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Chrétienté "

 

n°37

 

 

Le 12 janvier 2006

 

Sommaire

 

L’enseignement de Benoît XVI

 

Le fondement de la paix : l’amour de la vérité.

Le pape Benoît XVI et la famille

 

Les nouvelles du saint Siège

 

Dossier sur le « chemin néocatécuménal 

Translation du corps de sœur Lucie le 19 février prochain à Fatima.

Annonce de la première visite au Vatican du président polonais

Les élections en Iraq

Les nouvelles de France

Jeanne Smit, de Présent du 13 janvier 2006,  soutient la « circulaire » de Gille de Robien 

Géopolitique : nouvelles donnes


Le nouveau Grand Jeu

 L’enseignement de Benoît XVI

 

 

Le fondement de la paix : l’amour de la vérité.

 

 

Le lundi 9 janvier 2006, Benoît XVI  a reçu le  Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège. Il a  prononcé un beau discours sur la paix. Il a repris le thème de l’amour de la vérité, comme fondement de la paix.

 

 « La paix – nous le constatons douloureusement – reste en de nombreuses parties du monde entravée, blessée ou menacée. Quel est le chemin vers la paix? Dans le message que j’ai adressé pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix de cette année, j’ai estimé pouvoir affirmer: «Là où l’homme se laisse éclairer par la splendeur de la vérité, il entreprend presque naturellement le chemin de la paix» (n. 3). Dans la vérité, la paix »

 

Il a développé quatre aspects.

 

1er    aspect : « l’engagement pour la vérité est l’âme de la justice »

2ème aspect : « l’engagement pour la vérité donne fondement et vigueur au droit à la liberté ».

3ème aspect : «  l’engagement pour la vérité ouvre la voie au pardon et à la réconciliation ».

4ème aspect:  «  l’engagement pour la paix ouvre à des espérances nouvelles »

 

a-  Le premier aspect : « l’engagement pour la vérité est l’âme de la justice ».  

 

« Celui qui est engagé pour la vérité ne peut pas ne pas refuser la loi du plus fort, qui vit de mensonge et qui, au niveau national et international, a tant de fois émaillé de tragédies l’histoire des hommes. Le mensonge se revêt souvent d’une apparente vérité, mais en réalité il est toujours sélectif et tendancieux, orienté de manière égoïste vers une instrumentalisation de l’homme et, en définitive, vers sa soumission. Des systèmes politiques du passé, mais non seulement du passé, en sont une preuve amère. À l’opposé se situent la vérité et la véracité, qui portent à la rencontre d’autrui, à sa reconnaissance et à l’entente: par la splendeur qui lui est propre – la splendor veritatis –, la vérité ne peut pas ne pas se répandre; et l’amour du vrai est, par son dynamisme intrinsèque, tout tourné vers une compréhension impartiale et équitable, et vers le partage, en dépit de toutes sortes de difficultés »..

« Cette même recherche de la vérité vous porte également à affirmer avec force ce que tous ont en commun, qui appartient à la nature même des personnes, de tout peuple et de toute culture, et qui doit être pareillement respecté. Quand ces aspects, distincts et complémentaires – la diversité et l’égalité –, sont connus et reconnus, alors les problèmes peuvent se résoudre et les dissensions s’apaiser selon la justice; des ententes profondes et durables sont possibles. Tandis que, lorsque l’un de ces aspects est méconnu ou que l’on n’en tient pas compte, c’est alors que se font jour l’incompréhension, le conflit, la tentation de la violence et des abus de pouvoir »

.

 

La reconnaissance de ce principe permettrait de régler dans la justice le drame que connaît la Terre Sainte :

 

« Avec une évidence presque exemplaire, ces considérations me semblent applicables en ce point névralgique de la scène mondiale que reste la Terre Sainte. L’État d’Israël doit pouvoir y exister pacifiquement, conformément aux normes du droit international; le Peuple palestinien doit également pouvoir y développer sereinement ses institutions démocratiques pour un avenir libre et prospère ».

 

Un tel principe permet de condamner le terrorisme international qui met en danger la paix des peuples et des personnes :

 

« Le terrorisme n’hésite pas à frapper des personnes innocentes, sans aucune distinction, ou à mettre à exécution des chantages inhumains, suscitant la panique de populations entières, dans le but de contraindre les responsables politiques à satisfaire les desseins des terroristes eux-mêmes. Aucune circonstance ne peut justifier cette activité criminelle, qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du bouclier d’une religion, rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa perversion morale la pure vérité de Dieu ».

 

Un  tel principe du respect des différences des peuples et des civilisations permettrait non seulement la cœxistence pacifique des peuples, mais quelque chose de plus grand encore: « un projet d’humanité plus haut et plus riche »

 

« Au cours des siècles passés, les échanges culturels entre judaïsme et hellénisme, entre monde romain, monde germanique et monde slave, de même qu’entre monde arabe et monde européen, ont fécondé la culture et favorisé les sciences et les civilisations. Il devrait en être de nouveau ainsi aujourd’hui – et dans une mesure plus grande encore! –, les possibilités d’échange et de compréhension réciproque étant de fait beaucoup plus favorables. C’est pourquoi il faut avant tout souhaiter aujourd’hui que soit supprimé tout obstacle à l’accès à l’information par la presse et par les moyens informatiques modernes, et que s’intensifient en outre les échanges entre enseignants et étudiants des disciplines humanistes des universités des diverses régions culturelles ».

 

b- Le second aspect : « l’engagement pour la vérité donne fondement et vigueur au droit à la liberté. »

 

« La grandeur singulière de l’être humain a sa racine ultime en ceci: l’homme peut connaître la vérité. Et l’homme veut la connaître. Mais la vérité peut seulement être atteinte dans la liberté. Cela vaut pour toutes les vérités, comme il ressort de l’histoire des sciences; mais cela est vrai de manière éminente pour les vérités dans lesquelles est en jeu l’homme lui-même en tant que tel, les vérités de l’esprit: celles qui concernent le bien et le mal, les grandes finalités et perspectives de vie, la relation à Dieu. Car on ne peut les atteindre sans qu’en découlent de profondes conséquences pour la conduite de sa propre vie. Et une fois librement faites siennes, ces vérités ont ensuite besoin d’espaces de liberté pour pouvoir être vécues dans toutes les dimensions de la vie humaine ».

 

En conséquence : « aucun Gouvernement ne peut se dispenser du devoir de garantir à ses citoyens des conditions de liberté appropriées, sans compromettre, même pour cela, sa crédibilité comme interlocuteur dans les questions internationales ».

 

Le pape conclut précisant la « politique » du Saint-Siège en ce domaine: « À tous les responsables de la vie des Nations, je voudrais dire: si vous ne craignez pas la vérité, vous ne devez pas craindre la liberté. Le Saint-Siège, qui demande partout pour l’Église catholique des conditions de vraie liberté, le demande pareillement pour tous ».

