A- Homélie dans l’Octave de la Pentecôte.
Venez, Esprit Saint, remplissez le cœur
de vos fidèles
et
Allumez en eux le feu de votre amour.
C’est le texte du deuxième
« alléluia » de la messe du dimanche de la
Pentecôte. Il fera l’objet de notre méditation
en cette octave de la fête de la Pentecôte.
Quelle belle supplique !
« Allumez le feu de votre
amour »…..
C’est là tout notre
évangile !
C’est là tout l’enseignement de NSJC !
C’est le rappel incessant de l’Eglise ! Souvenez-vous
de la première encyclique de Benoît XVI portant
sur le thème de la charité et ayant pour titre
: « Deus caritas est ».
C’est là la vie de l’Eglise catholique. A
Antioche, dans les premiers temps de l’Eglise, les chrétiens
se reconnaissaient à leur charité fraternelle.
« Voyez comme ils s’aiment ».
C’est là la vertu
que j’aime plus particulièrement. J’aime
contempler Dieu dans sa charité.
Elle fut particulièrement
aimée de Mgr Lefebvre. Il prit même cette vertu
comme idéal de son épiscopat. « Credidimus
caritati » fut sur ses armoiries épiscopales.
Nous voulons continuer cet idéal.
Nous voulons vivre de cette charité divine. Nous voulons
aimer cette charité divine.
C’est ainsi que nous contemplons
Dieu…. « Dieu est charité » nous dit
saint Jean….Et c’est cette charité infinie
qui permet d’expliquer la Trinité des Personnes
divines : le Père, le Fils, le Saint-Esprit et l’égalité
des Personnes. Le Fils est l’égal du Père
comme le Saint Esprit est l’égal du Père,
comme il est l’égal du Fils parce que le Père,
qui est charité, donne tout ce qu’Il est et ne
garde rien jalousement pour Lui. La Fils ainsi a même
éternité, même puissance, même bonté…
Et parce que Dieu est charité
« ad intra », en Lui-même, il ne peut pas
ne pas l’être « ad extra », dans ses
œuvres. Alors toutes ses œuvres, la création,
l’Incarnation, la Rédemption, la grâce sanctifiante….
Toutes ces œuvres disent et chantent la charité
de Dieu, sa charité pour nous.
Dieu se révèle dans ses œuvres comme charité,
comme le « Père des miséricordes et le Dieu
de toute consolation »… comme le « Dieu de
la Charité ». Ce sont des affirmations de saint
Paul dans sa deuxième épître aux Corinthiens.
C’est de la même manière
que saint Jean contemple le mystère de l’Incarnation
en son chapitre 3 de son Evangile. « Dieu a tellement
aimé le monde qu’il envoya son Fils unique afin
que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la
vie éternelle ». (Jn 3 16) Pour saint Jean, il
est clair que le principe, la cause efficiente de l’Incarnation,
c’est la charité de Dieu. Dès lors, l’Incarnation
est le mystère où éclate la charité
de Dieu. Elle en est comme l’épiphanie. Mais la
charité est aussi la cause finale de ce mystère
de l’Incarnation. : à savoir la vie éternelle
donnée, le plus beau des biens que Dieu puisse donner
: Lui-même comme objet d’amour possédé
éternellement. L’amour de Dieu est un amour bienfaisant,
un amour gratuit.
Telle est la foi essentielle de
l’Eglise.
Benoît XVI le rappelait tout
récemment, la veille de la Pentecôte aux «
communautés nouvelles » : « Dans le Christ
se rencontrent la beauté de la vérité et
la beauté de l'amour; mais l'amour, on le sait, implique
également la disponibilité à souffrir,
une disponibilité qui peut aller jusqu'au don de la vie
pour ceux que l'on aime (cf. Jn 15, 13)! Le Christ, qui est
« la beauté de toute beauté » (cf.
Jn 15, 13) comme avait l'habitude de le dire saint Bonaventure
(Sermones dominicales, 1, 7), se rend présent dans le
cœur de l'homme et l'attire vers sa vocation qui est l'amour.
C'est grâce à cette extraordinaire force d'attraction
que la raison est tirée de sa torpeur et ouverte au Mystère.
C'est ainsi que se révèle la beauté suprême
de l'amour miséricordieux de Dieu et, dans le même
temps, la beauté de l'homme qui, créé à
l'image de Dieu, est régénéré par
la grâce et destiné à la gloire éternelle
»
Oui ! Notre foi est d’abord
une certitude de la charité objective de Dieu à
notre égard. Saint Jean le dit clairement : « Nous,
nous avons connu l’amour de charité que Dieu a
au milieu de nous et nous y avons cru : Dieu est amour de charité
; et celui qui demeure dans cet amour, demeure en Dieu et Dieu
demeure en lui ». (I Jn 4 16)
Saint Paul enseigne équivalemment
: « Je vis de la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé
et s’est livré lui-même pour moi »
(Gal 2 20)
Voilà le secret des Apôtres
Voilà le secret de l’Eglise : la foi en la charité
de Dieu
Voilà le secret des saints qui leur donnaient toute force
et tant de joie si rayonnante. Le pape le rappelait joliment
lors de son homélie aux communautés nouvelles
citée plus haut : « Au cours des siècles,
le christianisme a été communiqué et s'est
diffusé grâce à la nouveauté de vie
de personnes et de communautés capables d'apporter un
témoignage incisif d'amour, d'unité et de joie.
C'est précisément cette force qui a mis tant de
personnes en « mouvement » au fil des générations.
