LLLLes Nouvelles
de
Chrétienté
N° 161
Discours de Benoît XVI
au Corps diplomatique accrédité près le
Saint-Siège
.
Le pape a reçu le 7 janvier 2009 au matin en audience au Vatican les membres du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège et il leur a adressé son discours le plus attendu de l'année sur l'Etat du monde et la géopolitique vaticane.
Le pape confirme son prochain voyage en Afrique. A ce sujet, le pape a dit, notamment : « Dans quelques mois, j'aurai la joie de rencontrer beaucoup de frères et sœurs dans la foi et en humanité qui vivent en Afrique. Dans l'attente de cette visite que j'ai tant désirée, je prie le Seigneur afin que leurs cœurs soient disponibles à accueillir l'Evangile et à le vivre avec cohérence, en construisant la paix par la lutte contre la pauvreté morale et matérielle ».
Voici le texte intégral du discours du pape (original en français). On pourrait résumer la pensée de ce message par ces mots de conclusion du discours du pape Benoît XVI: « La pauvreté se combat si l'humanité est rendue plus fraternelle par des valeurs et des idéaux partagés, fondés sur la dignité de la personne, sur la liberté alliée à la responsabilité, sur la reconnaissance effective de la place de Dieu dans la vie de l'homme. »
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Le mystère de l'incarnation du Verbe, que nous revivons
chaque année dans
A l'aube de cette année 2009, ma pensée affectueuse va d'abord à tous ceux qui ont souffert à cause de graves catastrophes naturelles, en particulier au Vietnam, en Birmanie, en Chine et aux Philippines, en Amérique centrale et dans les Caraïbes, en Colombie et au Brésil, ou bien à cause de conflits nationaux ou régionaux sanglants ou encore à cause d'attentats terroristes qui ont semé la mort et la destruction dans des pays comme l'Afghanistan, l'Inde, le Pakistan et l'Algérie.
Malgré tant d'efforts, la paix si désirée est encore lointaine !
Face à ce constat, il ne faut pas se décourager ni diminuer l'engagement en faveur d'une culture de paix authentique, mais au contraire redoubler d'efforts en faveur de la sécurité et du développement. Dans ce sens, le Saint-Siège a tenu à être parmi les premiers à signer et à ratifier la « Convention sur les armes à sous-munitions », document qui a aussi l'objectif de renforcer le droit international humanitaire. D'autre part, relevant avec préoccupation les symptômes de crise qui se manifestent dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaire, le Saint-Siège ne cesse de rappeler que l'on ne peut pas construire la paix quand les dépenses militaires soustraient d'énormes ressources humaines et matérielles aux projets de développement, spécialement des peuples les plus pauvres.
Benoît XVI tourne son
regard vers les pauvres.
Et c'est vers les pauvres, les trop nombreux pauvres de
notre planète, que je voudrais tourner mon attention aujourd'hui, à la suite du
Message pour
Investir dans la
jeunesse.
Oui, Mesdames et Messieurs, si nous voulons combattre la pauvreté, nous devons investir avant tout dans la jeunesse, l'éduquant à un idéal d'authentique fraternité.
Durant mes voyages apostoliques de l'année dernière, j'ai eu
l'occasion de rencontrer beaucoup de jeunes, surtout dans le cadre
extraordinaire de la célébration de
Benoît XVI rappelle
son discours à l’ONU
Mon discours au Siège
de l'Organisation des Nations Unies s'insère dans ce contexte : soixante ans
après l'adoption de
Rappel de ses paroles
à Lourdes
Quelques mois plus tard, me rendant en pèlerinage à Lourdes
pour le cent cinquantième anniversaire des apparitions de
Le rappel des
immenses souffrances des chrétiens
Les discriminations et les très graves attaques dont ont été victimes, l'an passé, des milliers de chrétiens, montrent combien ce n'est pas seulement la pauvreté matérielle, mais aussi la pauvreté morale qui nuit à la paix.
