Paroisse
catholique Saint Michel
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Du 10 au 16 avril 2006 Dimanche de Pâques |
« Victimae paschali laudes Le liturgie de la nuit pascal, de la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ et, à l’aube, de sa résurrection, est si riche que l’on ne sait où porter son regard, même plus, où laisser son regard pour méditer toutes ces richesses liturgiques. Serions-nous un peu comme l’abeille qui passe de fleur en fleur sans y demeurer…Resterons-nous sur la nuit pascal…Méditerons-nous sur le cierge pascal, symbole du Christ…Resterons-nous à méditer les inscriptions mises par le prêtre, solennellement, sur le cierge pascal au début de la veillée : « Christus hieri et hodie, Principium et Finis. Alpha et Omega ». Ces acclamations, avouez, auraient de quoi retenir notre regard contemplatif et admiratif…Resterons nous au contraire à méditer la lumière du Christ si joliment symbolisée, par la flamme du cierge qui, dans la nuit, éclaira les ténèbres : « Lumen Christi gloriose resurgentis, Dissipet tenebras cordis et mentis »…Nous le pourrions, l’idée est tellement belle… Nous pourrions, aussi, il est vrai, méditer le très beau chant de l’ « Exultet ». Que de beautés ! Que de belles acclamations ! Quelle belle foi bien exprimée au mystère de la rédemption : « Voici la nuit où, brisant les chaînes de la mort, le Christ surgit en vainqueur du funèbre séjour…O admirable compassion de votre bonté envers nous. O admirable tendresse de votre amour ! Pour racheter l’esclave vous avez livré le Fils »…Nous retrouvons là tout l’enseignement de la parabole, si riche d’enseignements, des vignerons homicides…Ne croyez-vous pas que tout cela pourrait largement retenir notre regard contemplatif…Et toutes les lectures de la nuit pascale…Ne pensez-vous pas que nous pourrions y demeurer des heures…Et toute la magnifique prière de la bénédiction de l’eau baptismale… Oui ! Vraiment, en ces jours, il y a comme trop de richesses à contempler, trop de belles choses à voir…On ne sait vraiment où reposer ses yeux. Il faut choisir…Il faut, je dirais malheureusement, choisir… Aussi m’arrêterai-je, cette année, sur la séquence de la messe de la résurrection, sur le « Victimae pascali laudes ». « Victimae pascali laudes
». Que de mon cœur montent les louanges dues à la victime sainte, à la victime pascale…au Christ, à Celui qui s’est immolé librement, parce qu’il l’a voulu… « Oblatus est Christus quia ipse voluit »…Louanges de mon cœur à Celui qui a souffert la Passion, qui a souffert dans son sacrifice pour mon rachat, pour ma rédemption, pour ma gloire, pour m’obtenir la béatitude éternelle…Pourrais-je rester, à cet instant, le cœur sec, sans reconnaissance, indifférent, occupé à moi-même, replié sur moi-même… ? Non ! Mon cœur doit chanter les louanges à ce Dieu de miséricorde, à ce Dieu de bonté….qui s’est immolé en ces jours de douleurs…Mon cœur doit penser à cette victime pascale…, à cette nuit, bienheureuse en vérité… « où se joignent les choses du Ciel à celles de la terre, celles de l’homme à celles de Dieu ». « O admirable compassion de votre bonté envers nous ! O admirable tendresse de votre amour ! Pour racheter l’esclave vous avez livré le Fils ». Tel est mon chant. Tel est mon chant intérieur. Telles sont mes louanges….toutes à l’honneur du Fils de Dieu, sainte Victime ressuscitée. « Immolent christiani » Tel est le chant des chrétiens en ce jour de Pâques…Tel est leur sacrifice, leur immolation… leurs actions de grâces. C’est aussi, de fait, le sens du sacrifice, une action de louange…un chant de gloire…une eucharistie…. Leurs chants expriment véritablement l’immolation de leurs cœurs. Ils sont tous occupés à la louange de la sainte Victime pascale. « Agnus redemit oves » L’Agneau sauve, rachète,