N'est-ce pas la beauté que la foi a engendrée
sur le visage des saints qui a poussé tant d'hommes et
de femmes à en suivre les pas ? »
Les Apôtres, les saints,
l’Eglise, vous-mêmes, tous, nous sommes persuadés
que le Christ est venu sur la terre et s’est laissé
crucifier par amour pour Dieu et pour les hommes.
C’est l’amour de charité
qui est la raison de la Rédemption. Tous les textes de
l’Ecriture le disent et le confessent. Et c’est
ce que nous croyons. Saint Paul le dit aux Ephésiens.
Vous en connaissez le texte. Mais il faut le relire. Il est
tellement beau : « A cause de cela, je fléchis
les genoux devant le Père de qui tire son nom toute famille
dans les cieux et sur le terre, qu’il nous donne selon
la richesse de sa gloire, d’être puissamment t fortifiés
par son Esprit pour le perfectionnement de l’homme intérieur
et que Jésus Christ habite dans nos cœurs par la
foi, afin que, étant enracinés et fondés
sur la charité, vous puissiez comprendre avec tous les
saints quelle est la largeur et la longueur, la profondeur et
la hauteur et connaître l’amour du Christ qui surpasse
toute connaissance en sorte que vous soyez remplis de toute
la plénitude de Dieu » (Eph 3 14 et s)
Oui la charité du Christ
est ma foi. Elle est celle de l’Eglise.
Et voilà pourquoi la prédication
de l’Evangile ne fut pas autre chose que la proclamation
de cette conviction et de ce fait, je veux dire, de cette charité
et de cette foi en la charité du Christ.
Voilà pourquoi le mystère
de la Rédemption est le mystère central de l’Eglise
catholique car en lui, comme d’une manière spéciale,
éclate l’amour du Christ.
En contemplant la croix du Fils de Dieu fait homme, chaque croyant
doit redire avec l’émotion des premiers disciples
: « Il m’a aimé et s’est livré
pour moi… »
Dès lors je comprends que
la vie chrétienne, cette « nouveauté de
vie » comme le dit Saint Paul- ce que rappelle Benoît
XVI à l’occasion de l’octave de la Pentecôte,-
doit être d’abord une adhésion, une réponse
de charité qui se traduit par une oblation de gratitude
qui constitue le formel du culte que je dois à Dieu.
Je ne peux mieux prouver ma charité qu’en servant…mais
c’est le culte…Celui qui m’a aimé en
s’immolant pour me sauver. Voilà l’essentiel
de la vie chrétienne. C’est un peu ce que rappelait
Saint Bernard à son auditoire : « Que le principal
de ces bienfaits divins, c’est-à-dire, l’œuvre
de la rédemption, ne quitte jamais la mémoire
des hommes rachetés »…car la méditation
de ce mystère est « le foyer où s’allume
l’incendie du plus grand amour ». (Cant des Cantiques
Sermon 11)
Autrement dit, par gratitude, «
demeurez dans la charité » nous dira saint Jean
(Jn 15 9-10) pour ainsi rester unis au Christ et à sa
charité comme le sarment au Cep d’où il
tire toute sa vitalité. C’est ainsi que nous pourrons
exister « saints et sans tache », nous dit saint
Paul, en la présence du Christ dans la charité.
« Béni soit Dieu, le Père de NSJC qui nous
a bénis…selon qu’iI nous a choisis en Lui
avant la fondation du monde pour que nous existions saints et
sans tache en sa présence dans la charité »
(Eph 1 4).
« Saints et sans tache »…Ce
sont précisément des termes de culte qui expriment
notre consécration à Dieu. Ce sont des termes
cultuels…Une fois purifiés… « saints
et sans tache » nous n’avons qu’à exister
ici-bas et au ciel dans l’amour, l’adoration et
la gratitude. Nous sommes choisis par Dieu, nous explique le
Père Spicq, dans l’économie du salut que
pour avoir cette attitude et accomplir cette fonction.
J’aime cela.
J’aime entendre cela
J’aime connaître la raison de ma vie, de mon apostolat
: prêcher cela, essayer d’en vivre.
Et ce qui me plait surtout c’est
de savoir que cet amour de charité est pour mon âme
source de joie. Saint Pierre en prend à témoin
les premiers croyants : « pour le Christ que vous aimez
de charité sans l’avoir vu, vous tressaillez d’une
joie ineffable et toute glorifiée » (1 Pet 18).
Saint Jacques l’enseigne
aussi : ‘Bienheureux l’homme…qui recevra la
couronne de vie de celui qui l’a promise à ceux
qui l’aiment » (Jc 1 12)
Selon cet enseignement apostolique,
on peut dire que la joie et la gloire éternelle sont
promises à l’amour de charité. Elles sont
le fruit de l’amour de charité.
Ce sont là des paroles de vie, de vie divine.
B- Benoît XVI et
son enseignement sur le pouvoir pontifical.
Audience générale
du 7 juin 2006
Lors de cette audience, Benoît XVI a repris le thème
abordé au printemps, sur « l’apôtre
Pierre ». Après en avoir présenté
le choix par NSJC et le caractère, le pape parle ici
de la fonction pétrinienne, sujet dès plus important
aujourd’hui, en cette période œcuménique,
où Jean-Paul II lui-même avait demandé que
les théologiens étudient cette question dans la
lumière de l’œcuménisme.
