Le Pape Benoît
XVI à Valence, en Espagne,
Son enseignement sur la famille.
On sait que le pape Benoît
XVI a fait, les 8 et 9 juillet 2006, un voyage apostolique à
Valence en Espagne, à l’occasion de la cinquième
Rencontre mondiale des familles qui eut pour thème :
« la transmission de la foi dans la famille ».
Vous trouverez dans cette paroisse saint Michel, tous les textes
que le pape a prononcés.
- lors de la cérémonie de bienvenue à l’aéroport
de Valence,
- lors de sa réception à la cathédrale,
aux évêques espagnoles,
- lors de la Cérémonie de congé à
l’aéroport de Valence
- lors de la veillée des familles à Valence
- lors de la messe de Valence
Son enseignement mérite d’être médité.
Il pourrait parfaitement servir à l’occasion de
réunions des familles.
A- Allocution de Benoît
XVI, lors de la Cérémonie de bienvenue à
l’aéroport de Valence
Son thème : le caractère
central, pour l’Église et la société,
de la famille fondée sur le mariage
« Majestés,
Monsieur le Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les membres des Autorités,
Messieurs les Cardinaux et chers Frères dans l’Épiscopat,
Chers Frères et Sœurs,
1. Avec une grande émotion,
j’arrive aujourd’hui à Valence, dans la noble
et la toujours bien-aimée Espagne, qui m’a laissé
tant de souvenirs heureux lors de mes précédentes
visites à l’occasion de congrès et de réunions.
2. Je vous salue tous cordialement,
vous qui êtes ici présents et vous tous qui suivez
cet événement à travers les moyens de communication.
Je remercie Sa Majesté le
Roi Juan Carlos de sa présence ici, avec Sa Majesté
la Reine, lui exprimant ma gratitude toute spéciale pour
les paroles de bienvenue qu’il m’a adressées
au nom du peuple espagnol.
J’exprime aussi ma reconnaissance
déférente à Monsieur le Chef du Gouvernement
et à toutes les Autorités de la Nation, de la
région autonome et de la municipalité, leur manifestant
ma gratitude pour la collaboration qu’ils ont apportée,
afin que cette cinquième Rencontre mondiale se déroule
dans les meilleures conditions possibles.
Je salue affectueusement Monseigneur
Agustín García-Gasco, Archevêque de Valence,
et ses Auxiliaires, ainsi que tout l’Archidiocèse
levantin, qui m’a chaleureusement accueilli dans le cadre
de cette Rencontre mondiale et qui accompagne en ces jours,
dans la douleur, les familles qui pleurent des êtres chers,
victimes d’un tragique accident, et qui demeure proche
aussi de tous les blessés.
Mes salutations affectueuses vont
aussi au Président du Conseil pontifical pour la Famille,
le cardinal Alfonso López Trujillo, ainsi qu’aux
autres Cardinaux, au Président et aux membres de la Conférence
épiscopale espagnole, aux prêtres, aux personnes
consacrées et à tous les fidèles laïcs.
3. Le motif de cette visite attendue
est de participer à la cinquième Rencontre mondiale
des Familles, dont le thème est : «La transmission
de la foi dans la famille». Mon désir est de proposer
le caractère central, pour l’Église et pour
la société, de la famille fondée sur le
mariage. C’est une institution irremplaçable selon
le projet de Dieu, dont l’Église ne peut cesser
d’annoncer et de promouvoir la valeur fondamentale, pour
qu’elle soit toujours vécue avec le sens de sa
responsabilité et avec joie.
4. Mon Vénéré
Prédécesseur et grand ami de l’Espagne,
le cher Jean-Paul II, a convoqué cette Rencontre. Mû
par la même sollicitude pastorale, j’aurai demain
la joie de la conclure avec la célébration de
la Sainte Messe dans la Cité des Arts et des Sciences.
Uni à tous les participants,
j’implorerai le Seigneur, par l’intercession de
notre Mère très sainte et de l’Apôtre
Jacques, pour qu’il accorde aux familles d’Espagne
et du monde entier de nombreuses grâces.
Que le Seigneur répande
sur vous et sur vos chères familles l’abondance
de ses bénédictions!
