Les Nouvelles
de
Chrétienté
n°52
Le 19 mai 2006
Sommaire :
A- L’enseignement de Benoît XVI.
a-Discours du pape
à l’Institut Jean-Paul II sur le mariage et la famille
b- Benoît XVI rappelle les hommes politiques au devoir de protéger
le mariage et condamne ouvertement les unions homosexuelles
c-La belle figure de Saint Pierre
B- Les nouvelles de Rome.
a-Un scandale dans le football italien.
b- Un haut responsable orthodoxe russe est reçu par Benoît
XVI
C- Da Vinci Code
a-Deux mots de théologie.
b- Quelques commentaires suite à la diffusion du film
D- Les Nouvelles de France.
De l’ immigration
A- L’enseignement de Benoît XVI.
a- Discours
du pape à l’Institut Jean-Paul II sur le mariage et la famille
Audience du jeudi 11 mai
Le jeudi 11 mai, Benoît
XVI a prononcé le discours suivant lors
de l’audience qu’il accordait aux
participants au Congrès international promu par l’Institut pontifical «
Jean-Paul II » pour les études sur le mariage et la famille de l’Université
pontificale du Latran.
* * *
Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et sœurs !
C'est avec une grande joie que je vous rencontre à l'occasion du XXVe
anniversaire de la fondation, au sein de l'Université pontificale du Latran, de
l'Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille. Je vous
salue tous avec affection et je vous remercie de la grande affection que vous
m'avez démontrée. Je remercie de tout cœur Mgr Livio Melina pour ses aimables
paroles et également pour le fait qu'il ait abrégé son discours. Nous pourrons
lire ce qu'il voulait nous dire, tout en ayant à présent davantage de temps
pour nous manifester notre affection.
Les origines de votre Institut remontent à un événement très particulier: précisément
le 13 mai 1981, Place Saint-Pierre, mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II fit
l'objet du grave attentat que l'on connaît lors de l'audience au cours de
laquelle il devait annoncer la création de votre Institut. Ce fait revêt une
importance particulière dans la commémoration actuelle, que nous célébrons un
peu plus d'un an après sa mort. Vous avez voulu le souligner à travers
l'initiative opportune d'un Congrès sur: « L'héritage de Jean-Paul II sur le
mariage et la famille: aimer l'amour humain ». Vous sentez à juste titre comme
vôtre cet héritage tout à fait particulier, car vous êtes les destinataires et
les successeurs de la vision qui constitua l'un des axes portants de sa mission
et de ses réflexions: le dessein de Dieu sur le mariage et la famille. Il
s'agit d'un héritage qui ne constitue pas simplement un ensemble de doctrines
ou d'idées, mais avant tout un enseignement doté d'une unité lumineuse sur le
sens de l'amour humain et de la vie. La présence de nombreuses familles à cette
audience — et donc pas seulement les étudiants actuels et du passé, mais
surtout les étudiants de l'avenir — représente un témoignage particulièrement
éloquent de la façon dont l'enseignement de cette vérité a été accueilli et a
porté ses fruits.
L'idée d'« enseigner à aimer » accompagna déjà le jeune prêtre Karol Wojtyla et
par la suite l'enthousiasma, lorsque, jeune évêque, il affronta les moments
difficiles qui suivirent la publication de l'Encyclique prophétique et toujours
actuelle de mon prédécesseur Paul VI, Humanae vitae. Ce fut en cette
circonstance qu'il comprit la nécessité d'entreprendre une étude systématique
de ce thème. Cela constitua le fondement de l'enseignement qui fut ensuite
offert à toute l'Eglise dans ses inoubliables catéchèses sur l'amour humain.
Ainsi étaient soulignés deux éléments essentiels, que vous avez tenté
d'approfondir au cours des années et qui représentent la nouveauté même de
votre Institut en tant que réalité académique ayant une mission spécifique au
sein de l'Eglise.
Le premier élément est que le mariage et
la famille sont enracinés dans le noyau le plus intime de la vérité sur l'homme
et sur son destin. L'Ecriture Sainte annonce que la vocation à l'amour fait
partie de l'image authentique de Dieu que le Créateur a voulu imprimer dans sa
créature, l'appelant à devenir semblable à lui précisément dans la mesure où
elle est ouverte à l'amour. La
différence sexuelle qui caractérise le corps de l'homme et de la femme n'est
donc pas une simple donnée biologique, mais revêt une signification bien plus
profonde: elle exprime la forme de l'amour à travers laquelle l'homme et la
femme, devenant — comme le dit l'Ecriture Sainte — une seule chair, peuvent
réaliser une communion authentique de personnes ouvertes à la transmission de
la vie et coopèrent ainsi avec Dieu à la génération de nouveaux êtres humains.
Un deuxième élément caractérise la nouveauté de l'enseignement de Jean-Paul II
sur l'amour humain: sa façon originale de lire le dessein de Dieu précisément
dans la convergence de la révélation divine avec l'expérience humaine. En
effet, dans le Christ, plénitude de la révélation d'amour du Père, se manifeste
également la pleine vérité de la vocation à l'amour de l'homme, qui ne peut se
retrouver totalement que dans le don sincère de soi.