paye le prix pour le rachat des brebis, des captifs, des esclaves. « Christus innocens Patri reconciliavit peccatores ». « Reconciliavit »… La réconciliation : c’est le fruit de cette grande œuvre. Elle est rédemptrice. C’est le fruit de cette Pâques, de ce passage de la mort à la vie…de cette nuit pascale. Cette nuit, cette passion, cette mort, les souffrances de ce Christ sont une « rédemption », sont une libération de l’esclave. Cette œuvre est une réconciliation entre le ciel et la terre, entre les choses divines et les choses humaines. Souvenez-vous de l’enseignement de saint Paul aux Ephésiens. C’est le jour où jamais de relire son texte fameux, sublime qui nous donne le sens de la vie, de notre vie mortelle…Mortelle, certes. Mais sublime…Sublime ! Oui ! Car, par grâce, par pure bonté, par pure bienveillance, nous sommes sauvés…Oui ! Souvenons-nous au sujet de ce verset : « Agnus redemit oves. Christus reconciliavit Patri peccatores… » Souvenons-nous de ce beau passage de l’Epître de saint Paul aux Ephésiens…Cet enseignement est aussi pour nous. Il nous permet, vous dis-je, de comprendre le sens de notre vie : « Et vous, vous étiez
morts par vos offenses et vos péchés dans lesquels
vous marchiez autrefois selon le train de ce monde…Nous
tous aussi nous étions autrefois de ce nombre…
Nous étions par nature enfants de colère comme
les autres. Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à
cause du grand amour dont il nous a aimé et alors que
nous étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants
avec le Christ (C’est par grâce que vous êtes
sauvés)… « Agnus redemit oves. Christus innocens
Patri reconciliavit peccatores »… « Il nous
a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble
dans les cieux en Jésus-Christ afin de montrer dans les
siècles avenir l’infinie richesse de sa grâce
par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. Car
c’est par grâce que vous êtes sauvés,
par le moyen de la foi ; et cela ne vient pas de nous, c’est
le don de Dieu. Nous sommes (alors) son ouvrage » …
« Agnus redemit oves ». Ah ! Comme l’Eglise, en nous
faisant chanter aujourd’hui le « Agnus redemit oves.
Christus innocens Patri reconciliavit peccatores », a
le sens des Ecritures et connaît le mystère de
Dieu, de sa rédemption et de ses fruits… «
Reconciliavit peccatores… » à tel point,
poursuit saint Paul, que « nous sommes concitoyens des
saints, faisant partie de la maison de Dieu ». Cette œuvre de réconciliation, d’union et de paix est le fruit de cette nuit pascal, de cette mort et de cette vie qui furent en conflit… « Mors et vita duello conflixere mirando… » « Conflixere » veut dire « heurter, choquer, opposer, combattre, en venir aux mains ». Oh Oui ! Quel conflit, en cette nuit…en cette passion ! Quel choque ! Quel heurt ! Quel combat, un combat mortel…un combat sanglant. Toutes deux, la vie et la mort, en vinrent aux mains…le sang coula en cette Passion…Mais c’est la vie qui l’emporta…Parce que Celui qui mena cette lutte est le principe même de Vie, Il a la vie en lui-même. Il est la Vie…Il terrassa alors la mort…mais quel duel… ! « O Mort où est ta victoire » pourra s’exclamer saint Paul… « Dux vitae mortuus regnat
vivus ». Et les témoins de cette vie ressuscitée, de ce « Dux vitae », hier mort mais aujourd’hui vivant….sont nombreux. C’est d’abord Marie, Marie Madeleine. « Dic nobis Maria quid vidisti
in via ». Elle est le témoin oculaire. « Angelicos testes, sudarium et vestes » Mais Marie n’est pas le seul
témoin de la résurrection…Il y a aussi les
anges, ses témoins fidèles, « testes ».