 

c- troisième aspect : « l’engagement pour la vérité ouvre la voie au pardon et à la réconciliation »

 

Le pape veut répondre à l’objection : « les convictions différentes sur la vérité donnent lieu à des tensions, à des incompréhensions, à des débats, d’autant plus forts que les convictions elles-mêmes sont plus profondes. Au long de l’histoire, elles ont donné lieu à de violentes oppositions, à des conflits sociaux et politiques, et même à des guerres de religion. Cela est vrai, et l’on ne peut le nier ».

 

Il répond que ces « conflits » n’ont pas pour cause la vérité elle-même, ni, à plus forte raison, la religion : « mais cela a toujours eu lieu en raison d’une série de causes concomitantes, qui n’ont que peu ou rien à faire avec la vérité ni avec la religion, et toujours en fait parce qu’on veut tirer profit de moyens en réalité inconciliables avec le pur engagement pour la vérité, ni avec le respect de la liberté demandée par la vérité »

 

C’est pourquoi il faut savoir reconnaître ses torts comme l’a fait l’Eglise sous le pontificat de Jean-Paul II sachant que nul ne peut être sans péché. Il cite Saint Jean : «Celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter la pierre» (cf. Jn 8, 7)

 

Loin d’humilier, la demande de pardon anoblit et rend paisible : « La mémoire en demeure purifiée, le cœur rasséréné, et le regard sur ce que la vérité exige pour développer des pensées de paix devient limpide »

 

Aussi,  fort de ce principe si fortement énoncé par Jean Paul- II, dans son discours pour la paix en 2002, le pape se tourne vers la  Terre Sainte, Israël, la Palestine, le Liban, vers tout le moyen Orient, l’Iraq, vers l’Afrique, et surtout vers les pays de la région des Grands Lacs, vers les populations sans défense du Darfour.

 

Et le pape conclut ce développement par ces belles sentences :

 

« Parmi les grandes tâches de la diplomatie, il faut assurément entendre celle de faire comprendre à toutes les parties en conflit que, si elles aiment la vérité, elles ne peuvent pas ne pas reconnaître leurs erreurs – et non seulement celles des autres –, ni refuser de s’ouvrir au pardon, demandé et accordé. L’engagement pour la vérité – qui leur tient certainement à cœur – les convoque à la paix, à travers le pardon. Le sang versé ne crie pas vengeance, mais il appelle au respect de la vie et à la paix. Devant cette exigence fondamentale de l’humanité, puisse la Commission de consolidation de la paix, récemment créée par l’ONU, y répondre efficacement grâce à la coopération pleine de bonne volonté de la part de tous ».

 

d- Quatrième aspect :  l’engagement pour la paix ouvre à des espérances nouvelles

 

et tout particulièrement aux « urgences humanitaires», comme la lutte contre la faim, contre les trafics de personnes…

 

Le pape a un très bel élan politique : « La paix, vers laquelle son engagement peut et doit le porter, n’est pas seulement le silence des armes; bien plus, elle est une paix qui favorise la formation de nouveaux dynamismes dans les relations internationales, dynamismes qui, à leur tour, se transforment en facteurs de maintien de la paix elle-même. Et ils ne sont tels que s’ils répondent à la vérité de l’homme et de sa dignité. Et c’est pourquoi on ne peut parler de paix là où l’homme n’a même pas l’indispensable pour vivre dans la dignité. Je pense ici aux foules innombrables de gens qui souffrent de la faim. Elle n’est pas une paix, la leur, même si ces populations ne sont pas en guerre: de la guerre, elles sont même des victimes innocentes. Viennent aussi spontanément à l’esprit les images bouleversantes des grands camps de personnes déplacées ou de réfugiés – en diverses parties du monde –, rassemblés dans des conditions précaires pour échapper à des conditions pires encore, mais ayant besoin de tout. Ces êtres humains ne sont-ils pas nos frères et nos sœurs ? Leurs enfants ne sont-ils pas venus au monde avec les mêmes attentes légitimes de bonheur que les autres ? Ma pensée se tourne aussi vers tous ceux que des conditions de vie indignes poussent à émigrer loin de leur pays et de leurs proches, dans l’espoir d’une vie plus humaine. Nous ne pouvons pas oublier la plaie du trafic de personnes, qui reste une honte pour notre temps ».

 

 

Le pape Benoît XVI et la famille

 

Le pape a reçu le jeudi matin, 12 janvier, les élus du Conseil régional du Latium et du Conseil provincial de Rome, ainsi que le Conseil municipal de Rome, et leurs présidents, que Benoît XVI a également reçus jeudi matin en audiences séparées : Pietro Marrazzo, président de la Région du Latium, Walter Veltroni, maire de la Ville de Rome, et Enrico Gasbarra, président de la Province de Rome.

 

Il leur a dit :

« Ce serait une grave erreur de négliger la valeur et la place de la famille légitime, fondée sur le mariage, en attribuant à d'autres formes d'unions une reconnaissance juridique impropre, alors qu'aucune exigence sociale réelle n'apparaît ».

 

Il rappelait également : « En réalité, le mariage et famille ne sont pas une construction sociologique due au hasard, ni le fruit de situations historiques et économiques particulières. Au contraire, la question du juste rapport entre l'homme et la femme plonge ses racines dans l'essence la plus profonde de l'être humain et ne peut trouver sa réponse qu’à partir de là ».

 

Le pape insistait sur cette dimension naturelle universelle du mariage: « Le mariage comme institution n'est donc pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, l'imposition d'une forme extérieure dans la réalité la plus privée de la vie. Il s'agit au contraire d'une exigence intrinsèque du pacte de l'amour conjugal ».

 

… « Il ne s'agit pas de simples normes de la morale catholique mais de vérités élémentaires relatives à notre humanité commune. Et il est essentiel de la respecter pour le bien des personnes et celui de la société. Ceci doit donc interpeller aussi la responsabilité des responsables que vous êtes, et intéresser doublement vos compétences réglementaires ».

 

Les nouvelles du saint Siège

 

a-Le chemin néocatécuménal « rappelé à l'ordre » par le saint-Siège.


Il faut savoir que « dans le mouvement néocatéchuménal, la communion est souvent reçue par les fidèles assis autour d'une large table carrée, et sous la forme d'une grande miche de pain que l'assistance se partage, tandis qu'une coupe de vin est passée de main à main parmi les fidèles. Mais dans ce mouvement, le rite de communion n'est pas le seul moment de la célébration qui s'éloigne de ce qui devrait être fait en liturgie: on trouve d'autres innovations importantes à divers endroits de la messe. Par exemple, les lectures de la liturgie sont commentées par les catéchistes du groupe qui font de longues admonitions auxquelles les autres participants sont invités à répondre. L'homélie faite par le prêtre ne se distingue alors plus guère des commentaires de l'assistance.
Les moments auxquels la messe est célébrée sont également assez inhabituels: les groupes néocatéchuménaux ne célèbrent pas toujours la messe le dimanche, mais plutôt le samedi soir, en petits groupes coupés des communautés paroissiales auxquelles ils appartiennent.
Chaque groupe du Néocatéchuménat correspond à une étape du "chemin" catéchuménal devant être parcouru: il est composé de 20 à 30 personnes ayant leur propre liturgie. Ainsi, si dans une paroisse donnée il existe 10 groupes correspondant à 10 étapes différentes, il y aura... 10 messes différentes dans 10 endroits différents de la paroisse, le même samedi soir!
Pourtant, les statuts du Néocatéchuménat, approuvés par le Saint-Siège en 2002, exigeaient que les messes célébrées dans le cadre de ce mouvement soient "ouvertes à tous les fidèles" (article 13. 3). En réalité, cette exigence n'a pas été respectée puisque, au début des messes, les salutations, les présentations et les applaudissements qui ont cours dans le Néocatéchuménat sont comme une barrière efficace pour éloigner les fidèles ordinaires.

