Les Nouvelles
de
Chrétienté
n°55
Le 9 juin 2006
L’enseignement du pape.
Congrès
du diocèse de Rome : Discours de Benoît XVI
Texte
intégral
le
pape Benoît XVI a prononcé le lundi 5 juin à l’occasion de l’inauguration du
Congrès ecclésial du diocèse de Rome sur « La joie de la foi et l’éducation des
nouvelles générations ». C’est l’objet même du Congrès.
* * *
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux d'être à nouveau parmi vous pour introduire à travers ma
réflexion ce nouveau Congrès diocésain, consacré à un thème d'une grande beauté
et d'une importance pastorale fondamentale: la joie qui provient de la foi et son rapport avec l'éducation des
nouvelles générations. Nous reprenons ainsi, et nous développons de façon
plus détaillée, dans une optique qui concerne plus directement les jeunes, le
discours commencé il y a un an, à l'occasion du précédent Congrès diocésain, au
cours duquel nous nous sommes occupés du rôle de la famille et de la communauté
chrétienne dans la formation de la personne et dans la transmission de la foi.
Je salue avec affection chacun de vous, évêques, prêtres, diacres, religieux et
religieuses, laïcs, engagés à témoigner de notre foi. En particulier, je vous
salue, vous les jeunes, qui voulez unir à votre itinéraire personnel de formation
l'engagement d'une responsabilité ecclésiale et missionnaire à l'égard d'autres
enfants et jeunes. Je remercie de tout cœur le cardinal-vicaire
des paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous.
Comment raviver la foi dans nos communautés ?
Avec ce Congrès et avec l'année pastorale qui s'inspirera de ses contenus, le
diocèse de Rome poursuit le long itinéraire qu'il a commencé, il y a désormais
dix ans, avec
Le rôle de la famille dans cette transmission.
Au
cours des trois dernières années, votre attention s'est concentrée en
particulier sur la famille, pour consolider à travers la vérité de l'Evangile
cette réalité humaine fondamentale, qui fait aujourd'hui malheureusement
l'objet de graves dangers et menaces, et pour l'aider à remplir sa mission
irremplaçable dans l'Eglise et dans la société. En plaçant à présent au premier
plan l'éducation à la foi des nouvelles générations, nous n'abandonnons
certainement pas l'engagement pour la famille, à laquelle appartient en premier
lieu la responsabilité éducative. Nous répondons au contraire à une
préoccupation diffuse dans de nombreuses familles croyantes, qui, dans le
contexte social et culturel d'aujourd'hui, craignent de ne pas réussir à
transmettre le précieux héritage de la foi à leurs enfants.
La découverte de la foi est aussi une démarche
personnelle
En réalité, découvrir la beauté et la joie de la foi est un chemin que chaque
nouvelle génération doit parcourir seule, car dans la foi est mis en jeu ce que
nous avons de plus personnel et de plus intime, notre cœur, notre intelligence,
notre liberté, dans un rapport profondément personnel avec le Seigneur qui
œuvre en nous.
Mais tout autant communautaire.
Mais
la foi est, de façon tout aussi radicale, un acte et une attitude
communautaire, elle est le « nous croyons » de l'Eglise. La joie de la foi est
donc une joie qui doit être partagée: comme l'affirme l'Apôtre Jean, « Ce que
nous avons vu et entendu [le Verbe de la vie] nous vous l'annonçons, afin que
vous aussi soyez en communion avec nous [...] Tout ceci nous vous l'écrivons
pour que notre joie soit complète » (1 Jn 1, 3-4). C'est pourquoi éduquer les nouvelles
générations à la foi est un devoir important et fondamental qui touche la
communauté chrétienne tout entière.
