Quelques nouvelles

 

1- Sur l’installation des Chanoines de la Mère de Dieu de Mgr Wladimir à Lagrasse dans le diocèse de Carcassonne.

 

 

J’avais annoncé dans la Paroisse du  « 2ème dimanche après la Pentecôte » avec beaucoup de satisfaction que  l’abbaye Sainte Marie d’Orbieu à Lagrasse, dans l’Aude, allait  continuer de vivre, grâce à l’installation prochaine des  Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu, fondés par Mgr Wladimir,  installés depuis quelques années  déjà dans le diocèse de Gap. Ils viennent  d’en acheter la propriété grâce à la Providence et au soutien déclaré de Saint Joseph.

 

La chose est bien exacte et l’information donnée par La Nef du mois de juin (n° 150) n’est nullement démentie

 

Hier je  vous donnais  la présentation qu’en faisait dans le Nef Mgr Wladimir. Et j’étais heureux que cette fondation puisse se faire apparemment sans concessions aucunes,  dans la fidélité exclusive à la messe selon le rite  latin, grégorien traditionnel,  dit de Saint Pie V . C’était ce qu’affirmait du moins Mgr Wladimir :

 

« Fidèle servante de la tradition liturgique et doctrinale depuis plus de 30 ans, notre Communauté n’entend pas renoncer aujourd’hui à cette richesse, Mgr l’évêque de Carcassonne le comprend fort bien ».

           

 

Ce n’est pas tout à fait le cas. Un paroissien de la « Paroisse Saint Michel » m’a adressé la semaine religieuse du diocèse de Carcassonne où l’évêque parle de cette implantation.

 

Pour la vérité et votre bonne information, je vous communique le texte intégrale de Mgr Despierre, évêque de Carcassonne qui, dans son diocèse, avec son clergé,  reçoit la communauté.

 

Vous aurez ainsi en mains tout le dossier de l’affaire

 

L’évêque a informé  son clergé de cette nouvelle implantation des Chanoines dans « la Semaine Religieuse : « Eglise en Pays d’Aude » du 22 avril 2004 (n° 15).

Il leur adresse d’abord une «  lettre d’information ». Il la fait suivre des résultats de « l’enquête » qu’il avait tenu à faire pour avoir sur ce sujet l’avis de tous.
 

 

              a) Voici d’abord  la lettre d’information

 

« Du nouveau à Lagrasse

 

J’avais écrit directement aux prêtres, diacres, religieux et communautés religieuses le 18 février 2004 pour demander leur avis sur les conditions afin d’accueillir dans le diocèse l’Abbaye des chanoines réguliers de la Mère de Dieu.

 

Où en sommes-nous ?

 

Les moines bénédictins de Gaussan n’ont pas eu de leur supérieur l’autorisation financière de rebâtir une autre abbaye. Il a estimé qu’ils avaient les conditions suffisantes pour mener sur place une vie monastique. Donc les moines bénédictins restent à Gaussan d’une manière définitive.

Les chanoines persistent dans leur désir de quitter Gap pour acquérir un lieu qui leur appartiennent. Ils se sont mis en recherche d’une autre solution. Ils sont revenus au point de départ cherchant à acquérir l’Abbaye de Lagrasse comme ils avaient essayé de le faire lors de la mise en vente vers 1995.

 

A cet époque, la  première moitié de l’Abbaye est devenue propriété de la communauté des communes du canton. Les parts de SCI pour la deuxième moitié avaient été acquises par un allemand qui n’a pu réaliser ses projets. Les chanoines veulent acquérir cette deuxième partie.

 

J’ai pensé qu’il était préférable que cette ancienne Abbaye bénédictine avec sa chapelle médiévale et son cloître redevienne une maison de prière du culte catholique conforme à sa vocation historique. Je leur ai donné l’autorisation le 2 avril 2004.
Depuis leur fondation qui remonte à une trentaine d’années, les chanoines ont été agréés comme institut de Chanoines Réguliers de droit pontifical « sui juris » par la Commission « Dei Adflicta »( !) (NB il doit s’agir de la commission « Ecclesia Dei Adflicta »), le 18 mai 1997. Ce qui leur donne l’autorisation de célébrer les offices liturgiques en latin (1962). Ils acceptent de célébrer la liturgie en français si on leur demande pour rendre service dans les paroisses ainsi que de concélébrer pour les fêtes diocésaines.

