Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 20 au 26 mars

Quatriéme dimanche de Caréme

 

 

A- Homélie

« Oh ! Merveilleuse messe en ce quatrième dimanche de Carême !
Que de beaux textes à méditer ! Quel merveilleux enseignement !
C’est le thème de la joie chrétienne et des raisons de cette joie chrétienne, unique en intensité, unique en sa finalité : la vison de gloire.

Oui ! C’est le thème de la joie. L’Eglise, en cette mi-Carême, veut un peu égayer…notre regard. Elle quitte, du reste, la couleur austère du violet pour revêtir le rose, - le rose est plus riant, plus seyant, c’est aussi la couleur propre à l’enfant - et elle nous demande de porter notre regard aussi non pas seulement sur les austérités, mais également sur les biens qui nous attendent, mieux qui sont à nous et tout particulièrement sur la sainte Eucharistie qui est « le pain sacré de la vie éternelle et le calice de l’éternel salut » (Canon romain) - C’est le thème de l’Evangile de cette messe. Mais aussi ce « salut éternel », fruit de la Passion et de la sainte eucharistie…de notre filiation divine, raisons de notre joie, c’est toute l’épître de cette messe.
Voyons cela de plus près.

Cette messe porte, de fait, sur la joie. C’est l’Introït…dans sa totalité Et avec quelle insistance…Le redoublement des verbes joyeux de cet Introït montre, de fait, toute l’importance que l’Eglise porte à ce sentiment de joie.

Voyez !
« Laetare Jerusalem…Gaudete cum laetitia…ut exsultetis et satiemini ab uberibus consolationis vestrae »

Quatre mots qui connotent la joie. Ce n’est pas rien, en quatre lignes seulement : « Laetare », « gaudere », « laetitia », « exsultare »…C’est très étonnant ! C’est notable : tous ces mots sont des mots de joie. Et chacun n’exprime pas une joie quelconque, ne décrit pas seulement un simple sourire. Bien au contraire. Tous expriment une joie vibrante, un enthousiasme, un transport de joie.
Voyez !
Le verbe « laetare », le mot « laetitia ». « Laetitia » c’est la joie, l’allégresse. « Exsultare laetitia », c’est être transporté de joie…Mais aussi, je crois l’avoir déjà noté en une autre occasion, « laetitia » c’est la beauté. C’est la grâce. C’est l’ornement. C’est même la fertilité. Donc « laetitia » n’est pas une joie vulgaire, une exultation vulgaire…comme peut la créer la musique moderne - N’insistons pas ! Non ! C’est une joie élégante, fine, qui donne de la beauté au visage, de la grâce dans le maintien, dans la tenue, de l’élégance, le charme des demoiselles. La joie, sous ce rapport et dans ce sens, c’est même la fertilité…en ce sens que la joie nourrit, embellit le corps. Elle le fertilise, pourrait-on dire. Elle rend gracieux, agréable. Aussi ne faut-il pas s’étonner que le verbe « laetificare » puisse se traduire par « réjouir, égayer, rendre fertile, féconder, même fumer….Serait-il vrai de dire que le sourire est au visage ce que l’ « humus » est à la terre ? Au printemps, la terre aura toute sa beauté, une beauté joyeuse, toute printanière, un aspect riant, charmant, beau. C’est le sens même de l’adjectif « laetus ». Il veut dire « gai, content, satisfait, fertile, riche, bien doué, en bon état, bien portant ». Ainsi d’une terre bien fertilisée. Ainsi d’un visage souriant, joyeux…

Et puis, on a encore de plus, dans l’Introït, le verbe « gaudere » qui veut dire : « se réjouir, être content, aimer à, se plaire à ». Le nom « gaudium », c’est en effet la joie, le contentement. Mais ici, « gaudere » n’est pas seul…On trouve : « gaudete cum laetitia ». Il y a une redondance. Il faut rendre, dans une traduction, cette redondance. Certains traduisent : « Rayonnez de joie et d’enthousiasme ». Ce n’est pas mal traduit. On trouve parfois : « Réjouissez-vous de joie ». Ce n’est pas mal aussi. Parfois on traduit : « Soyez joyeux, bondissez de joie ». C’est bon aussi. Ailleurs on aura : « tressaillez de joie ».

