Les Nouvelles
de
Chrétienté


n°55

Le 9 juin 2006

 

L’enseignement du pape.

Congrès du diocèse de Rome : Discours de Benoît XVI

Texte intégral

le pape Benoît XVI a prononcé le lundi 5 juin à l’occasion de l’inauguration du Congrès ecclésial du diocèse de Rome sur  « La joie de la foi et l’éducation des nouvelles générations ». C’est l’objet même du Congrès.

* * *


Chers frères et sœurs,

Je suis heureux d'être à nouveau parmi vous pour introduire à travers ma réflexion ce nouveau Congrès diocésain, consacré à un thème d'une grande beauté et d'une importance pastorale fondamentale: la joie qui provient de la foi et son rapport avec l'éducation des nouvelles générations. Nous reprenons ainsi, et nous développons de façon plus détaillée, dans une optique qui concerne plus directement les jeunes, le discours commencé il y a un an, à l'occasion du précédent Congrès diocésain, au cours duquel nous nous sommes occupés du rôle de la famille et de la communauté chrétienne dans la formation de la personne et dans la transmission de la foi. Je salue avec affection chacun de vous, évêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses, laïcs, engagés à témoigner de notre foi. En particulier, je vous salue, vous les jeunes, qui voulez unir à votre itinéraire personnel de formation l'engagement d'une responsabilité ecclésiale et missionnaire à l'égard d'autres enfants et jeunes. Je remercie de tout cœur le cardinal-vicaire des paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous.

 

Comment raviver la foi dans nos communautés ?

Avec ce Congrès et avec l'année pastorale qui s'inspirera de ses contenus, le diocèse de Rome poursuit le long itinéraire qu'il a commencé, il y a désormais dix ans, avec la Mission dans la Ville voulue par mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II. L'objectif, en effet, est toujours le même: raviver la foi dans nos communautés et chercher à la réveiller ou la susciter, chez toutes les personnes et les familles de cette grande ville, où la foi a été prêchée et où l'Eglise a été implantée dès la première génération chrétienne, et en particulier par les Apôtres Pierre et Paul.

Le rôle de la famille dans cette transmission.

Au cours des trois dernières années, votre attention s'est concentrée en particulier sur la famille, pour consolider à travers la vérité de l'Evangile cette réalité humaine fondamentale, qui fait aujourd'hui malheureusement l'objet de graves dangers et menaces, et pour l'aider à remplir sa mission irremplaçable dans l'Eglise et dans la société. En plaçant à présent au premier plan l'éducation à la foi des nouvelles générations, nous n'abandonnons certainement pas l'engagement pour la famille, à laquelle appartient en premier lieu la responsabilité éducative. Nous répondons au contraire à une préoccupation diffuse dans de nombreuses familles croyantes, qui, dans le contexte social et culturel d'aujourd'hui, craignent de ne pas réussir à transmettre le précieux héritage de la foi à leurs enfants.

La découverte de la foi est aussi une démarche personnelle

En réalité, découvrir la beauté et la joie de la foi est un chemin que chaque nouvelle génération doit parcourir seule, car dans la foi est mis en jeu ce que nous avons de plus personnel et de plus intime, notre cœur, notre intelligence, notre liberté, dans un rapport profondément personnel avec le Seigneur qui œuvre en nous.

Mais tout autant communautaire.

Mais la foi est, de façon tout aussi radicale, un acte et une attitude communautaire, elle est le « nous croyons » de l'Eglise. La joie de la foi est donc une joie qui doit être partagée: comme l'affirme l'Apôtre Jean, « Ce que nous avons vu et entendu [le Verbe de la vie] nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous [...] Tout ceci nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète » (1 Jn 1, 3-4). C'est pourquoi éduquer les nouvelles générations à la foi est un devoir important et fondamental qui touche la communauté chrétienne tout entière.

