de
Chrétienté
N°
168
1.
Le Christ a-t-il été mis à mort par autrui ou
par lui-même? - 2. Pour quel motif s'est-il livré à
La cinquième question est particulièrement
importante pour répondre à la « problématique » de Jules Isaac
De ces
six articles, les deux premiers examinent la part du Christ dans le fait de sa
mort ; le troisième, la part du Père ; les trois autres, la part des
hommes.
Les gens pressés peuvent tout de suite aller
à l’article 5. Mais je donne les articles précédents parce qu’ils sont intéressants,
même s’ils n’ont pas une importance immédiat pour régler la question ici
traitée.
Pour ce
qui est de la part du Christ, saint Thomas se demande, d’abord, si, en effet le
Christ peut être dit avoir eu une part dans le fait de sa mort ; et, en
second lieu, quel a été le motif ou le mobile qui a porté le Christ à se livrer
ainsi à
Objections:
1. Le Christ lui-même dit (Jn 10, 18):
"Personne ne me prend ma vie, c'est moi qui la donne." Le Christ n'a
donc pas été mis à mort par d'autres, mais par lui-même.
2. Ceux qui sont mis à mort par d'autres
s'éteignent peu à peu par l'affaiblissement de leur nature; cela se remarque
surtout chez les crucifiés car, selon S. Augustin ils " étaient torturés
par une longue agonie". Mais ce ne fut pas le cas du Christ car "
poussant un grand cri, il expira " (Mt 27, 50). Le Christ n'a donc pas été
mis à mort par d'autres, mais par lui-même.
3. Être mis à mort, c'est mourir d'une mort violente et par suite, ce qui est violent s'opposant à ce qui est volontaire, mourir d'une mort subie contre son gré. Or, S. Augustin le fait observer, " l'esprit du Christ n'a pas quitté sa chair malgré lui, mais parce qu'il le voulut, quand il le voulut, et comme il le voulut". C'est donc par lui-même et non par autrui que le Christ a été mis à mort.
Cependant: le Christ annonçait en parlant de lui-même (Lc 18, 33): "Après l'avoir flagellé, ils le tueront."
Conclusion:
« Il y a deux manières d'être cause d'un effet.
1° En agissant directement pour cela. C'est de cette manière que les persécuteurs du Christ l'ont mis à mort; car ils lui ont fait subir les traitements qui devaient amener la mort, avec l'intention de la lui donner. Et la mort qui s'en est suivie a été réellement produite par cette cause.
2° Indirectement, en n'empêchant pas cet effet; par exemple on dira qu'on mouille quelqu'un en ne fermant pas la fenêtre par laquelle entre la pluie. En ce sens, le Christ n’a pas écarté de son propre corps les coups qui lui étaient portés, mais a voulu que sa nature corporelle succombe sous ces coups, on peut dire que le Christ a donné sa vie ou qu'il est mort volontairement ».
Le Christ
pouvait en effet empêcher cette Passion et cette mort. Il le pouvait d’abord,
en réprimant ses adversaires, de telle sorte qu’ils ne voulussent pas ou qu’ils
ne pussent pas le mettre à mort. On l’a vu au Jardin des Oliviers. Le Christ a
terrassé ses ennemis. Il le pouvait aussi, parce que son esprit avait la
puissance de conserver la nature de sa chair pour qu’aucune cause de lésion qui
lui serait infligée ne parvint à l’accabler : puissance que l’âme du
Christ avait parce qu’elle était unie au Verbe de Dieu dans l’unité de sa
Personne. Par cela donc que le Christ ne repoussa point de son propre corps les
coups qui lui étaient portés mais qu’Il voulut que la nature corporelle succombât
sous ces coups, Il est dit avoir disposé Lui-même son âme ou sa vie et être
mort volontairement.
Solutions:
1." Personne ne prend ma vie", dit le
Christ; entendez: "sans que j'y consente", car prendre, au sens
propre du mot, c'est enlever quelque chose à quelqu'un contre son gré et sans
qu'il puisse résister.
2. Pour montrer que la passion qu'il subissait par violence ne lui arrachait pas son âme, le Christ a gardé sa nature corporelle dans toute sa force; aussi, à ses derniers instants, a-t-il poussé un grand cri; c'est là un des miracles de sa mort. D'où la parole de Marc (15, 39): "Le centurion qui se tenait en face, voyant qu'il avait expiré en criant ainsi, déclara: "Vraiment cet homme était le Fils de Dieu !" "
Il y eut encore ceci d'admirable dans la mort du
Christ, qu'il mourut plus rapidement que les hommes soumis au même supplice. On
lit dans S. Jean (19, 32) qu'on " brisa les jambes " de ceux qui
étaient crucifiés avec le Christ " pour hâter leur mort ": mais
" lorsqu'ils vinrent à Jésus, ils virent qu'il était déjà mort et ils ne
lui rompirent pas les jambes". D'après S. Marc (15, 44), " Pilate
s'étonna qu'il fût déjà mort". De même que, par sa volonté, sa nature
corporelle avait été gardée dans toute sa vigueur jusqu'à la fin, de même c'est
lorsqu'il le voulut qu'il céda aux coups qu'on lui avait porté.
