Les Nouvelles
de
Chrétienté


n°45

Le 17 mars 2006

 

1-L’enseignement de Benoît XVI

 

a- Choisir résolument la vie, ce que Benoît XVI appelle « l’option pour la vie »

b-Benoît XVI et son estime pour la mère de famille.

c-Foi et Eglise.

d-Les menaces sur la famille et pourtant  son importance.

e-Le ministère sacerdotal et la femme dans l’Eglise. Son rôle dans l’Eglise

f- L’Afrique, l’Europe et l’Eglise.

g-Interprétation par Benoît XVI de son discours du 22 décembre 2005.

 

2-Les nouvelles de Rome

a-Changements à la Curie : le pape unit 4 conseils sous la présidence de 2 cardinaux

b-Jean-Paul II face aux balles du KGB

3-L’affaire de « Da Vinci Code

a-L’Eglise catholique aux USA crée un site internetréfutant le « Da Vinci Code »

b-Un Professeur d'Université Israelien juge "Da Vinci Code"

 

4-Les Nouvelles de France

 

Les bons papiers de Jean Madiran dans Présent de cette semaine

 

5- Les Dangers d’internet

 

6- Réflexions sur l’Islam et l’islamisation

 

a-Conflit de cultures

b-Le Saint Siège : les différences entre l’Islam et Christianisme.

 

7-Les Nouvelles d’Algérie.

 

« Ce n’était pas facile d’être chrétien ou juif en Algérie. Ça va devenir pire encore »

 

1-L’enseignement de Benoît XVI

 

 

Le jeudi 2 mars, Benoît XVI a reçu les membres du clergé de Rome, au Vatican, comme il a coutume de le faire en début de carême. Il a répondu aux questions du clergé « ex abundantia cordis ». Il a ainsi abordé plusieurs questions. Je retiens ici les interventions du Pape qui m’apparaissent les plus importantes.

 

a- Choisir résolument la vie, ce que Benoît XVI appelle « l’option pour la vie »

 

 

« Choisir la vie. Telle est notre vocation sacerdotale: choisir nous aussi la vie et aider les autres à choisir la vie. Il s'agit de renouveler pendant le Carême, notre « option fondamentale » en quelque sorte, l'option pour la vie.


1-Le monde moderne  refuse le christianisme qui est vu comme « une option contre la vie » en raison de ses interdictions. L’influence de Nietzsche. Le monde moderne affirme  volontiers : « nous voulons avoir la vie en abondance, rien d'autre que la vie »

 

Mais une question se pose immédiatement: comment choisit-on la vie? Comment fait-on ? En réfléchissant, il m'est venu à l'esprit que la grande défection du christianisme qu’a vécu l’Occident au cours des cent dernières années s’est réalisée précisément au nom de l'option pour la vie. On a dit — je pense à Nietzsche, mais également à tant d'autres — que le christianisme est une option contre la vie. A travers la Croix, à travers tous les commandements, à travers tous les « non » qu'il nous propose, il nous ferme la porte de la vie. Mais nous, nous voulons avoir la vie, et nous choisissons, nous optons, finalement, pour la vie en nous libérant de la Croix, en nous libérant de tous ces commandements et de tous ces « non ». Nous voulons avoir la vie en abondance, rien d'autre que la vie.

2- Le pape réfute cette présentation du christianisme en invoquant immédiatement la phrase de l’Evangile : « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera » (Lc 9, 24).Il affirme que «  l'option pour la vie et l'option pour Dieu sont identiques ». L’un ne va pas sans l’autre. Dès lors « Un monde vide de Dieu, un monde qui a oublié Dieu perd la vie, affirme le pape, et tombe dans une culture de la mort ». « Ainsi, en choisissant ce Dieu, le Christ, nous choisissons la vie ». A contrario « Une société qui oublie Dieu, qui exclut Dieu, précisément pour avoir la vie, tombe dans une culture de la mort. Dès lors la véritable pastorale consiste à « donner Dieu ».

 

Ici vient immédiatement en mémoire la parole de l'Evangile d'aujourd'hui : « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera » (Lc 9, 24). Tel est le paradoxe que nous devons avant tout garder en mémoire dans l'option pour la vie. Ce n'est pas en s’arrogeant la vie pour soi-même qu’on la trouve, mais seulement en la donnant, ce n'est pas en ayant la vie et en la prenant, mais en la donnant, qu’on peut la trouver. Tel est le sens ultime de la Croix: ne pas garder pour soi, mais donner la vie.

Ainsi, Nouveau et Ancien Testament vont de pair. Dans la première Lecture du Deutéronome, la réponse de Dieu est: « Écoute les commandements que je te donne aujourd'hui : aimer le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins, garder ses ordres, ses commandements et ses décrets. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession » (30, 16). A première vue, cela ne nous plaît pas, mais c’est le chemin: l'option pour la vie et l'option pour Dieu sont identiques. Le Seigneur le dit dans l'Evangile de saint Jean: « La vie éternelle, c'est de te connaître, toi » (Jn 17, 3). La vie humaine est une relation. Ce n'est qu'au sein d'une relation, et non pas fermés sur nous-mêmes, que nous pouvons avoir la vie. Et la relation fondamentale est la relation avec le Créateur, car les autres relations sont fragiles. Choisir Dieu est donc l'essentiel. Un monde vide de Dieu, un monde qui a oublié Dieu perd la vie et tombe dans une culture de la mort. Choisir la vie, faire le choix de la vie, signifie donc avant tout choisir l'option-relation avec Dieu. Mais la question suivante se pose aussitôt: avec quel Dieu ? Ici encore, l'Evangile nous vient en aide: avec ce Dieu qui nous a montré son visage dans le Christ, avec le Dieu qui a vaincu la haine sur la Croix, c'est-à-dire dans l'amour jusqu'à la fin. Ainsi, en choisissant ce Dieu, nous choisissons la vie.

Le pape Jean-Paul II nous a donné la grande encyclique Evangelium vitae. Il apparaît de façon visible, dans cette encyclique — qui est en quelque sorte un tour d'horizon des problèmes de la culture actuelle, de ses espérances et de ses dangers — qu'une société qui oublie Dieu, qui exclut Dieu, précisément pour avoir la vie, tombe dans une culture de la mort. C'est précisément en voulant avoir la vie que l'on dit « non » à l'enfant, car il ôte quelque chose à ma vie; on dit « non » à l'avenir, pour avoir tout le présent ; on dit « non » tant à la vie qui naît qu'à la vie qui souffre, qui va vers la mort. Cette apparente culture de la vie devient l'anti-culture de la mort, dans laquelle Dieu est absent, dans laquelle est absent le Dieu qui n'ordonne pas la haine, mais qui vainc la haine. Ici, nous faisons le choix véritable de la vie. Tout est alors lié: l'option la plus profonde pour le Christ crucifié avec l'option la plus totale pour la vie, du premier jusqu’au dernier moment.

Cela me semble, d'une certaine façon, également le coeur de notre pastorale; aider à faire un véritable choix pour la vie, renouveler la relation avec Dieu comme la relation qui nous donne la vie et nous indique le chemin vers la vie. Et ainsi, aimer à nouveau le Christ qui, de l'Etre le plus inconnu auquel nous n'arrivions pas et qui demeurait énigmatique, est devenu un Dieu connu, un Dieu au visage humain, un Dieu qui est amour. Nous gardons précisément à l'esprit ce point fondamental pour la vie et nous considérons que dans ce programme est présent tout l'Evangile, de l'Ancien au Nouveau Testament, qui a comme centre le Christ. Le Carême, pour nous aussi, devrait être un temps pour renouveler notre connaissance de Dieu, notre amitié avec Jésus, pour être ainsi capables de guider les autres de façon convaincante à l'option pour la vie, qui est avant tout une option pour Dieu. Nous devons comprendre clairement qu'en choisissant le Christ, nous n'avons pas choisi la négation de la vie, mais nous avons réellement choisi la vie en abondance.