Les obstacles  dans cette transmission : l’agnosticisme et le relativisme

Chers frères et sœurs, vous touchez du doigt combien ce devoir est devenu aujourd'hui particulièrement difficile sous de nombreux aspects, mais précisément pour cette raison encore plus important et plus que jamais urgent. Il est en effet possible d'identifier deux lignes de fond de l'actuelle culture sécularisée, clairement interdépendantes, qui poussent dans une direction opposée à celle de l'annonce chrétienne, et qui ne peuvent manquer d'avoir une répercussion sur les personnes qui sont en train de développer leurs propres orientations et choix de vie. L'une de celles-ci est l'agnosticisme qui jaillit lorsque l'intelligence humaine est réduite à une simple raison calculatrice et fonctionnelle, et qui tend à étouffer le sens religieux inscrit au plus profond de notre nature. L'autre est le processus de relativisme et de déracinement qui corrode les liens les plus sacrés et les sentiments les plus dignes de l'homme, avec pour résultat de rendre les personnes fragiles, et nos relations réciproques précaires et instables.

La source de la joie chrétienne est la certitude d'être aimés d e Dieu

Précisément dans cette situation, nous avons tous besoin, et en particulier nos enfants, nos adolescents, et nos jeunes ont besoin de vivre la foi comme une joie, de goûter la profonde sérénité qui naît de la rencontre avec le Seigneur. J'ai écrit dans l'Encyclique Deus caritas est: « Nous avons cru à l'amour de Dieu, c'est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. A l'origine du fait d'être chrétien, il n'y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (n. 1). La source de la joie chrétienne est la certitude d'être aimés de Dieu, aimés personnellement par notre Créateur, par Celui qui tient entre ses mains l'univers tout entier et qui aime chacun de nous et toute la grande famille humaine d'un amour passionné et fidèle, un amour plus grand que nos infidélités et péchés, un amour qui pardonne. Cet amour « est si grand qu'il retourne Dieu contre lui-même » comme cela apparaît de façon définitive dans le mystère de la Croix: « Dieu aime tellement l'homme que, en se faisant homme lui-même, il le suit jusqu'à la mort et il réconcilie de cette manière justice et amour » (Deus caritas est, n. 10).

Cette joie de se savoir aimé de Dieu doit se trouver dans l’Eglise.

Chers frères et sœurs, cette certitude et cette joie d'être aimés de Dieu doit être rendue d'une certaine façon tangible et concrète pour chacun de nous, et en particulier pour les jeunes générations qui entrent dans le monde de la foi. En d'autres termes: Jésus a déclaré être le « chemin » qui conduit au Père, outre la « vérité » et la « vie » (cf. Jn 14, 5-7). La question qui se pose est donc: comment nos enfants et nos jeunes peuvent-ils trouver en Lui, dans la pratique et dans leur existence, ce chemin de salut et de joie ? Telle est précisément la grande mission pour laquelle l'Eglise existe, comme famille de Dieu et compagnie d'amis dans laquelle nous sommes introduits à travers le Baptême déjà en tant que petits enfants, et dans laquelle doivent grandir notre foi et notre joie, ainsi que la certitude d'être aimés du Seigneur. Il est donc indispensable – et telle est la mission confiée aux familles chrétiennes, aux prêtres, aux catéchistes, aux éducateurs, et aux jeunes eux-mêmes à l'égard des jeunes de leur âge, à nos paroisses, associations et mouvements, et finalement à la communauté diocésaine tout entière – que les nouvelles générations puissent faire l'expérience de l'Eglise comme d'une compagnie d'amis véritablement fiable, proche dans tous les moments et toutes les circonstances de la vie, que ceux-ci soient heureux et gratifiants, ou difficiles et sombres, une compagnie qui ne nous abandonnera pas même dans la mort, car elle porte en elle la promesse de l'éternité. A vous, chers enfants et jeunes de Rome, je voudrais vous demander de vous confier à votre tour à l'Eglise, de l'aimer et d'avoir confiance en elle, car en elle est présent le Seigneur, et parce qu'elle ne recherche rien d'autre que votre bien véritable.