3.En mourant le Christ, tout à la fois, a subi la violence et est mort volontairement, puisque la violence faite à son corps n'a pu dominer celui-ci que dans la mesure où il l'a voulu lui-même ».
Ainsi
c’est en toute vérité que le Christ s’est livré Lui-même à la mort ; bien
que cependant, en toute vérité aussi, cette mort lui ait été donnée par ses
bourreaux.
Mais quelle fut bien, de sa part, la cause qui le fit ainsi aller à la mort et l’accepter volontairement ? Quel en fut le motif. Devons nous dire que ce fut par obéissance ? Saint Thomas y répond dans l’article 2
Trois Objections:veulent
prouver que le Christ n’est pas mort par obéissance.
2. On ne fait par obéissance que ce que l'on
accomplit sous la contrainte d'un précepte. Or le Christ n'a pas souffert par
contrainte mais volontairement.
3. La charité est une vertu supérieure à l'obéissance. Mais il est écrit que le Christ a souffert par charité (Ep 5, 2): "Vivez dans l'amour, de même que le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous." La passion du Christ doit donc être attribuée à la charité plus qu'à l'obéissance.
Cependant: il est écrit (Ph 2, 8) " Il s'est fait obéissant à son Père jusqu'à la mort."
Conclusion:
Il est de la plus haute convenance que le Christ ait souffert par obéissance.
1° Parce que cela convenait à la justification des hommes: "De même que par la désobéissance d'un seul, beaucoup ont été constitués pécheurs, de même aussi, par l'obéissance d'un seul, beaucoup sont constitués justes " (Rm 5, 19).
2° Cela convenait à la réconciliation de Dieu avec les hommes." Nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils " (Rm 5, 10), c'est-à-dire en tant que la mort du Christ fut elle-même un sacrifice très agréable à Dieu: "Il s'est livré lui-même à Dieu pour nous en oblation et en sacrifice d'agréable odeur " (Ep 5, 2). Or l'obéissance est préférée à tous les sacrifices d'après l'Écriture (1 S 15, 22): "L'obéissance vaut mieux que les sacrifices." Aussi convenait-il que le sacrifice de la passion du Christ eût sa source dans l'obéissance.
3° Cela convenait à la victoire par laquelle il triompha de la mort et de l'auteur de la mort. Car un soldat ne peut vaincre s'il n'obéit à son chef. Et ainsi l'homme Christ a obtenu la victoire en obéissant à Dieu: "L'homme obéissant remportera la victoire " (Pr 21, 28 Vg).
Commentaire du Père Pègues : Cette dernière
raison, jointe aux deux autres, éclaire d’un jour magnifique toute l’histoire
du genre humain. On peut dire du genre humain, dans la suite de son histoire,
que tout s’y ramène à une question de vie et de mort, rattachée elle-même à une
question d’obéissance et de désobéissance. Dieu avait créé l’homme, pouvant
cependant être mortel de sa nature, dans un état de vie qui ne connaissait
point la mort ; mais à une condition : qu’il observerait un précepte,
d’ailleurs très facile que Dieu lui donnait pour marquer sa dépendance à
l’endroit du Créateur. Il était du reste, expressément averti que s’il
désobéissait, il mourrait de mort. L’homme eut le malheur de ne point tenir
compte de cette défense et de cette menace. Emporté par un mouvement d’orgueil,
à la suggestion du Tentateur perfide, il désobéit à Dieu. Aussitôt le privilège
de vie immortelle, accordée par Dieu à la nature humaine dans la personne du premier
homme lui fut enlevé. Pour toujours désormais, la mort devait régner dans le
genre humain déchu. Mais Dieu, dans sa miséricorde, allait tout restaurer en
vue d’un triomphe éblouissant sur la mort et sur le démon, qui en était le premier
auteur. Il allait créer l’Homme Nouveau, par lequel Il remporterait sa
victoire. Le démon avait vaincu en amenant l’homme premier à désobéir. Dieu
allait vaincre en se donnant, dans l’Homme Nouveau, un obéissant parfait. Et,
de même que la désobéissance du premier avait causé la mort en violant le
précepte auquel était attaché l’immortelle vie ; de même l’Homme Nouveau restaurerait
la vie en observant fidèlement et par obéissance au Chef, Dieu lui-même, Souverain maître de la mort et
de la vie, le précepte qui lui commandait d’aller à la mort. Toute l’économie
des conseils de Dieu, dans l’histoire du genre humain, tient dans ce double
contraste : d’une vie immortelle perdue par une désobéissance qui
méprisait le précepte de la vie ; et de cette même vie immortelle
reconquise par une obéissance qui embrasserait amoureusement le précepte de la
mort.