B- Message
de Benoît XVI aux évêques espagnols
Chers Frères dans l’Épiscopat,
Le cœur rempli de joie, je
rends grâce au Seigneur d’avoir pu venir en Espagne
comme Pape, pour participer à la Rencontre mondiale des
Familles à Valence. Je vous salue affectueusement, Évêques
de ce cher Pays, et je vous remercie de votre présence
et des nombreux efforts que vous avez réalisés
à l’occasion de sa préparation et de sa
célébration. J’apprécie particulièrement
l’important travail mené à bien par l’Archevêque
de Valence et par ses Auxiliaires, pour que cet événement
particulièrement significatif pour l’Église
tout entière porte les fruits désirés,
contribuant à donner un nouvel élan à la
famille comme sanctuaire de l’amour, de la vie et de la
foi.
En réalité, votre
sollicitude à tous a rendu possible la création
d’un esprit de famille entre les collaborateurs et les
participants provenant des différentes régions
d’Espagne. C’est un élément prometteur
répondant aux désirs que vous aviez exprimés
dans votre message commun concernant cette Rencontre mondiale;
c’est aussi une invitation à en recevoir les fruits,
pour poursuivre une pastorale familiale soutenue et forte dans
vos diocèses, qui fasse entrer dans chaque foyer le message
évangélique, qui fortifie et qui donne de nouvelles
dimensions à l’amour, aidant ainsi à dépasser
les difficultés qui peuvent se faire jour en chemin.
Vous savez que je suis de près
et avec beaucoup d’intérêt les événements
de l’Église dans votre pays, qui a de profondes
racines chrétiennes, Église qui a tant donné
et qui est appelée à donner un témoignage
de foi et à le répandre dans de nombreuses autres
parties du monde. Maintenez vivant et vigoureux cet esprit,
qui a accompagné la vie des Espagnols dans leur histoire,
pour qu’il continue à nourrir et à donner
vitalité à l’âme de votre peuple.
Je connais et j’encourage
l’impulsion que vous êtes en train de donner à
l’action pastorale, en une période de sécularisation
rapide qui affecte parfois même la vie interne des communautés
chrétiennes. Continuez donc à proclamer sans vous
décourager que se passer de Dieu, agir comme s’il
n’existait pas ou reléguer la foi dans la sphère
purement privée, détruit la vérité
de l’homme et hypothèque l’avenir de la culture
et de la société. Au contraire, diriger son regard
vers le Dieu vivant, garant de notre liberté et de la
vérité, est une promesse pour accéder à
une humanité nouvelle. Le monde a aujourd’hui particulièrement
besoin qu’on annonce et qu’on témoigne de
Dieu, qui est amour et aussi l’unique lumière qui,
en définitive, illumine l’obscurité du monde
et nous donne la force de vivre et d’agir (cf. Deus caritas
est, n. 39).
Dans les moments ou dans les situations
difficiles, rappelez-vous les paroles de l’Épître
aux Hébreux: «Nous courrons avec endurance l’épreuve
qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus,
qui est à l’origine et au terme de notre foi. Renonçant
à la joie qui lui était proposée, il a
enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la
croix [...] et vous ne serez pas accablés par le découragement»
(12, 1-3). Proclamez que Jésus est « le Christ,
le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16), celui qui a les paroles
de la vie éternelle (cf. Jn 6,68), et ne nous lassez
pas de rendre compte de l’espérance qui est en
vous (cf. 1 P 3,15).
Poussés par votre sollicitude
pastorale et par l’esprit de pleine communion dans l’annonce
de l’Évangile, vous avez orienté la conscience
chrétienne de vos fidèles vers divers aspects
de la réalité devant laquelle ils se trouvent,
aspects qui, en certaines occasions, perturbent la vie ecclésiale
et la foi des gens simples. De même, vous avez mis l’Eucharistie
comme thème central de votre Plan pastoral, afin de «
donner une nouvelle vigueur à la vie chrétienne
à partir de ce qui en est le cœur, puisqu’en
pénétrant dans le mystère eucharistique,
nous entrons dans le cœur de Dieu » (n. 5). Certainement,
dans l’Eucharistie se réalise « l’acte
central de transformation qui est seul en mesure de renouveler
vraiment le monde » (Homélie à Marienfeld,
Cologne, 21 août 2005).
Chers Frères dans l’Épiscopat,
je vous exhorte instamment à maintenir et à fortifier
votre communion fraternelle, témoignage et exemple de
la communion ecclésiale qui doit régner dans tout
le peuple fidèle qui vous a été confié.
Je prie pour vous, je prie pour l’Espagne. Je vous demande
de prier pour moi et pour toute l’Église. J’invoque
la sainte Vierge Marie, si vénérée dans
votre terre, pour qu’elle vous protège et qu’elle
vous accompagne dans votre ministère pastoral, et je
vous accorde une très affectueuse Bénédiction
apostolique.