Dans ma récente Encyclique, j'ai voulu souligner que précisément à travers
l'amour, s'illumine « l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme
et de son chemin, qui en découle » (Deus
caritas est, n. 1). En d'autres termes, Dieu s'est servi de la voie de
l'amour pour révéler le mystère intime de sa vie trinitaire. En outre, le rapport étroit qui existe entre l'image
de Dieu Amour et l'amour humain nous permet de comprendre que « à l'image du
Dieu du monothéisme correspond le mariage monogamique. Le mariage fondé sur un
amour exclusif et définitif devient l'icône de la relation de Dieu avec son
peuple et réciproquement: la façon dont Dieu aime devient la mesure de l'amour
humain » (Ibid., n. 11). Cette indication demeure encore en grande partie à
explorer. Voilà alors qu'apparaît le devoir que l'Institut pour les études sur
le mariage et la famille possède au sein des structures académiques: illuminer la vérité de l'amour comme chemin
de plénitude de toute forme d'existence humaine. Le grand défi de la
nouvelle évangélisation, que Jean-Paul II a proposé avec un tel élan, a besoin
d'être soutenu par une réflexion véritablement approfondie sur l'amour humain,
dans la mesure où cet amour est précisément une voie privilégiée que Dieu a
choisie pour se révéler lui-même à l'homme et que c'est dans cet amour qu'il
l'appelle à une communion dans la vie trinitaire. Cette approche nous permet
également de surmonter une conception reléguant l'amour au domaine du privé,
aujourd'hui si diffuse. Le véritable amour
se transforme en une lumière qui guide toute la vie vers sa plénitude, créant
une société habitable pour l'homme. La communion de vie et d'amour qu'est
le mariage se présente ainsi comme un bien authentique pour la société. Eviter
la confusion avec d'autres types d'union fondées sur un amour faible apparaît
aujourd'hui avec une urgence particulière. Seul le roc de l'amour total et
irrévocable entre l'homme et la femme est capable de fonder la construction
d'une société qui puisse devenir une maison pour tous les hommes.
L'importance que le travail de l'Institut revêt dans la mission de l'Eglise
explique sa configuration: en effet, Jean-Paul II avait approuvé un seul
Institut dans différents sièges présents sur les cinq continents, afin de
pouvoir offrir une réflexion qui révèle la richesse de l'unique vérité dans la
pluralité des cultures. Cette unité de vision dans la recherche et dans
l'enseignement, malgré la diversité des lieux et des sensibilités, représente
une valeur que vous devez protéger, en développant les richesses enracinées
dans chaque culture. Cette caractéristique de l'Institut s'est révélée
particulièrement adaptée à l'étude d'une réalité comme celle du mariage et de
la famille. Votre travail peut montrer de quelle façon le don de la création
vécu dans les différentes cultures a été transformé en grâce de rédemption par
le Christ.
Pour pouvoir réaliser au mieux votre mission de fidèles héritiers du fondateur
de l'Institut, le bien-aimé Jean-Paul II, je vous invite à contempler
.
b- Benoît XVI rappelle les hommes
politiques au devoir de protéger le mariage et condamne ouvertement les unions
homosexuelles
Rome, 14 mai 2006 (Apic) A l'occasion de l'assemblée plénière du
Conseil pontifical pour la famille, Benoît XVI a rappelé les hommes politiques
à leur devoir de défense du mariage, de la famille et de la vie. Il a fermement
condamné les 'mariages' homosexuels.
Le pape a reçu en audience
les participants à l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille,
créé il y a 25 ans, le 9 mai 1981, par Jean-Paul II. Il a déclaré à cette
occasion: "Les hommes politiques et
les législateurs" doivent "sauvegarder
les droits de la famille". Il a à nouveau dénoncé toutes formes de
Pacs. Le pape a condamné les unions
homosexuelles légitimées à travers "la validation de solutions juridiques
pour les unions dites de fait. Unions qui bien que refusant les obligations du
mariage, prétendent obtenir des droits équivalents".
"On veut directement donner une nouvelle
définition au mariage pour l'égaliser les unions homosexuelles, en accordant à
celles-ci le droit à l'adoption
d'enfants", a-t-il ajouté.
La famille est un patrimoine
de l'humanité
"La famille fondée sur le mariage constitue un 'patrimoine de
l'humanité'. C'est une institution sociale fondamentale, c'est la cellule
vitale et la colonne de la société et ceci concerne les croyants aussi bien que
les non-croyants", a alors précisé le souverain pontife. "Tous les Etats doivent le prendre en très
haute considération".
Aller à contre-courant de la
culture dominante
Dans le monde actuel "dans lequel on fait tant de concessions
équivoques sur l'homme, sur la liberté, sur l'amour humain, nous ne devons
jamais baisser les bras pour présenter la vérité sur l'institution de la
famille", a-t-il poursuivi.
Malheureusement, "le nombre des séparations et des divorces,
qui rompent l'unité familiale et créent de nombreux problèmes pour les enfants,
victimes innocentes de ces situations, augmente". "La stabilité de la
famille est aujourd'hui mise à mal. Pour la sauvegarder, il convient souvent
d'aller à contre-courant de la culture dominante et ceci demande la patience,
des efforts, des sacrifices et la recherche incessante de la compréhension
mutuelle".
Puis le pape a insisté sur
"le respect dû à l'embryon humain,
qui devrait toujours naître d'un acte d'amour et être traité comme une
personne". Les progrès de la science et de la technique en bioéthique
"se transforment en menace quand
l'homme perd le sens de ses limites et, en pratique, prétend se substituer à
Dieu", a fermement rappelé Benoît XVI.
Enfin, le pape s'est félicité
que nombreux sont ceux qui, et "particulièrement parmi les jeunes",
en viennent "à redécouvrir les
valeurs de la chasteté, qui apparaît de plus en plus comme la garantie de
l'amour authentique".
"Le moment historique que nous sommes en train de
vivre incite les familles chrétiennes à témoigner avec courage et cohérence du
fait que la procréation est le fruit de l'amour". Ce qui ne manquera pas "de stimuler"
les législateurs et aidera à lutter contre "l'hiver démographique" et
le vieillissement de la population, a conclu Benoît XVI en invitant toutes les
communautés diocésaines à participer à la 5e Journée mondiale de la famille à
Valence (Espagne) du 1er au à juillet 2006, à laquelle il mettra le point final.
