" Les Nouvelles
de
Chrétienté "
n°37
Le 12 janvier 2006
Sommaire
Le
fondement de la paix : l’amour de la vérité.
Le pape Benoît XVI
et la famille
Dossier
sur le « chemin néocatécuménal
Translation du corps
de sœur Lucie le 19 février prochain à Fatima.
Annonce de la première visite au Vatican du président polonais
Jeanne
Smit, de Présent du 13 janvier 2006, soutient
la « circulaire » de Gille de Robien
Géopolitique :
nouvelles donnes
Le
nouveau Grand Jeu
Le
fondement de la paix : l’amour de la vérité.
Le lundi 9 janvier 2006, Benoît XVI a reçu le
Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège. Il a prononcé un beau discours sur la paix. Il a
repris le thème de l’amour de la vérité, comme fondement de la paix.
« La paix – nous le constatons
douloureusement – reste en de nombreuses parties du monde entravée, blessée ou
menacée. Quel est le chemin vers la paix? Dans le message que j’ai adressé pour
la célébration de
Il a développé quatre aspects.
1er
aspect : « l’engagement
pour la vérité est l’âme de la justice »
2ème aspect : « l’engagement pour la vérité donne fondement et vigueur au droit à la
liberté ».
3ème aspect : « l’engagement pour la vérité ouvre la voie au
pardon et à la réconciliation ».
4ème aspect: « l’engagement
pour la paix ouvre à des espérances nouvelles »
a- Le premier aspect : « l’engagement
pour la vérité est l’âme de la justice ».
« Celui qui
est engagé pour la vérité ne peut pas ne pas refuser la loi du plus fort, qui
vit de mensonge et qui, au niveau national et international, a tant de fois
émaillé de tragédies l’histoire des hommes. Le mensonge se revêt souvent d’une
apparente vérité, mais en réalité il est toujours sélectif et tendancieux,
orienté de manière égoïste vers une instrumentalisation de l’homme et, en
définitive, vers sa soumission. Des systèmes politiques du passé, mais non
seulement du passé, en sont une preuve amère. À l’opposé se situent la vérité
et la véracité, qui portent à la rencontre d’autrui, à sa reconnaissance et à
l’entente: par la splendeur qui lui est propre – la splendor veritatis –, la
vérité ne peut pas ne pas se répandre; et l’amour du vrai est, par son dynamisme
intrinsèque, tout tourné vers une compréhension impartiale et équitable, et
vers le partage, en dépit de toutes sortes de difficultés »..
« Cette
même recherche de la vérité vous porte également à affirmer avec force ce que
tous ont en commun, qui appartient à la nature même des personnes, de tout
peuple et de toute culture, et qui doit être pareillement respecté. Quand ces
aspects, distincts et complémentaires – la diversité et l’égalité –, sont
connus et reconnus, alors les problèmes peuvent se résoudre et les dissensions
s’apaiser selon la justice; des ententes profondes et durables sont possibles.
Tandis que, lorsque l’un de ces aspects est méconnu ou que l’on n’en tient pas
compte, c’est alors que se font jour l’incompréhension, le conflit, la tentation
de la violence et des abus de pouvoir »
.
La reconnaissance de ce principe permettrait de régler
dans la justice le drame que connaît
« Avec
une évidence presque exemplaire, ces considérations me semblent applicables en
ce point névralgique de la scène mondiale que reste
Un tel principe permet de condamner le terrorisme international qui met en danger la paix des
peuples et des personnes :
« Le
terrorisme n’hésite pas à frapper des personnes innocentes, sans aucune
distinction, ou à mettre à exécution des chantages inhumains, suscitant la
panique de populations entières, dans le but de contraindre les responsables
politiques à satisfaire les desseins des terroristes eux-mêmes. Aucune
circonstance ne peut justifier cette activité criminelle, qui couvre d’infamie
celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du
bouclier d’une religion, rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa
perversion morale la pure vérité de Dieu ».
Un tel principe
du respect des différences des peuples et des civilisations permettrait non
seulement la cœxistence pacifique des peuples, mais quelque chose de plus
grand encore: « un projet
d’humanité plus haut et plus riche »
« Au
cours des siècles passés, les échanges culturels entre judaïsme et hellénisme,
entre monde romain, monde germanique et monde slave, de même qu’entre monde
arabe et monde européen, ont fécondé la culture et favorisé les sciences et les
civilisations. Il devrait en être de nouveau ainsi aujourd’hui – et dans une
mesure plus grande encore! –, les possibilités d’échange et de compréhension
réciproque étant de fait beaucoup plus favorables. C’est pourquoi il faut avant
tout souhaiter aujourd’hui que soit supprimé tout obstacle à l’accès à
l’information par la presse et par les moyens informatiques modernes, et que
s’intensifient en outre les échanges entre enseignants et étudiants des
disciplines humanistes des universités des diverses régions culturelles ».
b- Le second aspect : « l’engagement
pour la vérité donne fondement et vigueur au droit à la liberté. »
« La
grandeur singulière de l’être humain a sa racine ultime en ceci: l’homme peut
connaître la vérité. Et l’homme veut la connaître. Mais la vérité peut
seulement être atteinte dans la liberté. Cela vaut pour toutes les vérités,
comme il ressort de l’histoire des sciences; mais cela est vrai de manière
éminente pour les vérités dans lesquelles est en jeu l’homme lui-même en tant
que tel, les vérités de l’esprit: celles qui concernent le bien et le mal, les
grandes finalités et perspectives de vie, la relation à Dieu. Car on ne peut
les atteindre sans qu’en découlent de profondes conséquences pour la conduite
de sa propre vie. Et une fois librement faites siennes, ces vérités ont ensuite
besoin d’espaces de liberté pour pouvoir être vécues dans toutes les dimensions
de la vie humaine ».
