« Les
Nouvelles
de
Chrétienté »
n°
8
Mercredi
1 juin
Sommaire du n° 8
1-ROME, Jeudi 26 mai 2005 :
Procession de la fête Dieu.
2-ROME, Dimanche 29 mai 2005 :Le pape Benoît XVI
au Congrès eucharistique à Bari, Italie,
a-
Un voyage « éclair » et efficace
b-
Son homélie.
4-ROME,
Lundi 30 mai 2005 : la lettre de Benoît XVI sur la famille
5-ROME,
Mardi 31 mai 2005 :
L’intention missionnaire du pape pour le mois
de juin est centrée sur
l’Eucharistie
7-Le
cardinal Tauran et le Traité constitutionnel européen
a- l’entretien du cardinal
Tauran avec l’agence I.MEDIA
b- l’article de Jean Madiran
dans Présent du 24 mai 2005 : réponse de Jean Madiran au cardinal Tauran
8- Le référendum du 29 mai 2005 en France.
9-Roger-Gérard
Schwartzenberg et le clonage thérapeutique.
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1-ROME, Jeudi 26 mai 2005 :
Procession de la fête Dieu.
Le pape Benoît XVI participa
ce jeudi 26 mai à la procession du Saint-Sacrement, en la fête du Corpus Domini
(fête-Dieu) dans les rues de Rome. Il a expliqué que par ce geste, les croyants
manifestent le souhait « que nos rues soient des rues de Jésus ».
Une nouveauté : il a participé à la procession à bord d’un
véhicule blanc découvert dans lequel avait été aménagé un autel où l’on a
déposé l’ostensoir. Benoît XVI était agenouillé devant le Saint-Sacrement.
2-ROME, Dimanche 29 mai 2005 : Le pape Benoît XVI au Congrès eucharistique à Bari, Italie,
a - Un voyage « éclair » et efficace
Le pape Benoît XVI a effectué son premier
voyage apostolique, le dimanche 29 mai,
à l’occasion de la conclusion du XXIVe congrès eucharistique national
italien à Bari : un rendez-vous dont il avait voulu souligner l’importance dès
le début de son pontificat, en cette année de l’Eucharistie. Il y a réaffirmé
son engagement pour l’unité des chrétiens.
Bari, port sur l’Adriatique, est en effet
ouverte vers l’orient chrétien. C’est le siège de rencontres œcuméniques avec
l’orthodoxie. C’est en effet en cette ville qu’a eu lieu un synode des évêques
grecs et latins en 1098. Cette ville abrite un sanctuaire fameux dédié à saint
Nicolas de Mire. C’est la capitale de la
région des Pouilles
Le pape est parti de l’héliport du Vatican à 7 h 45 et il a atterri à Bari sur
le terrain du Centre de l’Union sportive du bord de mer, le « Lungomare Starita
» à 10 heures. Il a ensuite fait en « papamobile » panoramique le déplacement
jusqu’à l’esplanade « Marisabella » où se tenait le congrès.
Le passage de l’hélicoptère pontifical a été accueilli par des
applaudissements, le salut des banderoles, des drapeaux et des chapeaux, si
nécessaire par un soleil qui a fait monter le thermomètre bien au-dessus des
moyennes saisonnières. Certaines personnes ont de ce fait été prises de
malaises pendant la célébration.
Tout au long du parcours, le pape a été acclamé comme au soir de son élection ,
le 19 avril dernier, par les acclamations : ''Benedetto... Benedetto''. Benoît
XVI a déjà conquis les Italiens.
Le pape a présidé la messe à 10 heures et vers 11 h 45, la prière de l’angélus
dominical.
.
Au cours de son homélie, d’environ 25 minutes, le pape a été interrompu
quatorze fois par les exclamations de la foule. Et la fin de l’homélie a été
saluée par une longue ovation.
La tribune était dominée par une représentation d’une grande l’Hostie blanche
où était stylisé un Christ ressuscité. L’autel était entouré d’une icône
byzantine de la Vierge « Hodigitria », « qui montre le Chemin » - le Christ, et
d’un Crucifix du XIVe s. occidental. L’Evangile a été lu une seconde fois en
grec, selon la tradition romaine.
b-Son homélie.
L’histoire et la culture du peuple italien
«
Glorifie le Seigneur, Jérusalem, loue ton Dieu, ô Sion » (Refrain du psaume).
L’invitation du psalmiste qui trouve un écho également dans la Séquence,
exprime très bien le sens de cette célébration eucharistique : nous sommes
rassemblés ici pour louer et bénir le Seigneur. C’est la raison qui a poussé
l’Eglise italienne à se retrouver ici, à Bari, pour le Congrès eucharistique
national. Moi aussi j’ai voulu m’unir aujourd’hui à vous tous pour célébrer
avec un relief particulier la solennité du Corps et du Sang du Christ, et
rendre ainsi hommage au Christ dans le Sacrement de son amour et en même temps
renforcer les liens de communion qui me lient à l’Eglise en Italie et à ses
pasteurs.
« Je salue également les autorités, qui
par leur présence très appréciée soulignent combien les Congrès eucharistiques
font partie de l’histoire et de la culture du peuple italien ».