Les réponses que vous avez bien voulu me donner avec franchise et lucidité m’incitent à déterminer avec précision les conditions pour éviter toute concurrence avec le ministère paroissial (voir détail des réponses ci-dessous)

De leur côté, les chanoines désirent se concentrer sur l’Abbaye et s’impliquer dans un apostolat touristique. Ils chantent l’office aux heures conventuelles matinales tandis que les touristes viendront visiter plus tardivement. Ainsi, les touristes pourront avoir accès à cette partie de l’Abbaye, ce qui n’était plus le cas auparavant.

Les chanoines m’ont averti le samedi 10 avril que la transaction était signée. Il devenait donc opportun que tout le monde en soit averti, le moyen le plus efficace étant la Semaine Religieuse .
Cette implantation dans la zone des Corbières présente un intérêt spirituel réel en constituant un pôle de vitalité ecclésiale. Elle offre comme toute œuvre humaine, des risques et des chances. Misons sur les chances ».

                                                                                                 + J. Despierre.

 

 

 

b) La consultation sur les conditions

 

 

Après la lettre de l’évêque, suivent  les résultats de la consultation proposée au clergé du diocèse, par l’évêque, le  18 février 2004.

 

 « Résultat de la consultation « sur les conditions » de l’implantation des chanoines réguliers de la Mère de Dieu envoyée aux prêtres, diacres, religieux et communautés religieuses du diocèse. 104 personnes sur 158 feuilles envoyées.

 

1/ La consultation fait apparaître que les chanoines ne doivent pas exercer de responsabilité paroissiale mais que les curés peuvent faire appel à leur service, occasionnellement, pour la liturgie en français. (NB ce n’est pas tout à fait comme le laisse entendre l’évêque dans sa lettre. Ici il est dit que l’on peut faire appel aux Chanoines, occasionnellement,  pour la liturgie en français, Vous noterez que l’expression est « vague ». Dans la lettre de l’évêque il est dit que les Chanoines acceptent de célébrer la messe en français si on le leur demande. Des petites nuances !)

 

   104 réponses :  92 OUI    4 NON     8 ne se prononcent pas.

 

2/ Toute demande doit passer directement par le curé et non par des familles qui s’adresseraient au monastère.

 

    99 réponses :   92 OUI     3 NON     4 ne se prononcent pas.

 

3/ Selon la règle que nous suivons dans le diocèse pour tous les autres monastères, abbayes et communautés anciennes ou nouvelles, il ne sera pas donné l’autorisation de célébrer à l’Abbaye

 

     ni baptêmes ni confirmations

 

    102  réponses : 10 OUI    82 NON    10 ne se prononcent pas

   

      ni mariages ni sépultures

 

     101 réponses :    7 OUI     85 NON    9 ne se prononcent pas.

 

‘’ NB :Vous remarquerez que deux négations se suivent.  Deux négations valent une affirmation. A la question : on ne doit pas célébrer chez les Chanoines ni baptêmes ni mariages… Il est répondu négativement  par le plus grand nombre. C’est à dire que le plus grand nombre n’est pas d’accord avec le principe qu’il ne faut pas célébrer ni baptêmes ni mariages… Ainsi on peut ou pourra célébrer et baptêmes et mariages …à l’Abbaye, chez les chanoines . Les clergé, le plus grand nombre, est d’accord et contre le principe général jusqu’ici en vigueur. Les Chanoines de la Mère de Dieu ont de beaux jours en perspective…même sur le plan de l’apostolat)

 

4/ Pour manifester la volonté de vivre la communion ecclésiale, une délégation de chanoines viendra concélébrer dans les « temps forts » diocésains :

 

     Messe Chrismale

 

      98 réponses :    90 OUI       0 NON     8 ne se prononcent pas

 

      Journée annuelle d’amitié des prêtres et des diacres

 

       98 réponses   :   88 OUI      0 NON     10 ne se prononcent pas

 

     Ordinations

   

        95 réponses    : 82 OUI     0 NON    13 ne se prononcent pas.