Les obstacles
dans cette transmission : l’agnosticisme et le relativisme
Chers
frères et sœurs, vous touchez du doigt combien ce devoir est devenu aujourd'hui
particulièrement difficile sous de nombreux aspects, mais précisément pour
cette raison encore plus important et plus que jamais urgent. Il est en effet
possible d'identifier deux lignes de fond de l'actuelle culture sécularisée,
clairement interdépendantes, qui poussent dans une direction opposée à celle de
l'annonce chrétienne, et qui ne peuvent manquer d'avoir une répercussion sur
les personnes qui sont en train de développer leurs propres orientations et
choix de vie. L'une de celles-ci est l'agnosticisme
qui jaillit lorsque l'intelligence humaine est réduite à une simple raison
calculatrice et fonctionnelle, et qui tend à étouffer le sens religieux inscrit
au plus profond de notre nature. L'autre est le processus de relativisme et de déracinement qui corrode les liens
les plus sacrés et les sentiments les plus dignes de l'homme, avec pour
résultat de rendre les personnes fragiles, et nos relations réciproques
précaires et instables.
La source de la joie chrétienne est la certitude
d'être aimés d e Dieu
Précisément dans cette situation, nous avons tous besoin, et en particulier nos
enfants, nos adolescents, et nos jeunes ont besoin de vivre la foi comme une
joie, de goûter la profonde sérénité qui naît de la rencontre avec le Seigneur.
J'ai écrit dans l'Encyclique Deus caritas est:
« Nous avons cru à l'amour de Dieu, c'est ainsi que le chrétien peut exprimer
le choix fondamental de sa vie. A l'origine du fait d'être chrétien, il n'y a
pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un
événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là
son orientation décisive » (n. 1). La source de la joie chrétienne est la
certitude d'être aimés de Dieu, aimés personnellement par notre Créateur, par
Celui qui tient entre ses mains l'univers tout entier et qui aime chacun de
nous et toute la grande famille humaine d'un amour passionné et fidèle, un
amour plus grand que nos infidélités et péchés, un amour qui pardonne. Cet
amour « est si grand qu'il retourne Dieu contre lui-même » comme cela apparaît
de façon définitive dans le mystère de
Cette joie de se savoir aimé de Dieu doit se trouver
dans l’Eglise.
Chers frères et sœurs, cette certitude et cette joie d'être aimés de Dieu doit
être rendue d'une certaine façon tangible et concrète pour chacun de nous, et
en particulier pour les jeunes générations qui entrent dans le monde de la foi.
En d'autres termes: Jésus a déclaré être le « chemin » qui conduit au Père,
outre la « vérité » et la « vie » (cf. Jn 14, 5-7).
La question qui se pose est donc: comment nos enfants et nos jeunes peuvent-ils
trouver en Lui, dans la pratique et dans leur existence, ce chemin de salut et
de joie ? Telle est précisément la
grande mission pour laquelle l'Eglise existe, comme famille de Dieu et
compagnie d'amis dans laquelle nous sommes introduits à travers le Baptême déjà
en tant que petits enfants, et dans laquelle doivent grandir notre foi et notre
joie, ainsi que la certitude d'être aimés du Seigneur. Il est donc
indispensable – et telle est la mission confiée aux familles chrétiennes, aux
prêtres, aux catéchistes, aux éducateurs, et aux jeunes eux-mêmes à l'égard des
jeunes de leur âge, à nos paroisses, associations et mouvements, et finalement
à la communauté diocésaine tout entière – que les nouvelles générations
puissent faire l'expérience de l'Eglise comme d'une compagnie d'amis
véritablement fiable, proche dans tous les moments et toutes les circonstances
de la vie, que ceux-ci soient heureux et gratifiants, ou difficiles et sombres,
une compagnie qui ne nous abandonnera pas même dans la mort, car elle porte en
elle la promesse de l'éternité. A vous, chers enfants et jeunes de Rome, je
voudrais vous demander de vous confier à votre tour à l'Eglise, de l'aimer et
d'avoir confiance en elle, car en elle est présent le Seigneur, et parce
qu'elle ne recherche rien d'autre que votre bien véritable.
Celui qui sait être aimé est à son tour incité à aimer
Celui qui sait être aimé est à son tour incité à aimer. C'est précisément ainsi
que le Seigneur, qui nous a aimés en premier, nous demande de mettre à notre
tour au centre de notre vie l'amour pour Lui et pour les hommes qu'il a aimés.