L'option chrétienne est, au fond, très simple: il s'agit de l'option du « oui » à la vie. Mais ce « oui » ne se réalise qu'avec un Dieu qui n’est pas inconnu, avec un Dieu au visage humain. Il se réalise en suivant ce Dieu dans la communion de l'amour. ».

 

b-Benoît XVI et son estime pour la mère de famille.

 

Parce qu’elle donne la vie et parce qu’elle forme dans l’âme de leurs enfants l’amour de Jésus.

 

« Venons-en à présent à la deuxième intervention, si sympathique, à propos des mères. Je dirais qu'à présent, je n'ai pas de grands programmes, de paroles que vous puissiez transmettre aux mères. Dites simplement: le pape vous remercie ! Il vous remercie, car vous avez donné la vie, car vous voulez aider cette vie qui grandit et vous voulez ainsi construire un monde humain, contribuant à un avenir humain. Et vous le faites non seulement en donnant la vie biologique, mais en communiquant le centre de la vie, en voulant faire connaître Jésus, en introduisant vos enfants à la connaissance de Jésus, à l'amitié avec Jésus. Tel est le fondement de toute catéchèse. Il faut donc remercier les mères, surtout car elles ont eu le courage de donner la vie. Et il faut prier les mères de compléter ce don de la vie par le don de l'amitié avec Jésus »

 

c-Foi et Eglise.

 

La foi est un don de Dieu qui se vit dans l’Eglise.

« A présent, venons-en à la quatrième question….« Comment parvenir à une foi vivante, à une foi réellement catholique, à une foi concrète, vive et efficace ? ». La foi, en définitive, est un don. La première condition est donc de se laisser donner quelque chose, de ne pas être auto-suffisants, de pas faire tout tout seul, car cela n'est pas possible, mais de nous ouvrir, conscients du fait que le Seigneur donne réellement. Il me semble que ce geste d'ouverture est également le premier geste de la prière: être ouvert à la présence du Seigneur et à son don. C’est aussi le premier pas lorsque nous recevons quelque chose que nous ne faisons pas et que nous ne pouvons pas avoir par nous-mêmes. Ce geste d'ouverture, de prière — donne-moi la foi, Seigneur ! — doit être réalisé de tout notre être. Nous devons entrer dans cette disponibilité d'accepter ce don et de laisser ce don imprégner notre pensée, nos sentiments, notre volonté. Il me semble très important ici de souligner un point essentiel: personne ne croit, seul, par lui-même. Nous croyons toujours dans et avec l'Eglise. Le credo est toujours un acte partagé, qui nous introduit dans une communion de chemin, de vie, de parole, de pensée. Nous n'« accomplissons » pas la foi, en ce sens que c'est avant tout Dieu qui la donne. Mais nous ne l'« accomplissons » pas également dans le sens où elle ne doit pas être inventée par nous. Nous devons nous laisser entraîner, d’une certaine manière, dans la communion de la foi, de l'Eglise. Croire est un acte catholique en soi. C'est une participation à cette grande certitude, qui est présente dans le sujet vivant de l'Eglise. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons également comprendre l'Ecriture Sainte dans la diversité d'une lecture qui se développe depuis mille ans. Il s'agit d'une Ecriture, car c'est l'expression de l'unique sujet — le Peuple de Dieu — qui, au cours de son pèlerinage, est toujours le même sujet. Naturellement, il s'agit d'un sujet qui ne parle pas de lui-même, mais c'est un sujet créé par Dieu — l'expression classique est « inspiré » —, un sujet qui reçoit, puis qui traduit et communique cette parole. Cette synergie est très importante. Nous savons que le Coran, selon la foi islamique, est une parole donnée oralement par Dieu, sans médiation humaine. Le Prophète n'y est pour rien. Il l'a uniquement écrite et transmise. C'est la pure parole de Dieu. Tandis que pour nous, Dieu entre en communion avec nous, il nous fait coopérer, il crée ce sujet et c'est dans ce sujet que croît et se développe sa parole. Cette partie humaine est essentielle, et nous donne également la possibilité de voir que les paroles individuelles ne deviennent réellement Parole de Dieu que dans l'unité de toute l'Ecriture, dans le sujet vivant du peuple de Dieu. Le premier élément est donc le don de Dieu; le second est la participation à la foi du peuple en pèlerinage, la communion dans la Sainte Eglise, qui, pour sa part, reçoit le Verbe de Dieu, qui est le Corps du Christ, animé par la Parole vivante, par le Logos divin. Nous devons approfondir, jour après jour, notre communion avec la Sainte Eglise et ainsi avec la Parole de Dieu. Il ne s'agit pas de deux choses opposées, si bien que nous ne pouvons pas dire: je préfère l'Eglise ou je préfère la Parole de Dieu. On fait partie de l'Eglise, on devient membre de l'Eglise, et en même temps on vit de la Parole de Dieu, qui est la force de vie dans l'Eglise. Et celui qui vit de la Parole de Dieu ne peut la vivre que parce qu'elle est active et vitale dans l'Eglise vivante »

 

d-Les menaces sur la famille et pourtant  son importance.

 

« La famille est fortement menacée, « comme nous le savons, en Occident. Nous devons aider d’autant plus, en tant qu'Eglise, les familles qui représentent la cellule fondamentale de toute société saine. C’est le seul moyen de créer dans la famille une communion des générations, dans laquelle la mémoire du passé vit dans le présent et s'ouvre à l'avenir. Ainsi, la vie se poursuit, se développe et va réellement de l'avant. Aucun véritable progrès n'est possible sans cette continuité de vie, et, de même, sans l'élément religieux. Sans la confiance en Dieu, sans la confiance dans le Christ qui nous donne également la capacité de la foi et de la vie, la famille ne peut survivre. Nous le voyons aujourd'hui. Seule la foi dans le Christ et seul le partage de la foi de l'Eglise sauve la famille et, d'autre part, l’Eglise ne peut vivre que si la famille est sauvée. Je ne possède pas de solution toute faite. Mais il me semble que nous devons toujours garder cela à l'esprit. C'est pourquoi nous devons faire tout notre possible pour sauvegarder la famille: cercles familiaux, catéchèses familiales, enseigner la prière en famille. Cela me semble très important: là où l'on prie ensemble, là où le Seigneur est présent, est présente cette force qui peut également rompre la «sclérose», la dureté du cœur qui, selon le Seigneur, est le véritable motif du divorce. Seule la présence du Seigneur, nous aide à vivre réellement ce qui était voulu dès le début par le Créateur et qui a été renouvelé par le Rédempteur. Enseigner la prière familiale et ainsi, inviter à la prière avec l'Eglise. Et trouver ensuite d’autres moyens »

 

e-Le ministère sacerdotal et la femme dans l’Eglise. Son rôle dans l’Eglise

 

