Les Nouvelles
de
Chrétienté
n° 69
Le 23 novembre 2006
La journée
organisée par le Centre saint Paul à
Paris le 20 novembre dernier fut un franc succès par le nombre et la sympathie
rayonnante de participants. On nota la présence de différentes communautés
ecclésiastiques qui, hier encore, s’excluaient, voire même se combattaient.
Nous étions heureux de voir des prêtres du « Christ-Roi » en la
personne de M l’abbé Jaïr, des prêtres de
Je publierai ici les textes de deux intervenants :
-
le
« mien »… on n’est jamais mieux servi que par soi-même
-
le texte de M
l’abbé Barthe, riche de nuance et de prudence qu’on aimerait voir partagé par plusieurs
Je les ferai suivre d’un entretien avec Luc Perrin,
professeur à l’Université de Strasbourg,
sur les mêmes questions d’actualité religieuse, ainsi que du
compte-rendu par Jeanne Smits et Olivier Figueras du colloque organisé à Rome
par le CIELparu dans Présent du 18 novembre 2006.
A-
L’intervention
de M l’abbé Aulagnier.
« Homme d’action, je parlerai en homme d’action…
Au milieu de cette toute récente actualité religieuse,
ce que je constate, c’est que la messe « tridentine » reste toujours
au cœur du débat.
Elle est la « pierre d’angle » comme le Christ
l’est pour l’Eglise.
Elle est tout également la « pierre d’achoppement » comme le
Christ le fut pour son peuple, en son temps et pour toujours.
Elle est pour nous tous, notre joie, notre honneur.
Elle est pour nous, principe de vie.
Elle est, pour nous, l’honneur et la
louange que nous devons à Dieu, en son plus haut degré de puissance et
d’intensité parce qu’elle est l’action même du Christ, le sacrifice du Christ
qui, rétablissant toute justice, donne à Dieu le Père tout honneur et toute
gloire. « Omnis honor et gloria ».
Mais elle est étonnement pour certains, pour nos
évêques tout particulièrement, raison de
crainte, de doute. Ils hésitent dans la restauration de ce beau rite, qui
exprime au mieux le culte dû à Dieu.
Le cardinal Ricard l’exprime à ses pères à Lourdes,
lors de leur session de novembre : « La décision de libéraliser,
dit-il, pour les prêtres la possibilité
de dire la messe selon le missel de 1962 n’a pas encore été prise…. »
Ouf !
« Le Motu Proprio ( décret) annoncé n’a pas été
signé… » Ouf !
« Son projet va faire l’objet de consultations
diverses… » A la bonne heure !
« Nous pouvons faire part, dès maintenant, de nos
craintes, de nos souhaits ». Nous sommes le 5 novembre 2006…. A la bonne
heure !
Il n’est pas question de remettre en cause la liturgie
« réformée » qui reste la « forme ordinaire et habituelle du
rite romain »…Les voilà apaisés !
Mais alors quoi ! Ce Motu Proprio en faveur du
rite romain de toujours, le rite dit de saint Pie V, va-t-il tout de même
sortir ?
Oui ! semble-t-il
Oui ! Car le pape
Benoît XVI le veut.
Il s’est montré très favorable à sa restauration alors
qu’il était préfet de
Oui ! Car le pape veut mettre fin au
« schisme lefébvriste ». « C’est dans cet esprit qu’il faut
comprendre ce projet du Motu Propri », dit le cardinal à ses Pères.
J’en prends acte…Mais la raison me désole et je ne la
partage pas. Car il n’y a pas plus de « schisme lefebvriste » que
d’arrête dans une dinde, disait un jour M l’abbé Laguérie.
De plus si le Motu Proprio doit être publié en
l’honneur de la messe « tridentine », qui, pour moi est la seule
« messe romaine », l’autre est « bâtarde »... ce n’est
pas d’abord pour résoudre une crise, comme on l’a dit en 1984…C’est en raison
de l’honneur et du respect que l’on doit nécessairement, en justice, aux
« coutumes immémoriales de la sainte Eglise. C’est eu égard au respect du
« à l’être historique de l’Eglise ». Voilà la raison noble et juste
qu’il faut invoquer lorsque l’on parle du retour de la messe dite de saint Pie
V dans l’Eglise romaine.
