Les Nouvelles
de
Chrétienté
n°54
Le 2 juin 2006
L’enseignement du Pape.
Lors de l’audience
générale du mercredi 31 mai, Benoît XVI fit le compte rendu de son magnifique
voyage en Pologne.
Nous publions ci-dessous
le texte intégral de son discours.
Il y
a de très belles choses à retenir de ces nombreux discours. Nous retiendrons
particulièrement son appel à la foi qu’il lança aux jeunes ainsi que son appel
à Autwitch.
Sur
la foi : « A partir de la merveilleuse méditation mariale que
Jean-Paul II a donnée à l'Eglise dans l'Encyclique Redemptoris Mater, j'ai
voulu reproposer la foi comme attitude fondamentale de l'esprit – qui n'est pas
seulement quelque chose d'intellectuel ou de sentimental – la foi véritable
touche la personne tout entière: ses pensées, ses sentiments d'affection, ses
intentions, ses relations, sa dimension corporelle, ses activités, son travail
quotidien ».
Sur
l'horreur d'Auschwitz : « Face
à l'horreur d'Auschwitz, il n'y a pas d'autre réponse que
Chers
frères et soeurs,
Je désire aujourd'hui reparcourir, avec vous, les étapes du voyage apostolique
que j'ai pu accomplir ces jours derniers en Pologne. Je remercie l'épiscopat
polonais, en particulier les archevêques métropolitains de Varsovie et de
Cracovie, pour le zèle et l'attention avec lesquels ils ont préparé cette
visite. Je renouvelle l'expression de ma reconnaissance au président de
Après l'arrivée à l'aéroport de Varsovie, la cathédrale de cette importante
ville a été le lieu de mon premier rendez-vous réservé aux prêtres, le jour
même du 50e anniversaire de l'ordination sacerdotale du cardinal Józef Glemp,
Pasteur de cet archidiocèse. Ainsi, mon pèlerinage a commencé sous le signe du
sacerdoce et il s'est ensuite poursuivi par un témoignage de sollicitude
oecuménique, rendu dans l'église luthérienne de
Dans mon programme ne pouvait manquer la visite aux sanctuaires qui ont marqué
la vie du prêtre et de l'évêque Karol Wojtyla, trois en particulier: ceux de
Czestochowa, de Kalwaria Zebrzydowska et de
Une autre très belle expérience a été la rencontre avec les jeunes, qui a eu
lieu à Cracovie, dans le Parc de Blonie. Aux jeunes, venus en grand nombre,
j'ai symboliquement remis la « Flamme de la miséricorde », afin qu'ils soient
dans le monde des hérauts de l'amour et de
J'ai saisi l'occasion pour renouveler au sein du peuple polonais l'annonce
merveilleuse de la vérité chrétienne sur l'homme, créé et racheté dans le
Christ; cette vérité que Jean-Paul II a proclamée tant de fois avec vigueur
pour encourager chacun à être fort dans la foi, dans l'espérance et dans
l'amour. Demeurez forts dans la foi! Telle est la consigne que j'ai laissée aux
fils de la bien-aimée Pologne, en les encourageant à persévérer dans la
fidélité au Christ et à l'Eglise, pour que la contribution de leur témoignage
évangélique ne manque pas à l'Europe et au monde. Tous les chrétiens doivent se
sentir engagés à rendre ce témoignage, pour éviter que l'humanité du troisième
millénaire puisse encore connaître des horreurs semblables à celles
tragiquement évoquées par le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
C'est précisément dans ce lieu tristement célèbre dans le monde entier que j'ai
voulu m'arrêter avant de revenir à Rome. Dans le camp d'Auschwitz-Birkenau,
ainsi que dans d'autres camps semblables, Hitler fit exterminer plus de six
millions de juifs. A Auschwitz-Birkenau moururent également environ 150.000
Polonais et des dizaines de milliers d'hommes et de femmes d'autres
nationalités. Face à l'horreur d'Auschwitz, il n'y a pas d'autre réponse que
Les nouvelles de Rome.