En conséquence : « aucun Gouvernement ne peut se dispenser du devoir de garantir à ses
citoyens des conditions de liberté appropriées, sans compromettre, même pour
cela, sa crédibilité comme interlocuteur dans les questions
internationales ».
Le pape conclut précisant la « politique »
du Saint-Siège en ce domaine: « À
tous les responsables de la vie des Nations, je voudrais dire: si vous ne
craignez pas la vérité, vous ne devez pas craindre la liberté. Le Saint-Siège,
qui demande partout pour l’Église catholique des conditions de vraie liberté,
le demande pareillement pour tous ».
c- troisième aspect : « l’engagement
pour la vérité ouvre la voie au pardon et à la réconciliation »
Le pape veut répondre à l’objection : « les convictions différentes sur la
vérité donnent lieu à des tensions, à des incompréhensions, à des débats,
d’autant plus forts que les convictions elles-mêmes sont plus profondes. Au
long de l’histoire, elles ont donné lieu à de violentes oppositions, à des
conflits sociaux et politiques, et même à des guerres de religion. Cela est
vrai, et l’on ne peut le nier ».
Il répond que ces « conflits » n’ont pas
pour cause la vérité elle-même, ni, à plus forte raison, la religion :
« mais cela a toujours eu lieu en
raison d’une série de causes concomitantes, qui n’ont que peu ou rien à faire
avec la vérité ni avec la religion, et toujours en fait parce qu’on veut tirer
profit de moyens en réalité inconciliables avec le pur engagement pour la
vérité, ni avec le respect de la liberté demandée par la vérité »
C’est pourquoi il faut savoir reconnaître ses torts
comme l’a fait l’Eglise sous le pontificat de Jean-Paul II sachant que nul ne
peut être sans péché. Il cite Saint Jean : «Celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter la pierre» (cf.
Jn 8, 7)
Loin d’humilier, la demande de pardon anoblit et rend
paisible : « La mémoire en
demeure purifiée, le cœur rasséréné, et le regard sur ce que la vérité exige
pour développer des pensées de paix devient limpide »
Aussi, fort de
ce principe si fortement énoncé par Jean Paul- II, dans son discours pour la
paix en 2002, le pape se tourne vers
Et le pape conclut ce développement par ces belles
sentences :
« Parmi les
grandes tâches de la diplomatie, il faut assurément entendre celle de faire
comprendre à toutes les parties en conflit que, si elles aiment la vérité,
elles ne peuvent pas ne pas reconnaître leurs erreurs – et non seulement celles
des autres –, ni refuser de s’ouvrir au pardon, demandé et accordé. L’engagement pour la vérité – qui leur
tient certainement à cœur – les convoque à la paix, à travers le pardon. Le
sang versé ne crie pas vengeance, mais il appelle au respect de la vie et à la
paix. Devant cette exigence fondamentale de l’humanité, puisse
d- Quatrième aspect : l’engagement pour la paix ouvre à des
espérances nouvelles
et tout particulièrement aux « urgences humanitaires»,
comme la lutte contre la faim, contre les trafics de personnes…
Le pape a un très bel élan politique : « La paix, vers laquelle son engagement peut et doit le porter, n’est pas
seulement le silence des armes; bien plus, elle est une paix qui favorise la
formation de nouveaux dynamismes dans les relations internationales, dynamismes
qui, à leur tour, se transforment en facteurs de maintien de la paix elle-même.
Et ils ne sont tels que s’ils répondent à la vérité de l’homme et de sa
dignité. Et c’est pourquoi on ne peut parler de paix là où l’homme n’a même pas
l’indispensable pour vivre dans la dignité. Je pense ici aux foules
innombrables de gens qui souffrent de la faim. Elle n’est pas une paix, la
leur, même si ces populations ne sont pas en guerre: de la guerre, elles sont
même des victimes innocentes. Viennent aussi spontanément à l’esprit les images
bouleversantes des grands camps de personnes déplacées ou de réfugiés – en
diverses parties du monde –, rassemblés dans des conditions précaires pour
échapper à des conditions pires encore, mais ayant besoin de tout. Ces êtres
humains ne sont-ils pas nos frères et nos sœurs ? Leurs enfants ne sont-ils pas
venus au monde avec les mêmes attentes légitimes de bonheur que les autres ? Ma
pensée se tourne aussi vers tous ceux que des conditions de vie indignes
poussent à émigrer loin de leur pays et de leurs proches, dans l’espoir d’une
vie plus humaine. Nous ne pouvons pas oublier la plaie du trafic de personnes,
qui reste une honte pour notre temps ».
Le
pape Benoît XVI et la famille
Le pape a reçu le jeudi matin, 12 janvier, les élus du
Conseil régional du Latium et du Conseil provincial de Rome, ainsi que le
Conseil municipal de Rome, et leurs présidents, que Benoît XVI a également
reçus jeudi matin en audiences séparées : Pietro Marrazzo, président de
Il leur a dit :
« Ce serait une grave erreur de négliger
la valeur et la place de la famille légitime, fondée sur le mariage, en
attribuant à d'autres formes d'unions une reconnaissance juridique impropre,
alors qu'aucune exigence sociale réelle n'apparaît ».
Il rappelait également : « En réalité, le
mariage et famille ne sont pas une construction sociologique due au hasard, ni
le fruit de situations historiques et économiques particulières. Au contraire,
la question du juste rapport entre l'homme et la femme plonge ses racines dans
l'essence la plus profonde de l'être humain et ne peut trouver sa réponse qu’à
partir de là ».
Le pape insistait sur cette dimension naturelle
universelle du mariage: « Le mariage
comme institution n'est donc pas une ingérence indue de la société ou de
l'autorité, l'imposition d'une forme extérieure dans la réalité la plus privée
de la vie. Il s'agit au contraire d'une exigence intrinsèque du pacte de l'amour
conjugal ».