Le privilège de participer à
l’Eucharistie
« Chers amis venus à Bari de différentes
régions d’Italie pour célébrer ce congrès eucharistique, nous devons
redécouvrir la joie du dimanche chrétien. Nous devons redécouvrir avec fierté le
privilège de pouvoir participer à l’Eucharistie qui est le sacrement du monde
nouveau. La résurrection du Christ est advenue le premier jour de la semaine,
qui est pour les Juifs le jour de la création du monde. C’est justement pour
cela que le dimanche était considéré comme le jour où a commencé le jour
nouveau celui dans lequel, par la victoire du Christ sur la mort, a commencé la
création nouvelle. En nous réunissant autour de la table eucharistique, la
communauté se formait comme nouveau peuple de Dieu. Saint Ignace d’Antioche
appelait les chrétiens « ceux qui sont arrivés à l’espérance nouvelle » et il
les présentait comme des personnes « vivant selon le dimanche » ("iuxta
dominicam viventes"). Dans cette perspective, l’évêque d’Antioche se
demandait: « Comment pourrions nous vivre sans Lui, que les prophètes aussi ont
attendu? (Lettre aux Magnésiens, 9,1-2). « Comment pourrions nous vivre sans
Lui? » nous entendons ces paroles de saint Ignace résonner dans l’affirmation
des martyres d’Abitène "Sine dominico non possumus". C’est justement
de là que jaillit notre prière: que les Chrétiens d’aujourd’hui aussi
redeviennent conscients de l’importance décisive de la célébration dominicale
et qu’ils sachent tirer de la participation à l’Eucharistie l’élan nécessaire à
un nouvel engagement dans l’annonce au monde du Christ « notre paix » (Ep 2,14)
».
Les martyrs d’Abitène
« Ce congrès eucharistique qui se conclut
aujourd’hui, entendait représenter le dimanche comme la « Pâque hebdomadaire »,
expression de l’identité de la communauté chrétienne et centre de sa vie et de
sa mission. Le thème choisi « Sans le dimanche nous ne pouvons pas vivre »,
nous ramène à l’année 304, lorsque l’empereur Dioclétien interdit aux
chrétiens, sous peine de mort, de posséder les Ecritures, de se réunir le
dimanche pour célébrer l’Eucharistie et de construire des lieux pour leurs
assemblées. A Abitène, petite localité de la Tunisie actuelle, 49 chrétiens
furent surpris un dimanche tandis que, réunis dans la maison d’Octave Félix,
ils célébraient l’Eucharistie en défiant les interdits impériaux. Arrêtés, ils
furent conduits à Carthage, pour être interrogés par le Proconsul Anulinus.
Entre autres, la réponse qu’Eméritus a donnée au proconsul qui lui demandait
pourquoi ils avaient transgressé l’ordre de l’empereur, était significative. Il
dit: "Sine dominico non possumus": sans nous réunir en assemblée le
dimanche, pour célébrer l’Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre. Nous
manquerions de forces pour affronter les difficultés quotidiennes et pour ne
pas succomber. Après des tortures atroces, les 49 martyrs d’Abitène furent
tués. Ils confirmèrent ainsi leur foi, par l’effusion du sang. Ils moururent
mais en vainqueurs: nous faisons maintenant mémoire d’eux dans la gloire du
Christ ressuscité ».
Il n’est pas facile de vivre en chrétien
aujourd’hui
« C’est une expérience à laquelle nous devons
réfléchir nous aussi, chrétiens du XXIe s. Pour nous non plus, ce n’est pas
facile de vivre en chrétiens. D’un point de vue spirituel, le monde dans lequel nous nous trouvons, marqué si souvent par une
consommation effrénée, par l’indifférence religieuse, par une sécularisation
fermée à la transcendance, peut sembler être un désert non pas moins dur
que le (désert) « grand et épouvantable » (Dt 8,15) dont parle la première
lecture tirée du Deutéronome. Au peuple juif en difficulté, Dieu vient en aide
par le don de la manne, pour lui faire comprendre que « l’homme ne vit pas
seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur » (Dt
8,3). Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous a expliqué à quel pain, Dieu,
par le don de la manne, voulait préparer le peuple de la Nouvelle Alliance. En
faisant allusion à l’Eucharistie, il a dit: « Ce pain est le pain descendu du
ciel non comme celui que vos pères ont mangé et ils sont morts. Qui mange de ce
pain vivra à jamais » (Jn 6,58). Le Fils de Dieu, fait chair, pouvait devenir
pain et être ainsi nourriture pour son peuple en chemin vers la terre promise
du Ciel ».
L’énergie nécessaire pour le chemin à
parcourir
« Nous
avons besoin de ce pain pour affronter les fatigues et les lassitudes du
voyage. Le dimanche, Jour du Seigneur, est l’occasion propice pour puiser la
force en lui, qui est le Seigneur de la vie. Le précepte de la fête n’est donc
pas simplement un devoir imposé de l’extérieur. Participer à la célébration
dominicale et se nourrir du Pain eucharistique est un besoin pour le chrétien
qui peut ainsi trouver l’énergie nécessaire pour le chemin à parcourir. Un
chemin qui n’est d’ailleurs pas arbitraire: la route que Dieu indique par sa
Loi va dans la direction inscrite dans l’essence même de l’homme. La suivre signifie pour l’homme se
réaliser lui-même; la perdre revient à s’égarer soi-même ».
On préfère un Dieu « lointain »
« Le
Seigneur ne nous laisse pas seuls sur ce chemin. Il est avec nous; plus encore,
il désire partager notre sort jusqu’à s’immerger en nous. Dans le colloque que
rapporte l’Evangile, il dit: « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en
moi et moi en lui » (Jn 6, 56). Comment ne pas nous réjouir d’une telle
promesse? Nous avons entendu à cette première annonce que les gens, au lieu de
se réjouir, ont commencé à discuter et à protester: « Comment celui-ci peut-il
nous donner sa chair à manger? (Jn 6, 52). En vérité, cette attitude s’est
répétée souvent au cours de l’histoire. On dirait qu’au fond les gens ne
veulent pas avoir Dieu si proche, si à portée de main, si participant de leur
histoire. Les gens le veulent grand, et en définitive, plutôt loin d’eux. On soulève alors
des questions voulant démonter qu’une telle chose est finalement impossible.
Mais les paroles que le Christ a prononcées justement en cette circonstance
demeurent dans leur clarté vigoureuse: « En vérité, en vérité, je vous le dis,
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme, et ne buvez son sang, vous
n’aurez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Face au murmure de protestation, Jésus
aurait pu se replier sur des paroles rassurantes: « mes amis, aurait-il pu
dire, ne vous inquiétez pas! J’ai parlé de chair, mais il s’agit seulement d’un
symbole. Ce que j’entends est seulement une communion profonde de sentiments ».
