Les Nouvelles
de
Chrétienté


n°44

Le 10 mars 2006

 

1-Des Nouvelles de Rome

a-Autour d’une rencontre de Benoît XVI et de Silvio Berlusconi.

2- Des nouvelles de l’Eglise au  Canada

a-Du rififi au canada dans les milieux ecclésiastiques…

3-Des Nouvelles de la FSSPX

a- Interview de Mgr Williamson à Minute

4- Des Nouvelles de l’Eglise en France 

a- Conférences de Carême à Notre Dame de Paris 2006

b- Au cimetière de Boeschèpe dans le diocèse de Lille…cent ans après

5- Des Nouvelles du Pays Bas

AUX PAYS-BAS, « le temps des discussions conviviales avec les musulmans est révolu».

6- Des Nouvelles de France

a- L’affaire  Raphaël Clin

b-Sur le contrat de première embauche (CPE),

7-  Au Royaume-Uni : l’Affaire Evans 
a-Le Centre Français pour la Justice et les Droits Fondamentaux (CFJD) communique ces intéressantes remarques sur cette affaire

b- Commentaire de Rémi Fontaine dans Présent.

8-Des Nouvelles des USA

Une loi contre l’avortement

Le Dakota du Sud secoue l’Amérique

 

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1-Des Nouvelles de Rome

 

a-Autour d’une rencontre de Benoît XVI et de Silvio Berlusconi.

L’Apic communique :

Italie: Face à la polémique et aux critiques, le président du Conseil recule

Silvio Berlusconi ne se rendra finalement pas au Vatican fin mars

Rome, 7 mars 2006 (Apic) Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien, ne se rendra finalement pas chez le pape le 30 mars prochain. La décision du leader du parti de droite "Forza Italia" met ainsi fin aux polémiques créées autour de l'audience accordée par Benoît XVI aux membres du PPE (Parti populaire européen) juste avant les élections législatives dans la péninsule.

Le 7 mars 2006, l’ensemble de la presse italienne a largement rapporté les réactions des différents politiciens italiens et du Saint-Siège.

"Je n'irai pas chez le pape, je ne suis pas un parlementaire européen", a déclaré Silvio Berlusconi dans la soirée du 6 mars 2006, à la suite de la tempête politique provoqué par l'annonce de cette audience. "Sur tout cet événement, la gauche a été hystérique, j'ai décidé de ne pas participer à l'audience", a-t-il assuré. "Les délégués avaient demandé depuis septembre d'être reçus au Vatican. Mais je ne fais pas partie du groupe du Parti populaire européen", a-t-il ajouté.

Le premier ministre italien a pris sa décision suite à la polémique lancée par l’opposition les 5 et 6 mars autour de l'audience accordée par Benoît XVI aux quelque 267 participants du congrès du PPE à Rome, fin mars prochain. Les élections législatives italiennes ayant lieu les 9 et 10 avril 2006, certains voyaient dans cette rencontre le soutien de l'Eglise catholique aux programmes des politiciens italiens de droite.

Plus de 6'500 signatures ont été recueillies ces derniers jours sur le site Internet www.arcoiris.tv/appello/benedettoXVI pour rejeter la proposition de l'audience du pape au PPE.

Le président de la chambre des députés italienne, Pierfinando Casini, s'est rangé aux côtés du président du Conseil, expliquant qu'il n'irait pas non plus chez le pape "pour éviter une instrumentalisation de l'affaire".

Romano Prodi, le chef de l'opposition italienne, a pour sa part déclaré qu'il n'entendait "en aucun cas (se) prêter à des polémiques d'aucun type autour des audiences que le pape retient de concéder légitimement".

Embarras malgré tout

Au Vatican, on a expliqué que "le pape ne pouvait pas ne pas recevoir les congressistes du PPE"; que leur demande d'audience "était prévue depuis longtemps" et qu'elle "a été acceptée avant que la date des élections italiennes ne soit fixée".

La Secrétairerie d'Etat a ajouté que "toutes les fois que cette formation s'est réunie à Rome, elle a été reçue par le pape". En outre, on y estime que ces instrumentalisations sont "ridicules" et que "le pape ne se range pas" ainsi. "On ne peut pas laisser dehors les dirigeants politiques italiens adhérents au PPE", a-t-on expliqué. "On parvient seulement en Italie à faire beaucoup de polémique sur rien", a en outre estimé l'évêque auxiliaire de Rome Mgr Rino Fisichella.

Depuis le 20 septembre dernier, les 68 partis membres du groupe le plus important du Parlement européen, avec 264 sièges, ont décidé de se réunir à Rome, fin mars, pour le trentième anniversaire de leur formation. Font partie du PPE, les partis italiens Forza Italia, UDC et Udeur, mais aussi l'UMP française, la CDU allemande ou l'OVP autrichien de Wolfgang Schüssel.

Malgré tout, face à l'embarras suscité par les polémiques autour de la présence, allant contre le protocole, de politiciens chez le pape, dix jours avant des élections, le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Ruini, aurait suggéré à Silvio Berlusconi de "réfléchir".

En attendant, le ministre des affaires étrangères et leader de l'Alliance nationale (droite) Gianfranco Fini compte se rendre le 11 mars prochain à la rencontre des étudiants romains avec Benoît XVI, salle Paul VI au Vatican. Le maire de Rome Walter Veltroni y participera également. 7000 jeunes seront réunis autour du pape pour réfléchir sur le thème de la 4e journée européenne des universitaires 'L'humanisme chrétien, voie pour une nouvelle coopération entre Europe et Afrique". (apic/imedia/ar/pr)

07.03.2006 - Apic

 

2- Des nouvelles de l’Eglise au  Canada

 

Du rififi au canada dans les milieux ecclésiastiques…

Cet article est mal écrit…Mais je le propose à votre lecture pour votre information. Il montre l’existence d’une vraie « cabale » du clergé… Les évêques vont avoir du mal…

 

« Ciberpresse.ca » donne sur son site cette information :

«CONFÉRENCE RELIGIEUSE DU CANADA

Les religieux canadiens critiquent la morale sexuelle catholique

Mathieu Perreault

La Presse

Un organisme représentant 22 000 religieux canadiens déplore la rigidité de la morale sexuelle catholique, et réclame un débat sur le mariage des prêtres et l'ordination des femmes.

«Nous regrettons la défense de principes qui ne rejoignent pas l'expérience humaine: divorce, contraception, avortement, protection contre le sida, allégement des souffrances en fin de vie», peut-on lire dans le document obtenu par La Presse. Il s'agit d'une lettre envoyée en décembre aux évêques du pays par la Conférence religieuse du Canada, qui regroupe 230 congrégations religieuses, dont les franciscains, les dominicains et les jésuites.

La lettre de 16 pages a été préparée à l'occasion de la visite ad limina des évêques au Vatican, début mai. Cette visite, qui survient tous les cinq ans, permet aux évêques de discuter avec le pape et les prélats de la situation de l'Église canadienne.

«Nous avons sondé nos membres au printemps dernier, et avons isolé les grands dénominateurs communs», explique le président de la Conférence religieuse, Alain Ambeault, un clerc de Saint-Viateur. «Il s'agit d'une démarche exceptionnelle, rendue nécessaire par le fossé qui existe entre la réalité et le langage de l'Église. Nous avons été surpris par l'unanimité des congrégations partout au pays.»

Environ 60 % des membres ont répondu au sondage, et le conseil d'administration de la Conférence a adopté le document à l'unanimité.

Vent de contestation?

Que pense le père Ambeault de la lettre ouverte publiée cette semaine par 19 prêtres québécois dénonçant l'attitude de l'Église envers les homosexuels? «Je suis d'accord que l'Église a parfois un langage qui crée de l'exclusion», répond-il, diplomate. Cette semaine, des évêques québécois ont déploré que les 19 prêtres aient écrit une lettre ouverte, au lieu de communiquer discrètement avec leurs évêques, comme le fait la Conférence religieuse.

La lettre de la Conférence religieuse contient des «regrets» et des «souhaits». Les opinions exprimées sous forme de regrets sont moins catégoriques que celles qui forment des souhaits. La lettre place la question de la morale sexuelle sous la rubrique des regrets. Mais l'«ouverture de la discussion» sur l'ordination des femmes et des hommes mariés constitue un souhait. L'homosexualité est abordée timidement, par une demande d'«accueil».

Parmi les souhaits, on retrouve aussi l'absolution collective, une forme du sacrement du pardon populaire au Québec, et qui est de plus en plus interdite par le Vatican et les évêques québécois. La lettre demande que l'absolution collective soit permise durant le carême et l'avent. Certains catholiques sont mal à l'aise face à la confession individuelle et préfèrent l'absolution collective.

Au chapitre des sacrements, la lettre regrette que les divorcés remariés ne puissent recevoir la communion, et souhaite que «la présidence des funérailles et des mariages (sans eucharistie) soit confiée à des laïcs».

