La nouvelle Encyclique du Pape
Sur la sainte Eucharistie
Commentaire
de l’abbé Aulagnier le 7 mai 2003
Le pape
Jean Paul II, en la fête du jeudi saint –17 avril 2003, donnait à l’Eglise sa
14ème Encyclique sur l’Eucharistie : Ecclesia de Eucharistia
Cette
Encyclique est très importante. Elle est peut-être même – un acte historique.
Elle
est un appel du pape aux fidèles pour qu’ils retrouvent une vraie dévotion
eucharistique.
« C’est
de l’Eucharistie que vit l’Eglise. C’est de ce « pain de vivant »
qu’elle se nourrit.
Comment
ne pas ressentir le besoin d’exhorter tout le
monde à en faire constamment une expérience renouvelée » (n7).
Mais
ce n’est pas le seul but de l’encyclique.
Elle
est un rappel doctrinal sur la Sainte Eucharistie.
J’espère
dit le pape que la présente encyclique pourra contribuer efficacement à
dissiper les ombres sur le plan doctrinal et les manières de faire
inacceptables afin que l’Eucharistie continue à resplendir dans toute la
magnificence de son mystère.(n10).
Mais
elle n’est pas que cela.
Elle
set surtout un rappel doctrinal pour corriger les insuffisances notoires de la
réforme liturgique issue du Concile
Vatican II pour corriger les ambiguïtés du texte de « l’institutio
géneralis » publié par la constitution apostolique « Missale
Romanum » signée par le pape PauVI, le 3 avril 1969.
Et de
fait, le pape dit lui-même : vouloir corriger « les abus qui
contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet
admirable sacrement » (n10) et il ne craint pas d’ajouter :
« il
faut malheureusement déplorer que surtout à partir des années de la réforme liturgique
post-conciliaire… les abus n’ont pas manqué et ils ont été des motifs de
souffrances pour beaucoup » (n52).
Et
pour ce faire, le pape reprend purement et simplement, dans son encyclique
toutes les critiques théologiques et pastorales que le cardinal Ottaviani, tout
au début de l’imposition « totalitaire » de cette r »forme,
avait présenté au souverain pontife régnant, le pape Paul VI, lui adressant le
Bref Examen Critique.
A –
du sacrifice eucharistique.
On
sait en effet que le « Bref Examen » critique les ambiguïtés du nouvel « ordo
Missae » sur la notion de sacrifice, de sacrifice propitiatoire.
C’est
l’objet du chapitre 2 et du chapitre 3.
Le
pape en prend acte. Il y fait un large écho dans on encyclique, en rappelant la
doctrine catholique sur ce sujet. Il y consacre les 4 premiers numéros du
chapitre 1 :
« la
messe rend présent – dit-il le sacrifice de la croix ».
« L’Eucharistie est un sacrifice au sens propre » etc etc.
Le »Bref
examen critique » faisait remarquer aussi les ambiguïtés de la réforme sur
la notion de présence réelle de N S J C dans l’Eucharistie.
La
présence réelle de N S J C dans l’Eucharistie est une présence « vraie,
réelle, substantielle » qui se réalise par la conversion substantielle du
pain au corps du Christ, Seigneur et du vin
en son sang conversion que l’Eglise appelle d’un mot très
approprié
« transsubstantiation ».
Ce qui n’en fait nullement une présence spirituelle ou subjective, comme
certains textes et rubriques de la réforme liturgique pouvaient le laisser
entendre ».
Or
sur ce sujet, le pontife fait un très substantiel rappel dans plusieurs
endroits de son document et particulièrement dans le chapitre 1, des numéros 15 à 20 et dans le très beau chapitre V intitulé « la dignité
de la célébration eucharistique ».
« Dans la messe, la représentation sacramentelle du sacrifice du
Christ…implique une présence tout à fait spéciale qu’on nomme
« réelle »… « substantielle » et que par elle, le Christ ,
homme-Dieu, se rend présent entier ». Et de citer le Concile de trente et
sa session 13ème en son chapitre 4.
Le
« Bref examen critique » a fait remarquer également que la réforme
liturgique s’exprimait d’une manière équivoque sur le vrai ministre de l’autel
confondant, identifiant puisque, de toute façon ne distinguant pas suffisamment
le sacerdoce ministériel du sacerdoce des fidèles. (cf bref examen critique
chap. 5 et 6).
