Les Nouvelles
de
Chrétienté
n°50
Le 21 avril 2006
Sommaire
1-Autour du premier anniversaire
du pontificat de Benoît XVI
a-Benoît XVI, un an après
b-La curie romaine dresse un portrait élogieux du
pape
c-Une
première année en chiffres.
d-Un
pape de l’intérieur
Réflexions autour du CPE
1-Autour du premier anniversaire du pontificat
de Benoît XVI
A- Benoît XVI, un an après
de Laurent
Dandrieu
Quelques jours
après avoir fêté ses 79 ans, Benoît XVI célébrait, le 19 avril, le premier
anniversaire de son accession au pontificat. Esquisse d’un premier bilan.
Député prudent, le
pape Benoît XVI est resté fidèle à la tradition qui veut que la première année
d’un règne soit une année d’observation plutôt que de bouleversements. Mais les
quelques changements significatifs d’ores et déjà apportés pourraient préluder
à des mutations plus profondes.
Changement de style
Pas de gestes
spectaculaires, moins de grands voyages : si Benoît XVI a réussi ses premières
JMJ à Cologne, si quelques déplacements européens sont au programme –
Moins de morale, plus de théologie
Après l’accent mis
par Jean-Paul II sur les questions de morale, Benoît XVI veut éviter que le
catholicisme puisse apparaître, à la façon de l’islam, comme une « kyrielle
d’interdits », selon l’expression qu’il a employée aux JMJ. Il insiste donc
davantage sur son message d’amour : sa première encyclique, Dieu est amour, qui
opère une relecture de l’Éros, replacé dans sa vocation spirituelle
authentique, est emblématique de ce réajustement.
Dialogue avec l’islam recadré
Autant il est soucieux d’avancer dans l’union
des différentes confessions chrétiennes, autant Benoît XVI, hostile à tout ce
qui peut ressembler à du syncrétisme, semble décidé à recadrer le dialogue
interreligieux : c’est ainsi qu’il a fondu l’instance vaticane chargée du
dialogue interreligieux dans le Conseil pour la culture, comme pour mieux
signifier que ce dialogue peut être sociétal et culturel, pas doctrinal.
L’heure est à une plus grande fermeté avec l’islam, basée sur la réciprocité :
l’islam ne peut se prévaloir du respect en Occident sans respecter les droits
des chrétiens sur son sol.
L’enjeu asiatique
Création de trois
nouveaux cardinaux asiatiques, réchauffement diplomatique avec le Vietnam,
nomination pour la première fois d’un évêque chinois en accord avec les autorités
communistes : Benoît XVI a multiplié les signes montrant que l’Asie est un
enjeu prioritaire, qui passe forcément par la normalisation des relations avec
Pékin, objectif qu’on juge au Vatican « pas insurmontable ».
La lutte contre “la dictature du relativisme”
Ce cheval de
bataille du cardinal Ratzinger, Benoît XVI ne manque pas une occasion d’y
revenir. Cette lutte passe par une intervention décomplexée des catholiques
dans le débat politique, comme on l’a vu récemment en Italie ou en Espagne, et
dans le combat contre un laïcisme « qui relègue, comme l’a dit récemment le
pape à la délégation du PPE, la manifestation de la conviction religieuse à la
sphère du privé et du subjectif ». Cette lutte contre le relativisme se mène
aussi au sein de l’Église : dans son discours capital du 22 décembre 2005,
Benoît XVI a ainsi rappelé l’impossibilité d’interpréter Vatican II en «
rupture » avec la tradition de l’Église.
La question de la liturgie
Le cardinal
Ratzinger avait souvent martelé sa préoccupation face aux bouleversements
liturgiques postconciliaires et à la perte du sacré qui en avait résulté.
Benoît XVI s’est pour le moment contenté de limoger un responsable liturgique
de la curie, et Mgr Marini, maître des cérémonies pontificales et cible des conservateurs,
reconnaît avoir désormais les mains moins libres. Mais on attend, d’une semaine
à l’autre, l’annonce d’une libéralisation du rite traditionnel de saint Pie V,
dont Jean-Paul II avait remis l’usage à la discrétion épiscopale.
La main tendue aux traditionalistes
Cette dernière
mesure serait évidemment un geste fort envers ceux-ci, avec lesquels Benoît XVI
a renoué le dialogue. Mgr Castrillon Hoyos, préfet de
Laurent Dandrieu
Valeurs Actuelles n° 3621 paru le 21
Avril 2006
B-La curie romaine dresse un portrait
élogieux du pape
Rome, 19 avril 2006
(Apic) Le pape Benoît XVI a fêté mercredi 19 avril le premier anniversaire de
son pontificat. Interrogés par la presse italienne et française, des membres de
la curie romaine sont sortis de leur réserve, ont donné leur avis sur une année
de pontificat et dressé un portrait élogieux du pape allemand: morceaux
choisis.