En particulier, les adolescents et les jeunes, qui ressentent fortement en eux
le rappel de l'amour, ont besoin d'être libérés du préjugé diffus selon lequel
le christianisme, avec ses commandements et ses interdits, place trop
d'obstacles à la joie de l'amour et en particulier empêche de goûter pleinement
au bonheur que l'homme et la femme trouvent dans leur amour réciproque. Au
contraire, la foi et l'éthique chrétienne ne veulent pas étouffer, mais rendre
l'amour sain, fort, et véritablement libre: tel est précisément le sens des dix
Commandements, qui ne sont pas une série de « non », mais un grand « oui » à
l'amour et à la vie. En effet, l'amour humain a besoin d'être purifié, de mûrir
et également de se dépasser, pour pouvoir devenir pleinement humain, pour être
le principe d'une joie véritable et durable, pour répondre ainsi à la demande
d'éternité qu'il porte en lui et à laquelle on ne peut renoncer sans se trahir
soi-même. Tel est le motif principal pour lequel l'amour entre l'homme et la
femme ne se réalise pleinement que dans le mariage.
Encourager les enfants à servir le prochain est la
grande pédagogie de l’éducation à la foi.
Dans tout le travail d'éducation, dans la formation de l'homme et du chrétien,
nous ne devons donc pas, par peur ou par embarras, laisser de côté la grande
question de l'amour: si nous le faisions, nous présenterions un christianisme
désincarné, qui ne peut intéresser sérieusement le jeune qui s'ouvre à la vie.
Toutefois, nous devons également introduire à la dimension intégrale de l'amour
chrétien, où amour pour Dieu et amour pour l'homme sont unis de façon
indissoluble et où l'amour du prochain est un engagement véritablement concret.
Le chrétien ne se contente pas de paroles, encore moins d'idéologies
trompeuses, mais il répond aux nécessités de son frère en se mettant
véritablement en jeu, sans se contenter de quelque bonne action sporadique. Proposer aux enfants et aux jeunes des
expériences pratiques de service au prochain le plus dans le besoin fait donc
partie d'une authentique et pleine éducation à la foi.
Foi et raison.
Avec
le besoin d’aimer, le désir de vérité appartient à la nature même de l'homme.
C'est pourquoi, dans l'éducation des nouvelles générations, la question de la
vérité ne peut donc certainement pas être éludée: elle doit au contraire
occuper une place centrale. En posant la question de la vérité, nous
élargissons au contraire l'horizon de notre rationalité et nous commençons à
libérer la raison des limites trop étroites dans lesquelles elle est enfermée
lorsque l'on ne considère comme rationnel que ce qui peut faire l'objet d'une
expérience et d'un calcul. C'est précisément ici qu'a lieu la rencontre de la
raison avec la foi: dans la foi, nous accueillons en effet le don que Dieu fait
de lui-même en se révélant à nous, créatures faites à son image; nous
accueillons et nous acceptons cette Vérité que notre esprit ne peut comprendre
totalement et ne peut posséder, mais qui, précisément pour cela, étend
l'horizon de notre connaissance et nous permet de parvenir au Mystère dans
lequel nous sommes plongés et de retrouver en Dieu le sens définitif de notre
existence.
