A- Homélie
« Oh ! Merveilleuse messe
en ce quatrième dimanche de Carême !
Que de beaux textes à méditer ! Quel merveilleux
enseignement !
C’est le thème de la joie chrétienne et
des raisons de cette joie chrétienne, unique en intensité,
unique en sa finalité : la vison de gloire.
Oui ! C’est le thème
de la joie. L’Eglise, en cette mi-Carême, veut un
peu égayer…notre regard. Elle quitte, du reste,
la couleur austère du violet pour revêtir le rose,
- le rose est plus riant, plus seyant, c’est aussi la
couleur propre à l’enfant - et elle nous demande
de porter notre regard aussi non pas seulement sur les austérités,
mais également sur les biens qui nous attendent, mieux
qui sont à nous et tout particulièrement sur la
sainte Eucharistie qui est « le pain sacré de la
vie éternelle et le calice de l’éternel
salut » (Canon romain) - C’est le thème de
l’Evangile de cette messe. Mais aussi ce « salut
éternel », fruit de la Passion et de la sainte
eucharistie…de notre filiation divine, raisons de notre
joie, c’est toute l’épître de cette
messe.
Voyons cela de plus près.
Cette messe porte, de fait, sur
la joie. C’est l’Introït…dans sa totalité
Et avec quelle insistance…Le redoublement des verbes joyeux
de cet Introït montre, de fait, toute l’importance
que l’Eglise porte à ce sentiment de joie.
Voyez !
« Laetare Jerusalem…Gaudete cum laetitia…ut
exsultetis et satiemini ab uberibus consolationis vestrae »
Quatre mots qui connotent la joie.
Ce n’est pas rien, en quatre lignes seulement : «
Laetare », « gaudere », « laetitia »,
« exsultare »…C’est très étonnant
! C’est notable : tous ces mots sont des mots de joie.
Et chacun n’exprime pas une joie quelconque, ne décrit
pas seulement un simple sourire. Bien au contraire. Tous expriment
une joie vibrante, un enthousiasme, un transport de joie.
Voyez !
Le verbe « laetare », le mot « laetitia ».
« Laetitia » c’est la joie, l’allégresse.
« Exsultare laetitia », c’est être transporté
de joie…Mais aussi, je crois l’avoir déjà
noté en une autre occasion, « laetitia »
c’est la beauté. C’est la grâce. C’est
l’ornement. C’est même la fertilité.
Donc « laetitia » n’est pas une joie vulgaire,
une exultation vulgaire…comme peut la créer la
musique moderne - N’insistons pas ! Non ! C’est
une joie élégante, fine, qui donne de la beauté
au visage, de la grâce dans le maintien, dans la tenue,
de l’élégance, le charme des demoiselles.
La joie, sous ce rapport et dans ce sens, c’est même
la fertilité…en ce sens que la joie nourrit, embellit
le corps. Elle le fertilise, pourrait-on dire. Elle rend gracieux,
agréable. Aussi ne faut-il pas s’étonner
que le verbe « laetificare » puisse se traduire
par « réjouir, égayer, rendre fertile, féconder,
même fumer….Serait-il vrai de dire que le sourire
est au visage ce que l’ « humus » est à
la terre ? Au printemps, la terre aura toute sa beauté,
une beauté joyeuse, toute printanière, un aspect
riant, charmant, beau. C’est le sens même de l’adjectif
« laetus ». Il veut dire « gai, content, satisfait,
fertile, riche, bien doué, en bon état, bien portant
». Ainsi d’une terre bien fertilisée. Ainsi
d’un visage souriant, joyeux…
Et puis, on a encore de plus, dans
l’Introït, le verbe « gaudere » qui veut
dire : « se réjouir, être content, aimer
à, se plaire à ». Le nom « gaudium
», c’est en effet la joie, le contentement. Mais
ici, « gaudere » n’est pas seul…On trouve
: « gaudete cum laetitia ». Il y a une redondance.
Il faut rendre, dans une traduction, cette redondance. Certains
traduisent : « Rayonnez de joie et d’enthousiasme
». Ce n’est pas mal traduit. On trouve parfois :
« Réjouissez-vous de joie ». Ce n’est
pas mal aussi. Parfois on traduit : « Soyez joyeux, bondissez
de joie ». C’est bon aussi. Ailleurs on aura : «
tressaillez de joie ».