Le document mentionne aussi que certains prêtres de pays en voie de développement, qui viennent faire leur ministère au Québec pour pallier le manque de vocations, connaissent mal la culture d'ici. «Il y a des problèmes de compréhension au niveau de la place des femmes, du statut du clergé et de la culture», précise le père Ambeault. Les prêtres d'Amérique du Sud et d'Afrique sont souvent scandalisés par la permissivité morale des Québécois, et par leur manque de respect envers les prêtres.

Selon un vaticaniste réputé, John Allen, de l'hebdomadaire américain National Catholic Reporter, une telle prise de position n'a pas beaucoup de précédents. «Il y a eu des communautés religieuses qui ont produit de tels documents, mais je ne me souviens pas d'une association nationale», a-t-il expliqué, en marge d'une conférence qu'il donnait hier à Montréal. «Ce que cela indique, c'est qu'il y a des divisions importantes à l'intérieur de l'Église.»

Quel est le but qu'espère atteindre la Conférence religieuse? «Nous ne pensons pas que le Vatican va changer sa position, dit le père Ambeault. Mais nous pensons qu'il peut y avoir plus d'autonomie pour les Églises nationales, pour choisir une approche qui convient mieux à leurs fidèles.»

Le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, l'archevêque de Sherbrooke André Gaumond, a dit à La Presse qu'il ne commenterait pas la lettre de la Conférence religieuse.

La Conférence religieuse regroupe toutes les congrégations religieuses du pays, sauf les communautés contemplatives. L'Opus Dei, prélature à la réputation conservatrice, n'en fait pas non plus partie ».

3-Des Nouvelles de la FSSPX

 

a- Interview de Mgr Williamson à Minute

 

Alors qu’on  apprend que tous les prieurs du District de France de la FSSPX et autres sont réunis pour trois jours à Flavigny, pour être informés des dernières « tractations » avec Rome pour une normalisation de la situation, Mgr Williamson frappe du poing. Il est interviewé par « Minute » :

 

Un évêque hausse le ton face à Rome
Mgr Williamson : “ La Rome du concile n’a pas changé ”

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Mgr Richard Williamson est le supérieur du séminaire de La Reja (Argentine) qui relève de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FFSPX), créée par Mgr Marcel Lefebvre. Il fait partie des quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre en 1988, acte fondateur de la rupture entre Rome et les catholiques traditionalistes. Alors que des pourparlers sont en cours entre le Saint-Siège et la Fraternité, qui pourraient aboutir à la levée des sanctions prononcées par Jean Paul II, et à quelques semaines d’une rencontre essentielle – selon nos informations – entre le pape Benoît XVI et Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la FFSPX, Mgr Williamson, considéré comme un tenant de la “ ligne dure ” avec le Saint-Siège, répond à nos questions. Des propos qui, est-il besoin de le préciser, n’engagent ni Mgr Fellay, ni, bien sûr, la rédaction de “ Minute ”.

“ Minute ” : Monseigneur, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X semble avoir hésité ces derniers mois à se réconcilier avec Rome. La situation apparaît confuse. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Mgr Richard Williamson : Les catholiques se trouvent dans une grande confusion parce que l’on perd le dogme de la foi.

 

Pardon de vous interrompre mais que signifie cette expression un peu étrange : “ dogme de la foi ” ?

L’expression est de la Vierge Marie elle-même : en juillet 1917, Notre Dame révéla aux enfants de Fatima (à Lucie) ce qu’on appelle le Troisième Secret. Au-delà de la controverse sur la soi-disant “ publication ” par le Vatican de ce texte en 2000, il est incontestable que sœur Lucie en révéla les premiers mots : “ Au Portugal on ne perdra pas le dogme de la foi. ” Ces deux mots vont droit au cœur de la crise qui nous afflige depuis VaticanII. Ils cristallisent trente ans de tension entre Rome et la FSSPX. Le monde moderne dissout la notion même de vérité objective. Les catholiques ne perdent peut-être pas la foi mais ils perdent tout sens du caractère dogmatique de la foi, c’est-à-dire que des papes conciliaires jusqu’au moindre des fidèles, tous croient que la foi catholique est vraie mais ne croient plus que cette foi condamne les erreurs et les fausses religions qui lui sont contraires. Seul un petit reste de fidèles n’a pas suivi le funeste concile dans son renoncement au caractère dogmatique de la foi catholique. Et ce petit reste est constamment tracassé par l’Eglise officielle – et par le monde – qui ne veut absolument pas être condamnée par ceux qui refusent de perdre le dogme de la foi.
Donc que le monde perde le sens de la vérité doctrinale, quand l’Eglise catholique ne fait pas son travail, rien de plus normal. Que l’Eglise perde ce sens, c’est un drame : celui du concile de Vatican II, qui, au lieu d’illuminer le monde, a voulu être illuminé par lui ! Or, la force et l’unité de FSSPX, telles qu’on les a connues, venaient de cette clarté doctrinale que Mgr Lefebvre a transmise aux prêtres de sa Fraternité. Mais pour peu que ces prêtres (et évêques) se laissassent influencer par le monde omniprésent et par l’Eglise du concile, ils perdraient leur clarté doctrinale, et à ce moment-là la confusion serait complète.

Pas de salut dans la liberté religieuse !

 

Que pensez-vous des rencontres récentes entre Mgr Fellay, le supérieur de la Fraternité, et les autorités romaines ?

 

J’ai suivi les événements avec attention au travers des médias, comme tout le monde. De plus, quelques jours après la réunion du 15 novembre à Rome entre Mgr Fellay et le cardinal Castrillón Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé et président de la commission pontificale Ecclesia Dei, j’ai reçu de Mgr Fellay un rapport sur cette rencontre qui a duré plus de cinq heures. Je dois avouer que la lecture de ce rapport a été pour moi plutôt décevante. Il m’a semblé que le cardinal Castrillón n’y comprenait guère mieux la Fraternité qu’en 2000/ 2001 lors des dernières négociations entre Rome et la Fraternité, lesquelles s’étaient soldées par un échec.

 

Qu’avez-vous pensé du discours de Benoît XVI le 22 décembre 2005, établissant notamment une distinction entre le texte et l’esprit du concile Vatican II ?

 

Ce discours semble présenter le programme de son pontificat. Son idée force est que le concile Vatican II serait la solution des problèmes entre l’Eglise et le monde moderne et que la clef de cette solution serait le principe de la liberté religieuse. Benoît XVI défend ce principe avec trois arguments.
Premièrement, il cite le texte de l’Evangile : “ Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ”, comme si César n’avait rien à rendre à Dieu ! Mais la “ socialité ” étant intrinsèque à la nature humaine, tout homme doit à Dieu un culte non seulement individuel mais aussi social. Donc César en tant que chef de la société doit rendre un culte public à Dieu.
Deuxièmement, les martyrs chrétiens, dit Benoît XVI, sont morts pour des raisons de conscience, donc pour la liberté religieuse. C’est faux. Ils sont morts pour la vraie foi de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Troisièmement, Benoît XVI dit encore des martyrs sous l’Empire romain qu’ils ont refusé le culte de l’empereur et donc qu’ils ont refusé la religion de l’Etat. C’est faux. Ce qu’ils refusaient était ce culte faux et non le principe d’une religion d’Etat.

Or ce principe de la liberté religieuse est au cœur de la perte du dogme de la foi. Il est au cœur de ce monde moderne anti-catholique. Il est responsable de la dissolution à laquelle nous assistons de toute pensée, de toute doctrine, de toute vérité.
Le discours du 22 décembre montre donc que la Rome du concile n’a pas changé. Le dogme de la foi y est toujours miné. Donc il me semble que BenoîtXVI, malgré son apparente bonne volonté, peut difficilement promouvoir le vrai bien de l’Eglise, parce qu’il ne le comprend pas.

Que peuvent donc espérer de ce pontificat les catholiques fidèles à la Tradition ?

 

A moins d’un grand miracle de Dieu pour rendre aux hommes de l’Eglise du concile leur sens du dogme de la foi, il ne semble pas qu’il y ait grand-chose, humainement parlant, à espérer de ce pontificat. Mais “ divinement parlant ”, les catholiques doivent garder une grande espérance car cette situation inédite de l’Eglise leur fait gagner d’immenses mérites !

“ Que reste-t-il à discuter ? ”

 

Pensez-vous que le dialogue avec Rome soit possible ?

 

Il me semble que, depuis les sacres de 1988, le dialogue entre cette Rome conciliaire et la FSSPX est bien difficile, voire impossible. “ Cum negante principia nequit disputar ” : “ Il est impossible de discuter avec quelqu’un qui nie les principes ”, dit l’adage scolastique. Or, ainsi que le soulignait Mgr Lefebvre en rompant le dialogue avec Rome en 1988 pour procéder aux sacres des évêques, cette Rome – en l’occurrence le cardinal Ratzinger à ce moment là ! – cherche avec les principes du concile à déchristianiser le monde alors que la Fraternité cherche à le christianiser. L’opposition est diamétrale ! Que reste-t-il à discuter ?
De plus, le dialogue lui-même n’est pas sans danger, car il suscite faux espoirs, controverses et déceptions s’il n’aboutit pas. Son ouverture même doit être mûrement réfléchie. Or je sais que depuis la rupture des conversations entre la Rome conciliaire et la Fraternité en 2001, le cardinal Castrillón voulait absolument renouer les contacts. La visite du supérieur général et du premier assistant de la Fraternité pour honorer le nouveau pape au mois d’août lui en a offert l’occasion…

 

Tout dialogue est-il donc définitivement exclu ?