 

L’adaptation positive dans le diocèse n’est pas acquise d’avance. Les chanoines doivent faire la découverte concrète du diocèse dans son histoire et ses pratiques. Les acteurs pastoraux divers doivent prendre le temps pour tisser des liens. Risques et chances sont à évaluer : impact des prédications ? Orientations diocésaines ? Incidence sur la pénurie des prêtres ? Réseau des amis ? Demandes des visiteurs ? Relations avec le village ? Valorisation d’un lieu spirituel ?…. Autant de questions qui ont été notées dans les observations.

 

5/ Les conditions pastorales doivent être établies :

 

      de façon définitive

 

       56 réponses :             9 0UI                 42 NON        5 ne se prononcent pas

 

              ( NB  le clergé n’est  pas très accueillant ni chaud… Aux Chanoines de faire le reste…)

    

     

 

 de façon temporaire

 

       88 réponses :             80 OUI                 3 NON       5 ne se prononcent pas

 

Les conditions pastorales seront signées sur la base d’un accord de 5 ans. Certains ont fait remarquer que l’évêque ne pouvait tout suivre au quotidien. Ils ont indiqué que le suivi pastoral devrait être confié au vicaire épiscopal de la zone des Corbières chargé de coordonner. J’ai chargé l’abbé André Vergnes de le faire : sa mission est d’accompagner l’insertion de cette communauté dans le diocèse selon les conditions définies.

 

NB un accord pour 5 ans…Mais les Chanoines sont propriétaires… !

 

Des rencontres de présentation et de questionnement (Quel français !) seront proposées aux prêtres, religieuses et laïcs, avec quelques chanoines. Leur arrivée progressive est prévue dans les mois qui viennent.   

Carcassonne, le 19 avril 2004.

 

 

 

 

2 – sur la célébration de la Messe « vers l’orient »

 

 

J’ai parlé dans la dernière  édition du « regard sur le monde » au 11 juin (voir le site ITEM ( http://item.snoozland.com)   du problème de l’orientation de la célébration de la Sainte Messe. Je faisais écho à l’enseignement du Cardinal Ratzinger préfaçant dernièrement un ouvrage sur la liturgie. Et je redonnais la préface qu’il écrivait  pour le livre de Mgr Gamber intitulé «  Tournons nous vers le Seigneur » et publié aux « éditions Sainte Madeleine ». .

 

Il disait

 

« …Ce qui fait l’importance de ce livre, c’est surtout le substrat théologique mis à jour par ces savantes recherches. L’orientation de la prière commune aux prêtres et aux fidèles  - dont la forme symbolique était généralement en direction de l’est, c’est-à-dire du soleil levant  - était conçue comme un regard tourné vers le Seigneur, vers le soleil véritable. Il y a dans la liturgie une anticipation de son retour ; prêtres et fidèles vont à sa rencontre. Cette orientation de la prière exprime le caractère théocentrique de la liturgie ; elle obéit à la monition : « Tournons nous vers le Seigneur »

 

Je faisais également remarquer qu’une post-face de ce livre était  assurée par le Père Bouyer. Il  affirme  que même dans la nouvelle réforme liturgique de la messe, le « Nouvel Ordo Missae »,  la messe devait être célébré « vers l’Orient ».

 

 Il le disait clairement

 

 

« Rien de plus contraire, non seulement à toute la tradition chrétienne authentique…mais aussi bien au « nouveau missel » lui-même si l’on prenait seulement le temps d’en lire les rubriques. Ne prescrit-il pas, de fait, aux prêtres de se « tourner vers les fidèles » toutes les fois qu’il s’adresse à eux, et non pas à Dieu dans la prière commune ? … Ce qui n’a aucun sens s’il n’est pas à leur tête. »

 

J’ai pu cette semaine en retrouver les références. Je vous les donne ici.

J’ai consulté l’édition typique du « Missel Romain » ( ?) de 1970 ainsi que la troisième édition de  2002. Les rubriques sur ce sujet n’ont pas changé.

 

 

 A – Dans l ‘édition typique de 1970, 

 

Dans les rubriques propres à la messe «  cum populo », il est dit à la page 391 au numéro 25, tout de suite après le « Lavabo » qui se déroule sur le coté droit de l’autel, que le prêtre revient au milieu de l’autel, puis se tourne vers le peuple et dit la prière de « l’Orate Fratres ». En latin vous avez ceci

 « 25. Stans postea in medio altaris, versus ad populum, extendens et jugens manus, dicit :

« Orate, Fratres : ut meum ac vestrum sacrificium acceptabile fiat apud Deum Patrem omnipotentem

 

 

Et le peuple de répondre :

Suscipiat Dominus sacrificium de manibus tuis

Ad laudem et gloriam nomis sui,

Ad utilitatem quoque nostram

Totiusque Ecclesiae suae sanctae.