Mais l’Introït n’en
reste pas là. Il se poursuit et dit : « Gaudete
cum laetitia ...ut exsultatis et satiemini ab uberibus consolationis
vestrae ». On retrouve le verbe « exsultare ».
C’est un verbe actif qui veut dire : « sauter, bondir,
s’élancer, bouillonner. Bondir de joie ».
En français, on aura le verbe « exulter »,
exulter d’allégresse. Et puis vient tout de suite
après : le « satiemini ». « Satiare
» veut dire « rassasier », voire même
« repaître ». Et il ne faut pas oublier le
« ut », le « afin que ». On traduira
le « exsultatis » par « tressaillez de joie
». « Gaudete cum laetitia…ut exsulatis…
», « afin que vous exultiez et soyez rassasies de
l’abondance des consolations »… C’est
vraiment le comble de la joie… Mais cette traduction oublie
de rendre le « ab uberibus » qui fait allusion au
sein maternel qui repaît de son lait son enfant. On pourra
traduire alors : « Tressaillez de joie et d’enthousiasme
: Dieu vous rassasiera de ses consolations comme une mère
nourrit son enfant ». Ou encore « …afin d’être
allaités et rassasiés à la source de ces
consolations ».
Je crois que l’on ne peut
pas exprimer plus de joie dans une unique phrase: il s’agit
d’une joie intense. C’est le sens de cet Introït.
Mais ce n’est pas tout. L’Introït
se poursuit par le verset 1 du psaume 121 : « laetatus
sum in his quae dicta sunt mihi : in domo Dominus ibimus ».
« Je suis dans la joie, une joie intense : quand on m’a
dit : nous irons dans la maison du Seigneur ». C’est
donc encore la joie ici de nouveau exprimée…Mais
il y a plus que la joie. Ce verset nous donne la raison de la
joie : « aller », voire même « être
» dans la maison du Seigneur. C’est la maison du
Seigneur qui est la raison de ma joie. Avec ce verset, nous
sommes sur le chemin du « cur », du « quia
», sur la voie de l’explication de la raison de
la joie : « Nous irons dans la maison Seigneur ».
La « maison du Seigneur ».
C’est le Temple de Dieu. C’est la Jérusalem.
Dans la Nouvelle Alliance, c’est l’Eglise où
coule le « lait et le miel ». Là, je me rassasierai
de la fraîcheur de l’eau…comme la biche dans
l’eau fraîche du ruisseau. Là, je goûterai
la sainte Eucharistie…qui est annoncée précisément
dans le sainte Evangile de cette messe par cette multiplication
des pains, pains qui sont destinés au peuple avec abondance…jusqu’à
« rassasiement » : « autant qu’ils en
voulurent »…nous dit l’Evangile. Abondance
qui est aussi exprimée par le « quand tous eurent
mangé à leur faim… », c’est-à-dire
: « Quand ils furent rassasiés, comblés
de bien » (Emplere). La « maison du Seigneur »…c’est
le lieu de l’abondance. C’est le lieu où
se trouvent les « bienfaits divins », les «
merveilles de Dieu ». C’est là que se trouve
« l’arche d’alliance », les tables de
la loi », le « propitiatoire ». Les tables
de la loi, la loi divine qui, accomplie, donne toute la plénitude
à l’être humain selon le plan de Dieu. Le
« propitiatoire », qui est le symbole, la figure
du sacrifice rédempteur, du sacrifice de la Croix qui
rend à Dieu toute honneur et toute gloire par la satisfaction
surabondamment accomplie dans l’oblation du sacrifice
du Christ. Et ce sacrifice se perpétue dans l’Eglise,
les églises. Sacrifice du Christ dont le sang purificateur,
agissant dans les sacrements, nous rend toute pureté,
toute sanctification, toute justice aux yeux de Dieu…C’est
là, dans la « maison du Seigneur », lieu
du sacrifice accompli, que je trouve « la Nouvelle Alliance
»…celle qui est scellée en le sang du Christ,
avec Dieu, pour la rémission des péchés.
