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Chrétienté

 

N° 160

 

Le cardinal Canizares Lliovera.

Le nouveau préfet de la Congrégation du culte divin.

 

En profonde syntonie avec Benoît XVI, le cardinal Canizares Llovera, un des symboles du renouveau de l’Eglise catholique en Espagne, succède au cardinal Arinze à la tête de la Congrégation pour le culte divin et la Discipline des Sacrements.

Par Yves Chiron dans l’Homme Nouveau du 3 janvier 2009

 

Le  cardinal Canizares Llovera est né à Utilel, dans la province espagnole de Valence, le 15 octobre 1945.

Après des études au séminaire diocésain de cette ville et à l’université pontificale de Salamanque, il a été ordonné prêtre le 21 juin 1970. Il a suivi également les cours de l’Institut supérieur de pastorale de Madrid, où il a obtenu un diplôme en pastorale catéchétique.

L’abbé Canizares Llovera a d’abord été professeur de théologie à l’Institut des sciences religieuses de Madrid et à la faculté de théologie de Salamanque. Pendant une vingtaine d’années, la catéchèse et l’enseignement de la foi vont être son domaine de prédilection. C’était déjà le sujet de la thèse qu’il a soutenue en juin 1971 pour obtenir le doctorat en théologie : « Saint Thomas de Villeneuve, témoin de la prédication espagnole au XVI siècle ». En 1971, également, à Valence, il fonde l’Ecole des Educateurs de la foi. En 1977, il crée l’Association espagnole des Catéchistes. En 1982, il fonde aussi une revue trimestrielle, « Theologia y catequesis », qui existe toujours et qui a su acquérir une audience internationale.

De 1985 à 1992, il a été le secrétaire de la Commission doctrinale de la Conférence épiscopale de l’Espagne. En 1990, il a publié « El credo de nuestra fe », un exposé de la foi catholique qui a connu un grand succès en Espagne et a été plusieurs fois réédité. En Mars 1992, Jean-Paul II le nomme évêque d’Avila, quatre ans plus tard, archevêque de Grenade. Cette ascension rapide se pour- suivra en 2002, avec sa promotion à l’archevêché de Tolède qui a fait de lui le Primat d’Espagne.

Théologien devenu évêque, Mgr Canizares Llovera a été nommé, en 1996, membre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. A ce titre, il a collaboré à la rédaction du Catéchisme de l’Eglise catholique et a été un de ceux qui en ont supervisé la traduction espagnole.

Le « petit Ratzinger ».

Pendant dix ans, tout en  assurant son ministère en Espagne, il a été, à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, un proche collaborateur du cardinal  Ratzinger. Il a notamment été mêlé de près à l’examen des écrits du rédemptoriste espagnol, Marciano Vidal, dont les traités de théologie morale ont fait l’objet, le 22 février 2001, d’une Notification.

La silhouette de Mgr Canizares Llovera, devenue familière à Rome, et sa proximité de pensée avec celui qui était le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, l’avaient fait surnommer, Il piccolo Ratzinger. Interrogé plus tard sur ce surnom affectueux, il dira : « Je crois qu’elle est due à notre ressemblance par les cheveux blancs et au fait que j’ai été Secrétaire de la Commission doctrinale en Espagne et aussi à la syntonie que Dieu m’a donné avec la pensée de celui qui était alors le cardinal Ratzinger. Syntonie et communion dans la même foi et dans les grandes préoccupations pour l’homme, auquel il manque tout si Dieu manque. Et aussi syntonie et communion dans le grans amour et la passion pour l’Eglise, dans la recherche de la vérité qui nous rend libres, une vérité qui nous arrive par la Tradition. Et ainsi en syntonie également avec la fidélité à la Tradition qui est l’unique façon de s’ouvrir au futur et d’engager un renouveau de l’Eglise et de la société. »

Un évêque combatif.

En 2005, l’archevêque de Tolède a été élu vice-président de la Conférence épiscopale espagnole. Dans cette fonction, il a pris une part importante à la mobilisation des catholiques espagnols contre les projets de loi du gouvernement espagniol relatif au « mariage exceptionnel » et au programme d’ « éducation à la citoyenneté » destiné à remplacer, dans les établissements scolaires publics, les cours de religion. Il a été qualifié d’Anti-Zapatero par la presse de gauche.

Après l’élection de Benoît XVI au pontificat, Mgr Canizares Llovera a été créé cardinal lors du consistoire du 24 mars 2006. Quelques jours plus tard, il a été nommé membre de la commission pontificale Ecclesia Dei, chargée des relations avec les traditionalistes .
Sans émettre d’hypothèses hasardeuses, on peut supposer que le cardinal Canizares Llovera, comme d’autres cardinaux particulièrement attentifs à la question, a été consulté par le Pape lors de la préparation du motu proprio Summorum Pontificum (7 juillet 2007) qui a libéralisé la messe traditionnelle. La Fédération internationale Una Voce, dans son récent rapport sur l’application du motu proprio, signalait l’archevêque de Tolède parmi les évêques qui ont répondu favorablement, dans leur diocèse, au motu proprio de Benoît XVI et « ont  montré une charité toute particulière », à l’égard des fidèles attachés au rite traditionnel.

Le cardinal Canizares est en harmonie avec la pensée de Benoît XVI en matière liturgique. Dans un entretien accordé peu après sa nomination au quotidien espagnol La Razon, interrogé sur la pratique de la communion reçue à genoux que le pape cherche à remettre en honneur, l’archevêque de Tolède a répondu : « Ce n’est pas seulement une question de forme. Que signifie recevoir la communion dans la bouche ? Que signifie se mettre à genoux devant le Saint-Sacrement ? Que signifie l’agenouillement à la messe ? Cela signifie adorer, cela signifie reconnaître la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. C’est une attitude de respect et un témoignage de foi de l’homme qui s’abaisse devant Dieu parce qu’il sait que tout vient de Lui ; nous restons sans voix devant la gloire de Dieu, devant sa bonté et sa miséricorde. Voilà pourquoi recevoir la communion dans la main en restant debout, ce n’est pas la même chose que de la recevoir dans la bouche en s’agenouillant. Ici, l’attitude a une grande importance. Nous devons parvenir à retrouver une attitude qui témoigne du respect que nous avons lorsque nous recevons le Seigneur qui se donne en nourriture. C’est ce que souhaite le pape. »

 

En phase avec le pape.

 

Sa nomination, le 9 décembre dernier, comme Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la Discipline des Sacrements, a confirmé la rumeur qui courait depuis le mois de juin. Le cardinal Canizares Llovera sera, à la curie, un des chefs de dicastères le plus en phase avec la pensée de Joseph Ratzinger devenu Benoît XVI. Comme lui, il dénonce « la dictature du relativisme » (interview au Corrirere della sera, le 10 mars 2008), comme lui, il pense qu’en matière liturgique, la solution n’est pas dans le changement de rite mais qu’il faut « améliorer les messes du dimanche (…), les vivre avec une foi authentique et pas seulement en y participant par simple convenance » (interview à La Razon, le 14 décembre 2008)