Les Nouvelles
de
Chrétienté


n°52

Le 19 mai  2006

 

Sommaire :

A- L’enseignement de Benoît XVI.

 

a-Discours du pape à l’Institut Jean-Paul II sur le mariage et la famille

b- Benoît XVI rappelle les hommes politiques au devoir de protéger le mariage et condamne ouvertement les unions homosexuelles

c-La belle figure de Saint Pierre

 

B- Les nouvelles de Rome.

a-Un scandale dans le football italien.

b- Un haut responsable orthodoxe russe est reçu par Benoît XVI

 

C- Da Vinci Code

a-Deux mots de théologie.

b- Quelques commentaires suite à la diffusion du film

 

D- Les Nouvelles de France.

De l’ immigration    

 

 

 

A- L’enseignement de Benoît XVI.

 

a- Discours du pape à l’Institut Jean-Paul II sur le mariage et la famille

Audience du jeudi 11 mai

Le jeudi 11 mai, Benoît XVI  a prononcé le discours suivant lors de  l’audience qu’il accordait aux participants au Congrès international promu par l’Institut pontifical « Jean-Paul II » pour les études sur le mariage et la famille de l’Université pontificale du Latran.

* * *

Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et sœurs !

C'est avec une grande joie que je vous rencontre à l'occasion du XXVe anniversaire de la fondation, au sein de l'Université pontificale du Latran, de l'Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille. Je vous salue tous avec affection et je vous remercie de la grande affection que vous m'avez démontrée. Je remercie de tout cœur Mgr Livio Melina pour ses aimables paroles et également pour le fait qu'il ait abrégé son discours. Nous pourrons lire ce qu'il voulait nous dire, tout en ayant à présent davantage de temps pour nous manifester notre affection.

Les origines de votre Institut remontent à un événement très particulier: précisément le 13 mai 1981, Place Saint-Pierre, mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II fit l'objet du grave attentat que l'on connaît lors de l'audience au cours de laquelle il devait annoncer la création de votre Institut. Ce fait revêt une importance particulière dans la commémoration actuelle, que nous célébrons un peu plus d'un an après sa mort. Vous avez voulu le souligner à travers l'initiative opportune d'un Congrès sur: « L'héritage de Jean-Paul II sur le mariage et la famille: aimer l'amour humain ». Vous sentez à juste titre comme vôtre cet héritage tout à fait particulier, car vous êtes les destinataires et les successeurs de la vision qui constitua l'un des axes portants de sa mission et de ses réflexions: le dessein de Dieu sur le mariage et la famille. Il s'agit d'un héritage qui ne constitue pas simplement un ensemble de doctrines ou d'idées, mais avant tout un enseignement doté d'une unité lumineuse sur le sens de l'amour humain et de la vie. La présence de nombreuses familles à cette audience — et donc pas seulement les étudiants actuels et du passé, mais surtout les étudiants de l'avenir — représente un témoignage particulièrement éloquent de la façon dont l'enseignement de cette vérité a été accueilli et a porté ses fruits.

L'idée d'« enseigner à aimer » accompagna déjà le jeune prêtre Karol Wojtyla et par la suite l'enthousiasma, lorsque, jeune évêque, il affronta les moments difficiles qui suivirent la publication de l'Encyclique prophétique et toujours actuelle de mon prédécesseur Paul VI, Humanae vitae. Ce fut en cette circonstance qu'il comprit la nécessité d'entreprendre une étude systématique de ce thème. Cela constitua le fondement de l'enseignement qui fut ensuite offert à toute l'Eglise dans ses inoubliables catéchèses sur l'amour humain. Ainsi étaient soulignés deux éléments essentiels, que vous avez tenté d'approfondir au cours des années et qui représentent la nouveauté même de votre Institut en tant que réalité académique ayant une mission spécifique au sein de l'Eglise.

Le premier élément est que le mariage et la famille sont enracinés dans le noyau le plus intime de la vérité sur l'homme et sur son destin. L'Ecriture Sainte annonce que la vocation à l'amour fait partie de l'image authentique de Dieu que le Créateur a voulu imprimer dans sa créature, l'appelant à devenir semblable à lui précisément dans la mesure où elle est ouverte à l'amour. La différence sexuelle qui caractérise le corps de l'homme et de la femme n'est donc pas une simple donnée biologique, mais revêt une signification bien plus profonde: elle exprime la forme de l'amour à travers laquelle l'homme et la femme, devenant — comme le dit l'Ecriture Sainte — une seule chair, peuvent réaliser une communion authentique de personnes ouvertes à la transmission de la vie et coopèrent ainsi avec Dieu à la génération de nouveaux êtres humains. Un deuxième élément caractérise la nouveauté de l'enseignement de Jean-Paul II sur l'amour humain: sa façon originale de lire le dessein de Dieu précisément dans la convergence de la révélation divine avec l'expérience humaine. En effet, dans le Christ, plénitude de la révélation d'amour du Père, se manifeste également la pleine vérité de la vocation à l'amour de l'homme, qui ne peut se retrouver totalement que dans le don sincère de soi.

Dans ma récente Encyclique, j'ai voulu souligner que précisément à travers l'amour, s'illumine « l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle » (Deus caritas est, n. 1). En d'autres termes, Dieu s'est servi de la voie de l'amour pour révéler le mystère intime de sa vie trinitaire. En outre, le rapport étroit qui existe entre l'image de Dieu Amour et l'amour humain nous permet de comprendre que « à l'image du Dieu du monothéisme correspond le mariage monogamique. Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l'icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement: la façon dont Dieu aime devient la mesure de l'amour humain » (Ibid., n. 11). Cette indication demeure encore en grande partie à explorer. Voilà alors qu'apparaît le devoir que l'Institut pour les études sur le mariage et la famille possède au sein des structures académiques: illuminer la vérité de l'amour comme chemin de plénitude de toute forme d'existence humaine. Le grand défi de la nouvelle évangélisation, que Jean-Paul II a proposé avec un tel élan, a besoin d'être soutenu par une réflexion véritablement approfondie sur l'amour humain, dans la mesure où cet amour est précisément une voie privilégiée que Dieu a choisie pour se révéler lui-même à l'homme et que c'est dans cet amour qu'il l'appelle à une communion dans la vie trinitaire. Cette approche nous permet également de surmonter une conception reléguant l'amour au domaine du privé, aujourd'hui si diffuse. Le véritable amour se transforme en une lumière qui guide toute la vie vers sa plénitude, créant une société habitable pour l'homme. La communion de vie et d'amour qu'est le mariage se présente ainsi comme un bien authentique pour la société. Eviter la confusion avec d'autres types d'union fondées sur un amour faible apparaît aujourd'hui avec une urgence particulière. Seul le roc de l'amour total et irrévocable entre l'homme et la femme est capable de fonder la construction d'une société qui puisse devenir une maison pour tous les hommes.