… « Il
ne s'agit pas de simples normes de la morale catholique mais de vérités
élémentaires relatives à notre humanité commune. Et il est essentiel de la
respecter pour le bien des personnes et celui de la société. Ceci doit donc
interpeller aussi la responsabilité des responsables que vous êtes, et
intéresser doublement vos compétences réglementaires ».
Il faut savoir que « dans le mouvement
néocatéchuménal, la communion est souvent reçue par les fidèles assis autour
d'une large table carrée, et sous la forme d'une grande miche de pain que
l'assistance se partage, tandis qu'une coupe de vin est passée de main à main
parmi les fidèles. Mais dans ce mouvement, le rite de communion n'est pas le
seul moment de la célébration qui s'éloigne de ce qui devrait être fait en
liturgie: on trouve d'autres innovations importantes à divers endroits de la
messe. Par exemple, les lectures de la liturgie sont commentées par les
catéchistes du groupe qui font de longues admonitions auxquelles les autres
participants sont invités à répondre. L'homélie faite par le prêtre ne se
distingue alors plus guère des commentaires de l'assistance.
Les moments auxquels la messe est célébrée sont également assez inhabituels:
les groupes néocatéchuménaux ne célèbrent pas toujours la messe le dimanche,
mais plutôt le samedi soir, en petits groupes coupés des communautés
paroissiales auxquelles ils appartiennent.
Chaque groupe du Néocatéchuménat correspond à une étape du "chemin"
catéchuménal devant être parcouru: il est composé de 20 à 30 personnes ayant
leur propre liturgie. Ainsi, si dans une paroisse donnée il existe 10 groupes
correspondant à 10 étapes différentes, il y aura... 10 messes différentes dans
10 endroits différents de la paroisse, le même samedi soir!
Pourtant, les statuts du Néocatéchuménat, approuvés par le Saint-Siège en 2002,
exigeaient que les messes célébrées dans le cadre de ce mouvement soient
"ouvertes à tous les fidèles" (article 13. 3). En réalité, cette
exigence n'a pas été respectée puisque, au début des messes, les salutations,
les présentations et les applaudissements qui ont cours dans le Néocatéchuménat
sont comme une barrière efficace pour éloigner les fidèles ordinaires.
A la mi-décembre 2005, les
Fondateurs et les Responsables du Chemin Néocatéchuménal - les Espagnols Kiko
Argüello et Carmen Hernandez, ainsi que le prêtre italien Mario Pezzi - ont
reçu une lettre de deux pages signée du Cardinal Francis Arinze, Préfet de
Parmi les six points abordés
dans les directives du pape, une seule autorise les groupes du Néocatéchuménat
à poursuivre une pratique établie: l'échange du signe de Paix avant
l'offertoire, tel qu'il se pratique actuellement dans le rite ambrosien du
diocèse de Milan.
Tous les autres points
exigent du Chemin Néocatéchuménal un renoncement pur et simple à ses
innovations liturgiques.
Jusqu'à très récemment, les
Fondateurs et les Responsables du Chemin Néocatéchuménal avaient protégé ces
pratiques illégitimes en se réclamant d'une autorisation verbale donnée par
Jean-Paul II.
Mais Benoît XVI sonne la fin
de la récréation.
N'est-ce pas aussi le signal qu'il faut maintenant mettre un terme aux abus
liturgiques qui persistent à travers l'Eglise?
Le document que signera le
pape en conclusion du synode sur l'Eucharistie sera sûrement très éclairant à
ce sujet.
La lettre du Cardinal Arinze
a été directement adressée à Argüello, à Hernandez, et au P. Pezzi. Elle devait
demeurer confidentielle, mais le 22 décembre, Andre Tornielli, journaliste au
Vatican a éventé la nouvelle dans le quotidien "il Giornale".
Voici une traduction de cette
lettre dans son intégralité:
b-Lettre du cardinal Arinze
Congregatio de Cultu Divino et
Disciplina Sacramentorum
Prot. 2520/03/L
Cité du Vatican, le 1er décembre 2005.
Aux très estimés Mr. Kiko Argüello, Mme Carmen Hernandez, et au Rd Père Mario
Pezzi,
Suite aux entretiens avec
Au cours des célébrations de
1. Le Dimanche est le "Dies
Domini", comme l'a précisé le Serviteur de Dieu, le pape Jean-Paul II, dans
sa Lettre apostolique concernant le Jour du Seigneur. C'est pourquoi le Chemin
Néocatéchuménal devra se mettre en rapport avec l'Evêque diocésain pour faire
clairement ressortir le fait que le groupe néocatéchuménal fait partie
intégrante de la paroisse, y compris pour les célébrations liturgiques. A cette
fin, il est demandé que les groupes du Chemin Néocatéchuménal participent une
fois par mois à
2. Toutes les introductions faites avant
les Lectures devront être brèves. Il convient de donner son adhésion à ce qui
est précisé dans l' "Institutio Generalis Missalis Romani" (nn. 105
et 128) ainsi que dans la préface de l' "Ordo Lectionum Missae" (nn.
15, 19, 38, 42).
3. En raison de sa nature et de son
importance, l'homélie sera réservée au prêtre ou au diacre (cf. Codex Iuris
Canonici, can. 767 § 1). Les témoignages qui pourront occasionnellement être
faits par des fidèles laïcs devront trouver leur place et leur forme selon les
indications de l'Instruction interdicastérielle "Ecclesiae de
Mysterio" qui a été approuvée dans sa forme spécifique par le pape
Jean-Paul II et a été publiée le 15 août 1997. Dans ce document, les sections 2
et 3 de l'article précisent:
§2 - "Il est licite de proposer une
brève présentation qui favorise une meilleure compréhension de la liturgie
célébrée ; exceptionnellement, on peut aussi proposer un éventuel témoignage,
toujours adapté aux normes liturgiques, à l'occasion de liturgies
eucharistiques célébrées en des journées particulières (journée du séminaire,
des malades, etc.), si l'on considère que cela convient objectivement, pour
donner du relief à l'homélie que prononce le prêtre célébrant selon la règle.