 

NB Pour ceux qui aiment les choses précises, allez voir la traduction française de cette réponse du peuple. La traduction française est fausse. C’est « un faux ». Le travail du Cardinal Arinze est bien nécessaire : la vérification des traductions.

 

Le prêtre est donc : « versus ad populum ». Le Père Bouyer a donc bien raison de dire ce qu’il dit.

 

La même chose est affirmée à la page 473 au numéro 128. Nous sommes juste avant la communion, juste avant le baiser de paix, le prêtre, après avoir dit la prière avant la communion , se tourne  vers le peuple et lui dit : « Pax Domini sit semper vobiscum ».

 

« 128. Sacerdos, ad populum conversus, extendens et jungens manus, subdit : Pax Domini sit semper vobiscum ».

 

Cette orientation est encore affirmée  juste avant la distribution de la communion des fidèles . C’est la rubrique 133 de la page 474

 « 133.   Sacerdos génuflectit, accipit hostiam, eamque aliquantulum elevatam super patenens tenens, ad populum versus, clara voce dicit : « Ecce Agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi… »

 

Si le prêtre se tourne là aussi vers le peuple, c’est donc qu’il était orienté avant, pendant les prières préparatoire à la communion, « ad orientem ».

 

Et la rubrique 134 le confirme bien puisque le prêtre pour se communier lui-même doit se retourner vers l’autel

« 134. Et sacerdos, ad altare versus, secreto dicit : « Corpus Christi custodiat me in vitam aeternam ».

 

 

La conclusion est claire :  la messe, même dans le Nouvel Ordo Missae doit se célébrer ad orientem »,  « tourné vers le Seigneur ».

 

- Le cardinal Ratzinger vous en donne la raison :

 

« L’orientation de la prière commune aux prêtres et aux fidèles  - dont la forme symbolique était généralement en direction de l’est, c’est-à-dire du soleil levant  - était conçue comme un regard tourné vers le Seigneur, vers le soleil véritable. Il y a dans la liturgie une anticipation de son retour ; prêtres et fidèles vont à sa rencontre. Cette orientation de la prière exprime le caractère théocentrique de la liturgie ; elle obéit à la monition : « Tournons nous vers le Seigneur »

 

ainsi que le Père Bouyer, dans la dite post-face :

 

          « Rien de plus contraire, non seulement à toute la tradition chrétienne authentique…mais aussi bien au « nouveau missel » lui-même si l’on prenait seulement le temps d’en lire les rubriques. Ne prescrit-il pas, de fait, aux prêtre de se « tourner vers les fidèles » toutes les fois qu’il s’adresse à eux, et non pas à Dieu dans la prière commune ? … Ce qui n’a aucun sens s’il n’est pas à leur tête. »

 

 

B ) les rubriques dans l’édition typique de 2002

 

Et les mêmes rubriques sont reprises par le cardinal Medina, alors préfet de la Congrégation pour le culte,  lors de la publication de la troisième édition du missel romain en 2002.

 

Les numéros des rubriques ont changé, mais pas le texte est le même. Au numéro 29 juste après le lavabo, il est bien dit que le prêtre, revenu au milieu de l’autel, se tourne vers le peuple  « versus ad populum » et  dit «  l’Orate Fratres »

 

Pour « l’Agnus Dei », c’est bien toujours « tourné vers le peuple » qu’il dit cette prière tenant l’hostie soit levée sur la patène, soit sur le calice. (C’est une rubrique un peu différente de celle de  l’édition typique de 1970 : lever le corps du Christ sur le Calice n’était pas prévu en 70).  C’est, cette fois, le numéro 132 « versus ad populum, clara voce dicit ». S’il doit se tourner vers le peuple, c’est qu’il n’ y est pas d’une façon habituelle et constante. 

Et le numéro 133 précise bien lui aussi que le prêtre doit se communier « versus ad altare », ce qui n’aurait pas de sens s’il était toujours face au peuple. Dans ce cas, l’autel est toujours devant lui.