Celui qui sait être aimé est à son tour incité à aimer

Celui qui sait être aimé est à son tour incité à aimer. C'est précisément ainsi que le Seigneur, qui nous a aimés en premier, nous demande de mettre à notre tour au centre de notre vie l'amour pour Lui et pour les hommes qu'il a aimés. En particulier, les adolescents et les jeunes, qui ressentent fortement en eux le rappel de l'amour, ont besoin d'être libérés du préjugé diffus selon lequel le christianisme, avec ses commandements et ses interdits, place trop d'obstacles à la joie de l'amour et en particulier empêche de goûter pleinement au bonheur que l'homme et la femme trouvent dans leur amour réciproque. Au contraire, la foi et l'éthique chrétienne ne veulent pas étouffer, mais rendre l'amour sain, fort, et véritablement libre: tel est précisément le sens des dix Commandements, qui ne sont pas une série de « non », mais un grand « oui » à l'amour et à la vie. En effet, l'amour humain a besoin d'être purifié, de mûrir et également de se dépasser, pour pouvoir devenir pleinement humain, pour être le principe d'une joie véritable et durable, pour répondre ainsi à la demande d'éternité qu'il porte en lui et à laquelle on ne peut renoncer sans se trahir soi-même. Tel est le motif principal pour lequel l'amour entre l'homme et la femme ne se réalise pleinement que dans le mariage.

Encourager les enfants à servir le prochain est la grande pédagogie de l’éducation à la foi.  

Dans tout le travail d'éducation, dans la formation de l'homme et du chrétien, nous ne devons donc pas, par peur ou par embarras, laisser de côté la grande question de l'amour: si nous le faisions, nous présenterions un christianisme désincarné, qui ne peut intéresser sérieusement le jeune qui s'ouvre à la vie. Toutefois, nous devons également introduire à la dimension intégrale de l'amour chrétien, où amour pour Dieu et amour pour l'homme sont unis de façon indissoluble et où l'amour du prochain est un engagement véritablement concret. Le chrétien ne se contente pas de paroles, encore moins d'idéologies trompeuses, mais il répond aux nécessités de son frère en se mettant véritablement en jeu, sans se contenter de quelque bonne action sporadique. Proposer aux enfants et aux jeunes des expériences pratiques de service au prochain le plus dans le besoin fait donc partie d'une authentique et pleine éducation à la foi.

Foi et raison.

Avec le besoin d’aimer, le désir de vérité appartient à la nature même de l'homme. C'est pourquoi, dans l'éducation des nouvelles générations, la question de la vérité ne peut donc certainement pas être éludée: elle doit au contraire occuper une place centrale. En posant la question de la vérité, nous élargissons au contraire l'horizon de notre rationalité et nous commençons à libérer la raison des limites trop étroites dans lesquelles elle est enfermée lorsque l'on ne considère comme rationnel que ce qui peut faire l'objet d'une expérience et d'un calcul. C'est précisément ici qu'a lieu la rencontre de la raison avec la foi: dans la foi, nous accueillons en effet le don que Dieu fait de lui-même en se révélant à nous, créatures faites à son image; nous accueillons et nous acceptons cette Vérité que notre esprit ne peut comprendre totalement et ne peut posséder, mais qui, précisément pour cela, étend l'horizon de notre connaissance et nous permet de parvenir au Mystère dans lequel nous sommes plongés et de retrouver en Dieu le sens définitif de notre existence.