Toutefois, je suis un homme d’action, vous dis-je, on
saura se satisfaire de toute raison, plus ou poins valable, pourvu qu’ « ils »
nous redonnent ce trésor et que l’on cesse d’être bafoué, dans l’Eglise, parce
qu’on y tient…
Et l’on a bien l’impression que l’on va à grands pas
dans ce sens…ce qui nous réjouit…
Et s’il est possible d’apaiser les inquiétudes de nos
évêques, de Mgr Vingt-Trois en particulier, pour favoriser ce retour, il faut
dire que notre attachement à la messe dite de saint Pie V n’est pas pour autant
le refus du Concile Vatican II, n’entraîne pas ce refus ou ne s’explique pas
par le refus du Concile. Ce serait une grave erreur…Notre « controverse
liturgique » n’a pas pour principe et fondement la critique ou le refus du
Concile…Elle ne fut pas « un paravent pour un autre débat »…
J’en veux pour preuve le premier livre d’importance
qui fut écrit sur ce sujet liturgique : «
Avouez ! C’est tout sauf une critique…
Mais toutefois une subversion s’est manifestée dans le
Concile et a suivie le Concile Vatican II. Elle s’est dite, cette subversion, elle-même animée de « l’esprit
post-conciliaire ». Par exemple, le Concile n’a nullement aboli la latin,
ni
Alors nous avons agi fermement et avec audace. Et nous
avons su résister à des abus de pouvoir. Et nous avons cherché à faire
reconnaître notre bon droit quand nous le pouvions…- Nous avons refusé d’être
comme la carpe crevé qui va au fil de l’eau…- Mais nullement dans un esprit
d’opposition à la hiérarchie catholique, nullement dans un esprit sectaire,
mais dans un amour de l’Eglise et de son être historique qui ne commence pas,
tout de même, avec Vatican II…
Et voilà pourquoi, nous avons su nous réjouir lorsque
le 24 mai 2003, l’Eglise « a rendu son honneur à une messe offensée et
presque entièrement recouverte par trente trois année de dénigrement, de diffamations
de mépris, d’interdictions abusives de persécutions ecclésiastiques »,
pour s’exprimer comme Jean Madiran.
Tout cela montre notre bonne volonté, « notre
profond désir de communion ». Aussi n’avons-nous pas hésité un instant à
« prendre la main tendue de Rome » dès lors que nous nous sommes
aperçus que la volonté de Rome était claire et franche. Les preuves en furent
données, suffisantes…C’est un point de « friction » avec
Aussi nous ne doutons pas un instant que « l’accueil »
que l’on nous réserva à Rome le 8 septembre 2006 lors de la création de
l’Institut du Bon Pasteur portera aussi ses fruits, un jour prochain en France
auprès de nos évêques. Ceux qui nous ont déjà ouverts leur porte savent que
nous sommes de bonne volonté même si nous savons être fermes dans l’adversité,
que nous avons aussi en nos cœurs un profond désir de communion et que
« nous portons, nous aussi, dans notre prière « cette œuvre de réconciliation
qui est un fruit de l’Esprit » (Cardinal Ricard).
B- intervention de M l’abbé Barthe :
Benoît XVI, pape de transition ?
J’ai déjà eu l’occasion de dire que l’élection de
Benoît XVI en 2005 avait, comme celle de Jean XXIII, mais en sens inverse,
toutes les apparences de l’élection d’un pape de transition. Y compris dans
l’incertitude initiale, dans laquelle nous sommes toujours concernant Benoît
XVI : Jean XXIII avait-il l’intention décidée de lancer l’Église dans
l’aventure conciliaire telle qu’elle s’est déroulée ? Oui et non, mais il a
posé des actes, il a pris des risques, il a fait des nominations, qui ont
déséquilibré l’édifice ecclésial de Pie XII, et qui ont entraîné l’Église vers
Vatican II.
Toutes choses égales, mais inversement, il est bien
clair que Benoît XVI n’est pas anti-conciliaire au sens où l’entendent les
traditionalistes. Mais il en train de poser des actes, de faire des
nominations, de prendre des risques, notamment liturgiques, qui peuvent
conduire à un résultat analogue à la transition de Jean XXIII, inversement
analogue, par le biais d’un déséquilibre, voulu sans l’être vraiment, de
l’édifice conciliaire.
Le contexte de l’élection 2005 est d’ailleurs
l’inverse de celui de 1958.
En 58, l’Église entrait dans une espèce de bulle
d’optimisme, bulle dans laquelle elle allait vivre jusqu’en 68, malgré de
nombreux signes annonciateurs d’une déferlante de sécularisation avec ses
conséquences internes gravissimes.
Aujourd’hui inversement, on est dans un contexte –
surtout en Occident – d’effondrement pastoral, sacerdotal, catéchétique,
mémoriel diraient aussi les sociologues, auquel personne ne sait vraiment
quelle réponse donner.
On pourrait continuer la comparaison/opposition :
Roncalli a été élu, grosso modo parce que les cardinaux, y compris
conservateurs, voulaient sortir du style de la dernière partie du règne de Pie
XII, estimé trop rigide, renfermé, voulaient sortir d’un « trop » de
gouvernement pontifical ; Ratzinger a été élu, inversement, parce que le
collège cardinalice voulait sortir du « pas assez » de gouvernement de la fin
du pontificat de Jean-Paul II.
Mais dans un cas comme dans l’autre, ce que les
électeurs voulaient, c’était un changement de style doctrinal, mais non pas un
changement de cap doctrinal. Les cardinaux de 1958 ne voulaient pas le concile
Vatican II, du moins pas comme il s’est déroulé ; les cardinaux de 2005 ne
voulaient pas la fin de Vatican II… Le rythme de ma phrase voudrait que
j’achève : … telle qu’elle va se dérouler. Mais voilà : la suite de 1958, nous
la connaissons ; la suite de 2005, nous ne la connaissons pas encore, et je
laisse donc les points de suspension.