Chers amis, nous savons bien qu'il n'est pas facile de laisser notre raison
dépasser ses propres limites. C'est pourquoi la foi, qui est un acte humain
très personnel, demeure un choix de notre liberté, qui peut également être
refusé. Mais ici se fait jour une seconde dimension de la foi, celle de se
confier à une personne: non pas à n'importe quelle personne, mais à Jésus
Christ et au Père qui l'a envoyé. Croire signifie établir un lien très
personnel avec notre Créateur et Rédempteur, en vertu de l'Esprit Saint qui
œuvre dans nos cœurs, et faire de ce lien le fondement de toute la vie. En
effet, Jésus Christ est «
Dans l'éducation des nouvelles générations, nous ne devons donc pas craindre de
comparer la vérité de la foi avec les véritables conquêtes de la connaissance
humaine. Les progrès de la science sont aujourd'hui très rapides et sont
souvent présentés comme contraires aux affirmations de la foi, provoquant la
confusion et rendant plus difficile l'accueil de la vérité chrétienne. Mais
Jésus Christ est et demeure le Seigneur de toute la création et de toute
l'histoire: « Tout a été créé par lui et pour lui (...) et tout subsiste en lui
» (Col 1, 16.17). C'est pourquoi le dialogue entre foi et raison, s'il est
conduit avec sincérité et rigueur, offre la possibilité de percevoir de façon
plus efficace et convaincante le bien-fondé de la foi en Dieu – non pas dans
n'importe quel Dieu, mais dans le Dieu qui s'est révélé en Jésus Christ – et
également de montrer qu’en Jésus Christ lui-même se trouve l'accomplissement de
toute authentique aspiration humaine. Chers jeunes de Rome, avancez donc avec
confiance et courage sur la voie de la recherche de ce qui est vrai. Et vous,
chers prêtres et éducateurs, n'hésitez pas à promouvoir une véritable «
pastorale de l'intelligence » et, plus largement, de la personne, qui prend au
sérieux les questions des jeunes – autant les questions existentielles que
celles qui naissent de la comparaison avec les formes de rationalité
aujourd'hui diffuses – pour les aider à trouver des réponses chrétiennes
valables et pertinentes et finalement à faire leur la réponse décisive qu'est
le Seigneur Jésus Christ.
Foi et prière.
Nous avons parlé de la foi comme d'une rencontre avec Celui qui est Vérité et
Amour. Nous avons également vu qu'il s'agit d'une rencontre dans le même temps
communautaire et personnelle qui doit avoir lieu dans toutes les dimensions de
notre vie, à travers l'exercice de l'intelligence, les choix de la liberté, le
service de l'amour. Il existe toutefois un espace privilégié dans lequel cette
rencontre se réalise de façon plus directe, se renforce et s'approfondit, et
devient ainsi véritablement en mesure d'imprégner et de caractériser toute
l'existence: cet espace est la prière. Chers jeunes, un grand nombre d'entre
vous étaient certainement présents à
Dans la mesure où nous nous nourrissons du Christ, et où nous l'aimons, nous
ressentons également en nous l'incitation à conduire les autres vers Lui: en
effet, nous ne pouvons pas garder pour nous la joie de la foi, nous devons la
transmettre. Ce besoin devient encore plus fort et urgent en présence de cet
étrange oubli de Dieu qui existe aujourd'hui dans diverses parties du monde, et
dans une certaine mesure également ici, à Rome. Cet oubli donne lieu à beaucoup
de bruit éphémère, à beaucoup de contestations inutiles, mais également à une
grande insatisfaction et à un sentiment de vide. C'est pourquoi, chers frères
et sœurs, dans notre humble service de témoins et de missionnaires du Dieu
vivant, nous devons être porteurs de cette espérance qui naît de la certitude
de la foi: nous aiderons ainsi nos frères et nos concitoyens à retrouver le
sens et la joie de leur vie. Je sais que vous œuvrez avec application dans les
divers domaines de la pastorale: je m'en réjouis et je rends grâce avec vous au
Seigneur. En particulier au cours de ma première année de pontificat, j'ai pu
déjà faire l'expérience et apprécier la vivacité de la présence chrétienne
parmi les jeunes et les universitaires de Rome, ainsi que parmi les enfants qui
font leur première Communion. Je vous demande de continuer avec confiance, en
approfondissant toujours plus votre lien avec le Seigneur et en rendant ainsi
votre apostolat plus efficace. Dans cet engagement, ne négligez aucun aspect de
la vie; car le Christ est venu pour sauver l'homme tout entier, au plus profond
des consciences ainsi que dans les expressions de la culture et dans les
relations sociales.