Autre le ministère sacerdotal accompli comme « sacrement » du Christ, i.e. « in persona Christi », autre le rôle des femmes et leurs grandes responsabilités dans l’Eglise et même dans son gouvernement. Voyez les saintes femmes…Sainte Hildegarde, Sainte Cathérine de Sienne, Sainte Brigitte, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Mère Teresa…

 

« Je réponds à présent au vicaire de Saint-Jérôme — je constate également qu'il est très jeune — qui nous parle de ce qu'accomplissent les femmes dans l'Eglise, également pour les prêtres. Je dois souligner que je suis toujours très impressionné, dans le premier Canon, le Canon romain, par la prière spéciale pour les prêtres: « Nobis quoque peccatoribus ». Voilà, dans cette humble réalité des prêtres, nous, précisément en tant que pécheurs, nous prions le Seigneur pour qu'il nous aide à être ses serviteurs. Dans cette prière pour les prêtres, et seulement dans celle-ci, apparaissent sept femmes qui entourent le prêtre. Celles-ci se présentent précisément comme les femmes croyantes qui nous aident sur notre chemin. Chacun a certainement vécu cette expérience. Et ainsi, l'Eglise a une grande dette de reconnaissance à l'égard des femmes. Et vous avez justement souligné que, au niveau charismatique, les femmes font beaucoup, j'oserais dire, pour le gouvernement de l'Eglise, à commencer par les religieuses, par les sœurs des grands Pères de l'Eglise, comme saint Ambroise, jusqu'aux grands noms du Moyen-âge — sainte Hildegarde, sainte Catherine de Sienne, puis sainte Thérèse d'Avila — et jusqu'à Mère Teresa. Je dirais que ce secteur charismatique se distingue certainement du secteur ministériel au sens strict du terme, mais il s'agit d'une participation véritable et profonde au gouvernement de l'Eglise. Comment pourrait-on imaginer le gouvernement de l'Eglise sans cette contribution, qui devient parfois très visible, comme lorsque sainte Hildegarde critique les évêques ou lorsque sainte Brigitte et sainte Catherine de Sienne lancent des admonestations et obtiennent le retour des papes à Rome? Il s'agit toujours d'un facteur déterminant, sans lequel l'Eglise ne peut pas vivre. Toutefois, vous dites à juste titre: nous voulons voir de manière plus visible, également de façon ministérielle, les femmes dans le gouvernement de l'Eglise. Disons que la question est la suivante. Le ministère sacerdotal du Seigneur est, comme nous le savons, réservé aux hommes, dans la mesure où le ministère sacerdotal est un gouvernement au sens profond qui, en définitive, est le Sacrement qui gouverne l'Eglise. Voilà le point décisif. Ce n'est pas l'homme qui fait quelque chose, mais le prêtre fidèle à sa mission qui gouverne, dans le sens où il est le Sacrement; c'est-à-dire, qu’à travers le Sacrement c'est le Christ lui-même qui gouverne, que ce soit à travers l'Eucharistie ou les autres Sacrements, et ainsi le Christ préside toujours. Toutefois, il est juste de se demander si, dans le service ministériel aussi — malgré le fait que le Sacrement et le charisme sont ici la voie unique par laquelle se réalise l'Eglise —, on ne peut pas offrir plus de place, plus de postes de responsabilité aux femmes. »

 

 

f- L’Afrique, l’Europe et l’Eglise.

 

« Cela nous fait penser au continent africain, qui est la grande espérance de l'Eglise. J'ai reçu ces derniers mois une grande partie des évêques africains en visite « ad limina ». Cela a été très édifiant pour moi, et aussi réconfortant, de voir des évêques de haut niveau théologique et culturel, des évêques zélés, qui sont réellement animés par la joie de la foi. Nous savons que cette Eglise se trouve entre de bonnes mains, mais qu’elle souffre, car les nations ne se sont pas encore formées. En Europe, c'est précisément par l'intermédiaire du christianisme que, au-delà des ethnies qui existaient, se sont formés les grands corps des nations, les grandes langues, et ainsi des communions de cultures et des espaces de paix. Même si, ensuite, ces grands espaces de paix se sont opposés entre eux et ont aussi créé une nouvelle espèce de guerre qui n'existait pas auparavant. Toutefois, en Afrique, dans de nombreuses régions, cette situation existe encore, surtout là où il y a des ethnies dominantes. Le pouvoir colonial a ensuite imposé des frontières, entre lesquelles doivent à présent se former des nations. Mais il existe encore cette difficulté à se retrouver dans un grand ensemble et à trouver, au-delà des ethnies, l'unité du gouvernement démocratique et également la possibilité de s'opposer aux abus coloniaux qui continuent. De plus, l’Afrique continue à être, toujours de la part des grandes puissances, l'objet d'abus, et de nombreux conflits n'auraient pas pris cette forme sans la présence des intérêts des grandes puissances. J'ai pu constater aussi que l'Eglise, dans toute cette confusion, avec son unité catholique, est le grand facteur qui unit face à la dispersion. Dans de nombreuses situations, surtout après la grande guerre dans la République démocratique du Congo, l'Eglise est restée l'unique réalité qui fonctionne et qui permet que la vie se poursuive, qui apporte l'assistance nécessaire, qui garantit la coexistence et qui aide à trouver la possibilité de réaliser un grand ensemble. C'est pourquoi, dans ces situations, l'Eglise accomplit également un service remplaçant l’action politique, dans la mesure où elle donne la possibilité de vivre ensemble et de reconstruire, après les destructions, la communion, de reconstruire l'esprit de réconciliation, après que la haine ait éclaté. De nombreuses personnes m'ont dit que, précisément dans ces situations, le Sacrement de la Pénitence est d'une grande importance comme force de réconciliation et doit également être administré dans ce sens. Je voulais, en un mot, dire que l'Afrique est un continent de grande espérance, de grande foi, de réalités ecclésiales émouvantes, de prêtres et d'évêques zélés. Mais c'est également toujours un continent qui a besoin — après les destructions que l'Europe y a causées — de notre aide fraternelle. Celle-ci ne peut que naître de la foi, qui crée également la charité universelle au-delà des divisions humaines. Telle est notre grande responsabilité en ce temps. L'Europe a importé ses idéologies, ses intérêts, mais elle a également importé, avec la mission, le facteur de la guérison. Aujourd'hui, nous avons encore davantage la responsabilité d'avoir nous aussi une foi zélée, qui puisse être communiquée, qui veut aider les autres, qui est bien consciente que donner la foi ne signifie pas introduire une force d'aliénation, mais apporter le don véritable dont l'homme a besoin, précisément pour être aussi une créature de l'amour ».

 

g-Interprétation par Benoît XVI de son discours du 22 décembre 2005.

 

« Il ne faut pas vivre — comme je l'ai dit avant Noël à la Curie romaine — l'herméneutique de la discontinuité, mais vivre l'herméneutique du renouveau, qui est la spiritualité de la continuité, du mouvement en avant dans la continuité…. Nous devons accepter la nouveauté, mais également aimer la continuité et voir le Concile dans cette optique de la continuité ».

 

2-Les nouvelles de Rome

a-Changements à la Curie : le pape unit 4 conseils sous la présidence de 2 cardinaux

Le cardinal Paul Poupard et le cardinal Renato Raffaele Martino

Ce samedi 11 mars 2006,  la salle de presse du Saint-Siège annonçait que le pape Benoît XVI a uni quatre conseils sous la présidence de deux cardinaux, annonçait.