C’est là que je trouve la réalisation des
« promesses divines », jurées à Abraham,
Isaac et Jacob et enfin réalisées « à
la plénitude des temps » dans et par le Christ,
dans et par son sang libérateur qui nous donne justice
et paix et liberté, liberté des enfants de Dieu…Alors
saint Paul a raison de nous dire, dans son Epître aux
Galates choisie comme Epître de cette messe : «
Nous aussi, mes frères, nous sommes donc, comme Isaac,
les fils de la promesse divine… », les fils d’Abraham.
« Mais le fils de l’esclave naquit selon la chair…Celui
de la femme libre, Isaac, naquit en vertu des promesses divines
»…aujourd’hui accomplies en l’Eglise,
grâce au Christ Seigneur. Oui ! Jésus est vraiment,
Lui et Lui seul, en nous « l’espérance de
la gloire », comme le dit joliment saint Paul. La gloire
du Ciel. Telle est le plus grand des biens divins, la promesse
divine que je trouve en l’Eglise. Oui ! Je la trouve,
cette gloire, aujourd’hui encore en l’Eglise. L’auteur
et le consommateur de cette gloire céleste, je le trouve
aujourd’hui encore en l’Eglise catholique : Notre
Seigneur Jésus-Christ.
« Je fus dans la joie quand
on m’a dit : nous irons dans la maison du Seigneur »,
l’Eglise.
L’Eglise est ainsi le lieu
de « l’abondance » des biens spirituels (Graduel).
C’est le lieu du salut, de la vie éternelle. La
plus belle des choses possédées, à posséder.
Amen !
B- Une guérison miraculeuse à
Lourdes
On lit sur Zenit : l’annonce
d’un e guérison miraculeuse à Lourdes. Réjouissons-nous
! Rendons grâce à Dieu!
ROME, Jeudi 16 mars 2006 (ZENIT.org) –Un cas de guérison
exceptionnelle à Lourdes vient d'être reconnu par
le Comité médical international de Lourdes (CMIL),
a annoncé ce jeudi son co-président, le professeur
François-Bernard Michel (cf. www.lourdes-france.org).
Il s’agit d’une Française,
« qui ne souhaite pas se faire de publicité et
a demandé à conserver l'anonymat », a annoncé
le prof. Michel lors d'une conférence de presse pour
présenter, avec l'évêque de Tarbes et Lourdes,
Mgr Jacques Perrier, une « nouvelle approche des guérisons
à Lourdes ».
Mais il précisait que «
l'autorité épiscopale n'a pas encore franchi le
stade nécessaire pour que la guérison soit reconnue
comme miraculeuse ».
A l’issue de sa réunion
des 27 et 28 novembre à Paris, le Comité Médical
International de Lourdes a en effet rédigé le
communiqué d’information comportant un «
avis de reconnaissance du caractère exceptionnel d’une
guérison en l’état actuel de la connaissance
scientifique ».
Il s’agit « d’une
malade atteinte en 1992 d’un lymphome malin diffus de
la plèvre non hodgkinien de type B, compliqué,
un an plus tard, d’une leucémie aiguë myéloblastique
avec atteinte méningée et névrite optique
traitée par chimiothérapie, mais d’évolution
défavorable et guérie sans séquelles ni
rechute depuis 13 ans, en coïncidence d’une démarche
de foi à Notre-Dame de Lourdes ».
Le même communiqué
signale que les déclarations spontanées de guérison
évaluées durant l’année 2005 sont
au nombre de 40, et « de nature et gravité extrêmement
variable ».
Et en ce qui concerne les «
dossiers en cours d’instruction », au nombre de
5, le bureau indique qu’il s’agit de « déclarations
de personnes affirmant en conscience claire une guérison
survenue dans le contexte de Lourdes, mais dont les critères
scientifiques ne permettent pas d’affirmer encore le caractère
définitif ». Il s’agit de personnes auparavant
atteintes de « myélopathie post-traumatique, maladie
de Crohn gravissime, sclérose en plaques grave, myopathie,
cancer du rein ».