Pour le cardinal vicaire de Rome, Camillo Ruini, interviewé par le
quotidien de
Pour le vicaire de Rome, l’éthique
est un autre thème crucial pour Benoît XVI “qui veut dire que l’autorité de
l’Etat et la vie publique ne peuvent pas faire abstraction des grandes
exigences de l’éthique, qui ont finalement leurs origines dans la religion,
concrètement des sources éthiques que le Christianisme a ouvertes à
l’Humanité“.
Pour le cardinal Renato Raffaele Martino,
président du Conseil pontifical Justice et Paix, “Benoît XVI est un pape qui
cherche la collégialité de pensée et d’intention“. “Ainsi sera l’Eglise du
futur, empreinte entièrement de la collégialité : les cardinaux, en tant
qu’étroits collaborateurs, seront appelés à agir ensemble et avec le pape“,
a-t-il ajouté dans un entretien au quotidien italien "L’Eco di
Bergamo".
A propos de l’image de “gendarme de la doctrine“ et de “gardien de la foi“ que
pouvait avoir le cardinal Ratzinger avant son élection, le cardinal Martino a
souligné qu’il n’en restait plus “rien“. “Des affirmations expéditives qui se
sont tout de suite dissoutes“, observe le cardinal, ajoutant qu’“une recherche
du dialogue est apparue dès les premiers pas de son pontificat“. “Le fait
d’avoir reçu entre autres les lefébvristes en dit long sur son désir de
retourner au dialogue, sans préjugés“, a-t-il ajouté.
Plus de "fraternité et de
paternité"
Quant au cardinal Francesco Marchisano,
archiprêtre de la basilique Saint Pierre, il a été marqué par la transformation
de Joseph Ratzinger qui de cardinal réservé s’est transformé en pape “très
humain“. “Quand j’ai rencontré le cardinal Ratzinger, il a toujours été très
gentil, très serein, mais évidemment il avait un comportement un peu réservé,
probablement lié à son rôle“, a-t-il confié au quotidien italien "
Comme “exemple d’humanité“, l’épisode qui a le plus marqué le cardinal
Marchisano au cours de cette première année de pontificat a été la rencontre du
pape avec le théologien contestataire Hans Küng. “Il l’a voulu à sa table et il
sont restés ensemble pendant plusieurs heures, comme des frères“, a-t-il
affirmé.
Cet épisode a également beaucoup marqué le cardinal
Tarcisio Bertone, archevêque de Gênes, interviewé par l’hebdomadaire
catholique italien "Famiglia Cristiana". Outre ce repas historique,
le cardinal s’est souvenu d’une intervention du pape allemand qui évoquait son
enfance au cours d’une émission sur Radio Vatican : “Pour moi, la bonté
implique aussi la capacité de dire ‘non’, car une bonté qui laisse tout aller
ne fait pas de bien à l‘autre, quelque fois la forme de la bonté peut être
celle de dire non et risquer ainsi la contradiction“, avait alors confié Benoît
XVI.
Le cardinal Walter Kasper, président
du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, a évoqué quant à lui la
continuité de Benoît XVI avec son prédécesseur. Interrogé dans le quotidien
français "
Le président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens a aussi affirmé
que Benoît XVI était “différent du cardinal Ratzinger“, expliquant qu’une
nouvelle responsabilité “permet de développer des aspects autres de sa nature
(…) comme sa sensibilité pastorale“.
Benoît XVI remercie les fidèles de leur
soutien et de leur indulgence
“Je sens toujours plus que, tout seul, je ne pourrais pas porter seul cette
mission“ qui m'a été confiée il y a un an, a affirmé Benoît XVI le 19 avril,
remerciant les fidèles de leur soutien et de leur indulgence. Le pape, qui
s'exprimait à l'occasion de l'audience générale hebdomadaire place
Saint-Pierre, est revenu avec émotion sur les premiers moments de son
pontificat ouvert un an plus tôt, demandant aux pèlerins de prier afin qu'il
soit “un pasteur doux et ferme“ de l'Eglise.
“Au début de l'audience générale qui se déroule dans le climat joyeux de
Pâques, je voudrais remercier avec vous le Seigneur, qui m'a appelé exactement
il y a un an à servir l'Eglise comme successeur de l'apôtre Pierre et qui ne
manque pas de m'assister avec son aide indispensable“, a lancé Benoît XVI
devant quelque 50'000 personnes rassemblées place Saint-Pierre.