A la mi-décembre 2005, les Fondateurs et les Responsables du Chemin Néocatéchuménal - les Espagnols Kiko Argüello et Carmen Hernandez, ainsi que le prêtre italien Mario Pezzi - ont reçu une lettre de deux pages signée du Cardinal Francis Arinze, Préfet de la Congregation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, qui donne une liste des "décisions prises par le Saint-Père" et auxquelles ils devront obéir (la lettre est traduite ci-dessous).

 

Parmi les six points abordés dans les directives du pape, une seule autorise les groupes du Néocatéchuménat à poursuivre une pratique établie: l'échange du signe de Paix avant l'offertoire, tel qu'il se pratique actuellement dans le rite ambrosien du diocèse de Milan.

Tous les autres points exigent du Chemin Néocatéchuménal un renoncement pur et simple à ses innovations liturgiques.

 

Jusqu'à très récemment, les Fondateurs et les Responsables du Chemin Néocatéchuménal avaient protégé ces pratiques illégitimes en se réclamant d'une autorisation verbale donnée par Jean-Paul II.

 

Mais Benoît XVI sonne la fin de la récréation.
N'est-ce pas aussi le signal qu'il faut maintenant mettre un terme aux abus liturgiques qui persistent à travers l'Eglise?

Le document que signera le pape en conclusion du synode sur l'Eucharistie sera sûrement très éclairant à ce sujet.

 

La lettre du Cardinal Arinze a été directement adressée à Argüello, à Hernandez, et au P. Pezzi. Elle devait demeurer confidentielle, mais le 22 décembre, Andre Tornielli, journaliste au Vatican a éventé la nouvelle dans le quotidien "il Giornale".

Voici une traduction de cette lettre dans son intégralité:


 

 

b-Lettre du cardinal Arinze

 

Congregatio de Cultu Divino et Disciplina Sacramentorum
Prot. 2520/03/L

Cité du Vatican, le 1er décembre 2005.

Aux très estimés Mr. Kiko Argüello, Mme Carmen Hernandez, et au Rd Père Mario Pezzi,



Suite aux entretiens avec la Congregation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements concernant la célébration de la Très Sainte Eucharistie dans les communautés du Chemin Néocatéchuménal, et en lien avec les directives données lors de notre rencontre qui a eu lieu le 11 novembre de cette année, j'ai l'obligation de vous informer des décisions prises par le Saint-Père.
Au cours des célébrations de la Sainte Messe, le Chemin Néocatéchuménal devra accepter et suivre les livres liturgiques approuvés par l'Eglise, sans omettre ou ajouter quoi que ce soit. En outre, en ce qui concerne certains points, les directives et les précisions sont les suivantes:

1. Le Dimanche est le "Dies Domini", comme l'a précisé le Serviteur de Dieu, le pape Jean-Paul II, dans sa Lettre apostolique concernant le Jour du Seigneur. C'est pourquoi le Chemin Néocatéchuménal devra se mettre en rapport avec l'Evêque diocésain pour faire clairement ressortir le fait que le groupe néocatéchuménal fait partie intégrante de la paroisse, y compris pour les célébrations liturgiques. A cette fin, il est demandé que les groupes du Chemin Néocatéchuménal participent une fois par mois à la Sainte Messe célébrée en paroisse.

2. Toutes les introductions faites avant les Lectures devront être brèves. Il convient de donner son adhésion à ce qui est précisé dans l' "Institutio Generalis Missalis Romani" (nn. 105 et 128) ainsi que dans la préface de l' "Ordo Lectionum Missae" (nn. 15, 19, 38, 42).

3. En raison de sa nature et de son importance, l'homélie sera réservée au prêtre ou au diacre (cf. Codex Iuris Canonici, can. 767 § 1). Les témoignages qui pourront occasionnellement être faits par des fidèles laïcs devront trouver leur place et leur forme selon les indications de l'Instruction interdicastérielle "Ecclesiae de Mysterio" qui a été approuvée dans sa forme spécifique par le pape Jean-Paul II et a été publiée le 15 août 1997. Dans ce document, les sections 2 et 3 de l'article précisent:

§2 - "Il est licite de proposer une brève présentation qui favorise une meilleure compréhension de la liturgie célébrée ; exceptionnellement, on peut aussi proposer un éventuel témoignage, toujours adapté aux normes liturgiques, à l'occasion de liturgies eucharistiques célébrées en des journées particulières (journée du séminaire, des malades, etc.), si l'on considère que cela convient objectivement, pour donner du relief à l'homélie que prononce le prêtre célébrant selon la règle. Ces présentations et ces témoignages ne doivent pas revêtir des caractéristiques qui pourraient les faire confondre avec l'homélie.

§ 3. La possibilité du "dialogue" dans l'homélie peut parfois être utilisée avec prudence par le ministre célébrant, comme un moyen d'exposition qui ne comporte aucune délégation du devoir de la prédication."

Une attention particulière devra aussi être réservée au n.74 de l'instruction "Redemptionis Sacramentum".

 

 4. Pour ce qui est du rite de la Paix, le Chemin Néocatéchuménal est autorisé à poursuivre sa pratique, selon l'indult donné, en attendant des précisions ultérieures.

5. Pour ce qui est de la façon de recevoir la Sainte Communion, une période de transition est prévue (qui n'excédera pas deux ans) pour que le Chemin Néocatéchuménal puisse passer de sa façon habituelle de recevoir la Sainte Communion dans ses communautés (assis autour d'une table couverte d'une nappe placée au centre de l'église à la place d'un autel consacré disposé dans le choeur) à la façon normale pour toute l'Eglise de recevoir la Sainte Communion. Ceci suppose que le Chemin Néocatéchuménal commence par adopter la façon de recevoir le Corps et le Sang du Christ selon la façon déterminée dans les livres liturgiques.

6. Le Chemin Néocatéchuménal devra également employer les autres Prières eucharistiques du missel, et pas seulement par Prière eucharistique II.

Bref, le Chemin Néocatéchuménal, au cours de ses célébrations, devra suivre les livres liturgiques approuvés, se souvenant de ce qui est exposé aux nn. 1, 2, 3, 4, 5 et 6.

