Le Pape et la dignité de la personne humaine

 

 

Le 28 avril 2003, le pape a reçu en audience Mr Pavel Jaytner, nouvel ambassadeur de la République tchèque près le Saint Siège. Le pape lui a adressé un discours au cours duquel il rappela les fondements d’une société vraiment ordonné et libre.

 

A – le développement des seuls moyens économiques ne suffit pas

 

B – il faut encore le respect de dieu seul fondement valable de la dignité  de la personne faite à l’image de Dieu.

 

« en dépit de la liberté politique dont jouit à présent le peuple tchèque, les effets durables des régimes totalitaires ne devraient pas être sous-estimés.

L’histoire nous enseigne que le passage de l’oppression à la liberté est difficile, souvent marqués par l’attrait des fausses formes de liberté et de vaines promesses d’espérance…

« le développement authentique ne peut jamais être atteint uniquement à travers des moyens économiques. En effet, ce qui est connu sous le nom « d’idolâtrie du marché » - une conséquence de ce que l’on appelle « la société de consommation » tend à réduire les personnes à des choses et à soumettre l’être à l’avoir. Cela affaiblit la dignité de la personne humaine et rend plus difficile encore de promouvoir la solidarité humaine. Au contraire, la reconnaissance de la nature spirituelle de la personne humaine et la valeur renouvelée accordée au caractère moral du développement économique et social doivent être reconnues comme des conditions pour la transformation de la société en une véritable civilisation de l’amour ». (or 6 mai03).

 

C’est pourquoi dit le pape votre héritage chrétien doit-il être respecté et défendu car « l’enseignement chrétien affirme et défend vigoureusement la source et la dignité de la personne humaine et sa place dans le dessein de Dieu :  l’homme reçoit de Dieu sa dignité de la personne humaine. (or 6 mai 2003 p4).

 

Et c’est pourquoi aussi le pape s’est dit « préoccupé » par le fait de ce  qu’il appelle « l’éclipse du sens de Dieu ».

 

L’éclipse su sens de Dieu risque de faire perdre à termes et le vrai sens de la dignité humaine et le vrai sens de la vie. « perte de Dieu qui ne pourra qu’engendrer un nouveau totalitarisme.

 

« Nous ne pouvons manquer d’être préoccupés par le fait que l’éclipse su sens de Dieu a conduit à une éclipse du sens de l’homme et de la merveille sublimité de la vie à laquelle il est appelé… »(o r 6 mai 03 p 4)

« les empiètements plus subtils du matérialisme  et de l’utilitarisme croissants, ainsi que de la marginalisation de la foi, minent progressivement la véritable nature de la vie en tant que don de Dieu ». (or 6 mai 03 p4).

 

Ces considérations sur la dignité de la personne humaine du pape peuvent trouver dans les propos de St Bernard, dans son petit traité de « l’amour de Dieu » tout leur sens, un bon développement.

 

2 – Ceux qui voient clairement ces choses, comprennent aussi, je pense pourquoi il faut aimer Dieu, je veux dire quels mérites lui donnent droit à notre amour. Si les infidèles ne s’en aperçoivent pas d’eux-mêmes, Dieu a de quoi confondre leur ingratitude en invoquant le nombre infini de ses bienfaits, dont l’homme fait un constant usage, et que ses sens suffisent à lui révéler. Nul autre que Dieu ne nous dispense les aliments dont nous nous  nourrissons, la lumière qui nous permet de voir, l’air que nous respirons. Mais il serait ridicule de vouloir énumérer les choses dont je viens à peine de soutenir qu’elles sont innombrables ; il me suffira d’avoir cité en exemple les principales d’entre elles : pain, soleil air.

Si je dois les principales , c’est qu’elles sont les plus nécessaires, non pas les plus excellentes ; car elles relèvent du corps.

L’homme placera cependant les biens suprêmes dans cette partie de lui-même qui est supérieur à l’autre, c’est à dire l’âme ; et ses biens sont la dignité , la science, la vertu. J’appelle dignité de l’homme le libre arbitre, qui lui vaut d’être non seulement placé au-dessus des autres créatures vivantes, mais encore d’avoir sur elles le droit de commander.

J’appelle science le pouvoir qu’il a de discerner cette dignité éminente, pouvoir qui ne peut avoir son origine en elle- même. J’appelle vertu, enfin, cette force qui le pousse à chercher celui dont il tient son être, à s’attacher à lui lorsqu’il l’a trouvé.

 

3 – Ainsi donc, chacun de ces biens se montre sous deux aspects.

La dignité humaine se manifeste, d’une part sous forme de prérogative naturelle d’autre part en tant que pouvoir de dominer, puisqu’on voit la crainte de l’homme s’imposer à toutes les créatures terrestres. La science également est double, dès lors qu’elle nous fait connaître que la dignité, comme tous nos autres biens, est en nous  mais ne provient pas de nous.

Quant à  la vertu, nous distinguerons aussi ses deux faces, selon que nous cherchons Dieu avec assiduité ou que, l’ayant trouvé, nous lui vouons un attachement indéfectible.