Mais l’Introït n’en reste pas là. Il se poursuit et dit : « Gaudete cum laetitia ...ut exsultatis et satiemini ab uberibus consolationis vestrae ». On retrouve le verbe « exsultare ». C’est un verbe actif qui veut dire : « sauter, bondir, s’élancer, bouillonner. Bondir de joie ». En français, on aura le verbe « exulter », exulter d’allégresse. Et puis vient tout de suite après : le « satiemini ». « Satiare » veut dire « rassasier », voire même « repaître ». Et il ne faut pas oublier le « ut », le « afin que ». On traduira le « exsultatis » par « tressaillez de joie ». « Gaudete cum laetitia…ut exsulatis… », « afin que vous exultiez et soyez rassasies de l’abondance des consolations »… C’est vraiment le comble de la joie… Mais cette traduction oublie de rendre le « ab uberibus » qui fait allusion au sein maternel qui repaît de son lait son enfant. On pourra traduire alors : « Tressaillez de joie et d’enthousiasme : Dieu vous rassasiera de ses consolations comme une mère nourrit son enfant ». Ou encore « …afin d’être allaités et rassasiés à la source de ces consolations ».

Je crois que l’on ne peut pas exprimer plus de joie dans une unique phrase: il s’agit d’une joie intense. C’est le sens de cet Introït.

Mais ce n’est pas tout. L’Introït se poursuit par le verset 1 du psaume 121 : « laetatus sum in his quae dicta sunt mihi : in domo Dominus ibimus ». « Je suis dans la joie, une joie intense : quand on m’a dit : nous irons dans la maison du Seigneur ». C’est donc encore la joie ici de nouveau exprimée…Mais il y a plus que la joie. Ce verset nous donne la raison de la joie : « aller », voire même « être » dans la maison du Seigneur. C’est la maison du Seigneur qui est la raison de ma joie. Avec ce verset, nous sommes sur le chemin du « cur », du « quia », sur la voie de l’explication de la raison de la joie : « Nous irons dans la maison Seigneur ».

La « maison du Seigneur ». C’est le Temple de Dieu. C’est la Jérusalem. Dans la Nouvelle Alliance, c’est l’Eglise où coule le « lait et le miel ». Là, je me rassasierai de la fraîcheur de l’eau…comme la biche dans l’eau fraîche du ruisseau. Là, je goûterai la sainte Eucharistie…qui est annoncée précisément dans le sainte Evangile de cette messe par cette multiplication des pains, pains qui sont destinés au peuple avec abondance…jusqu’à « rassasiement » : « autant qu’ils en voulurent »…nous dit l’Evangile. Abondance qui est aussi exprimée par le « quand tous eurent mangé à leur faim… », c’est-à-dire : « Quand ils furent rassasiés, comblés de bien » (Emplere). La « maison du Seigneur »…c’est le lieu de l’abondance. C’est le lieu où se trouvent les « bienfaits divins », les « merveilles de Dieu ». C’est là que se trouve « l’arche d’alliance », les tables de la loi », le « propitiatoire ». Les tables de la loi, la loi divine qui, accomplie, donne toute la plénitude à l’être humain selon le plan de Dieu. Le « propitiatoire », qui est le symbole, la figure du sacrifice rédempteur, du sacrifice de la Croix qui rend à Dieu toute honneur et toute gloire par la satisfaction surabondamment accomplie dans l’oblation du sacrifice du Christ. Et ce sacrifice se perpétue dans l’Eglise, les églises. Sacrifice du Christ dont le sang purificateur, agissant dans les sacrements, nous rend toute pureté, toute sanctification, toute justice aux yeux de Dieu…C’est là, dans la « maison du Seigneur », lieu du sacrifice accompli, que je trouve « la Nouvelle Alliance »…celle qui est scellée en le sang du Christ, avec Dieu, pour la rémission des péchés. C’est là que je trouve la réalisation des « promesses divines », jurées à Abraham, Isaac et Jacob et enfin réalisées « à la plénitude des temps » dans et par le Christ, dans et par son sang libérateur qui nous donne justice et paix et liberté, liberté des enfants de Dieu…Alors saint Paul a raison de nous dire, dans son Epître aux Galates choisie comme Epître de cette messe : « Nous aussi, mes frères, nous sommes donc, comme Isaac, les fils de la promesse divine… », les fils d’Abraham. « Mais le fils de l’esclave naquit selon la chair…Celui de la femme libre, Isaac, naquit en vertu des promesses divines »…aujourd’hui accomplies en l’Eglise, grâce au Christ Seigneur. Oui ! Jésus est vraiment, Lui et Lui seul, en nous « l’espérance de la gloire », comme le dit joliment saint Paul. La gloire du Ciel. Telle est le plus grand des biens divins, la promesse divine que je trouve en l’Eglise. Oui ! Je la trouve, cette gloire, aujourd’hui encore en l’Eglise. L’auteur et le consommateur de cette gloire céleste, je le trouve aujourd’hui encore en l’Eglise catholique : Notre Seigneur Jésus-Christ.