L'importance que le travail de l'Institut revêt dans la mission de l'Eglise explique sa configuration: en effet, Jean-Paul II avait approuvé un seul Institut dans différents sièges présents sur les cinq continents, afin de pouvoir offrir une réflexion qui révèle la richesse de l'unique vérité dans la pluralité des cultures. Cette unité de vision dans la recherche et dans l'enseignement, malgré la diversité des lieux et des sensibilités, représente une valeur que vous devez protéger, en développant les richesses enracinées dans chaque culture. Cette caractéristique de l'Institut s'est révélée particulièrement adaptée à l'étude d'une réalité comme celle du mariage et de la famille. Votre travail peut montrer de quelle façon le don de la création vécu dans les différentes cultures a été transformé en grâce de rédemption par le Christ.

Pour pouvoir réaliser au mieux votre mission de fidèles héritiers du fondateur de l'Institut, le bien-aimé Jean-Paul II, je vous invite à contempler la Très Sainte Vierge Marie, la Mère du Bel Amour. L'amour rédempteur du Verbe incarné doit se convertir pour chaque mariage et dans chaque famille en une « source d'eau vive au milieu d'un monde assoiffé » (Deus caritas est, n. 42). A vous tous, très chers professeurs, étudiants d'hier et d'aujourd'hui, employés, ainsi qu'à toutes les familles qui s'appuient sur votre Institut, je transmets mes vœux les plus cordiaux, que j'accompagne d'une Bénédiction apostolique particulière.


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b- Benoît XVI rappelle les hommes politiques au devoir de protéger le mariage et condamne ouvertement les unions homosexuelles

 

Rome, 14 mai 2006 (Apic) A l'occasion de l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, Benoît XVI a rappelé les hommes politiques à leur devoir de défense du mariage, de la famille et de la vie. Il a fermement condamné les 'mariages' homosexuels.

 

Le pape a reçu en audience les participants à l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, créé il y a 25 ans, le 9 mai 1981, par Jean-Paul II. Il a déclaré à cette occasion: "Les hommes politiques et les législateurs" doivent "sauvegarder les droits de la famille". Il a à nouveau dénoncé toutes formes de Pacs. Le pape a condamné les unions homosexuelles légitimées à travers "la validation de solutions juridiques pour les unions dites de fait. Unions qui bien que refusant les obligations du mariage, prétendent obtenir des droits équivalents".

 

"On veut directement donner une nouvelle définition au mariage pour l'égaliser les unions homosexuelles, en accordant à celles-ci le droit à l'adoption d'enfants", a-t-il ajouté.

 

La famille est un patrimoine de l'humanité

"La famille fondée sur le mariage constitue un 'patrimoine de l'humanité'. C'est une institution sociale fondamentale, c'est la cellule vitale et la colonne de la société et ceci concerne les croyants aussi bien que les non-croyants", a alors précisé le souverain pontife. "Tous les Etats doivent le prendre en très haute considération".

Aller à contre-courant de la culture dominante

 

Dans le monde actuel "dans lequel on fait tant de concessions équivoques sur l'homme, sur la liberté, sur l'amour humain, nous ne devons jamais baisser les bras pour présenter la vérité sur l'institution de la famille", a-t-il poursuivi.

 

Malheureusement, "le nombre des séparations et des divorces, qui rompent l'unité familiale et créent de nombreux problèmes pour les enfants, victimes innocentes de ces situations, augmente". "La stabilité de la famille est aujourd'hui mise à mal. Pour la sauvegarder, il convient souvent d'aller à contre-courant de la culture dominante et ceci demande la patience, des efforts, des sacrifices et la recherche incessante de la compréhension mutuelle".

 

Puis le pape a insisté sur "le respect dû à l'embryon humain, qui devrait toujours naître d'un acte d'amour et être traité comme une personne". Les progrès de la science et de la technique en bioéthique "se transforment en menace quand l'homme perd le sens de ses limites et, en pratique, prétend se substituer à Dieu", a fermement rappelé Benoît XVI.

 

Enfin, le pape s'est félicité que nombreux sont ceux qui, et "particulièrement parmi les jeunes", en viennent "à redécouvrir les valeurs de la chasteté, qui apparaît de plus en plus comme la garantie de l'amour authentique".

 

"Le moment historique que nous sommes en train de vivre incite les familles chrétiennes à témoigner avec courage et cohérence du fait que la procréation est le fruit de l'amour". Ce qui ne manquera pas "de stimuler" les législateurs et aidera à lutter contre "l'hiver démographique" et le vieillissement de la population, a conclu Benoît XVI en invitant toutes les communautés diocésaines à participer à la 5e Journée mondiale de la famille à Valence (Espagne) du 1er au à juillet 2006, à laquelle il mettra le point final.

 

C'est le seconde fois en deux jours que Benoît XVI était amené à aborder le thème de la famille. Il a ainsi invité à dépasser la “conception privée de l’amour“, le 11 mai 2006, en recevant les participants au congrès sur ‘l’héritage de Jean Paul II sur le mariage et la famille : aimer l’amour humain’, organisé par l’Institut pontifical Jean Paul II.

 

“La communion de vie et d’amour qu’est le mariage se présente ainsi comme un authentique bien pour la société“, avait-il alors rappelé. “Eviter la confusion avec les autres types d’unions fondées sur un amour fragile se révèle aujourd’hui d'une urgence spéciale". Pour lui, en effet, “seul le rocher de l’amour total et irrévocable entre un homme et une femme est capable de fonder la construction d’une société qui devienne une maison pour tous les hommes“. (apic/imedia/hy/vb)

 

14.05.2006 – Apic

 

c-La belle figure de Saint Pierre

 

Lors de son Audience générale du mercredi 17 mai, le Pape Benoît XVI a commencé une description des Apôtres, fondements de l’Eglise.