La pauvreté morale
C'est dans la pauvreté morale, de fait, que de telles exactions plongent leurs racines. Réaffirmant la haute contribution que les religions peuvent donner à la lutte contre la pauvreté et à la construction de la paix, je voudrais répéter en cette assemblée qui, idéalement, représente toutes les nations du monde : le christianisme est une religion de liberté et de paix et il est au service du vrai bien de l'humanité. A nos frères et sœurs victimes de la violence, spécialement en Iraq et en Inde, je renouvelle l'assurance de mon affection paternelle; aux autorités civiles et politiques, je demande instamment de s'employer avec énergie à mettre fin à l'intolérance et aux vexations contre les chrétiens, d'œuvrer pour réparer les dommages provoqués, en particulier aux lieux de culte et aux propriétés ; et d'encourager par tous les moyens le juste respect pour toutes les religions, proscrivant toutes formes de haine et de mépris. Je souhaite aussi que, dans le monde occidental, on ne cultive pas de préjugés ou d'hostilité contre les chrétiens, simplement parce que, sur certaines questions, leur voix dérange. Pour leur part, que les disciples du Christ, confrontés à de telles épreuves, ne perdent pas courage : le témoignage de l'Evangile est toujours un « signe de contradiction » par rapport à « l'esprit du monde » ! Si les tribulations sont pénibles, la constante présence du Christ est un puissant réconfort. Son Evangile est un message de salut pour tous et c'est pourquoi il ne peut être confiné dans la sphère privée, mais doit être proclamé sur les toits, jusqu'aux extrémités de la terre.
Son regard sur le
Moyen-Orient.
La naissance du Christ dans la pauvre grotte de Bethléem
nous conduit naturellement à évoquer la situation au Moyen-Orient et, en
premier lieu, en Terre Sainte, où, en ces jours, nous assistons à une
recrudescence de violence qui provoque des dommages et des souffrances immenses
aux populations civiles. Cette situation complique encore la recherche d'une
issue au conflit entre Israéliens et Palestiniens, vivement désirée par
beaucoup d'entre eux et par le monde entier. Une fois de plus, je voudrais
redire que l'option militaire n'est pas une solution et que la violence, d'où
qu'elle provienne et quelque forme qu'elle prenne, doit être condamnée
fermement. Je souhaite que, avec
l'engagement déterminant de la communauté internationale, la trêve dans la
bande de Gaza soit remise en vigueur, -
ce qui est indispensable pour redonner des conditions de vie acceptables à la
population -, et que soient relancées les négociations de paix en renonçant à
la haine, aux provocations et à l'usage des armes. Il est très important
que, à l'occasion des échéances électorales cruciales qui intéresseront
beaucoup d'habitants de la région dans les prochains mois, émergent des
dirigeants capables de faire progresser avec détermination ce processus et de
guider leurs peuples vers la difficile mais indispensable réconciliation. On ne pourra parvenir à celle-ci sans
adopter une approche globale des problèmes de ces pays, dans le respect des
aspirations et des intérêts légitimes de toutes les populations intéressées.