Mais Jésus n’a pas eu recours à de tels adoucissements. Il a maintenu fermement
son affirmation, même face à la défection de nombreux de ses disciples (cf. Jn
6, 52). Au contraire, il s’est montré disposé à accepter jusqu’à la défection
de ses apôtres mêmes pour ne rien changer du caractère concret de son discours:
« Peut-être voulez-vous vous aussi vous en aller? » (Jn 6, 67), a-t-il demandé.
Mais grâce à Dieu, Pierre a donné une réponse que nous faisons nôtre nous
aussi, aujourd’hui, en pleine conscience: « Seigneur à qui irions nous? Tu as
les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68) ».
NDLR :La foule
assemblée à Bari a répondu à cette affirmation du pape par des acclamations et
des applaudissements nourris.
Les résistances de saint Augustin, sous l’influence de Platon
« Dans
l’Eucharistie, le Christ est réellement présent parmi nous. Ce n’est pas une
présence statique. C’est une présence dynamique qui nous saisit pour nous faire
siens, pour nous assimiler à Lui. Augustin l’avait bien compris lui qui, venant
d’une formation platonicienne, avait eu beaucoup de mal à accepter la dimension
« incarnée » du christianisme. Il réagissait tout particulièrement face à la
perspective du « repas eucharistique » qui lui semblait indigne de Dieu: dans
les repas communs en effet, l’homme semble le plus fort, dans la mesure où
c’est lui qui assimile la nourriture en en faisant un élément de sa réalité
corporelle. Ce n’est que dans un second temps qu’Augustin comprit que les
choses allaient exactement dans le sens inverse : le centre, c’est le Christ,
qui nous attire à lui pour faire de nous une seule chose avec lui (cf.
Confessions, VII,10,16). De cette façon, il nous introduit dans la communauté
des frères ».
L’Eucharistie
est source d’unité:
« Le Christ que nous rencontrons dans le
Sacrement est le même ici à Bari qu'à Rome, ici en Europe qu'en Amérique, en
Afrique, en Asie, en Océanie. C’est l’unique et même Christ qui est présent
dans le Pain eucharistique en tout lieu de la terre. Cela signifie que nous
pouvons le rencontrer seulement ensemble avec tous les autres. Nous pouvons le
recevoir seulement dans l’unité.
N’est-ce pas ce que nous a dit l’apôtre Paul dans la lettre que nous
venons d’écouter? En écrivant aux Corinthiens, il affirmait: « Puisqu’il n’y a
qu’un seul pain, nous, tout en étant nombreux, nous sommes un seul corps: tous,
en effet nous participons à l’unique pain » (1 Co 10,17). La conséquence est
claire: nous ne pouvons pas être en communion avec le Seigneur si nous ne
sommes pas en communion entre nous. Si nous voulons nous présenter devant Lui,
nous devons aussi bouger pour aller les uns vers les autres. Pour cela il faut
apprendre la grande leçon du pardon : ne pas laisser travailler dans l’âme le
ver du ressentiment, mais ouvrir son coeur à la magnanimité de l’écoute de
l’autre, de la compréhension vis à vis de lui, de l’éventuelle acceptation de
ses excuses, de la généreuse offrande des nôtres ».
« L’Eucharistie, répétons-le, est le sacrement de l’unité. Mais hélas les
chrétiens sont divisés justement par le sacrement de l’unité. Nous devons
d’autant plus, soutenus par l’eucharistie, nous sentir poussés à tendre de
toutes nos forces à la pleine unité que le Christ a ardemment désirée au
Cénacle ».
« Ici, justement, à Bari, cité qui conserve
les reliques de saint Nicolas, terre de rencontre et de dialogue avec nos
frères chrétiens d’Orient, je voudrais redire ma volonté d’assumer comme engagement fondamental de
travailler de toutes mes énergies à la reconstitution de l’unité pleine et
visible de tous les disciples du Christ. Je suis conscient que les
manifestations de bons sentiments ne suffisent pas. Il faut aujourd’hui des
gestes concrets qui entrent dans les âmes et bouleversent les consciences, en
appelant chacun à la conversion intérieure qui est le présupposé de tout
progrès sur le chemin de l’œcuménisme » (cf. Discours aux représentants des
Eglises et communautés chrétiennes et d’autres religions non chrétiennes, 25
avril 2005). Je vous demande à tous de prendre avec décision la route de cet
œcuménisme spirituel qui, dans la prière, ouvre à l’Esprit Saint, qui peut seul
créer l’unité ».
3-ROME, Lundi 30 mai 2005 : Le pape
soutient l’abstention lors des référendums sur la fécondation assistée, en Italie.
Discours à l’Assemblée générale de la
Conférence épiscopale italienne
Benoît XVI soutient la position de l’Eglise
catholique en Italie qui demande l’abstention lors des référendums sur la
fécondation assistée, car l’être humain « ne peut jamais être réduit à un
moyen, il est toujours une fin ».
Le pape a abordé la question des référendums italiens, pour la première fois ce
lundi, lors d’une audience dans la salle du synode au Vatican, accordée aux
participants de l’Assemblée générale de la Conférence épiscopale italienne
(CEI).
Le cardinal Camillo Ruini, président de la CEI a expliqué dans son discours aux
évêques que l’abstention aux référendums, qui auront lieu le 12 et le 13 juin,
« a la signification d’un double non » « aux contenus des questions soumises au
référendum, qui empirent irrémédiablement la loi et la vident, rouvrant
largement la porte à de dangereux vides juridiques, et à l’utilisation du
référendum dans une matière aussi complexe et délicate », a expliqué le
cardinal.
Les quatre propositions que les Italiens devront approuver ou refuser par
référendum sont les suivantes :
- Supprimer la limite fixée à la recherche clinique et expérimentale avec les
embryons ;
- Supprimer les normes sur les limites imposées par la loi à la fécondation
assistée, ainsi que l’obligation de ne créer que trois embryons « in vitro ».
