Paroisse
catholique Saint Michel
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Du 13 au 19 mars Troisiéme dimanche de Caréme |
« Oculi mei semper ad Dominum
» Mais c’est aussi l’attitude du contemplatif, de celui qui scrute le mystère du Seigneur, qui le contemple, qui l’aime…C’est l’attitude de l’amoureux qui aime le bien aimé. « Oculi mei semper ad Dominum ». Mais c’est aussi l’attitude de l’enfant qui regarde les yeux de ses parents pour savoir s’il peut agir, s’il peut faire, ce qu’il doit répondre. « Oculi mei semper ad Dominum. Cette phrase me plait ! Permettez qu’on l’analyse
bien, qu’on la fasse vivre, qu’on en tire toute
la substance. « Oculi mei semper ad Dominum » C’est tout d’abord
l’attitude du suppliant. C’est, du reste, ce que
nous suggère la deuxième phrase de l’Introït
lui-même. « Evellere » veut dire « arracher, enlever, déraciner, extirper, anéantir, voire même supprimer ». Voici tous les sens de ce verbe latin. Mais c’est l’attitude de l’animal pris dans les filets d’un piège…Il n’est pas mort. Il est simplement pris dans le piège…épuisé…Une biche prise dans le piège, un animal domestique, un chat, un chien pris dans le piège. Son maître vient à passer…il a les yeux sur lui. « Oculi mei semper ad Dominum… ».L’animal sent la bonté… et ses regards, ses yeux se portent sur le maître Il souffre…il supplie une prompte délivrance. Ses yeux sont l’expression de sa douleur…Ils sont attendrissants, émouvants. Ils émeuvent le maître qui va l’arracher à ce piège, va l’enlever, avec affection, émotion, de ce piège. Il va l’extirper de ce piège…Mais aussi, vengeur, il va anéantir ce piège, le casser, le supprimer…Il va lui arracher sa victime…et la biche et le chat ou le chien…Il a du cœur…La victime porte, portera jusqu’au bout les yeux sur son maître implorant, muet ou gémissant, sa délivrance. « Oculi mei semper ad Dominum »…Les yeux sur le maître, ses yeux souffrants douloureux toucheront le maître, son cœur, sa miséricorde. « Respice in me et miserere
mei » poursuit le texte de l’Introït « Respice in me ». « Respicere », c’est un verbe merveilleux. Il veut dire « arrêter ses regards sur »…la victime souffrante ; « tourner les yeux vers…regarder favorablement, protéger, considérer, veiller sur, s’intéresser à, s’occuper de… » Cette fois, c’est le maître qui est mis en scène… « Respice in me… » C’est le regard du maître qui se penche sur le victime, qui la regarde avec faveur, avec compassion, avec bonté et miséricorde…qui considère sa souffrance, sa peine…qui ne veut pas et ne peut pas se désintéresser de cette victime…Il va s’occuper d’elle…pour la protéger…la retirer du filet du piège. Ce verbe « respicere » exprime le regard affectueux qui se penche sur la victime….C’est l’attitude du maître…C’est l’attitude du Bon Pasteur…C’est l’attitude de Notre Seigneur Jésus-Christ : un regard miséricordieux qui croise un regard souffrant. « Respice in me… », « Regarde moi… ». Oui ! C’est la victime épuisée, fautive, esclave, presque inerte qui crie vers le Seigneur : « Respice in me ». Mais c’est aussi l’attitude du maître, NSJC, qui regarde Pierre qui vient de le trahi. Il est là tout pénaux, honteux, tellement triste…Et saint Luc qui nous comte le récit nous dit : « Et conversus Dominus, respexit Petrum… », « Et le Seigneur se tournant, regarda Pierre » et ce regard de bonté toucha le cœur de Pierre honteux, prisonnier du piège de cette femme, prisonnier de Satan qui avait réussi son coup…comme hier avec Adam et Eve. C’est le même verbe : « respicere »…Il veut dire : « regarder avec bonté, favorablement… ». Oui ! On peut facilement imaginer la bonté de son regard. Ce regard de bonté croisa le regard de Pierre et Pierre converti…s’éloigna et alla pleurer amèrement, « tout son sou ». Ce regard pour le comprendre, pour en