Ces présentations et ces témoignages ne doivent pas revêtir des caractéristiques
qui pourraient les faire confondre avec l'homélie.
§ 3. La possibilité du
"dialogue" dans l'homélie peut parfois être utilisée avec prudence
par le ministre célébrant, comme un moyen d'exposition qui ne comporte aucune
délégation du devoir de la prédication."
Une attention particulière devra aussi
être réservée au n.74 de l'instruction "Redemptionis Sacramentum".
4. Pour ce qui est du rite de
5. Pour ce qui est de la façon de
recevoir
6. Le Chemin Néocatéchuménal devra
également employer les autres Prières eucharistiques du missel, et pas seulement
par Prière eucharistique II.
Bref, le Chemin Néocatéchuménal, au cours de ses célébrations, devra suivre les
livres liturgiques approuvés, se souvenant de ce qui est exposé aux nn. 1, 2,
3, 4, 5 et 6.
En reconnaissant les bienfaits que le Seigneur octroie à son Eglise à travers
les activités du Chemin Néocatéchuménal , je profite de l'occasion pour vous
assurer de ma considération.
+ Francis Card. Arinze, Prefect
c-
Le Chemin Néocatéchuménal réagit à la lettre du Saint Siège
Zenti
s’est entretenu, le 11 janvier 2006, avec
Giuseppe Gennarini, responsable du Chemin aux États-Unis
« Le
Chemin Néocatéchuménal a accueilli avec enthousiasme les dispositions émanant
du Saint Siège sur la célébration de la messe dans ses communautés ».
Zenit : Quelle valeur a cette lettre pour le Chemin ?
G. Gennarini : C'est la première fois que sont acceptées certaines
variations présentes dans la manière de célébrer l'Eucharistie dans le Chemin
comme des adaptations licites pour aider l'homme contemporain à mieux recevoir
la grâce communiquée à travers les sacrements.
A ma connaissance, c\'est le seul cas où le Saint-Siège ait accordé une
autorisation explicite dans ce sens, à un groupe ecclésial. Jusqu\'à maintenant
nous l\avons fait avec une permission orale de la part de
Zenit : Quelles sont les variations liturgiques permises par
G. Gennarini :
La lettre cite aussi l'article du Missel Romain sur les monitions, mais d'une
pratique extraordinaire il en fait une pratique d'usage ordinaire.
Les « résonances » aussi avant l'homélie ont été acceptées. Et s'agissant d'une
chose complètement nouvelle dans l'Église, la lettre explique quelques lignes
générales.
La lettre permet aussi que le signe de la paix se fasse avant l'offertoire.
Pour comprendre la portée de cette concession, il suffit de se rappeler qu\'il
y a seulement quelques semaines avant la date de cette lettre, le Préfet de
Ceci démontre qu'il ne s'agit pas d\'une pratique irrévérencieuse, mais
complètement légitime comme n'importe quelle personne qui participe à une
Eucharistie des communautés peut le constater. C'est écrit dans le contexte de
l'approbation finale des Statuts, qui sont aussi en ce moment approuvés ad
experimentum.
A peine cette période ad experimentum finira,
Zenit : Pourquoi est-ce important de célébrer la messe en petits groupes ?
G. Gennarini : Plus de 70% des membres du Chemin sont des catholiques
non pratiquants. Les célébrations liturgiques faites en petites communautés
créent une ambiance propice pour accueillir ceux qui se sont éloignés. Dans une
société toujours plus sécularisée, individualiste et anonyme, le Chemin offre
dans la paroisse une ambiance où les personnes, baptisées ou non, peuvent redécouvrir
la foi dans une vraie communion.
Un des problèmes de l'Église aujourd'hui est l'anonymat dans nos paroisses. A
travers cette expérience, par exemple, les couples peuvent expérimenter le
pardon et transmettre la foi à leurs propres enfants. Un des fruits du Chemin
est la reconstruction de la famille à travers cette expérience communautaire.
De ces familles reconstruites naissent des milliers de vocations au presbytérat
et à la vie consacrée, tout cela à travers la célébration eucharistique en petites
communautés de foi. La communauté sauve la famille et, comme l\'affirme «
Ecclesia de Eucharistia » il n\'existe pas de formation de la communauté qui
n\'ait ses racines dans la célébration de l\'Eucharistie.
Zenit : Certains journaux présentent cette lettre de
G. Gennarini : Il n'y a rien de plus éloigné de la réalité. Notre
relation avec Benoît XVI, avant qu’il soit pape, a toujours été très bonne. Le
cardinal Ratzinger a connu le Chemin dans les années 70 et l'a introduit en
Allemagne, dans sa patrie. En tant que préfet de la congrégation pour
Benoît XVI a reçu les initiateurs du Chemin en novembre et a confirmé
personnellement son soutien au Chemin et sa joie pour les grands fruits qu\'il
donne à l'Église. Comme démonstration de son amour envers les fruits de ce
Mouvement, le Saint-Père enverra en mission, le 12 janvier, deux cent nouvelles
familles qui iront annoncer l'Évangile dans les lieux les plus déchristianisés
du monde.
Sans l\'intervention du Saint-Père l'approbation de ces variations aurait été impossible.
Nous nous sentons pleinement confirmés par Pierre. Qui veut mettre Benoît XVI
contre Jean-Paul II altère la réalité.