Son but est clair : « nous voulons voir (les Apôtres) un par un, pour comprendre à travers les personnes ce que signifie vivre l'Eglise, ce que signifie suivre Jésus. Commençons par saint Pierre ».

Chers frères et sœurs,

Dans la nouvelle série de catéchèses, nous avons tout d'abord cherché à mieux comprendre ce qu'est l'Eglise, quelle est l'idée que le Seigneur se fait de cette nouvelle famille. Nous avons ensuite dit que l'Eglise existe dans les personnes. Et nous avons vu que le Seigneur a confié cette nouvelle réalité, l'Eglise, aux douze Apôtres. A présent, nous voulons les voir un par un, pour comprendre à travers les personnes ce que signifie vivre l'Eglise, ce que signifie suivre Jésus. Commençons par saint Pierre.

Après Jésus, Pierre est le personnage le plus célèbre et le plus cité dans les écrits du Nouveau Testament: il est mentionné 154 fois avec le surnom de Pétros, «pierre», «roc», qui est la traduction en grec du nom araméen qui lui a été directement donné par Jésus, Kefa, attesté neuf fois, en particulier dans les lettres de Paul; on doit ensuite ajouter le nom fréquemment utilisé Simòn (75 fois), qui est la forme grécisée de son nom juif original Simeòn (2 fois: Actes 15, 14; 2 P 1, 1). Fils de Jean (cf. Jn 1, 42) ou, dans la forme araméenne, bar-Jona, fils de Jonas (cf. Mt 16, 17), Simon était de Béthsaïde (cf. Jn 1, 44), une petite ville à l'est de la mer de Galilée, dont provenaient également Philippe et naturellement André, frère de Simon. Sa façon de parler trahissait l'accent de Galilée. Lui aussi, comme son frère, était pêcheur: avec la famille de Zébédée, père de Jacques et de Jean, il dirigeait une petite activité de pêche sur le Lac de Génésareth (cf. Lc 5, 10). Il devait donc jouir d'une certaine aisance économique et était animé par un intérêt religieux sincère, par un désir de Dieu — il désirait que Dieu intervienne dans le monde — un désir qui le poussa à se rendre avec son frère jusqu'en Judée pour suivre la prédication de Jean le Baptiste (Jn 1, 35-42).

C'était un juif croyant, pratiquant, confiant dans la présence agissante de Dieu dans l'histoire de son peuple, et attristé de ne pas en voir l'action puissante dans les événements dont il était alors le témoin. Il était marié et sa belle-mère, guérie un jour par Jésus, vivait dans la ville de Capharnaüm, dans la maison où Simon logeait lui aussi lorsqu'il était dans cette ville (cf. Mt 8, 14sq; Mc 1, 29sq; Lc 4, 38sq). De récentes fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour, sous le pavement en mosaïque octogonal d'une petite Eglise byzantine, les traces d'une église plus antique installée dans cette maison, comme l'attestent les inscriptions avec des invocations à Pierre. Les Evangiles nous informent que Pierre appartient aux quatre premiers disciples du Nazaréen (cf. Lc 5, 1-11), auxquels s'ajoute un cinquième, selon la coutume de chaque Rabbi d'avoir cinq disciples (cf. Lc 5, 27: appel de Lévi). Lorsque Jésus passera de cinq à douze disciples (cf. Lc 9, 1-6), la nouveauté de sa mission sera claire: Il n'est pas un rabbin parmi tant d'autres, mais il est venu rassembler l'Israël eschatologique, symbolisé par le nombre douze, qui était celui des tribus d'Israël.

Simon apparaît dans les Evangiles avec un caractère décidé et impulsif; il est disposé à faire valoir ses propres raisons, même par la force (que l'on pense à l'usage de l'épée au Jardin des Oliviers: cf. Jn 18, 10sq). Dans le même temps, il est parfois naïf et peureux, mais cependant honnête, jusqu'au repentir le plus sincère (cf. Mt 26, 75). Les Evangiles permettent de suivre pas à pas son itinéraire spirituel. Le point de départ est l'appel de Jésus. Il a lieu un jour quelconque, alors que Pierre accomplit son travail de pêcheur. Jésus se trouve sur les rives du lac de Génésareth et la foule se bouscule autour de lui pour l'écouter. Le nombre des auditeurs crée une certaine gêne. Le Maître voit deux barques amarrées au bord du rivage ; les pêcheurs sont descendus et lavent les filets. Il demande alors à monter dans la barque, celle de Simon, et le prie de s'éloigner de la rive. S'étant assis sur cette chaire improvisée, il se met à enseigner les foules de la barque (cf. Lc 5, 1-3). Et ainsi, la barque de Pierre devient la Chaire de Jésus. Lorsqu'il a fini de parler, il dit à Simon: « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson ». Simon répond: « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets » (Lc 5, 4-5). Jésus, qui était menuisier, n'était pas un spécialiste de la pêche : pourtant, Simon le pêcheur se fie à ce Rabbi, qui ne lui donne pas de réponse mais l'appelle à avoir confiance. Sa réaction face à la pêche miraculeuse est une réaction d'émerveillement et de fébrilité : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Lc 5, 8). Jésus répond en l'invitant à la confiance et à s'ouvrir à un projet qui dépasse toutes ses perspectives: « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras » (Lc 5, 10). Pierre ne pouvait pas encore imaginer qu'un jour, il serait arrivé à Rome et y aurait été « pêcheur d'hommes, pour le Seigneur ». Il accepte cet appel surprenant, il accepte de se laisser entraîner dans cette grande aventure: il est généreux, il reconnaît ses limites, mais il croit en celui qui l'appelle et suit le rêve de son cœur. Il dit oui — un oui courageux et généreux —, et devient disciple de Jésus.

