs demandaient que l'on retire
les forces de l'ordre pour ramener le calme et expliquaient que les émeutes
étaient liées à la présence de la police et à un ministre de l'Intérieur qui
entendait faire régner l'ordre public dans ces zones de non-droit. La vérité,
c'est que, depuis quarante ans, on a mis en place une stratégie erronée pour
les banlieues. D'une certaine manière, plus on a consacré de moyens à la
politique de la ville, moins on a obtenu de résultats. Dire cela, c'est
regarder la situation telle qu'elle est. Le quantitatif n'est pas la solution.
Le temps est venu de parler des vrais problèmes. J'ajoute un dernier mot:
fallait-il que je touche là où ça fait mal pour que les mots que j'ai prononcés
suscitent un tel débat! J'observe que les habitants des banlieues, eux, m'ont
compris: c'est la réalité qu'ils vivent. Ce sont toujours les mêmes qui ont
fait mine de ne pas comprendre. Enfin, je voudrais dire qu'il y a un mot qu'on
ne prononce jamais quand on parle des banlieues: c'est le mot «peur». Un
certain nombre de Français vivent avec la peur au ventre. Peur parce qu'ils sont
des oubliés de
Je pense que vous avez pour stratégie de profiter de chaque
occasion qui se présente à vous pour incarner le volontarisme en politique et
faire passer l'idée que, avec vous, il est possible de changer le cours des
choses et que vous êtes le seul à oser. Mais, si vous nommez la réalité, si
vous la décrivez, en revanche, on ne peut dire que vous ayez vraiment agi sur
elle. Prenons des exemples de vos actions depuis 2002. En matière de sécurité,
malgré votre habileté à dire le contraire en jouant avec les statistiques, vous
savez bien que les violences et atteintes aux personnes n'ont cessé de
progresser. En Corse, on peut reconnaître que vous avez détruit le système
Pieri, ce qui n'est pas rien, mais, par ailleurs, il ne reste absolument rien
de votre projet politique initial pour l'île. Pour ce qui est de la lutte contre
la hausse des prix quand vous étiez ministre de l'Economie et des Finances, vos
injonctions aux grandes surfaces ont fait «pschitt», comme dirait Jacques
Chirac. Quatrième dossier, qui nous ramène aux banlieues: l'islam et la
laïcité. Aujourd'hui, vous donnez le sentiment d'être l'arroseur arrosé, tant
le bilan de votre Conseil français du culte musulman (CFCM) est dérisoire. Où voyez-vous
que ce clergé officiel ait fabriqué de la cohésion sociale et qu'a-t-il fait
dans cette crise, sinon sombrer dans l'impuissance?
Enfin, vous avez défendu la
discrimination positive et vous avez réclamé haut et fort des préfets
musulmans. Or, qui s'est opposé à vous dans ce gouvernement, sinon Azouz Begag,
un pur produit de cette discrimination positive? Vous avez allumé la mèche du communautarisme,
et la grenade vous saute aujourd'hui à la figure.
N. S. Absurde! Comme si c'était moi qui étais responsable du
communautarisme! Pouvez-vous me regarder et me dire en face que le
communautarisme, c'est moi? Le communautarisme, il naît de la faiblesse de
l'Etat républicain. Quand l'Etat ne remplit plus son rôle, les membres d'une
communauté se retournent vers celle-ci pour être défendus, faute de l'être par
l'Etat.
Je partage cette analyse.
N. S. Alors, comment pouvez-vous laisser entendre que je suis
responsable du développement du communautarisme dans ce pays? Mais je reviens
sur les questions concernant mon action. Vous dites: vous n'avez pas tout
résolu. C'est bien pour cela que je continue. Qui peut raisonnablement penser
que le ministre de l'Intérieur, dans un gouvernement dont il ne définit pas la
ligne politique, pourrait tout résoudre? Vous évoquez
Votre projet initial, que vous avez soumis à référendum, a tout de même
échoué!
N. S. Mon projet politique pour
N. S. Je n'ai jamais dit ça.
C'était le cœur de votre livre sur la laïcité, l'année dernière. Nous en
avons âprement débattu dans les colonnes de L'Express.
N. S. Je n'ai pas dit ça. J'ai dit que les religions étaient capables
de redonner du sens à la vie et que la question spirituelle était plus
importante que la question temporelle, notamment dans des quartiers qui sont
devenus des déserts culturels et cultuels. Je n'ai jamais parlé du lien social.