Benoît XVI et les communautés charismatiques à
Le
pape Benoît XVI accueille, le samedi 3 juin, la veille de
La
place Saint-Pierre se transformera en « un cénacle à ciel ouvert où, réunis
autour du Successeur de Pierre, les mouvements invoqueront ensemble, avec le
Saint Père, une nouvelle effusion de l’Esprit », a déclaré Mgr Stanislaw Rylko,
président du Conseil pontifical pour les Laïcs, à qui le pape a confié
l’organisation de cette rencontre.
C’était le 17 mai 2005, au cours de la
première audience officielle accordée à Mgr Rylko, en tant que président du Conseil
pontifical pour les Laïcs, que le Saint-Père Benoît XVI a
exprimé le désir de rencontrer les mouvements ecclésiaux et les nouvelles
communautés
.
Selon le même Mgr Rylko, « Le pape
a suivi de très près les préparatifs de l’événement. Les paroles qu’ils a
prononcées après le Regina Caeli de dimanche dernier, 21 mai, le
confirment : « Je garde également présent dans le cœur et dans la prière
l’important rendez-vous du samedi 3 juin prochain, vigile de
Dans son édition
du 28 mai 2006 Zenitpublie l’entretien avec Mgr Rylko, président du Conseil
pontifical pour les Laïcs, sur cette grande réunion dont il a eu la charge.
Un nouveau sommet
religieux à Moscou.
Zenit
du mercredi 31 mai 2006 annonce la
réunion d’un sommet des chefs religieux à Moscou en juillet 2006
Il est prévu que ce sommet rassemble les chefs ou les
représentants des Églises orthodoxes, des Églises pré-chalcédoniennes, de
l'Église catholique romaine.
Les organisateurs du sommet comptent également sur la présence des responsables
religieux chinois, de l'Église luthérienne allemande, du Conseil national des
Églises des Etats-Unis, des grands rabbins d'Israël, des Etats-Unis et des pays
européens, des responsables musulmans des pays de
Le métropolite espère que ce sommet de Moscou jouera «un rôle important dans la prévention de l'extrémisme».
C’est encore là une belle illusion.
Les Nouvelles de France.
Jugement de M Delinger sur
les mouvement de mars –Avril 2006.
Vous le trouvez dans les
numéros de Présent de cette semaine.
Manifestations et émeutes de mars-avril 2006
L’accélération dans la chute
« Depuis plus de soixante ans,
en abaissement. Même dans ce contexte, mars 2006 – ou
ce qui a débuté en mars 2006 – me paraît particulièrement grave. Plus que
jamais, les événements qui dégradent, avilissent, déshonorent
Dans ces déchaînements, il importe de distinguer les
manifestations et les émeutes en dépit de l’association devenue habituelle de
ces deux types de débordements. Les unes et les autres sont menées par des
acteurs différents. Elles sont symptomatiques de maux profonds dissemblables,
même s’ils sont tristement complémentaires. En revanche,
à l’égard des unes comme des autres, la nullité et la
perversion du pouvoir politique et la malfaisance absolue du pouvoir médiatique
portent une égale et écrasante responsabilité.
Mai 1968-mars 2006
A 38 ans de distance, des comparaisons s’imposent.
Pour ceux qui ont vécu les deux, bien des événements de l’actualité font
remonter d’une mémoire plus ou moins enfouie des souvenirs, peu glorieux. Dans
les deux cas, la chienlit généralisée a souillé
son importance n’a été qu’éphémère. Les émeutes se
ressemblent (il est vrai que dans ce domaine il est difficile d’innover) :
barricades, voitures brûlées – ce fut, en 1968, le début d’une pratique dont la
descendance est illimitée –, saccages les plus divers pour le plaisir de
détruire, forces de l’ordre criblées pendant des heures des projectiles les
plus
meurtriers et maintenues l’arme au pied par un pouvoir
qui laisse pourrir la situation, slogans les plus débiles braillés par des
brutes mal fringuées et dépenaillées, etc.