Des nouvelles absolument privées de fondement ont été publiées ces jours
derniers : je tiens à rappeler qu\'aucun laïc des communautés néocatéchuménales
n'a jamais fait d'homélie à la place du prêtre. Une agence internationale s'est
contredite en accusant le Chemin de « pratiques novatrices » et parlant en même
temps d'« une vision du monde très conservatrice ».
Zenit : Selon vous, pourquoi le Saint Père a-t-il approuvé ces variations ?
G. Gennarini : Benoît XVI a confirmé la vision de Jean-Paul II, en
accordant cette permission par écrit au Chemin Néocatéchuménal, parce qu'il est
très conscient de la situation dramatique de la sécularisation et de la
nécessité d\'évangéliser.
Dans la dernière Journée Mondiale de
Ceci montre le grand intérêt du Saint-Père pour la découverte de nouvelles
manières et de nouveaux chemins pour rejoindre l'homme contemporain. C'est dans
ce contexte qu'il faut comprendre ces concessions.
Zenit : Quel est le contexte de cette lettre ?
G. Gennarini : Cette lettre marque un pas très important dans le
processus de l'approbation du Chemin. En 1997 Jean-Paul II a encouragé les
initiateurs à examiner l'expérience du Chemin après 30 années et à la
formaliser par l'élaboration d'un statut. Dans ce contexte, cinq dicastères du
Vatican – le conseil pour les Laïcs, la congrégation pour
La pratique du Chemin Néocatéchuménal a toujours été connue et appuyée par les
différents dicastères du Vatican. Dans les années 70 déjà, lorsque après le
Concile Vatican II se préparait un nouveau Rituel pour l\'initiation Chrétienne
des Adultes, l'expérience qui était en train de naître dans le Chemin a été
louée comme une application pratique de ce que la curie cherchait à créer. Les
initiateurs ont toujours maintenu un dialogue avec les papes, à partir de Paul
VI et surtout avec Jean-Paul II.
Zenit : Quels ont été jusqu\'à maintenant les résultats de ce processus ?
G. Gennarini : Le contenu catéchétique du Chemin dans son itinéraire
d\'initiation chrétienne a été étudié en détail par la congrégation pour
Le pas suivant a été l'approbation de statuts, une tâche difficile car le
Chemin n\'est ni un groupe laïque ni une fraternité sacerdotale, ni une
association.
Le Saint-Siège s'est rendu compte de cette réalité complexe, et a reconnu le
Chemin non comme un mouvement ou comme une association, mais comme un
itinéraire de formation chrétienne valable pour transmettre la foi dans la
société actuelle, soit pour renouveler la foi de ceux qui sont déjà baptisés,
soit pour initier les non-croyants à la foi.
Après l'approbation de la méthode et des statuts, le pas suivant a été l'étude
des adaptations liturgiques présentes dans cette réalité
liturgico-catéchétique, qui s'est conclu par cette lettre.
e-
200 familles du «Chemin néo-catéhuménal » sont « envoyées en
mission par le pape »
Zénit
nous informe que le pape Benoît XVI a
reçu ce matin en la salle Paul VI du Vatican 200 familles missionnaires du
Chemin néo-catéchuménal, partant en mission surtout en Amérique latine.
Ce mouvement insistant sur la force du baptême chrétien est présent dans plus
de 900 diocèses du monde, avec 20.000 communautés répandues dans 6.000
paroisses.
Les Familles missionnaires du mouvement sont nées en 1986. Participaient à
cette audience 5 cardinaux et 30 évêques, ainsi que 1100 prêtres missionnaires,
formés dans 63 séminaires « Redemptoris Mater », quelque 2000 séminaristes et
leurs recteurs, ainsi que 700 catéchistes itinérants dans le monde entier, et
des représentants des communautés du mouvement de Rome : en tout quelque 10.000
personnes.
Le pape Benoît XVI situait d’emblée leur mission « dans le cadre de la nouvelle
évangélisation ».
Il a expliqué que le Chemin Néocatéchuménal a souhaité que les 200 familles
s’apprêtant à partir soient envoyées en mission par le pape lui-même « parce
que (son) action apostolique entend se placer au cœur de l’Eglise, en totale
harmonie avec ses directives et en communion avec les Eglises particulières
dans lesquelles vous irez œuvrer, en valorisant pleinement la richesse des
charismes que le Seigneur a suscités à travers les initiateurs du Chemin ».
« Chères familles, se réjouissait le pape, vous témoignez par votre histoire
que le Seigneur n\'abandonne jamais ceux qui se confient à lui. Continuez donc
à diffuser l\'Evangile de la vie (…). Montrez que le Christ est le roc solide sur
lequel bâtir sa vie, et que la confiance en lui n\'est jamais vaine ».
Au lendemain de la publication d’une lettre du cardinal Francis Arinze sur la
liturgie dans le mouvement, Benoît XVI a pour sa part insisté sur le rôle de la
liturgie « dans l\'évangélisation ».
« Votre longue expérience confirme bien que le caractère central du mystère du
Christ célébré dans les rites liturgiques constitue une voie privilégiée et
indispensable pour construire des communautés chrétiennes vivantes et
persévérantes, a déclaré le pape. Précisément pour aider le Chemin
Néocatéchuménal et rendre encore plus pénétrante son action d’évangélisation en
communion avec tout le Peuple de Dieu,
« Grâce à l’adhésion fidèle à toute directive de l’Eglise, vous rendrez encore
plus efficace votre apostolat en harmonie et pleine communion avec le pape et
les pasteurs de chaque diocèse », a ajouté Benoît XVI.
Translation du corps de sœur Lucie le 19 février prochain à Fatima.
La
veille de la fête liturgique des bienheureux pastoureaux
ZENIT
du 11 janvier annonce que le corps de sœur Lucie dos Santos, la dernière des
trois jeunes voyants des apparitions de Fatima, devenue carmélite à Coimbra, au
Portugal, et décédée le 13 février 2005, sera transféré du carmel de Coimbra à
Fatima le 19 février prochain. Elle reposera aux côtés de ses petits cousins,
les bienheureux pastoureaux Jacinthe et François Marto.