Il y a le suaire, Il y a les linges. Marie donc courut et « vint trouver Pierre et l’autre disciple que Jésus aimait et leur dit …Pierre sortit avec l’autre disciple et allèrent au sépulcre. Ils couraient tous deux, mais l’autre courut plus vite que Pierre et arriva le premier au sépulcre. Et s’étant penché, il vit les linceuls posés à terre ; mais il n’entra pas. Simon Pierre qui le suivait, arriva à son tour et entra dans le sépulcre. Il vit les linges posés à terre et le suaire qui couvrait la tête de Jésus, non pas avec les linges mais roulé en un lieu à part. Alors l’autre disciple qui était arrivé le premier au sépulcre entra aussi ; et il vit et il crut… » Il crut…Car l’état dans lequel il trouva le suaire et les linges n’indiquait pas qu’on eut enlevé le corps….Ergo. Aussi les témoins de cette résurrection sont bien les femmes, les disciples, les anges, les linges et le suaire. Notre séquence nous le dit aussi : « Angelicos testes, sudarium et vestes ». « Surrexit Christus spes
mea. Praecedet vos in Galileam »
C’est merveilleux. Retenez ce « surrexit Christus spes mea ». C’est tout le mystère du Christ. C’est l’affirmation
qu’il est notre seule espérance parce qu’il
est notre seul sauveur. Il fallait qu’il connaisse la
souffrance conformément aux Ecritures…et la mort…pour
satisfaire surabondamment à la justice divine…en
raison de nos offenses. Et par cette satisfaction, il nous a
mérité la béatitude éternelle. Béatitude
qui est mon étoile, mon guide, la raison de ma vie. Gagner
le ciel en suivant l’Etoile, la Lumière, sa Loi,
sa Volonté. Voilà toute ma vie. Je sais en qui
j’ai mis mon espérance et ma raison d’être
: le Christ, le triomphateur. Il a triomphé de la mort
par sa puissance toute divine…Il l’a pu. Il est
Dieu. Il est un Dieu d’amour. Scimus Christum surrexisse a mortuis vere ».
A l’issue de leur assemblée plénière de « printemps », les évêques de France ont publié un texte intitulé : « Les conclusions de notre assemblée plénière », sous la signature du cardinal Ricard, président de la Conférence des évêques de France. Ce texte est très important. - Le paragraphe 2 concerne les « traditionalistes » dans toutes leurs diversités. Une vraie mosaïque - . Il est l’expression d’une volonté. A l’égard des « groupes traditionalistes », nos évêques déclarent vouloir travailler à « l’accueil des groupes « traditionalistes » au sein de nos diocèses ». Nous en prenons note avec satisfaction. A l’égard de Rome, il est une protestation de docilité…mais aussi d‘autorité pour ne pas dire d’indépendance… Nos évêques n’entendent pas se laisser déposséder par les bureaux romains du règlement de cette affaire. Jusque ce jour, ils voulaient l’ignorer et avec quelle dureté… Mais, les choses sont telles aujourd’hui, - le nombre des traditionalistes augmentant et surtout le Pape Benoît XVI aujourd’hui régnant…Les donnes changent- qu’il faut faire avec…Bon gré mal gré. Ils ne veulent surtout pas de la solution romaine qui se chuchote de plus en plus depuis le nouveau pontificat de Benoît XVI : un solution canonique rattachant directement ces « groupes » à Rome…un peu comme la solution de Campos au Brésil avec la création de l’Administration Apostolique Saint Jean Marie Vianney. Ils le disent franchement : « Nous sommes prêts, comme évêques, à nous engager dans ce vrai travail de communion. C’est pourquoi la mise en place d’une structure juridique qui risquerait de distendre les liens de ces fidèles avec leur pleine appartenance à leur Eglise diocésaine ne nous paraît pas opportune ». Se voir dépouillé de la solution du problème les tracasse…Enfin…Il est grand temps que des solution soient proposées. Rome allait le faire…devant l’hostilité constante et opiniâtre des évêques, surtout français. Les évêques français réagissent…La crainte est le commencement de la sagesse. Que va faire le Saint-Siège ? Va-t-il attendre, pour la France, la solution épiscopale… Nous revoilà reportés au-delà de novembre prochain. Va-t-il passer outre ? C’est peu probable. Va-t-il influencer discrètement la solution ? J’ai commenté le §2
de ce texte. Cliquez
ici. Quoi qu’il en soit, nous
sommes proche d’un règlement. On parle même
d’un texte de Benoît XVI pour le Jeudi Saint ? Je ferai suivre ce texte du commentaire de Remi Fontaine dans Présent de mardi et de mercredi, 11 et 12 avril 2006. Vous trouverez aussi le texte d’une
réflexion « libre » de M l’abbé
Barthe publié dans Présent du 12 avril 2006 sur
le devenir de la réforme liturgique de Paul VI. Ce texte