D’autres points communs sont plus subtils, plus
psychologiques.
Dans un cas comme dans l’autre, le mouvement a démarré
sans raison profonde, sans objectif crédible, voire sans objectif exprimé. Rien
d’autre que la volonté de dire non et éventuellement de tout casser. Les slogans
de 1968 étaient tellement excessifs, tellement hors du sens commun que les
bourgeois s’en sont souvent rassurés : c’est trop irréaliste
pour être dangereux. Hélas, comme d’habitude, ils se
trompaient. Et, peu d’années après, toute
En 2006, le prétexte du CPE, mesurette dérisoire sans
portée ni positive ni négative, était parfaitement insignifiant. Or, quelques
jours après qu’il eut été invoqué, des millions de Français conspuaient ce projet
de loi comme le mal absolu,
menaçant depuis le travail des jeunes jusqu’au
paiement des retraites !
Malgré le halo hagiographique qui couvre toujours le
dernier règne de Charles de Gaulle (1958-1969), il s’est avéré, face à Mai 68,
que la droite parlementaire de l’époque ne valait déjà pas plus cher que la
nôtre. Tout d’abord, en l’absence du Président, le Premier ministre n’a pas
sifflé la fin de la récréation, comme il aurait dû le faire face aux
désordres de Nanterre en mars et en avril, prévenant
les déchaînements parisiens. Il n’a rien fait. Après leur éclatement, avec des
journées et des nuits se soldant par des centaines de voitures brûlées et des
centaines de policiers blessés parfois grièvement, il a laissé la situation
pourrir. De Gaulle, de retour d’Europe orientale, s’est ridiculisé avec son
discours du 24 mai. Puis il s’est enfui en hélicoptère, avec sa famille et
quelques valises, auprès de Massu, l’ancien chef de la 10e division
parachutiste à Alger en 1957 et personnage emblématique de l’Algérie française.
Massu l’a requinqué en quelques phrases énergiques et l’a remis, vite fait, dans
son hélicoptère pour aller faire face à ses responsabilités élyséennes. Ce qui
a mis fin à la chienlit soixante-huitarde, c’est d’abord la décomposition
interne du mouvement lui-même : les toilettes bouchées à
à Saint-Lazare qui mit fin au mouvement
insurrectionnel. Le défilé des gaullistes sur les Champs-Elysées, survenu
seulement le lendemain, ne fut que l’exhibition des lâches après que
l’adversaire soixante- huitard se fut dissipé et que tout danger eut disparu...
Une fois de plus dans l’histoire, communistes et gaullistes avaient été
complices.
Politiquernent, c’est la différence essentielle avec
mars 2006 où tout ce qui est actif est uni contre la tourbe de l’UMP. Il n’y a
plus de disjonction entre communistes et gauchistes – ou staliniens et
troskistes – favorisant le retour au calme, au moins apparent et éphémère.
Compter sur un retour imminent du calme, au moins apparent, comme en 1968, n’a
aucun fondement.
Avant d’en venir à ce qui sous-tend ces
manifestations, cantonnées d’abord à quelques étudiants, manipulés par leur
syndicat et mobilisant des millions de Français, j’évoquerai la double
instrumentalisation dont elles ont été l’objet et l’occasion.
Soulignons au préalable que cette instrumentalisation
n’a été possible que grâce à l’incessant activisme des médias.
Ceux-ci, et tout particulièrement la télévision, ont
systématiquement menti, présenté les faits et les documents de la façon la plus
biaisée et la plus malhonnête, érigé systématiquement les convictions de
quelques-uns au rang de celles de la totalité des Français ; bref, ils ont fait
évoluer l’opinion à leur gré, l’ont formatée, ont transformé le peuple de
France en une multitude de perroquets. Dans ce scandaleux concert, ce qui est
le plus intolérable, c’est la participation prioritaire des moyens
d’information (?) publics, payés par nos impôts, que les gouvemements de droite
(?) ont systématiquement laissé passer sous la coupe d’individus d’extrême
gauche.