Le pape rappelle la foi catholique. Il rappelle que NSJC, après
la confession de Césarée lui donna « les
clefs du Royaume des cieux pour ouvrir ou fermer à qui
lui semblera juste »; qu’ « il pourra lier
ou délier, au sens où il pourra établir
ou interdire ce qu'il considérera nécessaire pour
la vie de l'Eglise, qui est et qui demeure au Christ ».
Il est vraiment le premier : « le premier du groupe des
Apôtres ». C’est ce que la théologie
appellera le « primat de Pierre », son « primat
de juridiction ». C’est « un des éléments
constitutifs de l’Eglise » dit-il.
Il en aurait moins fallu pour que Mgr Lefebvre s’en réjouisse
et cherche à régulariser la situation de la FSSPX
avec Rome.
Mais qu’en pensent les quatre évêques de
la FSSPX… ?
Qu’ils n’oublient pas que l’institution, toute
institution, et plus particulièrement celle de l’Eglise,
est très importante, Mgr Lefebvre le savait c’est
pourquoi il cherchait, dès que possible, toute «
normalisation » avec l’Eglise, sans trahison et
dans l’honneur…
On m’a reproché de faire pression sur ce thème
sur les autorités de la FSSPX…Mais avouez, que
le sujet est tellement important. C’est par conviction
et foi profondes que j’ai agi loyalement auprès
des autorités. Si elles tardent trop longtemps encore…il
sera bien tard…trop tard et l’œuvre de Mgr
Lefebvre bien en danger…Je le dis tel que je le pense…
alors qu’ils vont tenir leur chapitre général,
le 3 juillet prochain.
Chers frères et soeurs,
Nous reprenons les catéchèses
hebdomadaires que nous avons commencées ce printemps.
Dans la dernière, il y a quinze jours, j'ai parlé
de Pierre comme du premier des Apôtres. Nous voulons aujourd'hui
revenir encore une fois sur cette grande et importante figure
de l'Eglise. L'évangéliste Jean, racontant la
première rencontre de Jésus avec Simon, frère
d'André, souligne un fait singulier: Jésus, «
posa son regard sur lui et dit: ‘Tu es Simon, fils de
Jean; tu t'appelleras Képha’ (ce qui veut dire:
pierre) » (Jn 1, 42). Jésus n'avait pas l'habitude
de changer le nom de ses disciples: à l'exception de
la dénomination de « fils du tonnerre »,
adressée dans une circonstance précise aux fils
de Zébédée (cf. Mc 3, 17) et qui ne fut
plus utilisée par la suite, Il n'a jamais attribué
un nouveau nom à l'un de ses disciples. Il l'a fait en
revanche avec Simon, l'appelant Képha, un nom qui fut
ensuite traduit en grec Petros, en latin Petrus, et il fut traduit
précisément parce qu'il ne s'agissait pas seulement
d'un nom; c'était un « mandat », que Petrus
recevait de cette façon du Seigneur. Le nouveau nom Petrus
reviendra plusieurs fois dans les Evangiles et finira par supplanter
le nom originel de Simon.
Cette information acquiert une
importance particulière si l'on tient compte du fait
que, dans l'Ancien Testament, le changement du nom préfigurait
en général une mission qui était confiée
(cf. Gn 17, 5; 32, 28sq. etc.). De fait, la volonté du
Christ d'attribuer à Pierre une importance particulière
au sein du Collège apostolique ressort de nombreux indices:
à Capharnaüm, le Maître va loger dans la maison
de Pierre (Mc 1, 29); lorsque la foule se presse autour de lui
sur les rives du lac de Génésareth, entre les
deux barques qui y sont amarrées, Jésus choisit
celle de Simon (Lc 5, 3); lorsque, dans des circonstances particulières,
Jésus ne se fait accompagner que par trois disciples,
Pierre est toujours rappelé comme le premier du groupe:
c'est le cas lors de la résurrection de la fille de Jaïre
(cf. Mc 5, 37; Lc 8, 51), de la Transfiguration (cf. Mc 9, 2;
Mt 17, 1; Lc 9, 28) et enfin, au cours de l'agonie dans le Jardin
du Gethsémani (cf. Mc 14, 33; Mt 16, 37). Et encore:
c'est à Pierre que s'adressent les percepteurs de la
taxe du Temple, et le Maître paie pour lui-même
et pour Pierre uniquement (cf. Mt 17, 24-27); c'est à
Pierre qu'Il lave les pieds en premier lors de la Dernière
Cène (cf. Jn 13, 6) et c'est seulement pour lui qu'il
prie afin que sa foi ne défaille pas et qu'il puisse
ensuite confirmer les autres disciples dans la foi (cf. Lc 22,
30-31).
Du reste, Pierre lui-même
est conscient de sa position particulière: c'est lui
qui souvent, également au nom des autres, parle en demandant
l'explication d'une parabole difficile (Mt 15, 15), ou le sens
exact d'un précepte (Mt 18, 21), ou bien encore la promesse
formelle d'une récompense (Mt 19, 27). C'est lui en particulier
qui résout certaines situations embarrassantes en intervenant
au nom de tous. Ainsi, lorsque Jésus, attristé
en raison de l'incompréhension de la foule après
le discours sur le « pain de vie», demande: «
Voulez-vous partir vous aussi ? », Pierre répond
fermement : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller?