En fait, les talents psychologiques, intellectuels,
spirituels respectifs, extrêmement dissemblables (du moins en apparence) de
Jean XXIII et de Benoît XVI se retrouvent identiques dans le fait d’avoir su et
de savoir faire correspondre leurs intuitions personnelles respectives propres
– un progressisme modéré pour Roncalli ; un traditionalisme éclairé pour
Ratzinger – aux événements, aux contextes, aux attentes, conscientes ou non,
exprimées ou pas, d’une part importante de l’Église. D’où l’extrême popularité
de l’un et de l’autre (surprenante pour les deux : le charisme de Pie XII était
jugé irremplaçable en 1958, comme celui de Jean-Paul II en 2005), qui dans un
cas comme dans l’autre a servi et sert à néantiser toute opposition. En ce qui
concerne Benoît XVI, son étonnante popularité désamorce les tentatives
d’opposition (les vraies-fausses révélations sur le conclave ; l’utilisation
interne de l’affaire du discours de Ratisbonne ; et plus récemment, cette
tentative, à mon sens sans avenir, de constitution d’un pôle critique au sein
de l’Église italienne autour du cardinal Tettamanzi, lors de la dernière
assemblée ecclésiale italienne à Vérone, le mois dernier : le tiers des
assistants, qui avaient applaudi à tout rompre le cardinal de Milan, sont
restés bras croisés après le discours du pape).
Mais comment appréhender cette intuition de Benoît XVI
qui, si elle se déploie, a les meilleures chances de provoquer un déséquilibre
du système conciliaire ? Il me semble qu’on peut la qualifier comme la
recherche d’un dépassement par inclusion.
Benoît XVI, avec les membres de ce que l’on peut
nommer la « génération Benoît XVI » en voie de constitution voudraient éviter
une critique directe de l’« esprit du Concile ». Il est cependant un point sur
lequel ils y sont conduits de facto : c’est sur le terrain liturgique. S’il est
vrai que la nouvelle liturgie a été la transposition cultuelle du
bouleversement ecclésiologique de l’événement Vatican II, il est clair qu’à
l’inverse que la « remontée de l’intérieur » chère à Benoît XVI se manifeste
tout d’abord par une resacralisation de la liturgie.
Un nœud lie deux éléments de la pensée ratzinguérienne
: d’une part, une critique implicite, sous forme de « bonne interprétation »,
de la réforme de Paul VI, au moins telle qu’elle s’est développée sur le
terrain ; et d’autre part, un désir plus ou moins marqué selon les cas, d’«
œcuménisme » en direction du monde traditionnel, considéré comme un
conservatoire de la liturgie et de la doctrine d’« avant ».
Pour donner une note « politique », je dirai que tout
pousse les deux pôles tridentin et ratzinguérien, certes très inégaux quant à
leur importance numérique, non pas à fusionner mais à établir un front commun,
tant du point de vue de la mission pastorale dans les diocèses français en voie
de désertification, que du point de vue de la liturgie. Assurément, si d’une
part, en certains lieux, paroisses, communautés, la « réforme de la réforme »
allait assez loin pour offrir aux catholiques attachés au rite tridentin la
possibilité de participer à des cérémonies en faisant une place conséquente aux
formes traditionnelles, et si d’autre part, la libéralisation du rite de
Saint-Pie-V était assez conséquente, le mouvement de transition serait
considérablement accéléré.
Je citerai seulement deux noms et deux livres,
significatifs de cette double direction (bonne interprétation ; main tendue aux
traditionnels) : le livre – Initiation à la liturgie romaine (Ad Solem, 2003,
préfacé par le cardinal Ratzinger) – de l’abbé Michel Gitton, héritier
spirituel de Mgr Maxime Charles, qui organisait hier et avant-hier la
célébration des 50 ans de la revue Résurrection, livre qui prône une relecture
traditionalisante de la réforme conciliaire, qui dénonce « la banalisation des
cérémonies liturgiques », « la perte du sens du mystère », « l’improvisation
brouillonne », le verbiage moralisant et les « réformes arbitraires » ; et le
livre du P. Uwe Michael Lang, de l'Oratoire de Londres, dont le livre,
également préfacé par celui qui est aujourd’hui Benoît XVI, Se tourner vers le
Seigneur, vient de paraître ces derniers jours en français (chez Ad Solem), et
sera présenté à Paris dans dix jours, qui montre le lien intrinsèque entre le
caractère sacrificiel de la messe et la direction de la célébration vers Dieu.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : ni en matière de
théologie du culte chrétien, ni plus généralement, il ne s’agit pour Benoît XVI
d’un retour à Pie XII, comme si Vatican II n’avait pas eu lieu. Si la
parenthèse de Vatican II est fermée, ce sera d’abord de facto, remettant à plus
tard les questions posées par les débats doctrinaux autour de la réforme de
Paul VI et autres. On est en présence, je crois, de ce que l’on pourrait
qualifier de franchissement « positif », c'est-à-dire d’une tentative de
synthèse des positions affrontées, mais, et c’est capital, avec une
relativisation de la position « progressiste », tout en conservant une partie
de ses apports. C’est une même tentative de dépassement inclusif qu’avaient
menée les PP. Ignace
Vatican
II a rétabli la tradition de la communion dans la diversité (Luc Perrin) par
ptk (2006-11-03 12:08:21)
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Un entretien avec Luc Perrin,
professeur à l’Université de Strasbourg
LIBERTE POLITIQUE. —
L’annonce d’un projet de libéralisation de la messe tridentine a semé le
trouble dans l’Église de France. Des évêques croient devoir soutenir des
collectifs de prêtres qui s’inquiètent d’une remise en cause de Vatican II. La
perspective de l’existence de deux rites dans l’Église latine est fortement
critiquée : le bi-ritualisme serait contraire au principe même de la communion.