Je ne veux pas de l'ordre des mafias et je ne veux pas plus de l'ordre des
barbus. Je veux l'ordre de
Quant à Azouz Begag, il a le droit de penser
et de dire ce qu'il veut, je ne polémiquerai pas avec lui. Je dis simplement:
je suis allé 46 fois dans les banlieues depuis que je suis ministre de
l'Intérieur; pendant la crise, j'y suis allé toutes les nuits, et je vais
continuer à y aller. Je parle d'une réalité que je connais et je m'adresse à
des gens qui m'entendent. Tous les sondages le montrent: les habitants des
cités ont compris que l'action que je mène est pour eux, pas pour ceux qui n'y vivent
plus depuis longtemps ou qui n'y vont jamais. Moi, mon travail, c'est d'être
compris de ceux qui y habitent, qui baissent la tête quand ils rentrent dans
leur immeuble parce que des voyous leur rendent la vie impossible. Je suis du
côté de ces gens-là. Je n'ai allumé aucune mèche. Quant à la grenade qui me
saute à la figure, les Français sont moins sévères que vous, puisqu'ils me
mettent en tête de ceux dont ils attendent des solutions. Je ne dis pas que
j'ai toujours raison, mais au moins j'essaie, je cherche. J'ai la volonté de
briser le carcan de la réflexion unique.
Je
voudrais dire ceci à vos lecteurs: dans ma démarche, je veux qu'on me
reconnaisse le droit à l'erreur, parce que l'erreur est moins grave que le fait
de ne pas tenter, de ne pas bousculer. Vous n'avez pas fait une erreur, vous,
quand vous avez décidé de sortir L'Express le lundi? En bref, je considère
qu'il n'est pas de pire risque pour
Croyez-vous vraiment que le rôle de l'homme public soit d'imiter les gens en
reprenant leurs mots? Il y a dans ce pays un énorme déficit de représentation,
mais on ne demande pas pour le combler d'imiter les gens comme on imite le cri
des bêtes! Vous êtes élu pour prendre en charge les problèmes et leur trouver
des solutions, pas pour jouer les Laurent Gerra! D'ailleurs, ça ne trompe personne:
regardez ce qui est arrivé à Laurent Fabius avec ses confidences sur son goût
pour les carottes râpées et sur sapassion pour le Loft! La même chose vous
guette avec votre nouveau parler-vrai: c'est de la politique réduite à la
communication. N. S. D'abord, il n'y a aucune vulgarité dans mes propos et
je n'imite personne. Peut-être y a-t-il surtout trop de mondanités dans le
débat politique: on parle entre nous de sujets qui ne concernent personne avec
des mots que personne ne comprend. La sémantique, ça compte. Les idées, les
mots, les concepts servent à déverrouiller l'action. Je prends une image: la
communication est à l'action ce que l'aviation est à l'infanterie; l'aviation
doit passer pour que l'infanterie puisse sortir; c'est lorsqu'on a gagné la
bataille de la communication qu'on peut commencer à agir. Il y a vingt-cinq
ans, on agissait puis on communiquait; à présent, tout a changé, c'est parce
qu'on a communiqué et qu'on s'est fait comprendre qu'on peut agir. Quand je dis
«racaille», je ne parle pas des jeunes, contrairement à ce qu'on cherche à
faire croire, ni des jeunes ni des habitants des banlieues, je ne fais aucun
amalgame,je fais même le contraire. Je désigne avec un mot qui n'est pas assez
fort ceux qui ont tué d'un coup de poing un homme âgé, qui ont battu à mort un autre
en train de prendre des photos dans la rue, qui ont mis le feu aux cheveux
d'une infirme. Quand je dis Kärcher, tout le monde comprend que je veux agir en
profondeur pour débarrasser les quartiers des trafics et des trafiquants, pour
la tranquillité de ceux qui y vivent. Alors, c'est vrai, j'ouvre des débats.
Depuis quatre ans, c'est d'ailleurs moi qui les ai portés. Sans exception! Y
a-t-il de la vulgarité dans tout cela? Etait-ce vulgaire de s'opposer à l'entrée
de
François
Hollande depuis quatre ans? J'ai fait de mon parti le premier lieu du débat
politique en France. Alors, de grâce, ne me comparez pas à
Laurent
Gerra!