C'est le seconde fois en deux
jours que Benoît XVI était amené à aborder le thème de la famille. Il a ainsi
invité à dépasser la “conception privée de l’amour“, le 11 mai 2006, en
recevant les participants au congrès sur ‘l’héritage de Jean Paul II sur le
mariage et la famille : aimer l’amour humain’, organisé par l’Institut
pontifical Jean Paul II.
“La communion de vie et d’amour qu’est le mariage se présente ainsi comme
un authentique bien pour la société“, avait-il alors rappelé. “Eviter la confusion avec les autres types
d’unions fondées sur un amour fragile se révèle aujourd’hui d'une urgence
spéciale". Pour lui, en effet, “seul
le rocher de l’amour total et irrévocable entre un homme et une femme est
capable de fonder la construction d’une société qui devienne une maison pour
tous les hommes“. (apic/imedia/hy/vb)
14.05.2006 – Apic
c-La belle figure de Saint Pierre
Lors
de son Audience générale du mercredi 17 mai, le Pape Benoît XVI a commencé une
description des Apôtres, fondements de l’Eglise.
Son but est clair : « nous voulons voir (les Apôtres) un par
un, pour comprendre à travers les personnes ce que signifie vivre l'Eglise, ce
que signifie suivre Jésus. Commençons par saint Pierre ».
Chers frères et sœurs,
Dans la nouvelle série de catéchèses, nous avons tout d'abord cherché à mieux
comprendre ce qu'est l'Eglise, quelle est l'idée que le Seigneur se fait de
cette nouvelle famille. Nous avons ensuite dit que l'Eglise existe dans les
personnes. Et nous avons vu que le Seigneur a confié cette nouvelle réalité,
l'Eglise, aux douze Apôtres. A présent, nous voulons les voir un par un, pour
comprendre à travers les personnes ce que signifie vivre l'Eglise, ce que
signifie suivre Jésus. Commençons par saint Pierre.
Après Jésus, Pierre est le personnage le
plus célèbre et le plus cité dans les écrits du Nouveau Testament: il est
mentionné 154 fois avec le surnom de Pétros, «pierre», «roc», qui est la
traduction en grec du nom araméen qui lui a été directement donné par Jésus,
Kefa, attesté neuf fois, en particulier dans les lettres de Paul; on doit
ensuite ajouter le nom fréquemment utilisé Simòn (75 fois), qui est la forme
grécisée de son nom juif original Simeòn (2 fois: Actes 15, 14; 2 P 1, 1). Fils
de Jean (cf. Jn 1, 42) ou, dans la forme araméenne, bar-Jona, fils de Jonas
(cf. Mt 16, 17), Simon était de Béthsaïde (cf. Jn 1, 44), une petite ville à
l'est de la mer de Galilée, dont provenaient également Philippe et
naturellement André, frère de Simon. Sa façon de parler trahissait l'accent de
Galilée. Lui aussi, comme son frère, était pêcheur: avec la famille de Zébédée,
père de Jacques et de Jean, il dirigeait une petite activité de pêche sur le
Lac de Génésareth (cf. Lc 5, 10). Il devait donc jouir d'une certaine aisance
économique et était animé par un intérêt religieux sincère, par un désir de
Dieu — il désirait que Dieu intervienne dans le monde — un désir qui le poussa
à se rendre avec son frère jusqu'en Judée pour suivre la prédication de Jean le
Baptiste (Jn 1, 35-42).
C'était un juif croyant, pratiquant, confiant dans la présence agissante de
Dieu dans l'histoire de son peuple, et attristé de ne pas en voir l'action
puissante dans les événements dont il était alors le témoin. Il était marié et
sa belle-mère, guérie un jour par Jésus, vivait dans la ville de Capharnaüm,
dans la maison où Simon logeait lui aussi lorsqu'il était dans cette ville (cf.
Mt 8, 14sq; Mc 1, 29sq; Lc 4, 38sq). De récentes fouilles archéologiques ont
permis de mettre à jour, sous le pavement en mosaïque octogonal d'une petite
Eglise byzantine, les traces d'une église plus antique installée dans cette
maison, comme l'attestent les inscriptions avec des invocations à Pierre. Les
Evangiles nous informent que Pierre appartient aux quatre premiers disciples du
Nazaréen (cf. Lc 5, 1-11), auxquels s'ajoute un cinquième, selon la coutume de
chaque Rabbi d'avoir cinq disciples (cf. Lc 5, 27: appel de Lévi). Lorsque
Jésus passera de cinq à douze disciples (cf. Lc 9, 1-6), la nouveauté de sa
mission sera claire: Il n'est pas un rabbin parmi tant d'autres, mais il est
venu rassembler l'Israël eschatologique, symbolisé par le nombre douze, qui
était celui des tribus d'Israël.
Simon apparaît dans les Evangiles avec un caractère décidé et impulsif; il est
disposé à faire valoir ses propres raisons, même par la force (que l'on pense à
l'usage de l'épée au Jardin des Oliviers: cf. Jn 18, 10sq). Dans le même temps,
il est parfois naïf et peureux, mais cependant honnête, jusqu'au repentir le
plus sincère (cf. Mt 26, 75). Les Evangiles permettent de suivre pas à pas son
itinéraire spirituel. Le point de départ est l'appel de Jésus. Il a lieu un
jour quelconque, alors que Pierre accomplit son travail de pêcheur. Jésus se
trouve sur les rives du lac de Génésareth et la foule se bouscule autour de lui
pour l'écouter. Le nombre des auditeurs crée une certaine gêne. Le Maître voit
deux barques amarrées au bord du rivage ; les pêcheurs sont descendus et lavent
les filets. Il demande alors à monter dans la barque, celle de Simon, et le
prie de s'éloigner de la rive. S'étant assis sur cette chaire improvisée, il se
met à enseigner les foules de la barque (cf. Lc 5, 1-3). Et ainsi, la barque de
Pierre devient
Pierre vivra un autre moment significatif de son chemin spirituel aux alentours
de Césarée de Philippe, lorsque Jésus pose une question précise aux disciples:
« Pour les gens, qui suis-je? » (Mc 8, 27). Jésus ne se contente cependant pas
de la réponse par ouï-dire. Il attend de la part de ceux qui ont accepté de
s'engager personnellement avec Lui une prise de position personnelle. C'est
pourquoi, il insiste: « Pour vous, qui suis-je? » (Mc 8, 29). Et Pierre répond
également au nom des autres: « Tu es le Christ » (ibid.), c'est-à-dire le
Messie. Cette réponse de Pierre, « ce n'est pas la chair et le sang qui [lui]
ont révélé cela », mais elle lui fut donnée par le Père qui est aux cieux (cf.