Le pape a accepté la démission, pour limite d’âge, du cardinal Stephen Fumio Hamao, président du Conseil pontifical de la Pastorale des Migrants et des Itinérants, et « pour le moment a uni la présidence de ce Conseil à celle du Conseil pontifical Justice et Paix », affirme le communiqué du Vatican.

« En conséquence, le pape a nommé le cardinal Renato Raffaele Martino comme nouveau président du Conseil pontifical de la Pastorale pour les Migrants et les Itinérants », ajoute-t-il.

Le cardinal Martino, 73 ans, est président du Conseil pontifical Justice et Paix depuis octobre 2002. Il avait auparavant été, en qualité de nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies à New York.

Le communiqué précise par ailleurs que « le pape, afin de favoriser un dialogue plus intense entre les hommes de culture et les représentants des différentes religions, a uni, pour le moment, la présidence du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux à celle du Conseil pontifical de la Culture et, en conséquence, nommé le cardinal Paul Poupard comme président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux ».

Le dernier président de ce Conseil était l’archevêque britannique Michael Louis Fitzgerald, récemment nommé nonce apostolique en Egypte et délégué du Saint-Siège auprès de l’Organisation de la Ligue des Etats Arabes.

La cardinal Poupard, 75 ans, fut collaborateur de Jean XXIII puis de Paul VI à la Secrétairerie d’Etat. Jean-Paul II le nomma président du Secrétariat pour les Non croyants (1980) et président du Conseil pontifical de la Culture dès sa création (1982).

Cette initiative de Benoît XVI va dans le sens d’une proposition de réduire les structures de la Curie romaine, évoquée publiquement par le cardinal Joseph Ratzinger dans le passé.


b-Jean-Paul II face aux balles du KGB

 

Dans Présent du mardi 14 mars.

 

« Les enquêtes successives sur l’identité des commanditaires de l’attentat contre Jean-Paul II le 13 mai 1981 évoquaient toutes la responsabilité du KGB. Une enquête récente vient les confirmer, déclenchant la fureur des maîtres actuels du Kremlin… Et pour cause : tous ou presque) sont issus des rangs de l’organisme incriminé ! Pour comprendre cette réaction, il faut se souvenir que, face à la domination soviétique, la résistance des peuples à majorité catholique fut sans conteste plus forte et plus structurée que celle des pays à majorité orthodoxe. Les insurrections hongroises, tchèques, polonaises allaient durablement ébranler le bloc de l’Est. Les Eglises catholiques locales étaient au côté du peuple, le soutenant dans toutes les épreuves. Au prix de lourds sacrifices. D’où cette haine féroce du Kremlin à l’encontre du Vatican. A l’inverse, en URSS même, les autorités marxistes, dès le début de leur prise du pouvoir et au prix d’une répression, sans merci de la religion, ont su muscler et mettre au pas la partie du clergé orthodoxe qui acceptait les diktats du pouvoir. Les récalcitrants furent éliminés. Cette allégeance au régime correspondait aux directives du métropolite Serge qui, en 1927, affirmait sa loyauté aux Soviets. Ainsi inféodés au système, de hauts dignitaires du Patriarcat de Moscou osèrent même affirmer que « les joies et les peines » du gouvernement soviétique

étaient aussi « les joies et les peines » de l’Eglise orthodoxe russe. Au même moment des millions de chrétiens disparaissaient dans l’enfer du Goulag. Pire encore : de nombreux ecclésiastiques rejoindront les rangs du NKVD puis du KGB avec, en prime, des grades d’officiers au service d’un pouvoir athée ! Certains, en Occident, rêvaient d’apparenter le KGB à une sorte d’Ecole d’administration et de formation de la nouvelle élite russe, voire même à

une « nouvelle aristocratie ». C’est par le mensonge, la corruption, la manipulation, la désinformation, la délation, la torture et le meurtre que les hommes du KGB ont tenté d’asservir les peuples et les nations. Quel titre de noblesse peuton accorder à cette « élite », assurément, mais une « élite » marxiste-léniniste, pour de tels actes ? L’avènement d’un pape polonais représentait en effet une grave menace pour la dictature soviétique qui venait de subir de sérieux revers en Pologne depuis la naissance de Solidarnosc. Un bouleversement moral, spirituel et populaire se précisait.

En URSS même, les chrétiens orthodoxes sincères voyaient en Jean-Paul II un envoyé de Dieu. Celui qui allait réveiller les consciences et contribuer enfin à la disparition de l’athéisme. Ce nouveau Pape, hors du commun, n’accepterait aucun compromis et le KGB l’avait très bien compris. Aussi, pour préserver son influence et sauver le système soviétique, n’allait-il pas hésiter à recourir à des moyens extrêmes. Mais Dieu veillait sur la vie de Jean- Paul II afin que passe sur le monde, de nouveau, un vrai message d’amour et de paix.

Réflexions d’un ours (russe) blanc

Mickta

3-L’affaire de « Da Vinci Code

 

a-L’Eglise catholique aux USA crée un site internetréfutant le « Da Vinci Code »

 

« L’Eglise catholique américaine a mis en ligne un site internet destiné à réfuter les assertions du roman Da Vinci Code, dont l’adaptation au grand écran sort en mai prochain. Le site Jesusdecoded.com est destiné à « fournir des informations exactes sur Jésus, l’enseignement catholique et d’autres sujets mentionnés dans le Da Vinci Code, explique le service de communication de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB). Ce site inclut des articles de théologiens, de commentateurs des médias, d’experts en art et autres, apportant des explications, mais réfute aussi des spéculations et des inexactitudes

sur le Christ et les origines de la chrétienté. L’USCCB a parallèlement réalisé un documentaire télévisé dans le même but. Le directeur de la communication de l’USCCB, Mgr Francis Maniscalco, précise que cette initiative n’est pas un réflexe d’autodéfense.

 

 Les journalistes ont demandé si un roman, même qui se vend très bien, peut gravement porter atteinte à une Eglise d’un milliard de croyants. Non, pas sur le long terme. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. L’inquiétude pastorale de l’Eglise est pour chaque personne et l’image qu’elle a de Jésus. Vendu à près de 40 millions d’exemplaires dans le monde, Da Vinci Code prend comme postulat l’existence d’une descendance de Jésus avec Marie-Madeleine, qui aurait été occultée par le Vatican et l’Eglise catholique pendant vingt siècles. Considéré comme l’un des événements cinématographiques de l’année 2006, le film à gros budget adapté du livre, tourné par Ron Howard, avec Tom Hanks, Audrey Tautou et Jean Reno dans les rôles principaux, sort le 19 mai prochain aux Etats-Unis ».

Présent du 14 mars 2006

 

b-Un Professeur d'Université Israelien juge "Da Vinci Code"

Da Vinci Code est un roman à suspens dont l’essentiel de l’intrigue consiste à percer un code. Mais, si le début est prometteur, tout ce qui suit concernant le code est assez décevant, écrit Aviad Kleinberg, professeur à l’Université de Tel-Aviv, dans le "Haaretz Daily de Jérusalem" .

Haaretz Daily de Jérusalem
17 Juin 2004

Le roman passe rapidement d’un cliché à un autre, est rempli d’éléments logiques et psychologiques peu probables et culmine dans un dénouement à l’eau de rose (...).
Il semble que le succès du livre ne soit dû ni à la complexité des énigmes, ni à sa piètre qualité littéraire. Ce qui passionne nombre de lecteurs, c’est la prétendue révélation et l’interprétation audacieuse de matériaux authentiques de l’histoire de la chrétienté et de la religion chrétienne. Da Vinci Code se propose de mettre à jour une conspiration et de montrer sur quoi elle se fonde. Bien sûr, l’auteur ne nie pas que son livre soit un roman. Mais il affirme que celui-ci se base sur un matériau authentique qui soulève quelques questions.”