“Comme le temps passe vite!“, a renchéri le pape. “Une année est déjà passée
depuis le moment où, de façon tout à fait inattendue et surprenante pour moi,
les cardinaux réunis en conclave ont voulu choisir ma pauvre personne pour succéder
au regretté et bien-aimé serviteur de Dieu Jean Paul II, pour succéder au grand
pape Jean Paul II“, s'est-il souvenu sous les applaudissements des fidèles. “Je
me rappelle avec émotion du premier choc que j'ai eu depuis la loggia centrale
de la basilique, juste après l'élection, avec les fidèles rassemblés en cette
même place“. (apic/imedia/cp/ar/pr)
19.04.2006 - Apic
C-
Une première année en chiffres.
Rome, 14 avril 2006 (apic) Benoît XVI a
été élu pape dans l’après-midi du 19 avril 2005, lors du conclave ouvert la
veille en présence de 115 cardinaux électeurs. La messe d’intronisation du 265e
pape de l’histoire de l’Eglise catholique a eu lieu le 24 avril 2005. Depuis,
le pape allemand a accueilli plus d’un million de pèlerins lors des audiences générales
du mercredi, a reçu une quarantaine d’hommes d’Etat, tenu le premier
consistoire et le premier synode de son pontificat et publié un certain nombre
de textes normatifs.
Benoît XVI a convoqué un consistoire
ordinaire public pour la création de nouveaux cardinaux les 24 et 25 mars 2006.
Le pape a ainsi créé 15 nouveaux princes de l'Eglise, dont douze de moins de 80
ans, pour respecter le plafond des 120 électeurs fixé par Paul VI. Parmi eux,
trois sont chefs de dicastères dans la curie
La 11e assemblée générale ordinaire du Synode des évêques s’est tenue du 2 au
23 octobre 2005 au Vatican sur le thème "l'Eucharistie, source et point
culminant de la vie et de la mission de l'Eglisé. 256 pères synodaux venant de
118 pays étaient présents, “le nombre le plus élevé de participants à une
assise synodale“, selon Mgr Nikola Eterovic, secrétaire général du Synode des
évêques. C’était aussi la 21e assemblée synodale, depuis son institution 40 ans
plus tôt par Paul VI le 15 septembre 1965.
Benoît XVI a effectué deux voyages apostoliques hors du territoire du Vatican.
Le premier a eu lieu le 29 mai 2005 à Bari, dans les Pouilles, au sud de
l’Italie, pour le 24e Congrès eucharistique national italien. Le pape est
ensuite parti pour la première fois à l’étranger, dans son pays natal, à
Cologne, à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse, du 18 au 21 août
2005.
Comme évêque de Rome, Benoît XVI a rendu visite à deux paroisses romaines, sur
un total de 335: ‘Santa Maria Consolatricé, dans le quartier de Casalbertone,
le 18 décembre 2005 et ‘Dio padre misericordioso’, dans le quartier de Tor Tre
Teste, le 26 mars 2006. Il a en outre célébré la messe dans l’église ‘Sainte
Anné, l’unique paroisse du Vatican, le 5 février 2006.
Nombreux chefs d'Etat
38 hommes d’Etat ont été reçus en audience par le pape allemand. Le premier a
été Carlo Azeglio Ciampi, président italien, le 3 mai 2005. Parmi les plus
importants, on peut également citer Juan-Carlos, roi d’Espagne et la reine
Sofia, à Castel Gandolfo, Abdallah II, roi de Jordanie et son épouse Rania,
Moshe Katsav, président de l'Etat d'Israël, Silvio Berlusconi, président du
Conseil italien, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité nationale palestinienne
et Lech Kaczynski, président polonais. Dernièrement, Benoît XVI a reçu Hosni
Moubarak, président égyptien (13 mars 2006) et Albert II, roi des Belges et la
reine Paola (1er avril 2006).
Quelque 1'007 000 fidèles sont venus
assister aux 46 audiences générales du mercredi entre le 27 avril 2005 et le 12
avril 2006.