Tu as les paroles de la vie éternelle » (cf. Jn
6, 67-69). C'est également avec décision qu'il
prononce la profession de foi, encore au nom des Douze, dans
les environs de Césarée de Philippe. A Jésus
qui demande: « Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui
suis-je? », Pierre répond: « Tu es le Messie,
le Fils du Dieu vivant! » (Mt 16, 15-16). En réponse,
Jésus prononce alors la déclaration solennelle
qui définit, une fois pour toutes, le rôle de Pierre
dans l'Eglise: « Et moi, je te le déclare: Tu es
Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise... Je
te donnerai les clefs du Royaume des cieux: tout ce que tu auras
lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout
ce que tu auras délié sur la terre sera délié
dans les cieux » (Mt 16, 18-19). Les trois métaphores
auxquelles Jésus a recours sont en soi très claires:
Pierre sera le fondement rocheux sur lequel reposera l'édifice
de l'Eglise; il aura les clefs du Royaume des cieux pour ouvrir
ou fermer à qui lui semblera juste; enfin, il pourra
lier ou délier, au sens où il pourra établir
ou interdire ce qu'il considérera nécessaire pour
la vie de l'Eglise, qui est et qui demeure au Christ. Elle est
toujours l'Eglise du Christ, et non de Pierre. C'est ainsi qu'est
décrit par des images d'une évidence plastique
ce que la réflexion successive qualifiera du terme de
« primat de juridiction ».
Cette position de prééminence
que Jésus a voulu conférer à Pierre se
retrouve également après la résurrection:
Jésus charge les femmes d'en porter l'annonce à
Pierre, de manière distincte par rapport aux autres Apôtres
(cf. Mc 16, 7); c'est à lui et à Jean que s'adresse
Marie-Madeleine pour informer que la pierre a été
déplacée devant l'entrée du sépulcre
(cf. Jn 20, 2) et Jean lui cèdera le pas lorsque tous
deux arriveront devant la tombe vide (cf. Jn 20, 4-6); ce sera
ensuite Pierre, le premier des Apôtres à être
témoin d'une apparition du Ressuscité (cf. Lc
24, 34; 1 Co 15, 5). Son rôle, clairement souligné
(cf. Jn 20, 3-10), marque la continuité entre la prééminence
qu'il a eue dans le groupe apostolique et la prééminence
qu'il continuera à avoir au sein de la communauté
née avec les événements pascals, comme
l'atteste le livre des Actes des Apôtres (cf. 1, 15-26;
2, 14-40; 3, 12-26; 4, 8-12; 5, 1-11.29; 8, 14-17; 10; etc.).
Son comportement est considéré si décisif
qu'il est au centre de remarques et également de critiques
(cf. Ac 11, 1-18; Ga 2, 11-14). Au Concile dit de Jérusalem,
Pierre joue un rôle de direction (cf. Ac 15 et Ga 2, 1-10),
et c'est précisément parce qu'il est un témoin
de la foi authentique que Paul lui-même reconnaîtra
en lui une certaine qualité de « premier »
(cf. 1 Co 15, 5; Ga 1, 18; 2, 7sq.; etc.). Ensuite, le fait
que l’on puisse faire remonter plusieurs des textes clefs
se référant à Pierre, au contexte de la
Dernière Cène, où le Christ confère
à Pierre le ministère de confirmer ses frères
(cf. Lc 22, 31sq), montre comment l'Eglise qui naît du
mémorial pascal célébré dans l'Eucharistie
trouve dans le ministère confié à Pierre
l'un de ses éléments constitutifs.
Le fait que le Primat de Pierre
soit inséré dans le contexte de la Dernière
Cène, au moment de l'institution de l'Eucharistie, Pâque
du Seigneur, indique également le sens ultime de ce Primat:
Pierre, en tout temps, doit être le gardien de la communion
avec le Christ; il doit guider vers la communion avec le Christ;
il doit prendre garde à ce que la chaîne ne se
brise pas et que puisse ainsi perdurer la communion universelle.
Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons être avec le Christ,
qui est le Seigneur de tous. La responsabilité de Pierre
est de garantir ainsi la communion avec le Christ à travers
la charité du Christ, en conduisant à la réalisation
de cette charité dans la vie de chaque jour. Prions afin
que le Primat de Pierre, confié aux pauvres personnes
humaines, puisse toujours être exercé dans ce sens
originel voulu par le Seigneur et puisse ainsi être toujours
davantage reconnu dans sa véritable signification par
nos frères qui ne sont pas encore en pleine communion
avec nous.
[© Copyright texte original
: Libreria Editrice Vaticana]
Traduction réalisée par Zenit
C- Homélie
de Benoît XVI
prononcée le samedi 3 juin
au rassemblement des Mouvements et Communautés nouvelles
en présence de quelque 400 000
membres de plus de 100 Mouvements en la place saint Pierre.
Les réflexions du Pape sont
très belles…
Je rêve
qu’un jour, de la même manière, le Pontife
suprême puisse réunir aussi toute la grande famille
des traditionalistes sur la place saint Pierre, organisée
dans une grande administration apostolique , du genre de celle
que j’ai décrite et appelée « L’Administration
Apostolique du Saint Sauveur ». Comme je serais heureux
si, le Bon Dieu pouvait nous faire cette joie. Elle serait immense.
Mais pourquoi donc le Père commun Benoît XVI n’entendrait-il
pas aussi cet appel filial…Les circonstances nouvelles
semblent préparer la chose…
Paul Aulagnier
Chers frères et sœurs!
Vous êtes venus vraiment
nombreux ce soir sur la Place Saint-Pierre pour participer à
la veillée de Pentecôte. Je vous remercie de tout
cœur. Appartenant à divers peuples et cultures,
vous représentez ici tous les membres des Mouvements
ecclésiaux et des Communautés nouvelles, spirituellement
rassemblés autour du Successeur de Pierre, pour proclamer
la joie de croire en Jésus Christ, et renouveler l'engagement
d'être ses fidèles disciples à notre époque.