En effet, cette affaire de Jésus épousant Marie-Madeleine n’est pas très crédible, même si, en ayant recours à ce subterfuge historique, Dan Brown prétend caresser une partie de son public dans le sens du poil pour insinuer que l’Église a depuis toujours refoulé la féminité.

“Qu’il y a-t-il de vrai dans cette histoire?”, demande le journaliste israélien. “Quasiment rien. Les principales affirmations de Brown sont tirées d’une suite d’inventions concoctées en France dans les années trente et quarante par un groupes d’adeptes de doctrines ésotériques, des gauchistes, des antisémites et des partisans de Pétain.

Plus tard, ces absurdités ont acquis une certaine publicité et elles ont circulé dans de nombreux livres, dont le plus connu est Sang sacré, Graal sacré, publié dans les années quatre-vingt, et qui eut un très vif succès. Toutes ces inventions (sur le Prieuré de Sion et la prétendue liste de ces responsables) furent démasquées il y a pas mal de temps, y compris les dossiers secrets que Brown mentionne comme d’authentiques documents de la Bibliothèque Nationale de Paris. La bibliothèque nationale de Paris, tout comme la bibliothèque Universitaire et Nationale Juive à Jérusalem et la Bibliothèque du Congrès, contient ces documents-là. Elle n’est pas responsable de leur contenu et de leur qualité. (...) La théologie catholique est allée très loin et avec audace dans la voie du culte de la Mère, la mère de Dieu. L’Eglise n’était pas affranchie des préjugés courants à cette époque. Les femmes étaient pécheresses et insensées, mais sur le plan spirituel, l’Eglise a montré un vrai respect envers les femmes. Il y eut et il y a beaucoup de saintes et de mystiques parmi les femmes, qui ont suscité et suscitent encore respect et vénération. Les autorités ecclésiastiques n’ont jamais dit que Marie-Madeleine était une prostituée (cette idée a en fait une origine populaire). Elle continue d’être considérée comme une sainte importante et centrale qui obligeamment a laissé la primauté à une figure plus importante qu’elle.”

À l’appui de ses critiques, Aviad Kleinberg rappelle notamment

1. qu’”à l’époque de Constantin, le christianisme n’était pas une religion en expansion, mais une secte persécutée dont l’existence même était en danger” et qu’” concile de Nicée, il ne fut pas décidé que Jésus était de nature divine — ce fait est déjà suggéré dans le Nouveau Testament et a été accepté par la plupart des chrétiens depuis les débuts du christianisme. Il fut décidé lors de ce concile de rejeter la doctrine arienne selon laquelle le Père avait préséance sur le fils. Les résultats du vote ne furent pas du tout équilibrés comme le prétend Brown mais il se dégagea un forte majorité contre les ariens.”

2. qu’il n’y eut jamais “d’ordre secret appelé Le Prieuré de Sion. L’ordre des Templiers fut créé en 1119 à Jérusalem, c’était un ordre militaire qui n’avait pas de prétention ésotérique ou vraiment spirituelle. Après la conquête de la Terre sainte par les musulmans, cet ordre se consacra à des activités financières. Ce qui suscita la convoitise du roi de France, ce ne fut pas une quelconque doctrine secrète mais plutôt l’énorme richesse de l’ordre. Les confessions extorquées aux Templiers dans le premier procès organisé à l’avance dans l’histoire (une production plus française que papale), ont été abominables — sodomies, conversions à l’islam, sorcellerie, et culte rendu à Satan. Rien n’a été dit d’un quelconque culte à la mère, divine ou non. (...) Il n’y a aucune preuve d’aucune sorte que l’ordre ait continué à exister.”

3. que “Mona Lisa” n’est pas un autoportrait. Il s’agit d’une femme qui a existé, l’épouse de Francesco Da Giocondo. (...) Dans le tableau de la Dernière Cène (...) la figure à la droite du Christ est Jean, le disciple bien aimé. Il est toujours représenté comme un beau jeune homme aux cheveux longs. Il ne s’agit pas d’une femme et il est difficile de croire que les Dominicains pour qui le tableau fut réalisé et les milliers de clercs qui l’ont vu, eussent accepté que l’on dérogeât de manière aussi scandaleuse à la tradition normative.

4. que “l’affirmation selon laquelle les descendants de Jésus entrèrent par le mariage dans la dynastie royale des Mérovingiens est basée sur un personnage appelé Giselle de Razes qui aurait épousé le roi Dagobert II au 7e siècle. Giselle de Razes n’a jamais existé, mais fut inventée au 20e siècle.”

Ceci, conclut Aviad Kleinberg, “n’est qu’un échantillon des inepties qui apparaissent dans ce livre. Tout cela n’a pas empêché Da Vinci Code de devenir un énorme succès de librairie aux Etats-Unis. Pourquoi? Dieu seul (ou la déesse) le sait”.

 

 

4-Les Nouvelles de France

 

Les bons papiers de Jean Madiran dans Présent de cette semaine

 

 

a-Dans Présent du 11 mars :

 

 

« Hélas ! » dit Chirac

« Les excisions et les mariages forcés », maintenant Chirac les dénonce comme il dénonçait naguère, en une formule restée célèbre, « le bruit et les odeurs ».

Le bruit et les odeurs, c’était (et c’est toujours) fort dérangeant. Mais les excisions et les mariages forcés, voilà qui est beaucoup plus grave. Et alors ?

Nous lisons là les « propos » du Président, tenus mercredi à l’inauguration de la Maison de la Mixité (sic) : propos officiellement diffusés comme tels sur le site de l’Elysée. Hier Jeanne Smits en a commencé la lecture. Nous la continuons aujourd’hui.

 

 

 

 

« Les violences dans nos écoles qui, hélas, se développent actuellement », a noté le Président. Il a bien dit hélas. C’est une parole beaucoup plus contemplative qu’active ; plus apitoyée qu’interrogative. Comment cela se faitil ? Comment se fait-il qu’après tant d’années d’enseignement républicain, avec des budgets de plus en plus pharaoniques, la République doive constater que dans ses écoles, la violence augmente au lieu de diminuer ? Pourquoi en incriminer apparemment la pédagogie scolaire d’une République qui est déjà bien assez accablée sous le poids de ses diverses responsabilités réelles ?

 

Les violences qui se développent actuellement dans les écoles de la République sont des violences importées, comme l’étaient le bruit et les odeurs. Pour le bruit et les odeurs, le futur président Chirac le laissait entendre. Pour les violences scolaires, le président Chirac l’occulte.

 

Comme il l’occulte pour les « excisions », les « mariages forcés », les « violences conjugales » (il en oublie : il devrait nommer aussi la polygamie, violence contre la nature du mariage). Ces « actes », dit le Président, « sont

marqués d’abord et avant tout par le mépris total de la vie humaine ». Mais non ! D’abord et avant tout, ils sont marqués par le fait d’être des mœurs d’importation. Ce n’est pas de la civilisation française qu’est issue cette multiplication, récente en France, des excisions, des mariages forcés, des violences conjugales. Il ne fallait ni donner ni laisser la nationalité française aux importateurs de ces mœurs barbares. Là se trouve la véritable responsabilité de la Ve République et de ses présidents successifs depuis Pompidou. Ce n’est pas une responsabilité pédagogique, ce n’est pas une responsabilité scolaire, c’est une responsabilité politique et morale.