Mt 16, 17), contient comme en germe la future confession de foi de l'Eglise.
Toutefois, Pierre n'avait pas encore compris le contenu profond de la mission
messianique de Jésus, le nouveau sens de cette parole: Messie. Il le démontre peu
après, en faisant comprendre que le Messie qu'il poursuit dans ses rêves est
très différent du véritable projet de Dieu. Devant l'annonce de la passion, il
se scandalise et proteste en suscitant une vive réaction de la part de Jésus
(cf. Mc 8, 32-33). Pierre veut un Messie « homme divin », qui réponde aux
attentes des personnes en imposant sa puissance à tous: c'est également notre
désir, que le Seigneur impose sa puissance et transforme immédiatement le
monde; Jésus se présente comme le « Dieu humain », le serviteur de Dieu, qui
bouleverse les attentes de la foule en prenant un chemin d'humilité et de
souffrance. C'est la grande alternative, que nous devons nous aussi toujours
réapprendre : privilégier ses propres attentes en repoussant Jésus ou accueillir
Jésus dans la vérité de sa mission et mettre de côté les attentes trop
humaines. Pierre — impulsif comme il l'est — n'hésite pas à prendre Jésus à
part et à lui faire des reproches. La réponse de Jésus anéantit toutes ses
fausses attentes, lorsqu'il le rappelle à la conversion et à le suivre: « Passe
derrière moi, Satan! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des
hommes » (Mc 8, 33). Ce n'est pas à toi de m'indiquer la route, moi, je choisis
mon chemin, et toi, remets-toi à ma suite.
Pierre apprend ainsi ce que signifie véritablement suivre Jésus. C'est son
deuxième appel, semblable à celui d'Abraham dans Gn 22, après celui de Gn 12: «
Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne
sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais
celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile la sauvera » (Mc 8, 34-35).
C'est la loi exigeante de la sequela
Christi: il faut savoir renoncer, si nécessaire, au monde entier pour
sauver les vraies valeurs, pour sauver son âme, pour sauver la présence de Dieu
dans le monde (cf. Mc 8, 36-37). Bien qu'avec difficulté, Pierre accueille
l'invitation et poursuit son chemin sur les pas du Maître.
Il me semble que ces diverses conversions de saint Pierre et sa figure tout
entière sont un grand réconfort et un grand enseignement pour nous. Nous aussi,
nous avons le désir de Dieu, nous aussi, nous voulons être généreux, mais nous
aussi, nous attendons que Dieu soit fort dans le monde et transforme immédiatement
le monde selon nos idées, selon les besoins que nous constatons. Dieu choisit
une autre voie. Dieu choisit la voie de la transformation des cœurs dans la
souffrance et dans l'humilité. Et nous, comme Pierre, nous devons nous
reconvertir sans cesse. Nous devons suivre Jésus et non pas le précéder: c'est
Lui qui nous montre la route. Ainsi, Pierre nous dit: Tu penses connaître la
recette et devoir transformer le christianisme, mais c'est le Seigneur qui
connaît le chemin. C'est le Seigneur qui me dit, qui te dit: Suis-moi! Et nous
devons avoir le courage et l'humilité de suivre Jésus, car Il est le Chemin,
B- Les nouvelles de Rome.
a-Un
scandale dans le football italien.
Rome: "L’Osservatore
Romano" dégoûté par le scandale qui secoue le football italien
Une offense au sport et à
l'enfance
Rome, 16 mai 2006 (Apic)
"L’Osservatore Romano" se dit dégoûté par le scandale qui secoue à
nouveau le football italien, qui implique dirigeants, arbitres et joueurs de la
péninsule.
Le quotidien du Vatican a
souligné en début de semaine que “le tremblement de terre qui est en train de
secouer le monde du football n’est pas qu’une offense au sport et à ses valeurs
mais aussi à notre joie d’enfant“. Le football a toujours été "une oasis heureuse"
pour les Italiens, écrit "L’Osservatore Romano", qui regrette que
cette tourmente judiciaire ait “également frappé nos souvenirs quand nous
étions dans les rues, les jardins, les garages à courir derrière un ballon en
le frappant à l’infini“.
“Malgré les épisodes de
banditisme, et même de violences plus graves, qui le blessaient toujours plus
souvent, et malgré les suspects qui le corrompaient“, le football restait “un
refuge secret, un port où l’on pouvait s’amarrer à l’abri des préoccupations
quotidiennes“, ajoute le quotidien, qui incluait également “ceux qui ne
suivaient pas le football directement“.
“Voilà: s’il y a une faute,
un délit que l’on peut tout de suite notifier, c’est de nous avoir aussi volé
cette pauvre illusion que le ballon, malgré tout, reste rond, pour les blancs
comme pour les noirs, pour les petits comme pour les grands, pour les riches
comme pour les pauvres, conclu "L’Osservatore Romano", considérant
“qu’il n’y a pas de peine à la hauteur pour ce délit“.