La première de ces instrumentalisations a été le fait
de ces bandes ethniques qui sévissent dans notre pays depuis plus de dix ans
sans recevoir la juste et sévère réponse répressive qui y mettrait fin. Ce fut
pour elles l’occasion de rompre le régime de croisière dans leurs méfaits
qu’elles avaient adopté depuis la fin de notre « novembre noir » pour réactiver
leurs invraisemblables exactions. Ce sont toujours les mêmes, faites de jeunes
gens – et de moins jeunes – se recrutant dans le vivier grouillant et
foisonnant des fils de l’immigration. Ces jeunes sont embrasés d’une haine
raciale fondée sur la couleur de la peau et sur le faciès europoïde de ceux
qu’ils attaquent, sur une jalousie agressive à l’égard de
ceux qui réussissent mieux dans la compétition
moderne, y compris scolaire. Ils brûlent d’une avidité sans limite à l’égard
des produits de cette société qu’ils brûlent avec délectation quand ils ne
peuvent les voler. Depuis la mi-novembre, ils ne rêvaient que de remettre cela.
Ces manifestations allaient leur en donner une très belle occasion.
Et il est remarquable qu’ils s’en soient pris en
premier lieu à ces manifestants dont la réunion de masse leur facilitait la
mise en œuvre de leurs appétits destructeurs et sanguinaires.
Soulignons, dans cet aspect, l’irréparable gravité de
la tactique passive adoptée par Sarkozy avec – au moins – l’aval de Chirac.
Exiger des forces dites de l’ordre que, pendant des heures, elles se laissent
humilier, insulter, cracher au visage, caillasser, recevoir des cocktails
Molotov avec une seule exigence – et une seule satisfaction cyniquement étalée
– que ces bandits commettant massivement des tentatives d’assassinat ne
reçoivent pas un coup, pas une bosse. C’est la culbute intégrale de tous les
principes de toutes les sociétés, de toutes les civilisations.
Les fauteurs de désordre sont préférés aux défenseurs
de l’ordre. Le Mal est préféré au Bien. Cette tactique
absurde et contre nature a pour effet évident
d’attiser la soif de récidives toujours plus violentes, toujours plus
fréquentes chez ces émeutiers. Elle ne peut que
susciter chaque jour d’avantage de « vocations » à ces actes criminels, avec
l’indicible satisfaction de bafouer impunément le tabou d’une puissance
publique régnant en maître sur la société pour lui assurer la paix.
L’état d’esprit que va fortifier cette situation
abracadabrantesque, laisse présager des agressions de plus en plus fréquentes
contre des policiers isolés – ne serait-ce que lorsqu’ils rentrent chez eux –
et les pires sévices à l’égard de leur femme et de leurs enfants traités comme
la lie de la terre.
L’autre manipulation est celle de la gauche, celle des
partis et plus encore es syndicats. Exploitant la dégradation
rapide de la situation, imputable aux actions
subversives désormais chroniques des émeutiers, à la nullité
des pouvoirs politiques, les hommes de gauche ont pu
répéter les manifestations, les enfler démesurément et faire sans arrêt monter
les enchères, ridiculisant de plus en plus totalement le pouvoir de droite.
Successivement, il fallait réformer le CPE puis – dès que le gouvernement l’a
admis – il fallait abroger la loi que l’exécutif avait régulièrement promulguée.
Et dès que la mise en application de la loi a été suspendue – par le Président
même qui venait de la signer – il faudra la démission du gouvernement. Après
quoi, viendra sans doute l’exigence d’élections anticipées.
A vaincre sans péril, la gauche triomphe sans gloire.