Rappelons que Sr Lucie a participé à la célébration eucharistique au cours de
laquelle Jean-Paul II a béatifié Jacinthe et François, le 13 mai 2000, à
Fatima, dans le cadre de son pèlerinage jubilaire. Leur fête liturgique se
célèbre le 20 février, c’est une des raisons du choix du 19 février pour la
translation : les enfants des écoles portugaises feront ce jour-là un
pèlerinage à Fatima.
Sœur Lucie avait elle même exprimé sa gratitude « envers Dieu et Notre Dame »
qui voulait lui « faire cette grâce » de la faire « dormir » de son « dernier
sommeil » sur « la terre de Son Sanctuaire ».
Ce sera, au sanctuaire, l’occasion de grandes célébrations liturgiques :
procession à la chapelle des apparitions, prière du rosaire, procession
eucharistique, translation, célébration eucharistique, etc.
Annonce de la première visite au Vatican du président polonais
Zenit,
du 11 janvier, annonce la visite au Vatican du président polonais pour le 26
janvier.
« Première
visite à l’étranger, première visite au Vatican : le service de presse de la
présidence polonaise a annoncé le 10 janvier la venue du président polonais
Lech Kaczynski au Vatican pour le 26 janvier.
Benoît XVI devrait se rendre lui-même en Pologne à la fin du mois de mai
prochain,.
Irak : Une catastrophe
électorale, selon l’évêque auxiliaire de Bagdad
« L’évêque auxiliaire de
Bagdad, Mgr Andreas Abouna, déclare que ses fidèles vivent un cauchemar depuis
que les « musulmans intégristes » ont revendiqué la victoire aux
élections de la mi-décembre.
Mgr Abouna soutient les nombreuses accusations de fraude électorale. Il affirme
que les espoirs des chrétiens se sont évanouis après les élections.
Victimes d’enlèvements, d’attentats à la dynamite et d’intimidations, les
chrétiens irakiens – a déclaré l’évêque auxiliaire de Bagdad à l’A.E.D (Aide à
l’Eglise en Détresse) – avaient espéré et prié pour que les élections
permettent de mettre fin à l’instabilité et au glissement de l’Irak vers les
Etats théocratiques islamiques.
Bien que l’on parle de bons résultats électoraux obtenus par les musulmans
sunnites, on pense que
N’ayant obtenu que trois sièges, les chrétiens n’auront selon toute probabilité
presque aucun poids dans le nouveau parlement.
Dans l’entretien accordé à l’A.E.D, Mgr Abouna explique que les chrétiens ne
savent plus s’ils doivent davantage déplorer les tactiques d’intimidation ou
celles de la falsification des bulletins de vote.
Précisant qu’ils avaient le sentiment d’être arrivés à un point de rupture,
l’évêque a expliqué que les élections ont été faussées par des « erreurs » et
des « tricheries ».
« Comment peut-on construire un gouvernement sur de fausses élections ?
s’est-il interrogé. Si l’on veut construire la démocratie, les résultats
doivent être clairs et ne doivent laisser aucune place au doute ».
Pour Mgr Abouna, assistant du patriarche chaldéen de Bagdad, cette situation
est « un vrai cauchemar. Les chrétiens sont comme pris entre deux feux pendant
que les partis luttent les uns contre les autres. Ils ont attendu longtemps
pour voir le bout du tunnel. Ils sont aujourd’hui extrêmement tristes et se
demandent quand le pays retrouvera sa stabilité ».
Mgr Abouna a accordé cet entretien au moment où les observateurs internationaux
annoncent qu’ils se préparent à se rendre en Irak, une initiative soutenue par
les Etats-Unis et les Nations Unies.
Si les résultats des élections sont confirmés, il est probable que l’UIC
poursuive l’islamisation du pays en introduisant toujours plus la loi islamique
(la charia) dans le pays ».(Zenit du 11 janvier).
Jeanne Smit, dans Présent du 13 janvier 2006, soutient la « circulaire de Gille de
Robien »
On sait que cette circulaire interdit, dans les
écoles primaires, l’utilisation pour
l’apprentissage de la lecture, de la méthode globale
« L’on sait déjà que
l’Education nationale fera de la résistance à la circulaire de Gilles de
Robien. Dans quelle mesure ? L’UNSAéducation a joué cartes sur table en faisant
savoir dès lundi dernier que les inspecteurs qui lui sont affiliés
interpréteront « avec discernement » les termes de l’interdiction de la méthode
globale. Dans un texte militant signé Patrick Roumagnac, secrétaire général de
cette section du puissant syndicat, on accuse même le ministre de tenter de ruiner
des années d’efforts pour rendre plus efficace l’enseignement de la lecture pour
tous les élèves. « Il est légitime et même réjouissant qu’un ministre
de l’Education nationale se préoccupe de l’enseignement de la
lecture, mais le sujet est à la fois trop sérieux et trop sensible pour
en faire un enjeu politicien ! », assure-t-il.