Le comité médical
fait observer à ce propos : « Ici, pourra être
objecté que deux de ces maladies sont souvent dites «
psycho-somatiques ». Le Comité Médical ne
l’ignore pas mais rejette l’objection pour deux
raisons :
- psycho-somatique est une dénomination obsolète
et désuète, car fondée sur la pensée
qu’il existerait des maladies du « corps »,
des maladies de « l’esprit », (notions d’autant
plus usitées qu’indéfinissables !) et des
« mixtes ».
Cette conception est contredite par la connaissance scientifique
actuelle : toute maladie a – évidemment –
des implications psychologiques, mais toute maladie implique
la globalité de l’être humain, « corps
et âme ».
- il s’agissait de formes graves de ces maladies, évoluées
et évolutives, ayant résisté jusqu’alors
aux thérapeutiques lourdes et prolongées réalisées
jusqu’alors ».
C- En l’honneur de Saint Joseph
Lors de l’Angelus du dianche
19 mars, en la fête de saint Joseph, Benoît XVI
a fait ce beau panégyrique de saint Joseph. En voici
le texte intégral
Chers frères et soeurs,
Aujourd’hui, 19 mars, nous
célébrons la solennité de saint Joseph,
mais étant donné que celle-ci tombe le troisième
dimanche du Carême, sa célébration liturgique
est reportée à demain. Cependant, le contexte
marial de l’Angélus nous invite à nous pencher
aujourd’hui avec vénération sur la figure
de l’époux de la Bienheureuse Vierge Marie et Patron
de l’Eglise universelle. Je suis heureux de rappeler que
le bien-aimé Jean-Paul II avait également une
grande dévotion pour saint Joseph à qui il consacra
l’Exhortation apostolique Redemptoris Custos – le
Gardien du Rédempteur, et de l’assistance duquel
il fit certainement l’expérience à l’heure
de sa mort.
La figure de ce grand Saint, même
s’il est resté plutôt caché, revêt
une importance fondamentale dans l’histoire du salut.
Avant tout, appartenant à la tribu de Juda, il relia
Jésus à la descendance davidique, si bien que,
réalisant les promesses concernant le Messie, le Fils
de la Vierge Marie peut vraiment être appelé «
fils de David ». L’Evangile de Matthieu, en particulier,
met en relief les prophéties messianiques qui trouvent
leur accomplissement grâce au rôle de Joseph: la
naissance de Jésus à Bethléem (2, 1-6);
son passage en Egypte, où la sainte famille s’était
réfugiée (2, 13-15); le surnom de « Nazaréen
» (2, 22-23). A l’instar de son épouse, Marie,
il s’est montré en tout cela, un authentique héritier
de la foi d’Abraham: foi dans le Dieu qui conduit les
événements de l’histoire selon son mystérieux
dessein de salut. Sa grandeur, comme celle de Marie, ressort
encore davantage du fait que sa mission se soit accomplie dans
l’humilité et la vie cachée de la maison
de Nazareth. Du reste, Dieu lui-même dans la Personne
de son Fils incarné, a choisi cette voie et ce style
– l’humilité et la vie cachée –
dans son existence terrestre.
L’exemple de saint Joseph
est pour nous tous une puissante invitation à accomplir
avec fidélité, simplicité et modestie,
le rôle que la Providence nous a confié. Je pense
avant tout aux pères et aux mères de famille,
et je prie afin qu’ils sachent toujours apprécier
la beauté d’une vie simple, de travail, en cultivant
avec tendresse la relation conjugale et en accomplissant avec
enthousiasme la grande et difficile mission éducative.
Que saint Joseph obtienne pour les prêtres, qui exercent
la paternité vis à vis des communautés
ecclésiales, d’aimer l’Eglise avec affection
et dévouement total, et qu’il aide les personnes
consacrées à observer, dans la joie et la fidélit,
les conseils évangéliques de pauvreté,
de chasteté et d’obéissance. Qu’il
protège les travailleurs du monde entier, afin qu’ils
contribuent à travers leurs différentes professions,
au progrès de l’humanité tout entière
et qu’il aide chaque chrétien à faire, avec
confiance et avec amour, la volonté de Dieu, en coopérant
ainsi à l’accomplissement de l’œuvre
du salut ».