est très a propos. C’est une opinion qu’il
faut connaître. Lourdes - Vendredi 7 avril 2006
Une question a été reposée dans notre Assemblée, celle de faire de l’Assemblée de printemps une Assemblée où pourraient avoir lieu les élections aux différentes charges de notre Conférence. La prise de responsabilité en début d’année pastorale en serait facilitée. Cela impliquerait sans doute que nous transférions en avril le type d’Assemblée que nous avons au mois de novembre (avec la présence des évêques des DOM et des TOM, des autres évêques invités, des directeurs des services nationaux et de la presse). L’Assemblée de printemps serait un peu plus longue et celle de novembre plus brève, et à huis clos comme celle-ci. Cette hypothèse va être étudiée et, si les conditions sont réunies pour la valider, elle vous sera proposée au vote en novembre prochain. Nous avons fourni au cours de cette Assemblée un travail important. 1) L’achèvement de la réforme des structures de notre Conférence Tout d’abord, nous avons mené à bien le dernier volet de la réforme des structures de notre Conférence. Celle-ci a été une œuvre de longue haleine et certains ont pu se demander en cours de route si nous aboutirions. Avec plaisir nous en voyons aujourd’hui le terme. Un des signes symboliques de l’achèvement de ce travail a été hier le vote des statuts et du règlement intérieur de notre Conférence. Ils ont été adoptés. Nous pouvons donc présenter désormais le texte de ces nouveaux statuts à la Congrégation des Evêques pour approbation. Au cours de cette Assemblée, nous devions parler des services nationaux. Il s’agissait de préciser à ces services la teneur de la mission que nous leur confions dans le contexte actuel de la vie et de la mission de l’Eglise en France. Ces services nationaux nous sont indispensables à bien des égards et nous remercions ceux et celles qui en assurent la direction et l’animation. Evêques diocésains, nous faisons appel à eux pour qu’ils nous fournissent des études, des documents, des avis autorisés en des domaines spécialisés. Souvent ils nous aident pour la formation de nos équipes diocésaines et, à notre demande encore, ils apportent leur concours à des initiatives pastorales locales. Au plan national ils assument un certain nombre de tâches qui facilitent l’exercice de notre commune responsabilité. Depuis le mois de novembre un important travail s’est réalisé sous la responsabilité des présidents de commissions épiscopales et de conseils. Cela nous a permis de mettre la dernière main aux lettres de mission de ces services nationaux. Quelques fonctionnements méritent d’être encore précisés mais l’essentiel du travail est fait. Il est heureux que cette étape soit franchie. Car c’est bien la mission qui est première. Chacun va pouvoir s’y consacrer en toute sérénité. Le regroupement de beaucoup de ces services dans la Maison de la Conférence, avenue de Breteuil, facilitera les concertations et les collaborations. Nous avons souhaité ce regroupement tant la synergie dans le travail de ces services nous paraît importante et nécessaire. Le sentiment d’œuvrer à une mission commune en sera renforcé. Ce regroupement – nous le voyons bien – entraîne un lourd travail pour tous ceux qui y sont plus directement impliqués, salariés et bénévoles. Qu’il me soit permis de leur exprimer ce matin notre reconnaissance. Au cours de notre Assemblée, nous avons eu une information sur l’état des chantiers des groupes de travail que nous avons demandé de mettre en œuvre au Comité Etudes et Projets. Ils nous fourniront sur les thèmes retenus (Enseignement catholique, anthropologie fondamentale, vie et ministère des prêtres aujourd’hui dans les communautés chrétiennes) des éléments de réflexion et de travail dans les mois qui viennent ou lors de notre prochaine Assemblée de novembre. 2) L’accueil des groupes « traditionalistes » au sein de nos diocèses Nous avons voulu faire le point sur l’accueil et la place des groupes « traditionalistes » dans nos diocèses. Dans son motu proprio Ecclesia Dei adflicta de 1988, le pape Jean-Paul II demandait aux évêques de répondre « largement et généreusement » aux demandes de fidèles et de groupes de fidèles souhaitant une célébration de la messe selon le missel de 1962, appelée plus communément « messe de saint Pie V ». Or, depuis plus de 15 ans, la situation a beaucoup évolué. Des demandes nouvelles sont apparues, des sociétés de prêtres nouvelles se sont présentées pour se mettre au service de ces groupes, des jeunes sont entrés dans leurs