En ce qui concerne la production de textes pontificaux, Benoît XVI a publié sa
première Encyclique intitulée Deus caritas est le 25 janvier 2006. En outre,
trois Motu Proprio ont été promulgués, le 31 mai 2005 pour
Il convient d'ajouter que
De nombreux bienheureux déjà et cinq
nouveaux saints
32 bienheureux, parmi lesquels le Français Charles de Foucauld, ont été
proclamés lors des huit cérémonies de béatification depuis le début de son
pontificat. La plupart d’entre elles étaient présidées par le cardinal José
Saraiva Martins, préfet de
Le pape allemand a en revanche célébré la canonisation de cinq nouveaux saints
lors de la cérémonie qui se déroulait le 23 octobre 2005 sur la place
Saint-Pierre : les Polonais Zygmunt Gorazdowski et Jozef Bilczewski, les
Italiens Gaetano Catanoso et Felice da Nicosia, ainsi que le Chilien Alberto
Hurtado Cruchaga. (apic/imedia/cp/pr)
D- Un pape de l’intérieur
Rome, 14 avril 2006 (Apic) "Ora et labora". Cette devise
traditionnelle de la famille bénédictine, qui allie la prière et le travail,
pourrait être celle de Benoît XVI qui, élu le 19 avril
Professeur de théologie (1958-1977), cardinal archevêque de Munich (1977-1981)
puis préfet de
Un héritage difficile…
Depuis un an, Benoît XVI a géré l’héritage du “grand pape“ Jean Paul II, et a
repris à son compte certaines des initiatives de son “bien-aimé“ prédécesseur
comme la visite aux paroisses romaines, les catéchèses du mercredi lors des
audiences générales et
Ce regard sur un an de pontificat ne peut faire l’économie d’un rappel des pas
importants effectués dans les mêmes temps par son prédécesseur. Ainsi, lors de
sa première année à la tête de l’Eglise, Jean Paul II avait voyagé en Amérique
centrale, en Pologne, en Irlande et aux Etats-Unis où il était intervenu devant
les Nations Unies. Il publiait aussi sa première Encyclique Redemptor hominis,
nommait un nouveau cardinal secrétaire d’Etat et convoquait un premier
consistoire. Mais ce qui surprenait avant toute chose, c’est le changement
radical imposé par Karol Wojtyla dans sa façon de ‘faire le pape’. Mais Benoît
XVI, érudit et emprunt de tradition, opère le passage, selon Le Figaro, d’un
“pontificat du geste à celui de la parole“.
Un style nouveau
Moins charismatique que Jean Paul II, le nouveau pape semble pourtant séduire
par sa réserve, sa rigueur doctrinale, son sourire et sa voix au timbre doux.
Benoît XVI fête ses 79 ans le 16 avril 2006, jour de Pâques. Sobre, avec une
vie apparemment minutée, il sait qu’il lui faut économiser ses forces. Lève-tôt
et couche-tôt, le pape se donne quotidiennement un temps de repos entre 14h et
16h. Ces derniers temps, il a fait parvenir aux gardes suisses, dont la caserne
se trouve sous ses fenêtres, une demande expresse de respecter le silence dans
cette tranche horaire. S’il préfère la solitude et le calme, il s’est peu à peu
prêté aux bains de foule lors de ses audiences.
S’il n’a pas hésité à recevoir personnellement une série de présidents des
différents Länder allemands, Benoît XVI a en revanche fortement réduit le
nombre d'audiences privées accordées aux ministres du monde entier et aux
nonces apostoliques. Les portes de l’appartement pontifical, largement ouvertes
sous Jean-Paul II pour les messes privées ou des déjeuners à la table du pape,
se sont refermées avec l’arrivée de Benoît XVI au troisième étage du palais
apostolique. Les invités sont rares et la messe du matin est célébrée en petit
comité. A la table du pape, les mets sont d’une extrême simplicité, comme dans
un monastère… "Ora et labora !"
Les premiers pas
Un nouveau pape est traditionnellement attendu sur sa première Encyclique,
censée donner de claires indications programmatiques. Ni réellement sociale, ni
entièrement pastorale,
Ainsi, le pape originaire du pays de
En matière d’œcuménisme, la pensée du nouveau pape semble résumée dans un
message qu’il a adressé à des membres du Patriarcat œcuménique de
Constantinople deux mois après son élection: “L'unité que nous recherchons
n'est ni une fusion, ni une assimilation, mais le respect de la plénitude
multiple de l'Eglise“. L’œcuménisme de Benoît XVI est fait de débat
théologique, de dialogue et de diplomatie.
Jean Paul II, l’ami des juifs, n’est pas trahi par son successeur qui a déjà
reçu moult délégations de représentants juifs au Vatican et a accompli, lui
aussi, la démarche symbolique d’entrer dans une synagogue, en août 2005 à
Cologne. Les références aux textes de la tradition hébraïque de ce fils de la
nation allemande sont légion. Sa visite en Pologne, en mai prochain, prévoit
une étape très attendue au camp d’extermination nazi d’Auschwitz. “Juifs et chrétiens
ont un riche patrimoine commun“, a récemment déclaré le pape allemand devant
une délégation juive américaine, avant de préciser que “ceci distingue de
nombreuses manières un rapport qui est unique parmi les religions du monde“.