D- Homelie du Pape pour le 3ème
dimanche de Carême
Chers frères et sœurs,
Nous avons écouté
ensemble une page célèbre et belle du Livre de
l'Exode, celle dans laquelle l'auteur sacré raconte la
remise à Israël du Décalogue de la part de
Dieu. Un détail nous frappe immédiatement: l'énonciation
des dix commandements est introduite par une référence
significative à la libération du peuple d'Israël.
Le texte dit: « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai
fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage
» (Ex 20, 2). Le Décalogue se veut donc une confirmation
de la liberté conquise. En effet, les commandements,
si on les regarde en profondeur, sont le moyen que le Seigneur
nous donne pour défendre notre liberté autant
des conditionnements internes des passions que des abus externes
de personnes malintentionnées. Les « non »
des commandements sont autant de « oui » à
la croissance d'une liberté authentique. Il existe une
deuxième dimension du Décalogue qu'il faut également
souligner : à travers la loi donnée par la main
de Moïse, le Seigneur révèle qu'il souhaite
passer avec Israël un pacte d'alliance. Plus qu'un ordre,
la loi est par conséquent un don. Plus que commander
à l'homme de faire telle ou telle chose, elle veut manifester
à tous le choix de Dieu: il est du côté
du peuple élu; il l'a libéré de l'esclavage
et il l'entoure de sa bonté miséricordieuse. Le
Décalogue est le témoignage d'un amour préférentiel.
La Liturgie d'aujourd'hui nous
offre un deuxième message : la Loi mosaïque a trouvé
son plein accomplissement en Jésus, qui a révélé
la sagesse et l'amour de Dieu à travers le mystère
de la Croix, « scandale pour les Juifs, folie pour les
païens — comme nous l'a dit saint Paul dans la seconde
lecture —, mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient
Juifs ou Grecs, … puissance de Dieu et sagesse de Dieu»
(1 Co 1, 23, 24). C'est précisément à ce
mystère que fait référence la page évangélique
qui vient d'être proclamée : Jésus chasse
du temple les vendeurs et les changeurs. L'évangéliste
fournit la clé de lecture de cet épisode significatif
à travers le verset d'un Psaume: « Car le zèle
de ta maison me dévore » (cf. Ps 69, 10). Jésus
est bien « dévoré » par ce «
zèle » pour la « maison de Dieu »,
utilisée dans des buts différents de ceux auxquels
elle devrait être destinée. Face à la demande
des responsables religieux, qui prétendent un signe de
son autorité, à la stupéfaction des personnes
présentes, il affirme: « Détruisez ce Temple,
et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 19).
Une parole mystérieuse, incompréhensible à
ce moment-là, mais que Jean reformule pour ses lecteurs
chrétiens, en observant : « Mais le Temple dont
il parlait, c'était son corps » (Jn 2, 21). Ce
« temple », ses adversaires allaient le détruire,
mais après trois jours, il l'aurait reconstruit à
travers la résurrection. La douloureuse et « scandaleuse
» mort du Christ allait être couronnée par
le triomphe de sa glorieuse résurrection. Alors qu'en
ce temps de Carême, nous nous préparons à
revivre dans le triduum pascal cet événement central
de notre salut, notre regard est déjà tourné
vers le Crucifié, en entrevoyant en Lui le rayonnement
du Ressuscité.