On s’étonne que des arguments aussi lourds aient pu échapper au théologien
Joseph Ratzinger. D’où vient alors la difficulté ?
LUC PERRIN. — Il y a une
ignorance cultivée si je puis dire. D'abord le rit "tridentin" est
une facilité de langage qui obscurcit le débat. Le parallèle, faux, avait
certes été fait par Paul VI lui-même : au concile de Trente, le rit tridentin
(1570) ; au concile Vatican II, le Novus ordo missæ (1969 et éditions
successives, nous en sommes à la troisième). Mais il n'y a rien de comparable
entre l'œuvre liturgique de saint Pie V et celle que Paul VI a fini par couvrir
de son autorité. Les retouches apportées en 1570 sont très modestes et la
commission pontificale a surtout repris le rit en usage à la cour de Rome. Ce
missel de saint Pie V a lui-même connu quelques petites retouches, par ajout de
messes lors de fêtes nouvelles ou les prières prescrites par Léon XIII ; sous
Pie XII et Jean XXIII quelques réformes ont été introduites, notamment celle de
C'est à ce type de réformes que la grande
majorité des Pères de Vatican II s'est ralliée, au point que l'abbé Berto,
théologien de Mgr Lefebvre, pouvait écrire après le vote de la constitution
conciliaire qu'elle n'ajouterait "que peu de choses à ce qui se pratique
jusqu'ici".
Mais il faut rappeler un fait oublié par l'unification
rituelle récente de l'Église latine : le XIXe siècle a connu avec la
généralisation du missel romain une révolution liturgique. Avant le règne de
Pie IX et le mouvement d'uniformisation lancé par dom Guéranger, on observe une
joyeuse diversité rituelle, notamment en France, avec des messes proches certes
du rit romain, mais néanmoins différentes, suivant les diocèses, et après le
Concordat, au sein d'un même diocèse issu de plusieurs diocèses d'Ancien
Régime. Sans oublier ni les rits liés à des ordres religieux comme le rit
dominicain, ni les usages (celui de Braga au Portugal, le "Sarum
rite" anglais d'avant
Mieux, dans la bulle Quo primum qui promulgue
"son" missel, saint Pie V canonise paradoxalement le multi-ritualisme
au sein de l'Église latine en confirmant la légitimité des rits latins dont l'existence
est attestée depuis 200 ans. Or en 1570, beaucoup de diocèses pouvaient le
faire. Comme l'a bien expliqué Nicole Lemaitre, l'unification très progressive
autour du missel de
La constitution Sacrosanctum concilium (1963) prescrit
une réforme du rit romain alors en vigueur, en donnant des grandes lignes et
une consigne formelle : que les innovations s'inscrivent dans un développement
organique, donc homogène. Aucun liturgiste de bonne foi ne peut soutenir que le
rit romain nouveau de 1969 constitue un "développement organique" par
rapport au missel de 1962. Cette règle d'or, affichée par le Concile, a été
ignorée par les experts qui, plus que les évêques et le cardinal Lercaro, ont
principalement animé le "Consilium" créé par Paul VI en 1964 : il est
assez symbolique que l'on ait publié une première édition d'un nouveau missel
et non l'édition révisée sous l'autorité du pape Paul VI du missel romain
jusque là en vigueur.
Parmi les multiples ruptures introduites dans la
tradition liturgique romaine, ce nouveau missel multiplie les "prières
eucharistiques" en lieu et place de l'unique Canon romain. Mis à part dom
Guy Oury en son temps, personne ne s'est vraiment risqué à prétendre qu'il y a
identité entre le missel de Jean XXIII et celui de Paul VI. J'espère qu'un jour
pas trop lointain, tout le monde pourra lire le témoignage accablant du P.
Louis Bouyer, membre du Consilium, qui montre en termes crus à quel point le
nouveau rit est une "fabrication" comme l'a écrit Joseph Ratzinger.
Le témoignage du cardinal Antonelli, secrétaire de
Liberte Politique
._
Revenons à l’argument central. Mgr Raffin, qui oppose
"deux rites à la fois très proches et très différents", craint que la
coexistence entre les missels de 1962 et de 2002 "finirait [selon lui] par
nuire à l’unité de l’Église catholique". Qu’en pensez-vous ?