Les défis
Ainsi, les relations avec l’Islam sont plus complexes, et il semble que Benoît
XVI souhaite orienter le dialogue sur le plan culturel. A Cologne, où sa visite
à la synagogue avait marqué les esprits, il avait accordé une audience discrète
aux responsables de la communauté musulmane locale, essentiellement turcs,
lançant un appel à ce que cesse le terrorisme, “choix pervers et cruel“,
réclamant le respect de la liberté religieuse et invitant à un “dialogue
interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans“. Depuis, le pape
a provisoirement unifié la présidence du Conseil pontifical pour le dialogue
interreligieux avec celle du Conseil pontifical de la culture, probablement en
vue d’unifier prochainement les deux dicastères.
“Pendant un an, j’observe, puis j’agirai“.
Cette phrase que certains cardinaux prêtent au nouveau pape au soir même de son
élection rassure les impatients et inquiète les autres, dont certains membres
de la curie romaine. L’unification temporaire de la présidence de quatre
conseils pontificaux – le dialogue interreligieux avec la culture, les migrants
avec Justice et Paix – permet de penser que le pape, tranquillement, prépare
des changements au sein de la curie. Par le passé, le cardinal Ratzinger
n’avait pas caché son souhait d’un “amaigrissement“ de l’appareil curial. De
plus, il n’échappera pas au remplacement de certains hauts prélats nommés par
Jean-Paul II et ayant largement dépassé l’âge de la retraite, comme son
secrétaire d’Etat et les chefs de plusieurs dicastères. Ces nominations et ces
changements, selon certains, sont imminents et pourraient aussi concerner la
liturgie, la pastorale de la santé, les laïcs et les communications.
Un autre dossier semble dominer ce début de pontificat: celui des catholiques
attachés au rite traditionnel de la messe et des fidèles intégristes. En vue de
parvenir à un rapprochement que Jean-Paul II n’a pas réussi à sceller, Benoît
XVI réfléchirait à la levée de l'excommunication des évêques schismatiques
souhaitant réintégrer l’Eglise et à une libéralisation de la messe selon le
rite saint Pie V. Benoît XVI a créé la surprise en recevant le chef de file des
intégristes, Mgr Bernard Fellay, en août 2005.
Le pape a réservé d’autres surprises. Il a ainsi reçu en privé le théologien
contestataire Hans Küng, en septembre 2005, essayant de se réconcilier avec la
frange la plus progressiste de l’Eglise qui le voit encore comme le
‘panzerkardinal’. Il s’est posé un autre défi : élever son prédécesseur à la
gloire des autels en un temps record, une façon de rendre hommage à Jean Paul
II mais aussi d’inscrire son nom dans l’histoire… Ainsi, à peine plus d’un mois
après son élection, il a ouvert le procès en béatification du ‘serviteur de
Dieu’ Jean Paul II.
D’un point de vue géopolitique, ce début de pontificat porte les priorités du
prédécesseur polonais. Poursuivant l’engagement du Saint-Siège à promouvoir la
paix entre l’ensemble des nations, Benoît XVI avance à petits pas avec Moscou
et marque certains points du côté de Pékin. Son premier consistoire a consacré
deux évêques défenseurs de la liberté religieuse en Asie: les archevêques de
Hongkong et de Séoul. Malgré cela, des signes positifs commencent à arriver de
Pékin. “Dernier pape européen“ selon le journaliste français Bernard Lecomte,
Benoît XVI reste cependant très attentif à ce qui se passe dans le vieux
continent, au risque de laisser un peu de côté le reste du monde où vivent
aujourd’hui, paradoxalement, 80 % des catholiques.
Après le voyage d’août 2005 à Cologne, prévu par Jean Paul II, et celui de mai
2006 en Pologne comme pèlerinage en forme d’hommage à son prédécesseur, Benoît
XVI va entamer ses ‘propres’ voyages. L’Espagne, en juillet 2006, pour
réaffirmer l’importance des valeurs familiales,
14.04.2006 – Apic
de
l’Administration Apostolique Saint Jean Marie Vianney
On sait que « La porte
latine », site du District de France de
A LITTLE NOTE FROM BISHOP RIFAN
About my last interview, I would like to thank all the
messages of congratulations I received from everywhere. Thanks be to God, there
are many and many souls, mainly among the traditionalists, with good sense, a
true “sensus Ecclesiae”. They understood my right intention and my love for the
traditionalist faithfuls. The true friend is one who shows us our defects and
dangers, in order to correct us. The attacks and offenses I received
unfortunately confirm my warnings against the seven capital sins or temptations
where we can fall in. But I understand and forgive them and pray for them. With
my blessing.
