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Chrétienté

 

N° 144

 

Le Pape Benoît XVI en France

 

Nous aurons à cœur de suivre le voyage du Pape Benoît XVI en France.

 

A- Voici tout d’abord un jugement du philosophe Alain Finkielkant.

 

 

 

L’hommage au “pape pensant” 

LU POUR VOUS

 

L’hommage au “pape pensant”

 

Le texte que nous reproduisons ici à l’occasion du voyage en France de Benoît XVI est du philosophe Alain Finkielkraut. Il a paru dans “L’Arche” (le mensuel du judaïsme français) en juin 2005, peu après l’élection du nouveau successeur de Pierre. Sur un ton et avec des réserves qui ne sont pas les nôtres, il dit néanmoins pour l’essentiel la même chose que nous : un “pape pensant” a été élu dans le monde du relativisme universel bien-pensant, que Finkielkraut dénonce ici comme un “nihilisme de l’indistinction”, et ce pape lui porte une contradiction salutaire à tous les points de vue. Même pour les non-croyants.

 

“J’étais au Québec lors de l’élection, à la fois prévisible et inattendue, de Joseph Ratzinger. Il était le favori, mais tout le monde répétait à l’envi que celui qui entre pape au conclave en ressort cardinal. Au cours d’un radio-trottoir diffusé par la télévision québécoise immédiatement après l’Habemus papam, j’ai pu entendre un habitant de Montréal prononcer cette phrase : “Je m’intéresserai au pape le jour où sera élue une femme noire monoparentale.” Je me suis d’abord dit : “Ce type est dingue.” Or cette réaction n’était pas atypique ; elle était symptomatique de ce qui s’est passé au Québec et, plus largement, dans le monde.

 

 

 

 “L’esprit du temps avait donné des consignes précises à l’Esprit Saint : il ne lui a pas pardonné sa désobéissance. Les gardiens du Magistère de l’opinion se sont mis en colère ; les prélats de la “Congrégation pour la propagation de la doctrine de la foi démocratique” ont, avec une grande vigueur, excommunié le pape. Le nouveau parti dévot réclamait Zapatero Ier, il a eu Benoît XVI. Cela ne lui a pas fait plaisir.

 

 

Les médias favorisent l’immédiat au détriment des médiations

 

 

 “Premier constat : Ratzinger était le choix de Jean Paul II. On peut même se demander si celui-ci n’a pas nommé les cardinaux en fonction de cette élection à venir. Or si Jean Paul II, dont les obsèques ont donné lieu à une vague de tendresse planétaire, était adoré, celui qui a été son conseiller le plus proche est détesté. Cela signifie que Jean Paul II a cru pouvoir disposer de la technique, mais que c’est la technique qui a disposé de lui. On aimait son image, non son message. Car les médias favorisent l’immédiat au détriment des médiations. Autrement dit, le régime sous lequel nous vivons, c’est celui de l’obscène, de l’obscénité de la présence pure. On s’est félicité de la présence charismatique de Jean Paul II, sans prêter attention à ce qu’il avait à dire.

 

“Ratzinger est plus calotin que cabotin. Il n’a pas été comédien dans sa jeunesse. Nietzsche dit dans Le Gai savoir qu’à l’ère moderne les acteurs, des acteurs de toutes catégories, sont le véritables maîtres. Ils succèdent aux constructeurs. Jean Paul II était un grand acteur. Je crois que Benoît XVI est plutôt un constructeur.

 

 Mais qu’est-ce que le “progressisme” aujourd’hui?

 

 “L’hostilité de l’esprit du temps a trouvé son paroxysme non pas au Québec mais en Angleterre et en France, lorsqu’on s’est aperçu que Benoît XVI avait été enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes. Il a été affublé par Canal+ d’un uniforme nazi et a été désigné sous le nom “d’Adolf II”. Cette blague immonde a choqué les évêques, mais aussi le CRIF qui l’a condamnée, ce dont j’ai été très heureux. Cette attaque était abjecte. Il suffit de lire Ratzinger pour savoir qu’il poursuivra et approfondira le dialogue avec les Juifs. Dans une autre émission de Canal+, les humoristes ont dressé une statue à Dieudonné. D’un côté on vous explique que l’homme qui a dit que les Juifs sont des “négriers reconvertis dans la banque et dans le spectacle” est un humoriste persécuté, et, de l’autre, que Benoît XVI est hitlérien. Cela se passe de commentaire.