- Soumettre les droits de l’embryon à ceux des personnes déjà nées ;
- Supprimer l’interdiction de la fécondation hétérologue, c’est-à-dire avec la
participation d’une troisième personne, étrangère au couple.
Le pape a remercié les évêques pour leur engagement qui est « signe de la
sollicitude des pasteurs pour tout être humain, qui ne peut jamais être réduit
à un moyen, mais qui est toujours une fin, comme nous l’enseigne notre Seigneur
Jésus Christ dans son Evangile et comme nous le dit la raison humaine elle-même
».
« Dans cet engagement, ainsi que dans l’œuvre, dans toute sa diversité, qui
fait partie de la mission et du devoir des pasteurs, je suis proche de vous
avec la parole et la prière, confiant dans la lumière et la grâce de l’Esprit
qui agit dans les consciences et les cœurs », a-t-il ajouté.
L’Eglise italienne soutient l’abstention lors des référendums car selon la loi
italienne, si la participation à un référendum est inférieure à 50% des
personnes ayant le droit de vote, celui-ci est nul.
4-ROME, Lundi 30 mai 2005 :
la lettre de Benoît XVI sur la famille
Il confirme la Journée mondiale des
Familles en 2006 à Valence (Espagne)
Dans une lettre adressée au cardinal Alfonso
López Trujillo, président du Conseil pontifical pour la Famille, le pape
affirme que « l’Eglise ne peut cesser d’annoncer que, conformément aux plans de
Dieu, le mariage et la famille sont irremplaçables et n’admettent aucune autre
alternative ».
En février dernier, le pape Jean-Paul II avait convoqué la cinquième rencontre
mondiale des familles à Valence. La lettre de Benoît XVI au cardinal colombien
vient confirmer cette rencontre.
Le pape précise dans sa lettre que cette rencontre des familles est une «
nouveauté formidable » pour annoncer « l’Evangile de la famille » qui a une
valeur essentielle pour l’Eglise et la société.
Le pape déclare que se si les peuples veulent « donner un visage vraiment
humain à la société », ils « ne peuvent ignorer le bien précieux de la famille,
fondée sur le mariage ».
« L’alliance matrimoniale, par laquelle l’homme et la femme constitue une union
pour toute la vie, ordonnée de par sa nature au bien des conjoints et à la
génération et l’éducation des enfants, est le fondement de la famille,
patrimoine et bien commun de l’humanité », précise le pape.
Le contenu de la lettre du pape a été rendu public hier dimanche par Mgr
Agustín García Gasco, archevêque de Valence, au cours de la célébration de la
solennité du Corpus Domini.
La rencontre aura lieu la première semaine de juillet 2006 et aura pour thème :
« La transmission de la foi dans la famille ».
« La famille chrétienne a aujourd’hui plus que jamais une mission très noble et
nécessaire, comme c’est le cas de la transmission de la foi, qui implique le
don de soi à Jésus-Christ, mort et ressuscité, et l’insertion dans la
communauté ecclésiale », affirme le pape dans sa lettre.
« Les parents sont les premiers évangélisateurs des enfants, don précieux du
Créateur, en commençant par l’enseignement des premières prières. C’est ainsi
que se construit un univers moral enraciné dans la volonté de Dieu, dans lequel
l’enfant grandit, fidèle aux valeurs humaines et chrétiennes qui donnent
pleinement son sens à la vie », poursuit le pape.
Le pape souhaite participer à la Rencontre
mondiale de la Famille qui aura lieu à Valence en Espagne du 4 au 9 juillet
2006.
Après avoir lu en effet le message du pape, au terme de la messe du Corpus
Domini qu’il venait de présider dans la cathédrale de Valence, Mgr García Gasco
a déclaré : « même si la présence du pape n’a pas encore été rendue publique
car, comme il est logique, le Saint-Siège ne la communique officiellement que
quelques mois auparavant, il est certain que la lettre exprime sa volonté de
pouvoir se rendre à Valence et ceci est un encouragement pour continuer les
préparatifs que nous sommes en train d’accomplir », informe l’agence du diocèse
de Valence, AVAN.
Les Rencontres de la Famille ont lieu
tous les trois ans. Deux se sont déroulées à Rome (1994 et 2000), une à Rio de
Janeiro (1997), une à Manille (2003). Elles ont toutes été présidées par le
pape à l’exception de celle de Manille, avec une participation, chaque fois, de
plus d’un million de personnes.
5-ROME, Mardi 31 mai 2005 :
L’intention missionnaire du pape pour
le mois de juin est centrée sur l’Eucharistie
«
Pour que le Sacrement de l’Eucharistie soit toujours plus ressenti comme le
cœur battant de la vie de l’Eglise ».
L’agence vaticane Fides publie ce commentaire du
cardinal Toppo, archevêque de Ranchi en Inde.
« Personne ne peut ignorer que l’Eucharistie a occupé l’attention de l’Eglise
de manière très évidente depuis que le Concile Vatican II a promulgué sa
première Constitution « Sacrosanctum Concilium » sur la Liturgie, le 4 décembre
1963. L’enseigenment conciliaire est entièrement centré et focalisé sur le Très
Saint Mystère de l’Eucharistie.
« En 1964, le Pape Paul VI s’est rendu en Inde pour participer au Congrès
Eucharistique International de Bombay. Le 3 septembre 1965, il a publié son
encyclique sur l’Eucharistie intitulée « Mysterium Fidei » Depuis le début de
son Pontificat, le Pape Jean Paul II, à l’occasion du jeudi Saint a toujours
envoyé une Lettre annuelle aux prêtres qui, dans la Célébration Eucharistique
agissent « in persona Christi ». Le 24 février 1980, il écrit sa Lettre
Apostolique « Dominicae Cenae » dans laquelle « il présenta des aspects du
Mystère Eucharistique, et son importance pour la vie de tous ceux qui sont ses
ministres ». En 1998, il écrivit une autre Lettre Apostolique, « Dies Domini »,
pour souligner l’importance fondamentale du Jour du Seigneur pour la vie de
l’Eglise et pour chaque croyant. Ces concepts ont été une fois encore mis en
évidence dans une autre Lettre Apostolique « Novo Millenio Ineunte » de 2001.