Mais elle le fait avec une assez remarquable perversité. Car la cause principale
du ras-lebol des Français et de la faillite de la droite tient à ce que
celle-ci a continué une politique de gauche et l’a aggravée avec une folle
obstination. La gauche exploite sans vergogne la désespérance des Français
devant la ruine spirituelle et économique de leur pays, l’inéluctable montée du
chômage, l’appauvrissement dramatique des classes moyennes, la prise de
conscience d’une impossibilité prochaine de payer la retraite, la faillite
évidente du financement du système de santé, l’insécurité générale. Or, si la
responsabilité de ces maux est politiquement partagée entre la gauche et la
droite successivement au pouvoir, idéologiquement la crise prend sa source dans
l’application continue d’une politique socialiste. Il est vrai qu’il y a belle
lurette que la droite n’a plus ni programme ni idéologie.
Face à cette offensive de la gauche qui a monté et
manipulé les événements qui ont débuté en mars 2006, l’inaction – et parfois le
silence – des responsables de la droite n’a pu que frapper chacun. Villepin,
quand les chaînes publiques lui laissaient misérablement la parole, s’est égaré
dans des considérations techniques sur son CPE qui n’intéressaient personne et
étaient largement dépassées. Répondre, même de la façon la plus modérée, aux
calomnies et aux absurdités de la gauche, ne lui est pas venu à l’esprit :
c’eût été « shocking ». Cette droite indigne et paralysée, si
profondément complexée face à la gauche traditionnellement soucieuse du bien du
peuple depuis des décennies, en rajoute par
rapport à ce que font et ce que pourraient faire les
socialistes eux-mêmes. Aucun leader de droite ne pouvait dire la vérité sur la
responsabilité de la désespérance des Français en général, des jeunes en
particulier. Parce que, sur tous les facteurs responsables de cette crise –
évoqués ci-dessus – sa part est au moins aussi grande que celle de la gauche.
Cette droite agenouillée qui impose à ses policiers de subir les pires avanies
physiques, n’a elle-même d’autre solution que de se tenir coite, sous les insultes
d’une gauche politicienne et médiatique surexcitée par la perspective du
hallali final.
Tacite observait déjà qu’à la fin de
leur société, ni les remèdes qu’il aurait fallu y apporter.
On peut en dire autant des Français en ce début du troisième millénaire. En
effet, on ne mesure pas suffisamment l’étendue des dégâts que la révolution
culturelle – explosée chez nous en Mai 68 – a faits dans la mentalité de nos
concitoyens. Comparons l’état mental et spirituel des Français révélé par ces
deux époques subversives, Mai 68 et mars 2006. Les leaders intellectuels de Mai
68 avaient
puisé leurs dénonciations et leurs idéologies chez les
situationnistes et « des maîtres à penser » tels que Sartre et Marcuse. Ils ont
déclaré la guerre à la société, source d’aliénation, aux contraintes de la
morale – tout particulièrement sexuelle – et du même coup à la famille avec ses
devoirs de fidélité, à la patrie qui exigeait l’esprit de sacrifice. Ils ont
maudit l’état, l’ordre, les forces chargées de
maintenir celui-ci. Bref, ils ont maudit toutes les contraintes de la société.
En quelques mois, leurs revendications et leurs slogans avaient infiltré puis
gagné tous les médias. En un peu plus de cinq ans, ils avaient conquis les
milieux politiques, en particulier les Giscard et les Chirac qui lançaient la «
société libérale avancée », mieux appelée la « société libérale en
décomposition avancée ».
En 2006, nous avons fait du chemin.
Ce que beaucoup de Français refusent maintenant, ce ne
sont plus les contraintes de la société. Ce sont les contraintes de la vie.
Tout simplement. Les propos tenus par l’homme de la rue, qu’il défile ou non,
et rapportés à satiété et avec complaisance par les médias, sont consternants.