 

NB.  Il est étonnant de constater que cette orientation « ad orientem » pour  la célébration de la messe n’ait pas été rappelée dans la dernière instruction liturgique du cardinal Arinze dont l’objet est (ou était) de corriger précisément les abus. Il est clair que célébrer la messe « face au peuple » est contraire à ce que prévoyait même les « réformateurs ».  Cela permet-il de se faire une idée sur la réelle influence de cette nouvelle instruction  sur le cours des choses ?  L’avenir le dira.

 

 

 

 

 

C – Conseils et Souvenirs de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

 

 

Je pleurais souvent et pour des riens, ce qui lui causait une peine très grande. Un jour, il lui vint une idée lumineuse : prenant sur sa table de peinture une coquille de moule, et me tenant les mains pour m’obliger à ne pas m’essuyer les yeux, elle se mit à recueillir mes larmes dans cette coquille. Au lieu de continuer à pleurer, je ne pus alors m’empêcher de rire.

« Allez, me dit-elle, désormais je vous permets de pleurer tant que vous voudrez, pourvu que ce soit dans la coquille. » Or, huit jours avant sa mort, j’avais pleuré toute une soirée en pensant à son prochain départ. Elle s’en aperçut et me dit : « Vous avez pleuré. – Est-ce dans la coquille ? »

Je ne pouvais mentir… et mon aveu l’attrista. Elle reprit : « Je vais mourir, et je ne serai pas tranquille sur votre compte, si vous ne promettez de suivre fidèlement ma recommandation. J’y attache une importance capitale pour votre âme. « 

Je donnai ma parole, demandant toutefois, comme une grâce, la permission de pleurer librement sa mort.

« Pourquoi pleurer ma mort ? Voilà des larmes bien  inutiles. Vous pleurerez mon bonheur ! Enfin, j’ai pitié de votre faiblesse et je vous permets de pleurer les premiers jours. Mais , après cela il faudra reprendre la coquille. ».

Je dois dire que j’ai été fidèle, bien qu’il m’en ait coûté des efforts héroïques.

Quand je voulais pleurer, je m’armais avec courage de l’impitoyable instrument ; mais le soin que je devais prendre à courir d’un œil à l’autre distrayait ma pensée du sujet de ma peine, et cet ingénieux moyen ne tarda pas à me guérir entièrement de ma trop grande sensibilité. »

 

 

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Je voulais me priver de la Sainte Communion pour une infidélité qui lui avait causé beaucoup de  peine, mais dont je me repentais amèrement. Je lui écrivis ma résolution ; et voici le billet qu’elle m’envoya :

« Petite fleur chérie de Jésus, cela suffit bien que par l’humiliation de votre âme, vos racines mangent de la terre…il faut entrouvrir, ou plutôt élever bien haut votre corolle afin que le Pain des Anges vienne, comme une rosée divine, vous fortifier et vous donner tout ce qui vous manque.

« Bonsoir, pauvre fleurette, demandez à Jésus que toutes les prières qui sont faites pour ma guérison servent à augmenter le feu qui doit me consumer. »

 

 

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« Au moment de communier, je me représente quelquefois mon âme sous la figure d’un petit bébé de trois ou quatre ans qui, à force de jouer, a ses cheveux et ses vêtements salis et en désordre. – Ces malheurs me sont arrivés en bataillant avec les âmes. – Mais bientôt la Vierge Marie s’empresse autour de moi. Elle a vite fait de me retirer mon petit tablier tout sale, de rattacher mes cheveux et de les orner d’un joli ruban ou simplement d’une petite fleur…et cela suffit pour me rendre gracieuse et me faire asseoir sans rougir au festin des anges. »

 

 

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A l’infirmerie, nous attendions à peine que ses actions de grâces fussent terminées pour lui parler et lui demander des conseils. Elle s’en attrista d’abord et nous en fit de doux reproches. Puis bientôt elle nous laissa faire, disant : « J’ai pensé que je ne devais pas désirer plus de repos que Notre-Seigneur. Lorsqu’il s’enfuyait au désert après ses prédications, le peuple venait aussitôt troubler sa solitude. Approchez de moi tant que vous voudrez. Je dois mourir les armes à la main, ayant à la bouche le glaive de l’esprit qui est la parole de Dieu ».

 

 

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