Je vous remercie de votre participation et j'adresse à
chacun de vous mon salut cordial. Ma pensée affectueuse
va, tout d'abord, à Messieurs les Cardinaux, à
mes vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce, aux religieux et aux religieuses. Je salue
les responsables de vos nombreuses réalités ecclésiales
qui montrent combien l'action de l'Esprit Saint est vivante
au sein du Peuple de Dieu. Je salue ceux qui ont préparé
cet événement extraordinaire, et en particulier
les personnes qui travaillent au Conseil pontifical pour les
Laïcs, avec le Secrétaire, Mgr Josef Clemens, et
le Président, Mgr Stanislaw Rylko, à qui je suis
également reconnaissant des paroles cordiales qu'il m'a
adressées au début de la Liturgie des Vêpres.
Nous nous souvenons avec émotion de la rencontre analogue
qui eut lieu sur cette même Place, le 30 mai 1998, avec
le bien-aimé pape Jean-Paul II. Grand évangélisateur
de notre époque, il vous a accompagnés et guidés
au cours de tout son pontificat ; à plusieurs reprises
il a qualifié de « providentielles » vos
associations et communautés, en particulier parce que
l'Esprit sanctificateur se sert d'elles pour réveiller
la foi dans le cœur de si nombreux chrétiens et
leur fait redécouvrir la vocation reçue avec le
Baptême, en les aidant à être des témoins
d'espérance, remplis de ce feu d'amour qui est précisément
le don de l'Esprit Saint.
A présent, en cette veillée
de Pentecôte, nous nous demandons : qui est ou qu'est-ce
que l'Esprit Saint ? Comment pouvons-nous le reconnaître
? De quelle façon allons-nous à Lui et Lui vient-il
à nous ? Qu'est-ce qu'il fait ? Une première réponse
nous est donnée par le grand hymne de Pentecôte
de l'Eglise, par lequel nous avons commencé les Vêpres
: « Veni, Creator Spiritus... – Viens, Esprit Créateur...
». L'hymne fait ici référence aux premiers
versets de la Bible qui évoquent, en ayant recours à
des images, la création de l'univers. Il y est tout d'abord
dit qu'au-dessus du chaos, sur les eaux des abîmes, l'Esprit
de Dieu planait. Le monde dans lequel nous vivons est l'œuvre
de l'Esprit Créateur. La Pentecôte n'est pas seulement
l'origine de l'Eglise et donc, de manière particulière,
sa fête ; la Pentecôte est aussi une fête
de la création. Le monde n'existe pas tout seul ; il
provient de l'Esprit créateur de Dieu, de la Parole créatrice
de Dieu. C'est pourquoi il reflète également la
sagesse de Dieu. Celle-ci, dans son ampleur et dans la logique
de ses lois, qui englobe tout, laisse entrevoir quelque chose
de l'Esprit Créateur de Dieu. Celle-ci nous appelle à
la crainte révérencielle. Précisément
celui qui, en tant que chrétien, croit dans l'Esprit
Créateur, prend conscience du fait que nous ne pouvons
pas user et abuser du monde et de la matière comme d'un
simple matériau au service de notre action et de notre
volonté ; que nous devons considérer la création
comme un don qui nous est confié non pour qu'il soit
détruit, mais pour qu'il devienne le jardin de Dieu et,
ainsi, un jardin de l'homme. Face aux multiples formes d'abus
de la terre que nous constatons aujourd'hui, nous entendons
presque le gémissement de la création dont parle
saint Paul (Rm 8, 22) ; nous commençons à comprendre
les paroles de l'Apôtre, c'est-à-dire que la création
attend avec impatience la révélation des enfants
de Dieu, pour être rendue libre et atteindre sa splendeur.
Chers amis, nous voulons être ces enfants de Dieu que
la création attend, et nous pouvons l'être, car
dans le baptême le Seigneur nous a rendus tels. Oui, la
création et l'histoire nous attendent, elles attendent
des hommes et des femmes qui soient réellement des enfants
de Dieu et qui se comportent en conséquence. Si nous
regardons l'histoire, nous voyons de quelle manière,
autour des monastères, la création a pu prospérer,
comment avec le réveil de l'Esprit de Dieu dans le cœur
des hommes, le rayonnement de l'Esprit Créateur est revenu
également sur la terre – un rayonnement qui avait
été obscurci par la barbarie de la soif de pouvoir
de l'homme et parfois presque éteint. Et à nouveau,
autour de François d'Assise, la même chose se produit
– cela se produit partout où l'Esprit de Dieu pénètre
dans les âmes, cet Esprit que notre hymne décrit
comme la lumière, l’amour et la vigueur. Nous avons
ainsi trouvé une première réponse à
la question sur ce qu'est l'Esprit Saint, ce qu'il accomplit
et comment nous pouvons le reconnaître. Il vient à
notre rencontre à travers la création et sa beauté.
Toutefois, la création de Dieu, qui est bonne, a été
recouverte au cours de l'histoire des hommes par une couche
épaisse de saleté qui rend, sinon impossible,
du moins difficile de reconnaître en elle le reflet du
Créateur – même si face à un coucher
de soleil sur la mer, au cours d'une excursion en montagne ou
devant une fleur à peine éclose se réveille
toujours à nouveau en nous, presque spontanément,
la conscience de l'existence du Créateur.
