Les Nouvelles
de
Chrétienté
n°49
Le 14 avril 2006
Bon anniversaire
Très saint Père,
Tous les fidèles de la paroisse
saint Michel, tous mes collaborateurs du site « Item » - qui se
font un honneur de faire connaître, sur le Web, votre enseignement, de le transmettre et de le faire aimer - vous
souhaitent un Bon anniversaire.
Le
pape, en effet, célèbre son anniversaire
le 16 avril, dimanche prochain, jour de Pâques.
Le pape est en effet né le 16 avril 1927. Il a été élu pape le 19 avril 2005.
Le pape devrait fêter son anniversaire dans la résidence pontificale de Castel
Gandolfo, à quelque
Sommaire
- 1- L’enseignement
de Benoît XVI
- Message de Pâques du patriarche
Sabbah
- 3- Golias, juge le récent texte de l’épiscopat français
1- L’enseignement
de Benoît XVI
a- Sur le « triduum
pascal ».
Nous
publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse que le pape a prononcée
le mercredi 12 avril.
Chers
frères et sœurs,
Demain commence le Triduum pascal, qui est le sommet de toute l'année
liturgique. Aidés par les rites sacrés du Jeudi Saint, du Vendredi Saint et de
Le Triduum pascal s'ouvre demain, Jeudi
Saint, avec
Centré sur le mystère de
Le Samedi Saint, l'Eglise,
s'unissant spirituellement à Marie, reste en prière auprès du sépulcre, où le
corps du Fils de Dieu gît inerte, comme dans une attitude de repos après
l'œuvre créatrice de la rédemption, accomplie avec sa mort (cf. He 4, 1-13). La
nuit venue commencera
Chers frères et sœurs, pour une célébration fructueuse de Pâques, l'Eglise
demande aux fidèles de s'approcher au cours de ces journées du sacrement de
Je forme ce vœu de tout cœur pour vous tous, chers frères et sœurs, en vous
souhaitant de vous préparer avec foi et dévotion aux fêtes pascales désormais
proches. Que vous accompagne
b-Sur le jeudi saint
Homélie
du Pape lors de la messe chrismale du jeudi 13 avril.
Le pape a prononcée, ce jeudi matin 13 avril,
l’homélie suivante, au cours de la messe
chrismale, qui a eu lieu dans
Chers frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
chers frères et sœurs,
Le Jeudi Saint est le jour où le Seigneur donna aux Douze le devoir
sacerdotal de célébrer, dans le pain et dans le vin, le Sacrement de son Corps
et de son Sang jusqu'à son retour. A la place de l'Agneau pascal et de tous les
sacrifices de l'Ancienne Alliance apparaît le don de son Corps et de son Sang,
le don de lui-même. Ainsi, le nouveau culte se fonde sur le fait que, avant
toute chose, Dieu nous fait un don, et nous, emplis de ce don, devenons siens :
la création retourne au Créateur. Ainsi, le sacerdoce est également devenu une
chose nouvelle : ce n'est plus une question de descendance, mais de se trouver
dans le mystère de Jésus Christ. Il est toujours Celui qui donne et qui nous
attire en haut vers lui. Lui seul peut dire: « Ceci est mon Corps, ceci est mon
Sang ». Le mystère du sacerdoce de l'Eglise réside dans le fait que nous,
misérables êtres humains, en vertu du Sacrement, pouvons parler avec son Moi : in
persona Christi. Il désire exercer son sacerdoce à travers nous. Ce
mystère émouvant, qui dans chaque célébration du sacrement, nous touche à
nouveau, nous le rappelons de façon particulière le Jeudi Saint. Pour que la
vie quotidienne ne ternisse pas ce qui est grand et mystérieux, nous avons
besoin d'un souvenir spécifique comme celui-là, nous avons besoin de retourner
à cette heure où Il a posé ses mains sur nous et nous a rendus participants de
ce mystère.