_

Avec la Halde, haute autorité morale de la République, mise à l’honneur une fois de plus dans ses propos, le président Chirac a recommandé la « lutte contre toutes les discriminations », la « répression des propos sexistes ou homophobes », l’« égalité des chances », tout ce bric-à-brac de clichés subversifs étant rassemblé dans l’« affirmation intransigeante de la laïcité ». On peut alors se demander ce qu’une laïcité ainsi gonflée venait donc faire à la Maison de la Mixité. Ce serait ignorer que depuis la présidence Chirac et les lois de 2004, l’égalité des chances et la mixité

restreinte et généralisée sont devenues obligatoires, ayant été promues au rang de composantes constitutives du principe de laïcité nouvelle version. Cela était clairement annoncé dans l’exposé des motifs de la loi du 15 mars

2004 « en application du principe de laïcité » : « La réaffirmation du principe de laïcité à l’école (…) paraît aujourd’hui indispensable. « L’école doit en effet être préservée afin d’y assurer l’égalité des chances, l’égalité devant

l’acquisition des valeurs et du savoir, l’égalité entre les filles et les garçons, la MIXITÉ de tous les enseignements et notamment de l’éducation physique et SPORTIVE. » Le même exposé des motifs affirmait témérairement qu’une

telle laïcité « recueille l’adhésion de toutes les confessions et de tous les courants de pensée ». A cet égard aussi, la Ve République est le régime du mensonge imposé par la loi.

                                                                                                                          JEAN MADIRAN

 

b-Dans Présent du 15 mars

 

De Benoît XIV à Benoît XVI

Le chant grégorien

 

C’est Benoît XIV (quatorze), pape de 1740 à 1758, qui inaugura la pratique moderne des encycliques pontificales. Dans une encyclique de 1749, il parlait de la situation du chant grégorien comme on pourrait le faire en 2006 : « Le chant grégorien est celui qui incite les âmes à la dévotion et à la piété. C’est lui qui, s’il est exécuté comme il convient dans les églises, est préféré à bon droit par les fidèles. La principale raison qui fait que le peuple chrétien fréquente

plus souvent les églises des Réguliers [c’est-à-dire les églises monastiques] que les églises des Séculiers [c’est-à-dire les églises paroissiales], c’est que d’une part les moines le cultivent avec soin et s’en servent dans les offices, et qu’au

contraire beaucoup de clercs le négligent ou l’exécutent comme par acquit de conscience. » C’est donc une constante dans le clergé séculier : beaucoup de curés de paroisse s’imaginent que le chant grégorien n’est pas fait pour le peuple des paroisses, malgré toutes les démonstrations contraires qui ont été réalisées, au cours des siècles et encore aujourd’hui, au prix d’un peu de bonne volonté et de persévérance. Mais aujourd’hui nous subissons en outre, depuis une quarantaine d’années, ce dévastateur « esprit du concile », récusé par Benoît XVI, qui d’ailleurs a sur ce point contredit la sentence de Vatican II :

« L’Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine : c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, doit occuper la première place. »

 

Malgré cette sentence solennelle, la situation du chant grégorien a été supplémentairement aggravée par l’institution d’une messe nouvelle à partir du 1er janvier 1970 : une messe que l’on peut dire « non grégorienne ». Cette institution comportait deux graves aspects.

 

I. – La messe de Paul VI devenait obligatoire d’une manière qui, indirectement d’abord, et ensuite très explicitement, frappait d’un interdit total la MESSE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE, LATINE ET GRÉGORIENNE SELON LE MISSEL ROMAIN DE SAINT PIE V. Sur ce point la situation est en voie d’amélioration, mais non sans troubles, en raison notamment de l’affirmation officielle selon laquelle la messe traditionnelle « n’a jamais été interdite ». On sait bien qu’elle fut interdite en fait, par les évêques et même par le Pape, et c’est pourquoi le « jamais interdite » passe pour une

erreur sans crédit auprès des acharnés de l’interdiction : ils considèrent que les messes traditionnelles actuellement autorisées ne sont rien de plus qu’une faveur gratuite, par une dispense exceptionnelle de l’interdiction toujours en vigueur, nullement abolie ni tombée en désuétude. Pour clarifier la situation, il faudrait reconnaître que la messe traditionnelle n’a « jamais été valablement interdite », parce qu’elle ne pourrait l’être : le reconnaître explicitement, et non plus implicitement ou à voix basse. Quoi qu’il en soit, la tendance actuelle va, comme l’on dit, dans le bon sens.

 

II. – Mais il ne faudrait pas que ce sentiment d’amélioration fasse perdre de vue l’autre aspect : les malfaçons inhérentes à la messe de Paul VI. Cette messe est valide, le Bref examen critique ne le nie pas, elle est valide quand elle demeure exactement fidèle à son texte initial, ce qui est loin d’être toujours le cas, étant donné qu’elle a été voulue

de nature « évolutive », et alors la certitude de sa validité vacille, s’amenuise, on hésite à en être sûr. En ce qui la concerne, cet état de chose lamentable ne pourra pas rester éternellement en l’état. Ceux qui maintiennent en la célébrant la messe traditionnelle subissent maintenant de vives pressions visant à leur faire accepter en fait une sorte de biritualisme : ils seront d’autant plus assurés de conserver la messe traditionnelle qu’ils accepteront aussi de célébrer (ou concélébrer) la messe nouvelle. En soi une pluralité des rites n’est pas contraire aux coutumes de l’Eglise.

S’il s’agit d’une transition pour des prêtres de la nouvelle messe qui veulent ainsi revenir en douceur à la messe traditionnelle, pourquoi pas ce biritualisme-là ? Mais s’il s’agit – et il s’agit – de ceux qui ont assumé la responsabilité historique de maintenir vivante la MESSE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE, LATINE ET GRÉGORIENNE SELON LE MISSEL ROMAIN DE SAINT PIE V, s’il s’agit de les amener à un biritualisme par lequel ils apporteraient en quelque sorte aux malfaçons de la messe de Paul VI la caution de la messe traditionnelle, alors ce serait tout autre chose. Ce serait peser en sens

inverse du courant qui grandit dans l’Eglise en faveur d’une restauration de la liturgie.

JEAN MADIRAN

 

 

c- Dans Présent du 16 mars

Un soi-disant « mouvement étudiant » ?

L’école de la République

a engendré l’anarchie

Poitiers donne, bien comptée, une indication significative. Réunis en assemblée générale, les étudiants ont voté la poursuite de leur grève. Ils l’ont votée à la forte majorité de

2 155 étudiants ou supposés tels. L’université de Poitiers compte 24 000 étudiants.

Leur « majorité » de grévistes est inférieure à un sur dix.

 

Par violence physique ou par intimidation, les « assemblées générales » sont interdites à la plupart des opposants. C’est un système hérité des grands ancêtres, la France de la Terreur (1789-1799) et la révolution léniniste en Russie (1917 et la suite).