Mais avant de s’interroger
sur cette phrase et sur ce qui la sous-tend, il faut citer la conclusion de ce
communiqué, elle est limpide et en dit long sur la puissance des syndicats dans
l’enseignement : « Pour leur part, les inspecteurs continueront de
servir fidèlement le système éducatif : entre les décisions du
ministre et leur mise en œuvre par les équipes pédagogiques, ils joueront
pleinement le rôle d’interface qui est le leur au sein du Service
public… mais d’interface intelligente, c’est-à-dire capable
d’interpréter les consignes avec discernement pour préserver l’intérêt
des élèves et l’efficacité de l’école ! »
Autrement dit, ils sont prêts
à s’asseoir dessus. Il faut reconnaître que leur situation est inconfortable et
risque même de le devenir davantage au fur et à mesure que les parents parlent
aux parents des difficultés ou de la réussite de leurs enfants… Les parents,
qui
plébiscitent la méthode
Boscher et sont nombreux aujourd’hui à chercher à compenser
les failles du système
officiel ont souvent été les premiers à se mobiliser. Que penseront-ils donc de
ces inspecteurs et instituteurs qui, envers et contre les instructions officielles,
continueront d’utiliser des méthodes qui fonctionnent si mal ? Peut-être rien,
car l’amnésie et la crédulité de beaucoup de nos contemporains est insondable.
Mais il s’agit tout de même de
parer les coups, semble-t-il.
Et la parade est déjà trouvée : Gilles de Robien est accusé
(c’est ça le jeu « politicien
» dont parle l’UNSA) d’avoir fait « ressurgir des logiques partisanes dans ce
qu’elles ont de plus stupide, de plus dogmatique et de plus caricatural ». Il a
incriminé une méthode, il va perturber les maîtres, troubler les élèves les
plus fragiles, d’ailleurs la méthode n’a plus cours et les inspecteurs savent exactement
ce qui marche et ce qui ne marche pas : « Leur mission de service public
les conduit naturellement à intégrer les travaux des chercheurs comme
les réflexions conduites au sein de l’institution pour aider les maîtres
à améliorer leurs pratiques. »
Mais il y a des chercheurs
tabous ; et nous avons trop d’exemples d’instituteurs désireux d’enseigner le
b.a.-ba et qui se font rappeler à l’ordre pour croire à cette bonne volonté
proclamée. Nous avons aussi, particulièrement dans nos milieux, trop d’exemples
de la réussite de l’apprentissage alphabétique pour croire aux sirènes des pédagogistes.
D’où la manipulation actuelle
qui accable Robien en le traitant de « néoconservateur ». Dans les forums de
discussion d’enseignants, particulièrement agités par la question, le ministre
est quasiment accusé de faire le jeu de « l’extrême droite » et du Front
national, et l’on est prié d’en conclure que le but c’est d’abêtir les élèves en
les faisant ânonner des syllabes et de
mots sans aucun sens. Ainsi
ce sont en réalité les syndicats et les militants des nouvelles
pédagogies qui « politisent »
le débat en mettant une décision réaliste sur le compte d’une idéologie. Et ils
jouent sur le sentiment des parents et sur l’amour-propre des enseignants.
Voyez l’UNSA, qui plaide pour la confiance à l’égard des maîtres : «
Confiance dans leur capacité à développer en équipe des approches
prenant en compte les besoins spécifiques liés aux caractéristiques des
élèves hic et nunc, à analyser avec lucidité les ressources
disponibles et à en optimiser l’usage, à renforcer les échanges
professionnels en s’appuyant, en particulier, sur les nouvelles technologies,
à prendre en compte les évolutions de la société et les avancées de
la recherche dans le champ de la construction des savoirs, à développer
des contacts avec les parents d’élèves pour une plus grande
cohérence de la co-éducation, à solliciter en toute confiance des aides
pour parfaire leurs pratiques. »
Après avoir essuyé une larme
(si tant est que l’on a réussi à lire la phrase jusqu’au bout), il est donc
temps de se demander comment il est possible que des enfants arrivent en 6e
sans savoir lire alors qu’ils ont eu à leur disposition une telle brochette
d’experts : ceux du terrain, leurs professeurs sortis d’un même moule, ceux des
postes de commandement, ces inspecteurs qui rejettent les rares récalcitrants,
et ceux des hautes cimes qui théorisent l’enseignement de la lecture avec un
parti pris évident pour les pédagogies du cerveau droit. Et c’est à force de
les entendre que l’on peut bien sûr comprendre où se trouvent l’idéologie et la
politisation. C’est en voyant la mobilisation des Meirieu et des Goigoux, ce
dernier étant le véritable porte-flambeau de la bataille, directeur d’IUFM bien
sûr et parti sur le pied de guerre pour répandre un nouveau slogan : « La
méthode syllabique, c’est pas automatique ; parlez-en à votre
instit. » Il est certain que
nous n’avons pas fini de voir ces montées au créneau. Et que beaucoup d’instituteurs,
de parfaite bonne foi parce que c’est ainsi qu’ils croient réellement
apporter quelque chose à
leurs élèves, vont continuer à faire confiance aux spécialistes
des « sciences de l’éducation
». Dommage, car le véritable chantier est ailleurs. Il est dans l’évaluation
réelle et honnête de ce qui se passe, dès les classes maternelles où les
tout-petits sont soumis à un matraquage « global » (prénoms de la classe, jours
de la semaine, stocks de mots appris comme des dessins) qui ne les prépare pas
bien à l’apprentissage en CP, même si
celui-ci doit être
irréprochable : ils ont souvent déjà acquis de mauvais automatismes.
Il s’agirait aussi de bien
définir quelles méthodes sont les meilleures y compris parmi
celles qui ne partent pas du
mot global : Elisabeth Nuyts (L’Ecole des illusionnistes)
met ainsi en garde contre des
méthodes seulement « syllabiques » (par opposition à « alphabétiques ») sans
départ effectif et préalable depuis la lettre.
Il s’agirait aussi de
déterminer très clairement quelles méthodes sont réellement alphabétiques, à
l’heure où les partisans des nouvelles pédagogies prétendent que les manuels
« les plus utilisés », Ratus
et Gafi correspondent bien aux critères de la circulaire Robien
qu’ils vilipendent par ailleurs (allez comprendre, en ce domaine la logique
n’est pas la première invitée…). Sur ce dernier point, des travaux sont en cours.