Quand ces Français crétinisés nous expliquent que tous les jeunes doivent
bénéficier d’un travail immédiat, stabilisé, sans remise en cause possible, ce
qu’ils rejettent, c’est le travail même, avec tout ce qui le sous-tend. Dans
une société encore vivante, les jeunes – au moins les jeunes – connaissent
l’appétit de vivre, d’entreprendre, d’agir, de gagner – car le risque, c’est
aussi la chance de gagner –, l’ambition du
succès ; quitte à ce que tout cela diminue, s’altère,
s’éteigne avec l’âge. Cet appétit, ce dynamisme, ces attentes, ces espoirs
étaient le signe d’une naturelle vitalité. Les étudiants et lycéens qui
défilent en exigeant cette fonctionnarisation de tous les emplois de la
société, ne sont que des petits vieillards. Et quoi de plus triste qu’un petit
vieillard de 18
ans ?
Depuis bien des années, la grande majorité des jeunes
Français rejettent catégoriquement la seule idée de s’orienter vers des métiers
difficiles, durs, n’ayant pas une image de marque bourgeoisement « reluisante
», surtout s’ils sont physiquement pénibles – tels que ceux souvent offerts par
le bâtiment et les travaux publics, ceux de marins-pêcheurs,
ceux de mineurs ou même d’artisans et tant d’autres.
Ils ne sont pas moins rebutés par des métiers astreignants par leurs horaires
tels que tant de débouchés de la restauration, de la boulangerie, etc.
Maintenant une autre exigence s’impose pour les débouchés exigés : celle de
bénéficier d’une stabilité quelles que soient l’adéquation et l’efficacité qui
se révèlent entre l’emploi disponible et le nouvel embauché. Personne,
semble-t-il, pas même le MEDEF, n’a
fait observer qu’à l’heure actuelle les patrons –
ainsi que leurs entreprises – quant à eux n’ont jamais connu une telle
précarité et que le meilleur moyen de l’aggraver serait d’exiger d’embaucher
n’importe qui et de
conserver tout nouvel embauché jusqu’à... sa retraite
ou la faillite de l’entreprise, au grand dam de tous les autres salariés.
Quand le socialisme, pratiqué par 50 ans de Ve
République, a créé un chômage insupportable par des dépenses extravagantes, en
partie dues au coût des fonctions publiques pléthoriques, par des charges
sociales plombant les entreprises privées, par des « acquis sociaux » tels que
des prises en charge inconsidérées du chômage qui déresponsabilisent les
individus, par une immigration qui achève le budget de
qu’il y avait obligation à ce que chaque jeune ait un
emploi stable, définitif, quelle que soit en quelque sorte son incompétence, sa
paresse, son envie ou non réelle de travailler. Ils ont dit qu’ils rejetaient
la précarité. C’est invraisemblable ! La précarité, c’est la vie. Et quand le
petit d’homme vient au jour – voire quand l’ovule est fécondé
–, c’est la précarité qui commence, et tout se joue
désormais, même la survie.
Comment les Français, l’un des peuples les plus
laborieux du monde, un des peuples les plus intelligents du monde ainsi que
l’attestent tous les produits de leur culture, un des plus aventureux du monde
comme le prouve leur présence historique sur toutes les mers et sur tous les
continents, ont-ils pu devenir ce ramassis d’imbéciles ? C’est là que
se situe le drame et, à l’évidence, il est beaucoup
plus grave que la nullité du personnel politique, trop souvent seul mis en
cause dans notre chute tragique. Des optimistes me rétorqueront que la majorité
des Français ne se reconnaît ni dans ces manifestants, ni dans les propos
rapportés, ni dans les médias, ni dans les politiciens. Mais alors que ces
Français majoritaires sortent de sous la terre. Qu’ils mettent au pas des
meneurs dérangés, des syndicalistes irresponsables ou des politiciens
nuisibles. Qu’ils renvoient chez eux des casseurs qui ne sont pas bien chez
nous ! Alors, en vérité, je serai prêt à reconnaître et à aimer ces Français
enfin retrouvés.
Georges Dillinger