Chers frères et sœurs, je vous confie ces réflexions dans un esprit d'amitié,
comme contribution à votre travail au cours des soirées du Congrès, et ensuite
au cours de la prochaine année pastorale. Que mon affection et ma bénédiction
vous accompagnent aujourd'hui et à l'avenir.
Merci de votre attention !
[© Copyright texte original : Libreria Editrice Vaticana]
Traduction réalisée par Zenit
Les nouvelles de France
Dans les nouvelles de France, il y a peu de nouvelles
aussi importantes que la nouvelles de cette « histoire de la messe
interdite »
Dans Présent, Jean Madiran
raconte « l’histoire de la messe interdite ».Dans le numéro du Samedi 27 mai 2006, il va de l’année 1969 à
l’année 1974.
Histoire de la messe interdite (II)
24 septembre 1969
Article de Louis Salleron,
dans l’hebdomadaire parisien Carrefour, contre la nouvelle
messe.
25 septembre 1969
Article (anonyme) de l’abbé Raymond
Dulac contre la messe nouvelle, dans le Courrier de Rome.
Octobre 1969
Lettre des cardinaux Ottaviani
et Bacci présentant à Paul VI un Bref examen
critique du nouvel Ordo Missae où sont
exposés les dangers inhérents au texte de cette nouvelle messe : « Le nouvel
Ordo Missae
s’éloigne d’une manière impressionnante,
dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la sainte
messe telle qu’elle a été formulée à
La lettre-préface
des cardinaux et le Bref examen furent effectivement présentés à Paul VI le 25
septembre selon les uns, le 21 octobre selon d’autres sources.
Auparavant l’abbé Georges de Nantes avait,
dans sa Contre-Réforme catholique,
publié la lettre-préface avec la seule signature du
cardinal Ottaviani. Puis la revue Itinéraires la
publiera en décembre, et ensuite le Bref examen. Dès ce mois d’octobre, l’abbé
Georges de Nantes entreprend de développer à l’encontre de la
messe nouvelle une désapprobation
théorique et pratique fortement argumentée et très précisément détaillée.
C’est en ce même mois d’octobre qu’à
Fribourg (Suisse) Mgr Marcel Lefebvre fonde avec neuf séminaristes
20 octobre 1969
Circulaire du saint-siège pour une
application progressive de la constitution Missale
romanum.
22 octobre 1969
Louis Salleron
dans Carrefour : « Au moment même où j’étais à Rome, le jeudi 16
octobre, le secrétaire,
Mgr Annibal Bugnini,
déclarait publiquement (je l’ai entendu) que le nouveau missel aurait une
richesse plus grande que tout ce qu’on a vu depuis vingt siècles. »
1er novembre 1969
Imprimatur donné au premier Nouveau Missel du
Dimanche (désormais annuel) patronné par l’épiscopat français et contenant
page 332, à titre de « rappel de foi indispensable », l’affirmation qu’à
la messe « IL
S’AGIT SIMPLEMENT DE FAIRE MÉ- MOIRE DE L’UNIQUE
SACRIFICE DÉ- JÀ ACCOMPLI ».
12 novembre 1969
ORDONNANCE DE L’ÉPISCOPAT FRANÇAIS rendant
obligatoires à partir du 1er janvier 1970 la célébration de la nouvelle messe
et l’utilisation de la traduction française établie par la commission épiscopale.
Ainsi est écartée d’emblée une éventuelle acclimatation en France de la messe
de Paul VI en latin. Cette ordonnance avait une allure juridiquement
schismatique : en effet l’épiscopat français y prétendait décider lui-même, en
ne se référant qu’à son propre pouvoir, le changement de rite en France : il
n’invoquait ni la constitution apostolique Missale
romanum, ni la circulaire romaine du 20 octobre
précédent. Par cette ordonnance, l’épiscopat français interdisait en fait, à
partir du 1er janvier 1970, le rite traditionnel de la messe et le
latin à la messe.