Il serait intéressant de connaître les pratiques et les méthodes qui ont cours
dans les écoles libres où la lecture est enseignée avec succès…
JEANNE SMITS
Géopolitique : nouvelles donnes
Le nouveau Grand Jeu
Dans Valeurs Actuelles n°
3606 du 6 Janvier 2006, on peut lire cet
intéressant article
«Face à l’Otan, l’Organisation
de Shanghai : une alliance centrée sur
Une géopolitique peut en cacher une autre. Depuis 2001, les États-Unis ont
fait de la “guerre contre le terrorisme” leur priorité, notamment au Proche et
au Moyen-Orient. Mais d’autres conflits, d’autres tensions, sont en train de
prendre forme. Voici un peu plus de deux mois, les six pays membres de
l’Organisation pour la coopération de Shanghai (OCS) –
La Chine, devenue la “manufacture du monde”, connaît depuis plus de deux
décennies un taux de croissance annuel de 9 % en moyenne.
La Chine est l’État le plus peuplé de la planète (1,3 milliard d’habitants),
À la dernière réunion de l’OCS, trois autres pays étaient présents à titre
d’observateurs : l’Inde, représentée par son ministre des Affaires étrangères
Natwar Singh, le Pakistan, par son premier ministre Shaukat Aziz, et l’Iran,
par son vice-président Parviz Davoudi. Deux des trois, l’Inde et le Pakistan,
sont des puissances nucléaires. Le troisième, l’Iran, aspire à le devenir.
L’informatique, atout maître de l’Inde.
Un de ces États, l’Inde, dispose d’une population comparable à celle de
Les puissances eurasiatiques présentent le plus souvent l’OCS comme une
“réponse aux menaces terroristes révélées par les attentats du 11 septembre
Pendan
Mais à partir de la deuxième phase, la bataille d’Irak, l’OCS reprend ses
distances. Plusieurs facteurs ont joué.
1. En 2001, les États-Unis apparaissent comme une superpuissance absolue, avec
laquelle il vaut mieux s’entendre. Deux ans plus tard, Washington a perdu son
aura. Les deux principaux pays de l’Union européenne, l’Allemagne et
2. L’un des buts avoués de la “guerre contre le terrorisme” est d’assurer la
sécurité des approvisionnements énergétiques du monde industriel, tant au Moyen-Orient
qu’en Asie centrale. Les pays eurasiatiques, dont les besoins en énergie
croissent très vite, ne voient pas pourquoi ils devraient dépendre de
Washington sur ce point. En fait, ils soupçonnent les Américains de freiner
leur développement en organisant une sorte d’OPA stratégique mondiale sur les
hydrocarbures.
3. La doctrine Bush combine cette guerre avec le renforcement de la démocratie
et des droits de l’homme. Les pays de l’OCS actuelle ont tendance à interpréter
cette “croisade de la liberté” comme une manœuvre géopolitique dirigée contre
leurs intérêts.
Le XXIe siècle, “pacifique” ou
“altaïque” ?.
4. À partir de 2003, les pays eurasiatiques cessent de croire à l’avenir des
États-Unis, pays surendetté dont la monnaie fléchit, et de l’Europe, économie
étranglée par une protection sociale excessive et une monnaie
ultradéflationniste. Ils retrouvent la confiance en eux-mêmes qu’ils avaient
avant le crash de 1997 : le XXIe siècle, à leurs yeux, ne sera pas tant
“pacifique”, ce qui suppose une participation américaine importante,
qu’“altaïque”, c’est-à-dire centré sur l’Asie centrale, “mère des peuples”.
Jusqu’où peut aller la coopération au sein de l’OCS ? Le binôme sino-russe n’a
cessé de se renforcer. En août 2005, lors des manœuvres conjointes dans
l’Extrême-Orient russe, les armées des deux pays ont mis en scène une
intervention dans un secteur “en proie à une déstabilisation téléguidée de
l’extérieur”.
Les pays d’Asie centrale restent prudents : si l’Ouzbékistan a exigé la
fermeture de la base américaine de Karshi-Khanabad, le Kirghizstan maintient
celle de Manas, et le Kazakhstan continue à accueillir une importante mission
militaire sur son territoire.
En Inde, le revirement pro-OCS coïncide avec le retour au pouvoir, en 2004, de
la gauche (le parti du Congrès), traditionnellement prorusse, mais le
rapprochement avec l’Amérique amorcé auparavant par la droite (le BJP
nationaliste hindou) n’a pas été dénoncé en tant que tel. Le Pakistan, qui
cumule une alliance américaine et une alliance chinoise, a imité l’Inde pour
éviter un éventuel isolement. Quant à l’Iran, c’est à la fois un allié
traditionnel de
« À terme, note un expert du Nixon Center, rien ne garantit que les six membres
actuels de l’alliance et les trois membres potentiels aillent jusqu’au bout de
leur projet. Mais ce sera le cas de la plus grande partie d’entre eux. » Ce
réalignement ne manquera pas d’en provoquer d’autres, selon la logique de
l’équilibre des puissances. Si le Japon de Junichiro Koizumi (réélu en
septembre 2005) se pose en contrepoids asiatique de
Et l’Europe ? L’antiaméricanisme strident de 2003 n’est plus de mise au niveau
gouvernemental, ni en Allemagne, ni en France. La menace industrielle et
commerciale asiatique est prise au sérieux. Mais on ne tire pas nécessairement
toutes les conséquences du nouveau rapport de forces planétaire. Le cas Gazprom
est assez éloquent. Derrière les “contrats du siècle” signés par Gerhard
Schröder et d’autres hommes politiques, dans des conditions assez obscures,
c’est un projet de l’époque soviétique qui est en cours de réalisation :
l’inféodation de l’industrie européenne au gaz naturel sibérien, pour des
décennies… Michel Gurfinkiel