« Je fus dans la joie quand on m’a dit : nous irons dans la maison du Seigneur », l’Eglise.

L’Eglise est ainsi le lieu de « l’abondance » des biens spirituels (Graduel). C’est le lieu du salut, de la vie éternelle. La plus belle des choses possédées, à posséder. Amen !


B- Une guérison miraculeuse à Lourdes

On lit sur Zenit : l’annonce d’un e guérison miraculeuse à Lourdes. Réjouissons-nous ! Rendons grâce à Dieu!
ROME, Jeudi 16 mars 2006 (ZENIT.org) –Un cas de guérison exceptionnelle à Lourdes vient d'être reconnu par le Comité médical international de Lourdes (CMIL), a annoncé ce jeudi son co-président, le professeur François-Bernard Michel (cf. www.lourdes-france.org).

Il s’agit d’une Française, « qui ne souhaite pas se faire de publicité et a demandé à conserver l'anonymat », a annoncé le prof. Michel lors d'une conférence de presse pour présenter, avec l'évêque de Tarbes et Lourdes, Mgr Jacques Perrier, une « nouvelle approche des guérisons à Lourdes ».

Mais il précisait que « l'autorité épiscopale n'a pas encore franchi le stade nécessaire pour que la guérison soit reconnue comme miraculeuse ».

A l’issue de sa réunion des 27 et 28 novembre à Paris, le Comité Médical International de Lourdes a en effet rédigé le communiqué d’information comportant un « avis de reconnaissance du caractère exceptionnel d’une guérison en l’état actuel de la connaissance scientifique ».

Il s’agit « d’une malade atteinte en 1992 d’un lymphome malin diffus de la plèvre non hodgkinien de type B, compliqué, un an plus tard, d’une leucémie aiguë myéloblastique avec atteinte méningée et névrite optique traitée par chimiothérapie, mais d’évolution défavorable et guérie sans séquelles ni rechute depuis 13 ans, en coïncidence d’une démarche de foi à Notre-Dame de Lourdes ».

Le même communiqué signale que les déclarations spontanées de guérison évaluées durant l’année 2005 sont au nombre de 40, et « de nature et gravité extrêmement variable ».