« En 2003, cela a été ensuite le moment de l’Encyclique « Ecclesia de Eucharistia
». Le 4 décembre 2003, 40e anniversaire de « Sacrosanctum Concilium », la
Lettre Apostolique « Spiritus et Sponsa » a appelé l’Eglise à développer une «
Spiritualité liturgique ». Elle fut suivie ensuite, le 25 mars 2004 par
l’Instruction « Redemptionis Sacramentum ». Par la suite, le Saint-Père écrivit
la Lettre Apostolique « Mane Nobiscum Domine » pour une année spéciale
consacrée à l’Eucharistie, qui a commencé avec le Congrès Eucharistique
International le 17 octobre 2004 à Guadalajara au Mexique, et qui se terminera
le 29 octobre 2005 avec la clôture de la XI° Assemblée Générale Ordinaire du
Synode des Evêques sur le thème « L’Eucharistie, source et sommet de la vie et
de la Mission de l’Eglise ». On a publié aussi à cette occasion des concessions
particulières pour gagner l’Indulgence Plénière.
« Tout cela nous invite certainement à nous unir au Saint-Père dans une
fervente prière pendant le mois de juin, afin que le Sacrement de l’Eucharistie
soit toujours plus perçu et reconnu comme le battement du cœur de la vie de
l’Eglise.
Tous les fidèles doivent devenir toujours plus conscients que le mystère de la
mort et de la résurrection de Jésus, qui nous sauve en donnant la vie, soit
rendu présent de nos jours de manière ininterrompue dans le monde entier, en
nous donnant l’occasion de nous unir à Lui. C’est là l’unique mystère qui peut
renforcer et enrichir chaque individu, chaque famille, chaque communauté et
chaque peuple, pour parvenir à la plénitude de vie. Naturellement, cela
requiert une participation active à la célébration eucharistique et dans
l’accueil de l’Esprit Saint. Nous avons besoin que le feu de l’amour brûle
au-dedans de nous, parce que si cela ne se produit pas, il s’éteint.
« Nous sommes conscients de la présence vivante et vivifiante du battement
ininterrompu du Cœur de Jésus, la source de notre salut. Combien il a trouvé de
manière merveilleuse le moyen d’être avec nous pour toujours ! Il est vraiment
l’Emmanuel, « Dieu avec nous » ! Adorons-Le. Contemplons-Le et méditons sur tout
ce qui est écrit le concernant dans les Ecritures. Centrée sur le battement
sacré du Cœur de Jésus, Voie, Vérité et Vie, la communauté ecclésiale deviendra
certainement réelle, comme le sel de la terre, le levain dans la pâte et la
lumière du monde ».
+Cardinal Telesphore Toppo
6- De récentes propositions du cardinal Kasper aux Orthodoxes et Protestants :
une alliance pour défendre les racines chrétiennes
Le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de
l’Unité des chrétiens a fait ces propositions, le mercredi 25 mai, au cours d’une journée
œcuménique dans le cadre du Congrès eucharistique national italien qui se
tenait la semaine dernière à Bari, en Italie.
L’archevêque du patriarcat de Moscou, Kirill de Jaroslavl et Rostov ainsi que
le révérend Eero Huovinen, évêque luthérien de Helsinki, étaient présents.
.
Le cardinal explique que les orthodoxes et les catholiques sont « les héritiers
de la culture européenne commune ». « Nous avons les mêmes valeurs éthiques, qui
sont fondamentales pour le bien de nos sociétés et pour les hommes », a-t-il
déclaré.
« Ces valeurs sont toutefois sérieusement menacées aussi bien par la
sécularisation en Europe occidentale que par les profondes déchirures
provoquées en Europe orientale par quarante, ou plutôt soixante-dix ans de
propagande et d’éducation athéiste ».
Le cardinal Kasper estime que le prochain pas à faire, le plus « urgent », «
sur le long chemin vers la pleine communion », est celui de former « une alliance en faveur de la redécouverte
des racines chrétiennes de l’Europe ». « Une alliance pour nous aider les
uns les autres à défendre les valeurs communes, les valeurs d’une culture de la
vie, de la dignité de la personne, de la solidarité et de la justice sociale,
pour la paix et la sauvegarde de la création ».
Le cardinal Kasper propose également cette « alliance » aux « frères
protestants » qui font face à ce même défi, surtout en Occident.
7- Le cardinal Tauran et le Traité constitutionnel européen
Le cardinal Tauran
juge positif le Traité constitutionnel européen. Il l’a dit, dans un
long entretien à l’agence I. Media, à Rome, le 19 mai 2005. Cet entretien a été reproduit par l’Apic,
ainsi que par le Figaro, seulement le 24 mai 2005…Quelques jours avant la date du référendum français.
Ce qui fait dire à Jean Madiran : « Le cardinal Jean-Louis Tauran,
par ses propos au Figaro du 24 mai, a voulu nous convaincre de voter OUI sans
avoir l’air de donner une « consigne de vote ». Alors il accable le
NON qui selon lui aurait des conséquences dramatiques » (Présent. Jeudi 24
mai 2005).
On lira avec attention l’entretien du cardinal Tauran,
ancien diplomate de Jean-Paul II. (a)
On lira aussi avec non moins d’intérêt l’article de
Jean Madiran dans le même numéro de Présent. (b). Il analyse avec soin
plusieurs remarques du cardinal. C’est une belle réponse du philosophe
français.
a- Rome,
24 mai 2005 (Apic) : l’entretien du cardinal Tauran avec l’agence I.MEDIA
Le partenaire de l'Apic à Rome, l'agence I.MEDIA, a
interrogé le cardinal Jean-Louis Tauran, bibliothécaire et archiviste du
Saint-Siège, le 19 mai, sur l'Union européenne et le Traité constitutionnel que
les Français doivent ratifier lors du référendum du 29 mai.