Solutions:
1. Le Christ avait reçu de son Père le précepte de souffrir. On lit en effet en S. Jean (10, 18): "J'ai le pouvoir de donner ma vie, et le pouvoir de la reprendre, tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père."
S. Jean Chrysostome explique: "Ce n'est pas qu'il ait dû entendre ce commandement et qu'il ait eu besoin de l'apprendre, mais il a montré qu'il agissait volontairement, et il a détruit tout soupçon d'opposition à son Père."
Cependant, parce que la foi ancienne a atteint son terme avec la mort du Christ, puisqu'il
a dit lui-même en mourant (Jn 19, 30): "Tout est consommé", on peut
comprendre que par sa passion le Christ a accompli tous les préceptes de la loi
ancienne. Les préceptes moraux fondés sur le précepte de la charité, il les a
accomplis en tant qu'il a souffert par amour pour son Père, d'après sa parole
en S. Jean (14, 31): "Pour que le monde sache que j'aime mon Père, et que
j'agis comme mon Père me l'a ordonné, levez-vous, sortons d'ici " pour
aller au lieu de
Quant aux préceptes cérémoniels de la loi, qui sont surtout ordonnés aux sacrifices et aux oblations, il les a accomplis par sa passion, en tant que tous les anciens sacrifices étaient des figures de ce vrai sacrifice que le Christ a offert en mourant pour nous. Aussi est-il écrit (Col 2, 16): "Que personne ne vous critique sur la nourriture et la boisson, ou à cause des jours de fête ou des néoménies, qui ne sont que l'ombre des choses à venir, tandis que la réalité, c'est le corps du Christ", en ce sens que le Christ leur est comparé comme le corps à l'ombre.
Quant aux préceptes judiciaires de la loi, qui
ont surtout pour but de satisfaire aux dommages subis, le Christ les a aussi
accomplis par sa passion; car, selon le Psaume (69, 5), " ce qu'il n'a pas
pris, il l'a rendu", permettant qu'on le cloue au bois à cause du fruit
que l'homme avait dérobé à l'arbre du paradis, contre le commandement de Dieu.
3. Que le Christ ait souffert par charité et par obéissance, c'est pour une seule et même raison: il a accompli les préceptes de la charité par obéissance, et il a été obéissant par amour pour le Père lui donnait ces préceptes. »
Ainsi le
Christ s’est livré Lui-même à
Cette volonté formelle du Père permettra-t-elle
de dire en toute vérité que le Père a livré Lui-même son Fils à
Saint Thomas
Trois Objections
veulent prouver que Dieu le Père n’ a point livré le Christ à
1. Il semble inique et cruel qu'un innocent soit
livré à la passion et à la mort. Or " Dieu est fidèle et sans aucune
iniquité " (Dt 32, 4). Donc il n'a pas livré le Christ innocent à la
passion et à la mort.
2. On n'est pas livré à la mort par soi-même en
même temps que par un autre. Or le Christ s'est livré lui-même pour nous selon
Isaïe (53, 12): "Il s'est livré à la mort." Donc il ne semble pas que
Dieu le Père l'ait livré.
3. Judas est incriminé d'avoir livré le Christ aux Juifs, selon cette parole rapportée par S. Jean (6, 70): ""L'un de vous est un démon." Jésus parlait de Judas qui devait le livrer." De même encore les Juifs sont incriminés de l'avoir livré à Pilate, qui disait lui-même (Jn 18, 35): "Ta nation et tes grands prêtres t'ont livré à moi." Pilate aussi " le livra pour qu'il soit crucifié " ( Jn 19, 16). Or, dit S. Paul (2 Co 6, 14), " il n'y a aucun rapport entre la justice et l'iniquité". Il semble donc que Dieu le Père n'a pas livré le Christ à la passion.
Cependant: il est écrit (Rm 8, 32): "Dieu n'a pas épargné son Fils unique, mais il l'a livré pour nous tous."
Conclusion:
Dans cette conclusion, Saint Thomas rappelel d’un mot la conclusion de l’article précédent et en tire tout de suite une triple preuve pour établir la conclusion du présent article : « Nous l'avons montré à l'Article précédent: le Christ a souffert volontairement, par obéissance à son Père. Aussi Dieu le Père a-t-il livré le Christ à la passion de trois façons.
1° Selon sa volonté éternelle, il a ordonné par avance la passion du Christ à la libération du genre humain, selon cette prophétie d'Isaïe (53, 6): "Le Seigneur a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous." Et il ajoute: "Le Seigneur a voulu le broyer par la souffrance."
2° Il lui a inspiré la volonté de souffrir pour nous, en infusant en lui la charité. Aussi Isaïe ajoute-t-il " Il s'est livré en sacrifice parce qu'il l'a voulu."