En reconnaissant les bienfaits que le Seigneur octroie à son Eglise à travers les activités du Chemin Néocatéchuménal , je profite de l'occasion pour vous assurer de ma considération.


+ Francis Card. Arinze, Prefect

 

c- Le Chemin Néocatéchuménal réagit à la lettre du Saint Siège

Zenti s’est entretenu, le 11 janvier 2006,  avec Giuseppe Gennarini, responsable du Chemin aux États-Unis

« Le Chemin Néocatéchuménal a accueilli avec enthousiasme les dispositions émanant du Saint Siège sur la célébration de la messe dans ses communautés ».

Zenit : Quelle valeur a cette lettre pour le Chemin ?

G. Gennarini : C'est la première fois que sont acceptées certaines variations présentes dans la manière de célébrer l'Eucharistie dans le Chemin comme des adaptations licites pour aider l'homme contemporain à mieux recevoir la grâce communiquée à travers les sacrements.

A ma connaissance, c\'est le seul cas où le Saint-Siège ait accordé une autorisation explicite dans ce sens, à un groupe ecclésial. Jusqu\'à maintenant nous l\avons fait avec une permission orale de la part de la Congrégation, mais pas par écrit. En fait, Jean-Paul II avait toujours appuyé cette idée, et il l\'avait exposée dans une de ses Lettres Apostoliques, « Dies Domini », où il parlait de la possibilité que « en considération d\'exigences formatives et pastorales particulières » on pouvait avoir ces célébrations de la messe dominicale.

Zenit : Quelles sont les variations liturgiques permises par la Congrégation au Chemin Néocatéchuménal ?

G. Gennarini : La Lettre du cardinal Arinze accepte le principe que les communautés Néocatéchuménales aient des célébrations spéciales le samedi soir. Pour pouvoir mieux apprécier l\'importance de cette concession, nous devons tenir compte du fait que beaucoup se sont opposés à cette pratique du Chemin, en la considérant en soi élitiste ou source de division (même si les liturgies du chemin sont ouvertes à tous). Malgré tout, ce principe a été approuvé officiellement. La demande de participer une fois par mois à des célébrations générales de la paroisse est déjà réalisée fréquemment, par exemple dans le contexte des solennités liturgiques comme Noël, l'Épiphanie, l'Institution de l'Eucharistie le Jeudi Saint, les fêtes patronales, l\'Assomption, la Toussaint, l'Immaculée Conception.

La lettre cite aussi l'article du Missel Romain sur les monitions, mais d'une pratique extraordinaire il en fait une pratique d'usage ordinaire.

Les « résonances » aussi avant l'homélie ont été acceptées. Et s'agissant d'une chose complètement nouvelle dans l'Église, la lettre explique quelques lignes générales.

La lettre permet aussi que le signe de la paix se fasse avant l'offertoire. Pour comprendre la portée de cette concession, il suffit de se rappeler qu\'il y a seulement quelques semaines avant la date de cette lettre, le Préfet de la Congrégation expliquait à une centaine d\'évêques participant au Synode sur l'Eucharistie que personne n'était autorisé à changer le moment du signe de la paix. En fait, quelques Conférences épiscopales avaient demandé cette variation, mais elle n'avait jamais été accordée. Enfin, la manière actuelle de distribuer la communion est permise pour une longue période ad experimentum.

Ceci démontre qu'il ne s'agit pas d\'une pratique irrévérencieuse, mais complètement légitime comme n'importe quelle personne qui participe à une Eucharistie des communautés peut le constater. C'est écrit dans le contexte de l'approbation finale des Statuts, qui sont aussi en ce moment approuvés ad experimentum.

A peine cette période ad experimentum finira, la Commission interdicastérielle des cinq dicastères qui ont approuvé les statuts (le conseil pour les Laïcs, la congrégation pour la Doctrine de la Foi, la congrégation pour le Clergé, la congrégation pour le Culte divin et la congrégation pour l’Education catholique) vérifiera les ajustements nécessaires.

Zenit : Pourquoi est-ce important de célébrer la messe en petits groupes ?

G. Gennarini : Plus de 70% des membres du Chemin sont des catholiques non pratiquants. Les célébrations liturgiques faites en petites communautés créent une ambiance propice pour accueillir ceux qui se sont éloignés. Dans une société toujours plus sécularisée, individualiste et anonyme, le Chemin offre dans la paroisse une ambiance où les personnes, baptisées ou non, peuvent redécouvrir la foi dans une vraie communion.

Un des problèmes de l'Église aujourd'hui est l'anonymat dans nos paroisses. A travers cette expérience, par exemple, les couples peuvent expérimenter le pardon et transmettre la foi à leurs propres enfants. Un des fruits du Chemin est la reconstruction de la famille à travers cette expérience communautaire. De ces familles reconstruites naissent des milliers de vocations au presbytérat et à la vie consacrée, tout cela à travers la célébration eucharistique en petites communautés de foi. La communauté sauve la famille et, comme l\'affirme « Ecclesia de Eucharistia » il n\'existe pas de formation de la communauté qui n\'ait ses racines dans la célébration de l\'Eucharistie.

Zenit : Certains journaux présentent cette lettre de la Congrégation pour le Culte Divin comme une correction et un refus de la part de Benoît XVI à l\'égard du Chemin…

G. Gennarini : Il n'y a rien de plus éloigné de la réalité. Notre relation avec Benoît XVI, avant qu’il soit pape, a toujours été très bonne. Le cardinal Ratzinger a connu le Chemin dans les années 70 et l'a introduit en Allemagne, dans sa patrie. En tant que préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, il nous a toujours aidés et a cité le Chemin d'une manière vraiment positive dans ses différents livres.

Benoît XVI a reçu les initiateurs du Chemin en novembre et a confirmé personnellement son soutien au Chemin et sa joie pour les grands fruits qu\'il donne à l'Église. Comme démonstration de son amour envers les fruits de ce Mouvement, le Saint-Père enverra en mission, le 12 janvier, deux cent nouvelles familles qui iront annoncer l'Évangile dans les lieux les plus déchristianisés du monde.

Sans l\'intervention du Saint-Père l'approbation de ces variations aurait été impossible. Nous nous sentons pleinement confirmés par Pierre. Qui veut mettre Benoît XVI contre Jean-Paul II altère la réalité.

Des nouvelles absolument privées de fondement ont été publiées ces jours derniers : je tiens à rappeler qu\'aucun laïc des communautés néocatéchuménales n'a jamais fait d'homélie à la place du prêtre. Une agence internationale s'est contredite en accusant le Chemin de « pratiques novatrices » et parlant en même temps d'« une vision du monde très conservatrice ».

Zenit : Selon vous, pourquoi le Saint Père a-t-il approuvé ces variations ?

G. Gennarini : Benoît XVI a confirmé la vision de Jean-Paul II, en accordant cette permission par écrit au Chemin Néocatéchuménal, parce qu'il est très conscient de la situation dramatique de la sécularisation et de la nécessité d\'évangéliser.