Apic: Le Traité constitutionnel est-il valable, même
s'il ne fait pas référence aux racines chrétiennes de l'Europe ?
Mgr Jean-Louis Tauran: Cette omission est sans aucun
doute regrettable. Si nous ne sommes pas capables de relire notre histoire ou
si nous la relisons au prisme d'idéologies réductrices, il est à craindre que
les Européens aient des idées floues sur leur identité. Que répondraient-ils à
la question : qu'est-ce que l'Europe ? Ceci dit, je considère positif que,
grâce aux interventions de Jean-Paul II et de ses collaborateurs, un débat ait
eu lieu sur ce sujet et que la formule finalement adoptée "héritage
religieux" se réfère implicitement au christianisme.
Apic: Vous dites que ce texte présente des lumières et
des ombres…
Mgr Jean-Louis Tauran: D'une part, il constitue en
lui-même un progrès, car il transforme une situation de fait - c'est à dire une
communauté d'Etats qui s'est formée petit à petit au gré d'événements
historiques ou politiques - en un projet qui forge un destin commun. Il est à
remarquer également que la dignité humaine et d'autres valeurs comme la liberté
et l'égalité, qui trouvent d'ailleurs leur fondement dans le christianisme, y
sont explicitement reconnus comme le socle sur lequel repose l'Union. D'autre
part, certains articles relatifs à la vie, aux droits de la famille, à la
discrimination mériteraient sans doute une autre formulation. Quoiqu'il en
soit, malgré ces lacunes, la longueur du document et sa difficile lecture, le
Traité devrait contribuer à faire naître un sentiment de citoyenneté
européenne. Je note au passage que le texte parle également de démocratie
participative qui comprend le dialogue avec les Eglises et les communautés de
croyants ainsi qu'avec la société civile. Tout cela est à accueillir positivement.
Evidemment tout ne va pas changer comme par enchantement. Il faudra voir
comment ce nouveau Traité sera utilisé.
Apic: L'absence de référence à l'héritage chrétien
est-elle un obstacle à la ratification du Traité ?
Mgr Jean-Louis Tauran: Plus que "d'absence",
je parlerai "d'omission" qui dénature l'évidence historique ainsi
qu'un élément fondamental de l'identité des peuples européens. Il est vrai, me
direz-vous, que le Préambule n'a qu'une valeur déclaratoire. Il n'oblige pas
les contractants. Cela est exact, car ce qui oblige ce sont les dispositions
normatives contenues dans le corps du Traité. Et là, comme je le signalais il y
a un instant, à côté d'éléments négatifs, nous avons des choses importantes
concernant la religion qui apparaissent : le respect du statut des Eglises dans
les droits nationaux, la reconnaissance de la contribution spécifique des
Eglises, l'institutionnalisation du dialogue ouvert, régulier et transparent
entre l'Union européenne et les Eglises. En outre, en incluant dans le Traité
la Charte des Droits fondamentaux, on voit la liberté de religion reconnue dans
sa triple dimension, individuelle, collective et institutionnelle et le droit à
l'éducation des enfants conformément à leurs convictions. Donc, même si le
Préambule ne mentionne pas les racines chrétiennes de l'Europe, on doit se
réjouir que, pour la première fois, l'héritage religieux et les Eglises
apparaissent dans le droit primaire européen.
Apic: Quelles seraient les conséquences d'un rejet du
Traité le 29 mai ?
Mgr Jean-Louis Tauran: Une telle éventualité
compliquerait énormément
le processus de ratification, étant donné que la
France est l'un des pays fondateurs de l'Union européenne. L'Europe
"politique" serait encore un projet. Seule l'Europe de
"l'Euro" fonctionnerait... On en resterait au Traité de Nice et la
Commission poursuivrait son travail comme elle est aujourd'hui.
Apic: Quel rôle peuvent aujourd'hui jouer les
chrétiens dans l'avancée de la construction européenne ?
Mgr Jean-Louis Tauran: Les chrétiens, habitués à vivre
leur foi dans des communautés formées de personnes de toutes origines, peuvent
aider les Européens à vivre ensemble et à s'accepter différents. Ils peuvent
contribuer ainsi à l'émergence d'une Europe dont l'unité n'est pas synonyme d'uniformité
et la diversité synonyme de fragmentation. En outre, présents au cœur de la
société et partenaires du dialogue public à tous les niveaux, ils peuvent
travailler à la sauvegarde des droits fondamentaux, à l'éducation de la
jeunesse, à une solidarité effective et bien sûr à tout ce qui concerne le sens
de la vie. Les chrétiens pourraient aussi aider leurs concitoyens à penser à
tout ce que l'Europe a apporté de positif : la paix, le développement
économique, les soins de santé, la protection sociale, l'éducation, la
solidarité à l'égard du reste du monde. Tout cela est un héritage que tous
doivent recueillir, mais surtout faire fructifier.
Apic: Et le pape Benoît XVI ?
Mgr Jean-Louis Tauran: Affirmer que c'est un Européen
convaincu est peu dire ! J'ai sur ma table son livre Un tournant pour l'Europe
(1996) qui est révélateur de ses convictions européennes. Je me souviens de
l'homélie du cardinal Ratzinger à Bayeux et de sa conférence à Caen, en 2004, à
l'occasion du 60e anniversaire du Débarquement en Normandie. Ou encore des
paroles bouleversantes prononcées par le pape, il y a quelques jours, à la fin
de la projection du film sur la vie de son prédécesseur Karol, un homme devenu
pape. Autant de références qui me font dire que Benoît XVI continuera à
rappeler aux Européens leur histoire avec ses ombres et ses lumières, mais plus
encore leurs responsabilités. Dans aucune phase de son histoire, l'Europe n'a
vécu sans porter le regard sur le sacré. Ainsi, grâce à la cohabitation avec
Dieu, elle a essayé tant bien que mal d'apprendre aux hommes à cohabiter ! Elle
doit progresser dans cette voie. Tel me semble être l'encouragement que nous
recevons du nouveau pontife.