Et en ce qui concerne les « dossiers en cours d’instruction », au nombre de 5, le bureau indique qu’il s’agit de « déclarations de personnes affirmant en conscience claire une guérison survenue dans le contexte de Lourdes, mais dont les critères scientifiques ne permettent pas d’affirmer encore le caractère définitif ». Il s’agit de personnes auparavant atteintes de « myélopathie post-traumatique, maladie de Crohn gravissime, sclérose en plaques grave, myopathie, cancer du rein ».

Le comité médical fait observer à ce propos : « Ici, pourra être objecté que deux de ces maladies sont souvent dites « psycho-somatiques ». Le Comité Médical ne l’ignore pas mais rejette l’objection pour deux raisons :
- psycho-somatique est une dénomination obsolète et désuète, car fondée sur la pensée qu’il existerait des maladies du « corps », des maladies de « l’esprit », (notions d’autant plus usitées qu’indéfinissables !) et des « mixtes ».
Cette conception est contredite par la connaissance scientifique actuelle : toute maladie a – évidemment – des implications psychologiques, mais toute maladie implique la globalité de l’être humain, « corps et âme ».
- il s’agissait de formes graves de ces maladies, évoluées et évolutives, ayant résisté jusqu’alors aux thérapeutiques lourdes et prolongées réalisées jusqu’alors ».


C- En l’honneur de Saint Joseph

Lors de l’Angelus du dianche 19 mars, en la fête de saint Joseph, Benoît XVI a fait ce beau panégyrique de saint Joseph. En voici le texte intégral
Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui, 19 mars, nous célébrons la solennité de saint Joseph, mais étant donné que celle-ci tombe le troisième dimanche du Carême, sa célébration liturgique est reportée à demain. Cependant, le contexte marial de l’Angélus nous invite à nous pencher aujourd’hui avec vénération sur la figure de l’époux de la Bienheureuse Vierge Marie et Patron de l’Eglise universelle. Je suis heureux de rappeler que le bien-aimé Jean-Paul II avait également une grande dévotion pour saint Joseph à qui il consacra l’Exhortation apostolique Redemptoris Custos – le Gardien du Rédempteur, et de l’assistance duquel il fit certainement l’expérience à l’heure de sa mort.

La figure de ce grand Saint, même s’il est resté plutôt caché, revêt une importance fondamentale dans l’histoire du salut. Avant tout, appartenant à la tribu de Juda, il relia Jésus à la descendance davidique, si bien que, réalisant les promesses concernant le Messie, le Fils de la Vierge Marie peut vraiment être appelé « fils de David ». L’Evangile de Matthieu, en particulier, met en relief les prophéties messianiques qui trouvent leur accomplissement grâce au rôle de Joseph: la naissance de Jésus à Bethléem (2, 1-6); son passage en Egypte, où la sainte famille s’était réfugiée (2, 13-15); le surnom de « Nazaréen » (2, 22-23). A l’instar de son épouse, Marie, il s’est montré en tout cela, un authentique héritier de la foi d’Abraham: foi dans le Dieu qui conduit les événements de l’histoire selon son mystérieux dessein de salut. Sa grandeur, comme celle de Marie, ressort encore davantage du fait que sa mission se soit accomplie dans l’humilité et la vie cachée de la maison de Nazareth. Du reste, Dieu lui-même dans la Personne de son Fils incarné, a choisi cette voie et ce style – l’humilité et la vie cachée – dans son existence terrestre.

L’exemple de saint Joseph est pour nous tous une puissante invitation à accomplir avec fidélité, simplicité et modestie, le rôle que la Providence nous a confié. Je pense avant tout aux pères et aux mères de famille, et je prie afin qu’ils sachent toujours apprécier la beauté d’une vie simple, de travail, en cultivant avec tendresse la relation conjugale et en accomplissant avec enthousiasme la grande et difficile mission éducative. Que saint Joseph obtienne pour les prêtres, qui exercent la paternité vis à vis des communautés ecclésiales, d’aimer l’Eglise avec affection et dévouement total, et qu’il aide les personnes consacrées à observer, dans la joie et la fidélit, les conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Qu’il protège les travailleurs du monde entier, afin qu’ils contribuent à travers leurs différentes professions, au progrès de l’humanité tout entière et qu’il aide chaque chrétien à faire, avec confiance et avec amour, la volonté de Dieu, en coopérant ainsi à l’accomplissement de l’œuvre du salut ».