séminaires, des écoles privées prises en charge directement par des parents se sont créées. Chaque évêque a du faire face pastoralement à cette situation en constante évolution. Notre échange a montré que beaucoup portaient la préoccupation de bien articuler l’accueil de la diversité avec la sauvegarde de l’unité de l’Eglise diocésaine : comment reconnaître la place dans l’Eglise d’une diversité de sensibilités liturgiques et d’animations ecclésiales, sans pour autant contribuer à faire naître des Eglises parallèles qui n’auraient pas de liens entre elles ? Nous sentons qu’il y a là un enjeu ecclésiologique et pastoral important. Nous sommes prêts, comme évêques, à nous engager dans ce vrai travail de communion. C’est pourquoi la mise en place d’une structure juridique qui risquerait de distendre les liens de ces fidèles avec leur pleine appartenance à leur Eglise diocésaine ne nous paraît pas opportune. Nous avons émis le désir de poursuivre notre réflexion et de chercher quel pourrait être, au niveau de notre Conférence, le cadre général et les points de recommandation qu’il serait bon de retenir pour cet accueil des groupes traditionalistes. Pour donner une suite à cette réflexion, le Conseil permanent a demandé à un petit groupe de travail de présenter à notre Assemblée du mois de novembre un texte sur cette question. La question des relations avec la Fraternité Saint Pie X mérite un traitement particulier. Nous savons que le pape Benoît XVI en porte le souci. Dans les semaines ou les mois qui viennent, il devrait donner des directives pour faciliter le chemin vers un retour possible à une pleine communion. Nous les accueillerons dans la foi et les mettrons en œuvre fidèlement. Evangéliquement, tout doit être fait pour que se réalise la parole du Seigneur : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21). Cette communion doit être recherchée dans la charité et la vérité. La charité implique qu’on cherche à se connaître, à se comprendre, à faire disparaître les images fausses que l’on peut avoir les uns des autres. Elle implique également l’abandon de toute polémique systématique et de toute volonté de confrontation sur le terrain. La vérité implique qu’on soit au clair sur nos points de dissension. Ceux-ci portent moins d’ailleurs sur les questions de liturgie que sur celle de l’accueil du magistère, tout particulièrement de celui du concile Vatican II et des papes de ces dernières décennies. La communion peut s’accompagner de questions, de demandes de précision ou d’approfondissement. Elle ne saurait tolérer un refus systématique du Concile, une critique de son enseignement et un dénigrement de la réforme liturgique que le Concile a décrétée. Certes, des abus ont pu voir le jour dans les années qui ont suivi le Concile ; certains ont pu se réclamer d’un « esprit du Concile » qui n’avait pas grand chose à voir avec lui, comme l’a souligné le pape Benoît XVI dans son discours à la Curie du 22 décembre dernier. Mais il ne faut pas oublier tous ces prêtres, religieux, religieuses et laïcs, qui ont mis en œuvre, avec sagesse et sens apostolique, les réformes conciliaires et ont contribué à la réception en profondeur du Concile dans l’Eglise. Il est important de leur dire aujourd’hui toute notre reconnaissance. 3) Le malaise de la jeunesse comme révélateur d’une crise profonde de notre société Nous avions prévu de revenir lors de cette Assemblée sur « les violences urbaines » pour réfléchir sur qu’elles exprimaient de notre société, de ses problèmes, de l’échec d’un modèle d’intégration. Les événements liés à la loi sur le « Contrat Première Embauche » (CPE) ont légèrement déplacé notre réflexion. Ils ne l’ont pas pour autant rendu caduque. Car, c’est bien la même interrogation qui rebondit aujourd’hui avec plus de force encore : à travers ces événements que percevons-nous comme crise profonde de notre société ? Notre pays se trouve, une fois encore, secoué par une crise sociale et politique de grande ampleur. En octobre et novembre derniers, c’étaient les « violences urbaines », expression de la souffrance de jeunes, en grande partie issus de l’immigration, en mal de formation et d’avenir, qui exprimaient leur refus de la discrimination et de la marginalisation. Aujourd’hui, à travers la contestation du CPE, c’est, de nouveau, la souffrance de la jeunesse qui s’exprime, mais cette fois dans le domaine des études et de l’entrée dans le monde du travail. Nous ne pouvons pas ne pas entendre cette souffrance des jeunes, cette angoisse face à leur