 

“Mais si ma protestation contre l’intolérance d’un esprit du temps qui, parce qu’il est convaincu d’avoir inventé la tolérance universelle, ne veut rien entendre d’autre que lui-même, se convertit en un sentiment plus positif, c’est que j’ai la conviction qu’un pape pensant a été élu dans un monde de la bien-pensance. “Pensant” est traduit par “conservateur”. Mais qu’est-ce que le progressisme aujourd’hui ? La dissolution de toutes les différences dans une gigantesque copulation interactive où les hommes et les femmes échangent leurs prérogatives et où le pape fait de la publicité pour les préservatifs.

 

 

 Voulons-nous d’un monde totalement profane et indifférencié?

 

 

 “Et que nous dit le pape pensant ? Que le monde actuel est en proie au nihilisme de l’indistinction. À force de libération, tout commence à s’équivaloir. Tout est pareil. Tout est interchangeable. Les frontières entre les adultes et les enfants, entre les sexes s’estompent. La religion du semblable ne tolère aucune exception. La vraie question aujourd’hui est celle-ci : voulons-nous d’un monde complètement indifférencié ? Ne devons-nous pas penser, à notre tour, au moyen de nous libérer de ces processus de libération continuels ? Deuxième interrogation, qui va dans le même sens : voulons-nous d’un monde exclusivement et totalement profane ? Si la sécularisation c’est la profanation de toutes choses, n’a-t-elle pas manqué son but ? Cette question que soulève Benoît XVI concerne les laïques autant que les religieux.

 

 “Ultime problème et qui résume tous les autres : Joseph Ratzinger, parce qu’il est catholique, défend une certaine idée de la nature. Cela le conduit à des positions certes critiquables. Mais il n’en reste pas moins que le questionnement qu’il suscite vaut d’être entendu. Nous avons donné congé à l’idée de nature, nous vivons dans un monde de part en part historique et donc indéfiniment transformable, mais quel prix payons-nous pour cette fluidité ? Jusqu’où ira-t-on ? Peut-on totalement se passer de l’idée de nature ? Les questions que pose l’Église sont un défi intellectuel. C’est pourquoi je salue cette élection.”

 

Alain Finkielkraut

 

 Tiré de Sedcontra du 10 septembre 2008

 

 

B- Le message du Pape adressé aux catholiques français avant sa venue en France.

 

Chers Frères et Sœurs,

 

Vendredi prochain j'entreprendrai mon premier voyage pastoral en France en tant que Successeur de Pierre. A la veille de mon arrivée, je tiens à adresser mon cordial salut au peuple français et à tous les habitants de cette Nation bien-aimée. Je viens chez vous en messager de paix et de fraternité. Votre pays ne m'est pas inconnu. A plusieurs reprises j'ai eu la joie de m'y rendre et d'apprécier sa généreuse tradition d'accueil et de tolérance, ainsi que la solidité de sa foi chrétienne comme sa haute culture humaine et spirituelle. Cette fois, l'occasion de ma venue est la célébration du cent cinquantième anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à Lourdes. Après avoir visité Paris, la capitale de votre pays, ce sera une grande joie pour moi de m'unir à la foule des pèlerins qui viennent suivre les étapes du chemin du Jubilé, à la suite de sainte Bernadette, jusqu'à la grotte de Massabielle. Ma prière se fera intense aux pieds de Notre Dame aux intentions de toute l'Église, particulièrement pour les malades, les personnes les plus délaissées, mais aussi pour la paix dans le monde. Que Marie soit pour vous tous, et particulièrement pour les jeunes, la Mère toujours disponible aux besoins de ses enfants, une lumière d'espérance qui éclaire et guide vos chemins ! Chers amis de France, je vous invite à vous unir à ma prière pour que ce voyage porte des fruits abondants. Dans l'heureuse attente d'être prochainement parmi vous, j'invoque sur chacun, sur vos familles et sur vos communautés, la protection maternelle de la Vierge Marie, Notre Dame de Lourdes. Que Dieu vous bénisse !