Chers amis, nous savons bien qu'il n'est pas facile de laisser notre raison dépasser ses propres limites. C'est pourquoi la foi, qui est un acte humain très personnel, demeure un choix de notre liberté, qui peut également être refusé. Mais ici se fait jour une seconde dimension de la foi, celle de se confier à une personne: non pas à n'importe quelle personne, mais à Jésus Christ et au Père qui l'a envoyé. Croire signifie établir un lien très personnel avec notre Créateur et Rédempteur, en vertu de l'Esprit Saint qui œuvre dans nos cœurs, et faire de ce lien le fondement de toute la vie. En effet, Jésus Christ est « la Vérité faite Personne qui attire le monde à Lui (...) toute autre vérité est un fragment de la vérité qu'Il est et renvoie à Lui » (Discours à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, 10 février 2006). Ainsi, il remplit notre cœur, l'élargit et le comble de joie, pousse notre intelligence vers des horizons inexplorés, offre à notre liberté son point de référence décisif, la libérant des limites étroites de l'égoïsme et la rendant capable d'un amour authentique.

Dans l'éducation des nouvelles générations, nous ne devons donc pas craindre de comparer la vérité de la foi avec les véritables conquêtes de la connaissance humaine. Les progrès de la science sont aujourd'hui très rapides et sont souvent présentés comme contraires aux affirmations de la foi, provoquant la confusion et rendant plus difficile l'accueil de la vérité chrétienne. Mais Jésus Christ est et demeure le Seigneur de toute la création et de toute l'histoire: « Tout a été créé par lui et pour lui (...) et tout subsiste en lui » (Col 1, 16.17). C'est pourquoi le dialogue entre foi et raison, s'il est conduit avec sincérité et rigueur, offre la possibilité de percevoir de façon plus efficace et convaincante le bien-fondé de la foi en Dieu – non pas dans n'importe quel Dieu, mais dans le Dieu qui s'est révélé en Jésus Christ – et également de montrer qu’en Jésus Christ lui-même se trouve l'accomplissement de toute authentique aspiration humaine. Chers jeunes de Rome, avancez donc avec confiance et courage sur la voie de la recherche de ce qui est vrai. Et vous, chers prêtres et éducateurs, n'hésitez pas à promouvoir une véritable « pastorale de l'intelligence » et, plus largement, de la personne, qui prend au sérieux les questions des jeunes – autant les questions existentielles que celles qui naissent de la comparaison avec les formes de rationalité aujourd'hui diffuses – pour les aider à trouver des réponses chrétiennes valables et pertinentes et finalement à faire leur la réponse décisive qu'est le Seigneur Jésus Christ.

Foi et prière.


Nous avons parlé de la foi comme d'une rencontre avec Celui qui est Vérité et Amour. Nous avons également vu qu'il s'agit d'une rencontre dans le même temps communautaire et personnelle qui doit avoir lieu dans toutes les dimensions de notre vie, à travers l'exercice de l'intelligence, les choix de la liberté, le service de l'amour. Il existe toutefois un espace privilégié dans lequel cette rencontre se réalise de façon plus directe, se renforce et s'approfondit, et devient ainsi véritablement en mesure d'imprégner et de caractériser toute l'existence: cet espace est la prière. Chers jeunes, un grand nombre d'entre vous étaient certainement présents à la Journée mondiale de la Jeunesse, à Cologne. Là, ensemble, nous avons prié le Seigneur, nous l'avons adoré à travers sa présence dans l'Eucharistie, nous avons offert son saint Sacrifice. Nous avons médité sur cet acte décisif d'amour à travers lequel Jésus, dans la dernière Cène, anticipe sa mort, l'accepte au plus profond de son être et la transforme en action d'amour, dans cette révolution qui, seule, est véritablement capable de renouveler le monde et de libérer l'homme, en vainquant la puissance du péché et de la mort. Je vous demande, chers jeunes, et à vous tous, chers frères et sœurs ici présents, et je demande à toute la bien-aimée Eglise de Rome, en particulier aux âmes consacrées, provenant notamment des monastères de clôture, d'être assidus dans la prière, spirituellement unis à Marie, notre Mère, d'adorer le Christ vivant dans l'Eucharistie, de l'aimer toujours plus, Lui, qui est notre frère et véritable ami, l'Epoux de l'Eglise, le Dieu fidèle et miséricordieux qui nous a aimés en premier. Ainsi, vous, chers jeunes, serez prêts et disponibles à accueillir son appel, s'Il vous veut entièrement pour lui, dans le sacerdoce ou dans la vie consacrée.

