Le Pape Jean-Paul II et l’ordre social et politique des nations
Le
Pape Jean-Paul II reçut, au Vatican, le 15 mai 2003, les lettres de créances de
différents ambassadeurs près le Saint Siège, de Géorgie, de la République de
Vanuatu, de la Moldavie et du Pakistan.
A
l’ambassadeur de Géorgie, il a dit, entre autres :
« Tandis que la Géorgie continue
de s’engager dans la délicate tâche de former son esprit national, il faut constamment garder à l’esprit que le
développement humain ne peut être réduit uniquement à des critères économiques.
La pure accumulation de biens et de services, même en faveur du plus grand
nombre, ne suffit pas pour réaliser le bonheur humain. En effet l’expérience de
l’histoire montre que, quelle que soit l’idéologie politique dominante, si les
lois et les instutions de la vie civile ne sont pas guidées par une orientation
vers le véritable bien de la personne humaine, les caractéristiques de ce qu’on
appelle la libération économique peuvent en réalité masquer des injustices de
pauvreté croissante et de division sociale. Ces inégalités, qui se manifestent
traditionnellement par l’exclusion des membres les plus faibles de la société à
l’accès aux ressources et aux services conçus pour tous, nous rappellent que
les dons que nous recevons de Dieu sont donnés afin que nous puissions les
rendre plus fructueux. C’est donc en accord avec la volonté de Dieu le Créateur
que nous devons nous engager à œuvrer ensemble pour le plein développement de tout l’être humain et de toutes les
personnes. »(O.r. 17 juin.p,7).
A
l’ambassadeur de la République de Vanuatu (en Océanie), prenant acte de la grande
diversité des élements constitutifs de cette jeune République, le Pape lui a
dit :
« Puissent les responsables de
votre jeune République s’attacher à ce que cette belle diversité soit toujours
plus au service de l’unité nationale et qu’elle s’exprime dans la vie politique
et sociale afin que tous les citoyens puissent exercer leurs droits légitimes
et participer aux décisions politiques qui orientent la vie
commune ».(O.R. 17 juin.p.7).
A
l’ambassadeur de Moldavie, le Pape a dit :
« L’Eglise fonde son engagement en
faveur de l’homme et de sa dignité sur la Révélation dont elle est
dépositaire : la tradition biblique enseigne en effet que l’homme est créé
à l’image de Dieu, animé du souffle divin et capable, malgré la blessure du péché, d’agir librement en vue du bien.
C’est à la lumière de cette conviction de foi, et aussi avec la sagesse de l’expérience
qui vient des leçons de l’histoire, que l’Eglise a appris à considérer la vie
humaine « comme la réalité la plus sacrée et la plus intangible qui
est présente sur la scène du monde ». Notre devoir est de la défendre et
de la respecter »(O.R. 17 juin.p,8)
A
l’ambassadeur du Pakistan, le Pape a dit :
« Le Saint Siège partage
certainement le désir du Pakistan d’édifier de solides fondements pour la paix
sur les principes moraux durables qui trouvent leur source dans la dignité
fondamentale conférée par Dieu à la personne humaine. En effet l’activité du
Saint Siège dans la communauté internationale provient de cette vision
spécifique de la personne humaine et de la conviction selon laquelle lorsque
celle-ci est minée ou abandonnée, ce sont les fondements mêmes de
la société humaine qui sont ébranlés. Il s’agit d’une perspective qui appelle
au progrès de la liberté, obtenue à travers la garantie des droits humains
fondamentaux. Les plus importants de ces droits sont : l’accès
indiscriminé au marché de l’emploi, la pleine participation à la vie civile
démocratique et la liberté de l’authentique pratique religieuse. Chacun de ces
droits confirme l’égalité de tous les citoyens….Sans la mise en place concrète
de la reconnaissance des droits humains fondamentaux, la croissance de toute
société demeurera étouffée ».(O.R. 17 juin. p.9)
Nous
retrouvons là toutes les idées exprimées par Mgr Tauran dans sa conférence à la
Grégorienne, à Rome, le 24 mai 2003. Voyez le commentaire de ce texte dans le
dossier « Mgr Tauran et M. l’abbé Aulagnier ».