Apic: L'entrée de la Turquie dans l'Europe est-elle
souhaitable pour l'avenir de l'UE ?
Mgr Jean-Louis Tauran: Ce qui permet à un pays
d'accéder à l'Union européenne c'est qu'il partage et vive les valeurs
fondatrices de cette Union. Ce sont les fameux critères de Copenhague, parmi
lesquels se trouvent le respect effectif des droits humains fondamentaux ainsi
que le respect et la protection des minorités. On peut alors comprendre que les
papes et leurs collaborateurs aient toujours insisté pour que, comme les autres
pays, la Turquie respecte effectivement la liberté religieuse des minorités, non
seulement au niveau législatif et administratif, mais aussi au niveau social.
Et si ma mémoire ne me trahit pas, la Commission européenne a signalé des
carences sérieuses en ce domaine. (apic/imedia/hy/vb)
24.05.2005 - Hervé Yannou, correspondant de l'Apic à
Rome , agence IMEDIA
b- l’article de Jean Madiran dans Présent du
24 mai 2005 : réponse de Jean Madiran au cardinal Tauran.
« Le cardinal Tauran dit non au NON
Pour une Europe sans Dieu et un christianisme
implicite.
Ancien diplomate, aujourd’hui archiviste et
bibliothécaire, le Cardinal jean-Louis Tauran, par ses « propos » au
Figaro du 24 mai, a voulu nous convaincre de voter OUI sans avoir l’air de
donner une « consigne de vote ». Alors il accable le NON qui, selon
lui, aurait des conséquences dramatiques.
L’intense pression exercée sur le peuple français pour
lui faire abdiquer son indépendance nationale a donc enrôlé jusqu’à un cardinal
de la sainte Eglise romaine.
Un cardinal ouvertement partisan d’une Europe sans
Dieu, c’est sans doute du dernier chic, et le comble de la modernité, mais ça
ne marche pas.
Le cardinal Tauran trouve tout de même « regrettable »
l’absence dans la Constitution, de toute référence aux racines chrétiennes
de l’Europe. Mais il ne considère pas cette absence comme un obstacle à la
ratification. Il n’y discerne d’ailleurs rien d’autre qu’une omission alors
qu’il s’agit d’un rejet, réclamé, obtenu à la fois par le laïcisme
maçonnique et par l’insolente candidature turque.
Mais voilà, le cardinal estime que la vague mention
d’un « héritage religieux » est positive et en somme suffisante,
faute de mieux, car « elle se réfère implicitement au
christianisme ». Implicitement !
Pour cautionner la mode nouvelle d’un christianisme
implicite, il fallait assurément un cardinal de la sainte Eglise romaine. Il
est vrai qu’en matière de cardinaux, l’Egise romaine en a parfois subi bien
d’autres.
Le s »propos » du cardinal font un large et
méchant usage de clichés parfaitement figaresques.
« Il faut remarquer, dit-il, que la dignité humaine
et d’autres valeurs comme la liberté et l’égalité qui trouvent d’ailleurs
leur fondement dans le christianisme, y sont explicitement reconnues ».
Faudrait-il donc instruire un cardinal de la sainte Eglise
romaine du fait que la dignité moderne est une « fausse idée de la dignité
humaine », comme l’indiquait saint Pie X dans la lettre sure le Sillon :
fausse idée en ce qu’elle consiste à refuser toute loi extérieure et supérieure
à la conscience individuelle. Faudrait-il donc expliquer au diplomate cardinal
Tauran que la liberté chrétienne, l’égalité chrétienne sont le contraire de
la libérté-égalité inventée par la Révolution française pour détruire
l’Eglise ? Les mots de dignité, de liberté, d’égalité n’ont pas
la même « valeur » ni le même sens pour la pensée chrétienne d’une
part et d’autre part pour le langage courant de l’idéologie de la société
civile. Il n’est pas convenable de jouer indéfiniment sur une telle ambiguïté.
« Ce qui permet à un pays d’accéder à l’Union européenne »,
ajoute le cardinal, c’est qu’il vit et partage les valeurs fondatrices de
cette union ».
S’ils partagent ces « valeurs », si c’est la seule condition, rien
ne s’oppose donc, dans cette perspective purement idéologique, à l’adhésion
éventuelle du Tibet, de la Mongolie extérieure, du Pérou, du Zimbabwe et même
de la Turquie. Une « Europe de valeurs » serait une Europe sans
limites, donc sans définition et sans identité : une Europe sans histoire,
sans géographie, sans racines, une « construction » artificielle,
technobureaucratique , anonyme et apatride. Il ne faut pas trompeusement donner
à croire que la sainte Eglise romaine mépriserait à ce point les nations ».
(Présent. Jeudi 24 Mai 2005).
8- Le référendum du 29 mai 2005 en France.
Après cette prise de position du cardinal Tauran, on
comprend que Jean Madiran analysant les résultats du vote du 29 mai ,
puisse, sous le titre « le peuple
français refuse d’abdiquer », conclure ses réflexions, dans Présent du
mardi 31 mai par ces mots : « De toutes
parts, on entend dire que le 29 mai restera une date historique : une date
dans l’histoire de la République. Une date dans l’histoire de la France. Oui.
Mais aussi dans l’histoire de l’Eglise. La date historique où, entraînés par
leur épiscopat, la majorité des catholiques ont pu voter OUI à une Europe sans
Dieu, anonyme et apostate, monstre juridique et infirmité morale ».
9-Roger-Gérard Schwartzenberg
et le clonage thérapeutique.