3° Il ne l'a pas mis à l'abri de la passion, mais il l'a abandonné à ses persécuteurs. C'est pourquoi il est écrit (Mt 27, 46) que, sur la croix, le Christ disait: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? " Parce que, remarque S. Augustin Dieu a abandonné le Christ à ses persécuteurs.
Solutions:
1. Il est impie et cruel de livrer un homme
innocent à la passion et à la mort contre sa volonté. Ce n'est pas ainsi que le
Père a livré le Christ, mais en lui inspirant la volonté de souffrir pour nous.
Par là on constate tout d'abord la sévérité de Dieu qui n'a pas voulu remettre
le péché sans châtiment, ce que souligne l'Apôtre (Rm 8, 32): "Il n'a pas
épargné son propre Fils "; et sa bonté en ce que l'homme ne pouvant pas
satisfaire en souffrant n'importe quel châtiment, il lui a donné quelqu'un qui
satisferait pour lui, ce que l'Apôtre a souligné ainsi: "Il l'a livré pour
nous tous." Et il dit (Rm 3, 25): "Lui dont Dieu a fait notre
propitiation par son sang."
2. En tant que Dieu, le Christ s'est livré
lui-même à la mort par le même vouloir et la même action par lesquels le Père
le livra. Mais en tant qu'homme, le Christ s'est livré lui-même, par un vouloir
que son Père inspirait. Il n'y a donc aucune opposition en ce que le Père a
livré le Christ, et que celui-ci s'est livré lui-même.
3. La même action se juge diversement, en bien ou en mal, suivant la racine dont elle procède. En effet, le Père a livré le Christ et le Christ s'est livré lui-même, par amour, et on les en loue. Mais Judas a livré le Christ par cupidité, les Juifs par envie, Pilate par crainte ambitieuse envers César, et c'est pourquoi on les blâme.
Il faut
donc dire, en toute vérité, que Dieu le Père a livré son Fils à
C’est ce que Saint Thomas considère dan s la
question suivante :
Trois objections
veulent prouver qu’il ne convenait pas que le Christ souffrit
1. La première fait observer que « Par la
mort du Christ, les hommes devaient être libérés du péché, et il paraissait
convenable que très peu d'entre eux commettent le péché de le faire mourir. Or
les Juifs ont commis le péché, car c'est à eux que l'on attribue cette parole
(Mt 21, 38): "Voici l'héritier, venez, tuons-le." Donc il aurait été
convenable que dans le péché du meurtre du Christ, les païens n'aient pas été
impliqués.
2. La deuxième objection dit : La vérité
doit correspondre à la figure. Or les sacrifices figuratifs de l'ancienne loi
n'étaient pas offerts par les païens, mais par les juifs. Donc la passion du
Christ qui était le sacrifice véritable, n'aurait pas dû non plus être accompli
par les païens.
3. La troisième objection rappelle que « D’après S. Jean (5, 18), " les Juifs cherchaient à faire périr Jésus non seulement parce qu'il violait le sabbat, mais aussi parce qu'il appelait Dieu son Père, se faisant ainsi l'égal de Dieu". Mais cela paraissait s'opposer seulement à la loi des Juifs. Du reste eux-mêmes le disaient (Jn 19, 7): "Selon notre loi il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu." Il aurait donc été convenable que le Christ ait dû souffrir non de la part des païens, mais de celle des Juifs, et il semble que ceux-ci ont menti en disant: "Il ne nous est pas permis de mettre à mort quelqu'un " (Jn 18, 31) puisque beaucoup de péchés étaient punis de mort selon la loi, comme on le voit dans le Lévitique (20, 31).
Cependant: il y a cette parole du Seigneur lui-même (Mt 20, 19): "Ils le livreront aux païens pour qu'il soit bafoué, flagellé et crucifié."
En conclusion
saint Thomas dit:
Les circonstances mêmes de la passion du Christ ont préfiguré l'effet de celle-ci. D'abord, elle a eu un effet salutaire sur les Juifs, dont beaucoup furent baptisés, d'après les Actes (2, 41 et 4, 42), dans la mort du Christ. Mais ensuite, par la prédication des Juifs, l'effet de la passion du Christ est passé aux païens. Et c'est pourquoi il convenait que le Christ commence à souffrir de la part des Juifs, et ensuite, les juifs le livrant aux païens, que sa passion soit achevée par ceux-ci.
Solutions:
1. Afin de montrer l'abondance de sa charité, à
cause de laquelle il souffrait, le Christ en croix a imploré le pardon de ses
persécuteurs; et c'est pour que le fruit de cette prière parvienne aux Juifs et
aux païens que le Christ a voulu souffrir de la part des uns et des autres.
2. Sain t Thomas fait une distinction essentielle au
sujet du mot qu’exploitait l’objection en parlant du sacrifice offert. « La passion du Christ a été l'oblation d'un
sacrifice en tant que, de son plein gré, il a subi la mort par amour. Mais en
tant que le Christ a souffert de la part de ses persécuteurs, ce ne fut pas un
sacrifice mais un péché infiniment grave.