Mais l'Esprit Créateur vient
à notre aide. Il est entré dans l'histoire et
nous parle ainsi d'une manière nouvelle. En Jésus
Christ, Dieu lui-même s'est fait homme et nous a accordé
la possibilité, pour ainsi dire, de jeter un regard dans
l'intimité de Dieu lui-même. Et nous voyons là
une chose tout à fait inattendue : en Dieu existent un
Moi et un Tu. Le Dieu mystérieux n'est pas une infinie
solitude, Il est un événement d'amour. Si, à
partir du regard sur la création, nous pensons pouvoir
entrevoir l'Esprit Créateur, Dieu lui-même, presque
comme des mathématiques créatives, comme un pouvoir
qui modèle les lois du monde et leur ordre et puis, toutefois,
également, comme la beauté – à présent
nous le découvrons : l'Esprit Créateur a un cœur.
Il est Amour. Il existe un Fils, qui parle avec le Père.
Et ils sont tous deux une seule chose dans l'Esprit qui est,
d’une certaine manière, l'atmosphère du
don et de l'amour qui fait d'eux un Dieu unique. Cette unité
d'amour, qui est Dieu, est une unité beaucoup plus sublime
que ne pourrait l'être l'unité d'une dernière
particule indivisible. Le Dieu trine est précisément
le seul et unique Dieu.
A travers Jésus nous jetons,
d’une certaine manière, un regard dans l'intimité
de Dieu. Jean, dans son Evangile, l'a exprimé ainsi :
« Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui
est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à
le connaître » (Jn 1, 18). Mais Jésus ne
nous a pas seulement laissé regarder dans l'intimité
de Dieu ; avec Lui Dieu est également comme sorti de
son intimité et il est venu à notre rencontre.
Cela a tout d'abord lieu dans sa vie, sa passion, sa mort et
sa résurrection ; dans sa parole. Mais Jésus ne
se contente pas de venir à notre rencontre. Il veut davantage.
Il veut l'unification. Telle est la signification des images
du banquet et des noces. Nous ne devons pas seulement savoir
quelque chose sur Lui, mais à travers Lui nous devons
être attirés en Dieu. C'est pourquoi Il doit mourir
et ressusciter. Car à présent, il ne se trouve
plus dans un lieu déterminé, mais désormais
son Esprit, l'Esprit Saint, émane de Lui et entre dans
nos cœurs, nous mettant ainsi en liaison avec Jésus
lui-même et avec le Père – avec le Dieu Un
et Trine.
Voilà ce qu’est la
Pentecôte : Jésus, et à travers Lui Dieu
lui-même, vient à nous et nous attire en Lui. «
Il envoie l'Esprit Saint » – ainsi s'exprime l'Ecriture.
Quel effet cela a-t-il ? Je voudrais tout d'abord noter deux
aspects : l'Esprit Saint, à travers lequel Dieu vient
à nous, nous apporte la vie et la liberté. Regardons
ces deux choses d'un peu plus près. « Moi je suis
venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en
abondance », dit Jésus dans l'Evangile de Jean
(10, 10). Vie et liberté, sont les choses auxquelles
nous aspirons tous. Mais qu'est-ce que cela signifie ? Où
et comment trouvons-nous la « vie » ? Je pense que,
spontanément, la très grande majorité des
hommes a le même concept de la vie que le fils prodigue
de l'Evangile. Il s'était fait donner sa part d'héritage,
et désormais il se sentait libre ; il voulait finalement
vivre en n'ayant plus le poids des devoirs de la maison, il
voulait seulement vivre. Avoir de la vie tout ce qu'elle peut
offrir. En profiter pleinement – vivre, seulement vivre,
s'abreuver à l'abondance de la vie et ne rien perdre
de ce qu'elle peut offrir de précieux. A la fin, il se
retrouva à garder des porcs, enviant même ces animaux.
Sa vie était devenue vide et vaine à ce point-là.
Et sa liberté également se révélait
vaine. N'est-ce pas ce qui se passe aujourd'hui aussi ? Lorsqu'on
veut uniquement devenir le maître de sa vie, celle-ci
devient toujours plus vide, plus pauvre ; on finit facilement
par se réfugier dans la drogue, dans la grande illusion.
Et nous commençons à nous demander si vivre est
en définitive vraiment un bien. Non, de cette façon
nous ne trouvons pas la vie. La parole de Jésus sur la
vie en abondance se trouve dans le discours du bon Pasteur.
C'est une parole qui se place dans un double contexte. A propos
du Pasteur, Jésus nous dit qu'il donne sa vie. «
Personne ne me l'enlève, mais je la donne de moi-même
» (cf. Jn 10, 18). On ne trouve la vie qu'en la donnant
; on ne la trouve pas en voulant en prendre possession. C'est
ce que nous devons apprendre du Christ ; et c'est ce que nous
enseigne l'Esprit Saint, qui est pur don, qui est Dieu qui se
donne. Plus quelqu'un donne sa vie pour les autres, pour le
bien même, plus le fleuve de la vie coule en abondance.
Dans un deuxième temps, le Seigneur nous dit que la vie
naît en allant avec le Pasteur qui connaît le pâturage
– les lieux où jaillissent les sources de la vie.