Communiqué de la Fondation Jérôme Lejeune
L'ancien ministre français de la recherche,
Roger-Gérard Schwartzenberg, vient de déposer une proposition de loi visant à
abroger l'article de la loi de bioéthique de 2004 interdisant le clonage
thérapeutique.
La Fondation Jérôme Lejeune a réagi
énergiquement. Nous sommes heureux de
publier son communiqué intéressant à plus d’un titre. Il réagit sur le
plan doctrinal, fait un point sur la situation législative actuelle de part le monde et donne le chemin sur lequel marcher en ce
domaine si important pour le genre humain.
« Une équipe sud-coréenne a créé des
lignées de cellules souche à partir de 31 embryons clonés âgés de 5 jours. Les
chercheurs coréens, gênés par l'appellation "clonage" parlent d'«
obtention de lignées de cellules souches embryonnaires par transfert nucléaire
». Une équipe britannique a réussi également à mener le développement d'un
embryon cloné jusqu'au stade de blastocyte mais sans parvenir à obtenir des lignées
de cellules. Aussitôt, comme il fallait s'y attendre des voix se font entendre
pour obtenir en France l'autorisation de pratiquer ces expérimentations
humaines. L'ancien ministre de la recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg, vient
de déposer une proposition de loi visant à abroger l'article de la loi de
bioéthique de 2004 interdisant le clonage thérapeutique. La Fondation Jérôme
Lejeune dénonce cette manipulation de l'opinion publique et de la démocratie.
Une fuite en avant inutile, immorale et irresponsable
Inutile : car les patients qui attendent, risquent d'attendre longtemps.
Pourquoi ? Parce que les cellules souches embryonnaires, qu’elles soient issues
du clonage ou non, sont sans avenir thérapeutique et qu’en prenant le chemin de
traverse du clonage, on déshérite une recherche qui pourrait être directement
conduite dans l’intérêt des patients avec les cellules souches adultes, à
l'efficacité déjà reconnue.
On n'attend effectivement aucune retombée thérapeutique du "clonage dit
thérapeutique". A la suite du rapport de l'Unesco d'août 2004, les
scientifiques forcés de reconnaître qu'il n'y a aucune recherche thérapeutique
possible sur les cellules embryonnaires, obtenues par clonage ou non, utilisent
d'ailleurs aujourd'hui le terme de "clonage de recherche". Les
promesses de guérison pour les patients et leurs familles font naître un espoir
illusoire.
Immorale : car outre le fait d'abuser la crédulité des patients, on se
félicite des travaux d'une équipe qui a pour la première fois crée des embryons
humains en vue de les utiliser comme matériau de laboratoire. In utero ou in
vitro, l’embryon est un membre à part entière de l’espèce humaine caractérisé
par son patrimoine génétique qui fait de lui un être unique et irremplaçable.
On peut changer les mots, mais la réalité demeure.
La Fondation Jérôme Lejeune s’insurge que l'on puisse ainsi se réjouir de
l’exploitation d’une catégorie humaine par une autre. La Fondation Jérôme
Lejeune dénonce ces recherches "inhumaines". Elles sont une honte
pour l'intelligence et la science, et pour l'humanité toute entière. Elles
défigurent la médecine.
Irresponsable : car le clonage de recherche et le clonage reproductif
sont très exactement la même technique de reproduction. Il n'est pas possible
d'interdire l’un et de refuser l’autre. Faire semblant de le croire est
mensonger et irresponsable car il engage toutes les générations à venir.
L'opinion publique est trompée.
Une loi de bioéthique déjà reniée avant
d’être appliquée
Au terme de cinq années d’élaboration, la loi
de bioéthique française du 6 août 2004 a condamné le clonage. La volonté du
législateur – qui vient tout juste de s’exprimer – serait-elle déjà remise en
cause ou bien les citoyens ont-ils mal compris ? Quelles sont les raisons qui
commandent d’envisager une remise en cause de ce que, dans l’hémicycle, on
s’était solennellement engagé à ne pas faire ? Il n'y a aucun argument nouveau
en faveur du clonage. Au contraire depuis 2004 le clonage n'est plus à
l'honneur dans le droit international.
Le droit international est hostile au
clonage humain
- L’ONU
s'est prononcé contre toutes formes de clonage humain. L’Assemblée générale des
Nations Unies a en effet adopté le 8 mars 2005 et après deux années de débat,
une Déclaration sur le clonage des êtres humains, déclaration de référence. «
Les Etats Membres sont invités à adopter toutes les mesures voulues pour
protéger comme il convient la vie humaine dans l’application des sciences de la
vie et à interdire toutes les formes de clonage humain dans la mesure où elles
seraient incompatibles avec la dignité humaine et la protection de la vie
humaine. »
- Le Parlement européen a adopté le
10 mars 2005, une Résolution sur le commerce d’ovules humains dans laquelle les
députés se félicitent de la déclaration de l’Assemblée générale des Nations
Unies qui mentionne explicitement la nécessité d’écarter le risque
d’exploitation des femmes ; ils invitent la Commission à retirer le financement
au clonage des êtres humains dans le cadre de tout programme de l’Union
européenne et en particulier du 7e Programme-cadre de recherche.
Le Parlement demande que l’Union se concentre sur les recherches sur les
cellules souches adultes et ombilicales. Ce type de recherche ayant déjà permis
le traitement de patients avec succès.
La Fondation Jérôme Lejeune souhaite
que la France se concentre sur des recherches solidaires. La médecine ne peut
s'affranchir du respect des Droits de l'Homme.
Pour une recherche solidaire :
La Fondation Jérôme Lejeune appelle au développement des recherches sur les
cellules souches adultes pleines de promesse et d'espoir. Ces recherches sont
une véritable réponse à la souffrance des personnes atteintes de maladies
graves et respectent les Droits de l'Homme.
Fondation Jérôme Lejeune, 31 rue Galande, 75005 Paris
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