Dans la dernière Journée Mondiale de la Jeunesse, il a dit aux évêques allemands : « la majorité de la population n'est pas baptisée et n'a aucun contact avec l'Eglise et plus encore elle ne connaît ni le Christ ni l'Église. Nos sommes devenus une terre de mission dans toute l’Europe, comme en France, en Espagne et en d\'autres endroits, nous devrions réfléchir sérieusement sur comment on pourrait aujourd'hui réaliser une véritable évangélisation, non seulement une nouvelle évangélisation, mais avec assiduité une authentique première évangélisation. … Il existe un nouveau paganisme et il n'est pas suffisant de chercher à maintenir une communauté de croyants, même si cela est très important, la grande question est posée : qu'est-ce que la vie vraiment ? Je pense que tous ensemble nous devons chercher à découvrir des manières nouvelles de porter l'Évangile au monde actuel, d’annoncer de nouveau le Christ et d’établir la foi ».

Ceci montre le grand intérêt du Saint-Père pour la découverte de nouvelles manières et de nouveaux chemins pour rejoindre l'homme contemporain. C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre ces concessions.

Zenit : Quel est le contexte de cette lettre ?

G. Gennarini : Cette lettre marque un pas très important dans le processus de l'approbation du Chemin. En 1997 Jean-Paul II a encouragé les initiateurs à examiner l'expérience du Chemin après 30 années et à la formaliser par l'élaboration d'un statut. Dans ce contexte, cinq dicastères du Vatican – le conseil pour les Laïcs, la congrégation pour la Doctrine de la Foi, la congrégation pour le Clergé, la congrégation pour l'Éducation catholique et la congrégation pour le Culte divin – ont étudié pendant des années les différentes activités du Chemin en offrant des recommandations et fondamentalement en confirmant l'expérience de cet itinéraire catéchétique.

La pratique du Chemin Néocatéchuménal a toujours été connue et appuyée par les différents dicastères du Vatican. Dans les années 70 déjà, lorsque après le Concile Vatican II se préparait un nouveau Rituel pour l\'initiation Chrétienne des Adultes, l'expérience qui était en train de naître dans le Chemin a été louée comme une application pratique de ce que la curie cherchait à créer. Les initiateurs ont toujours maintenu un dialogue avec les papes, à partir de Paul VI et surtout avec Jean-Paul II.

Zenit : Quels ont été jusqu\'à maintenant les résultats de ce processus ?

G. Gennarini : Le contenu catéchétique du Chemin dans son itinéraire d\'initiation chrétienne a été étudié en détail par la congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui était dirigée à ce moment-là par le cardinal Ratzinger, et a été approuvée avec très peu de modifications.

Le pas suivant a été l'approbation de statuts, une tâche difficile car le Chemin n\'est ni un groupe laïque ni une fraternité sacerdotale, ni une association.

Le Saint-Siège s'est rendu compte de cette réalité complexe, et a reconnu le Chemin non comme un mouvement ou comme une association, mais comme un itinéraire de formation chrétienne valable pour transmettre la foi dans la société actuelle, soit pour renouveler la foi de ceux qui sont déjà baptisés, soit pour initier les non-croyants à la foi.

Après l'approbation de la méthode et des statuts, le pas suivant a été l'étude des adaptations liturgiques présentes dans cette réalité liturgico-catéchétique, qui s'est conclu par cette lettre.

 

e- 200 familles du «Chemin néo-catéhuménal » sont «  envoyées en mission par le pape »

Zénit nous informe que  le pape Benoît XVI a reçu ce matin en la salle Paul VI du Vatican 200 familles missionnaires du Chemin néo-catéchuménal, partant en mission surtout en Amérique latine.

Ce mouvement insistant sur la force du baptême chrétien est présent dans plus de 900 diocèses du monde, avec 20.000 communautés répandues dans 6.000 paroisses.

Les Familles missionnaires du mouvement sont nées en 1986. Participaient à cette audience 5 cardinaux et 30 évêques, ainsi que 1100 prêtres missionnaires, formés dans 63 séminaires « Redemptoris Mater », quelque 2000 séminaristes et leurs recteurs, ainsi que 700 catéchistes itinérants dans le monde entier, et des représentants des communautés du mouvement de Rome : en tout quelque 10.000 personnes.

Le pape Benoît XVI situait d’emblée leur mission « dans le cadre de la nouvelle évangélisation ».

Il a expliqué que le Chemin Néocatéchuménal a souhaité que les 200 familles s’apprêtant à partir soient envoyées en mission par le pape lui-même « parce que (son) action apostolique entend se placer au cœur de l’Eglise, en totale harmonie avec ses directives et en communion avec les Eglises particulières dans lesquelles vous irez œuvrer, en valorisant pleinement la richesse des charismes que le Seigneur a suscités à travers les initiateurs du Chemin ».

« Chères familles, se réjouissait le pape, vous témoignez par votre histoire que le Seigneur n\'abandonne jamais ceux qui se confient à lui. Continuez donc à diffuser l\'Evangile de la vie (…). Montrez que le Christ est le roc solide sur lequel bâtir sa vie, et que la confiance en lui n\'est jamais vaine ».

Au lendemain de la publication d’une lettre du cardinal Francis Arinze sur la liturgie dans le mouvement, Benoît XVI a pour sa part insisté sur le rôle de la liturgie « dans l\'évangélisation ».

« Votre longue expérience confirme bien que le caractère central du mystère du Christ célébré dans les rites liturgiques constitue une voie privilégiée et indispensable pour construire des communautés chrétiennes vivantes et persévérantes, a déclaré le pape. Précisément pour aider le Chemin Néocatéchuménal et rendre encore plus pénétrante son action d’évangélisation en communion avec tout le Peuple de Dieu, la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements vous a communiqué en mon nom, quelques normes concernant la célébration eucharistique, après la période expérimentale qu’avait accordé le Serviteur de Dieu Jean-Paul II. Je suis certain que vous observerez attentivement ces normes, qui reprennent ce qui est prévu dans les livres liturgiques approuvés par l’Eglise ».

« Grâce à l’adhésion fidèle à toute directive de l’Eglise, vous rendrez encore plus efficace votre apostolat en harmonie et pleine communion avec le pape et les pasteurs de chaque diocèse », a ajouté Benoît XVI.

 

Translation du corps de sœur Lucie le 19 février prochain à Fatima.

La veille de la fête liturgique des bienheureux pastoureaux

ZENIT du 11 janvier annonce que le corps de sœur Lucie dos Santos, la dernière des trois jeunes voyants des apparitions de Fatima, devenue carmélite à Coimbra, au Portugal, et décédée le 13 février 2005, sera transféré du carmel de Coimbra à Fatima le 19 février prochain. Elle reposera aux côtés de ses petits cousins, les bienheureux pastoureaux Jacinthe et François Marto.