sentir tout le sens…mais voyez donc le regard du maître, d’un maître sur la biche prise dans le filet du chasseur, épuisé, de l’oiseau dans le filet du braconnier. Quelle intensité dans ce regard du maître ! On peut aussi imaginer ce regard du muet de l’Evangile sur la route du Seigneur…Le Maître, le thaumaturge, bien connu, puissant en œuvre…Il passe…le muet est là sur le bord de la route…Le muet… mais tout autant le sourd, tout autant le paralytique, tout autant le possédé du démon, mais tout autant le pécheur de hier et d’aujourd’hui…celui qui, de toute façon, est la victime de Satan… Le Maître passe. Imaginez…Mais voyez dans votre cœur, le regard de ces victimes : « Oculi mei semper ad Dominum ». C’est leur attitude. Les yeux de ces victimes…toutes victimes de Satan…les yeux, leurs yeux sont sur le Maître…Ils supplient, ils crient, ils appellent : « Respice in me, Domine… », « Regardez nous » ! Et vous croyez que le Maître va passer indifférent. Non ! Il obéit à cet appel poignant… « Respice in me »…Et de fait, il s’arrête, les fait venir à lui et les regarde tous comme il regarda Pierre…avec affection, tendresse…Et il chasse les démons, et redonne la vue et l’ouie … enfin la paix et la joie à tous. « Erat Jesus ejiciens daemonium
» et « Jésus chassait les démons »
, nous dit cet évangile de ce dimanche. La bonté, la miséricorde. Mais c’est l’attitude du Christ dans sa rédemption…Elle est une œuvre de charité…Alors l’Epître nous rappelle cette rédemption, cette œuvre de charité… : « Et marchez dans la voie de la charité comme le Christ qui nous a aimés et s’est livré pour nous en oblation et en sacrifice d’agréable odeur, offert à Dieu ». Ce rappel est parfaitement en situation et nous permet de bien comprendre l’attitude de Notre Seigneur en sa passion. Si on veut la bien méditer, on peut utiliser le texte de l’Introït, ce psaume 24 : c’est un e œuvre de miséricorde et de bonté. « Et miserere mei quoniam unicus et pauper sum ego » poursuit l’Introït « Unicus »…C’est
encore un mot qui me plait. « Unicus » veut dire
« unique, incomparable, insigne, rare, mais aussi ce mot
veut dire « aimé par-dessus tout, passionnément
». Et ce regard du maître est
non seulement plein de bonté, de miséricorde,
de tendresse…Comment imaginer autrement…La victime
est tellement suppliante…. « Oculi mei semper ad
Dominum »…Mais il est aussi un regard de contemplation,
un regard contemplatif, un regard qui scrute le mystère,
la chose, la bête. Ce verbe « respicere »
est utilisé par Saint Luc dans le Magnificat de Notre
Dame : « quia respexit humilitatem ancillae suae »,
« Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit trésaille
de joie en Dieu mon Sauveur parce qu’il a regardé
la bassesse de sa servante ». C’est aussi le sens que saint Marc donne à ce verbe « respicere » dans l’attitude des saintes femmes au tombeau du Seigneur: « Et respicientes…Elles aperçurent que la pierre avait été ôtée, car elle était fort grande ». Crampon traduit « respicientes » par « levants les yeux »…Mais ce n’est pas rendre tout le sens de « respicere »…C’est regarder attentivement. Ces saintes femmes sont là, de grand matin, elles arrivent au tombeau du Seigneur et la pierre est déjà roulée. Dans leurs regards il y a de l’attention, de la surprise, de l’étonnement…de la contemplation… Leurs regards sont insistants en raison de leurs étonnements. Et alors avec ce sens du regard contemplatif, je peux mieux comprendre la finale du texte de l’Evangile et la raison du choix de l’Epître. La finale de l’Evangile :
« Et il advint, tandis qu’il parlait ainsi, qu’une
femme, dans la foule, éleva la voix et lui dit : «
Heureuses les entrailles qui t’ont porté et le
sein qui t’a nourri. Mais il dit : Heureux plutôt
ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent ».