avenir. Au-delà du jugement technique que les uns et les autres peuvent porter sur un tel contrat de travail ou sur son efficacité supposée quant à l’emploi des jeunes, c’est bien sur sa portée symbolique que les critiques se concentrent : la perception, à tort ou à raison, d’une discrimination négative. Un certain nombre de jeunes savent désormais que, par-delà la difficulté à trouver un travail stable, ils ne pourront pas bénéficier d’un niveau de vie comparable à celui de leurs parents. Cette contestation manifeste aussi fortement la crise du politique et de la représentativité. Les divisions de la classe politique et les postures, qui apparaissent trop souvent comme un jeu d’acteurs en vue des échéances électorales à venir, accentuent son discrédit. Au-delà des prises de position des uns et des autres, comment se trouve pris en compte l’intérêt général ? Seule une telle prise en compte devrait permettre à notre pays de faire les réformes qui s’avèreront inéluctables dans les années qui viennent. C’est tout l’enjeu de la détermination par le plus grand nombre d’un bien commun pour la cohésion de notre société. Il n’en reste pas moins que le moment de tension que nous vivons exprime une anxiété majeure face à l’avenir, l’angoisse d’une classe d’âge qui traverse toutes les classes sociales. Cette anxiété est sans doute en partie le fruit d’une forme d’éducation et de l’exacerbation du modèle de la société de consommation, alors que les évolutions technologiques et la mondialisation économique bouleversent les schémas d’activité et fragilisent l’organisation du travail. Mais ce malaise touche plus profondément les raisons de vivre. Une espérance qui donne le goût d’exister ne peut se réduire à la seule recherche de sécurité. Affirmer le contraire serait entretenir une illusion. La question radicale est de savoir à quoi nous accordons le plus de prix, qu’est-ce qui peut permettre une authentique maîtrise de notre vie, le développement des capacités de chacun, qu’est-ce qui peut nous conduire, au-delà de tous les faux-semblants, sur un chemin de bonheur véritable ? Il est grand temps que notre société se donne les moyens de mettre en œuvre cette réflexion, dans une perspective européenne, ouverte sur toutes nos solidarités internationales. Cela ne peut se faire sans donner la parole, sans échange. L’Eglise, dans le plein respect de la laïcité, est prête, pour sa part, à y contribuer. Notre Assemblée s’achève. Nous allons regagner nos diocèses pour entrer dans la grande Semaine sainte. Nous allons suivre le Christ dans son mystère pascal. N’oublions pas que c’est lui, le Ressuscité, qui combat toute fatalité, ouvre l’avenir qui paraissait bouché et fait surgir la flamme de l’espérance. Repartons témoins de cette espérance auprès de tous. Bonne fête de Pâques ! + Jean-Pierre Cardinal RICARD 2- Commentaire de Rémi Fontaine A dans Présent du 11 avril 2006 « La place des « traditionalistes » Tandis que s’achevait le
7 avril la Conférence des évêques de France,
où a été notamment abordée la question
de « l’accueil et la place des “groupes traditionalistes”
dans les diocèses », se tenait la deuxième
réunion des chefs de dicastères de la Curie romaine
autour de Benoît XVI sur la restauration possible de la
pleine communion avec la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX).
La première avait eu lieu le 13 février. Le cardinal
Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation
pour le clergé et président de la Commission Ecclesia
Dei, avait déjà résumé les conclusions
de la réunion des cardinaux du 23 mars en affirmant que
l’Eglise « attend à bras ouverts »
les disciples de Mgr Lefebvre. « Nous étudions
maintenant le meilleur moyen », avait-il ajouté
en réponse à une question sur la possibilité
d’accorder seulement une « prélature »
dépendant du Pape. De son côté, le cardinal
Ricard, président de la Conférence des évêques
de France, confirme (dans son discours de clôture de Lourdes)
que « dans les semaines ou les mois qui viennent, [le
Pape] devrait donner des directives pour faciliter le chemin
vers un retour possible à une pleine communion »
(avec la FSSPX). « Nous les accueillerons dans la foi
et les mettrons en œuvre fidèlement », précise
t-il. Non sans émettre quelques réserves à
cette bonne volonté, tant pour l’accueil de la
FSSPX (qui « mérite un traitement particulier »)
que des communautés dites inadéquatement Ecclesia
Dei (Présent du 7 avril). Par exemple : « La vérité
implique qu’on soit au clair sur nos points de dissension.