Pierre vivra un autre moment significatif de son chemin spirituel aux alentours de Césarée de Philippe, lorsque Jésus pose une question précise aux disciples: « Pour les gens, qui suis-je? » (Mc 8, 27). Jésus ne se contente cependant pas de la réponse par ouï-dire. Il attend de la part de ceux qui ont accepté de s'engager personnellement avec Lui une prise de position personnelle. C'est pourquoi, il insiste: « Pour vous, qui suis-je? » (Mc 8, 29). Et Pierre répond également au nom des autres: « Tu es le Christ » (ibid.), c'est-à-dire le Messie. Cette réponse de Pierre, « ce n'est pas la chair et le sang qui [lui] ont révélé cela », mais elle lui fut donnée par le Père qui est aux cieux (cf. Mt 16, 17), contient comme en germe la future confession de foi de l'Eglise. Toutefois, Pierre n'avait pas encore compris le contenu profond de la mission messianique de Jésus, le nouveau sens de cette parole: Messie. Il le démontre peu après, en faisant comprendre que le Messie qu'il poursuit dans ses rêves est très différent du véritable projet de Dieu. Devant l'annonce de la passion, il se scandalise et proteste en suscitant une vive réaction de la part de Jésus (cf. Mc 8, 32-33). Pierre veut un Messie « homme divin », qui réponde aux attentes des personnes en imposant sa puissance à tous: c'est également notre désir, que le Seigneur impose sa puissance et transforme immédiatement le monde; Jésus se présente comme le « Dieu humain », le serviteur de Dieu, qui bouleverse les attentes de la foule en prenant un chemin d'humilité et de souffrance. C'est la grande alternative, que nous devons nous aussi toujours réapprendre : privilégier ses propres attentes en repoussant Jésus ou accueillir Jésus dans la vérité de sa mission et mettre de côté les attentes trop humaines. Pierre — impulsif comme il l'est — n'hésite pas à prendre Jésus à part et à lui faire des reproches. La réponse de Jésus anéantit toutes ses fausses attentes, lorsqu'il le rappelle à la conversion et à le suivre: « Passe derrière moi, Satan! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (Mc 8, 33). Ce n'est pas à toi de m'indiquer la route, moi, je choisis mon chemin, et toi, remets-toi à ma suite.

Pierre apprend ainsi ce que signifie véritablement suivre Jésus. C'est son deuxième appel, semblable à celui d'Abraham dans Gn 22, après celui de Gn 12: « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile la sauvera » (Mc 8, 34-35). C'est la loi exigeante de la sequela Christi: il faut savoir renoncer, si nécessaire, au monde entier pour sauver les vraies valeurs, pour sauver son âme, pour sauver la présence de Dieu dans le monde (cf. Mc 8, 36-37). Bien qu'avec difficulté, Pierre accueille l'invitation et poursuit son chemin sur les pas du Maître.

Il me semble que ces diverses conversions de saint Pierre et sa figure tout entière sont un grand réconfort et un grand enseignement pour nous. Nous aussi, nous avons le désir de Dieu, nous aussi, nous voulons être généreux, mais nous aussi, nous attendons que Dieu soit fort dans le monde et transforme immédiatement le monde selon nos idées, selon les besoins que nous constatons. Dieu choisit une autre voie. Dieu choisit la voie de la transformation des cœurs dans la souffrance et dans l'humilité. Et nous, comme Pierre, nous devons nous reconvertir sans cesse. Nous devons suivre Jésus et non pas le précéder: c'est Lui qui nous montre la route. Ainsi, Pierre nous dit: Tu penses connaître la recette et devoir transformer le christianisme, mais c'est le Seigneur qui connaît le chemin. C'est le Seigneur qui me dit, qui te dit: Suis-moi! Et nous devons avoir le courage et l'humilité de suivre Jésus, car Il est le Chemin, la Vérité, et la Vie.

B- Les nouvelles de Rome.

 

 a-Un scandale dans le football italien.

 

Rome: "L’Osservatore Romano" dégoûté par le scandale qui secoue le football italien

 

Une offense au sport et à l'enfance

 

Rome, 16 mai 2006 (Apic) "L’Osservatore Romano" se dit dégoûté par le scandale qui secoue à nouveau le football italien, qui implique dirigeants, arbitres et joueurs de la péninsule.

 

Le quotidien du Vatican a souligné en début de semaine que “le tremblement de terre qui est en train de secouer le monde du football n’est pas qu’une offense au sport et à ses valeurs mais aussi à notre joie d’enfant“. Le football a toujours été "une oasis heureuse" pour les Italiens, écrit "L’Osservatore Romano", qui regrette que cette tourmente judiciaire ait “également frappé nos souvenirs quand nous étions dans les rues, les jardins, les garages à courir derrière un ballon en le frappant à l’infini“.

 

“Malgré les épisodes de banditisme, et même de violences plus graves, qui le blessaient toujours plus souvent, et malgré les suspects qui le corrompaient“, le football restait “un refuge secret, un port où l’on pouvait s’amarrer à l’abri des préoccupations quotidiennes“, ajoute le quotidien, qui incluait également “ceux qui ne suivaient pas le football directement“.

 

“Voilà: s’il y a une faute, un délit que l’on peut tout de suite notifier, c’est de nous avoir aussi volé cette pauvre illusion que le ballon, malgré tout, reste rond, pour les blancs comme pour les noirs, pour les petits comme pour les grands, pour les riches comme pour les pauvres, conclu "L’Osservatore Romano", considérant “qu’il n’y a pas de peine à la hauteur pour ce délit“.

 

Quelques jours avant la fin du championnat du football italien, les bureaux de la fédération italienne de football ont été perquisitionnés, le 12 mai au soir, dans le cadre d'une enquête sur des matches truqués au cours des deux dernières saisons. Les dirigeants de quatre grands clubs de la série A sont visés, dont la Juventus de Turin, qui fêtait le 14 mai son titre de champion d’Italie, ainsi que certains arbitres de la péninsule. (apic/imedia/cp/pr)

 

16.05.2006 - Apic

 

 

b- Un haut responsable orthodoxe russe est reçu par Benoît XVI

 

Le Métropolite orthodoxe russe Kirill reçu par Benoît XVI

Le Métropolite orthodoxe russe Kirill de Smolensk et Kaliningrad, a été reçu en audience privée par Benoît XVI en fin d’après midi, vers 18 h, le jeudi 18 mai.