« Qui audiunt verbum Dei et custodiunt illud ». Allez ! Croyez-moi. Concluons encore une fois que tout l’enseignement d’une messe dominicale se trouve dans l’Introït. « Oculi mei semper ad Dominum ». C’est l’attitude du contemplatif. Rien ne le distrait de la méditation de la parole de Dieu. Les yeux du contemplatif sont sur le Seigneur. C’est tout le Trait qui l’explicite merveilleusement : « Vers toi, je lève les yeux, vers toi qui trône aux cieux. Comme les yeux du serviteur sur la main de leurs maîtres. Et comme les yeux de la servante sur la main de sa maîtresse, ainsi nos yeux sont fixés sur le Seigneur notre Dieu jusqu’à ce qu’il nous prenne en pitié ». Et on retrouve notre : « Oculi mei semper ad Dominum » de l’Introït dans ce « Ita oculi nostri ad Dominum, Deum nostrum » du Trait. Amen. Lors de l’audience générale,
du mercredi 15 mars, le pape a prononcé l’homélie
dont voici le texte intégral. Vous remarquerez que le
pape au début de son homélie annonce les sujets
des prochaines homélies. Il parlera des « relations
entre le Christ et l’Eglise ». Nous suivrons attentivement
son enseignement. Il est important. Chers frères et sœurs, Après les catéchèses sur les Psaumes et sur les Cantiques des Laudes et des Vêpres, je voudrais consacrer les prochaines rencontres du mercredi au mystère de la relation entre le Christ et l'Eglise, en le considérant à partir de l'expérience des Apôtres, à la lumière du devoir qui leur a été confié. L'Eglise a été constituée sur le fondement des Apôtres comme communauté de foi, d'espérance et de charité. A travers les Apôtres, nous remontons à Jésus lui-même. L'Eglise commença à se constituer lorsque quelques pêcheurs de Galilée rencontrèrent Jésus, se laissèrent conquérir par son regard, par sa voix, par son invitation chaleureuse et forte: « Venez à ma suite, je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes » (Mc 1, 17; Mt 4, 19). Mon bien-aimé prédécesseur, Jean-Paul II, a proposé à l'Eglise, au début du troisième millénaire, de contempler le visage du Christ (cf. Novo millennio ineunte, n.16 ss.). En allant dans le même sens, au cours des catéchèses qui commencent aujourd'hui, je voudrais montrer que c'est précisément la lumière de son Visage qui se reflète sur le visage de l'Eglise (cf. Lumen gentium, n. 1), en dépit des limites et des ombres de notre humanité fragile et pécheresse. Après Marie, pur reflet de la lumière du Christ, ce sont les Apôtres qui, à travers leur parole et leur témoignage, nous livrent la vérité du Christ. Leur mission n'est toutefois pas isolée, mais se situe dans le contexte d'un mystère de communion, qui inclut tout le Peuple de Dieu et se réalise par étapes, de l'ancienne à la nouvelle Alliance. Il faut dire à cet égard que c'est interpréter de façon tout à fait erronée le message de Jésus que de le séparer du contexte de la foi et de l'espérance du peuple élu: comme le Baptiste, son précurseur immédiat, Jésus s'adresse avant tout à Israël (cf. Mt 15, 24) pour le « rassembler » dans le temps eschatologique arrivé avec lui. Et, comme celle de Jean, la prédication de Jésus est dans le même temps un appel de grâce et un signe de contradiction et de jugement pour tout le Peuple de Dieu. C'est pourquoi, dès le premier moment de son activité salvifique, Jésus de Nazareth tend à rassembler, à purifier le Peuple de Dieu. Même si sa prédication est toujours un appel à la conversion personnelle, il vise en réalité continuellement la constitution du Peuple de Dieu qu'il est venu rassembler et sauver. C'est pourquoi l'interprétation individualiste de l'annonce que le Christ fait du Royaume, proposée par la théologie libérale, apparaît unilatérale et privée de tout fondement : celle-ci est résumée ainsi en 1900 par le grand théologien libéral Adolf von Harnack dans ses leçons sur L'essence du Christianisme : « Le royaume de Dieu vient, dans la mesure où il vient dans des hommes individuels, il accède à leur âme, et ils l'accueillent. Le royaume de Dieu est la seigneurie de Dieu, certes, mais c'est la seigneurie du Dieu saint dans chaque cœur » (Leçon III, 100s). En réalité, cet individualisme de la théologie libérale est une accentuation typiquement moderne: dans la perspective de la tradition biblique et à l'horizon du judaïsme, dans lequel l'œuvre de Jésus se place également, même dans toute sa nouveauté, il apparaît clairement