Il a beaucoup de talent.
N. S. C'est vrai, vous auriez dû le préciser dans votre question! Plus
sérieusement, j'ai profondément changé dans ma manière de faire de la politique
et je ne cesse d'avoir plus d'appétit pour le débat d'idées. Je ne parle pas
des carottes râpées, de
Je
suis au cœur du débat politique parce que j'essaie de porter des alternatives
sur les grands problèmes de
En 1994, dans son bréviaire électoral,
initiative économique; une immigration clandestine et
incontrôlable contribue à y rendre la situation plus dramatique. Il faut
lancer immédiatement un plan national de reconquête de ces zones…»
J'imagine, qu'en son temps au moins, même si vous défendiez alors la
candidature d'Edouard Balladur, vous avez lu ce texte. Il est si remarquable
que personne, aujourd'hui, ne peut dire, sauf à être d'une totale mauvaise foi:
nous ne savions pas. Le diagnostic était impeccable et les remèdes proposés
très précis: traitement économique pour offrir de l'emploi à tous, traitement
social d'accompagnement, lutte contre l'échec scolaire. Où est l'erreur?
Vous-même, ne vous êtes-vous pas trompé en différant votre loi sur
la prévention, annoncée pour mars 2003 et que vous ne
présenterez qu'à la fin de
ce mois de novembre 2005? Ce gouvernement ne s'est-il pas trompé en supprimant
les emplois-jeunes et en croyant que la seule réhabilitation de l'habitat
réglerait les difficultés? A quoi servent des logements neufs quand on n'a pas de
revenus pour les entretenir et vivre? En supprimant la police de proximité, en
donnant comme seule priorité à vos troupes la répression, en insistant sur la
«culture du résultat», en ironisant sur les policiers transformés en «agents
d'ambiance», vous-même, n'avez-vous pas obéi à cette loi simpliste de
l'alternance qui veut qu'on fasse table rase de tout le travail de ceux qui
vous ont précédé?
N. S. Je voudrais d'abord dire que ce n'est pas la première fois que je
suis d'accord avec le diagnostic de Jacques Chirac. Depuis 2002, par ailleurs, nous
avons beaucoup fait. Mais je voudrais, surtout, qu'on en finisse avec quarante
années d'erreurs, droite et gauche confondues. J'en vois quatre importantes.
Première erreur: on a cherché à aider des territoires plutôt qu'à aider des
individus. Aider des territoires, ça veut dire aider tout le monde, celui qui
veut s'en sortir, mais aussi celui qui ne fait rien pour cela. Ça permettait à
la société de se dérober et d'ignorer qui il fallait aider, c'est-à-dire les
personnes issues de l'immigration maghrébine et d'Afrique noire. On n'a pas eu
le courage de dire cela et on s'est protégé avec l'aide au territoire.
Deuxième
erreur: on a fait du social là où il fallait offrir du travail. On a aidé les
colonies de vacances, on a créé des terrains de football, on a distribué des
subventions là où il fallait donner une formation. Troisième erreur: on a
refusé de regarder le problème des banlieues en face. On a nié l'existence de
bombes à retardement à dix minutes du centre de la capitale de
Quelle faute y a-t-il derrière ces quatre erreurs?
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N. S. Si on devait trouver une faute qui résumerait tout, c'est la
lâcheté. Lâcheté, parce qu'on n'a pas voulu dire que l'immigration est un
problème qui existe. Lâcheté, parce qu'au fil des ans on a laissé le problème
s'enkyster. Lâcheté, parce qu'on a trouvé plus facile de faire du collectif
plutôt que de l'individuel. Lâcheté, parce qu'il était plus simple de
distribuer des crédits dans une France en croissance, plutôt que d'obliger des
gens à se former et à travailler. Lâcheté, parce qu'on s'est retranché derrière
un concept, le modèle d'intégration à la française, sans se demander s'il était
encore efficace.Lâcheté, parce qu'on n'a pas voulu poser la question d'une
immigration choisie plutôt que subie.