Outre des efforts renouvelés pour la solution du conflit israélo-palestinien,
que je viens de mentionner, il faut apporter un soutien convaincu au dialogue
entre Israël et
Il porte son regard
sur le grand continent asiatique
Portant le regard sur le grand continent asiatique, je constate avec préoccupation que dans certains pays les violences perdurent et que dans d'autres la situation politique demeure tendue, mais il existe des progrès qui permettent de regarder vers l'avenir avec une plus grande confiance. Je pense, par exemple, à la reprise de nouvelles négociations de paix à Mindanao, aux Philippines, et au nouveau cours que prennent les relations entre Pékin et Taipei. Dans ce même contexte de recherche de paix, une solution définitive du conflit en cours au Sri Lanka ne pourrait être que politique aussi, alors que les besoins humanitaires des populations concernées doivent continuer à être l'objet d'une attention soutenue. Les communautés chrétiennes qui vivent en Asie sont souvent réduites du point de vue numérique, mais elles souhaitent offrir une contribution convaincue et efficace au bien commun, à la stabilité et au progrès de leurs pays, donnant un témoignage de la primauté de Dieu qui établit une saine hiérarchie des valeurs et donne une liberté plus forte que les injustices. La récente béatification de cent quatre-vingt-huit martyrs, au Japon, l'a rappelé de façon éloquente. L'Eglise, comme on l'a dit bien des fois, ne demande pas de privilèges, mais l'application du principe de la liberté religieuse dans toute son étendue. Dans cette optique, il est important que, en Asie centrale, les législations sur les communautés religieuses garantissent le plein exercice de ce droit fondamental, dans le respect des normes internationales.
Son regard sur
l’Afrique.
Dans quelques mois,
j'aurai la joie de rencontrer beaucoup de frères et sœurs dans la foi et en
humanité qui vivent en Afrique. Dans l'attente de cette visite que j'ai
tant désirée, je prie le Seigneur afin que leurs cœurs soient disponibles à
accueillir l'Evangile et à le vivre avec cohérence, en construisant la paix par
la lutte contre la pauvreté morale et matérielle. Un soin tout particulier est
à réserver à l'enfance : vingt ans après
l'adoption de
Sur l’Amérique
Latine.
Dans ce vaste panorama, qui embrasse le monde entier, je désire également m'arrêter un moment sur l'Amérique Latine. Là aussi, les peuples désirent vivre en paix, affranchis de la pauvreté et exerçant librement leurs droits fondamentaux. Dans ce contexte, il faut souhaiter que les besoins de ceux qui émigrent soient pris en considération par des législations qui facilitent le regroupement familial et concilient les légitimes exigences de sécurité et celles de l'inviolable respect de la personne. Je voudrais aussi louer l'engagement prioritaire de certains gouvernements pour rétablir la légalité et mener une lutte sans compromis contre le trafic des stupéfiants et la corruption. Je me réjouis que, trente ans après le début de la médiation pontificale sur le différend entre l'Argentine et le Chili relatif à la zone australe, les deux pays aient en quelque sorte scellé leur volonté de paix en élevant un monument à mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II. Je souhaite, par ailleurs, que la récente signature de l'Accord entre le Saint-Siège et le Brésil facilite le libre exercice de la mission évangélisatrice de l'Eglise et renforce encore davantage sa collaboration avec les institutions civiles pour le développement intégral de la personne. L'Eglise accompagne depuis cinq siècles les peuples de l'Amérique Latine, partageant leurs espérances et leurs préoccupations. Ses Pasteurs savent que, pour favoriser un progrès authentique de la société, leur tâche propre est d'éclairer les consciences et de former des laïcs capables d'intervenir avec ardeur dans les réalités temporelles, se mettant au service du bien commun.
Portant enfin mon
regard sur des nations qui sont plus proches, je voudrais saluer la communauté
chrétienne de Turquie, rappelant que, en cette année jubilaire spéciale à
l'occasion du deuxième millénaire de la naissance de l'Apôtre saint Paul, de nombreux pèlerins convergent vers Tarse,
sa ville d'origine, ce qui souligne
encore une fois le lien étroit de cette terre avec les origines du
christianisme. Les aspirations à la paix sont vives à Chypre, où ont repris
les négociations en vue de justes solutions aux problèmes liés à la division de
l'Île. En ce qui concerne le Caucase, je voudrais rappeler une fois encore que
les conflits qui intéressent les Etats de
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, au terme de ce tour
d'horizon, qui, dans sa brièveté, ne peut mentionner toutes les situations de
souffrance et de pauvreté qui sont présentes à mon esprit, je reviens au
Message pour la célébration de