 

Si la discussion doit avoir lieu, le grand principe doit être la primauté de la doctrine de la foi. La tension entre cette Rome conciliaire et la FSSPX n’est pas peu de chose : il y va de cette foi catholique sans laquelle aucun être humain ne peut sauver son âme. Alors les intérêts de cette foi passent bien avant les intérêts ou de cette Rome ou de la FSSPX.

 

Certains fidèles semblent fatigués du combat de la Tradition. Que leur dites-vous ?

 

Courage ! Méditez, méditez, méditez les fins dernières ! Que profitera à un homme de gagner tout Rome s’il y laisse miner sa foi ? Qu’importe-t-il à un homme de perdre ses amis, sa tranquillité, son prestige, jusqu’à son foyer et – apparemment – même son Eglise, s’il garde le dogme de la foi et, en gardant cette foi, peut encore sauver son âme ? Tout lasse, tout passe, sauf l’éternité !
Dieu ne nous oublie pas. Chacun des cheveux de nos têtes est compté. C’est une vérité de foi. Il est le maître du temps. Il nous sauvera à l’heure qu’il a fixée. D’ici là, il nous voit dans nos difficultés et sa grâce ne nous manquera jamais. Prenons donc courage et attendons sereinement l’heure de Dieu.

 

La Fraternité a passé les 35 ans. Que diriez-vous de son bilan ?

 

Telle qu’elle a été fondée par Mgr Lefebvre, la Fraternité a été à la pointe du combat de la foi et l’est encore, mais elle n’y serait plus si elle compromettait le dogme de la foi.
Mgr Lefebvre n’a jamais abandonné la messe de Saint-Pie V [la messe en latin, Ndlr] parce qu’elle exprime cette doctrine. Il a formé les prêtres de la Fraternité par cette doctrine et cette messe, et par cette messe ces prêtres ont maintenu la foi du petit troupeau de Notre Seigneur.
Les fidèles ont pour la Fraternité une grande estime et affection, mais les meilleurs d’entre eux cesseraient de la suivre si elle se compromettait avec ces Romains qui ont perdu le dogme de la foi.

 

La Fraternité a-t-elle des rides ?

 

L’environnement de la FSSPX a beaucoup changé depuis les années 1970 et 1980 : l’Eglise conciliaire s’est enfoncée dans ses erreurs et sa décadence tandis que nous avons vu apparaître divers mouvements se réclamant de la tradition catholique mais qui ne partagent pas complètement les positions de la Fraternité. Autrement dit la confusion des âmes est toujours plus grande. Comment la Fraternité s’est-elle adaptée à ces évolutions ?
Il y a un merveilleux texte du père Garrigou-Lagrange : “ Miséricorde et fermeté doctrinale ne peuvent subsister qu’en s’unissant ; séparées l’une de l’autre elles meurent et ne laissent plus que deux cadavres : le libéralisme humanitaire avec sa fausse sérénité et le fanatisme avec son faux zèle. On a dit : “L’Eglise est intransigeante en principe parce qu’elle croit, elle est tolérante en pratique parce qu’elle aime.” Les ennemis de l’Eglise sont tolérants en principe parce qu’ils ne croient pas, et intransigeants en pratique parce qu’ils n’aiment pas. ” (Dieu, son existence et sa nature, Paris 1923, p. 725)
Jusqu’en 1991, la Fraternité a eu sous les yeux la conjonction admirable de foi et de charité en la personne de son fondateur, Mgr Lefebvre. Depuis qu’il nous a quittés, nous pouvons être tentés, soit de manquer à la charité en nous enfermant dans la justesse de notre foi, soit de manquer à la foi en ayant trop de compassion pour les erreurs du monde qui nous entoure, y compris celles de l’Eglise conciliaire. Il nous faut et croire et aimer. De là nous pouvons nous interroger : avons-nous toujours le zèle missionnaire de notre fondateur ? Son ardeur et sa fermeté à défendre la foi ?

 

Sur quels points devront désormais porter les efforts de la Fraternité ?

 

Nous devons, me semble-t-il, armer davantage nos futurs prêtres contre les erreurs du monde libéral. La bonne doctrine classique ne suffit plus. Les séminaristes ont besoin d’une formation contre-révolutionnaire fondée notamment sur les grandes encycliques anti-libérales des papes pré-conciliaires auxquelles Mgr Lefebvre tenait tant.
De même, les prêtres de la Fraternité doivent former des laïcs qui comprennent en profondeur les origines de cette crise de l’Eglise et du monde dont VaticanII n’est qu’une suprême manifestation. A défaut d’une telle formation, les laïcs suivraient tôt ou tard le courant commode de l’apostasie universelle.
Une foi ainsi éclairée est naturellement apostolique et missionnaire, c’est-à-dire charitable. Les prêtres comme les laïcs doivent avoir pour la multitude des âmes égarées qui nous entourent le souci qu’a pour elles notre mère l’Eglise catholique.

Des départs qui auraient pu être évités

 

La FSSPX a perdu de nombreux prêtres ces dernières années. Cela a été très douloureux pour les intéressés et pour les fidèles. Quelles en sont les causes ? Y a-t-il des remèdes ?

 

Tout d’abord ne pensons pas qu’il n’y ait que la Fraternité qui perde des prêtres. L’apostasie universelle, la dislocation des familles et de la société ont fragilisé les hommes et en emportent constamment de tous les côtés. Dès lors, les séminaires doivent ressembler plus à une famille et moins à une caserne. Nous autres supérieurs devons veiller à maintenir un contact paternel avec nos prêtres et nous demander si nous n’aurions pas pu éviter certains départs.

 

La FSPPX va élire son prochain supérieur général au mois de juillet. Quels seront pour vous les enjeux de cette élection ?

 

Nous avons vu qu’au cœur de cette crise est la perte du sens de la vérité, de la primauté de la doctrine et de la pureté de la foi catholique. Voilà donc ce que devra maintenir en priorité le prochain supérieur général. De là, il lui sera plus facile de faire comprendre et pratiquer cette vraie charité dont parle saint Paul et dont les âmes ont éperdument besoin.

 

Mais, Monseigneur, qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

 

Eh bien, le futur supérieur général aura à piloter la petite barque de la Fraternité parmi des vagues de plus en plus hautes ! Nous voyons bien que le changement du monde s’accélère, les anciens repères disparaissent l’un après l’autre.
L’Eglise conciliaire se délite et nous allons voir le clergé officiel se raréfier encore. En même temps, les autres religions acquièrent chaque jour plus de droits dans nos vieilles chrétientés. Le poids des idéologies antichrétiennes se fait lourd, celui de l’Etat démocratique aussi. Les structures familiales faiblissent, même chez les catholiques. Tout ceci pèse directement sur la vie des fidèles et de notre congrégation.
A vue humaine, rien n’apparaît capable de freiner cette décadence. Le supérieur général aura donc la charge de maintenir la foi et le zèle de nos prêtres dans cet environnement qui s’éloigne toujours plus de la réalité, naturelle et surnaturelle.

 

La Fraternité est-elle donc à une croisée de chemins ?

 

Oui. Ou elle prend la route héroïque des cimes et, refusant prestige et honneur, accepte d’être honnie et persécutée par le monde. Elle sera alors aimée et suivie par le “ petit troupeau ” de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Ou bien elle prend la route du confort et de la facilité, en se compromettant avec le monde et l’Eglise du monde, c’est-à-dire l’Eglise conciliaire. Elle sera alors peu à peu abandonnée par les brebis, qui ne reconnaîtront plus en elle la voix du Divin Maître.

 

Quelles seront les qualités les plus importantes du futur supérieur général pour affronter ces enjeux ?

 

D’abord être fort dans la foi, et ensuite humain, surtout envers ses prêtres. Il lui faudra aussi jugement, prudence et capacité d’adaptation pour discerner et sauvegarder l’essentiel. C’était là une des grandes qualités de Mgr Lefebvre lui-même.
Par contre le supérieur n’a pas besoin d’être un saint. Pour un supérieur, la sainteté est un luxe, pour ainsi dire. Saint Thomas d’Aquin l’a dit une fois pour toutes : “ Qu’il enseigne, s’il est savant. Qu’il prie, s’il est saint. Qu’il gouverne, s’il est prudent. ”.

 

Un dernier message ?

Veillons et prions Notre Dame.

 

Oui ! Prions. Les choses se compliquent…Mgr Fellay va-t-il trouver, en face de lui,  des cœurs ouverts à une normalisation romaine ? Je crois qu’il va lui falloir beaucoup de force…

 

 

4- Des Nouvelles de l’Eglise en France  

 

a- Conférences de Carême à Notre Dame de Paris 2006

 

Le Bulletin d’André Noël réagi sur les « Conférences de Carême » 2006 à Notre Dame de Paris dans un  article intitulé: « La Chaire de Notre Dame de Paris abandonnée aux incroyants.