Nous trouvons la vie dans la communion avec Celui qui est la
vie en personne – dans la communion avec le Dieu vivant,
une communion dans laquelle l'Esprit Saint nous introduit, appelé
par l'hymne des Vêpres « fons vivus », source
vivante. Le pâturage, où coulent les sources de
la vie, est la Parole de Dieu telle que nous la trouvons dans
l'Ecriture, dans la foi de l'Eglise. Le pâturage est Dieu
lui-même, que, dans la communion de la foi, nous apprenons
à connaître à travers la puissance de l'Esprit
Saint. Chers amis, les Mouvements sont nés précisément
de la soif de la vraie vie ; ce sont des Mouvements pour la
vie sous tous les aspects. Là où ne s'écoule
plus la source véritable de la vie, là où
l’on s'approprie seulement la vie au lieu de la donner,
la vie des autres se trouve également en danger ; nous
sommes disposés à exclure la vie sans défense
qui n'est pas encore née, car elle semble ôter
de l'espace à notre propre vie. Si nous voulons protéger
la vie, nous devons avant tout retrouver la source de la vie
; la vie elle-même doit alors réapparaître
dans toute sa beauté et son caractère sublime
; et nous devons nous laisser vivifier par l'Esprit Saint, source
créatrice de la vie.
Le thème de la liberté
a déjà été évoqué
tout à l’heure. Dans le départ du fils prodigue
se rejoignent justement les thèmes de la vie et de la
liberté. Il veut la vie, et c'est pourquoi il veut être
totalement libre. Etre libre signifie, de ce point de vue, pouvoir
faire ce que l'on veut ; ne devoir accepter aucun critère
en dehors ou au-dessus de soi-même. Suivre seulement son
propre désir et sa propre volonté. Celui qui vit
ainsi s'opposera très vite à celui qui veut vivre
de la même manière. Cette conception égoïste
de la liberté conduit nécessairement à
la violence, à la destruction réciproque de la
liberté et de la vie. L'Ecriture Sainte relie en revanche
le concept de liberté à celui de filiation, dit
saint Paul : « Aussi bien n'avez-vous pas reçu
un esprit d'esclave pour retomber dans la crainte ; vous avez
reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier
“Abba ! Père”» (Rm 8, 15). Qu'est-ce
que cela signifie ? Saint Paul y fait référence
au système social du monde antique, dans lequel existaient
les esclaves, qui ne possédaient rien et qui ne pouvaient
donc pas être intéressés à un bon
déroulement des choses. Parallèlement, il y avait
les fils, qui étaient également héritiers,
et qui par conséquent se préoccupaient de la préservation
et de la bonne administration de leur propriété
ou de la conservation de l'Etat. Puisqu'ils étaient libres,
ils avaient également une responsabilité. En faisant
abstraction de l'arrière-plan sociologique de cette époque,
le principe est toujours valable : liberté et responsabilité
vont de pair. La véritable liberté se démontre
dans la responsabilité, dans une manière d'agir
qui assume la co-responsabilité pour le monde, pour soi-même
et pour les autres. Le fils auquel appartient quelque chose
et qui ne permet donc pas que cette chose soit détruite,
est libre.
Toutes les responsabilités de ce monde, dont nous avons
parlé, ne sont que des responsabilités partielles,
dans un domaine déterminé, un Etat déterminé,
etc. L'Esprit Saint en revanche fait de nous des fils et des
filles de Dieu. Il nous implique dans la responsabilité
de Dieu lui-même pour son monde, pour l'humanité
tout entière. Il nous enseigne à regarder le monde,
l'autre et nous-même avec les yeux de Dieu. Nous faisons
le bien non comme des esclaves qui ne sont pas libres de faire
autrement, mais nous le faisons parce que nous portons personnellement
la responsabilité pour le monde ; parce que nous aimons
la vérité et le bien, parce que nous aimons Dieu
lui-même et donc ses créatures également.
Telle est la liberté véritable, à laquelle
l'Esprit Saint veut nous conduire. Les Mouvements ecclésiaux
veulent et doivent être des écoles de liberté,
de cette liberté véritable. Nous voulons y apprendre
cette liberté véritable, non pas celle des esclaves
qui vise à couper pour elle-même une part du gâteau
qui appartient à tous, même si cette part doit
ensuite manquer à l'autre. Nous souhaitons la véritable
et grande liberté, celle des héritiers, la liberté
des fils de Dieu. Dans ce monde, débordant de fausses
libertés qui détruisent l'environnement et l'homme,
nous voulons, avec la force de l'Esprit Saint, apprendre ensemble
la liberté véritable ; construire des écoles
de liberté ; démontrer aux autres par notre vie
que nous sommes libres et combien il est beau de vivre véritablement
libres dans la vraie liberté des enfants de Dieu.
L'Esprit Saint, en donnant la vie
et la liberté, donne également l'unité.
Il s'agit ici de trois dons inséparables les uns des
autres. J'ai déjà parlé trop longuement
; permettez-moi toutefois de dire encore un mot sur l'unité.
Pour la comprendre, une phrase peut se révéler
utile même si, au premier abord, elle semble plutôt
nous en éloigner. Jésus répond ainsi à
Nicodème qui, dans sa recherche de la vérité,
vient la nuit lui poser des questions : « L'Esprit souffle
où il veut » (cf. Jn 3, 8). Mais la volonté
de l'Esprit n'est pas arbitraire. C'est la volonté de
la vérité et du bien. C'est pourquoi il ne souffle
pas n'importe où, se tournant une fois d’un côté,
une fois de l’autre ; son souffle ne nous disperse pas
mais nous réunit, parce que la vérité unit
et l'amour unit. L'Esprit Saint est l'Esprit de Jésus
Christ, l'Esprit qui unit le Père avec le Fils dans l'Amour
qui, dans l'unique Dieu, donne et accueille. Il nous unit tellement
que saint Paul a pu dire un jour : « Vous ne faites qu'un
dans le Christ Jésus » (Ga 3, 28). L'Esprit Saint,
par son souffle, nous pousse vers le Christ. L'Esprit Saint
œuvre de façon corporelle ; il n'œuvre pas
seulement de manière subjective, « spirituellement
». Aux disciples qui voyaient en lui simplement un «
esprit », le Christ ressuscité dit : « C'est
bien moi! touchez-moi et rendez-vous compte qu'un esprit –
un fantôme – n'a ni chair ni os, comme vous voyez
que j'en ai » (cf. Lc 24, 39). Cela vaut pour le Christ
ressuscité à toutes les époques de l'histoire.