Michel Rocard, le premier, a dit: «
N. S. Comme souvent dans sa vie politique, Michel Rocard a porté là une
idée neuve. Mais il n'en a tiré aucune conclusion. Le seul qui ait apporté une
réponse, même si je la combats, c'est Le Pen, en disant: «N'accueillons
personne.» Moi, je propose une troisième voie, la vraie, celle de l'immigration
choisie au travers de quotas d'immigration. J'ajoute que l'action policière que
j'ai engagée dans les quartiers ne s'arrêtera pas avec la fin des violences urbaines.
La police va rester et nous allons éradiquer les trafics. Des affaires vont
sortir dans les prochaines semaines. La vraie police de proximité, c'est que,
désormais, le tiers des forces mobiles, au lieu d'être consacrées au maintien
de l'ordre, s'installent durablement dans les quartiers, pour la sécurité
quotidienne. Mais ce ne sera pas une police de proximité pour dire bonjour à
des commerçants qui, par ailleurs, ont déserté ces quartiers, ce sera pour
interpeller, pour protéger et pour punir chaque fois que ce sera nécessaire. La
police va arriver dans les quartiers à 17 heures et partir à 4 heures du matin,
parce que ce sont les horaires des voyous qui trafiquent de la drogue ou volent
des voitures! Ça, c'est de la vraie prévention et de la protection. Demandez
aux habitants de
Encore faudrait-il que vous restiez ministre de l'Intérieur longtemps!
N. S. Vous savez ce que disait Jacques Chaban-Delmas: «Rendez-vous lundi
prochain, sauf la mort.» La volonté d'un homme politique, c'est de penser qu'il
a le temps et il doit en tirer la conclusion qu'il doit commencer à travailler
tout de suite.
Diriez-vous comme Philippe de Villiers qu'il y a des problèmes d'ethnicité
dans nos banlieues?
N. S. Je ne reprendrai pas le langage de Philippe de Villiers, car, pour
moi, il a des relents de discrimination raciste et je ne l'accepte pas. On
n'est pas élinquant à cause de la couleur de sa peau.
Tous ces émeutiers sont d'abord français.
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N. S. Ils sont tout à fait français juridiquement. Mais disons les
choses comme elles sont: la polygamie et l'a-culturation d'un certain nombre de
familles font qu'il est plus difficile d'intégrer un jeune Français originaire
d'Afrique noire qu'un jeune Français d'une autre origine. Dire cela, c'est
décrire une réalité qui explique que je veux faire plus pour eux. Il sont
victimes d'une discrimination et je conteste cette idée que, sur la ligne de
départ de la vie, on part tous du même point. Il y en a qui partent de plus
loin, parce qu'ils ont un handicap, celui de la couleur, de la culture, du
quartier. Il faut donc les aider. C'est le concept de discrimination positive à
la française.
«Discrimination positive à la française», n'est-ce pas encore une formule
creuse comme «modèle social français»?
N. S. Mais non! La discrimination positive à la française, c'est arrêter
de considérer qu'on résout le problème des injustices en parlant et en ne
faisant rien. C'est arrêter de penser qu'on arrive à l'égalité par le
nivellement: celui qui travaille plus que les autres doit gagner plus que les
autres. Ça veut dire que le département de
Avec des quotas?
N. S. Non. Discrimination positive à la française, ça ne veut pas dire
quotas ethniques ou culturels. Ça veut dire créer une égalité des chances qui
soit réelle.
A partir des observations que vous avez faites au cours de ces nuits de
violence, quelle est l'ampleur réelle du problème?
N. S. L'affaire est grave. Nous n'avons pas quelques dizaines ou
quelques centaines de délinquants. Il s'agit de milliers et le nombre de
personnes interpellées en donne la mesure. Un certain nombre de territoires
sont passés sous le contrôle de bandes parfaitement organisées. Elles règnent
en maîtresses absolues. On voit leur organisation à partir de la façon dont
elles utilisent les mineurs. Quand on découvre un laboratoire de fabrication de
cocktails Molotov à Evry [Essonne], on y trouve sept mineurs de 13 à 17 ans,
utilisés par des caïds. Les bailleurs sociaux sont rackettés. On a constaté que
n'ont des appartements que ceux que ces bandes acceptent. Une épreuve de force
s'est donc déroulée sous les yeux de
Iriez-vous jusqu'à proposer, comme en Grande-Bretagne, une interdiction pour
les mineurs de moins de 12 ans de circuler seuls dans les rues au-delà de 22
heures?