 

Lors du dernier carême en la cathédrale Notre-Dame de Paris, en lieu et place d’un orateur sacré prestigieux suivant une tradition remontant à 1835, les « prédications » se firent à deux voix, celles de laïcs, philosophes chrétiens et de personnalités qui leur portaient la contradiction. C’était déjà là une innovation de taille qui fut, certes, d’un haut niveau intellectuel mais qui, en raison de cela précisément, passa bien au-dessus du croyant moyen. L’archevêque de Paris avait oublié – semble-t-il – la fonction initiale et traditionnelle des prédications de carême à Notre- Dame qui ne consiste pas d’abord à réaliser des prouesses intellectuelles mais à préparer pieusement les fidèles à communier à la mort et la résurrection du Seigneur. Lesdits fidèles firent part de leurs frustrations dont Paris-Notre Dame, organe officiel de l’archevêché de Paris, se fit l’écho, en minorant sans doute l’ampleur des protestations.

Or, cette année, loin de tenir compte de l’avis des fidèles et de restaurer l’ancienne pratique, Mgr Ving-Trois l’aggrave, oublieux de l’adage : « Errare humanum est, perseverare diabolicum ». En effet, il fait monter en chaire à la fois des théologiens et des personnalités agnostiques ou des croyants non pratiquants, comme Julia Kristeva, Marie de Hennezel, Axel Kahn, Michel Serres, Claude Vigée. Innovation sans précédent dont le Père Antoine Guggenheim, responsable de la formation à l'archevêché de Paris, essaie de faire croire qu’elle renoue avec les prédications des origines. Il prétend qu’au XIXe siècle, les fondateurs – Mgr de Quelen, archevêque de Paris, et l'écrivain Frédéric Ozanam – voulaient déjà que « Notre-Dame soit le lieu d'une rencontre, au plan intellectuel, entre l'Eglise et la société séculière ». Pourtant, jamais ils n’abandonnèrent la prestigieuse chaire aux incroyants de leur temps,

jamais n’en gravirent les marches Proudhon ou Auguste Comte ! Et la rencontre entre l’Eglise et « la société séculière » était même condamnée par le Syllabus de Pie IX, les incroyants étant invités à se convertir et non à prêcher les croyants au cœur même de la cathédrale de Paris ! Cela ne trouble pas notre bon père qui demande « Comment ignorer que le chrétien peut être instruit aussi par des acteurs de la culture contemporaine ? Dans les temps que nous vivons, il est capital de s'en souvenir et de donner l'exemple ? » Quel exemple ? Le Grand-Orient de France va-t-il ouvrir ses locaux aux prédicateurs chrétiens pour qu’ils enseignent les francs-maçons ? Le Parti communiste va-t-il inviter l’archevêque de Paris à prêcher l’Evangile au bureau politique ? Les freudiens de la Cause freudienne, vont-ils ouvrir leur séminaire d’études aux pères jésuites ? Et Act-up est-il prêt à accueillir un théologien moraliste pour entendre ce que l’Eglise a à dire sur l’homosexualité ? Poser ces questions, c’est y répondre ! Comme toujours depuis Vatican II, l’ouverture et le dialogue sont à sens unique. Mais puisque l’archevêque de Paris entend ouvrir ses portes à la « différence » pour favoriser la « rencontre », on ne comprendrait pas qu’il s’arrête en si bon chemin. Le moins qu’on puisse dire est que des prêtres traditionalistes, même ceux qui sont suivi Mgr Lefebvre, sont plus proches de la foi des fidèles parisiens que le quarteron d’athées et d’agnostiques qui vont occuper la chaire de Lacordaire. Et s’il est indispensable de trouver des laïcs, on peut penser qu’un homme comme Jean Madiran, par exemple, intellectuel aussi prestigieux que les autres, ne refuserait pas ce service à l’archevêque de Paris. Ceux qui sont invités sont déjà, pour la plupart, vedettes des media. On les voit à la télévision, on les entend à la radio, leurs livres sont à la vitrine des libraires. Pourquoi leur offrir en plus, si libéralement, une tribune promotionnelle à Notre-Dame ? Les catholiques, déjà réduits à la portion congrue dans les media, au moment où, grâce à la diffusion des « prédications » en direct sur France Culture, ils peuvent s’exprimer dans cet espace annuel restreint qui leur est concédé, en viennent à l’abandonner à leurs adversaires ! Que vont-ils dire ? Jadis, ces sermons fortifiaient la foi des croyants ; désormais le risque est de la voir se déstabiliser ! Claude Vigée, poète juif, traitera le 2 avril le thème de l'espérance. « Parler depuis le chœur d'une telle cathédrale, ce sera pour moi comme parler du Temple de Jérusalem » a-t-il annoncé. Pour la première conférence, dimanche dernier, Axel Kahn, généticien, frère de Jean- François Kahn (patron de presse) et aussi anticlérical que lui, a pris la parole en compagnie du doux et pieux Jean Vanier qui n’est pas polémiste pour un sou. Le 19 mars, la théologienne Anne-Marie Pelletier, auteur du Signe de la

femme et Julia Kristeva, écrivain et psychanalyste, parleront de la souffrance. Mais comment peut-on bien parler de la souffrance à des chrétiens si l’on évacue la croix du Christ qui lui donne son véritable sens ? P.R.

N° 1993

 

On voudrait essayer de détruire l’Eglise qu’on ne s’y prendrait pas autrement…

 

 

b- Au cimetière de Boeschèpe dans le diocèse de Lille…cent ans après

 

1-Jean Madiran nous rappelle l’événement :

 

« Mémoire de l’Eglise

Dimanche dernier, diocèse de Lille, l’Eglise de France se recueillait, dans le cimetière de Boeschèpe, devant le monument à la mémoire de Géry Ghyssel, tué par balle, il y a cent ans, le 6 mars 1906, en défendant son église paroissiale contre les profanateurs républicains qui, en application de la loi de Séparation du 9 décembre 1905, venaient manu militari faire l’« inventaire » du tabernacle et de son contenu. Sa mort glorieuse entraîna la chute du gouvernement et la suspension immédiate des inventaires scandaleux

 

 L’Eglise de France était là dimanche, sur sa tombe, pour le centenaire : un prêtre et quelques laïcs.

 

Le clergé était donc représenté par le Père Jean-Paul Argouarc’h. Le peuple fidèle par une ou deux centaines de catholiques venus à l’appel de Jean-Pierre Maugendre.

 

Pour la fidélité à l’être historique de l’Eglise et à l’histoire de la France, la Conférence des évêques ni son président n’avaient envoyé un représentant ou un message. Le plus immédiatement concerné dans la hiérarchie ecclésiastique,

l’Ordinaire du lieu, Mgr Gérard Defois, avait tenu à faire savoir qu’il « n’était pas à l’initiative d’une telle commémoration ». Il marquait ainsi ses distances. Il avait simplement « accepté de prêter l’église ».

 

 L’église où Géry Ghyssel avait été tué en la défendant, l’évêque de Lille consentait à la « prêter » pour une messe en

mémoire de son exemplaire sacrifice. Simplement « prêter », à la manière sans doute dont depuis quarante ans désormais on « prête » volontiers des églises à des bouddhistes, à des mahométans, à des agitateurs trotskistes, à des grévistes de la faim, à des concerts profanes, à des colloques humanistes.

 

Merci pour le « prêt » consenti du bout des doigts à la mémoire de l’Eglise de France.

 

La déclaration de Mgr Defois avait paru à la veille de la cérémonie, le 4 mars, dans La Voix du Nord. Il précisait que s’il avait « accepté de prêter », c’était « prêter

mais…» : « Mais j’ai imposé le prêtre qui  célébrera la messe traditionnelle. »

 

Cette vantardise, Jean-Pierre Maugendre l’affirme, est inexacte.

 

Et elle est extravagante.

 

Telle qu’elle s’exprime, elle donnerait à croire que sans l’intervention autoritaire de l’évêque, imposant un prêtre qui célèbre la messe traditionnelle, Maugendre aurait installé une cérémonie dernier cri, une messe vernaculaire en francoflamand, avec tam-tams, tambours, embrassades et danseuses…

 

 L’évêque de Lille n’est pourtant pas, semble-t-il, un mauvais bougre ; il apparaît comme l’un des moins progressistes de l’épiscopat ; il laisse célébrer quelques messes traditionnelles avec autorisation préalable. Il est un savant sociologue, un docteur en théologie, un spécialiste de la pastorale catéchétique. Et par-dessus tout ça, il est solidaire des autres membres du collège épiscopal. Il se demande sans doute pourquoi, dans un tel climat ecclésiastique, la chute des vocations sacerdotales se prolonge et s’aggrave. Il n’a probablement pas trouvé la bonne réponse.

JEAN MADIRAN

 

2- Le père Argouac’h le médite :

.