+ Bishop Fernando Arêas Rifan
Titular Bishop of Cedamusa - Apostolic Administrator
UNE
PETITE NOTE DE MGR. RIFAN
Sur ma
dernière interview, je voudrais remercier tous les messages de congratulation
que j’ai reçu. Grâce à Dieu, il y a beaucoup d’âmes, surtout parmi les
traditionalistes, qui ont gardé bon sens, le vrai « sensus
Ecclesiae ». Ils ont compris ma droite intention et mon amour pour les
fidèles traditionalistes. Le vrai ami est celui qui nous montre nos défauts et
dangers, pour nous corriger. Les attaques et offenses que j’ai reçues
confirment malheureusement mes avertissements sur les sept péchés capitaux ou
des tentations où nous pouvons tomber. Mais je les comprends et leur pardonne,
et je prie pour eux. Avec ma bénédiction.
+ Mgr. Fernando Arêas
Rifan
Evêque titulaire de Cedamusa –
Administrateur Apostolique
Réflexions autour du CPE
Jean Madiran, dans Présent de jeudi 20 avril, nous
donne son jugement sur l’anarchie qui secoua
A-
Après
huit semaines d’anarchie militante
Il y a les dégâts chiffrés et les non chiffrables
Premières estimations des saccages, vols, vandalismes
de toute sorte commis pendant deux mois dans les locaux universitaires : un
million d’euros à
Huit semaines de recrutement et d’exercice à la
guérilla pour les groupes anarcho-trotskistes qui ont mené l’affaire !
Pour eux, l’aubaine est considérable, et se mesurera à
la prochaine occasion, au prochain conflit. Pour le climat intellectuel des
lycées et facultés, c’est une dégradation supplémentaire.
La coordination étudiante qui a dirigé la manœuvre
réclame aujourd’hui l’abolition de la loi Fillon, la suppression du CNE,
l’abandon du projet de loi sur l’immigration, la dissolution de l’Assemblée
nationale, la démission de Chirac et de Villepin.
de l’indiquer.
_
Bien sûr, il y a aussi la revendication de l’attribution
automatique des examens de fin d’année à tous les étudiants. Cela ne se fera
probablement pas sous une forme aussi provocante. Mais cela fonctionne
quasiment déjà à tous les niveaux.
Le bac accordé à plus de 80 % de chaque génération
scolaire envoie donc presque tous les élèves dans les facultés, où les trois
quarts sont assurés d’avance de n’avoir aucun débouché, aucun métier réel, même
si les diplômes distribués n’étaient pas de plus en plus disqualifiés par leur
démocratisation aveuglément égalitaire. On parle à mi-voix d’« examens modifiés
» pour les rendre d’accès encore plus facile. Diplômé sans doute, mais
socialement inutile, ce trop nombreux prolétariat intellectuel n’aura d’autre
avenir qu’une carrière de « permanents » dans des associations artificielles et
subventionnées, où ils deviendront des « révolutionnaires professionnels »,
merci Lénine
d’avoir pensé à eux.
_
Autre revendication qui va de soi : parachever
l’impunité dont jouissent les activités anarchistes par l’arrêt de toutes les
poursuites et l’amnistie pour ceux des casseurs et auteurs d’agressions
barbares qui ont déjà été condamnés. On nous dira une fois de plus que c’est
pour l’apaisement. Et, une fois de plus, ce sera un puissant encouragement.
Conformément à
l’amoralisme officiel de
JEAN MADIRAN
La guerre
civile n’est peut-être pas très loin…surtout quand on lit le récent sondage
réalisé par IFOP
Jean Cochet
en fait l’analyse dans Présent du samedi 22 avril.
B- Un tiers des Français juge « l’extrême
droite » : « proche de leurs préoccupations »
Voilà un sondage, réalisé par IFOP, qui chagrine au
plus haut point la classe politico-médiatique. Pensez donc : plus d’un tiers
des Français estiment que « l’extrême droite enrichit le débat politique » et
qu’en outre, elle est « proche des préoccupations » des Français. Les
commentateurs politiques en sont restés sans voix.
35 % des personnes interrogées répondent « oui, plutôt
», à la question de savoir si « l’extrême droite » enrichit le débat politique.