La dignité ne sert donc à rien sans la science, et celle –ci sans la vertu va jusqu’à devenir néfaste. Le raisonnement suivant va nous le démontrer.

Quelle gloire y – a t –il à posséder un bien sans savoir qu’on le possède ? Et savoir qu’on le possède en ignorant qu’in ne le tient pas de soi peut être un sujet de gloire, mais non  pas devant Dieu. Car l’apôtre dit à quiconque se glorifie lui-même : Qu’as-tu que tu n’aies reçu ?

Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifier comme si tu ne l’avais pas reçu ?

Il ne dit pas simplement : pourquoi t’en glorifier, mais il ajoute : comme si tu ne l’avais pas reçu.

Ce qui revient à déclarer répréhensible non pas celui qui s’en targue comme si cela venait de lui-même. C’est à juste titre qu’on appelle vaine gloire un sentiment aussi dénué de tout fondement solide. Saint Paul définit donc la vraie gloire en disant encore : que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur, c’est à dire dans la vérité. Car le Seigneur est vérité.

 

 

4 – Il faut donc que vous sachiez et ce que vous êtes, et que vous ne l’êtes pas par vous-même ; sinon, vous risqueriez ou de ne pas vous glorifier du tout, ou de vous glorifiez vainement.

Il est écrit en effet : si tu ne te connais pas toi-même, va et suis les troupeaux de tes semblables. Et c’est bien ce qui arrive.

L’homme élevé à la dignité, mais qui ne sait comprendre l’honneur qui lui est fait, mérite par son ignorance d’être assimilé aux b^tes, qui partagent avec lui sa présente condition d’être mortel et corruptible. En se méconnaissant elle-même, cette créature merveilleusement dotée de raison s’agrège aux troupeaux des animaux privés de raison. ; et parce qu’elle ignore sa propre grandeur, qui est toute au-dedans d’elle-même, elle se modèle sur l monde sensible qui l’entoure et cède aux séductions de sa propre curiosité Ainsi se confond-elle parmi les autres créatures, pour n’avoir pas compris qu’elle a reçu plus qu’elles toute. Il faut donc bien se garder de cette ignorance qui nous donne de nous-mêmes une opinion trop au-dessous de ce que nous sommes ; mais on doit se méfier tout autant, et même davantage, de cette autre erreur qui nous inspire une trop haute idée de nous-mêmes, et à laquelle nous succombons, par exemple, lorsque nous nous attribuons à tort le bien qui peut être en nous.

Plus encore que ces deux sortes d’ignorance, il convient de fuir et d’exercer la présomption qui nous enhardirait à tirer gloire, en connaissance de cause, des biens qui ne sont pas les nôtres ; sachant pertinemment qu’il ne nous appartient pas, gardons-nous de nous arroger l’honneur qui en revient à autrui.  La première ignorance est sans gloire ; la seconde nous vaut quelque honneur, mais pas devant Dieu. Quant à ce troisième mal ; celui que l’on commet sciemment, c’est une usurpation au détriment de Dieu.

Cette arrogance est bien plus grave et plus pernicieuse que la seconde ignorance, puisqu’elle conduit à mépriser Dieu, tandis que l’autre erreur ne consistait qu’a la méconnaître. Elle est aussi, plus perverse et plus damnable que la première ignorance, car celle-ci nous ravalait seulement au rang des bêtes, tandis que celle-là nous introduit dans la société des démons.

User des biens reçus comme s’ils étaient inhérents à notre nature, et accepter des bienfaits en s’arrogeant un mérite qui appartient au bienfaiteur, c’est l’orgueil, le plus grand des péchés.

 

 

5 – Tout ceci démontre qu’a la dignité et à la science l’homme doit adjoindre la vertu, qui est le fruit de l’une et de l’autre ; elle l’incitera à rechercher et à posséder durablement celui à qui revient le mérite de tous biens, puisqu’il en est l’unique auteur et le dispensateur.

Autrement sachant où est le bien et ne le mettant pas en pratique, l’homme sera rudement châtié. Et pourquoi ? L’Ecriture le dit : Parce Qu’il n’a pas voulu comprendre afin de bien agir, mais a préféré se livrer sur sa couche à des pensées impies.

Sachant pertinemment, par le don de science, que les biens qu’il a ne viennent pas de lui, il a tenté, tel un serviteur infidèle, d’en détourner la gloire à son profit,  et même de l’arracher à son bon maître et seigneur Il est donc évident que sans la science la dignité est inutile, et que sans la vertu la science est damnable.

 

Mais l’homme de vertu, à qui la science n’est pas néfaste ni la dignité infructueuse, en appelle à Dieu et lui dit dans la sincérité de son cœur :

Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton propre nom donne toute la gloire. C’est à dire :

Nous ne revendiquons, Seigneur, rien de notre science, rien de notre dignité ; nous attribuons tout à ton nom, de qui tout provient.