Dans la mesure où nous nous nourrissons du Christ, et où nous l'aimons, nous ressentons également en nous l'incitation à conduire les autres vers Lui: en effet, nous ne pouvons pas garder pour nous la joie de la foi, nous devons la transmettre. Ce besoin devient encore plus fort et urgent en présence de cet étrange oubli de Dieu qui existe aujourd'hui dans diverses parties du monde, et dans une certaine mesure également ici, à Rome. Cet oubli donne lieu à beaucoup de bruit éphémère, à beaucoup de contestations inutiles, mais également à une grande insatisfaction et à un sentiment de vide. C'est pourquoi, chers frères et sœurs, dans notre humble service de témoins et de missionnaires du Dieu vivant, nous devons être porteurs de cette espérance qui naît de la certitude de la foi: nous aiderons ainsi nos frères et nos concitoyens à retrouver le sens et la joie de leur vie. Je sais que vous œuvrez avec application dans les divers domaines de la pastorale: je m'en réjouis et je rends grâce avec vous au Seigneur. En particulier au cours de ma première année de pontificat, j'ai pu déjà faire l'expérience et apprécier la vivacité de la présence chrétienne parmi les jeunes et les universitaires de Rome, ainsi que parmi les enfants qui font leur première Communion. Je vous demande de continuer avec confiance, en approfondissant toujours plus votre lien avec le Seigneur et en rendant ainsi votre apostolat plus efficace. Dans cet engagement, ne négligez aucun aspect de la vie; car le Christ est venu pour sauver l'homme tout entier, au plus profond des consciences ainsi que dans les expressions de la culture et dans les relations sociales.

Chers frères et sœurs, je vous confie ces réflexions dans un esprit d'amitié, comme contribution à votre travail au cours des soirées du Congrès, et ensuite au cours de la prochaine année pastorale. Que mon affection et ma bénédiction vous accompagnent aujourd'hui et à l'avenir.

Merci de votre attention !

[© Copyright texte original : Libreria Editrice Vaticana]
Traduction réalisée par Zenit



Les nouvelles de France

Dans les nouvelles de France, il y a peu de nouvelles aussi importantes que la nouvelles de cette « histoire de la messe interdite »

Dans Présent, Jean Madiran raconte « l’histoire de la messe interdite ».Dans le numéro du  Samedi 27 mai 2006, il va de l’année 1969 à l’année 1974.

 

Histoire de la messe interdite (II)

 

 

24 septembre 1969

 

 Article de Louis Salleron, dans l’hebdomadaire parisien Carrefour, contre la nouvelle messe.

 

25 septembre 1969

 

Article (anonyme) de l’abbé Raymond Dulac contre la messe nouvelle, dans le Courrier de Rome.

 

Octobre 1969

 

Lettre des cardinaux Ottaviani et Bacci présentant à Paul VI un Bref examen critique du nouvel Ordo Missae où sont exposés les dangers inhérents au texte de cette nouvelle messe : « Le nouvel Ordo Missae

s’éloigne d’une manière impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la sainte messe telle qu’elle a été formulée à la XXIIe session du concile de Trente…»

 

La lettre-préface des cardinaux et le Bref examen furent effectivement présentés à Paul VI le 25 septembre selon les uns, le 21 octobre selon d’autres sources.