Le Christ ressuscité n'est pas un fantôme, il n'est
pas simplement un esprit, une pensée, une idée.
Il est resté l'Incarné – celui qui a assumé
notre chair – et il continue à édifier son
Corps, il fait de nous son Corps. L'Esprit souffle où
il veut, et sa sainteté est l'unité faite corps,
l'unité qui rencontre le monde et le transforme.
Dans la Lettre aux Ephésiens,
saint Paul nous dit que ce Corps du Christ qui est l'Eglise,
possède des jointures (cf. 4, 16), il les nomme également
: ce sont les apôtres, les prophètes, les évangélistes,
les pasteurs et les docteurs (cf. 4, 11). L'Esprit dans ses
dons, prend de multiples formes – nous le voyons ici.
Si nous observons l'histoire, si nous regardons cette assemblée
ici sur la Place Saint-Pierre – nous nous rendons compte
qu'il suscite toujours de nouveaux dons, nous voyons combien
il crée d'organes différents, et comment, de manière
toujours nouvelle, il œuvre de manière corporelle.
Mais en lui la multiplicité et l'unité vont de
pair. Il souffle où il veut. Il le fait de manière
inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu'on
ne peut jamais imaginer à l'avance. Et il le fait avec
quelle multiplicité de forme et quelle corporéité
! C'est précisément ici que la multiplicité
des formes et l'unité sont inséparables les unes
des autres. Il veut que vous preniez de multiples formes et
il vous veut pour l'unique corps, dans l'union avec les ordres
durables – les jointures – de l'Eglise, avec les
successeurs des apôtres et avec le Successeur de saint
Pierre. Il ne nous enlève pas la difficulté d'apprendre
comment nous rapporter les uns aux autres ; il nous démontre
également qu'il œuvre en vue de l'unique corps et
dans l'unité de l'unique corps. C'est vraiment de cette
manière uniquement que l'unité trouve sa force
et sa beauté. Prendre part à l'édification
de l'unique corps! Les pasteurs seront attentifs à ne
pas éteindre l'Esprit (cf. 1 Th 5, 19) et vous, vous
ne cesserez d'apporter vos dons à la communauté
tout entière. Une fois de plus : l'Esprit Saint souffle
où il veut. Mais sa volonté est l'unité.
Il nous conduit vers le Christ, dans son Corps. «[du Christ]
le Corps tout entier – nous dit saint Paul – reçoit
concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui
le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque
partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant
lui-même, dans la charité» (Ep 4, 16).
L'Esprit veut l'unité, il
veut la totalité. C'est pourquoi sa présence se
démontre aussi surtout dans l'élan missionnaire.
Qui a rencontré quelque chose de vrai, de beau et de
bon dans sa propre vie – le seul vrai trésor, la
perle précieuse! –, court le partager partout,
dans sa famille et au travail, dans tous les domaines de son
existence. Il le fait sans aucune crainte, parce qu'il sait
qu'il a été adopté comme un fils ; sans
aucune présomption, parce que tout est don ; sans découragement,
parce que l'Esprit de Dieu précède son action
dans le « cœur » des hommes et il est comme
une semence dans les cultures et les religions les plus diverses.
Il le fait sans frontières, parce qu'il est porteur d'une
bonne nouvelle qui est pour tous les hommes, pour tous les peuples.
Chers amis, je vous demande d'être, plus encore, beaucoup
plus, des collaborateurs dans le ministère apostolique
universel du pape, en ouvrant les portes au Christ. C'est le
meilleur service que l'Eglise puisse rendre aux hommes et en
particulier aux pauvres, afin que la vie de la personne, un
ordre plus juste dans la société et la coexistence
pacifique entre les nations trouvent dans le Christ la «
pierre angulaire » sur laquelle construire l'authentique
civilisation, la civilisation de l'amour. L'Esprit Saint donne
aux croyants une vision supérieure du monde, de la vie,
de l'histoire et il fait d'eux des gardiens de l'espérance
qui ne déçoit pas.
Prions donc Dieu le Père,
à travers notre Seigneur Jésus Christ, dans la
grâce de l'Esprit Saint, afin que la célébration
de la solennité de la Pentecôte soit comme un feu
ardent et un vent impétueux pour la vie chrétienne
et pour la mission de toute l'Eglise. Je dépose les intentions
de vos Mouvements et Communautés dans le cœur de
la Très Sainte Vierge Marie, présente au Cénacle
avec les Apôtres ; puisse-t-elle obtenir par la prière
leur réalisation concrète. J'invoque sur vous
tous l'effusion des dons de l'Esprit, afin qu'à notre
époque également l'on puisse faire l'expérience
d'une Pentecôte renouvelée.
© Copyright du texte original
en italien : Libreria Editrice Vaticana
Traduction réalisée par Zenit