N. S. Non, car je ne crois pas aux mesures générales. En revanche, il
nous faut lutter contre l'absentéisme scolaire. Là encore, si une famille
n'exerce
pas
ses devoirs, la question de ses droits aux allocations doit être posée.
Autre sujet de débat, la polygamie.
N. S. Il n'y a pas à lutter contre, elle est interdite. Je demande donc
qu'on repense les conditions de mise en œuvre du regroupement familial. Il a
été
détourné
de son objectif. On ne peut plus accepter de regroupement familial sans
vérification. C'était une mesure pour favoriser l'intégration. C'est
devenu
une nouvelle filière d'immigration. Celui qui demande le regroupement doit
avoir les moyens matériels d'accueillir sa famille et de la faire vivre.
Comme vous n'improvisez rien, il y a, de toute évidence, autre chose
derrière votre choix de parler avec les mots des gens.
Ce mimétisme reflète le fond de votre stratégie: vous faites de la
politique par lotissement, vous construisez des discours pour
des clientèles que vous travaillez avec application pour vous les
rallier le moment venu, c'est-à-dire le jour de l'élection présidentielle,
dont vous m'avez dit, lors d'une rencontre, que vous y pensiez
tout le temps. Vous faites du blairisme, mais votre modèle Blair agit,
lui, dans un contexte culturel très différent, puisque le
communautarisme structure la société britannique: il peut segmenter son
discours sans courir le risque de déstructurer le pays et d'être
lui-même incohérent.
dont vous parlez tant depuis le début de notre entretien, cultive
ce qui rassemble, pas ce qui différencie. C'est ainsi. Du coup, tout ce
qui, depuis des années, depuis la création du mouvement Touche pas
à mon pote!, fait l'éloge de la différence déstabilise notre
modèle et le fragilise. Au passage, ce communautarisme est très
ambigu: on prétend respecter la culture de l'autre mais, au fond,
on le rejette en l'enfermant dans sa communauté et en refusant de
faire l'effort de l'intégrer. On a la preuve, avec ces révoltes, que
ça ne marche pas.
N. S. Pour moi,
égaux,
on passe à côté de la résolution des problèmes.
problèmes
différents des autres. Et s'occuper des problèmes de tous les Français, ce
n'est pas un reproche qu'on peut faire à un responsable politique.
Il y a des problèmes spécifiques. Quand vous
parlez de communautarisme, vous traduisez une peur.
faible
que moi. S'occuper des banlieues ou des musulmans, ce n'est pas faire du
communautarisme. Mon action est profondément républicaine, car
je
veux rétablir l'ordre républicain. Elle est le contraire du communautarisme.
Après toutes les interpellations que nous avons faites,
d'ailleurs,
plus la même, car le sentiment d'impunité, pour la première fois depuis très
longtemps, va reculer. Vous devriez dire: enfin un ministre de l'Intérieur
républicain! Le droit de vote des étrangers, par exemple, c'est un facteur
d'intégration.
Mais ce n'est pas le sujet du moment, puisque ces émeutiers sont quasi tous
Français et ont donc le droit de vote!
N. S. C'est vrai, mais cette question du droit de vote je l'ai soulevée
dès 2001 dans mon livre Libre. En rappelant cette proposition, j'ai
simplement voulu
dire
que je ne faisais pas d'amalgame. Par ailleurs, 15 pays sur 25 dans l'Union ont
déjà donné le droit de vote aux étrangers. Au fond de moi, je pense
qu'on
n'a pas été assez ferme sur le respect des devoirs et pas assez généreux sur
l'expression des droits. Profondément, je crois que les civilisations
sont
plus mortelles par les risques de consanguinité que par l'ouverture. On
disparaît quand on se referme sur soi- même.
d'une
diversité qui nécessite, d'ailleurs, un Etat fort. C'est la force de cet Etat
que je rétablis dans les banlieues et jamais l'expression Compagnie
républicaine de sécurité n'a été aussi vraie.
Il y a, aujourd'hui, des analyses différentes des événements. Les uns, à
l'image par exemple de l'historien René Rémond, pensent que
nous sommes face à une dégradation de la sociabilité collective et
que ces jeunes révoltés, qui sont pour la plupart français, puisque
nés sur ce territoire, refusent désormais de s'intégrer. Les
autres, comme le démographe Emmanuel Todd, qui ont une vision beaucoup
plus optimiste, considèrent que ces violences traduisent une
désintégration de la famille maghrébine et africaine et expriment un
refus de marginalisation. Quelles sont votre propre interprétation
et les conclusions que vous en tirez pour votre action?
