LLLLes Nouvelles
de
Chrétienté
N° 139
Le
cardinal Hummes, préfet de
Chers amis prêtres,
À l’occasion de la
fête de Saint Jean Marie Vianney, le Curé d’Ars, le 4 août prochain, je vous
salue cordialement, de tout cœur, et vous envoie ce message fraternel.
L’Église
aujourd’hui sait qu’existe une urgence missionnaire, non seulement « ad
gentes », mais aussi dans les régions et les milieux dans lesquels depuis
des siècles la foi chrétienne a été prêchée, implantée, et où les communautés
chrétiennes se sont établies. Il s’agit de la mission, ou de l’évangélisation
missionnaire (Redemptoris Missio, 2),
au sein du troupeau lui-même ; elle a pour destinataires ceux que nous
avons baptisés mais que, pour diverses raisons, nous n’avons pas réussi à
évangéliser suffisamment, ou ceux qui ont perdu leur première ferveur et se
sont éloignés. La culture postmoderne de la société contemporaine – une culture
relativiste, sécularisée, agnostique et laïciste – exerce une forte action
d’érosion de la foi religieuse de beaucoup.
L’Église est par
nature missionnaire. « Le semeur est sorti semer » (Mt 13,3), dit
Jésus. Il ne se limite pas à jeter la semence par la fenêtre, mais il sort de
la maison. L’Église sait qu’elle ne peut rester inerte ni se limiter à
accueillir et évangéliser ceux qui la cherchent, dans ses églises et ses
communautés. Il faut se lever et aller là où résident les personnes et les
familles, où ils vivent et travaillent. Aller vers tous : vers les
entreprises, les organisations, les institutions et les divers milieux de la
société humaine. À cette mission tous les membres de la communauté ecclésiale
sont appelés : pasteurs, religieux et laïcs.
Par ailleurs,
l’Église reconnaît que les prêtres sont la grande force propulsive de la vie
quotidienne des communautés locales. Quand les prêtres se remuent, l’Église se
bouge. S’il n’en était pas ainsi, il serait très difficile de réaliser la
mission.
Vous, chers frères
prêtres, vous êtes la grande richesse, le dynamisme, l’inspiration pastorale et
missionnaire, au milieu des gens, là où vivent, en communautés, nos baptisés.
Sans votre décision déterminante de « gagner au large » (« Duc
in altum ») pour la pêche à laquelle le Seigneur nous convoque, il ne se
passera que peu ou rien dans le domaine de cette mission urgente, tant
« ad gentes » que dans les territoires d’ancienne évangélisation.
Mais l’Église est certaine de pouvoir compter sur vous, parce qu’elle sait, et
elle reconnaît explicitement, que l’énorme majorité des prêtres – malgré les
faiblesses et les limites humaines que nous avons tous – sont des prêtres
dignes, qui donnent chaque jour leur vie au Règne de Dieu, qui aiment
Jésus-Christ et le peuple qui leur est confié ; qu’ils sont des prêtres
qui se sanctifient dans l’exercice continuel de leur ministère, qui persévèrent
jusqu’à la fin de la moisson du Seigneur. Une petite fraction des prêtres a gravement
dévié. L’Église cherche à réparer le mal qu’ils ont accompli. Mais d’autre part
elle se réjouit et elle est fière de l’immense majorité de ses prêtres, qui
sont bons et méritent la louange au plus haut point.
En cette année
Saint Paul et en attendant le Synode des Évêques sur
Je vous salue de
nouveau, chers frères, en restant toujours à votre disposition. Je prie pour
vous tous, spécialement ceux qui souffrent, pour les infirmes et pour les plus
âgés.
Du
Vatican, le 15 juillet 2008
Cardinal Claudio Hummes
Archevêque émérite de Saint Paul
Préfet de