Rappelons que Sr Lucie a participé à la célébration eucharistique au cours de laquelle Jean-Paul II a béatifié Jacinthe et François, le 13 mai 2000, à Fatima, dans le cadre de son pèlerinage jubilaire. Leur fête liturgique se célèbre le 20 février, c’est une des raisons du choix du 19 février pour la translation : les enfants des écoles portugaises feront ce jour-là un pèlerinage à Fatima.

Sœur Lucie avait elle même exprimé sa gratitude « envers Dieu et Notre Dame » qui voulait lui « faire cette grâce » de la faire « dormir » de son « dernier sommeil » sur « la terre de Son Sanctuaire ».

Ce sera, au sanctuaire, l’occasion de grandes célébrations liturgiques : procession à la chapelle des apparitions, prière du rosaire, procession eucharistique, translation, célébration eucharistique, etc.

Annonce de la première visite au Vatican du président polonais

Zenit, du 11 janvier, annonce la visite au Vatican du président polonais pour le 26 janvier. 

« Première visite à l’étranger, première visite au Vatican : le service de presse de la présidence polonaise a annoncé le 10 janvier la venue du président polonais Lech Kaczynski au Vatican pour le 26 janvier.

Benoît XVI devrait se rendre lui-même en Pologne à la fin du mois de mai prochain,.

 

Les élections en Iraq

 

Irak : Une catastrophe électorale, selon l’évêque auxiliaire de Bagdad

 

« L’évêque auxiliaire de Bagdad, Mgr Andreas Abouna, déclare que ses fidèles vivent un cauchemar depuis que les « musulmans intégristes » ont revendiqué la victoire aux élections de la mi-décembre.

Mgr Abouna soutient les nombreuses accusations de fraude électorale. Il affirme que les espoirs des chrétiens se sont évanouis après les élections.

Victimes d’enlèvements, d’attentats à la dynamite et d’intimidations, les chrétiens irakiens – a déclaré l’évêque auxiliaire de Bagdad à l’A.E.D (Aide à l’Eglise en Détresse) – avaient espéré et prié pour que les élections permettent de mettre fin à l’instabilité et au glissement de l’Irak vers les Etats théocratiques islamiques.

Bien que l’on parle de bons résultats électoraux obtenus par les musulmans sunnites, on pense que la Coalition Irakienne Chiite Unifiée (UIC) a gagné les élections en obtenant presque la moitié des 230 sièges parlementaires, envisageant une alliance avec son principal rival : l’Union kurde.

N’ayant obtenu que trois sièges, les chrétiens n’auront selon toute probabilité presque aucun poids dans le nouveau parlement.

Dans l’entretien accordé à l’A.E.D, Mgr Abouna explique que les chrétiens ne savent plus s’ils doivent davantage déplorer les tactiques d’intimidation ou celles de la falsification des bulletins de vote.

Précisant qu’ils avaient le sentiment d’être arrivés à un point de rupture, l’évêque a expliqué que les élections ont été faussées par des « erreurs » et des « tricheries ».

« Comment peut-on construire un gouvernement sur de fausses élections ? s’est-il interrogé. Si l’on veut construire la démocratie, les résultats doivent être clairs et ne doivent laisser aucune place au doute ».

Pour Mgr Abouna, assistant du patriarche chaldéen de Bagdad, cette situation est « un vrai cauchemar. Les chrétiens sont comme pris entre deux feux pendant que les partis luttent les uns contre les autres. Ils ont attendu longtemps pour voir le bout du tunnel. Ils sont aujourd’hui extrêmement tristes et se demandent quand le pays retrouvera sa stabilité ».

Mgr Abouna a accordé cet entretien au moment où les observateurs internationaux annoncent qu’ils se préparent à se rendre en Irak, une initiative soutenue par les Etats-Unis et les Nations Unies.

Si les résultats des élections sont confirmés, il est probable que l’UIC poursuive l’islamisation du pays en introduisant toujours plus la loi islamique (la charia) dans le pays ».(Zenit du 11 janvier).

 

 

Les nouvelles de France

 

Jeanne Smit, dans  Présent du 13 janvier 2006,  soutient la « circulaire de Gille de Robien »

 

On sait que cette circulaire interdit, dans les écoles  primaires, l’utilisation pour l’apprentissage de la lecture, de la méthode globale

 

 

« L’on sait déjà que l’Education nationale fera de la résistance à la circulaire de Gilles de Robien. Dans quelle mesure ? L’UNSAéducation a joué cartes sur table en faisant savoir dès lundi dernier que les inspecteurs qui lui sont affiliés interpréteront « avec discernement » les termes de l’interdiction de la méthode globale. Dans un texte militant signé Patrick Roumagnac, secrétaire général de cette section du puissant syndicat, on accuse même le ministre de tenter de ruiner des années d’efforts pour rendre plus efficace l’enseignement de la lecture pour tous les élèves. « Il est légitime et même réjouissant qu’un ministre de l’Education nationale se préoccupe de l’enseignement de la lecture, mais le sujet est à la fois trop sérieux et trop sensible pour en faire un enjeu politicien ! », assure-t-il.

 

Mais avant de s’interroger sur cette phrase et sur ce qui la sous-tend, il faut citer la conclusion de ce communiqué, elle est limpide et en dit long sur la puissance des syndicats dans l’enseignement : « Pour leur part, les inspecteurs continueront de servir fidèlement le système éducatif : entre les décisions du ministre et leur mise en œuvre par les équipes pédagogiques, ils joueront pleinement le rôle d’interface qui est le leur au sein du Service public… mais d’interface intelligente, c’est-à-dire capable d’interpréter les consignes avec discernement pour préserver l’intérêt des élèves et l’efficacité de l’école ! »

Autrement dit, ils sont prêts à s’asseoir dessus. Il faut reconnaître que leur situation est inconfortable et risque même de le devenir davantage au fur et à mesure que les parents parlent aux parents des difficultés ou de la réussite de leurs enfants… Les parents, qui

plébiscitent la méthode Boscher et sont nombreux aujourd’hui à chercher à compenser

les failles du système officiel ont souvent été les premiers à se mobiliser. Que penseront-ils donc de ces inspecteurs et instituteurs qui, envers et contre les instructions officielles, continueront d’utiliser des méthodes qui fonctionnent si mal ? Peut-être rien, car l’amnésie et la crédulité de beaucoup de nos contemporains est insondable. Mais il s’agit tout de même de

parer les coups, semble-t-il. Et la parade est déjà trouvée : Gilles de Robien est accusé

(c’est ça le jeu « politicien » dont parle l’UNSA) d’avoir fait « ressurgir des logiques partisanes dans ce qu’elles ont de plus stupide, de plus dogmatique et de plus caricatural ». Il a incriminé une méthode, il va perturber les maîtres, troubler les élèves les plus fragiles, d’ailleurs la méthode n’a plus cours et les inspecteurs savent exactement ce qui marche et ce qui ne marche pas : « Leur mission de service public les conduit naturellement à intégrer les travaux des chercheurs comme les réflexions conduites au sein de l’institution pour aider les maîtres à améliorer leurs pratiques. »

Mais il y a des chercheurs tabous ; et nous avons trop d’exemples d’instituteurs désireux d’enseigner le b.a.-ba et qui se font rappeler à l’ordre pour croire à cette bonne volonté proclamée. Nous avons aussi, particulièrement dans nos milieux, trop d’exemples de la réussite de l’apprentissage alphabétique pour croire aux sirènes des pédagogistes.