N. S. Je crois qu'il n'y a pas d'autre choix que l'optimisme. Si nous
ne les intégrons pas, nous nous désintégrerons. Mais, pour y parvenir,
doit
cesser d'être complaisante pour être ferme. J'ai bien conscience que la fermeté
peut générer une violence. C'est la raison pour laquelle la fermeté
doit
être juste. La société française, et c'est peut-être là sa vraie exception, est
très sensible à la question des injustices. Fermeté et justice, c'est le
chemin
de la rupture que je défends. Il faut que la rupture incarne une sécurité et
pas une inquiétude. Il n'y a pas deux France, une France de l'ordre
et
une France de la générosité: quand on expulse un clandestin, il y a à la fois
de l'exaspération devant ce phénomène de l'immigration clandestine
et
de la gêne devant la misère de ces gens. J'ai mis longtemps à comprendre cela.
Mais je crois que la politique a pour but de répondre précisément
à
ces aspirations contradictoires. Pour y parvenir, il faut dire ce qu'on va
faire, évaluer ce que l'on fait, rendre compte des résultats et s'engager sur
eux.
Le drame de la politique française, c'est de refuser de choisir et d'assumer.
Moi, ça ne me gêne pas de dire que je suis de droite, mais je ne
serai
pas celui qui contribuera à la caricaturer. Je veux qu'elle s'adapte aux
évolutions de la société et qu'elle accepte la diversité et le débat comme
facteurs
de richesse. Plus de vaches sacrées, plus de tabous. C'est la clef de la
réponse au tsunami de 2002.
Je voudrais finir par une question plus personnelle: vous avez joué la
«peopolisation» à fond jusqu'à mettre en scène votre fils mineur
Louis. Vous dénoncez maintenant le voyeurisme des médias et
entendez vous protéger. Votre erreur fondamentale n'est-elle pas
d'aller toujours trop loin parce que vous pensez avoir toujours
raison?
N. S. Je doute, je réfléchis, je travaille et quand j'ai une conviction
j'essaie alors de la faire partager de toutes mes forces. Pour le reste, j'ai
eu à
subir
ce qu'aucun autre homme politique n'a eu à subir ces dernières années. Je n'ai
pas cédé à la peopolisation, comme vous dites. Cécilia et moi,
nous
avons été vrais d'un bout à l'autre. Nous n'avons jamais joué la comédie. Quant
à la phrase de mon fils «bonne chance, mon papa!», c'était un
clin
d'œil adorable. Je suis prêt à reconnaître ma part d'erreur. Je ne joue la
comédie ni sur mes idées, ni sur mon engagement, ni sur ma vie. Ma vie
telle
qu'elle était décrite dans les médias, c'était ma vraie vie. Peut-être ai-je
commis l'erreur de donner trop. Mais je ne suis pas avare. La vie m'a
beaucoup
donné, et j'entends lui donner beaucoup. La politique, c'est une grande affaire
de passion, et les passions, ça ne se vit pas avec calcul,
avec mesquinerie. Les
passions, c'est grand, et un destin, ça se construit. Ces six derniers mois ont
sans doute été les plus durs que j'aie jamais eu à vivre, mais j'en sors
renforcé Voici ce qu'on
appelle un discours de visionnaire ! Nicolas
Sarkozie aurait, lui aussi , comme Monsieur Chirac, tout intérêt à lire le bienheureux Charles de
Foucauld, sa lettre à René Bazin. Elle est de nature à corriger ses illusions. Mais un
« politique » qui vit dans l’illusion est très dangereux !
Lettre du Père de Foucauld adressée à René
Bazin, de l'Académie française, président de
« Ma
pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire
colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un
mouvement nationaliste analogue à celui de
L'empire Nord-Ouest-Africain de
Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement,
discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce
à une prise de contact étroite et affectueuse, Oeuvre surtout de laïcs français
qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus
intime.
Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui.
D'une manière générale, non.