Là
aussi, le pape prend en compte cette critique et y consacre tout le chapitre
III, l’Encyclique, intitulé « l’apostolicité de l’Eucharistie et
l’Eglise ».
Nul
doute – et c’est là l’intéressant de ce texte – que le vœu du cardinal
Ottaviani, dans sa lettre à Paul VI – trouve enfin un écho dans le cœur du pape. Il écrivait – le présentant le Bref examen Critique :
« Nous
sommes assurés que ces considérations directement inspirées de ce que nous
entendons par la voix vibrante des pasteurs et du troupeau devront toujours
trouver un écho dans le cœur paternel de votre Sainteté, toujours si profondément
soucieux des besoins spirituels des fils de l’Eglise ».
C’est
donc chose faite aujourd’hui
Il a
fallu attendre près de 40 ans.
Peu
importe – grâce soit rendue à Dieu qui prend soin de son Eglise.
C’est
sous ce rapport que cette encyclique « Ecclesia de Eucharistia »
pourrait bien être historique.
Et
même sous un autre aspect :
En
effet, le pape annonce, en son chapitre V, la publication prochaine d’un autre
document qui aura pour objet le rappel, aux prêtres et aux fidèles, du respect
dû aux « normes liturgiques » dans la célébration de la messe.
Il confie cette charge à certains dicastères de la curie romaine. (n52).
Nul
doute que le Cardinal Ratzinger sera la cheville ouvrière de ce prochain
document – et qu’il en profitera pour installer la « réforme de la réforme » liturgique, qui lui tient à cœur. En effet ce nouveau texte sera
l’occasion d’apporter les rectifications de la réforme liturgique .qui s’imposent aux dires mêmes du pape et
de son encyclique « Ecclesia de Eucharistia ».
On ne
voit vraiment pas comment ce nouveau texte pourrait s’éloigner du désir profond
du pape : corriger les abus et dissiper les ombres sur le plan doctrinal
et les manières de faire » (n10) de la réforme liturgique.
C’est
ce que désirait Mgr Lefebvre.
« Je crois que Vatican II
est susceptible d’une pia interpretatio (comme Saint thomas le faisait
vis-à-vis de certains Pères). Je ne suis pas opposé à l’idée que le pape – par
des documents – rectifie les ambiguïtés du concile. Je ne suis pas opposé non plus
à l’idée d’une réforme de la réforme si, dans la réforme, il y a la
rectifications ». (Certitudes entretien avec l’abbé de Tanouarn n 11)
Ce
nouveau texte annoncé en sera la réalisation. Espérons qu’elle soit une bonne
et définitive réalisation pour le bien de l’Eglise et qu’elle soit respectée.
En fin
ce document est ou sera historique parce qu’il prépare les esprits à accepter
le pluralisme liturgique dans l’Eglise : on n’est pas loin de reconnaître
la légitimité dans l’Eglise de la messe dite de St pie V. tous les écrits et
les actes de la hiérarchie romaine actuelle le prouvent :
1 –la
création d’une administration
apostolique personnelle de Mgr Rifan avec le droit exclusif à la messe
tridentine
2 –la
célébration de la messe tridentine par
le cardinal Castrillon Hoyos à Rome en la basilique Ste marie majeure, le 24
mai 2003.
3 –
la célébration de la messe tridentine de
Mgr Léonard en Belgique, le 24 mai 2003.
4
–Les nombreux écrits du cardinal
Ratzinger et du cardinal Stickler en faveur de la messe de St pie V, et les critiques
qu’ils y expriment de la réforme liturgique.
5 –
la possibilité reconnue aujourd’hui pour
les évêques de créer des églises personnelles pour les fidèles attachés à ce
rite .
6 –
les efforts multipliés pour trouver avec
la Fraternité une solution lui laissant libre usage du rite de St pie V.
7 –
et enfin cette encyclique elle même et
son numéro 49.
« De
la, naît le parcours qu’a conduit progressivement à délimiter un statut spécial
de réglementation pour la liturgie eucharistique dans le respect des diverses
traditions ecclésiale légitimement constituée ».
Voilà
quelques aspects de ce document important… peut être historique.
Si
vous voulez en savoir plus sur cette encyclique, voyez le commentaire détaillé
de l’abbé Aulagnier, dans la rubrique :
actualités religieuses.