Nous étions le Dimanche 5 mars à Boeschèpe (Flandres)

L’allocution du Père Jean-Paul Argouarc’h

à la mémoire de Gery Ghysel

 

NOUS VOICI rassemblés près d’un martyr de la Foi. Ici nous sommes au cœur de l’Eglise notre Mère. Ici nous sommes

au cœur des Flandres et de la France. Nous n’avons pas oublié ! Nous n’avons pas oublié le cauchemar de la LAÏCITÉ, cette laïcité qui s’attaque, qui s’est attaquée au sacré, au sens du sacré et aux dogmes catholiques. Toute la France est imprégnée de sacré et toute la France est couverte des stigmates de la Révolution. Parce que la France est le Royaume de Marie, parce qu’elle est Fille Aînée de l’Eglise, alors face à la lumière il y a les ténèbres. Effacer les traces du passé est le premier acte de la barbarie et de l’antéchrist. « Quand le monde est en feu l’Eglise a besoin de Saints », disait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.

 

N’oublions jamais que les autels, les sanctuaires sont les remparts de la Nation. Dans son encyclique « VEHEMENTER NOS » saint Pie X avait dit que les temples étaient en danger s’ils tombaient dans les mains laïques. IL Y AVAIT MÊME RISQUE DE PROFANATION. Alors défendre un prêtre, défendre une église comme les Vendéens de 1793, c’est la plus grande preuve d’amour que l’on puisse donner au Christ. Et le Saint-Père avait prêché la charité, la justice, la douceur et la bonté face à la haine et au mensonge. « Marchez sans crainte pour la défense de l’Eglise », disait le Pape (Vehementer Nos). Charles Péguy rappelle qu’il faut être un pèlerin « qui ne voit plus que l’autel où le Christ a été sacrifié tant de fois ».

 

GERY GHYSEL a quitté sa femme et ses enfants Georges, Suzanne et Maurice. Il a choisi d’aller à l’église au lieu de partir au travail ; il a entendu l’appel du prêtre du Bon Pasteur à défendre le patrimoine de l’Eglise. Il a suivi la devise de Jeanne d’Arc « Dieu premier servi ». Les inventaires sont des atteintes à la liberté religieuse. Il s’agit bien de perquisitions et de persécutions et c’est en récitant le Rosaire et en chantant que l’on attendait les gendarmes,

les dragons, le percepteur, le commissaire de police et les crocheteurs. Gery tu n’avais rien pour te défendre, tu

voulais seulement protéger l’Eglise des profanateurs.

 

Tu voulais faire un rempart de ton corps et protéger le tabernacle. Et puis tu as pris une balle en plein cœur. Tu as sûrement protégé le prêtre, légèrement blessé et sauvé par miracle. Le député Plichon au cimetière t’a évoqué

avec beaucoup d’émotion, te voyant dans le palais du ciel assis au milieu des martyrs. Avec lui aujourd’hui nous voulons dire les mêmes prières : « Notre compatriote, notre ami, notre frère demande à Dieu qu’il rende à la France la justice, la liberté et la paix. » Tu as été tué en haine de la Foi mais ton sacrifice a arrêté les inventaires et provoqué la chute du ministère. Il fallait que la graine tombe en terre pour porter du fruit. Tu as incarné une des plus belles paraboles du Christ. Monseigneur Lobbedey, vicaire général de Cambrai, le jour de ton enterrement a évoqué

l’Apocalypse : « VIDI SUBTUS ALTARE ANIMAS INTERFECTORUM PROPTER VERBUM DEI ET PROPTER TESTIMONIUM DEI. » « J’ai vu sous l’autel les âmes de ceux qui ont été massacrés parce qu’ils avaient obéi à Dieu et lui avaient ainsi rendu témoignage » (Apocalypse VI, 9…). En défendant les droits de Dieu et de son Eglise tu voulais dire « j’étais, je suis, je veux rester chrétien ». Héros, témoin du Christ, martyr. defensor fidei, défenseur de la Foi. gardien du sanctuaire. Flamand tu as défendu l’Eglise comme un lion. Et c’est de ton cœur de Flamand que tu as prouvé ton amour et ta fidélité. Tu as eu le cœur transpercé comme le Christ.

 

ET MAINTENANT tu reposes sur son Sacré Cœur, Espérance et Salut de la France. Jean-Paul II disait : « L’Etat totalitaire

tend à absorber la nation, la société, la famille, les communautés religieuses et les personnes elles-mêmes. En défendant sa liberté l’Eglise défend la personne qui doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (AC 529, Centesinus

Annus). Ici nous sommes au cœur de l’Eglise Notre Mère. Ici nous sommes au cœur des Flandres et de

la France. Nous n’avons pas oublié… Et le sang des martyrs est semence de chrétienté et de Résurrection.

« Victoire tu règneras

Ô croix tu nous sauveras. »

 

5- Des Nouvelles du Pays Bas

 

AUX PAYS-BAS, «le temps des discussions conviviales avec les musulmans est révolu».

 

On lit dans Le Figaro du 8 mars :

 

AUX PAYS-BAS, «le temps des discussions conviviales avec les musulmans est révolu». Dans un pays qui autorise le mariage gay, l'euthanasie ou le cannabis, «Rita de fer», la ministre de l'Immigration Rita Verdonk, ne fait, elle, aucun compromis. Ses nouvelles mesures, qui entrent en vigueur la semaine prochaine, font des Pays-Bas l'Etat européen le plus strict envers les immigrés, et surtout les musulmans.

Certains disent qu'elle est le seul «vrai mec» du gouvernement chrétien-démocrate. Car cette ancienne directrice de prison ne s'en laisse pas conter : elle a renvoyé des réfugiés dans des pays tels que l'Iran, l'Irak ou encore la République démocratique du Congo. Environ 26 000 réfugiés en fin de procédure, dont certains étaient dans le pays depuis plus de dix ans, ont été expulsés. En quatre ans, Rita Verdonk a réduit le nombre de demandeurs d'asile de moitié (41 000 en 2005).

 

Lorsqu'un imam refuse de lui serrer la main «pour des raisons religieuses», elle annule tout de go la rencontre. «Et quand nous nous reverrons, j'espère que vous parlerez néerlandais !», lui lance-t-elle. C'était juste après l'assassinat, en novembre 2004, du cinéaste Theo Van Gogh par un islamiste. Un assassinat qui a rendu, selon une enquête, 47% des Néerlandais moins tolérants envers les musulmans.

 «Le problème est que nous avons toléré les intolérants, et maintenant nous payons l'addition, explique Bart Jan Spruyt, directeur de la Fondation Edmund Burke, un «think-tank» conservateur. Cette addition doit être réglée avant que nous ne redevenions tolérants.».

 

Après la France, c'est le pays qui détient le plus fort taux de musulmans au sein de l'Union européenne : près de 6%. Or, près de 90% des Turcs et des Marocains résidant aux Pays-Bas choisissent leur conjoint dans leur pays d'origine. «Un gros handicap pour l'intégration», explique-t-on au ministère, puisque ces nouveaux venus ne parlent pas le néerlandais et ne connaissent pas grand-chose des coutumes bataves.

 

Imposer «le néerlandais dans la rue»

En 2010, selon une étude gouvernementale, les quatre principales villes, Amsterdam, Rotterdam, La Haye et Utrecht, auront une population à majorité musulmane. Ces villes ont, depuis des années déjà, testé différentes politiques vis-à-vis de leurs immigrés.

 

Traumatisée, en 2002, par l'assassinat du populiste Pim Fortuyn, qui qualifiait l'islam de «culture arriérée», Rotterdam a établi un «code de bonne conduite». Parler néerlandais en public, refuser la discrimination, rejeter le radicalisme : les «recommandations» de la grande cité portuaire seraient passées largement inaperçues si Rita Verdonk n'avait pas décidé de s'en inspirer. «Nous n'attendons pas des étrangers qu'ils fassent du patin à glace !, clame-t-elle. Mais qu'ils apprennent notre langue et qu'ils acceptent des valeurs de base, comme l'égalité homme-femme.»

 

Son idée d'imposer «le néerlandais dans la rue» n'aura pas fait long feu. En revanche, dès la semaine prochaine, des tests de langue et de culture néerlandaise seront obligatoires pour tous les candidats à l'immigration. Une première dans le monde !

 

Les examens auront lieu dans les ambassades et consulats néerlandais à l'étranger. Ils seront payants (350 euros), tout comme les livres, cassettes et CD-Roms de préparation. «Où siège le Parlement ?», «Qui était Guillaume d'Orange ?», les candidats devront répondre, au téléphone, à des questions permettant d'évaluer «leurs capacités d'adaptation à la vie néerlandaise». Au bout du fil... un logiciel de reconnaissance vocale ! Linguistes et défenseurs des droits de l'homme ont bien sûr critiqué la méthode, d'autant que les citoyens originaires de l'UE, d'Amérique du Nord, du Japon ou d'Australie sont exemptés.

 

Des «cours d'intégration»

La loi est clairement destinée à freiner l'immigration des Marocains et des Turcs : après avoir relevé, en 2004, à 21 ans l'âge minimum pour faire entrer son conjoint aux Pays-Bas, La Haye espère faire encore reculer le nombre de mariages arrangés.