 

Auparavant l’abbé Georges de Nantes avait, dans sa Contre-Réforme catholique, publié la lettre-préface avec la seule signature du cardinal Ottaviani. Puis la revue Itinéraires la publiera en décembre, et ensuite le Bref examen. Dès ce mois d’octobre, l’abbé Georges de Nantes entreprend de développer à l’encontre de la

messe nouvelle une désapprobation théorique et pratique fortement argumentée et très précisément détaillée.

 

C’est en ce même mois d’octobre qu’à Fribourg (Suisse) Mgr Marcel Lefebvre fonde avec neuf séminaristes la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) afin d’y assurer la formation de prêtres fidèles à la messe traditionnelle.

 

20 octobre 1969

 

Circulaire du saint-siège pour une application progressive de la constitution Missale romanum.

 

22 octobre 1969

 

Louis Salleron dans Carrefour : « Au moment même où j’étais à Rome, le jeudi 16 octobre, le secrétaire,

Mgr Annibal Bugnini, déclarait publiquement (je l’ai entendu) que le nouveau missel aurait une richesse plus grande que tout ce qu’on a vu depuis vingt siècles. »

 

1er novembre 1969

 

Imprimatur donné au premier Nouveau Missel du Dimanche (désormais annuel) patronné par l’épiscopat français et contenant page 332, à titre de « rappel de foi indispensable », l’affirmation qu’à la messe « IL

S’AGIT SIMPLEMENT DE FAIRE MÉ- MOIRE DE L’UNIQUE SACRIFICE DÉ- JÀ ACCOMPLI ».

 

12 novembre 1969

 

ORDONNANCE DE L’ÉPISCOPAT FRANÇAIS rendant obligatoires à partir du 1er janvier 1970 la célébration de la nouvelle messe et l’utilisation de la traduction française établie par la commission épiscopale. Ainsi est écartée d’emblée une éventuelle acclimatation en France de la messe de Paul VI en latin. Cette ordonnance avait une allure juridiquement schismatique : en effet l’épiscopat français y prétendait décider lui-même, en ne se référant qu’à son propre pouvoir, le changement de rite en France : il n’invoquait ni la constitution apostolique Missale romanum, ni la circulaire romaine du 20 octobre précédent. Par cette ordonnance, l’épiscopat français interdisait en fait, à partir du 1er janvier 1970, le rite traditionnel de la messe et le

latin à la messe.

 

26 novembre 1969 Déclaration de Paul VI : « Ce n’est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la

langue principale de la messe. »

 

Décembre 1969

 

Dans Itinéraires, éditorial intitulé : « Un petit livre rouge ». (L’ainsi dénommé « petit livre rouge », par référence verbale au petit livre rouge de Mao-Tsé- Tung, est l’édition vaticane, parue au printemps, de Missale Romanum, de son Institutio generalis, son Ordo Missae cum populo, son Ordo Missae sine

populo, son Appendix et ses Cantus in celebratione Missae occurentes.) Dans cet éditorial Jean Madiran écrit notamment : « Depuis le printemps nous en méditons le contenu. C’est en sa page 15, au numéro 7 de l’Institutio, qu’est promulguée une NOUVELLE DÉFINITION DE LA MESSE (…). Cette DÉFINITION est celle que professent la plupart des protestants. » « A la date où paraîtra le présent numéro d’Itinéraires, le nouvel ORDO MISSAE, bouleversant de fond en comble la messe catholique, risque d’entrer en vigueur avec une “obligation” hâtive et brutale. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous savons seulement que, quelques

jours avant le 1er décembre, la plupart des prêtres et des fidèles ignorent tout de la nouvelle messe, ne peuvent même pas s’en procurer les textes qui, soit en latin soit en vernac, ne sont pas encore en librairie, – et à plus forte raison n’ont reçu aucune explication capable de faire comprendre l’utilité d’une mutation

aussi soudaine et aussi complète. Le segretario Hannibal Bugnini prétend que cette fabrication est un chef-d’œuvre dépassant de loin les plus belles liturgies pratiquées par l’Eglise pendant deux mille ans : aurait-il raison en cela, et la nouvelle messe serait-elle effectivement d’une beauté sans précédent, grâce au génie jusqu’ici inégalé de l’actuelle génération de bureaucrates ecclésiastiques, la hâte brutale avec laquelle on l’impose sans avoir eu le temps de l’expliquer ni même de la faire connaître serait, à elle seule, un signe singulièrement sinistre, absolument étranger aux mœurs, habitudes et comportements de l’Eglise catholique. »