Plusieurs
dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des
accommodements ; avec l'un, celui du medhi, il n'y en a pas : tout
musulman, (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi), croit
qu'à l'approche du jugement dernier le medhi surviendra, déclarera la
guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou
subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l'islam
comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou
tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation
non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira
et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la
sagesse l' engage à subir avec calme son épreuve; " l'oiseau pris au piège
qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille,
il se trouve intact le jour de la libération ", disent-ils ; ils peuvent
préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux
Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être
attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger; ils
peuvent se battre avec un grand courage pour
De
Charles de FOUCAULD
C- Les
Nouvelles des Etats-Unis
L'ayatollah
Mohammad-Taghi veut envoyer 5.000 prédicateurs aux USA
Un important religieux
conservateur iranien, l'ayatollah Mohammad-Taghi Mesbah-Yazdi, a affirmé qu'il
fallait envoyer 5.000 prédicateurs aux Etats-Unis pour prêcher l'islam, a
rapporté lundi l'agence estudiantine Isna.
"Il faut former et envoyer 5.000 prédicateurs aux Etats-Unis pour prêcher
la bonne parole aux Iraniens vivants dans ce pays", a déclaré M. Mesbah
Yazdi, considéré comme le théoricien des ultraconservateurs.
Le dignitaire religieux est également l'un des principaux soutiens du président
Mahmoud Ahmadinejad, élu à la suprise générale en juin dernier.
"Dans l'immédiat, pour former 500 de ces prédicateurs nous avons besoin
d'un important budget", a déclaré M. Mesbah Yazdi, qui dirige le Centre
Imam Khomeiny, une école de formation de théologiens, située dans la ville
sainte de Qom (
Il existe actuellement plus d'un million d'Iraniens aux Etats-Unis, dont la
plupart ont quitté l'Iran au moment de la révolution islamique de 1979. Source : AFP
D- Au sujet de l’ « affaire de Bordeaux »…
Le cardinal
Castrillon Hoyos vient de déclarer, on le sait,
dans sa dernière interview à « 30 jours » (XXIIIe année N. 9 - 2005) que
Rappelons
les phrases du cardinal :
Éminence,
quelle est la valeur de l'audience accordée par le pape au supérieur général de
Castrillón Hoyos : L'audience fait partie d'un processus qui a commencé par une
intervention très importante de celui qui était alors le cardinal Ratzinger,
qui a signé avec Monseigneur Lefebvre un protocole d'entente avant que ce
dernier ne décide de procéder aux consécrations épiscopales de 1988.
Monseigneur
Lefebvre n'est pas revenu en arrière…
Castrillón Hoyos : Malheureusement, Mgr Lefebvre a maintenu sa décision de consacrer
des évêques et cela a donc créé cette situation de détachement, même
s'il ne s'agit pas formellement d'un schisme.
On se souvient que les dominicains de
Bordeaux avait mis en garde les fidèles bordelais contre la présence des abbés
Philippe Laguerie et Christophe Hery à l’église saint Eloi sous le seul
argument que
Mise au point sur
Nombre de fidèles nous posent des questions
concernant les prêtres de
1)
Le mouvement lefebvriste, dirigé par
2) Mais le Pape n'a jamais proclamé
l'excommunication à leur endroit !
Il n'en a pas besoin, même s'il en a pris
acte. Un évêque qui ordonne des évêques sans la permission du Saint-Siège se
place lui-même hors de la communion. Lui-même et ceux qui reçoivent ordination
de ses mains s'excommunient par le fait même, ipso facto, ainsi que les prêtres
qui se placent sous leur juridiction. Le refus d'obéir à l'évêque diocésain et
de dépendre de lui pour toute mission pastorale est le signe manifeste de la
rupture.
3) Les prêtres de
Ce n'est pas le problème. Le fait de prier
pour le Pape n'est pas de soi un signe d'appartenance à l'Église. Surtout, le
discours ambigu qui consiste à prétendre qu'il n'y a pas schisme sous prétexte
qu'ils ne se considèrent pas en-dehors de l'Église (et même qu'ils sont
quasiment les seuls à y être restés) ne saurait faire illusion. Autre est le
sentiment subjectif d'une appartenance, autre est la réalité objective.
Lorsqu'on adhère à un acte grave et schismatique, et que l'on milite pour cette
cause à tout moment, on se situe objectivement hors de l'Église.