3. Comme dit S. Augustin: "Les Juifs en disant: "Il ne nous est pas permis de mettre à mort quelqu'un", veulent dire que cela ne leur est pas permis à cause de la sainteté de la fête dont ils avaient commencé la célébration." Ou bien ils parlaient ainsi, d'après Chrysostome, parce qu'ils voulaient le mettre à mort non comme transgressent de la loi, mais comme ennemi public, parce qu'il s'était fait roi, ce dont il ne leur appartenait pas de juger. Ou bien parce qu'ils n'avaient pas le droit de crucifier, ce qu'ils désiraient, mais de lapider, ce qu'ils ont fait pour S. Étienne.
La
meilleure réponse est que les Romains, dont ils étaient les sujets, leur
avaient enlevé le pouvoir de mettre à mort. »
Résumons
la pensée de saint Thomas : « Il convenait donc que les auteurs de la
mort du Christ fussent, en premier lieu, les Juifs prévaricateurs ; et, en
second lieu, les païens eux-mêmes, à l’instigation des Juifs : parce que,
en fait, les Juifs, qui pourtant étaient
les premiers à vouloir, par haine, la mort du Christ, avaient perdu leur
indépendance politique et, par suite, le droit de vie et de mort qui est la
prérogative de la souveraineté. D’ailleurs l’ordre même des effets de
Mais
comment faut-il entendre que les auteurs de
Trois objections
veulent prouver que les persécuteurs du Christ le connurent:
1. D'après S. Matthieu (21, 38) " Les
vignerons, en le voyant, dirent entre eux "Voici l'héritier, venez,
tuons-le." " S. Jérôme commente: "Par ces paroles, le Seigneur
prouve clairement que les chefs des juifs ont crucifié le Fils de Dieu non par
ignorance, mais par envie. Car ils ont compris qu'il est celui à qui le Père
avait dit par le prophète (Ps 2, 8): "Demande-moi et je te donnerai les
nations en héritage." " Il semble donc qu'ils ont connu qu'il était
le Christ, ou le Fils de Dieu.
2. Le Seigneur dit (Jn 15, 24): "Maintenant
ils ont vu, et ils nous haïssent, moi et mon Père." Or, ce qu'on voit, on
le connaît clairement. Donc, les Juifs connaissant le Christ, c'est par haine
qu'ils lui ont infligé la passion.
3. On lit dans un sermon du concile d'Éphèse " Celui qui déchire une lettre impériale est traité comme s'il déchirait la parole de l'empereur et condamné à mort. Ainsi le juif qui a crucifié celui qu'il voyait sera châtié comme s'il avait osé s'attaquer au Dieu Verbe lui-même." Il n'en serait pas ainsi s'ils n'avaient pas su qu'il était le Fils de Dieu, parce que leur ignorance les aurait excusés. Il apparaît donc que les Juifs qui ont crucifié le Christ ont su qu'il est le Fils de Dieu.
Cependant: il y a la parole de S. Paul (1 Co 2, 8): "S'ils l'avaient connu, jamais ils n'auraient crucifié le Seigneur de gloire", et celle-ci de S. Pierre aux Juifs (Ac 3, 17): "je sais que vous avez agi par ignorance, comme vos chefs " et le Seigneur sur la croix demande (Lc 23, 34): "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font."
On voit
par la lecture de tous ces textes combien délicate est la question posée. Elle
est au cœur de la « problématique » juive, de la pensée de Jules
Isaac et des 18 questions.
Conclusion:
Saint Thomas, pour résoudre ce problème, va établir
une distinction de la plus haute importance. Il nous avertit que « parmi
les Juifs, les uns étaient les notables ou les Grands ; et les « autres »
constituent la multitude et la foule ou les « petits »
Chez les Juifs, il y avait les grands et les petits.
Les grands, qui étaient leurs chefs, comme dit un auteur ont su " qu'il était le Messie promis dans la loi; car ils voyaient en lui tous les signes annoncés par les prophètes; mais ils ignoraient le mystère de sa divinité". Et c'est pourquoi S. Paul dit: "S'ils l'avaient connu, jamais ils n'auraient crucifié le Seigneur de gloire."
Il faut cependant remarquer que leur ignorance n'excusait pas leur crime, puisque c'était en quelque manière une ignorance volontaire (affectata). En effet, ils voyaient les signes évidents de sa divinité; mais par haine et jalousie, ils les prenaient en mauvaise part, et ils refusèrent de croire aux paroles par lesquelles il se révélait comme le Fils de Dieu. Aussi dit-il lui-même à leur sujet (Jn 15, 22): "Si je n'étais pas venu, et si je ne leur avais pas parlé, ils n'auraient pas de péché; mais maintenant ils n'ont pas d'excuse à leur péché." Et il ajoute: "Si je n'avais fait parmi eux les oeuvres que personne d'autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché." On peut donc leur appliquer ce texte (Job 21, 14): "Ils ont dit à Dieu: "Éloigne-toi de nous, nous ne voulons pas connaître tes chemins".