 

Quant aux immigrés de moins de 65 ans installés de longue date aux Pays-Bas, mais qui y ont fait moins de huit ans d'études, ils se voient désormais obligés de suivre des «cours d'intégration». Il y aurait aux Pays-Bas quelque 700 000 immigrés qui ne maîtriseraient pas la langue.

 

Mais c'est Utrecht qui a inspiré à Rita Verdonk son idée la plus décriée. La quatrième ville du pays vient de supprimer les allocations-chômage aux femmes qui s'obstinent à porter leur burqa, ce vêtement islamique qui recouvre le corps entier, lors d'entretiens d'embauche. «On fait de notre mieux pour sortir les gens du chômage, explique Mostapha el-Filali, responsable de l'Intégration à la mairie. Alors, si ces femmes ne se donnent aucune chance d'en trouver, qu'elles en assument les conséquences !»

 

La mesure ne concernerait qu'une centaine de femmes aux Pays-Bas. Mais en suggérant, en octobre dernier, l'interdiction du port de la burqa dans les lieux publics, «pour des raisons de sécurité», la ministre a déclenché l'ire de toutes les associations musulmanes.

 

«Là, cela va trop loin, affirme Mostapha el-Filali. Les musulmans ont l'impression d'être constamment en ligne de mire ! Beaucoup n'acceptent plus cette pression et préfèrent, malgré les problèmes, rentrer chez eux.» En 2004, plus de 4 000 Turcs et 2 600 Marocains sont retournés dans leur pays d'origine.

 

 

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6- Des Nouvelles de France

 

a- L’affaire  Raphaël Clin :

 

On trouve ses intéressantes remarques sur cette affaire dans le Bulletin d’André Noël :

« Pas de mobilisation nationale pour dénoncer un crime raciste : la victime était blanche »

 

« Bien sûr, la télévision l’a évoqué incidemment, la presse écrite en a fait brièvement mention, mais rien de comparable à la mobilisation nationale suscitée par le « crime antisémite » perpétré contre Ilan Halimi. Et pourtant nous sommes bien en présence d’un crime raciste dont la victime est un gendarme blanc, à Saint- Martin, dans les Antilles françaises. Sommes-nous sûrs qu’il s’agisse d’un acte raciste ? Réponse : pas plus sûrs, mais pas moins que pour celui qui a frappé Illan Halimi. Comme pour ce dernier, la mort du gendarme peut avoir plusieurs connotations. Voici les faits : Raphaël Clin, 31 ans, est mort le 12 février à l’occasion d'un contrôle routier après avoir été heurté

par un motard participant à une « course sauvage ». Selon son épouse, son décès s'est accompagné d'injures racistes de personnes présentes sur les lieux de l'accident et à l'hôpital. « Aux urgences, ça criait dans tous les sens : on a tué un blanc », a-t-elle déclaré à des journalistes en poste à Saint-Martin. Selon Jean-Luc Hamlet, premier adjoint au maire de la partie française de Saint-Martin, des « propos indignes » ont bien été tenus le jour de l'accident, sur les lieux même et ensuite à l'hôpital. Mais ces propos n’émanaient que de « deux ou trois » personnes et ne doivent donc pas être interprétés comme reflétant du racisme, mais plutôt être appréciés «dans l'esprit de ce qui peut se passer dans les banlieues en France, dans les rapports entre les jeunes et les policiers», a-t-il déclaré. Personne n’a protesté contre cette interprétation minimisante. Imaginons – par exemple – que le maire de Bagneux où demeurait Fofana ait dit de lui : « Il a certes tenu des propos indignes sur les juifs mais cela ne doit pas être interprété comme de l’antisémitisme mais plutôt dans l’esprit de ce qui peut se

passer de crapuleux dans les banlieues en France. » On imagine d’ici le pavé dans la mare, dans le contexte du climat qui a suivi le meurtre. Peut-être ce maire aurait-il même été poursuivi ?

Le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé a fait valoir qu'il y avait « des soupçons très forts de racisme étayés par un certain nombre de témoignages ». Et d’ajouter qu’il n’y aurait pas « deux poids, deux mesures ». Et pourtant, c’est ce qui s’est produit ! Certes Jacques Chirac a appelé, samedi 25 février, la veuve du gendarme français pour lui dire qu'il souhaitait que toute la lumière soit faite sur « les circonstances et motivations à l'origine de la mort de son époux », a indiqué l'Elysée. Cela est bel et bon, mais le chef de l’Etat ne s’est pas rendu à la messe pour le repos de l’âme du gendarme, comme il s’était rendu au service religieux de la synagogue parisienne, à la mémoire d’Ilan Halimi. Certes, les Antilles, c’est loin ! Mais son premier ministre, de Villepin, a bien fait le voyage de la Réunion pour exprimer sa solidarité avec les victimes du virus tueur ! On annonce simplement que le directeur général de la gendarmerie, le général Guy Parayre, doit aller à

Saint-Martin au cours du mois de mars. Il n’y a eu aucune manifestation de la Ligue des droits de l’homme, du MRAP, de SOS-racisme. Silence aussi des autorités religieuses, alors que le gendarme était tout aussi catholique que le jeune Ilan Halimi était juif. Pas de levée en masse ! A peine deux députés UMP des Alpes-Maritimes, Jérôme Rivière et Muriel Marland-Militello, ontils appelé à une « marche silencieuse » le samedi 4 mars à Nice pour exprimer « l'indignation de la communauté nationale ».Cette marche silencieuse, suivie d’une messe à la mémoire de Raphaël Clin, a été soutenue également par plusieurs associations de retraités et amis de la gendarmerie… C’est bien peu !

b-Sur le contrat de première embauche (CPE),

 

Jean Madiran dans Présent du jeudi 9 mars fait d’heureuses remarques.

 

L’égalité des chances

impossible et perverse

Le contrat de première embauche (CPE), contre lequel se dresseune forte agitation gauchiste, fait partie d’une « loi pour l’égalité des chances » votée lundi au Sénat après l’avoir été à l’Assemblée nationale.

Ce qui en revanche n’est contesté ni à droite ni à gauche, et apparemment par personne, c’est le principe lui-même, le principe de l’« égalité des chances ». Il est pourtant utopique et dévastateur.

 

 

 Ne confondons pas. Assurer à chaque jeune Français, au départ dans la vie sociale et professionnelle, un minimum vital de chances, et s’efforcer constamment d’élever ce niveau minimum, est normalement l’une des priorités de toute société civilisée. Mais cela n’a rien à voir avec la trompeuse promesse égalitariste d’établir une égalité des chances.

 

J’ai cru l’espace d’un instant avoir trouvé la même pensée, mardi, dans l’éditorial du quotidien La Croix, sous la plume de sa directrice Dominique Quinio. J’y lisais en effet (c’est moi qui souligne)

:

« Filles ou garçons, enfants des cités, des campagnes ou des centres-villes, ADAPTÉS OU NON AU SYSTÈME SCOLAIRE, diplômés ou sans qualification, ÉPAULÉS PAR UNE FAMILLE OU ISOLÉS, les jeunes entre eux ne partent déjà pas AVEC LES MÊMES ATOUTS. Pas à égalité, non plus, avec leurs aînés. »

 

Lesdits « atouts » sont bien les « chances » inégales. Elles tiennent surtout, inévitablement, à tout ce que comporte la naissance. Et d’abord, à la naissance dans une famille, non pas seulement à cause de la différence entre être « épaulé » par elle ou bien « isolé », mais encore en raison de la diversité des « atouts », en quantité et en qualité, d’une famille à l’autre. Le premier et le principal obstacle sur le chemin vers l’égalité des chances, c’est donc bien la famille.

 

Dominique Quinio a mentionné aussi, et c’est rare : « adaptés ou non au système scolaire ». L’obligation légale d’être scolarisé jusqu’à seize ans fait souffrir certains esprits, parfois éminemment doués, mais pas pour les études : ils perdent leur temps, et une partie de leurs « chances », en étant contraints, au-delà de dix ou douze ans, de rester soumis à un système scolaire qui ne convient pas à leur forme d’intelligence, à la nature de leurs capacités.

 

Ayant finement noté les causes d’une insurmontable diversité des chances, la directrice de La Croix conclut brusquement :

 

« Ni une loi, ni une manifestation ne suffiront à résoudre CETTE EXCEPTION FRANÇAISE. »

 

Comment cela, une « exception française », le fait d’être diversement – ou pas du tout – « épaulé par une famille » ?

C’est le contraire qui est une exception, ce fut la Russie soviétique qui se rapprocha le plus de l’égalité des chances en traquant la vie familiale et en soumettant les enfants à la même éducation collective, comme s’ils étaient tous venus au monde comme des orphelins.

De la part de Dominique Quinio, ce non-sens final n’est peutêtre qu’une étourderie dans la recherche d’une « chute » à son article, et le recours à un cliché passe- partout : une « exception » à son habituel talent d’écriture.