26 novembre 1969 Déclaration de Paul VI : « Ce n’est
plus le latin, mais la langue courante, qui sera la
langue principale de la messe. »
Décembre 1969
Dans Itinéraires, éditorial
intitulé : « Un petit livre rouge ». (L’ainsi dénommé « petit livre rouge
», par référence verbale au petit livre rouge de Mao-Tsé-
Tung, est l’édition vaticane, parue au printemps, de Missale Romanum,
de son Institutio generalis,
son Ordo Missae cum populo, son Ordo
Missae sine
populo, son Appendix et ses
Cantus in celebratione Missae
occurentes.) Dans cet éditorial Jean
Madiran écrit notamment : « Depuis le printemps nous en méditons le contenu.
C’est en sa page 15, au numéro 7 de l’Institutio,
qu’est promulguée une NOUVELLE DÉFINITION DE
jours avant le 1er décembre, la plupart
des prêtres et des fidèles ignorent tout de la nouvelle messe, ne peuvent même
pas s’en procurer les textes qui, soit en latin soit en vernac,
ne sont pas encore en librairie, – et à plus forte raison n’ont reçu aucune explication
capable de faire comprendre l’utilité d’une mutation
aussi soudaine et aussi complète. Le segretario Hannibal Bugnini
prétend que cette fabrication est un chef-d’œuvre dépassant de loin les plus
belles liturgies pratiquées par l’Eglise pendant deux mille ans : aurait-il
raison en cela, et la nouvelle messe serait-elle effectivement d’une beauté
sans précédent, grâce au génie jusqu’ici inégalé de l’actuelle génération de
bureaucrates ecclésiastiques, la hâte brutale avec laquelle on l’impose sans
avoir eu le temps de l’expliquer ni même de la faire connaître serait, à elle seule,
un signe singulièrement sinistre, absolument étranger aux mœurs,
habitudes et comportements de l’Eglise catholique. »
1970
Janvier
Déclaration du P. Calmel
O.P. dans Itinéraires : « Je m’en tiens à la messe traditionnelle, celle
qui fut codifiée mais non fabriquée par saint Pie V, au XVIe siècle,
conformément à une coutume plusieurs
fois séculaire. Je refuse donc l’« Ordo Missae » de Paul VI. Pourquoi ? Parce que, en réalité, cet
Ordo n’existe pas. Ce qui existe, c’est une révolution liturgique universelle
et permanente prise à son compte ou voulue par le pape actuel et qui revêt,
pour le quart d’heure, le masque de l’« Ordo Missae »
du 3 avril
1969 (…). « … Commencée par le Pape, puis
abandonnée par lui aux Eglises nationales, la réforme révolutionnaire de la
messe ira son train d’enfer. Comment accepter de nous rendre complices ? »
Février 1970
Dans Itinéraires, l’abbé Raymond Dulac
publie contre la nouvelle messe : « Les raisons d’un refus ».
26 mars 1970
Décret de la congrégation romaine du culte
divin promulguant l’édition dite « typique » (c’est-à-dire officielle) de la
nouvelle messe (en latin). L’épiscopat français, comme on l’a vu plus haut à la
date du
12 novembre 1969, n’avait pas attendu
cette promulgation officielle pour en rendre obligatoire une traduction à sa
façon.
Octobre 1970
Ouverture à Ecône,
par Mgr Marcel Lefebvre, du « Séminaire international Saint- Pie X », où seront
instruits et ordonnés de jeunes prêtres pour célébrer la messe traditionnelle.
Décembre 1970
Première édition du livre de Louis Salleron sur (et contre) La nouvelle messe,
un volume de 188 pages aux Nouvelles Editions Latines.