4) Comment un mouvement qui revendique sa
fidélité à
L'intégrisme français se place nettement en
réaction contre le modernisme, mouvement de pensée qui consiste à réduire la
vérité à la sincérité, l'objectif au subjectif, la foi au sentiment, les dogmes
à l'assentiment de la seule raison, l'obéissance à l'Église à une critique purement
humaine. Mais, en réalité, il tombe lui-même dans les erreurs qu'il pourfend.
Le mouvement lefebvriste se fait maître et arbitre des décisions de l'Église en
son Magistère traditionnel et actuel. Il en appelle à " une Église de
toujours " contre " l'Église conciliaire " selon une distinction
irréelle et illégitime, qui lui permet de désobéir sans en avoir l'air. En quoi
cette dissidence n'est pas aussi préservée qu'elle le pense du subjectivisme
qu'elle dénonce, par exemple, chez les Protestants. Elle est en train de suivre
le même chemin que Luther. Ce n'est pas le moindre de ses paradoxes.
5) Un fidèle peut-il assister à une messe
de
Un fidèle ne peut pas plus assister à une
Messe et y communier qu'il ne le ferait pour une Messe dans une église
orthodoxe (laquelle demande permission expresse des évêques respectifs). La
présence réelle du Christ s'y trouve évidemment, les prêtres étant de vrais
prêtres. Mais la communion ecclésiale ne s'y trouve pas, c'est pourquoi il ne
faut ni communier ni même y aller. Cela, eu égard à la réalité d'une rupture,
eu égard aussi à la nécessité de se refuser au jeu de la confusion, volontiers
entretenue par
6) Faut-il alors s'interdire tout contact
avec le clergé ou les fidèles relevant de
Non, mais il s'agit d'éviter toute confusion
liturgique et, surtout, toute confusion quant à l'appartenance actuelle de
7) Mais pourquoi la préférence pour
8) Y a-t-il un risque de dérive sectaire ?
Le schisme lefebvriste procède d'un acte
formel et grave de désobéissance à l'Église. Il préfère sa vision des choses à
celle qu'enseigne l'Église en son Magistère authentique. Cette préférence est
la marque d'un durcissement des esprits et des cœurs. Elle est source de
dégénérescence de ce que ce mouvement comporte de bon. Encore une fois, il
appartient ainsi à l'esprit moderne qu'il déteste tant. La vertu de ses prêtres
et la piété à laquelle ceux-ci appellent les fidèles ne sont pas en cause. On
invoque souvent leur souci de doctrine. Dans la confusion actuelle, ils n'ont
pas de mal à paraître éclairés et exigeants. Mais cette solidité doctrinale est
beaucoup plus passionnelle que théologique. Elle met nombre de choses sur le
même plan, qu'il faudrait distinguer et nuancer, et commet bien des
inexactitudes sur des sujets graves, à commencer par ce qu'enseigne le Concile
Vatican II. Il n'est pas possible, pour les fidèles, de suivre les prêtres de
la fraternité Saint Pie X. Ils le pourront le jour où la réconciliation sera
effective. Il faut prier pour cela, d'autant que le mouvement lefebvriste est
menacé, au contraire, d'une dérive sectaire. Cette dérive n'est pas d'abord
doctrinale, mais psychologique (autojustification constante, violence verbale,
diabolisation du monde extérieur, surenchère affective, mystique du petit reste
(seul à être sauvé), noircissement constant et souvent inexact de l'Église : il
n'est qu'à lire la critique qu'il fait du Catéchisme de l'Église catholique,
suspecté de bien des déviances !
Que penser, que faire ?
On ne peut être catholique qu'en étant
humblement obéissant à l'autorité légitime de l'Église, à son enseignement et
aux directives proposées par ses évêques et pasteurs en parfaite communion avec
le Saint-Père. Il est vrai qu'une large part de la dissidence lefebvriste
trouve son origine dans les troubles doctrinaux et liturgiques qui ont suivi le
Concile Vatican II en France. C'est pourquoi chacun, prêtre ou laïc, est ramené
à l'exigence d'une semblable obéissance, d'une transmission complète et
courageuse de la foi, et d'une liturgie digne, fidèle au Missel et
contemplative. On ne saurait dénoncer un mal qu'en supprimant la source d'où il
affirme provenir. Mais on ne saurait réformer l'Église en se plaçant hors
d'elle.
La communauté des Dominicains de Bordeaux,
octobre 2002.