Sur ce
passage très important, voilà le commentaire de Père Pègues, dans le
commentaire de
Quant aux petits, c'est-à-dire les gens du peuple, qui ne connaissaient pas les mystères de l’Écriture, ils ne connurent pleinement ni qu'il était le Messie, ni qu'il était le Fils de Dieu. Car bien que quelques-uns aient cru en lui, la multitude n'a pas cru. Parfois elle se demanda si Jésus n'était pas le Messie, à cause de ses nombreux miracles et de l'autorité de son enseignement, comme on le voit chez S. Jean (7, 31). Mais ces gens furent ensuite trompés par leurs chefs au point qu'ils ne croyaient plus ni qu'il soit le Fils de Dieu ni qu'il soit le Messie. Aussi Pierre leur dit-il: "je sais que vous avez agi par ignorance, comme vos chefs "; c'est-à-dire que ceux-ci les avaient trompés. »
Commentaire du Père Pègues : « Ici encore, on aura remarqué ce tableau si vrai de l’inaptitude de la foule, comme telle, à saisir, par elle seule, les profondeurs cachées de la doctrine ; et sa facilité à être trompée et égarée par les conducteurs pervers, même lorsque sa droiture naturelle l’aurait d’abord portée à se rendre aux signes éclatants plus particulièrement faits pour la convaincre. Sa responsabilité sera donc moindre, et nul doute que Dieu ne soit plus pitoyable aux petits qu’aux « grands », en pareil cas. Il n’en faudrait pas conclure pour autant que toute responsabilité disparaît et que les « petits » égarés par les « grands » seront excusés de tout péché par le fait même. Quelque difficulté qu’il y ait en effet pour la multitude de se conduire par elle-même, surtout quand il s’agit d’une multitude plus éloignée de ce qui constitue, à des degrés divers, la culture de l’esprit, il n’en demeure pas moins que tout être humain ayant l’usage de la raison est à même, absolument parlant, de reconnaître les signes de la vérité, selon que Dieu, dans sa Providence, les met, d’une man ière au moins suffisante à sa portée, en utilisant les lumières indéfectibles du bon sens et les sentiments premiers de l’équité naturelle. Aussi bien voyons nous que la multitude du peuple juif n’a pas été indemne aux yeux de la justice divne, et que non seulement les chefs qui l’avaient égaré, mais aussi le peuple qui avait suivi ses chefs, ont tous été châtiés pour le crime de déicide. »
Les réponses aux
objections : Solutions:
1. Ces paroles sont attribuées aux vignerons, qui symbolisent les dirigeants du peuple. Et ceux-ci savaient bien qu'il était l'héritier, le connaissant comme le Messie promis dans la loi.
Mais cette réponse semble contredite par les
paroles du Psaume (2): "Demande-moi, et je te donnerai les nations en
héritage", adressées au même personnage que celles-ci: "Tu es mon
Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré." Donc, s'ils avaient su que
c'est à Jésus qu’étaient adressés ces mots: "Demande-moi..." ils
devaient par suite savoir qu'il était le Fils de Dieu. Chrysostome dit aussi à
cet endroit: "Ils savaient qu'il était le Fils de Dieu." Et sur la
parole: "Car ils ne savent pas ce qu'ils font", Bède précise:
"Il faut croire qu'il ne prie pas pour ceux qui ont compris qu'il était le
Fils de Dieu, mais qui ont préféré le crucifier plutôt que le confesser."
2. Avant de dire ces paroles, Jésus
avait dit " Si je n'avais pas fait parmi eux les oeuvres que personne
d'autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché." Et il dit ensuite:
"Mais maintenant ils ont vu, et ils ont haï moi et mon Père." Cela
montre que, voyant les oeuvres admirables du Christ, ce fut par haine qu'ils ne
le reconnurent pas comme le Fils de Dieu.
Commentaire
du Père Pègues. « Ils ont donc toute la responsabilité du déicide. Ils
l’ont, parce qu’ils pouvaient, qu’ils devaient savoir que Celui qu’ils vouaient
au crucifiement était vraiment Dieu Lui-même, le Fils de Dieu en
Personne ; qu’ils n’ont pas pu ne pas s’avouer qu’il en était ainsi, mais
qu’ils ont détourné volontairement leur esprit de ce qui, dans cette vérité,
les aurait contraints d’abdiquer devant le Christ et de se faire ses disciples.
Ils ont même entraîné, dans la responsabilité du même déicide, la foule qu’ils
ont rendue participante de leur crime.