Odon Vallet, et bien d'autres avec lui, dit la même
chose encore plus brutalement : "Il me semble difficile d'avoir deux rites
aussi différents au sein d'une même Église" (Témoignage chrétien,
2/11/2006). L'évêque de Metz, qui a toujours refusé d'appliquer le motu proprio
Ecclesia Dei de Jean-Paul II, souligne lui-même la différence quand il récuse
le précédent historique de la coexistence multi-rituelle, au prétexte que les
rits sauvegardés par saint Pie V "n’étaient en fait que des variantes du
rite romain", affirmation qui demanderait quelques nuances. Prenons un
exemple connu de tous : le diocèse de Milan célèbre la messe différemment de
Rome depuis des siècles ; il a fourni un saint Charles Borromée et des papes
sans que quiconque s'en plaigne. Il y a donc matière à perplexité devant ces
jugements. Dans la critique, une part d'idéologie et de volonté polémique ne
peut être écartée.
Liberté Politique ._ Comment l’évêque d’Angoulême peut-il s'épouvanter d'un
biritualisme qui rendrait l'exercice de la communion ecclésiale impossible
?
Le P. Gy op créditait le nouveau missel, dont il fut
l'un des auteurs, d'avoir desserré l'uniformité du rit romain, en multipliant
les possibilités et variantes pour les conférences épiscopales et les prêtres
suivant les contextes sociaux, culturels, d'âge, etc. La diversité liturgique
est aujourd'hui la norme partout dans le monde. Les "rétrogrades",
pour citer une formule malencontreuse appliquée récemment aux conceptions
liturgiques de J. Ratzinger, sont ceux qui s'en offusquent subitement. À Paris,
on trouve la messe moderne en latin, la messe romaine traditionnelle, plusieurs
messes selon plusieurs rits orientaux distincts et une quantité de messes
modernes en langue vernaculaire, une par prêtre et par communauté ou presque.
Aux normes déjà très lâches du missel romain, il faut bien sûr ajouter les
innombrables innovations introduites à la fantaisie des célébrants et des
équipes liturgiques locales.
Aux États-Unis, les grandes villes ont plus encore
qu'en Europe des églises "nationales", pour les fidèles d'origine
latino-américaine, chinoise, polonaise, italienne, roumaine, allemande... Si un
évêque de 2006 est incapable d'être le lien de communion dans son diocèse à
cause de prêtres et de groupes de fidèles attachés au missel de Jean XXIII, ce
n'est pas la tradition liturgique de l'Église latine ni le pape qu'il doit
incriminer mais, peut-être, un aggiornamento qu’il doit opérer dans l'exercice
de son ministère d'unité.
Liberté Politique. _ Mgr Vingt-Trois pose la question avec sagacité : "Est-ce
une communion de l'Église uniformisée et uniformisante ou qui fait droit à des
différences de sensibilité, d'approche?"
La diversité, régulée et entre rits légitimes, unit la
plus pure Tradition à notre modernité contemporaine. Si elle est
harmonieusement mise en œuvre, elle n'autorise pas l'anarchie, redoutée à bon
droit par l'évêque d'Angoulême comme contraire au catholicisme.
Par la distinction de deux formes du rit romain,
astucieuse mais qui peut légitimement prêter à discussion [1], le pape Benoît
XVI — pour autant que les fuites et annonces soient justes — ferait ainsi «
droit à des différences de sensibilité, d'approche », pour reprendre les termes
de l'archevêque de Paris.
Rien de vraiment neuf dans la longue histoire de
l'Église latine, rien de révolutionnaire par rapport à ses prédécesseurs. Paul
VI avait maintenu une possibilité, très réduite, de célébrer selon le missel de
1962 : il avait par exemple accordé au saint Padre Pio un indult pour ne pas
introduire les nouveautés de 1964-1965. Jean-Paul II a accordé en 1984 un
indult universel et exhorté les évêques en 1988, puis à nouveau en 1998, à le
mettre en œuvre avec "générosité". Il avait réuni en 1986 une
commission qui concluait, au témoignage du cardinal Stickler, que l'ancien
missel n'avait jamais été aboli et que chaque prêtre de l'Église latine pouvait
y recourir. Devant les oppositions, notamment celle du cardinal Hume, le
Saint-Père avait renoncé à publier ces conclusions, ne leur donnant pas force
de loi. Le projet de motu proprio de Benoît XVI parachèverait donc ce que
Jean-Paul II avait largement entrepris.
Liberté Politique. _ Quelle appréciation portez-vous sur les différences de
traitement entre 1988 (refus d'un schisme par une minorité à qui il faut
trouver un statut) et 2006 (retour au bercail de quelques schismatiques
eux-mêmes marginalisés et en conflit avec leur communauté) ?