Quelques jours avant la fin
du championnat du football italien, les bureaux de la fédération italienne de
football ont été perquisitionnés, le 12 mai au soir, dans le cadre d'une
enquête sur des matches truqués au cours des deux dernières saisons. Les
dirigeants de quatre grands clubs de la série A sont visés, dont
16.05.2006 - Apic
b- Un haut responsable orthodoxe russe est
reçu par Benoît XVI
Le Métropolite orthodoxe
russe Kirill reçu par Benoît XVI
Le
Métropolite orthodoxe russe Kirill de Smolensk et Kaliningrad, a été reçu en
audience privée par Benoît XVI en fin d’après midi, vers 18 h, le jeudi 18 mai.
Le métropolite est le président du Département des relations extérieures du
Patriarcat orthodoxe de Moscou et de toutes les Russies. En tant que tel, il a
représenté le patriarche Alexis II à la cérémonie d'inauguration du pontificat
de Benoît XVI le 24 avril 2005.
Le métropolite a ensuite assisté, à l'auditorium Sainte-Cécile, à un concert de
chants sacrés et populaires par le chœur du monastère Sretensky de Moscou.
Le métropolite est arrivé à Rome mercredi soir en vue de la consécration,
vendredi, de la première église orthodoxe russe de Rome, dédiée à sainte
Catherine d'Alexandrie, près de
Les
rapports entre le Vatican et l'Eglise orthodoxe russe sont tendus depuis de
longues années, le patriarcat de Moscou accusant notamment les catholiques de
prosélytisme sur son "territoire canonique", un reproche que ces
derniers rejettent avec constance.(AFP)
La
visite s’inscrit dans une éclaircie dans les relations entre Rome et Moscou, le
patriarche Alexis II ayant en effet déclaré le 9 mai à l’agence italienne Ansa
que
« les déclarations de Benoît XVI quant à sa volonté de développer les rapports
avec l'Eglise orthodoxe fondent l'espérance que la situation va changer de
façon favorable ».
Le 29 novembre 2005 le métropolite Kirill de
Smolensk et de Kaliningrad, avait reçu le cardinal Renato Martino, président du
Conseil pontifical « Justice et paix » qui était venu à Moscou pour la
présentation de la traduction russe du Compendium de la doctrine sociale de
l’Eglise catholique romaine.
Les deux prélats avaient abordé les devoirs et les défis que la société
contemporaine pose devant le monde chrétien et ont souligné le caractère
identique de la position des deux Eglises dans de nombreuses questions de la
vie de la société, des relations internationales, de l’éthique. Ils avaient délibéré des moyens d’une collaboration
pratique de l’Eglise orthodoxe russe et de l’Eglise catholique romaine
concernant la défense et la proclamation du message chrétien.
Dès son élection il y a un
an, Benoît XVI avait reçu le métropolite Kirill, venu de Moscou assister à son
intronisation, et avait affiché son désir d'améliorer les relations avec le
patriarcat russe.
C- Da Vinci Code
a-Deux mots de théologie.
« Une magistrale tromperie » : Documentaire sur
les mystifications du DVC présenté à Rome
« Le Da Vinci Code: une magistrale
tromperie »: tel est le titre du documentaire réalisé par Mario Biasetti pour
l’agence « Rome Reports News », qui raconte comment le roman de Dan Brown est
construit sur un château de
mystifications.
La vidéo a été présentée aujourd’hui à
Sur la divinité du Christ.
« Brown raconte, explique-t-il, que c’est sous la pression de l’empereur
Constantin, que la divinité du Christ a été proclamée pour la première fois en
325. C’est tout simplement faux. Dans le Nouveau Testament, l’évangile de Jean
dit : ‘Mon Seigneur et mon Dieu’, et les lettres de Paul affirment de façon
répétée la foi au Christ en tant que ‘Seigneur divin’ ! La divinité du Christ
n’est pas une doctrine inventée au IVe siècle, mais elle remonte aux débuts du
christianisme. Et puis, il y a le mensonge de Brown quant aux évangiles : selon
lui, au temps de Constantin, il y avait en circulation 8 évangiles : Constantin
en aurait imposé 4. Evidemment, Brown ne sait pas que déjà au IIe siècle, nos 4
évangiles étaient déjà officiellement reconnus par saint Irénée et par d’autres
Pères de l’Eglise, soit deux cents ans avant Constantin ! »
A propos de Jésus et de Marie Madeleine.
A propos de la relation entre Jésus et Marie de Magdala présentée par Dan Brown
(des thèses qui ne sont certes pas neuves) le P. O’Collins, précise : « Le
résultat est de réduire Jésus à un niveau humain, d’un homme marié, chef d’un
mouvement religieux, mais un Jésus qui ne peut pas satisfaire notre faim
spirituelle. Le livre de Dan Brown est l’un des nombreux livres qui ont cherché
à attaquer la figure de Jésus. Brown et les autres trouvent que Jésus est une
figure peu commode et derrière ce livre je crois qu’il y a une tentative de
réduire Jésus à un simple niveau humain ».
Mais
comment expliquer l’engouement du public pour ces thèses sans fondement ?
Pour
le jésuite, cela révèle l’ignorance de tant de personnes, « une ignorance
‘abyssale’ dans les domaines de l’histoire des Saintes Ecritures » et qui est «
de notre faute ».
« Nous, les professeurs, nous ne sommes pas arrivés à enseigner suffisamment la
vraie histoire de l’Eglise, ou la genèse des nos évangiles canoniques. Brown
met en évidence la crédulité et l’ignorance de millions de personnes. C’est un
roman policier, avec un peu de sexe, un peu de religion, une conspiration, un
cocktail qui marche assez bien ».