 

Moins de un sur dix ? Mais, chef de file des gros médias, Le Monde énonce, éditorialement et doctement, qu’il s’agit de « la jeunesse », que ce sont « les jeunes », et « les étudiants et les lycéens » dans leur totalité, et même, tant qu’on y est, l’ensemble de « l’opinion ». C’est une erreur ? C’est de la désinformation ? Disons plus simplement : c’est une imposture pure et simple. Et c’est encore une autre imposture, mais du même tonneau, quand Le Monde titre vicieusement : « Les présidents d’université sont de plus en plus nombreux à demander une suspension du CPE. »

Selon l’article lui-même du Monde ainsi titré, on en comptait cinq en tout. Cinq ou même sept sur quatrevingt-

quatre universités. Le « médiateur » du Monde va avoir du travail. A moins qu’il ne préfère le passer sous silence.

 

Ces présidents d’université donnent un remarquable exemple civique. Ce n’est pas sur un simple projet qu’ils se prononcent publiquement. C’est contre une loi votée par l’Assemblée nationale. Ils en réclament l’annulation en s’appuyant sur leurs universités « bloquées », c’est-à-dire en utilisant la menace et le chantage. Celui de Nancy est plus prudent. Il énonce sagement : « Il n’est pas dans mes attributions de me prononcer sur une mesure gouvernementale [et législative] où les universités ne sont impliquées ni dans son élaboration ni dans sa mise en œuvre. » C’est en effet le moins que l’on puisse dire. Mais, gros malin, c’est pour se mettre à l’abri, et pouvoir ainsi soutenir le mouvement en

toute tranquillité, se portant publiquement garant qu’il y a « une forte mobilisation », qu’« il ne s’agit pas d’un groupuscule qui manipule une majorité », mais d’« étudiants responsables ». Le ministre de l’Education nationale a faiblement fait observer que ces présidents d’université « dépassent leurs compétences ». Vain propos, puisqu’il n’a pas prononcé leur suspension immédiate, en attendant leur comparution devant les instances disciplinaires ou judiciaires dont relève leur opposition subversive à une loi de la République.

 

 Il n’y a, il ne peut, il ne doit y avoir rien de supérieur aux lois de la République. Le président Chirac l’a assez répété depuis dix ou douze ans, conformément d’ailleurs à la nature même de la République laïque et démocratique.

Mais il faut comprendre le sens implicite de cette doctrine. Rien de supérieur aux lois de la République, cela veut dire ni Dieu ni maître, ni loi morale ni coutumes millénaires qui primeraient la loi civile. Mais aucune loi de la République

ne peut s’opposer au progrès, toutes finissent normalement par s’incliner devant les évolutions inévitables, les aspirations généreuses du socialisme, le cheminement vers l’égalité des chances, etc. En gros, en bref, les lois de la

République s’imposent inexorablement à la droite, seule la gauche peut passer outre ; la démocratie théorique et juridique, le suffrage universel lui-même, et ses institutions légales, doivent laisser passer leur maître.

 

L’école publique, l’école de la Ve République, dite Education nationale, fonctionne sans obstacle et sans limite depuis près de quarante- huit ans. Comme le rappelait Jean Cochet dans Présent d’hier, elle est le système éducatif le plus onéreux du monde. Son âme, si l’on peut ainsi parler, est celle d’une démocratie essentiellement désorganisatrice, une démocratie qui disqualifie successivement toutes les autorités morales, religieuses, familiales, sociales, scolaires.

Notre époque en France est celle qui aura pu apprendre à connaître, non plus dans les livres, mais dans la réalité, le visage maintenant à peine masqué, le véritable visage de l’anarchie.

JEAN MADIRAN

 

5- Les Dangers d’internet

 

« L’association e-enfance, dont l’objectif est de protéger les enfants et les adolescents des risques liés aux nouvelles technologies, a lancé lundi un site e-enfance.org afin d’aider les familles à éviter les pièges d’internet. Outre les informations détaillées sur les risques et les conseils aux enfants et adolescents, le site propose aux parents des règles de sécurité pour les enfants en fonction de leur âge (moins de 8 ans, les 8-12 ans et les plus de 12 ans), a indiqué Christine du Fretay, fondatrice de l’association, lors de la présentation du site. L’association a annoncé qu’elle

réalisera trois fois par an des tests comparatifs des logiciels de contrôle parental. Les fournisseurs d’accès internet vont devoir proposer à partir d’avril prochain gratuitement à leurs abonnés ces logiciels de contrôle parental. Cette obligation fait suite à un accord conclu en novembre 2005 entre le ministère de la Famille et les fournisseurs d’accès internet dans la foulée de la Conférence sur la famille, qui s’était tenue en septembre. Ces logiciels de contrôle parental doivent être à la fois efficaces en empêchant l’accès à des sites pornographiques ou violents mais aussi faciles à mettre en place afin de ne pas décourager les parents. Les tests réalisés par e-enfance portent sur la période de février à

mars 2006, soit avant l’application de cette mesure. Selon le classement d’e-enfance, AOL, qui a toujours misé sur la sécurité, figure sans surprise en première place, devant Wanadoo, Tele2,Club-internet, Free, Noos, Alice, Neuf Telecom et Cegetel. E-enfance est une des associations qui luttent pour garantir la sécurité des enfants et des adolescents sur internet »

Dans Présent.

 

 

6- Réflexions sur l’Islam et l’islamisation

 

a-Conflit de cultures

 

Sous ce titre, Jeanna Smoits, dans Présent, fait de bonnes reflexions…

 

« LES TURCS – nous apprend un sondage sur un échantillon de 1 644 personnes réalisé à la demande de l’Université du Bosphore et publié par un journal turc de gauche – manquent de tolérance envers les homosexuels, les relations extraconjugales et l’émancipation des femmes. 76 % des sondés déclarent ressentir une « gêne » en présence d’homosexuels (ce qui correspond déjà à la définition européenne de l’homophobie), 65 % se disent catégoriquement opposés aux relations hors mariage et 71 % (femmes comprises…) pensent que « le devoir de la femme est de servir son mari ». Bien plus que les différences de culture ou de religion, ce manque d’esprit d’ouverture risque de gêner (mais sans doute pas trop) la marche forcée de l’intégration de la Turquie dans l’Union. L’UE la considère comme un Etat pleinement laïc mais fait pression : elle lui demande officiellement, entre autres, de renforcer sa législation en faveur des femmes et des homosexuels.

Dans le langage européen, on sait aussi ce que cela veut dire : les femmes au travail, la relativisation de l’autorité paternelle, le démantèlement du rôle central du mariage et de la famille stable dans la société, les « droits égaux » pour les couples gays, lesbiens, bi et trans… et les citoyens sont priés d’aimer ça. A l’inverse (quoique…) les Pays-Bas, derrière leur énergique ministre Rita Verdonk, ont mis en place un système de tests et d’évaluations, entrés en vigueur mercredi, qui ont pour but de filtrer les nouveaux immigrés d’origine non-« occidentale » et candidats au mariage aux Pays-Bas, au regroupement familial ou à un poste de chef religieux (les imams sont expressément visés). Leur connaissance minimale de la langue néerlandaise, de la vie en société aux Pays-Bas et des « valeurs » locales seront testées par téléphone, d’après un kit d’apprentissage que l’on peut commander pour quelque 60 euros.