Réfléchissons donc à nouveau sur les signes à travers lesquels le Sacrement
nous a été donné. Au centre, il y a le geste très ancien de l'imposition des
mains, à travers lequel Il a pris possession de moi en me disant : « Tu
m'appartiens ». Mais à travers cela, il a également dit : « Tu es sous la
protection de mes mains. Tu es sous la protection de mon cœur. Tu es préservé
dans le creux de mes mains, et précisément ainsi, tu te trouves dans toute
l'étendue de mon amour. Reste dans l'espace de mes mains et donne-moi les
tiennes ».
Nous rappelons également que nos mains ont été ointes avec l'huile qui est le
signe de l'Esprit Saint et de sa force. Pourquoi précisément les mains ? La
main de l'homme est l'instrument de son action, c’est le symbole de sa capacité
à affronter le monde, précisément de « le prendre en main ». Le Seigneur nous a
imposé les mains et veut à présent les nôtres afin qu’elles deviennent les
siennes, dans le monde. Il veut qu'elles ne soient plus des instruments pour
prendre les choses, les hommes, le monde pour nous-mêmes, pour en faire notre
possession, mais qu’en revanche elles transmettent son toucher divin, en se
mettant au service de son amour. Il veut qu'elles soient des instruments de
service et donc une expression de la mission de la personne tout entière qui se
porte garante de Lui et l'apporte aux hommes. Si les mains de l'homme
représentent symboliquement ses facultés, et, plus généralement, la technique,
comme pouvoir de disposer du monde, alors, les mains ointes doivent être le
signe de sa capacité de donner, de sa créativité dans l’action de façonner le
monde à travers l'amour, — et pour cela, nous avons besoin sans aucun doute de
l'Esprit Saint. Dans l'Ancien Testament, l'onction est le signe de la prise de
service : le roi, le prophète, le prêtre fait et donne plus que ce qui découle
de lui-même. D'une certaine façon, il est exproprié de lui-même en fonction
d'un service dans lequel il se met à la disposition de quelqu’un de plus grand
que lui. Si Jésus se présente aujourd'hui dans l'Evangile comme l'Oint de Dieu,
le Christ, alors cela veut précisément dire qu'Il agit sur mission du Père et
dans l'unité du Saint Esprit et que, de cette façon, il donne au monde une
nouvelle royauté, un nouveau sacerdoce, une nouvelle façon d'être prophète, qui
ne se cherche pas lui-même, mais qui vit pour Celui en vue duquel le monde a
été créé. Nous mettons aujourd'hui à nouveau nos mains à sa disposition, et
nous le prions de nous prendre toujours à nouveau par la main et de nous
guider.
Dans le geste sacramentel de l'imposition des mains par l'évêque, c'est le
Seigneur lui-même qui nous impose les mains. Ce signe sacramentel résume tout
un parcours existentiel. Un jour, comme les premiers disciples, nous avons
rencontré le Seigneur et nous avons entendu sa parole : « Suis-moi ! ». Sans
doute au début l'avons-nous suivi de façon quelque peu incertaine, nous
retournant et nous demandant si cette voie était vraiment la nôtre. Et, à un
certain moment, sur le chemin, peut-être avons-nous fait l'expérience de
Pierre, après la pêche miraculeuse, c'est-à-dire que nous avons été effrayés
par sa grandeur, la grandeur de la tâche et l'insuffisance de notre pauvre
personne, au point de vouloir nous retirer : « Eloigne-toi de moi Seigneur, car
je suis un homme pécheur ! » (Lc 5, 8). Mais Lui, ensuite, avec une grande
bonté, nous a alors pris par la main, il nous a attirés à lui et nous a dit : «
N'aie pas peur! je suis avec toi. Je ne te quitte pas, et toi, ne me quitte pas
! ». Et il nous est peut-être arrivé à chacun, plus d'une fois, de vivre ce que
Pierre a vécu, lorsque, marchant sur les eaux à la rencontre du Seigneur, il
s'est soudain aperçu que l'eau ne le soutenait pas et qu'il allait se noyer.
Et, comme Pierre, nous avons crié: « Seigneur, sauve-moi ! » (Mt 14, 30). En
voyant les éléments se déchaîner, comment pouvions-nous franchir les eaux
bruyantes et bouillonnantes du siècle dernier et du dernier millénaire ? Nous
avons alors tourné le regard vers Lui... Et Il nous a pris par la main et nous
a donné un nouveau « poids spécifique »: la légèreté qui découle de la foi et
qui nous attire vers le haut. Puis il nous donne la main qui soutient et porte.