Les
ennemis du Christ, ceux qui, parmi les Juifs, ne cessèrent de le poursuivre de
leur haine jusqu’au jour où ils l’eurent fait mourir sur
Mais cela
nous amène à mesurer la gravité du crime commis par ceux qui se rendirent
coupables de la mort du Christ sur
Trois objections
veulent prouver que le « péché de ceux qui ont crucifié le Christ n’a pas
été le plus grave »:
1. Le péché qui a une excuse n'est pas le plus
grave. Or le Seigneur lui-même a excusé le péché de ceux qui l'ont crucifié, en
disant: "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font."
2. Le Seigneur a dit à Pilate (Jn 19, 11):
"Celui qui m'a livré à toi a commis un péché plus grand." Or Pilate a
fait crucifier Jésus par ses subordonnés. Il apparaît donc que le péché de Judas
qui l'a livré était plus grand que celui des exécuteurs.
3. Selon le Philosophe, " personne ne souffre d'injustice, s'il y consent", et comme il le dit au même endroit, " si nul ne souffre une injustice, nul ne la commet". Donc on ne commet pas d'injustice contre celui qui est consentant. Or on a vu que le Christ a souffert volontairement. Donc les bourreaux du Christ n'ont rien fait d'injuste, et ainsi leur péché n'est pas le plus grave.
Cependant: sur le texte de S. Matthieu (23, 32): "Et vous, vous dépassez la mesure de vos pères", il y a ce commentaire de S. Jean Chrysostome: "En vérité, ils ont dépassé la mesure de leurs pères. Car ceux-là tuaient des hommes, et eux ils ont crucifié Dieu."
Conclusion:
Saint
Thomas va distinguer la gravité de la faute chez les « grands », chez
les « petits » et enfin chez les « romains », les païens,
selon la connaissance qu’ils ont du Christ :
Nous l'avons dit à l'Article précédent, les chefs des juifs ont connu le Christ, et s'il y a eu chez eux de l'ignorance, elle fut volontaire et ne peut les excuser. C'est pourquoi leur péché fut le plus grave, que l'on considère le genre de leur péché ou la malice de leur volonté.
Quant aux " petits", aux gens du peuple, ils ont péché très gravement, si l'on regarde le genre de leur péché, mais celui-ci est atténué quelque peu à cause de leur ignorance. Aussi sur la parole: "Ils ne savent pas ce qu'ils font", Bède nous dit-il: "Le Christ prie pour ceux qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient, ayant le zèle de Dieu, mais dépourvus de connaissance."
Beaucoup
plus excusable fut le péché des païens qui l'ont crucifié de leurs mains, parce
qu'ils n'avaient pas la science de la loi.
Solutions:
1. Cette excuse du Seigneur ne vise pas les chefs
des Juifs, nous venons de le montrer, mais les petites gens du peuple.
2. Judas a livré le Christ non à Pilate mais aux
chefs des prêtres, qui le livrèrent à Pilate selon cette parole (Jn 18, 35):
"Ta nation et tes grands prêtres t'ont livré à moi." Cependant le
péché de tous ces gens fut plus grave que celui de Pilate qui tua le Christ par
peur de César; et il fut plus grand que celui des soldats qui crucifièrent le
Christ sur l'ordre de leurs chefs, non par cupidité comme Judas, ni par envie
et par haine comme les chefs des prêtres.
3. Le Christ a voulu sa passion, c'est vrai, comme Dieu l'a voulue, mais il n'a pas voulu l'action inique des juifs. Et c'est pourquoi les meurtriers du Christ ne sont pas excusés d'injustice. Et pourtant celui qui met à mort un homme ne fait pas tort seulement à cet homme, mais aussi à Dieu et à la société, comme du reste celui qui se tue, selon le Philosophe. Aussi David condamna-t-il à mort celui qui n'avait pas craint de porter la main sur le Messie du Seigneur afin de le tuer, quoique celui-ci l'eût demandé (2 S 1, 6).
Le Père Pègues résume
cet article de Saint Thomas : « Si
Voilà la doctrine de
Saint Thomas sur le problème de la cause
efficiente de
Ce fut la doctrine de
l’Eglise jusqu’à Pie XII.
Sur ce sujet précis, « Nostra
aetate », déclaration du Concile sur le judaïsme, exprima la doctrine
catholique d’une manière équivoque, avec « peur et tremblement », en
particulier sur les responsables juifs de
Cette déclaration y
fait deux allusions
Première allusion :
« Au témoignage de l'Ecriture sainte,
Jérusalem n'a pas reconnu le temps où elle fut visitée (9); les Juifs, en
grande partie, n'acceptèrent pas l'Evangile, et même nombreux furent ceux qui
s'opposèrent à sa diffusion »
Cette présentation du peuple juif au temps de Notre
Seigneur est très faible. Ils ne reconnurent pas le temps où ils furent
visités ? Ils n’acceptèrent pas l’Evangile ? Ils s’opposèrent même à
sa diffusion ? Mais quel est ce « temps où ils furent visités ?