D’où la manipulation actuelle qui accable Robien en le traitant de « néoconservateur ». Dans les forums de discussion d’enseignants, particulièrement agités par la question, le ministre est quasiment accusé de faire le jeu de « l’extrême droite » et du Front national, et l’on est prié d’en conclure que le but c’est d’abêtir les élèves en les faisant ânonner des syllabes et de

mots sans aucun sens. Ainsi ce sont en réalité les syndicats et les militants des nouvelles

pédagogies qui « politisent » le débat en mettant une décision réaliste sur le compte d’une idéologie. Et ils jouent sur le sentiment des parents et sur l’amour-propre des enseignants. Voyez l’UNSA, qui plaide pour la confiance à l’égard des maîtres : « Confiance dans leur capacité à développer en équipe des approches prenant en compte les besoins spécifiques liés aux caractéristiques des élèves hic et nunc, à analyser avec lucidité les ressources disponibles et à en optimiser l’usage, à renforcer les échanges professionnels en s’appuyant, en particulier, sur les nouvelles technologies, à prendre en compte les évolutions de la société et les avancées de la recherche dans le champ de la construction des savoirs, à développer des contacts avec les parents d’élèves pour une plus grande cohérence de la co-éducation, à solliciter en toute confiance des aides pour parfaire leurs pratiques. »

Après avoir essuyé une larme (si tant est que l’on a réussi à lire la phrase jusqu’au bout), il est donc temps de se demander comment il est possible que des enfants arrivent en 6e sans savoir lire alors qu’ils ont eu à leur disposition une telle brochette d’experts : ceux du terrain, leurs professeurs sortis d’un même moule, ceux des postes de commandement, ces inspecteurs qui rejettent les rares récalcitrants, et ceux des hautes cimes qui théorisent l’enseignement de la lecture avec un parti pris évident pour les pédagogies du cerveau droit. Et c’est à force de les entendre que l’on peut bien sûr comprendre où se trouvent l’idéologie et la politisation. C’est en voyant la mobilisation des Meirieu et des Goigoux, ce dernier étant le véritable porte-flambeau de la bataille, directeur d’IUFM bien sûr et parti sur le pied de guerre pour répandre un nouveau slogan : « La méthode syllabique, c’est pas automatique ; parlez-en à votre

instit. » Il est certain que nous n’avons pas fini de voir ces montées au créneau. Et que beaucoup d’instituteurs, de parfaite bonne foi parce que c’est ainsi qu’ils croient réellement

apporter quelque chose à leurs élèves, vont continuer à faire confiance aux spécialistes

des « sciences de l’éducation ». Dommage, car le véritable chantier est ailleurs. Il est dans l’évaluation réelle et honnête de ce qui se passe, dès les classes maternelles où les tout-petits sont soumis à un matraquage « global » (prénoms de la classe, jours de la semaine, stocks de mots appris comme des dessins) qui ne les prépare pas bien à l’apprentissage en CP, même si

celui-ci doit être irréprochable : ils ont souvent déjà acquis de mauvais automatismes.

Il s’agirait aussi de bien définir quelles méthodes sont les meilleures y compris parmi

celles qui ne partent pas du mot global : Elisabeth Nuyts (L’Ecole des illusionnistes)

met ainsi en garde contre des méthodes seulement « syllabiques » (par opposition à « alphabétiques ») sans départ effectif et préalable depuis la lettre.

 

Il s’agirait aussi de déterminer très clairement quelles méthodes sont réellement alphabétiques, à l’heure où les partisans des nouvelles pédagogies prétendent que les manuels

« les plus utilisés », Ratus et Gafi correspondent bien aux critères de la circulaire Robien qu’ils vilipendent par ailleurs (allez comprendre, en ce domaine la logique n’est pas la première invitée…). Sur ce dernier point, des travaux sont en cours. Il serait intéressant de connaître les pratiques et les méthodes qui ont cours dans les écoles libres où la lecture est enseignée avec succès…

JEANNE SMITS

 

Géopolitique : nouvelles donnes


 Le nouveau Grand Jeu

 

Dans Valeurs Actuelles n° 3606 du  6 Janvier 2006, on peut lire cet intéressant article

 «Face à l’Otan, l’Organisation de Shanghai : une alliance centrée sur la Chine et la Russie, qui pourrait bientôt inclure l’Inde et l’Iran. Pour les Occidentaux, le défi majeur de la décennie à venir.
Une géopolitique peut en cacher une autre. Depuis 2001, les États-Unis ont fait de la “guerre contre le terrorisme” leur priorité, notamment au Proche et au Moyen-Orient. Mais d’autres conflits, d’autres tensions, sont en train de prendre forme. Voici un peu plus de deux mois, les six pays membres de l’Organisation pour la coopération de Shanghai (OCS) – la Chine, la Russie et quatre États d’Asie centrale, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan et Tadjikistan – ont décidé de renforcer leurs liens. Fred Weir note dans le Christian Science Monitor que cela revient à créer une « confédération militaire eurasiatique, rivale de l’Otan ». Le propos n’est pas excessif.
La Chine, devenue la “manufacture du monde”, connaît depuis plus de deux décennies un taux de croissance annuel de 9 % en moyenne. La Russie, grâce à d’énormes ressources naturelles (à commencer par le pétrole et le gaz), atteint 6,5 % de croissance. Les deux pays, membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, sont également des puissances nucléaires “historiques”, donc autorisées par le traité de non-prolifération (TNP) à conserver leurs armes.
La Chine est l’État le plus peuplé de la planète (1,3 milliard d’habitants), la Russie le plus vaste (17 millions de kilomètres carrés). Un tel binôme constitue un pôle de puissance crédible. Il correspond au “cœur du monde” prophétisé par les géopoliticiens du début du XXe siècle Harold Mackinder et Nicholas Spykman, adversaire inéluctable des puissances maritimes anglo-saxonnes…
À la dernière réunion de l’OCS, trois autres pays étaient présents à titre d’observateurs : l’Inde, représentée par son ministre des Affaires étrangères Natwar Singh, le Pakistan, par son premier ministre Shaukat Aziz, et l’Iran, par son vice-président Parviz Davoudi. Deux des trois, l’Inde et le Pakistan, sont des puissances nucléaires. Le troisième, l’Iran, aspire à le devenir.

L’informatique, atout maître de l’Inde.