1971
2 juin
Première déclaration publique de Mgr
Lefebvre sur la nouvelle messe (devant le corps professoral
et les élèves du séminaire d’Ecône) : « La conception de cette réforme, la manière dont
elle a été publiée,
avec des éditions successives indûment modifiées,
la façon dont elle a été rendue obligatoire, parfois tyranniquement, la
modification de la définition de la messe de l’article 7 [de l’Institutio generalis]
sans aucune conséquence pour le rite lui-même sont autant de faits sans précédent
dans la tradition de l’Eglise romaine (…). Tous ces faits nous permettent de
mettre en doute la validité de cette législation (…). Pour juger de la valeur dogmatique,
morale et spirituelle de cette réforme liturgique il faut se rappeler les
principes immuables de la foi catholique sur ce qui constitue essentiellement notre
sainte messe. »
9 juin 1971
Déclaration du cardinal Ottaviani (publiée dans l’hebdomadaire Carrefour par
Louis Salleron
qui est allé à Rome interviewer le
Cardinal) : « Le rite traditionnel de la messe selon l’Ordo de saint Pie V
n’est pas, que je sache, aboli. »
14 juin 1971
Notification de la congrégation romaine du
culte divin pour la mise en place de la nouvelle messe
(notification superfétatoire pour
Novembre 1971
Le cardinal Heenan,
à la demande de
particulière à une loi générale.
1972
10 octobre
Imprimatur à nouveau décerné au Nouveau missel des
dimanches (annuel) de l’épiscopat qui, en sa page 383, réitère le « rappel
de foi indispensable » de la première édition, selon lequel à la messe « il
s’agit simplement de faire mémoire de l’unique sacrifice déjà accompli ».
27 octobre
Lettre à Paul VI d’un laïc : « Rendez-nous
l’Ecriture, le catéchisme et la messe (…). « Rendez-nous la messe catholique traditionnelle,
latine et grégorienne selon le missel romain de saint Pie V. « Vous laissez
dire que vous l’auriez interdite. Mais aucun pontife ne pourrait, sans abus de pouvoir,
frapper d’interdiction
le rite millénaire de l’Eglise catholique,
canonisé par le concile de Trente. L’obéissance à Dieu et à l’Eglise serait de
résister à un tel abus de pouvoir, s’il s’était effectivement produit, et non
pas de le subir en silence (…). Très Saint Père, confirmez dans leur foi et
leur bon droit les prêtres et les laïcs qui, malgré l’occupation étrangère de
l’Eglise par le parti de l’apostasie, gardent fidèlement l’Ecriture sainte, le catéchisme
romain, la messe catholique… »
Novembre 1972
Première édition de La messe, état de
la question, par Jean Madiran en réponse à un « état de la question
», paru dans
les prélats se permettant une telle duplicité
aient encore la foi des Apôtres. »
1973
Janvier
« Mise au point » de Mgr Adam, évêque de
Sion (Suisse), affirmant qu’« il est interdit, sauf indult, de célébrer selon
le rite de saint Pie V qui a été aboli (sic) par la constitution Missale romanum du
3 avril 1969 ».
Mgr Adam précise : « La présente
déclaration est faite sur renseignement authentique et indication formelle de l’Autorité.
»
Juillet
Communiqué de l’Assemblée plénière des
évêques suisses : « Il n’est plus permis de célébrer la messe selon
le rite de saint Pie V. »
L’épiscopat suisse a donc mis quatre
années pour obtenir de l’« Autorité » un renseignement authentique et une
indication formelle sur cette question.
Octobre
Au nom de Mgr Badré,
évêque de Bayeux et de Lisieux, le doyen d’Orbec publie un communiqué
affirmant que « le souci d’obéissance à
l’Eglise interdit de célébrer la messe selon le rite de saint Pie V dans
quelque circonstance que ce soit ».
14 novembre
COMMUNIQUÉ DE L’ÉPISCOPAT FRANÇAIS qui,
pour la première fois, cinq ans après coup, déclare
explicitement que la messe traditionnelle est interdite.
L’ordonnance épiscopale du 12 novembre
1969 l’avait effectivement interdite, mais
implicitement et par voie de conséquence, en rendant obligatoire la
messe nouvelle en français. Au communiqué est jointe l’ORDONNANCE
ÉPISCOPALE DU 14 NOVEMBRE 1974, qui « confirme (sic) sa décision
antérieure », celle du 12 novembre 1969, mais cette fois « en application »
de la notification romaine du 14 juin 1971 et non plus de sa propre autorité.
JEAN MADIRAN
1972
1974
1971
1973
1970