En somme, le P. O’Collins souligne que « le résultat positif de ce livre et du
film pourrait être la création de nombreux groupes d’étude ». « L’an dernier,
ajoute-t-il, je suis allé parler du DVC aux Etats-Unis, une fois devant 400
personnes, une autre fois devant encore davantage. Il a créé un public, il a
provoqué l’intérêt, et maintenant, la responsabilité des catholiques préparés
des professeurs de religion, notre responsabilité, est de répondre à la faim
spirituelle des gens. Nous avons maintenant un public énorme, pour le moment…
».
b- Quelques commentaires suite à la
diffusion du film
Premières réactions au “Da Vinci Code”
1- de Rémi Fontaine :
un éreintage !
Projeté mardi soir devant un parterre de journalistes
en prélude à sa présentation au Festival de Cannes, le film de Ron Howard a reçu un accueil glacial, avec même des
sifflets ou des ricanements lors de scènes censées être poignantes.
Les plumes internationales des premières critiques
publiées quelques heures plus tard, étaient trempées dans l’acide : « chose
lourde et sinistre », « ceux qui détestent le livre y verront
tous ses défauts et sa logique cauchemardesque »... « Je regrette
qu’il y ait eu tant d’émotion à travers l’Europe et le monde dans
l’Eglise sans avoir vu le film. Je viens de le voir et il n’y a
vraiment aucune raison de s’inquiéter : il ne peut tromper la foi de
ceux qui l’ont, et encore moins faire douter ceux qui doutaient déjà
», a déclaré pour sa part Mgr Jean-Michel di Falco, évêque de Gap et
président du Conseil pour la communication de
C’est oublier un peu vite l’impact du livre (qui
s’est écoulé à plus de 40 millions d’exemplaires) et tout le marketing
fait autour de ce film le plus attendu de l’année, doté d’un budget
de production de 125 millions de dollars et d’une campagne de promotion
colossale. Un ensemble qui fait dire aux spécialistes du box-office
d’Hollywood que le film devrait se tirer relativement indemne de ce
premier canardage de cinéphiles avertis. Laissant un public de
plus en plus inculte à la merci des billevesées déversées par cette
artillerie publicitaire, manipulatrice et désinformante, s’il n’y
a pas précisément une riposte proportionnée, ce que Mgr di Falco appelle
(avec un mépris déplorable qui fait le jeu des mercantis sans foi
ni loi) « les campagnes et croisades »...
On saluera donc la manifestation organisée par
Saint-Nicolas-du-Chardonnet mercredi soir face à un cinéma de l’Odéon contre la
sortie de ce « véritable pamphlet antichrétien » et les paroles
de l’abbé Xavier Beauvais à cette occasion. Ce film, a-t-il déclaré devant
plusieurs centaines de personnes, est « une imposture » qui «
rabaisse la religion catholique à un ramassis de minables petits secrets
». Il a dénoncé une attaque « insupportable » contre le
célibat du Christ et sainte Marie-Madeleine. Les manifestants ont ensuite
chanté des cantiques et récité le chapelet, s’agenouillant sur la chaussée. «
Da Vinci Flop. Fier d’être chrétien », lisait-on sur la pancarte
d’un manifestant.
RÉMI FONTAINE (dans Présent du Vendredi 19 mai 2006)
2- de François Maillot, D.G. de
En
direct de Cannes, voici les réactions de François Maillot, D.G. de
« J'ai
eu la malchance de voir le film hier ratant ainsi le match de foot.
Par
rapport au commentaire cité, je suis d'accord sur la valeur cinématographique :
c'est mauvais !
Cela
dit, en dépit des efforts de Tom Hanks dans la première partie du film pour
suggérer qu'il ne s'agit peut-être que d'hypothèses, et d'une tentative ultime
du scénariste d'arrondir les angles, la
caricature de l'Eglise catholique demeure très déplaisante et est renforcée par le poids de l'image ; le film se conclut enfin par l'idée
dangereuse que même si le christianisme repose sur un tissu de mensonge, il
vaut mieux laisser les gens dans l'illusion de leur foi ! Je ne crois
donc pas que le film soit si anodin que cela malgré les efforts évidents
d'Hollywood pour aseptiser le propos ».
D- Les Nouvelles de France.
De l’ immigration
Voilà sous la plume de Rémi Fontaine,
Jean Madiran, Philippe Maxence, François Daguet quelques réflexions de bon sens
sur cet important problème, sujet d’actualité.
On ne peut pas parler de l’immigration
sans aborder le problème du bien commun et donc de la civilisation de la nation
qui accueille et de son patrimoine qu’il faut aimer et respecter.
1-Jean Madiran.
Dans Présent du 28 avril, Jean Madiran s’exprime de la
manière suivante :
Villepin et le Conseil des Eglises
Une immigration négative
Il n’est pas précisé si c’est après les admonestations
du Conseil ecclésiastique, ou bien avant, déjà, que le Premier ministre a
énoncé sa philosophie politique en ces termes, rapportés
jeudi par Le Monde : « L’autre, tous les
autres, surtout celui qui est étranger, quelque chose à nous apporter. »
En tout cas, telle est bien la philosophie politique dominante chez les
autorités civiles, médiatiques et religieuses de
Le dilettantisme affiché par le Premier ministre
exprime l’insolence de son amateurisme surtout dans son « surtout ».
« L’autre », oui. Mais surtout l’étranger. C’est surtout
celui qui est étranger qui, selon Villepin, a « quelque chose à nous
apporter ».