 

1970

 

Janvier

 

Déclaration du P. Calmel O.P. dans Itinéraires : « Je m’en tiens à la messe traditionnelle, celle qui fut codifiée mais non fabriquée par saint Pie V, au XVIe siècle, conformément à une coutume plusieurs

fois séculaire. Je refuse donc l’« Ordo Missae » de Paul VI. Pourquoi ? Parce que, en réalité, cet Ordo n’existe pas. Ce qui existe, c’est une révolution liturgique universelle et permanente prise à son compte ou voulue par le pape actuel et qui revêt, pour le quart d’heure, le masque de l’« Ordo Missae » du 3 avril

1969 (…). « … Commencée par le Pape, puis abandonnée par lui aux Eglises nationales, la réforme révolutionnaire de la messe ira son train d’enfer. Comment accepter de nous rendre complices ? »

 

Février 1970

 

Dans Itinéraires, l’abbé Raymond Dulac publie contre la nouvelle messe : « Les raisons d’un refus ».

 

26 mars 1970

 

Décret de la congrégation romaine du culte divin promulguant l’édition dite « typique » (c’est-à-dire officielle) de la nouvelle messe (en latin). L’épiscopat français, comme on l’a vu plus haut à la date du

12 novembre 1969, n’avait pas attendu cette promulgation officielle pour en rendre obligatoire une traduction à sa façon.

 

Octobre 1970

 

Ouverture à Ecône, par Mgr Marcel Lefebvre, du « Séminaire international Saint- Pie X », où seront instruits et ordonnés de jeunes prêtres pour célébrer la messe traditionnelle.

 

Décembre 1970

 

Première édition du livre de Louis Salleron sur (et contre) La nouvelle messe, un volume de 188 pages aux Nouvelles Editions Latines.

 

1971

 

2 juin

 

Première déclaration publique de Mgr Lefebvre sur la nouvelle messe (devant le corps professoral

et les élèves du séminaire d’Ecône) : « La conception de cette réforme, la manière dont elle a été publiée,

avec des éditions successives indûment modifiées, la façon dont elle a été rendue obligatoire, parfois tyranniquement, la modification de la définition de la messe de l’article 7 [de l’Institutio generalis] sans aucune conséquence pour le rite lui-même sont autant de faits sans précédent dans la tradition de l’Eglise romaine (…). Tous ces faits nous permettent de mettre en doute la validité de cette législation (…). Pour juger de la valeur dogmatique, morale et spirituelle de cette réforme liturgique il faut se rappeler les principes immuables de la foi catholique sur ce qui constitue essentiellement notre sainte messe. »

 

9 juin 1971

 

Déclaration du cardinal Ottaviani (publiée dans l’hebdomadaire Carrefour par Louis Salleron

qui est allé à Rome interviewer le Cardinal) : « Le rite traditionnel de la messe selon l’Ordo de saint Pie V

n’est pas, que je sache, aboli. »

 

14 juin 1971

 

Notification de la congrégation romaine du culte divin pour la mise en place de la nouvelle messe

(notification superfétatoire pour la France, où les évêques ont déjà devancé et dépassé Rome).

 

Novembre 1971

 

Le cardinal Heenan, à la demande de la Latin Mass Society, « association pour le rite tridentin » (adhérente à la Fédération internationale Una Voce) fait connaître l’autorisation donnée par Paul VI aux Anglais d’utiliser occasionnellement le rite traditionnel de la messe. C’est un « indult », c’est-à-dire une dérogation

particulière à une loi générale.