Sur le plan de l'accueil des groupes de prêtres et
religieux traditionalistes — intégristes si vous voulez mais le mot a sa part
de "stigmatisation" et cela n'est guère de mode dans notre société —
je vois plus de continuité que de différences. Pour ce
que l'on en sait, mais ils n'ont été rendus publics que très partiellement, les
statuts de l'Institut du Bon Pasteur créé en septembre n'apportent guère de
nouveauté par rapport à ceux de
Dans ce domaine, le véritable tournant
était 2001-2002, quand Jean-Paul II créa l'administration apostolique
personnelle St-Jean-Marie Vianney sur le territoire de Campos au Brésil. Sur le
même diocèse coexistent depuis quatre ans, très pacifiquement, dans la pleine
communion romaine, des paroisses avec la messe moderne en portugais et des
paroisses avec la messe traditionnelle latine. On n'a pas entendu l'évêque
résidentiel de Campos récriminer avec véhémence : point de "schisme",
point de violences, Vatican II n'a pas été supprimé à Campos,
Liberté Politique. _ Les évêques français ont-ils une réflexion commune à l’égard
du monde traditionaliste, et une stratégie pour résoudre les difficultés ?
"Les évêques", c'est constituer un bloc un
peu vite. Des catholiques, nombreux parmi ceux et celles qui sont engagés dans
la vie de l'Église, ont longtemps ignoré le fait traditionaliste. Les dignes
vieillards et bonnes vieilles, trop routiniers, allaient mourir doucement. Mais en parallèle avec ce qu'on a appelé la "génération
Jean-Paul II" au sein de l'Église dite conciliaire, il y eut, il y a une
génération traditionaliste, jeune et militante.
Dans sa thèse (Les Communautés nouvelles, Cerf, 2004),
Olivier Landron a bien montré la grande difficulté des cadres de l'Église de
France à comprendre les nouveaux mouvements, à les accueillir et à les
reconnaître. Ce qui fut vrai, et reste parfois vrai, du Néo-catéchuménat, de
l'Emmanuel, des Frères de Saint-Jean ou de
Par contraste, l'Église flamboyante du
"renouveau", de "l'esprit du Concile", celle après laquelle
soupire certains évêques comme Mgr Noyer (évêque émérite d’Amiens, Ndlr) se
meurt au vu et au su de tous ceux qui veulent regarder les bancs vides, les
séminaires aux effectifs squelettiques, les finances des diocèses en diminution
régulière, les "équipes animatrices" vieillissantes, les mouvements
d'Action catholique qui inexorablement rejoignent les collections de
Dans cette débâcle, le dynamisme affiché des petits
groupes traditionalistes, avec d'autres comme ceux cités précédemment,
contribue à créer un catholicisme néo-intransigeant de diaspora. Ce dynamisme
relatif est mal vécu par la structure ecclésiale française. D'autant plus mal
qu'il est communicatif : dans les congrégations religieuses, les rares jeunes
sœurs n'ont pas peur de l'habit ; à Strasbourg un jour d'ordinations, un prêtre
à l'ancienne venu de la pastorale ouvrière des années 1960-1970, s'interrogeait
avec l'humour qui ne quitte jamais les Alsaciens : "Mais le séminaire a
brûlé ? ... c'est tout noir." Les jeunes prêtres étaient très
majoritairement en tenue de clergyman et col romain, et l'habit, quoiqu'on dise,
fait toujours un peu le moine.
Fermer les yeux sur ce dynamisme comme le fait
l'Annuaire de l'Église de France ou le combattre ouvertement au nom d'un
"Concile" bien éloigné des textes de Vatican II, chercher à le
confiner dans une camisole de force canonique, ce qui semble avoir tenté
l'assemblée d'avril dernier de
On est loin de l'appel à la générosité de Jean-Paul
II, vieux de dix-huitans déjà ; on est loin aussi des développements sur
l'ecclésiologie de "communion" à laquelle se réfèrent toujours les
plus farouches opposants à un plus libre recours au missel de Jean XXIII.
Relevons cependant que les retentissants communiqués
épiscopaux ne disent pas tout : en 2005, Mgr Rey à Toulon érigeait la première
paroisse personnelle dédiée au rit romain traditionnel et Mgr Doré, co-signataire
d'un de ces communiqués, vient d'ériger à son tour une quasi-paroisse
personnelle à Strasbourg, la seconde en Europe donc. A Bordeaux, le cardinal
Ricard a notablement évolué par rapport à la politique de son prédécesseur : il
a confié deux lieux de culte à deux instituts traditionnels, incardiné un
prêtre qui célèbre selon les deux missels à Saint-Bruno et il négocie la
convention relative à Saint-Éloi, confiée au Bon Pasteur. Une partie de
l'épiscopat français, minoritaire encore, entre dans l'approche pragmatique
adoptée, depuis longtemps, par la grande majorité des évêques outre-Atlantique.
Liberté Politique. _Quelle
est la part de la mauvaise conscience ou de la blessure légitime dans cette
sur-réaction dans l’Église de France ?