Le métropolite est le président du Département des relations extérieures du Patriarcat orthodoxe de Moscou et de toutes les Russies. En tant que tel, il a représenté le patriarche Alexis II à la cérémonie d'inauguration du pontificat de Benoît XVI le 24 avril 2005.

Le métropolite a ensuite assisté, à l'auditorium Sainte-Cécile, à un concert de chants sacrés et populaires par le chœur du monastère Sretensky de Moscou.

Le métropolite est arrivé à Rome mercredi soir en vue de la consécration, vendredi, de la première église orthodoxe russe de Rome, dédiée à sainte Catherine d'Alexandrie, près de la Villa Abamelek de l’ambassade russe de Rome.

Les rapports entre le Vatican et l'Eglise orthodoxe russe sont tendus depuis de longues années, le patriarcat de Moscou accusant notamment les catholiques de prosélytisme sur son "territoire canonique", un reproche que ces derniers rejettent avec constance.(AFP)

La visite s’inscrit dans une éclaircie dans les relations entre Rome et Moscou, le patriarche Alexis II ayant en effet déclaré le 9 mai à l’agence italienne Ansa que
« les déclarations de Benoît XVI quant à sa volonté de développer les rapports avec l'Eglise orthodoxe fondent l'espérance que la situation va changer de façon favorable ».


 Le 29 novembre 2005 le métropolite Kirill de Smolensk et de Kaliningrad, avait reçu le cardinal Renato Martino, président du Conseil pontifical « Justice et paix » qui était venu à Moscou pour la présentation de la traduction russe du Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise catholique romaine.

 

Les deux prélats avaient  abordé les devoirs et les défis que la société contemporaine pose devant le monde chrétien et ont souligné le caractère identique de la position des deux Eglises dans de nombreuses questions de la vie de la société, des relations internationales, de l’éthique. Ils avaient  délibéré des moyens d’une collaboration pratique de l’Eglise orthodoxe russe et de l’Eglise catholique romaine concernant la défense et la proclamation du message chrétien.

 

Dès son élection il y a un an, Benoît XVI avait reçu le métropolite Kirill, venu de Moscou assister à son intronisation, et avait affiché son désir d'améliorer les relations avec le patriarcat russe.

 

 

 

 

C- Da Vinci Code

 

a-Deux mots de théologie.

 « Une magistrale tromperie » : Documentaire sur les mystifications du DVC présenté à Rome

« Le Da Vinci Code: une magistrale tromperie »: tel est le titre du documentaire réalisé par Mario Biasetti pour l’agence « Rome Reports News », qui raconte comment le roman de Dan Brown est construit sur un château de mystifications.

La vidéo a été présentée aujourd’hui à la Salle de presse étrangère de Rome, avec la participation d’un expert en histoire de l’art, Elizabeth Lev et du théologien jésuite de l’université pontificale grégorienne, le P. Gerald O’Collins, qui a répondu aujourd’hui aux questions de Radio Vatican au sujet des erreurs diffusées par le roman.

Sur la divinité du Christ.

« Brown raconte, explique-t-il, que c’est sous la pression de l’empereur Constantin, que la divinité du Christ a été proclamée pour la première fois en 325. C’est tout simplement faux. Dans le Nouveau Testament, l’évangile de Jean dit : ‘Mon Seigneur et mon Dieu’, et les lettres de Paul affirment de façon répétée la foi au Christ en tant que ‘Seigneur divin’ ! La divinité du Christ n’est pas une doctrine inventée au IVe siècle, mais elle remonte aux débuts du christianisme. Et puis, il y a le mensonge de Brown quant aux évangiles : selon lui, au temps de Constantin, il y avait en circulation 8 évangiles : Constantin en aurait imposé 4. Evidemment, Brown ne sait pas que déjà au IIe siècle, nos 4 évangiles étaient déjà officiellement reconnus par saint Irénée et par d’autres Pères de l’Eglise, soit deux cents ans avant Constantin ! »

A propos de Jésus et de Marie Madeleine.

A propos de la relation entre Jésus et Marie de Magdala présentée par Dan Brown (des thèses qui ne sont certes pas neuves) le P. O’Collins, précise : « Le résultat est de réduire Jésus à un niveau humain, d’un homme marié, chef d’un mouvement religieux, mais un Jésus qui ne peut pas satisfaire notre faim spirituelle. Le livre de Dan Brown est l’un des nombreux livres qui ont cherché à attaquer la figure de Jésus. Brown et les autres trouvent que Jésus est une figure peu commode et derrière ce livre je crois qu’il y a une tentative de réduire Jésus à un simple niveau humain ».

Mais comment expliquer l’engouement du public pour ces thèses sans fondement ?

Pour le jésuite, cela révèle l’ignorance de tant de personnes, « une ignorance ‘abyssale’ dans les domaines de l’histoire des Saintes Ecritures » et qui est « de notre faute ».

« Nous, les professeurs, nous ne sommes pas arrivés à enseigner suffisamment la vraie histoire de l’Eglise, ou la genèse des nos évangiles canoniques. Brown met en évidence la crédulité et l’ignorance de millions de personnes. C’est un roman policier, avec un peu de sexe, un peu de religion, une conspiration, un cocktail qui marche assez bien ».

En somme, le P. O’Collins souligne que « le résultat positif de ce livre et du film pourrait être la création de nombreux groupes d’étude ». « L’an dernier, ajoute-t-il, je suis allé parler du DVC aux Etats-Unis, une fois devant 400 personnes, une autre fois devant encore davantage. Il a créé un public, il a provoqué l’intérêt, et maintenant, la responsabilité des catholiques préparés des professeurs de religion, notre responsabilité, est de répondre à la faim spirituelle des gens. Nous avons maintenant un public énorme, pour le moment… ».


b- Quelques commentaires suite à la diffusion du film

 

Premières réactions au “Da Vinci Code”

 

1- de Rémi Fontaine : un éreintage !

 

Projeté mardi soir devant un parterre de journalistes en prélude à sa présentation au Festival de Cannes, le film de Ron Howard a reçu un accueil glacial, avec même des sifflets ou des ricanements lors de scènes censées être poignantes.