1972

 

10 octobre

 

Imprimatur à nouveau décerné au Nouveau missel des dimanches (annuel) de l’épiscopat qui, en sa page 383, réitère le « rappel de foi indispensable » de la première édition, selon lequel à la messe « il s’agit simplement de faire mémoire de l’unique sacrifice déjà accompli ».

 

27 octobre

 

Lettre à Paul VI d’un laïc : « Rendez-nous l’Ecriture, le catéchisme et la messe (…). « Rendez-nous la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le missel romain de saint Pie V. « Vous laissez dire que vous l’auriez interdite. Mais aucun pontife ne pourrait, sans abus de pouvoir, frapper d’interdiction

le rite millénaire de l’Eglise catholique, canonisé par le concile de Trente. L’obéissance à Dieu et à l’Eglise serait de résister à un tel abus de pouvoir, s’il s’était effectivement produit, et non pas de le subir en silence (…). Très Saint Père, confirmez dans leur foi et leur bon droit les prêtres et les laïcs qui, malgré l’occupation étrangère de l’Eglise par le parti de l’apostasie, gardent fidèlement l’Ecriture sainte, le catéchisme romain, la messe catholique… »

 

Novembre 1972

 

Première édition de La messe, état de la question, par Jean Madiran en réponse à un « état de la question », paru dans La Documentation catholique, qui était le premier plaidoyer d’origine officielle en faveur de la messe réformée. Dans Itinéraires, Henri Charlier publie La messe ancienne et la nouvelle, texte qui l’année suivante sera édité en opuscule (24 p.) par les Editions DMM. On y lit notamment : « La foi de nos évêques ellemême n’est plus certaine puisqu’ils autorisent des messes scandaleuses, avec de nouveaux canons fabriqués par un vicaire ou un curé qui veulent les accommoder à leur manque de foi. » Et au sujet des formules volontairement équivoques de beaucoup de nouvelles messes : « Nous ne pouvons croire que

les prélats se permettant une telle duplicité aient encore la foi des Apôtres. »

 

1973

 

Janvier

 

« Mise au point » de Mgr Adam, évêque de Sion (Suisse), affirmant qu’« il est interdit, sauf indult, de célébrer selon le rite de saint Pie V qui a été aboli (sic) par la constitution Missale romanum du 3 avril 1969 ».

Mgr Adam précise : « La présente déclaration est faite sur renseignement authentique et indication formelle de l’Autorité. »

 

Juillet

 

Communiqué de l’Assemblée plénière des évêques suisses : « Il n’est plus permis de célébrer la messe selon le rite de saint Pie V. »

L’épiscopat suisse a donc mis quatre années pour obtenir de l’« Autorité » un renseignement authentique et une indication formelle sur cette question.

 

Octobre

 

Au nom de Mgr Badré, évêque de Bayeux et de Lisieux, le doyen d’Orbec publie un communiqué

affirmant que « le souci d’obéissance à l’Eglise interdit de célébrer la messe selon le rite de saint Pie V dans quelque circonstance que ce soit ».

 

14 novembre

 

COMMUNIQUÉ DE L’ÉPISCOPAT FRANÇAIS qui, pour la première fois, cinq ans après coup, déclare

explicitement que la messe traditionnelle est interdite. L’ordonnance épiscopale du 12 novembre

1969 l’avait effectivement interdite, mais implicitement et par voie de conséquence, en rendant obligatoire la messe nouvelle en français. Au communiqué est jointe l’ORDONNANCE ÉPISCOPALE DU 14 NOVEMBRE 1974, qui « confirme (sic) sa décision antérieure », celle du 12 novembre 1969, mais cette fois « en application » de la notification romaine du 14 juin 1971 et non plus de sa propre autorité.

JEAN MADIRAN

1972

1974

1971

1973

1970