Il nous soutient. Fixons sans cesse à nouveau notre regard sur Lui et tendons
les mains vers Lui. Laissons-nous prendre par sa main et nous ne coulerons pas,
mais nous servirons la vie qui est plus forte que la mort, et l'amour qui est
plus fort que la haine. La foi en Jésus, Fils du Dieu vivant, est l'instrument
grâce auquel nous reprenons toujours la main de Jésus et à travers lequel Il
prend notre main et nous guide. L'une de mes prières préférées est la prière
que la liturgie place sur nos lèvres avant
Le Seigneur a posé sa main sur nous. Il a exprimé la signification de ce geste
dans les paroles : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne
sait pas ce que fait son maître ; mais je vous appelle amis, parce que tout ce
que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître » (Jn 15, 15). Je ne
vous appelle plus serviteurs, mais amis : dans ces paroles, on pourrait même
voir l'institution du sacerdoce. Le Seigneur fait de nous ses amis : il nous
confie tout ; il nous confie sa personne, afin que nous puissions parler en son
nom — in persona Christi capitis. Quelle confiance ! Il s'est
véritablement remis entre nos mains. Les signes essentiels de l'Ordination
sacerdotale sont au fond tous des manifestations de cette parole : l'imposition
des mains ; la remise du livre — de sa parole qu'il nous confie ; la remise de
la coupe à travers laquelle il nous transmet son mystère le plus profond et
personnel. Le pouvoir d'absolution fait également partie de tout cela : il nous
fait également participer à sa conscience de la misère du péché et de toute
l'obscurité du monde, et nous donne dans les mains la clé pour rouvrir la porte
vers la maison du Père. Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis. Telle
est la signification profonde de la condition de prêtre : devenir ami de Jésus
Christ. Nous devons nous engager chaque jour à nouveau pour cette amitié. Amitié
signifie communion dans la pensée et la volonté. Nous devons nous exercer à
cette communion de pensée avec Jésus, nous dit saint Paul dans l'Epître aux
Philippins (cf. 2, 2-5). Et cette communion de pensée n'est pas une chose
purement intellectuelle, mais c'est une communion des sentiments et de la
volonté, et donc également de l'action. Cela signifie que nous devons connaître
Jésus de façon toujours plus personnelle en l'écoutant, en vivant avec Lui, en
nous arrêtant auprès de Lui. L'écouter, — dans la lectio divina,
c'est-à-dire en lisant l'Ecriture Sainte non pas de façon académique, mais
spirituelle; ainsi, nous apprenons à rencontrer Jésus présent qui nous parle.
Nous devons raisonner et réfléchir sur ses paroles et sur son action devant Lui
et avec Lui. La lecture de l'Ecriture Sainte est prière, elle doit être prière,
— elle doit naître de la prière et conduire à la prière. Les évangélistes nous
disent que le Seigneur, à plusieurs reprises, — des nuits entières — se
retirait « sur la montagne » pour prier seul. Nous aussi nous avons besoin de
cette « montagne »: c'est le sommet intérieur que nous devons gravir, la
montagne de la prière. Ce n'est qu'ainsi que se développe l'amitié. Ce n’est
qu’ainsi que nous pouvons accomplir notre service sacerdotal, ce n'est qu'ainsi
que nous pouvons apporter le Christ et son Evangile aux hommes. Le simple
activisme peut même être héroïque. Mais l'action extérieure, en fin de compte,
reste sans fruits et perd de son efficacité si elle ne naît pas de la communion
intime avec le Christ. Le temps que nous passons pour cela est véritablement un
temps d'activité pastorale, d’une activité authentiquement pastorale. Le prêtre
doit être surtout un homme de prière. Le monde dans son activité frénétique
perd souvent le sens de l'orientation. Si les forces de la prière, dont
jaillissent les eaux de la vie capables de rendre féconde la terre aride,
viennent à manquer, son action et ses capacités deviennent destructrices.
Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis. Le coeur du sacerdoce est d'être
amis de Jésus Christ. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons véritablement parler in
persona Christi, même si notre éloignement intérieur du Christ ne peut
compromettre la validité du Sacrement. Etre ami de Jésus, être prêtre signifie
être un homme de prière. C’est ainsi que nous le reconnaissons et que nous
sortons de l'ignorance des simples serviteurs. C’est ainsi que nous apprenons à
vivre, à souffrir et agir avec Lui et pour Lui. L'amitié avec Jésus est par
antonomase toujours une amitié avec les siens. Nous ne pouvons être amis de
Jésus que dans la communion avec le Christ tout entier, avec la tête et le
corps; dans la vigne abondante de l'Eglise animée par son Seigneur. Ce n'est
qu'en elle que l'Ecriture Sainte est, grâce au Seigneur, une Parole vivante et
actuelle. Sans le sujet vivant de l'Eglise qui embrasse tous les âges,
Etre prêtre signifie devenir l'ami de Jésus Christ, toujours davantage, avec
toute notre existence. Le monde a besoin de Dieu — non pas d'un dieu
quelconque, mais du Dieu de Jésus Christ, du Dieu qui s'est fait chair et sang,
qui nous a aimés jusqu'à mourir pour nous, qui est ressuscité et qui a créé en
lui-même un espace pour l'homme. Ce Dieu doit vivre en nous et nous en Lui. Tel
est notre appel sacerdotal: ce n'est qu'ainsi que notre action en tant que
prêtre peut porter des fruits. Je voudrais conclure cette homélie par des
paroles d'Andrea Santoro, le prêtre du diocèse de Rome qui a été assassiné à
Trébisonde tandis qu'il priait ; le Cardinal Cè nous l'a communiqué au cours
des Exercices spirituels. Ces phrases sont : « Je suis ici pour habiter parmi
ce peuple et permettre à Jésus de le faire en lui prêtant ma chair... On ne
devient capable de salut qu’en offrant sa propre chair. Le mal du monde doit
être porté et la douleur doit être partagée en l'absorbant jusqu'au bout dans
sa chair comme l'a fait Jésus ». Jésus a revêtu notre chair. Donnons-lui la
nôtre, pour qu’il puisse ainsi venir dans le monde et le transformer. Amen !
Message de Pâques du patriarche Sabbah
Message de Pâques
16.4.2006
Le Christ est Ressuscité. Oui, il est vraiment ressuscité.
Bonne et sainte fête de Pâques.
1. Toute fête nous porte à réfléchir sur le sens de notre foi. Elle renouvelle
notre courage afin de faire face aux défis de la vie, privée et publique,
et à toutes les difficultés que nous rencontrons dans tous nos pays où se
trouvent nos diocèses : Jordanie, Palestine, Israël et Chypre. La fête nous
invite à renouveler notre foi en Dieu et notre confiance en nous-mêmes, afin
de mieux contribuer à l’édification de notre société, dans laquelle nous sommes
appelés à porter l’amour pour tous, sans distinction aucune et au-delà de
toutes les barrières confessionnelles ou nationales. Le Christ Ressuscité,
le triomphe sur la mort, le retour à la vie, tout cela nous dit : Premièrement,
Dieu est parmi les hommes. « Il a habité parmi nous » (Jn 1,14) ; deuxièmement,
«il est amour » (1 Jn 4,8), et troisièmement, il nous a rendus capables d’aimer
comme lui : « Il nous a donné de son Esprit, dit Saint Jean. Si nous nous
aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli
» (1Jn 4, 13.12). Par sa mort et sa Résurrection, Jésus a fait de nous une
créature nouvelle et un Homme Nouveau « dans la justice, la sainteté et la
vérité » (Ep 4,23-24). Il nous a rempli de son Esprit, et « le fruit de l’Esprit,
nous dit Saint Paul, est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté,
confiance dans les autres, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5,22-23).