D- Homelie du Pape pour le 3ème dimanche de Carême

Chers frères et sœurs,

Nous avons écouté ensemble une page célèbre et belle du Livre de l'Exode, celle dans laquelle l'auteur sacré raconte la remise à Israël du Décalogue de la part de Dieu. Un détail nous frappe immédiatement: l'énonciation des dix commandements est introduite par une référence significative à la libération du peuple d'Israël. Le texte dit: « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage » (Ex 20, 2). Le Décalogue se veut donc une confirmation de la liberté conquise. En effet, les commandements, si on les regarde en profondeur, sont le moyen que le Seigneur nous donne pour défendre notre liberté autant des conditionnements internes des passions que des abus externes de personnes malintentionnées. Les « non » des commandements sont autant de « oui » à la croissance d'une liberté authentique. Il existe une deuxième dimension du Décalogue qu'il faut également souligner : à travers la loi donnée par la main de Moïse, le Seigneur révèle qu'il souhaite passer avec Israël un pacte d'alliance. Plus qu'un ordre, la loi est par conséquent un don. Plus que commander à l'homme de faire telle ou telle chose, elle veut manifester à tous le choix de Dieu: il est du côté du peuple élu; il l'a libéré de l'esclavage et il l'entoure de sa bonté miséricordieuse. Le Décalogue est le témoignage d'un amour préférentiel.

La Liturgie d'aujourd'hui nous offre un deuxième message : la Loi mosaïque a trouvé son plein accomplissement en Jésus, qui a révélé la sagesse et l'amour de Dieu à travers le mystère de la Croix, « scandale pour les Juifs, folie pour les païens — comme nous l'a dit saint Paul dans la seconde lecture —, mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, … puissance de Dieu et sagesse de Dieu» (1 Co 1, 23, 24). C'est précisément à ce mystère que fait référence la page évangélique qui vient d'être proclamée : Jésus chasse du temple les vendeurs et les changeurs. L'évangéliste fournit la clé de lecture de cet épisode significatif à travers le verset d'un Psaume: « Car le zèle de ta maison me dévore » (cf. Ps 69, 10). Jésus est bien « dévoré » par ce « zèle » pour la « maison de Dieu », utilisée dans des buts différents de ceux auxquels elle devrait être destinée. Face à la demande des responsables religieux, qui prétendent un signe de son autorité, à la stupéfaction des personnes présentes, il affirme: « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 19). Une parole mystérieuse, incompréhensible à ce moment-là, mais que Jean reformule pour ses lecteurs chrétiens, en observant : « Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps » (Jn 2, 21). Ce « temple », ses adversaires allaient le détruire, mais après trois jours, il l'aurait reconstruit à travers la résurrection. La douloureuse et « scandaleuse » mort du Christ allait être couronnée par le triomphe de sa glorieuse résurrection. Alors qu'en ce temps de Carême, nous nous préparons à revivre dans le triduum pascal cet événement central de notre salut, notre regard est déjà tourné vers le Crucifié, en entrevoyant en Lui le rayonnement du Ressuscité.