Oui, la "sur-réaction" est manifeste. Le
tapage clérical fait autour de la reconnaissance de l'Institut du Bon Pasteur
(cinq prêtres au départ, huit aujourd'hui) laisse songeur. Qu'arriverait-il
demain si Rome et Mgr Fellay parvenaient à trouver une voie de réconciliation,
avec plus de 460 prêtres de par le monde ? Quant aux blessures, dans cette
affaire, traditionalistes et "conciliaires" peuvent être renvoyés dos
à dos : chacun, jusqu'à ce jour, a porté des coups à l'autre, chacun peut
alternativement tenir le rôle de Caïn et celui d'Abel.
Parmi les raisons qui contribuent au malaise, moins
net dans des Églises plus vivantes comme celle des États-Unis ou d’Australie,
il y a sans doute un effet lié à l'âge des élites cléricales et laïques
françaises, effet aggravé par un renouvellement réduit. Ceux qui ont désappris
leur jeunesse cléricale dans l'immédiat après-Concile ne peuvent accepter que
des plus jeunes marchent dans les chemins qu'ils ont eux, péniblement ou
joyeusement, quittés. Mgr Raffin en donne un indice : "Lorsque j'ai été
ordonné prêtre selon l'ancien Pontifical, il m'en coûta beaucoup de devoir
proférer le Canon de la messe secreto." Bien des prêtres de sa génération
n'aimaient pas la liturgie qu'ils devaient célébrer. Comment comprendre que des
jeunes, aujourd'hui, embrassent avec passion ce qui "coûtaient" tant
à l'époque à leurs aînés ? En 1969, dans l'enquête organisée par l'épiscopat
français, une énorme majorité de prêtres se prononçait pour une liberté totale
de célébrer la liturgie : l'anti-rubricisme, l'indifférence aux rites, était
absolue.
Paul VI, sans aucun succès (1965 Mysterium fidei),
Jean-Paul II, avec plus de constance (2003 Ecclesia de Eucharistia), se sont
efforcés de ramener dans le catholicisme ordinaire la doctrine liturgique pérenne.
On se souvient que Mgr Le Gall, président du Comité épiscopal de liturgie,
déclarait que l'instruction Redemptionis sacramentum en 2004 ne concernait pas
notre pays : les "abus" avaient disparu. Pourquoi donc Rome a
continuellement publié des instructions appelant les évêques à réprimer les
abus liturgiques, dès 1980 sous le pontificat de Jean-Paul II jusqu'aux grands
textes de 1997, 2003 et 2004 ? Tout historien sait que la fréquence des rappels
à l'ordre, en quelque domaine, indique la persistance de comportements en
rupture avec la norme prescrite.
Dans cette France idyllique, les sondages nous disent
que près de 70% des catholiques ne croient pas à
Liberté Politique. _L'épiscopat
français est-il prêt à exercer pleinement le droit d'inventaire des choix
pastoraux d'après Vatican II ?
Une partie de ce travail a été effectué. On relit avec
effarement les textes du début des années 1970 ; le ministère de prêtre-ouvrier
était l'avenir, il est aujourd'hui surtout affaire d'historiens et
d'historiennes. Le discours du pape sur la (compréhension du Concile) de
décembre 2005 appelle à faire ce travail d'inventaire d'une façon plus poussée,
à discerner parmi cet héritage les éléments qui restent utiles pour notre
temps, qui est bien loin de l'optimisme occidental triomphant dans lequel
Vatican II a baigné.
Liberté Politique. _ Les résistances françaises semblent frappées au coin d’un
certain gallicanisme. Le traditionalisme ne répond-il pas à une crise
universelle ?
Je pense que personne n'est mieux au fait des
réticences et résistances françaises que Benoît XVI sur ces questions qu'il a
suivies personnellement depuis 1988. Rappelons que l'incompréhension de
l'épiscopat français des années
L'homologue américain de Mgr Pontier, le cardinal
George, archevêque de Chicago, vice-président de
Très lentement, le rit romain traditionnel retrouve,
ça et là, droit de cité parmi les peuples en Afrique, Asie, Océanie, Amérique
latine, qui peuvent le revendiquer autant que les Français comme leur
patrimoine liturgique.
Léon XIII connaissait les réticences françaises mais
il demanda quand même le ralliement à
*Luc Perrin est historien, enseigne à l’université
Marc-Bloch de Strasbourg. A publié L’Affaire Lefebvre, Cerf, 1989 ; Paris à
l’heure de Vatican II, Ed. De l’Atelier, 1997.
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[1] Le missel de 1962 deviendrait la forme
extraordinaire du rit romain, dont le missel de 2002 serait la forme ordinaire.
À cet égard, comme le souligne Mgr Robert Le Gall : "Les rumeurs que nous
connaissons sont beaucoup moins importantes que les conditions d’application
qui accompagneraient une telle mesure" (cité par
La messe
« tridentine » en plein coeur de Rome pendant 3 jours
Le CIEL en colloque
dans
« Au cœur de la
liturgie romaine »
Le colloque de quatre jours du Centre international
d’études liturgiques (le CIEL, bien nommé !) qui s’est tenu à Rome du 9 au 12
novembre revêt une importance qui dépasse le cadre de son succès ponctuel. Cent
cinquante congressistes,
des intervenants de plusieurs continents, un programme
dense et savant, mais toujours centré sur le sacré, cela n’est certes pas rien.