Les proportions sont respectivement de 34 % et de 66 % à la question de savoir si
« l’extrême droite » est proche des préoccupations des Français. « Extrême
droite » étant bien sûr synonyme ici de droite nationale. Une droite que nos
adversaires ont notamment diabolisée par le biais du vocabulaire en lui
accolant une notion d’extrémisme que nous avons réfutée. Alors que la droite
traditionnelle, la droite d’idées n’a en fait rien d’extrémiste. Ni dans ses
propositions, ni dans son comportement, ni dans son électorat. Mais, à tant
tirer sur la corde, elle finit par s’user. Et il semble que ce terme «
extrémiste », qui nous qualifie de façon fausse et diffamatoire, trompe de
moins en moins de monde. Si être extrémiste, c’est penser comme Le Pen et les
élus nationaux, alors nous sommes « extrémistes », en concluent même
placidement certains électeurs, pourtant étrangers dans leur vie quotidienne à
tout radicalisme et à tout activisme. Directeur du département d’opinion
publique de l’IFOP, Frédéric Dabi commente ainsi les chiffres du sondage qui
attristent fort les bobos du Tout-Paris: « Emeutes dans les banlieues à
l’automne 2005, mouvements sociaux consécutifs au CPE en 2006, autant de crises
hexagonales qui (…) semblent renforcer l’extrême droite. » Ceux qui trouvent
que « l’extrême droite » enrichit le débat politique estiment que sa
contribution est la plus utile en matière d’immigration (43 % des réponses),
puis sur la sécurité (31 %). Difficile en effet de faire confiance pour
résoudre ces problèmes angoissants, à ceux qui en sont à l’origine. Invités à
désigner la personnalité incarnant le mieux « l’extrême droite », près de
48 % des personnes interrogées placent nettement en tête Jean-Marie Le Pen (48 %). Le
président du Front national devance nettement Philippe de Villiers (24 %),
Marine Le Pen (19 %), Bruno Mégret (4 %) et Bruno Gollnisch (2 %).
Face aux trahisons à répétitions de la fausse droite,
désormais identifiée au parti de la reculade, les Français, peu à peu,
commencent à regarder du côté de la vraie droite. Celle dont ils découvrent que
le prétendu extrémisme n’était qu’un mensonge médiatique de plus. Non seulement
la droite nationaliste existe toujours, mais dans l’effondrement du système en
train de craquer de toutes parts, elle existera de plus en plus. Ce sont les
sondeurs de l’IFOP qui nous l’annoncent…
Jean Cochet.
Danièle Masson nous livre ses réflexions sur «
l’affaire du CPE »
C- La grande méprise
Par Danièle Masson . Dans Présent du samedi 22 avril.
Le CPE enterré, chacun a pu retourner à ses
occupations... Le soulagement, nous affirme-t-on, est général.
Que
une situation favorable aux reconstructions. Non que
nous étions de fervents inconditionnels de cette loi. Le CPE, n’était un bien
que relatif ; une tentative à un retour « plus bas que le mal ». Cette loi
n’est en effet en rien glorieuse – pas plus que ne l’est le coup de bistouri
sur un abcès –, elle ne s’attaquait pas au mal profond dont cette révolte
télécommandée est résultat, mais à ses seuls effets.
La société
d’opinion fait son entrée (1)
Comment a-t-on pu croire un seul instant que les
syndicats accepteraient de se laisser déposséder de la seule raison d’être
qu’il leur reste : les conflits dans l’entreprise... et comment a-t-on pu
croire que les médias laisseraient passer cette occasion rêvée de fomenter une
alliance objective en vue de la reconquête du pouvoir par la gauche selon leur
cœur, et que pour cela ils hésiteraient à envoyer courageusement les étudiants
et lycéens en première ligne. Si Villepin est impardonnable de quelque chose,
c’est bien d’avoir cru que le début de solution au blocage de l’emploi des
jeunes qu’il proposait assurerait une assise à ses ambitions politiques – par
ailleurs, somme toute légitime – et que cette disposition pouvait aboutir en
faisant l’économie des précautions... c’est-à-dire sans s’assurer contre l’outrecuidance
de la secte culturelle, de ses bras et de ses jambes que sont les médias et les
syndicats.