 

 Mirage trompeur, la revendication d’une égalité des chances n’est pas seulement irréaliste, elle est dangereusement perverse. Elle excite une envie insatiable, cultivée, exploitée par une agitation subversive. Elle exerce une pression

permanente sur les institutions et la législation, poussant à des mesures dont on n’aperçoit que l’apparence de justice égalitaire, mais qui ont forcément pour effet direct ou indirect d’asphyxier encore un peu plus la vie familiale. On se demande souvent pourquoi les promesses électorales d’une politique de la famille ne sont jamais tenues, ou guère. La

cause n’en est pas seulement dans un cynisme menteur des partis politiques. Elle est dans cette croyance apparemment universelle, cette croyance absurde et ravageuse en la justice d’un faux principe, la corrosive égalité des chances.

JEAN MADIRAN

 

Voilà de saines idées catholiques puisées dans la sagesse de l’Eglise, de Pie XII tout particulièrement…Voilà qui ferait un beau programme politique d’un vrai parti  politique…

 
7-  Au Royaume-Uni : l’Affaire Evans 
 
a-Le Centre Français pour la Justice et les Droits Fondamentaux (CFJD) communique ces intéressantes remarques sur cette affaire
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http://www.cfjd.org 
 
Communiqué  ARRÊT EVANS c. ROYAUME-UNI 
 
STRASBOURG, Le 08-03-2006 :
La Cour européenne des Droits de l’Homme a communiqué son arrêt dans l’affaire Evans contre Royaume-Uni (requête no 6339/05).
 
Une femme, atteinte d’un cancer dont le traitement devait la rendre stérile a procédé, avec son concubin, quelques jours avant son traitement, à la
fécondation in vitro de six embryons. Ces embryons devaient être implantés après le traitement afin de leur permettre d’avoir des enfants de leur sang, plutôt que par adoption.
 
Suite à la rupture du couple, et le père est revenu sur son engagement et s’est opposé à l’implantation des embryons, les condamnant, conformément à la législation anglaise, à la destruction. 
La mère devenue stérile a saisi la justice anglaise, puis européenne, pour faire reconnaître le droit à la vie de ses embryons et son droit, à elle, de donner naissance à ses enfants, congelés  dans de l’azote liquide.
 
La Cour européenne devait donc trancher entre, d’une part, le droit des embryons à la vie et le droit de la mère à poursuivre sa grossesse, et, d’autre part, le respect à accorder au refus du père d’avoir des enfants.
 
La Cour a conclu à la non application du droit à la vie (article 2 de la
Convention) au bénéfice des embryons ; et, par cinq voix contre deux, à la non violation du droit au respect de la vie privée et familiale (article 8) par lequel la requérante demandait le droit de donner naissance à ses enfants.
 
Le CFJD déplore que la Cour européenne ait une nouvelle fois, et à l’unanimité, refusé de protéger l’embryon, réduit au simple rang de chose non identifiée « appartenant à l’espèce humaine » (Affaire VO contre France). Une nouvelle fois, le point de départ du droit à la vie relèverait de la « marge d’appréciation des Etats, en l’absence de consensus européen sur la définition scientifique et juridique des débuts de la vie. » (Où est passé le critère éthique ?)
 
De plus, le choix opéré par la Cour de fonder son argumentation sur l’arrêt VO contre FRANCE (no 53924/00, §82, CEDH 2004-VIII), est discutable, et même préjudiciable, car en l’espèce, l’enfant à naître était déjà mort, ce qui n’est pas le cas ici. Etant vivants, bien qu’en attente d’implantation, la Cour aurait dû prendre en compte leur existence et leurs intérêts propres, (ce qui ne nécessitait même pas de leur reconnaître un droit à la vie).
 
Pour la Cour, il n’est plus question que de la seule conformité, au regard des exigences de la CEDH, de la possibilité de changer d’avis jusqu’à l’implantation des embryons, telle que prévue par la législation britannique : le droit de changer d’avis porte-il atteinte, en cas de désaccord, au droit de l’autre parent ?
 
Dès lors, la Cour se prive de tout fondement objectif pour trancher le litige. Elle est réduite à ne pouvoir que comparer le respect dû aux volontés concurrentes du père et de la mère ; et ce, comme si les embryons n’existaient pas. C’est donc en faisant un détour sur le fondement de la protection de la vie privée du père et de la mère que la Cour a dû choisir, car la protection de la vie privée « recouvre également le droit au respect de la décision d’avoir un enfant ou de ne pas en avoir » (§57). 
Un tel raisonnement tiendrait si la décision d'avoir un enfant n'avait pas été prise et mise en œuvre au moment de la fécondation.
 
Il demeure que la Cour doit choisir entre la vie ou la mort des embryons. 
 
Choix simple : depuis le Jugement de Salomon,  tout juge est sensé choisir la vie ; c’est même là leur honneur. Mais la Cour européenne des Droits de l’Homme a choisi la mort.
 
Pour ce faire, elle a invoqué les motifs assez futiles du « contexte
d’évolutions rapides de la science et de la médecine » et de l’absence de
consensus européen  sur les « délicates interrogations d’ordre moral et éthique » soulevées par la FIV. (Alors même qu’elle est pratiquée depuis 1978). Le constat de cette  prétendue incertitude concèderait aux Etats « une ample marge d’appréciation » quant aux règles à appliquer, leur permettant in fine de faire prévaloir le « droit » du père à changer d’avis sur celui de la mère à donner naissance aux enfants.
 
Le père peut donc se cacher derrière la protection de sa vie privée pour échapper à ses responsabilités et obtenir la destruction de ses embryons.
 
Prosaïquement, la reconnaissance d’un tel droit à changer d’avis, après la conception, n’est autre qu’un droit à l’irresponsabilité, alors qu’ici, la liberté et la responsabilité ne devraient plus faire qu’un. D’autant plus qu’avant la FIV, le père a eu amplement le temps de la réflexion ; ce qui n’est pas le cas de toutes les paternités. Si les embryons avaient été conçus in vivo, ils auraient été protégés, et le père n'aurait pu obtenir légalement que Mme EVANS avorte. 
 
Et quand bien même un droit à l’irresponsabilité devrait être admis, la faculté, laissée au père, de ne pas reconnaître ses enfants à la naissance devrait y suffire. La Cour aurait pu utilement retenir cet argument comme un moyen d’assurer la poursuite de la croissance des embryons, et l’équilibre, en l’espèce, des droits des parents.
 
Au final, la Cour fait une double impasse pour arriver à cette solution.
-              Elle néglige l’existence et les droits des embryons en attente,
-              Elle statue comme si l’homme n’avait pas validement décidé et entrepris d’être père.
 
 
Mme EVANS conserve encore un faible espoir. En effet, elle a demandé, par une forme d’appel, que son affaire soit entendue devant la Grande Chambre de la CEDH. Cinq juges décideront si l’affaire soulève une question suffisamment grave (relative à l'interprétation ou à l'application de la Convention ou de ses protocoles ou encore une question grave de caractère général) pour être entendue devant la Grande Chambre.
 
 
Il convient alors de rappeler que la fécondation in vitro qui permet à des
couples stériles d’obtenir des enfants « de leur sang », plutôt que par
adoption, est, en soi et à de nombreux égards, cause d’injustice, et qui plus est, de situations inextricables. Pratiquée depuis près de 30 ans, les problèmes qu’elle posait dès le départ ne sont toujours pas résolus.
 
Ceci étant dit, le CFJD 
-              Rappelle que en cas de doute : la vie doit toujours prévaloir.
-              Invite la CEDH et les législateurs européens à poser que l’engagement, donné après réflexion, soit irrévocable une fois la fécondation réalisée.
L’implantation n'est que la conséquence de l’engagement formé au moment de la conception. La décision d’avoir un enfant a déjà été prise ; on ne peut plus dès lors invoquer l’article 8.
Cette exigence, en vigueur en Autriche, en Estonie et en Italie, est plus
conforme à la procréation naturelle, et protège les droits de chacun face à
l’irresponsabilité des tiers.
-              Rappelle que, pour éviter la multiplication de situations d’abandons ou de conflits, ne devrait être conçus qu’un nombre limité d’embryons, afin que tous puissent, à court terme, être implantés.
-              Invite les législateurs européens à réserver l’usage de la FIV aux seuls couples mariés, comme tel est le cas dans un grand nombre d’Etats européens.
 

 

b- Sur cette même affaire, Rémi Fontaine faisait lui aussi ces heureuses remarques dans son article de Présent du mardi 7 mars sous le titre :

 

« Ils étaient six petits enfants...

La Cour européenne des droits de l’homme devait rendre ce mardi son arrêt relatif à une plainte de Natalie Evans, 35 ans, une Britannique qui se bat pour obtenir la restitution de six embryons congelés à laquelle s’oppose son ancien fiancé (Présent du 29 septembre 2005).

 

 

Un procès qui renvoie à ce qu’affirmait le vice-président de l’Académie pontificale pour la Vie, Mgr Jean Laffitte, au récent congrès scientifique sur l’embryon humain dans la phase préimplantatoire, organisé à Rome la semaine dernière (Présent du 1er mars) : « Ce que peut faire l’Eglise, c’est avant tout promouvoir une culture du respect de la vie humaine qui empêche ce genre de situation absurde de se créer. »

 

Car s’il y a bien un procédé absurde et criminel, c’est celui qui, par la fécondation in vitro (FIV), consiste à congeler de petits être humains en nombre à des fins de reproduction pour couples ou femmes stériles ! C’est en invoquant très utilitairement cette réserve scandaleuse d’embryons dits surnuméraires que le gouvernement français vient, on le sait, d’autoriser la recherche sur la plupart d’entre eux (Présent du 9 février), s’ils ne font plus l’objet d’un « projet parental » (comme

celui que revendique encore Natalie justement contre son ancien ami !).