 

Les plumes internationales des premières critiques publiées quelques heures plus tard, étaient trempées dans l’acide : « chose lourde et sinistre », « ceux qui détestent le livre y verront tous ses défauts et sa logique cauchemardesque »... « Je regrette qu’il y ait eu tant d’émotion à travers l’Europe et le monde dans l’Eglise sans avoir vu le film. Je viens de le voir et il n’y a vraiment aucune raison de s’inquiéter : il ne peut tromper la foi de ceux qui l’ont, et encore moins faire douter ceux qui doutaient déjà », a déclaré pour sa part Mgr Jean-Michel di Falco, évêque de Gap et président du Conseil pour la communication de la Conférence des évêques de France. « Je n’y vois qu’un film policier avec pour toile de fond le religieux, mais ce n’est qu’un prétexte, et il n’y a rien de convaincant. J’ai envie de dire : “Merci Messieurs Dan Brown et Ron Howard !”. Le rôle de l’Eglise est de donner des éléments de compréhension face au débat et à la réflexion entraînés éventuellement par le film », a ajouté l’évêque. Avant de conclure que « les campagnes et croisades sont complètement ridicules ».

 

C’est oublier un peu vite l’impact du livre (qui s’est écoulé à plus de 40 millions d’exemplaires) et tout le marketing fait autour de ce film le plus attendu de l’année, doté d’un budget de production de 125 millions de dollars et d’une campagne de promotion colossale. Un ensemble qui fait dire aux spécialistes du box-office d’Hollywood que le film devrait se tirer relativement indemne de ce premier canardage de cinéphiles avertis. Laissant un public de plus en plus inculte à la merci des billevesées déversées par cette artillerie publicitaire, manipulatrice et désinformante, s’il n’y a pas précisément une riposte proportionnée, ce que Mgr di Falco appelle (avec un mépris déplorable qui fait le jeu des mercantis sans foi ni loi) « les campagnes et croisades »...

 

On saluera donc la manifestation organisée par Saint-Nicolas-du-Chardonnet mercredi soir face à un cinéma de l’Odéon contre la sortie de ce « véritable pamphlet antichrétien » et les paroles de l’abbé Xavier Beauvais à cette occasion. Ce film, a-t-il déclaré devant plusieurs centaines de personnes, est « une imposture » qui « rabaisse la religion catholique à un ramassis de minables petits secrets ». Il a dénoncé une attaque « insupportable » contre le célibat du Christ et sainte Marie-Madeleine. Les manifestants ont ensuite chanté des cantiques et récité le chapelet, s’agenouillant sur la chaussée. « Da Vinci Flop. Fier d’être chrétien », lisait-on sur la pancarte d’un manifestant.

RÉMI FONTAINE (dans Présent du Vendredi 19 mai 2006)

 

 

2- de François Maillot, D.G. de la Procure Paris.

 

En direct de Cannes, voici les réactions de François Maillot, D.G. de La Procure, après avoir vu le "Da Vinci Code".

 

« J'ai eu la malchance de voir le film hier ratant ainsi le match de foot.

Par rapport au commentaire cité, je suis d'accord sur la valeur cinématographique : c'est mauvais !

Cela dit, en dépit des efforts de Tom Hanks dans la première partie du film pour suggérer qu'il ne s'agit peut-être que d'hypothèses, et d'une tentative ultime du scénariste d'arrondir les angles, la caricature de l'Eglise catholique demeure très déplaisante et est renforcée par le poids de l'image ; le film se conclut enfin par l'idée dangereuse que même si le christianisme repose sur un tissu de mensonge, il vaut mieux laisser les gens dans l'illusion de leur foi !  Je ne crois donc pas que le film soit si anodin que cela malgré les efforts évidents d'Hollywood pour aseptiser le propos ».

 

 

 D- Les Nouvelles de France.

 

De l’ immigration    

 

Voilà sous la plume de Rémi Fontaine, Jean Madiran, Philippe Maxence, François Daguet quelques réflexions de bon sens sur cet important problème, sujet d’actualité.

On ne peut pas parler de l’immigration sans aborder le problème du bien commun et donc de la civilisation de la nation qui accueille et de son patrimoine qu’il faut aimer et respecter.

 

1-Jean Madiran.

 

Dans Présent du 28 avril, Jean Madiran s’exprime de la manière suivante :

 

 

Villepin et le Conseil des Eglises

Une immigration négative

Il n’est pas précisé si c’est après les admonestations du Conseil ecclésiastique, ou bien avant, déjà, que le Premier ministre a énoncé sa philosophie politique en ces termes, rapportés

jeudi par Le Monde : « L’autre, tous les autres, surtout celui qui est étranger, quelque chose à nous apporter. » En tout cas, telle est bien la philosophie politique dominante chez les autorités civiles, médiatiques et religieuses de la République : spécialement, en matière d’immigration.

 

 

Le dilettantisme affiché par le Premier ministre exprime l’insolence de son amateurisme surtout dans son « surtout ».

« L’autre », oui. Mais surtout l’étranger. C’est surtout celui qui est étranger qui, selon Villepin, a « quelque chose à nous apporter ».

On est « étranger » par distinction d’avec « compatriote ». Contrairement à l’ordre normal selon lequel nous trouvons généralement davantage de bienveillance, de secours, d’« apport » chez nos compatriotes que chez des étrangers,

 

Villepin croit trouver « surtout », c’est-à-dire croit trouver davantage de conseil, d’aide, de renfort chez « l’étranger » que chez son prochain le plus proche. S’il croit et fait ce qu’il dit, alors il écoute davantage Poutine, Bouteflika, Zapatero et la reine d’Angleterre qu’il n’écoute le président Chirac. Et si ce n’est pas cela qu’il fait, alors c’est qu’il dit n’importe quoi.

 

Mais ce n’importe quoi, il le dit à propos des étrangers chez nous, au mépris de la chose dramatiquement la plus importante à en dire, et qui est celle-ci : il y a numériquement, ethniquement, religieusement trop d’étrangers en France, beaucoup plus qu’elle ne peut en loger, en nourrir, en soigner, en éduquer, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, mais qui est l’une des principales, la nationalité française est en train d’en crever.