On est « étranger » par distinction d’avec «
compatriote ». Contrairement à l’ordre normal selon lequel nous trouvons
généralement davantage de bienveillance, de secours, d’« apport » chez nos
compatriotes que chez des étrangers,
Villepin croit trouver « surtout », c’est-à-dire croit
trouver davantage de conseil, d’aide, de renfort chez « l’étranger » que chez
son prochain le plus proche. S’il croit et fait ce qu’il dit, alors il écoute
davantage Poutine, Bouteflika, Zapatero et la reine d’Angleterre qu’il n’écoute
le président Chirac. Et si ce n’est pas cela qu’il fait, alors c’est qu’il dit
n’importe quoi.
Mais ce n’importe quoi, il le dit à propos des
étrangers chez nous, au mépris de la chose dramatiquement la plus importante à
en dire, et qui est celle-ci : il y a numériquement, ethniquement,
religieusement trop d’étrangers en France, beaucoup plus qu’elle ne peut en
loger, en nourrir, en soigner, en éduquer, et pour cette raison, qui n’est pas
la seule, mais qui est l’une des principales, la nationalité française est en
train d’en crever.
Le rapport annuel de la « Direction de la population
et des migrations » (DPM), rendu public mercredi, annonce que l’immigration
étrangère augmente, que les naturalisations sont en hausse, que
la « natalité d’origine étrangère » dépasse 12 % contre 10 % en 1998, qu’il y a
une forte poussée des naturalisations par mariage, et que le nombre de
demandeurs du « droit d’asile » a plus que doublé par rapport à 1995.
Telle est la situation dans laquelle le « Conseil
d’Eglises chrétiennes en France » admoneste Villepin, au sujet de
l’immigration, par une lettre vivement hostile à Sarkozy, publiée dans
au Figaro, on feint de croire véritablement «
représentatif » de l’ensemble des clergés et fidèles catholiques, orthodoxes
protestants. Mais trop souvent partialité politique est bien prompte à se
conformer au vocabulaire à la problématique des socialistes. Sa lettre déclare
que « l’existence des sans-papiers est une réalité incontournable
» et il
s’exclame : « Peut-on uniquement leur proposer de repartir dans leur
pays d’origine, de gré ou de force ? Cela
nous paraît tout à la fois irréaliste d’un point de
vue pratique [autant] que
problématique sur le plan humain. »
C’est sans doute vrai. Mais partialité politique du
Conseil ecclésiastique consiste ici, premièrement, à omettre de considérer
qu’en général les sans-papiers France sont par le fait même des délinquants
(avec éventuellement
des circonstances atténuantes, mais non absolutoires).
Et à omettre secondement que leur sort sera non pas soulagé mais aggravé par
l’augmentation continuelle d’une immigration inassimilable et hostile dans
cette mesure diminuent encore plus les moyens de les nourrir, les loger, de les
soigner, de les instruire, bref de les « intégrer ».
_
Le
Conseil ecclésiastique ferait mieux de commencer par être plus attentif à ses
propres responsabilités : en l’occurrence, redresser les sophismes des
cinquante « organisations chrétiennes » proclamant un « droit de l’étranger
» – un droit à être nourri, logé, soigné, instruit, intégré – qui serait
illimité et inconditionnel (cf. Jeanne Smits dans
Présent de
mercredi). Faute d’une exacte théologie morale, le Conseil pourrait au moins
s’inspirer de parabole du charretier selon Henri Charlier : « Un
charretier qui, pour obliger un voisin, veut transporter une matière
dont il connaît mal la densité, puis verse en chemin ou crève son
cheval, ne sauve rien du tout, ne passe pas pour un héros mais pour
un imbécile. » Du Figaro à Libération, de nos autorités
civiles à nos autorités religieuses, nous avons surtout des charretiers
irresponsables qui veulent continuer à ignorer la densité réelle de
l’immigration.
JEAN MADIRAN
2-Rémi Fontaine
Dans Présent du 17 mai, Rémi Fontaine s’exprime
ainsi :
Convergences
Une fois n’est pas coutume,
« Sans discuter sur le fond la lettre des Eglises [à Dominique de Villepin en date du 25 avril],
on notera qu’elle porte exclusivement sur le droit des immigrés et non sur la
situation de leur communauté d’accueil. Elle soulève de fait, explicitement ou
non, de plus amples questions : quel est le bien commun de la communauté
française aujourd’hui, doit-il s’effacer devant un bien commun universel et
sans frontière, un principe d’égalité qui invaliderait d’emblée toute
discrimination relève- t-il de la doctrine catholique ? »
Après avoir évoqué aussi bien les silences que
l’autorité relative de ce texte (ce pas ?) de clercs sur un problème éminemment
temporel, Philippe Maxence donne des éléments de réponse : « Au regard de
l’extension de la mainmise islamiste en France, des violences urbaines,
du déracinement que l’on observe chez les enfants d’immigrés avec
les graves conséquences psychologiques et sociales qui en découlent,
il n’est pas sûr du tout que notre pays puisse encore aujourd’hui se
permettre une politique large et généreuse. Les faits parlent.
Ils sont violents. Ils sont surtout têtus. »
Le dominicain et le laïc rappellent opportunément, au
niveau des principes et des critères supérieurs, les articles du Catéchisme de
l’Eglise catholique qui subordonnent le « droit d’immigration » au bien
commun. On peut à cet égard proposer une parabole analogue à celle du
charretier d’Henri Charlier (Présent du 28 avril) :
Lors d’un naufrage, un chef de chaloupe déjà comble,
qui, pour répondre à l’appel de malheureux à la mer, se porte vers eux et, pour
les prendre tous, verse sa chaloupe, ne sauve rien du tout, ne passe pas pour
un bienfaiteur mais pour un homicide involontaire par imprudence.
Sans doute l’a-t-il fait dans une intention généreuse,
mais le résultat est socialement tragique. L’enfer d’une cité est ainsi souvent
pavé de bonnes intentions. C’est précisément aux laïcs responsables d’une cité,
en charge du temporel, de bien évaluer prudentiellement et conformément à la
loi (morale) naturelle les justes limites à poser, afin d’éviter à leur peuple
les drames les plus prévisibles : par charité politique ! S’il convient de ne
pas verser politiquement, il importe aussi moralement de ne pas
s’échapper avec des places libres : c’est toute la morale politique.