Et l’on peut prévoir, et même souhaiter, que ce succès ira grandissant au fil
des futurs colloques annuels de l’association qui se tiendront aussi, si Dieu
veut, au cœur de la chrétienté. Mais ce qui aura le plus frappé, en ces temps
où l’on parle tant de la « réforme de la réforme » que Benoît XVI promeut sur
le plan spirituel,
intellectuel et concret (« à petits pas très décidés
», selon l’expression de l’abbé de Tanoüarn), c’est l’intérêt suscité
par une association de jeunes laïcs au service de la
liturgie traditionnelle. L’aventure commença il y a une douzaine d’années
autour de Loïc Mérian. Son initiative se révèle aujourd’hui fructueuse aussi
bien pour les laïcs que
pour les prêtres, au service de l’Eglise tout entière.
Alors que « l’aumônerie » de ces quatre jours était assurée avec le soutien de
l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre, alors que les messes quotidiennes
dans le cadre du colloque
étaient « de saint Pie V », on notait la présence
intéressée et amicale de plusieurs clercs, même français, habitués à
la messe de Paul VI (certes célébrée selon les
rubriques, ce qui est fort rare).
Et, retenu loin de Rome, le cardinal Arinze, préfet de
le Secrétaire de celle-ci, Mgr Malcolm Ranjith, dont
la bienveillance vis-à-vis du rite traditionnel est notoire.
Aucun des prélats romains que nous avons contactés
pour une interview au sujet de la liturgie traditionnelle n’a voulu nous
répondre, bien que nous n’ayons même pas évoqué la question d’un motu
proprio dont ont attribue l’intention au Saint-Père. Il est vrai que sur ce
texte ou ce projet aucune information précise ou vérifiable n’a filtré, que ce
soit par rapport à son contenu ou à une possible date de publication. « The
topic is too hot », nous réponditon dans un dicastère : « Le sujet est trop
chaud. » Assurément le silence observé à Rome ne peut pas nuire à l’issue que
nous espérons : il recouvre en tout cas le bruissement d’une rumeur qui reste…
une rumeur. Mais c’est dans les faits – comme l’accueil réservé au colloque du
CIEL – que l’on constatait à Rome une avancée réelle de la liturgie
traditionnelle, que ce soit dans les célébrations selon le missel de 1962 ou
dans l’insistance de ceux qui n’en sont pas (encore ?) tout à fait proches à
dire la nécessité d’une célébration aussi traditionnelle que possible du rite
de Paul VI, en latin, tourné vers Dieu, vers l’Orient. On pourrait remarquer
que les interventions ne tournaient pas autour du thème des critiques que l’on
peut adresser au nouvel ordo. Ce choix, ou en tout cas cette constante, n’a pas
empêché une lucidité et une franchise réelles, intéressantes en l’occurrence en
ce qu’elles emportaient une large adhésion de la part de personnalités qui ne
passent pas pour « traditionalistes ». Parmi les nombreuses conférences, dont
les textes seront diffusés tout au long de l’année qui vient par le CIEL, on
notait ainsi une interprétation traditionnelle de la « participation » des
fidèles à
Autre intervenant passionnant : le Père Jonathan
Robinson, auteur d’un récent livre aux Etats-Unis dont on apprend avec bonheur
la prochaine traduction en français : The Mass and Modernity, walking
to God backwards est une minutieuse réflexion sur une sorte d’alignement de
la nouvelle liturgie sur les idées philosophiques postmodernes.
Sans les citer largement il faut encore évoquer les
interventions du Pr Luc Perrin, historien passionnant ; du Père
Luc-Thomas Somme (dominicain, forcément) et son indiscutable
présentation du culte et de la religion selon
saint Thomas ; du Pr Olivier Henri- Rousseau, sur «
Attention et liturgie », et encore du Père Johannes Nebel, sur
les origines et les réalités d’erreurs de perspective
modernistes sur
chose de changé, d’une ouverture à la réflexion : dans
la logique du discours de Benoît XVI du 22 décembre à la
Curie. Avant la conférence de clôture de Mgr Schmitz,
conseiller scientifique du CIEL, le témoignage émouvant de la
princesse Alessandra Borghese sur l’importance de la
liturgie dans sa conversion devait en quelque sorte « incarner » les
passionnantes analyses de ces divers spécialistes.
Une mention spéciale pour les diverses messes – basses
ou solennelles – célébrées au commencement de chacune de nos journées. Et tout
particulièrement pour la messe célébrée à Saint-Pierre par Son Excellence Mgr
N’Koué, évêque de Natitingou, au Bénin, sur le tombeau de saint Jean Chrysostome.
Dernière étape avant de quitter ce cœur de la
chrétienté, l’Angelus sur la place Saint-Pierre. En latin, bien sûr…
Jeanne Smits
& Olivier Figueras