 

Le rapport annuel de la « Direction de la population et des migrations » (DPM), rendu public mercredi, annonce que l’immigration étrangère augmente, que les naturalisations sont en hausse, que la « natalité d’origine étrangère » dépasse 12 % contre 10 % en 1998, qu’il y a une forte poussée des naturalisations par mariage, et que le nombre de demandeurs du « droit d’asile » a plus que doublé par rapport à 1995.

 

Telle est la situation dans laquelle le « Conseil d’Eglises chrétiennes en France » admoneste Villepin, au sujet de l’immigration, par une lettre vivement hostile à Sarkozy, publiée dans La Croix de mercredi. Ce Conseil ecclésiastique est composé du cardinal Ricard, du métropolite Emmanuel et du pasteur Jean-Arnold de Clermont. De Libération

au Figaro, on feint de croire véritablement « représentatif » de l’ensemble des clergés et fidèles catholiques, orthodoxes protestants. Mais trop souvent partialité politique est bien prompte à se conformer au vocabulaire à la problématique des socialistes. Sa lettre déclare que « l’existence des sans-papiers est une réalité incontournable

» et il s’exclame : « Peut-on uniquement leur proposer de repartir dans leur pays d’origine, de gré ou de force ? Cela

nous paraît tout à la fois irréaliste d’un point de vue pratique [autant] que problématique sur le plan humain. »

C’est sans doute vrai. Mais partialité politique du Conseil ecclésiastique consiste ici, premièrement, à omettre de considérer qu’en général les sans-papiers France sont par le fait même des délinquants (avec éventuellement

des circonstances atténuantes, mais non absolutoires). Et à omettre secondement que leur sort sera non pas soulagé mais aggravé par l’augmentation continuelle d’une immigration inassimilable et hostile dans cette mesure diminuent encore plus les moyens de les nourrir, les loger, de les soigner, de les instruire, bref de les « intégrer ».

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 Le Conseil ecclésiastique ferait mieux de commencer par être plus attentif à ses propres responsabilités : en l’occurrence, redresser les sophismes des cinquante « organisations chrétiennes » proclamant un « droit de l’étranger » – un droit à être nourri, logé, soigné, instruit, intégré – qui serait illimité et inconditionnel (cf. Jeanne Smits dans

Présent de mercredi). Faute d’une exacte théologie morale, le Conseil pourrait au moins s’inspirer de parabole du charretier selon Henri Charlier : « Un charretier qui, pour obliger un voisin, veut transporter une matière dont il connaît mal la densité, puis verse en chemin ou crève son cheval, ne sauve rien du tout, ne passe pas pour un héros mais pour un imbécile. » Du Figaro à Libération, de nos autorités civiles à nos autorités religieuses, nous avons surtout des charretiers irresponsables qui veulent continuer à ignorer la densité réelle de l’immigration.

JEAN MADIRAN

 

2-Rémi Fontaine

 

Dans Présent du 17 mai, Rémi Fontaine s’exprime ainsi :

 

Convergences

Une fois n’est pas coutume, La Croix, par le biais de sa page « Forum » du 15 mai, pose la bonne question en matière d’immigration et rejoint sur la pointe des pieds l’analyse de Jean Madiran dans Présent du 28 avril ou celle de Philippe Maxence dans le dernier numéro de L’Homme nouveau. Cette question est posée par François Daguet, dominicain, docteur en théologie et maître de requêtes honoraire au Conseil d’Etat :

 

« Sans discuter sur le fond la lettre des Eglises [à Dominique de Villepin en date du 25 avril], on notera qu’elle porte exclusivement sur le droit des immigrés et non sur la situation de leur communauté d’accueil. Elle soulève de fait, explicitement ou non, de plus amples questions : quel est le bien commun de la communauté française aujourd’hui, doit-il s’effacer devant un bien commun universel et sans frontière, un principe d’égalité qui invaliderait d’emblée toute discrimination relève- t-il de la doctrine catholique ? »

 

Après avoir évoqué aussi bien les silences que l’autorité relative de ce texte (ce pas ?) de clercs sur un problème éminemment temporel, Philippe Maxence donne des éléments de réponse : « Au regard de l’extension de la mainmise islamiste en France, des violences urbaines, du déracinement que l’on observe chez les enfants d’immigrés avec les graves conséquences psychologiques et sociales qui en découlent, il n’est pas sûr du tout que notre pays puisse encore aujourd’hui se permettre une politique large et généreuse. Les faits parlent. Ils sont violents. Ils sont surtout têtus. »

 

Le dominicain et le laïc rappellent opportunément, au niveau des principes et des critères supérieurs, les articles du Catéchisme de l’Eglise catholique qui subordonnent le « droit d’immigration » au bien commun. On peut à cet égard proposer une parabole analogue à celle du charretier d’Henri Charlier (Présent du 28 avril) :

 

Lors d’un naufrage, un chef de chaloupe déjà comble, qui, pour répondre à l’appel de malheureux à la mer, se porte vers eux et, pour les prendre tous, verse sa chaloupe, ne sauve rien du tout, ne passe pas pour un bienfaiteur mais pour un homicide involontaire par imprudence.

 

Sans doute l’a-t-il fait dans une intention généreuse, mais le résultat est socialement tragique. L’enfer d’une cité est ainsi souvent pavé de bonnes intentions. C’est précisément aux laïcs responsables d’une cité, en charge du temporel, de bien évaluer prudentiellement et conformément à la loi (morale) naturelle les justes limites à poser, afin d’éviter à leur peuple les drames les plus prévisibles : par charité politique ! S’il convient de ne pas verser politiquement, il importe aussi moralement de ne pas s’échapper avec des places libres : c’est toute la morale politique.

 

La défense du bien commun national eu égard à une immigration trop envahissante est analogue à la légitime défense, qui, de droit, devient un devoir pour celui qui a la responsabilité du bien commun de la cité. La charité politique

d’un chef d’Etat rappelle souvent d’ailleurs la charité militaire du soldat en ce que, pour protéger ses compatriotes, il lui faut souvent trancher dans le vif, sans haine pour les victimes de ses coups d’épée... S’il est assurément juste de défendre la dignité de la personne de l’immigré, il est injuste d’aborder une question politique sous l’angle unique des droits de la personne en omettant aussi ostensiblement la question primordiale du bien commun : « En la matière,

la démarche personnaliste est insuffisante car elle ne prend pas suffisamment en compte la dimension communautaire de la société politique », résume Philippe Maxence.