2. Notre vie quotidienne semble être bien loin de cette vision du Dieu-avec-nous,
de son amour pour tous et des fruits de l’Esprit en nous. Dans notre vie quotidienne,
il peut nous sembler que la vie de l’Esprit, qui produit la charité, la joie
et la paix, est un projet impossible, surtout dans notre Terre Sainte, livrée
depuis des années et des années à la haine, au refus mutuel et à la mort.
Et, l’action des chefs, et la vie des personnes et des groupes ne font que
se développer selon cette logique. Il faut tuer pour vivre. Il faut tuer parce
qu’on est tué. Il faut haïr parce qu’on a peur ou parce qu’on est opprimé.
Voilà les critères de gouvernement et de vie dans une terre sainte, une terre
de
3. Malgré cette dure réalité, nous devons proclamer et dire que la terre où
Dieu a parlé, où il a fait connaître son amour pour tous les hommes, peut
rester terre de
4. Frères et Sœurs, qui célébrez
Le prophète Isaïe dit : « Voici qu’un roi règnera avec justice, et des princes
gouverneront selon le droit » (Is 32,1). Nous souhaitons que cette prophétie
puisse se réaliser dans notre terre. Pour le moment « les messagers de paix
pleurent amèrement » (Is 33,7), comme le dit Isaïe aussi. Nous prions et nous
espérons que nos chefs puissent se laisser guider par de nouvelles visions
et un nouveau courage capables de changer la face de cette terre et de remplir
les esprits et les cœurs de sécurité, de justice et de tranquillité.
Heureuse et sainte fête de Pâques.
+ Michel Sabbah, Patriarche latin
Jérusalem, 11.4.2006
3- Golias, juge le récent texte
de l’épiscopat français
On sait
que l’épiscopat français vient de publier, le 7 avril 2006, un texte appelé : « les conclusions
de l’assemblée plénière de printemps ». Nous l’avons commenté dans le
« Regard sur le monde » ainsi que dans
LNDC de la semaine dernière.
Voici le
commentaire de « Golias » :
la capitulation des évêques de France.
Il faut
prendre en compte ce jugement…Il exprime certainement un aspect de la question…
La capitulation des évêques de France
Molard Jean, 13 avril 2006
Les évêques de France se sont réunis à
Lourdes en Assemblée Générale et le 7 avril 2006 les conclusions ont été
publiées (voir le site internet de l’épiscopat). Le premier point porte sur la
réforme des structures de la conférence, et le troisième sur "le malaise
de la jeunesse comme révélateur d’une crise profonde de notre société".
C’est le deuxième point qui retient aujourd’hui notre attention, car nous y
avons vu une nouvelle avancée de la "lefebvrisation" de l’Eglise . Il
est intitulé : "L’accueil des groupes "traditionalistes" au
sein de nos diocèses".
OUI, les autorités ecclésiastiques, romaines et maintenant
françaises, ont fait le choix dangereux de réintégrer les intégristes de tout
poil, prenant le risque de tensions fortes à l’intérieur des communautés
paroissiales et autres. Ces fils de Lefebvre et de l’Extrême-Droite réunis ne sont pas
des brebis égarés, regrettant leurs erreurs, ce sont des activistes qui
reviennent en conquérants et en croisés pour rebâtir l’Eglise selon leurs
convictions profondes. Et leurs convictions profondes, clairement exposées dans
leur littérature, ont de quoi faire peur.
Pour prendre conscience de cette capitulation sans conditions
devant l’extrémisme religieux, il suffit de lire les conclusions des évêques de
France dont nous citons les passages les plus instructifs :
"... Depuis plus de 15 ans, la situation a beaucoup évolué. Des
demandes nouvelles sont apparues, des sociétés de prêtres nouvelles se sont
présentées pour se mettre au service de ces groupes, des jeunes sont entrés
dans leurs séminaires, des écoles privées prises en charge directement par des
parents se sont créées. Chaque évêque a dû faire face pastoralement à cette
situation en constante évolution. Notre échange a montré que beaucoup portaient
la préoccupation de bien articuler l’accueil des diversités liturgiques et
d’animations ecclésiales, sans pour autant contribuer à faire naître des
Eglises parallèles qui n’auraient pas de lien entre elles. Nous sentons qu’il y
a là un enjeu ecclésiologique et pastoral important. Nous sommes prêts comme
évêques à nous engager dans ce vrai travail de communion. C’est pourquoi la
mise en place d’une structure juridique qui risquerait de distendre les liens
de ces fidèles avec leur pleine appartenance à leur Eglise diocésaine ne nous
paraît pas opportune ".