C’est le temps messianique. C’est le temps du Christ, c’est le temps du Messie.
Pour saint Thomas, les « grands » du peuple reconnurent bien en Jésus
le Messie annoncé par les Ecritures, mais , malgré tous les signes et miracles faits, refusèrent
de voir en Lui le Fils de Dieu.
Nous vous rappelons la pensée exacte de saint Thomas sur ce point capital : « Les grands ont su " qu'il était le Messie promis dans la loi; car ils voyaient en lui tous les signes annoncés par les prophètes; mais ils ignoraient le mystère de sa divinité". Et c'est pourquoi S. Paul dit: « S'ils l'avaient connu, jamais ils n'auraient crucifié le Seigneur de gloire ». Il faut cependant remarquer que leur ignorance n'excusait pas leur crime, puisque c'était en quelque manière une ignorance volontaire (affectata). En effet, ils voyaient les signes évidents de sa divinité; mais par haine et jalousie, ils les prenaient en mauvaise part, et ils refusèrent de croire aux paroles par lesquelles il se révélait comme le Fils de Dieu. Aussi dit-il lui-même à leur sujet (Jn 15, 22): "Si je n'étais pas venu, et si je ne leur avais pas parlé, ils n'auraient pas de péché; mais maintenant ils n'ont pas d'excuse à leur péché." Et il ajoute: "Si je n'avais fait parmi eux les oeuvres que personne d'autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché." On peut donc leur appliquer ce texte (Job 21, 14): "Ils ont dit à Dieu: "Éloigne-toi de nous, nous ne voulons pas connaître tes chemins".
Telle est l’aveuglement des Juifs. Saint Thomas parle d’ignorance
« volontaire ( affectata)». Là est le grand mystère d’Israël. Voilà
ce que la déclaration conciliaire devait préciser. Saint Paul parle clairement
du mystère d’Israël lorsqu’il s’adresse aux Romains : « Je ne veux
pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne soyez pas sages à
vos propres yeux : c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans
l’aveuglement jusqu’à ce que la masse des Gentils (c’est-à-dire les peuples
qui constituent les autres nations) soit entrée. Il est vrai, en ce qui
concerne l’Evangile, ils sont encore ennemis à cause de vous mais eu
égard au choix divin, ils sont aimés à cause de leurs pères. Car les dons et la
vocation de Dieu sont sans repentance… ».
Le plus grand mystère d’Israël, c’est comme l’indique saint
Paul, l’aveuglement d’Israël. Saint Thomas, encore une fois, parle d’ignorance
volontaire. Comment un peuple qui avait été préparé par Dieu pendant plus de
deux mille ans à accueillir le Messie, le Fils de Dieu, a-t-il pu ne pas le reconnaître ? Comment
les grands prêtres et les Juifs de Jérusalem ont-il pu le faire mourir d’une
mort infâme, en le crucifiant ?
Si le texte conciliaire « Nostra aetate » doit être corrigé sur ce point, il le sera
heureusement en utilisant la doctrine de saint Thomas.
Deuxième
allusion :
« Encore que des autorités juives, avec leurs
partisans, aient poussé (en latin : urserunt)à la mort du Christ (13), ce
qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé ni indistinctement à
tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. »
Là aussi, après avoir lu l’enseignement de saint Thomas, on
voit combien est vague, terne, ce texte. Là aussi, il faut revenir à la pensée
de saint Thomas d’Aquin et préciser la raison de cette opposition du peuple
juif et surtout des « Grands » contre Notre Seigneur. Souvenez-vous. Les
ennemis du Christ, ceux qui, parmi les Juifs, ne cessèrent de le poursuivre de
leur haine jusqu’au jour où ils l’eurent fait mourir sur
Mais en
disant cela, il ne faut pas oublier non plus la belle révélation de saint Paul
et de la conversion du peuple juif, de sa conversion en la messianité et en la
divinité de NSJC. Saint Paul le dit aux Romains, au chapitre 11 : « « Je demande donc :on-t-ils bronché
afin de tomber pour toujours ? Loin de là ! Mais par leur chute, le
salut est arrivé aux nations de manière
à exciter la jalousie d’Israël. Or, si la chute a été la richesse du monde et
leur amoindrissement la richesse des nations, que ne sera pas leur
plénitude !...Car si leur rejet a été la réconciliation du monde, que sera
leur réintégration sinon une résurrection d’entre les morts ! Si toi
(habitants des nations) tu as été coupé sur un olivier de nature sauvage et
enté, contrairement à ta nature, sur l’olivier franc, à plus forte raison les
branches naturelles seront-elles entées sur leur propre olivier » (Rm X1)
Telle sera
la conversion d’Israël. Le mystère d’Israël est grand, mais dans le Christ.
Nous reviendrons
sur ce texte de Nostra Aetate.