 

Dans son discours du 1er janvier 2001, Jean-Paul II parlait de la nécessité de « garantir dans un territoire déterminé un certain “équilibre culturel”, en rapport avec la culture qui l’a surtout marqué ; un équilibre qui, tout en s’ouvrant aux minorités et en respectant leurs droits fondamentaux, permette la pérennité et le développement d’une “physionomie culturelle” déterminée, c’est-à-dire du patrimoine fondamental composé de la langue, des traditions et des valeurs qui sont généralement liées à l’expérience de la nation et au sens de la “patrie” ».

 

Ceux qui négligent cet équilibre font penser à ces charretiers ou à ces chefs de chaloupe irresponsables évoqués plus haut, voulant continuer à ignorer la densité réelle de l’immigration-invasion, massive et planétaire, « au risque du bien commun ». Par cette incapacité à discerner le propre du devoir (moral) de la polique, ils font également penser à cette évocation de Cicéron : «... Les bons, je ne sais pourquoi, sont plus lents. Ils négligent d’agir dès les premiers symptômes et finalement ne réagissent que par nécessité, de sorte qu’ils agissent toujours avec molesse et retard.

Pour garder la paix sociale ils acceptent de perdre leur dignité. Ils y perdent l’une et l’autre. »

RÉMI FONTAINE

 

 

3- Jean Madiran

 

Dans Présent du19 mai, Jean Madiran s’exprime ainsi :

 

Ce qu’il faut changer pour survivre en tant que nation

 

Votée mercredi par l’Assemblée, la loi Sarkozy sur l’immigration ne peut avoir aucun effet réel, sauf peutêtre d’ajouter une immigration choisie à celle qui est

déjà subie. La maîtrise de l’immigration présuppose une profonde révision des lois, de la morale, des mœurs, de l’idéologie dominante qui sont celles de la Ve République.

 

L’éminent maître Bertrand Badie est professeur à l’« Institut d’études politiques de Paris » (IEPP). Il exprime dans le « Forum » de La Croix (FDLC) l’opinion que la loi Sarkozy « veut nous reconduire fictivement à un

monde aboli » et qu’elle est « essentiellement réactionnaire ». Un jugement aussi exagéré dépasse les limites du gauchisme ordinaire.

 

 C’est que l’éminent professeur vit mentalement dans un monde irréel, fait de vagues abstractions purement verbales mais passionnément agitées. Il imagine que « la classe politique » cultive et dramatise, sur l’immigration, des « peurs obscurantistes », alors que tout le monde a pu constater que notre classe politique

est au contraire unanime à 82 % pour rejeter ces peurs entretenues, selon elle, par une abominable extrême droite lepéniste. Il s’imagine transbahuté « dans un monde où tout bouge, les sons, les images, les idées », il n’a pas vu, le malheureux, que la douceur d’une pluie fine, la lumière du jour, la sève joyeuse du printemps, la direction du nord, le Notre Père, le Décalogue, et quantité d’autres choses essentielles, y compris la mort, ne changent pas ; et alors, emporté dans son vertige funambulesque, il se bat contre l’« immobilisme » et il s’efforce de « se penser dans l’ouverture et la mobilité ». Il s’étonne et s’indigne que « l’immigration reste à ce point limitée », il proclame que « l’immigration est l’avenir du monde » (du monde gouverné par la finance multinationale).

On se demande s’ils sont tous comme ça, les professeurs à l’IEPP, ou si le FDLC est allé le pêcher au sein de la trop nombreuse et trop puissante « Association élitiste des imbéciles organisés universitairement » (A.E.I.O.U).

 

Dans son langage inimitable, l’éminent professeur souhaite et appelle une politique qui s’affranchirait de la territorialité des frontières et de la vulgate stato-nationale, c’est-à-dire une politique d’euthanasie de la France. Mais c’est la politique déjà à l’œuvre. Les pensées, les discours, les mesures pouvant assurer à la nation française de survivre à l’immigration telle qu’elle est sont contraires à notre loi républicaine, à notre morale démocratique, à nos mœurs libertaires, à notre idéologie dominante. La loi républicaine frappe d’illégalité, comme discriminatoires, les mesures et jusqu’aux paroles de défense nationale contre l’immigration. La morale démocratique les désigne comme immorales, parce que contraires à la « dignité » et à la « charité » du personnalisme. Le « Conseil d’Eglises chrétiennes de France » (CECF) manifeste son adhésion à une telle morale démocratique, et son coprésident Ricard y assume des responsabilités de plus en plus graves. Les mœurs libertaires s’insurgent contre toute espèce de réglementation. L’idéologie dominante est celle d’un métissage obligatoire et généralisé, le métissage œcuménique des ethnies, des nationalités, des cultures, des religions.

Son théoricien actuellement le plus représentatif est le chanteur Pierre Perret, avec son hymne : «Mélangez-vous ». Ni le CECF, ni l’IEPP, ni le FDLC, ni le MRAP, ni le PS, ni l’UMP, ni la HALDE, ni l’A.E.I.O.U ne supportent l’idée que nous aurions à changer de lois, de morale, de mœurs et d’idéologie.

 

 C’est la nécessité d’un tel changement que j’ai tâché de montrer dans les trois premiers chapitres, si je puis me citer, de mon livre Une civilisation blessée au cœur (UCBAC, ah mais ! les sigles, moi aussi…). Quelqu’un (QQ) a regretté que cet ouvrage sur la civilisation commence par l’immigration qui, disait-il, n’a rien à y voir. Justement si. Ce sont les colonisateurs qui ont enseigné l’anticolonialisme à leurs colonies et qui les ont initiées au marxisme-léninisme. D’où, explique mon UCBAC, un inextricable imbroglio mental et politique, et aussi ce racisme antifrançais, il faut même dire antiblanc, qui prétend, la HALDE aidant, nous interdire comme « xénophobe » toute réaction de légitime défense nationale. Làcontre il y a l’« Association générale contre le racisme » (AGRIF, 70 bd Saint-Germain à Paris Ve), œuvre chrétienne et française ; et militante : ça, J’M. Vous aussi ? Alors allez-y.

J.M.