 

L’acte à double effet – tenter d’implanter artificiellement un embryon à une mère en même temps qu’on stocke ses frères au frigo pour qu’ils soient disponibles, triables, utilisables et jetables à merci, selon le bon vouloir du couple ou de la science – est, à l’évidence, directement voulu et assumé dans ses deux effets (intrinsèquement désordonnés). Ce qui le rend (doublement) condamnable dès le départ, comme l’enseigne la morale naturelle sans cesse rappelée par l’Eglise : la fin ne justifie jamais de mauvais moyens, ouvertement criminels.

 

C’est comme si, dans une guerre, on enfreignait impudemment le critère de discrimination, étant permis d’emblée, au-delà d’une cible visée déjà discutable, de toucher intentionnellement et massivement des populations civiles et innocentes. Ici les « populations » innocentes, ce sont les embryons forcément excédentaires, sacrifiés délibérément : cinq, six ou sept embryons pour un désiré, désigné, « ciblé », destiné si possible au sauvetage de la procréation.

Ils sont six dans cette affaire. Ils étaient sept au fameux procès (analogue) de Maryville (aux Etats-Unis en 1989)

raconté par le Pr Lejeune appelé à y témoigner. Mais combien sont-ils en surplus, de plus en plus, à être ainsi regroupés, amassés, sacrifiés dans ces enceintes concentrationnaires, suspendus arbitrairement dans

le temps et l’azote liquide ? Une telle proportion de dégâts collatéraux, comme on dit maintenant, une telle barbarie fait incontestablement de ses auteurs des criminels de guerre, coupables en l’occurrence de crime contre l’humanité.

 

Reste malgré tout la valeur emblématique de ce procès. Face à la réaction émouvante de la mère – « Mes embryons sont mes enfants, et ils n’ont pas de voix... » : chassez le naturel... –, on peut (comme le Pr Lejeune à Maryville) voir comme une version contemporaine du jugement de Salomon. Et, tout en condamnant les causes monstrueuses qui ont amené à ces situations inacceptables, on peut saluer la possibilité qu’a le juge, ici et maintenant, devant

ce tragique conflit du monde moderne, de refaire la même opération que saint Nicolas : sortir un ou plusieurs de ces petits enfants, non pas du saloir mais de l’azote liquide, où la folie, sinon la crauté humaine, les a plongés ! Pour l’amour de Dieu, dont la transcendance ne fait pas de différence entre l’embryon et le vieillard, nos prochains, s’adressant à « chaque être humain avant même qu’il ne prenne forme dans le sein de sa mère », a dit Benoît XVI en rappelant l’Ecriture sainte.

RÉMI FONTAINE

www.present.fr ou www.presentquotidien.com

8-Des Nouvelles des USA

 

Une loi contre l’avortement

Le Dakota du Sud secoue l’Amérique

 

Dans Présent du Jeudi 9 mars, on peut lire, sous la plume de Jeanne Smits cet intéressant article :

 

Mike Rounds, gouverneur du Dakota du Sud, a suivi la volonté de la chambre des représentants et du sénat de son Etat – majoritairement exprimée à la fois par des démocrates et des républicains – de recriminaliser l’avortement, y compris en cas de grossesse consécutive au viol ou à l’inceste, et en admettant une seule exception : le cas où la mère est en danger de mort. Le texte prévoit explicitement que seuls les médecins pratiquant l’avortement risquent une peine pouvant atteindre cinq ans d’emprisonnement, tandis qu’il exclut toute poursuite contre la mère. Il bannit par la même occasion les « pilules du lendemain » – sauf dans les cas de viol et d’inceste – et affirme que la vie humaine commence dès la fécondation. C’est donc possible. Le combat pour la vie n’est pas perdu d’avance : n’ayons pas

peur !

 

Le gouverneur a pris le temps de la réflexion avant d’apposer sa signature sous cette loi. Dans cet Etat où seule subsiste une clinique d’avortement gérée par le Planning familial, la pratique est déjà devenue marginale : 800 avortements par an. Il l’a fait au nom de principes clairs et d’une foi affirmée. « Dans l’histoire du monde, le vrai critère de la civilisation est celui de la manière dont les gens traitent ceux qui dans leur société sont les plus vulnérables et le plus sans défense. Les sponsors et les partisans de cette loi croient que l’avortement est un mal parce que les enfants à naître sont les personnes les plus vulnérables et les plus sans défense dans notre société. Je suis

d’accord avec eux », a-t-il déclaré, plaidant pour que cet événement ne marque pas le point final du combat pour la vie. Ajoutant également que quel que soit l’avenir du texte, tout cela ne serait rien si dans la pratique, dans son Etat, la vie n’était pas réellement accueillie, et il a demandé une vraie mobilisation pour venir en aide aux mères… Les évêques catholiques du Dakota du Sud et du Nord ont tous deux salué cet événement qui est en effet historique : il s’agit d’une attaque frontale contre la jurisprudence Roe versus Wade par laquelle la Cour suprême des Etats-Unis a

légalisé l’avortement en 1973. Et il faut bien comprendre que la bataille se situe sur le plan juridique, et de la justice au sens le plus noble du terme : obtenir que dans la loi, la « liberté » revendiquée au nom des femmes et à leur détriment ne surpasse plus la vérité ; que le mal ne soit plus appelé bien et autorisé comme tel. Les évêques rappellent

qu’un renversement de la jurisprudence ne dispense pas chacun d’œuvrer pour une véritable culture de vie ; et que ce combat-là ne devra pas cesser aussi longtemps que la nouvelle loi n’est pas inscrite dans le droit.

 

Tel est en effet le pari risqué engagé par le Dakota du Sud, et à sa suite dans une dizaine d’autres Etats qui s’apprêtent à promulguer des textes similaires. Un double pari : en écartant les exceptions de viol et d’inceste, le législateur de cet

Etat américain a voulu exprimer toute la radicalité du principe de respect de la vie humaine, et il n’est pas suivi par tous. A commencer par George W. Bush qui s’en est – malgré ses nombreuses déclarations pro-vie – désolidarisé. En deuxième lieu, une âpre bataille judiciaire s’annonce : si la loi entre théoriquement en vigueur au 1er juillet, il faudra attendre bien plus longtemps pour qu’elle prenne réellement effet, vu la mobilisation déjà acquise des partisans de l’avortement et notamment du Planning familial qui font déjà une collecte de fonds pour financer la procédure.

C’est notamment Le Figaro qui le raconte, sous ce titre fielleux : « Le Dakota du Sud lance la cabale antiavortement

», en dénonçant un texte « extrême »…

 

En premier lieu, un référendum d’initiative populaire (curiosité constitutionnelle du Dakota du Sud) pourrait bloquer la loi. Plus certainement, une contestation s’engagera devant un tribunal, à la suite d’un avortement refusé, voire

en tirant de la simple existence du texte qui « empêcherait » une femme d’avoir des relations sexuelles par crainte de tomber enceinte et de ne plus pouvoir avorter (eh oui, ce cas est évoqué !). Cela aurait un effet suspensif. Combien de temps faudrait-il alors pour que le texte aboutisse devant la Cour suprême, pour y obtenir peut-être les quatre voix nécessaires pour que les neuf juges se le voient soumettre ? Un an, deux, jusqu’àtrois et demi, répondent les experts,

arguant de l’extrême simplicité du cas (la loi est clairement contraire à la jurisprudence constituante de la Cour suprême), mais aussi de la lenteur d’autres dossiers plus parcellaires comme l’interdiction de l’avortement tardif « par

naissance partielle », qui ont patienté bien longtemps avant d’arriver aux portes de la Cour. Une fois là-haut, c’est quitte ou double. Depuis le remaniement de la Cour suprême on estime que quatre juges continueront d’affirmer

la constitutionnalité de Roe versus Wade que la nouvelle loi attaque de manière frontale comme l’a affirmé sans ambages Mike Rounds. Thomas et Scalia choisiront de la renverser et les deux nouveaux, Roberts et Alito devraient

faire de même, mais il reste un « incertain ». Et aussi beaucoup d’impondérables : il semblerait que les promoteurs du texte aient parié sur un nouveau remplacement d’ici à ce que leur loi arrive à Washington. S’agissant des Etats-Unis, l’argent n’est jamais loin et l’on s’attend avant tout, de part et d’autre, à une procédure longue et coûteuse, qui exigera des millions de dollars. Le lobby pro-vie apportera son soutien financier à l’Etat du Dakota du Sud – s’il ne se divise pas sur les termes de la loi ; en face, on fourbit aussi les armes économiques. Sordide? Mais l’avortement légal l’est

bien davantage, et ils font, courageusement, avec ce qu’ils ont.

JEANNE SMITS