que la mission tout entière du Fils fait chair possède une finalité communautaire: Il est venu précisément pour rassembler l'humanité dispersée, il est venu précisément pour rassembler, pour unir le peuple de Dieu. Un signe évident de l'intention du Nazaréen de réunir la communauté de l'Alliance, pour manifester en elle la réalisation des promesses faites aux Pères, qui parlent toujours de convocation, d'unification, d'unité, est l'institution des Douze. Nous avons entendu l'Evangile sur l'institution des Douze. J'en lis une fois de plus la partie centrale : « Jésus gravit la montagne, et il appela ceux qu'il voulait. Ils vinrent auprès de lui, et il en institua douze pour qu'ils soient avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les esprits mauvais. Donc, il institua les Douze.... (Mc 3, 13-16; cf. Mt 10, 1-4; Lc 6, 12-16). Sur le lieu de la révélation, « la montagne », Jésus, à travers une initiative qui manifeste une conscience et une détermination absolues, constitue les Douze afin qu'ils soient avec lui les témoins et les annonciateurs de l'avènement du Règne de Dieu. Il ne subsiste aucun doute sur le fondement historique de cet appel, non seulement en raison de l'ancienneté et de la multiplicité des témoignages, mais également en vertu du simple fait qu'y apparaît le nom de Judas, l'apôtre traître, en dépit des difficultés que cette présence pouvait comporter pour la communauté naissante. Le nombre Douze, qui rappelle de toute évidence les douze tribus d'Israël, révèle déjà la signification d'action prophétique et symbolique implicite dans la nouvelle initiative de refonder le peuple saint. Le système des douze tribus ayant disparu depuis longtemps, l'espérance d'Israël en attendait la reconstitution comme signe de l'avènement du temps eschatologique (que l'on pense à la conclusion du Livre d'Ezechiel: 37, 15-19; 39, 23-29; 40-48). En choisissant les Douze, en les introduisant dans une communion de vie avec lui et en les faisant participer à sa mission d'annonce du Règne en paroles et en actes (cf. Mc 6, 7-13; Mt 10, 5-8; Lc 9, 1-6; Lc 6, 13), Jésus veut dire qu'est arrivé le temps définitif où se constitue de nouveau le Peuple de Dieu, le peuple des douze tribus, qui devient à présent un peuple universel, son Eglise. De par leur existence même,
les Douze — appelés de provenances diverses —
deviennent un appel adressé à tout Israël
afin qu'il se convertisse et se laisse rassembler dans l'alliance
nouvelle, plein et parfait accomplissement de l'ancienne alliance.
En leur confiant, au cours de la Cène, avant sa Passion,
le devoir de célébrer son mémorial, Jésus
indique qu'il voulait transférer à toute la communauté,
en la personne de ses chefs, la mission d'être, dans l'histoire,
le signe et l'instrument du rassemblement eschatologique, commencé
en lui. En un certain sens, nous pouvons dire que la Dernière
Cène est précisément l'acte de fondation
de l'Eglise, car Il se donne lui-même et crée ainsi
une nouvelle communauté, une communauté unie dans
la communion avec Lui-même. A travers cette lumière,
on comprend la façon dont le Ressuscité leur confère
— à travers l'effusion de l'Esprit — le pouvoir
de remettre les péchés (cf. Jn 20, 23). Les douze
apôtres représentent ainsi le signe le plus évident
de la volonté de Jésus concernant l'existence
et la mission de son Eglise, la garantie qu'il n'existe aucune
opposition entre le Christ et l'Eglise: ils sont inséparables,
en dépit des péchés des hommes qui composent
l'Eglise. Le slogan qui était à la mode il y a
quelques années: « Jésus oui, l'Eglise non
» est donc totalement inconciliable avec l'intention du
Christ. Ce Jésus individualiste choisi est un Jésus
de pure fantaisie. Nous ne pouvons pas avoir Jésus sans
la réalité qu'il a créée et dans
laquelle il se transmet. Entre le Fils de Dieu fait chair et
son Eglise, il existe une continuité profonde, inséparable
et mystérieuse, en vertu de laquelle le Christ est présent
aujourd'hui dans son peuple. Il est toujours notre contemporain,
il est toujours contemporain de l'Eglise construite sur le fondement
des Apôtres, il est vivant dans la succession des Apôtres.
Et sa présence dans la communauté, dans laquelle
Lui-même se donne toujours à nous, est le motif
de notre joie. Oui, le Christ est avec nous, le Royaume de Dieu
vient ».
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