Ce kit comprend un DVD et un livre de photos illustrant le mode de vie des Néerlandais. Avertissement : en Hollande, l’homosexualité s’exprime librement, les femmes peuvent aller et venir légèrement vêtues… A l’appui, des séquences éducatives : deux homos qui s’embrassent à pleine bouche, une femme aux seins nus se ballade sur la plage… C’est ce qu’il faut « approuver » pour avoir le droit d’entrer dans la société la plus tolérante du monde, sauf pour la pudeur, les interdits religieux et les exigences de la loi naturelle. Sachant que dans certains pays, la possession de telles images

est punie par la loi, les autorités néerlandaises peuvent fournir une version « châtiée » (c’est le terme employé) du DVD, ce qui ne dispense évidemment pas le candidat d’être interrogé sur ces points. Au-delà de l’astuce, il y a bel et bien une idéologie libertaire qui participe davantage que l’immigration « allochtone » (comme disent les Néerlandais) au suicide européen. On mesure ici tout ce qu’il y a de faux et de faible dans les relations de nos pays apostats avec le monde islamique. On a choisi de scandaliser ces peuples qui, au sein de leur fausse religion, conservent plus ou

moins la part qui seule pourrait nous rapprocher d’eux : le respect du Décalogue. Ce faisant, comment récolter autre chose que le mépris ?

                                                                                                        JEANNE SMITS

Présent du Samedi 18 mars 2006

 

 

b-Le Saint Siège : les différences entre l’Islam et Christianisme.

 

« Les profondes différences entre le Christianisme et l’Islam ont été mise en évidence par Mgr Walter Brandmüller, président du Comité pontifical pour les Sciences historiques, lors d’une conférence qui s’est tenue mardi 13 décembre à l’Université pontificale du Latran sur le thème : Christianisme et Islam, hier et aujourd’hui.

« Une « laïcité » qui voudrait accuser toutes les religions monothéistes de fondamentlaisme, ou qui exalterait le dialogue en gommant les différences existantes – a déclaré Mgr Brandmuller  - voudrait oublier le conflit millenaire qui a opposé les deux communautés religieuses ». Même s’il s’agit de deux religions monothéistes, « les différences entre Christianisme et Islam sont nombreuses et fondamentales ». « Tout d’abord il existe une différence dans la conception de la conversion et dans l’usage de la violence. Pour les chrétiens, la conversion doit être volontaires et individuelle, obtenue principalement par le biais de la prédication et de l’exemple. Pour les musulmans, en revanche, depuis le début, à savoir lorsque Mahomet était encore en vie, la conversion a été imposé par les armes ».

 

En outre, l’Islam, « à la différence du Christianisme, exprime un projet global, à la fois religieux, culturel, social et politique » et « s’est imposé par la force d’une domination politique ». Il ne faut donc pas s’étonner du fait que « l’usage de la violence occupe une place centrale dans la tradition musulmane, ainsi que le révèle le recours fréquent au terme de djihad dans de très nombreux documents. Même si certains chercheurs, surtout occidentaux, soutiennent que par djihad, on ne doit pas entendre nécessairement la guerre (sainte) mais plutôt la lutte spirituelle, l’effort intérieur, l’usage de ce terme dans la tradition musulmane, et l’usage qui en est fait aujourd’hui,  est substantiellement univoque et indique la guerre faite au nom de Dieu pour défendre l’Islam, guerre qui est une obligation pour l’ensemble des musulmans adultes de sexe masculin ».

 

Qui soutient donc que l’acceptation de djihad en tant que guerre sainte constitue une sorte de déviation par rapport à la véritable tradition musulmane « ne dit pas la vérité et l’histoire démontre malheureusement que la violence a caractérisé l’Islam depuis ses origines et que Mahomet lui-même a organisé et conduit de manière systématique des razzias contre les tribus qui ne voulaient pas se convertir et accepter sa domination, soumettant de cette manière les tribus arabes l’une après l’autre ».

 

L’idée de la tolérance religieuse exercée par le pouvoir islamique, dont certains milieux intellectuels occidentaux se font le propagandistes, ne dispose pas, elle non plus, de preuves historiques. « Dans la réalités des faits, -explique Mgr Brandmuller, la situation était beaucoup moins idyllique. Les chrétiens et le juifs pouvaient survivre seulement s’ils acceptaient la domination politique musulmane et ce dans une situation, aggravée par l’obligation de payer des impôts toujours plus lourds ».

 

Une autre différence entre le Christianisme et l’Islam est celle qui concerne la conception de l’être humain. « Dans la tradition musulmane, en effet, le concept d’égalité de tous les êtres humains n’existe pas, pas plus que celui de dignité de toute vie humaine. La shariah est basée sur une triple inégalité : entre l’homme et la femme, entre le musulman et le non musulman, entre l’homme libre et l’esclave. En substance, l’être humain de sexe masculin est considéré comme pleinement titulaire de droits et de devoirs seulement lorsqu’il appartient à la communauté musulmane. Celui qui se convertit à une autre religion ou devient athée est par conséquent considéré comme une traite, passible de la peine de mort ou, à tout le moins, de la perte de l’ensemble de ses droits ».

 

« Correspondance Européenne 28 février 2006, n° 144)

 

 

7-Les Nouvelles d’Algérie.

 

« Ce n’était pas facile d’être chrétien ou juif en Algérie. Ça va devenir pire encore »

 

 

 

« Etre non-musulman dans l’Algérie de Bouteflika n’est pas une sinécure. Mais il y avait, jusquelà, une sorte de flou législatif qui permettait aux chrétiens et aux (quelques) juifs de passer entre les gouttes. Cela va changer : la pratique des « cultes étrangers » sera désormais strictement réglementée. Le Conseil des ministres algériens a adopté un projet d’ordonnance fixant les règles d’exercice des cultes autres que musulman. Par souci, comme l’explique Alger,

de combler le vide juridique que nous évoquions plus haut quant « au cadre d’exercice des activités ou manifestations religieuses autres que musulmanes ».

 

Cette mesure, très répressive, vise à endiguer la vague d’évangélisation très importante de la Kabylie. Le quotidien El Watan écrit à ce propos : « Des chiffres effarants de convertis avaient (…) été annoncés pour convaincre qu’il y avait véritablement péril en la demeure islamique en Algérie. C’est ainsi que le ministre des Affaires religieuses a décidé de donner un coup de pied dans la “fourmilière religieuse” pour séparer la vérité de ses faux-semblants. Cette ordonnance

clarifie ainsi les conditions d’exercice du christianisme et du judaïsme notamment pour

éviter d’éventuels dérapages. » Pour que les choses soient claires, le législateur rappelle d’entrée de jeu qu’en Algérie « l’islam est religion d’Etat ». Et qu’il convient de « mettre un terme aux activités anarchiques d’associations et de personnes dans ce domaine ainsi qu’aux entreprises de prosélytisme menées à l’endroit de musulmans en Algérie ».

Dans le même temps, car Alger n’en est pas à une hypocrisie près, on souligne que le peuple algérien – interdit de conversion donc – est « fidèle à ses traditions et attaché au dialogue fécond entre les religions et les civilisations ». Un dialogue qui est un monologue. Et, qui plus est, un monologue désormais officiellement répressif. Rappelons que la conversion d’un musulman à une autre religion que l’islam est sévèrement condamné (et jusqu’à la peine de mort) par la charia. C’est la raison pour laquelle on saluera le courage de ces centaines de Kabyles qui, depuis des années et

dans des conditions de clandestinité risquée, embrassent la foi du Christ. L’ancienne Afrique du Nord, qui résista par les armes plus d’un siècle à l’invasion arabo-musulmane, était une terre chrétienne. Au prix de nouveaux martyrs,

elle tend à le redevenir. Et ce n’est sans doute pas – et tout au contraire – une loi islamique (voire islamiste) répressive qui découragera ces Algériens qui ont choisi de retrouver la vérité.

                                                                                                                                        ALAIN SANDERS