Un de ces États, l’Inde, dispose d’une population comparable à celle de la Chine (un milliard d’habitants) et connaît une croissance presque aussi rapide (plus de 6 %), basée sur une maîtrise grandissante des technologies informatiques. Si ces observateurs rejoignent l’Organisation – et ils semblent décidés à le faire –, l’Occident euro-américain sera confronté à un concurrent de première grandeur.
Les puissances eurasiatiques présentent le plus souvent l’OCS comme une “réponse aux menaces terroristes révélées par les attentats du 11 septembre 2001”. En fait, l’Organisation a été fondée le 26 avril 2001, soit quatre mois avant l’événement. À l’initiative d’une Chine qui y cherchait un contrepoids à d’éventuelles menaces américaines. Certes, l’OCS utilise le 11 septembre, et la mobilisation antiterroriste qui s’ensuivit, pour légitimer son action, si bien que Washington n’accorde que peu d’attention, sur le moment, à la nouvelle alliance. « Une grave erreur », commente aujourd’hui Ariel Cohen, un directeur de recherche à la Heritage Foundation.
Pendan
t la première phase de la “guerre contre le terrorisme”, la bataille d’Afghanistan, l’OCS coopère avec les États-Unis et l’Otan. Premier chef d’État étranger à exprimer ses condoléances à George Bush après le 11 septembre, Vladimir Poutine a autorisé l’aviation américaine à survoler le territoire russe. Les États d’Asie centrale accueillent une présence militaire américaine permanente. La Chine partage avec l’Amérique des informations sur les réseaux islamistes en Asie du Sud-Est.
Mais à partir de la deuxième phase, la bataille d’Irak, l’OCS reprend ses distances. Plusieurs facteurs ont joué.
1. En 2001, les États-Unis apparaissent comme une superpuissance absolue, avec laquelle il vaut mieux s’entendre. Deux ans plus tard, Washington a perdu son aura. Les deux principaux pays de l’Union européenne, l’Allemagne et la France, ont refusé de participer à la guerre d’Irak. Des membres importants de l’Otan, comme la Turquie, ont fait de même. Les Américains n’ont pas réussi à “pacifier” le pays. Le Pentagone reconnaît que cette guerre est coûteuse en argent, en matériel, en personnels. Il semble impossible de mener simultanément “deux conflits et demi” de ce type, contrairement à la doctrine officielle de la défense nationale américaine. Washington ne pourrait donc pas se projeter sur d’autres théâtres d’opérations, en particulier en Asie.
2. L’un des buts avoués de la “guerre contre le terrorisme” est d’assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques du monde industriel, tant au Moyen-Orient qu’en Asie centrale. Les pays eurasiatiques, dont les besoins en énergie croissent très vite, ne voient pas pourquoi ils devraient dépendre de Washington sur ce point. En fait, ils soupçonnent les Américains de freiner leur développement en organisant une sorte d’OPA stratégique mondiale sur les hydrocarbures.
3. La doctrine Bush combine cette guerre avec le renforcement de la démocratie et des droits de l’homme. Les pays de l’OCS actuelle ont tendance à interpréter cette “croisade de la liberté” comme une manœuvre géopolitique dirigée contre leurs intérêts. La Chine croit que le véritable objectif de Washington, sous couvert de démocratie, est de la balkaniser : en favorisant l’indépendance de Taiwan, du Tibet, d’un Xinjiang ouïgour, et en “fédéralisant” le reste du territoire. La Russie constate que Washington a fait entrer dans l’Otan, contre sa volonté, l’Europe de l’Est puis les ex-républiques baltes, et qu’elle soutient les révolutions démocratiques de Géorgie (2003), d’Ukraine (2004) et du Kirghizstan (2005). Les États d’Asie centrale s’interrogent sur la révolution kirghize, mais aussi sur une tentative de révolution en Ouzbékistan (2005).

Le XXIe siècle, “pacifique” ou “altaïque” ?.

4. À partir de 2003, les pays eurasiatiques cessent de croire à l’avenir des États-Unis, pays surendetté dont la monnaie fléchit, et de l’Europe, économie étranglée par une protection sociale excessive et une monnaie ultradéflationniste. Ils retrouvent la confiance en eux-mêmes qu’ils avaient avant le crash de 1997 : le XXIe siècle, à leurs yeux, ne sera pas tant “pacifique”, ce qui suppose une participation américaine importante, qu’“altaïque”, c’est-à-dire centré sur l’Asie centrale, “mère des peuples”.
Jusqu’où peut aller la coopération au sein de l’OCS ? Le binôme sino-russe n’a cessé de se renforcer. En août 2005, lors des manœuvres conjointes dans l’Extrême-Orient russe, les armées des deux pays ont mis en scène une intervention dans un secteur “en proie à une déstabilisation téléguidée de l’extérieur”.
Les pays d’Asie centrale restent prudents : si l’Ouzbékistan a exigé la fermeture de la base américaine de Karshi-Khanabad, le Kirghizstan maintient celle de Manas, et le Kazakhstan continue à accueillir une importante mission militaire sur son territoire.
En Inde, le revirement pro-OCS coïncide avec le retour au pouvoir, en 2004, de la gauche (le parti du Congrès), traditionnellement prorusse, mais le rapprochement avec l’Amérique amorcé auparavant par la droite (le BJP nationaliste hindou) n’a pas été dénoncé en tant que tel. Le Pakistan, qui cumule une alliance américaine et une alliance chinoise, a imité l’Inde pour éviter un éventuel isolement. Quant à l’Iran, c’est à la fois un allié traditionnel de la Chine et un partenaire économique et technologie de la Russie, jusque dans le domaine nucléaire.
« À terme, note un expert du Nixon Center, rien ne garantit que les six membres actuels de l’alliance et les trois membres potentiels aillent jusqu’au bout de leur projet. Mais ce sera le cas de la plus grande partie d’entre eux. » Ce réalignement ne manquera pas d’en provoquer d’autres, selon la logique de l’équilibre des puissances. Si le Japon de Junichiro Koizumi (réélu en septembre 2005) se pose en contrepoids asiatique de la Chine et de la Russie, et donc en allié des États-Unis, les pays islamiques sont tentés de se rapprocher du “bloc néocommuniste”. La tentation est forte en Turquie : Ahmet Davutoglu, le plus proche conseiller du premier ministre islamiste Recep Tayyip Erdogan, en a fait la ligne directrice de son livre Profondeur stratégique.
Et l’Europe ? L’antiaméricanisme strident de 2003 n’est plus de mise au niveau gouvernemental, ni en Allemagne, ni en France. La menace industrielle et commerciale asiatique est prise au sérieux. Mais on ne tire pas nécessairement toutes les conséquences du nouveau rapport de forces planétaire. Le cas Gazprom est assez éloquent. Derrière les “contrats du siècle” signés par Gerhard Schröder et d’autres hommes politiques, dans des conditions assez obscures, c’est un projet de l’époque soviétique qui est en cours de réalisation : l’inféodation de l’industrie européenne au gaz naturel sibérien, pour des décennies… Michel Gurfinkiel