L’opposition a gagné ! clame-t-on. La belle affaire si
Or, ils se trompent tous deux ! C’est la société
d’opinion (1) qui a fait son entrée en force, en réalité la démocratie selon
ses fondamentaux, c’est-à-dire l’assujettissement de l’homme complet – corps,
âme et esprit – à une classe dirigeante – la caste culturelle – assez
intelligente pour laisser les deux clans opposés – la droite et la gauche – se
disputer une gouvernance qui n’a plus du pouvoir que l’apparence, mais garde
les réels comptes à rendre. Les seconds font le travail, les premiers
récoltent... Les grandes manœuvres. Il y a peu, l’affaire de l’alinéa 2 de la
loi mentionnant « le rôle positif de la présence française outre-mer », qui dut
être retiré par une savante orchestration, fut un coup de semonce. L’abandon de
l’alinéa 8 de la loi sur « l’égalité des chances (sic) » – feu le CPE –
est la confirmation d’une prise, par la caste culturelle, d’une part du pouvoir
plus grande encore. La machination est parfaitement concluante : l’homme
postmoderne est advenu !
Pourquoi, dans ces conditions, dira-t-on, ne pas avoir
profité de l’occasion pour prendre le pouvoir qui était à portée de main ? En
effet, contrairement à Mai 68, le pays est resté tétanisé, et, à quelques
exceptions près, sans grande réaction. Si la caste culturelle n’a pas pris le
pouvoir apparent, c’est qu’elle n’en veut pas, n’en déplaise à quelques
éléments mal contrôlés – rapidement repris en main – qui voulaient « aller
jusqu’au bout » (ils ne disent pas de quoi). Pourquoi, alors qu’elle a le
pouvoir réel, la caste culturelle prendrait-elle le risque d’être tenue pour
responsable de la casse inévitable produite par le monde qu’elle met en
place... et celui de perdre ses bras et jambes : les médias et syndicats, alors
que, comme dans la chanson, l’alternance droite gauche est la meilleure façon
de marcher : de faire avancer leur projet de société.
Seconde
méprise
A l’évidence, cette affaire repose sur une confusion.
Il y a eu erreur sur la cible ! On ne s’en est pas pris à la maladie mais à son
palliatif. Il est difficile d’en vouloir pour ce malentendu à la jeunesse – si
ce n’est à ses meneurs et à ses mentors. Cette jeunesse, en effet, est tenue
loin de toute analyse véritable, et l’argumentation qui lui est fournie se
limite à des slogans et à des rejets simplistes : « Avant tout dialogue, on
exige le retrait. » Il y a des moments où l’on comprend pourquoi Villepin a
tenté le passage en force ! La jeunesse – et, là, elle a raison ne peut se contenter de l’horizon qui lui est
offert : un avenir de producteurs-consommateurs à la merci d’un capitalisme tel
qu’il est devenu... ni solidaire ni équitable, mais rapace et inhumain. Comment
se contenterait-elle d’une vie résumée à une confrontation entre des prédateurs
et leurs victimes ? Mais elle s’est trompée de cible ! Combattre le mal
où il est.
Avec l’arrivée du totalmondialisme, le
capitalisme a perdu tous freins et toutes barrières pour contenir ses
débordements, et leurs tenants sont devenus fous des richesses qu’ils
accumulent à l’infini, pillant sans vergogne, ni retenue, la planète et ses
ressources y compris humaines. Et l’on voudrait nous faire croire qu’il y a là
une fatalité, un progrès contre lequel on ne peut rien et auquel il convient de
s’adapter. Toute morale préalablement extirpée, plus rien ne retient leur
effrayante voracité qui ne connaît plus de limite dans aucun domaine, excepté
celles qui les protègent de leurs homologues. Les autres mécanismes de
régulation ont sauté, ils peuvent désormais délocaliser et rançonner à leur
guise. Il est significatif que les jeunes manifestants aient pris (ou accepté
de prendre) pour symbole de la précarité : le CPE qui, précisément, voulait y
remédier. A long terme, il est difficile de leur donner tort, quant au fond. On
leur a fait prendre le palliatif pour le remède ! A aucun moment, en effet, il
ne s’est agi de la maladie dont on nous tient dans l’ignorance, mais de ses
seuls effets. Et on peut se demander si la classe politique entière ne fait pas
la même confusion. La comparaison de Villepin entre le non au CPE et le non
au référendum sur
D.M.
(1) La
différence qu’il y a entre opinions et vérité est la même qui sépare la croyance
et la foi. La première posture est idéologique – c’est-à-dire a pour origine la
seule raison... la sienne ou celle que l’on adopte par choix personnel. La
seconde est donnée et reçue – antérieure à celui qui la pense – si ce n’est
dans la manière de l’expliciter, du moins quant à son substrat. Dans la société
d’opinion, chère à Augustin Cochin, le relatif est absolutisé et l’intangible
relativisé... C’est bien le monde à l’envers.