La défense du bien commun national eu égard à une
immigration trop envahissante est analogue à la légitime défense, qui, de
droit, devient un devoir pour celui qui a la responsabilité du bien commun de
la cité. La charité politique
d’un chef d’Etat rappelle souvent d’ailleurs la
charité militaire du soldat en ce que, pour protéger ses compatriotes, il lui
faut souvent trancher dans le vif, sans haine pour les victimes de ses coups
d’épée... S’il est assurément juste de défendre la dignité de la personne de
l’immigré, il est injuste d’aborder une question politique sous l’angle unique
des droits de la personne en omettant aussi ostensiblement la question
primordiale du bien commun : « En la matière,
la démarche personnaliste est insuffisante car elle ne
prend pas suffisamment en compte la dimension communautaire de la société
politique », résume Philippe Maxence.
Dans son discours du 1er janvier 2001, Jean-Paul II
parlait de la nécessité de « garantir dans un territoire
déterminé un certain “équilibre culturel”, en rapport
avec la culture qui l’a surtout marqué ; un équilibre qui, tout en
s’ouvrant aux minorités et en respectant leurs droits fondamentaux,
permette la pérennité et le développement d’une
“physionomie culturelle” déterminée, c’est-à-dire du
patrimoine fondamental composé de la langue, des traditions et
des valeurs qui sont généralement liées à l’expérience de la
nation et au sens de la “patrie” ».
Ceux qui négligent cet équilibre font penser à ces
charretiers ou à ces chefs de chaloupe irresponsables évoqués plus haut,
voulant continuer à ignorer la densité réelle de l’immigration-invasion, massive
et planétaire, « au risque du bien commun ». Par cette incapacité
à discerner le propre du devoir (moral) de la polique, ils font également
penser à cette évocation de Cicéron : «... Les bons, je ne sais
pourquoi, sont plus lents. Ils négligent d’agir dès les premiers symptômes
et finalement ne réagissent que par nécessité, de sorte qu’ils
agissent toujours avec molesse et retard.
Pour garder la paix sociale ils acceptent de perdre
leur dignité. Ils y perdent l’une et l’autre. »
RÉMI FONTAINE
3- Jean Madiran
Dans Présent du19 mai, Jean Madiran s’exprime
ainsi :
Ce qu’il faut changer pour survivre en tant que nation
Votée mercredi par l’Assemblée, la loi Sarkozy sur
l’immigration ne peut avoir aucun effet réel, sauf peutêtre d’ajouter une
immigration choisie à celle qui est
déjà subie. La maîtrise de l’immigration présuppose
une profonde révision des lois, de la morale, des mœurs, de l’idéologie
dominante qui sont celles de
L’éminent maître Bertrand Badie est professeur à l’«
Institut d’études politiques de Paris » (IEPP). Il exprime dans le « Forum » de
monde aboli » et
qu’elle est « essentiellement réactionnaire ». Un jugement aussi exagéré
dépasse les limites du gauchisme ordinaire.
C’est
que l’éminent professeur vit mentalement dans un monde irréel, fait de vagues
abstractions purement verbales mais passionnément agitées. Il imagine que « la
classe politique » cultive et dramatise, sur l’immigration, des « peurs
obscurantistes », alors que tout le monde a pu constater que notre classe
politique
est au contraire unanime à 82 % pour rejeter ces peurs
entretenues, selon elle, par une abominable extrême droite lepéniste. Il
s’imagine transbahuté « dans un monde où tout bouge, les sons, les
images, les idées », il n’a pas vu, le malheureux, que la douceur d’une
pluie fine, la lumière du jour, la sève joyeuse du printemps, la direction du
nord, le Notre Père, le Décalogue, et quantité d’autres choses essentielles, y
compris la mort, ne changent pas ; et alors, emporté dans son vertige
funambulesque, il se bat contre l’« immobilisme » et il s’efforce de « se
penser dans l’ouverture et la mobilité ». Il s’étonne et s’indigne
que « l’immigration reste à ce point limitée », il
proclame que « l’immigration est l’avenir du monde » (du
monde gouverné par la finance multinationale).
On se demande s’ils sont tous comme ça, les
professeurs à l’IEPP, ou si le FDLC est allé le pêcher au sein de la trop
nombreuse et trop puissante « Association élitiste des imbéciles organisés
universitairement » (A.E.I.O.U).
Dans son langage inimitable, l’éminent professeur
souhaite et appelle une politique qui s’affranchirait de la
territorialité des frontières et de la vulgate stato-nationale, c’est-à-dire
une politique d’euthanasie de
Son théoricien actuellement le plus représentatif est
le chanteur Pierre Perret, avec son hymne : «Mélangez-vous ». Ni le CECF, ni
l’IEPP, ni le FDLC, ni le MRAP, ni le PS, ni l’UMP, ni
C’est la
nécessité d’un tel changement que j’ai tâché de montrer dans les trois premiers
chapitres, si je puis me citer, de mon livre Une civilisation blessée au
cœur (UCBAC, ah mais ! les sigles, moi aussi…). Quelqu’un (QQ) a regretté
que cet ouvrage sur la civilisation commence par l’immigration qui, disait-il,
n’a rien à y voir. Justement si. Ce sont les colonisateurs qui ont enseigné
l’anticolonialisme à leurs colonies et qui les ont initiées au
marxisme-léninisme. D’où, explique mon UCBAC, un inextricable imbroglio mental
et politique, et aussi ce racisme antifrançais, il faut même dire antiblanc,
qui prétend,
J.M.