Que veut dire la dernière phrase, sinon que, au nom de la communion,
la porte va s’ouvrir à tous les tradis jusqu’alors maintenus sur les bords par
"une structure juridique". Ils vont être intégrés dans les
paroisses, les écoles, les séminaires, les prêtres (nombreux) vont rejoindre et
noyauter le clergé des paroisses et des aumôneries. Le processus est déjà bien
enclenché pour les ralliés de
Demain, ce seront les lefebvristes dont le retour, pratiquement
sans condition, est annoncé. Ils n’auront plus besoin de squatter des églises, M. le
Cardinal Ricard et ses confrères évêques leur ouvrent les portes et leur remettent les
clés du bercail. Il est envisageable donc que le célèbre Abbé Laguérie devienne curé de
Notre Dame de Paris, que l’abbé Cottard soit désigné aumônier national des
Scouts de France et que le très chrétien et très frontiste Bernard Anthony soit nommé directeur
de
Les évêques "mettront en oeuvre fidèlement" les directives
de Benoît XVI.
"La question des relations avec
Cette communion doit être recherchée dans la charité et la vérité.
La charité implique qu’on cherche à se connaître, à se comprendre, à faire
disparaître les images fausses que l’on peut avoir les uns des autres. Elle
implique également l’abandon de toute polémique systématique et de toute
volonté de confrontation sur le terrain. La vérité implique qu’on soit au clair
sur nos points de dissension. Ceux-ci portent moins d’ailleurs sur les
questions de liturgie que sur celles de l’accueil du magistère, tout
particulièrement de celui du concile Vatican II et des papes des dernières
décennies. La communion peut s’accompagner de questions, de demandes de
précisions ou d’approfondissement. Elle ne saurait tolérer un refus
systématique du Concile, une critique de son enseignement et un dénigrement de
la réforme que le Concile a décrétée.
Certes des abus ont pu voir le jour dans les années qui ont suivi
le Concile : certains ont pu se réclamer d’un "esprit du
Concile" qui n’avait pas grand chose à voir avec lui, comme l’a souligné
le pape Benoît XVI dans son discours à
Cette finale est sans aucune ambiguïté : en dénonçant les
"abus" qui ont suivi le concile, le texte épiscopal veut absoudre
les intégristes : il faut les comprendre, les malheureux, ils ont été
poussés au "schisme", par la faute des "progressistes".
Nos évêques oublient simplement que pendant les débats du Concile,
donc avant tout abus, Mgr Lefebvre s’était déjà fait remarquer par son opposition farouche à
toute ouverture de l’Eglise...
Poursuivant le largage de l’avancée et de l’ouverture
conciliaires, nos évêques adressent une petit salut, en guise de coup de pied
de l’âne, à tous ceux qui ont mis en œuvre le concile "avec sagesse et
sens apostolique".
Cette "reconnaissance", comme ils l’appellent, est
particulièrement odieuse. Elle ressemble à un hommage rendu à des gens dont
l’entreprise veut se débarrasser pour mettre à leur place ceux qui apparaissent
comme les seuls capables de remettre les chrétiens à genoux devant Dieu et à
plat ventre devant les clercs : Merci, vous avez fait, en votre temps,
du bon boulot, mais on n’a plus besoin de vous. Lâchez les manettes, rentrez
chez vous, une nouvelle équipe attend pour prendre le manche.
A quand la canonisation de Lefebvre (il vient pourtant de
réussir son premier miracle) ?
A quand Mgr Fellay sur le siège archiépiscopal de Bordeaux, et pourquoi pas
au poste de Président de
Mais elle n’aura plus l’adhésion des masses. Elle ne sera plus
qu’une secte assise sur un fondamentalisme prétendument doctrinal, comme il y
en a déjà tant en Amérique.
QUELLE TRISTESSE EN CETTE PÂQUES 2006 !