Chers frères et sœurs,
la célébration eucharistique d'aujourd'hui, qui
unit à la méditation des textes liturgiques du
troisième dimanche de Carême, le souvenir de saint
Joseph, nous offre l'opportunité de considérer,
à la lumière du mystère pascal, un autre
aspect important de l'existence humaine. Je veux parler de la
réalité du travail, placée aujourd'hui
au centre de changements rapides et complexes. La Bible, en
de nombreuses pages, montre que le travail appartient à
la condition originelle de l'homme. Lorsque le Créateur
façonna l'homme à son image et ressemblance, il
l'invita à travailler la terre (cf. Gn 2, 5.6). Ce fut
à cause du péché de nos premiers ancêtres
que le travail devint effort et peine (cf. Gn 3, 6-8), mais
dans le projet divin, il conserve intacte toute sa valeur. Le
Fils de Dieu lui-même, en se faisant en toute chose semblable
à nous, se consacra pendant de nombreuses années
à des activités manuelles, au point d'être
connu comme le « fils du charpentier » (cf. Mt 13,
55). L'Eglise a toujours fait preuve, en particulier au cours
du dernier siècle, d'attention et de sollicitude pour
cette dimension de la société, ainsi qu'en témoignent
les nombreuses interventions sociales du Magistère et
l'action de multiples associations d'inspiration chrétienne
dont certaines sont venues ici aujourd'hui représenter
le monde des travailleurs dans son ensemble. Je suis heureux
de vous accueillir, chers amis, et je présente à
chacun de vous mon salut cordial. J'adresse une pensée
particulière à Mgr Arrigo Miglio, évêque
d'Ivrea et président de la Commission épiscopale
italienne pour les Problèmes sociaux et le Travail, la
Justice et la Paix, qui s'est fait l'interprète des sentiments
communs et m'a adressé de courtoises paroles de vœux
pour ma fête. Je lui en suis vivement reconnaissant.
Le travail revêt une importance
primordiale pour la réalisation de l'homme et pour le
développement de la société, et c'est pourquoi
il faut qu'il soit toujours organisé et accompli dans
le plein respect de la dignité humaine et au service
du bien commun. Dans le même temps, il est indispensable
que l'homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu'il
ne l'idolâtre pas, en prétendant trouver en celui-ci
le sens ultime et définitif de la vie. A ce propos, l'invitation
contenue dans la première Lecture est tout à fait
riche de sens : « Tu feras du sabbat un mémorial,
un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu
feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le
jour du repos, sabbat en l'honneur du Seigneur ton Dieu »
(Ex 20, 8-9). Le sabbat est le jour sanctifié, c'est-à-dire
consacré à Dieu, au cours duquel l'homme comprend
mieux le sens de son existence comme de son activité
professionnelle. L'on peut par conséquent affirmer que
l'enseignement biblique sur le travail trouve son couronnement
dans le commandement du repos. Le Compendium de la doctrine
sociale de l'Eglise souligne justement à ce propos que
: « A l'homme, lié à la nécessité
du travail, le repos ouvre la perspective d'une liberté
plus complète, celle du sabbat éternel (cf. He
4, 9-10). Le repos permet aux hommes de rappeler et de revivre
les œuvres de Dieu, depuis la Création jusqu’à
la Rédemption, de se reconnaître eux-mêmes
comme Son œuvre (cf. Ep 2, 10), de lui rendre grâce
de leur vie et de leur subsistance, car il en est l'auteur »
(n. 258).
L'activité professionnelle
doit servir au vrai bien de l'humanité, en permettant
« à l'homme, considéré comme individu
ou comme membre de la société, de s'épanouir
selon la plénitude de sa vocation » (Gaudium et
spes, n. 35). Pour que cela advienne, la qualification technique
et professionnelle, même si elle est nécessaire,
ne suffit pas ; la création d'un ordre social juste et
attentif au bien de tous n'est pas non plus suffisante. Il faut
vivre une spiritualité qui aide les chrétiens
à se sanctifier à travers le travail, en imitant
saint Joseph qui, chaque jour, a dû pourvoir aux besoins
de la Sainte Famille de ses propres mains et que, pour cette
raison, l'Eglise indique comme patron des travailleurs. Son
témoignage montre que l'homme est le sujet et l'acteur
du travail. Je voudrais lui confier les jeunes qui, avec difficulté,
parviennent à s'insérer dans le monde du travail,
les chômeurs et ceux qui souffrent des problèmes
dus à l'importante crise de l'emploi. Qu'avec Marie,
son Epouse, saint Joseph veille sur tous les travailleurs et
obtienne pour les familles et pour toute l'humanité,
sérénité et paix. Qu'en tournant le regard
vers ce grand saint, les chrétiens apprennent à
témoigner dans tous les milieux professionnels de l'amour
du Christ, source de solidarité véritable et de
paix stable. Amen !