Ceux-ci portent moins d’ailleurs sur les questions de
liturgie que sur celle de l’accueil du magistère,
tout particulièrement de celui du concile Vatican II
et des papes de ces dernières décennies. La communion
peut s’accompagner de questions, de demandes de précision
ou d’approfondissement. Elle ne saurait tolérer
un refus systématique du Concile, une critique de son
enseignement et un dénigrement de la réforme liturgique
que le Concile a décrétée. » RÉMI FONTAINE b- dans Présent du 12 avril 2006 La place des « traditionalistes » (2) Les « traditionalistes », combien de divisions ? C’est la question (largement insuffisante sinon inadéquate) qui a été notamment posée à la Conférence des évêques de France (du 4 au 7 avril) dont l’ordre du jour comprenait « l’accueil et la place des “groupes traditionalistes” dans les diocèses de France » (Présent d’hier). Dans sa lettre d’informations
religieuses Aletheia (16, rue du Berry, 36250 Niherne), Yves
Chiron révèle qu’à la demande du
cardinal Ricard, l’association Oremus, dirigée
par Loïc Mérian, animateur également du Centre
international d’études liturgiques (Ciel), avait
envoyé à tous les évêques une Etude
statistique sur le nombre de fidèles “traditionalistes”
dans les diocèses français. En s’efforçant
d’être exhaustive, et en prenant les précautions
d’usage RÉMI FONTAINE PS : Au moment où le Saint-Père
s’apprête à publier un Motu proprio sur le
rite de la messe, selon La Croix du 7 avril (peut-être
ce Jeudi saint, selon Aletheia), l’abbé Claude
Barthe (conseiller religieux de la revue Catholica) rappelle
« De deux messes l’une » La libéralisation espérée
de la messe tridentine, quels que soient ses limites et les
attendus qui l’accompagneront sans doute (« l’identité
intime » de l’ancien et du nouveau missel) confirmera,
de facto, que la messe de Paul VI ne se prévaut pas à
proprement parler du statut de lex orandi. Ceci importe au plus
haut point dans la considération de la fin à poursuivre
: la restauration des choses liturgiques. Tout le monde connaît
l’adage : lex orandi, lex credendi, qui rappelle que le
culte divin est un vecteur privilégié de la profession
de foi. Or, depuis quarante ans, la réforme est contestée,
dans sa capacité à exprimer la foi. A l’origine
de la critique « dure », le Bref examen critique
des cardinaux Ottaviani et Bacci s’alarmait de l’éloignement
« impressionnant » de la doctrine émanant
du nouveau missel par rapport à celle exprimée
par le concile de Trente. Ce que j’ai traduit par le terme
de profanation, au sens de pénétration, bien évidemment
pas totale, du profane dans le culte. Profanation : par la refabrication
de rites où le subjectif de la célébration
du groupe centré sur lui-même s’impose ;
par un abandon de l’hiératisme rituel, de la langue
sacrée, de la prière « vers le Seigneur
», de l’adoration exprimée par la gestuelle
et le silence. Il est patent qu’on a procédé
à une atténuation de ce que le monde actuel n’entend
plus : la valeur de la messe comme sacrifice pour les péchés,
la présence réelle du Christ, la hiérarchie
sacerdotale exprimant l’action du Christ-Tête. Mais
en même temps, s’est développée une
autre forme de nonréception, que l’on pourrait
qualifier de critique « douce ». Lors du Katholikentag
de 1966, le professeur Ratzinger avait prononcé un discours
très critique vis-à-vis de la réforme en
préparation. De même, le P. Louis Bouyer était
très vite entré en opposition. Et bien d’autres
encore, dont le flot s’est grossi ces dernières
années (Nicola Giampietro publiant les mémoires
du cardinal Antonelli, Forum, 2004 ; le P. Aidan Nichols, dans
Liturgie et modernité, Ad Solem, 1998 ; etc.). Tous se
retrouvant derrière celui qui est devenu Benoît
XVI et n’a cessé d’affirmer que la réforme
« de Bugnini » n’était pas dans la
ligne de l’harmonieuse évolution qu’exprimaient
les réformes de Pie XII. Qui plus est, selon lui, la
manière « révolutionnaire » de la
réforme de Paul VI, a fait que la liturgie antérieure
ne pouvait être considérée comme abrogée.
Par conséquent, la réforme n’ayant pas donné
les fruits que l’on en espérait, il fallait, en
douceur et avec patience, procéder à une «
réforme de la réforme ». Abbé Claude Barthe
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