Chers frères et sœurs, la célébration eucharistique d'aujourd'hui, qui unit à la méditation des textes liturgiques du troisième dimanche de Carême, le souvenir de saint Joseph, nous offre l'opportunité de considérer, à la lumière du mystère pascal, un autre aspect important de l'existence humaine. Je veux parler de la réalité du travail, placée aujourd'hui au centre de changements rapides et complexes. La Bible, en de nombreuses pages, montre que le travail appartient à la condition originelle de l'homme. Lorsque le Créateur façonna l'homme à son image et ressemblance, il l'invita à travailler la terre (cf. Gn 2, 5.6). Ce fut à cause du péché de nos premiers ancêtres que le travail devint effort et peine (cf. Gn 3, 6-8), mais dans le projet divin, il conserve intacte toute sa valeur. Le Fils de Dieu lui-même, en se faisant en toute chose semblable à nous, se consacra pendant de nombreuses années à des activités manuelles, au point d'être connu comme le « fils du charpentier » (cf. Mt 13, 55). L'Eglise a toujours fait preuve, en particulier au cours du dernier siècle, d'attention et de sollicitude pour cette dimension de la société, ainsi qu'en témoignent les nombreuses interventions sociales du Magistère et l'action de multiples associations d'inspiration chrétienne dont certaines sont venues ici aujourd'hui représenter le monde des travailleurs dans son ensemble. Je suis heureux de vous accueillir, chers amis, et je présente à chacun de vous mon salut cordial. J'adresse une pensée particulière à Mgr Arrigo Miglio, évêque d'Ivrea et président de la Commission épiscopale italienne pour les Problèmes sociaux et le Travail, la Justice et la Paix, qui s'est fait l'interprète des sentiments communs et m'a adressé de courtoises paroles de vœux pour ma fête. Je lui en suis vivement reconnaissant.

Le travail revêt une importance primordiale pour la réalisation de l'homme et pour le développement de la société, et c'est pourquoi il faut qu'il soit toujours organisé et accompli dans le plein respect de la dignité humaine et au service du bien commun. Dans le même temps, il est indispensable que l'homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu'il ne l'idolâtre pas, en prétendant trouver en celui-ci le sens ultime et définitif de la vie. A ce propos, l'invitation contenue dans la première Lecture est tout à fait riche de sens : « Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l'honneur du Seigneur ton Dieu » (Ex 20, 8-9). Le sabbat est le jour sanctifié, c'est-à-dire consacré à Dieu, au cours duquel l'homme comprend mieux le sens de son existence comme de son activité professionnelle. L'on peut par conséquent affirmer que l'enseignement biblique sur le travail trouve son couronnement dans le commandement du repos. Le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise souligne justement à ce propos que : « A l'homme, lié à la nécessité du travail, le repos ouvre la perspective d'une liberté plus complète, celle du sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes de rappeler et de revivre les œuvres de Dieu, depuis la Création jusqu’à la Rédemption, de se reconnaître eux-mêmes comme Son œuvre (cf. Ep 2, 10), de lui rendre grâce de leur vie et de leur subsistance, car il en est l'auteur » (n. 258).

L'activité professionnelle doit servir au vrai bien de l'humanité, en permettant « à l'homme, considéré comme individu ou comme membre de la société, de s'épanouir selon la plénitude de sa vocation » (Gaudium et spes, n. 35). Pour que cela advienne, la qualification technique et professionnelle, même si elle est nécessaire, ne suffit pas ; la création d'un ordre social juste et attentif au bien de tous n'est pas non plus suffisante. Il faut vivre une spiritualité qui aide les chrétiens à se sanctifier à travers le travail, en imitant saint Joseph qui, chaque jour, a dû pourvoir aux besoins de la Sainte Famille de ses propres mains et que, pour cette raison, l'Eglise indique comme patron des travailleurs. Son témoignage montre que l'homme est le sujet et l'acteur du travail. Je voudrais lui confier les jeunes qui, avec difficulté, parviennent à s'insérer dans le monde du travail, les chômeurs et ceux qui souffrent des problèmes dus à l'importante crise de l'emploi. Qu'avec Marie, son Epouse, saint Joseph veille sur tous les travailleurs et obtienne pour les familles et pour toute l'humanité, sérénité et paix. Qu'en tournant le regard vers ce grand saint, les chrétiens apprennent à témoigner dans tous les milieux professionnels de l'amour du Christ, source de solidarité véritable et de paix stable. Amen !