Valencia, le 8 juillet 2006
BENEDICTUS PP. XVI
C- Message de Benoît XVI aux séminaristes
« Vivez intensément vos années de préparation
au sein du séminaire »
Chers Frères et Sœurs,
À mon arrivée à
Valence, j’ai voulu avant tout visiter le lieu qui représente
le cœur de cette Église particulière, très
ancienne et florissante, cette Église qui me reçoit:
sa belle cathédrale, où j’ai prié
devant le Saint-Sacrement et où je me suis recueilli
devant la fameuse relique du Saint Calice. Là, j’ai
salué les Évêques, les prêtres, les
religieux et religieuses, qui, selon leur ministère et
leur charisme propres, s’efforcent de maintenir vive la
lumière de la foi.
Puis, devant la Vierge des Délaissés,
que les habitants de Valence vénèrent avec une
grande ferveur et une profonde dévotion, j’ai imploré
pour qu’elle soutienne leur foi et qu’elle remplisse
d’espérance tous leurs enfants. À cet endroit,
accompagnant les familles des victimes du métro, j’ai
aussi prié avec elles le Notre Père, pour le repos
éternel de leurs chers défunts.
Je désire maintenant vous
saluer avec affection, chers séminaristes, accompagnés
de vos proches, qui vivent avec joie le cheminement de votre
vocation. L’amour, le don mutuel et la fidélité
de vos parents, de même que la concorde en famille, tel
est le cadre propice pour écouter l’appel de Dieu
et pour accueillir le don de la vocation. Vivez intensément
vos années de préparation au sein du séminaire,
avec le soutien et le discernement de vos formateurs, avec la
docilité et la confiance totales des Apôtres, qui
ont suivi Jésus avec promptitude. Apprenez de la Vierge
Marie comment il convient d’accueillir sans réserve
un tel appel, avec joie et générosité.
Nous le rappelons et nous le demandons précisément
dans la belle prière de l’Angélus, que nous
allons réciter tous ensemble, priant aussi «le
Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour
sa moisson» (Mt, 9, 38).
Maintenant, avec un amour filial
et dans la langue de Valence, je m’adresse à la
Vierge, votre sainte patronne. «Devant la ‘Jorobadita’,
je désire dire: ‘Protège-nous jour et nuit
dans toutes les occasions, toi qui es, Vierge Marie, la Mère
des Délaissés’».
D- allocution de Benoît XVI lors
de la cérémonie de congé à l’aéroport
de Valence
« L’alliance matrimoniale, … un grand bien
pour toute l’humanité
Majestés,
Monsieur le Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les membres des Autorités,
Messieurs les Cardinaux et chers Frères dans l’Épiscopat,
Chers Frères et Sœurs,
1. Au terme de mon agréable
séjour à Valence à l’occasion de
la cinquième Rencontre mondiale des Familles, j’exprime
ma vive gratitude à leurs Altesses Royales d’Espagne,
aux Autorités de la Nation, de la Région autonome
de Valence et de la Mairie, ainsi qu’à Monseigneur
l’Archevêque et à vous tous, pour l’aimable
hospitalité dont vous m’avez gratifié et
pour les marques d’affection que vous m’avez témoignées
tout au long de ma visite dans cette terre levantine florissante.
2. Je suis sûr que, avec
l’aide du Très-Haut et la maternelle protection
de la Vierge Marie, cette Rencontre continuera de résonner
comme un hymne joyeux à l’amour, à la vie
et à la foi partagée par les familles, aidant
le monde d’aujourd’hui à comprendre que l’alliance
matrimoniale, par laquelle le mari et la femme établissent
un lien permanent, est un grand bien pour toute l’humanité.
3. Merci de votre présence
ici. Vous êtes venus de tous les continents du monde,
non sans avoir fait des sacrifices que vous avez offerts au
Seigneur. Je vous porte dans mon cœur. Mes sentiments s’associent
à ma prière pour que le Tout-Puissant vous bénisse
maintenant et toujours.
E- Allocution de Benoît XVI lors
de la veillée des familles à Valence
Chers Frères et Sœurs,
C’est pour moi un grand bonheur
de participer à cette rencontre de prière, au
cours de laquelle on célèbre dans la joie le don
divin de la famille. Dans la prière et dans l’espérance
dans le Christ ressuscité, qui donne force et lumière
même dans les moments de plus grande détresse humaine,
je me sens très proche de tous ceux qui ont récemment
vécu un deuil dans cette ville.
Unis dans la même foi au
Christ, nous sommes ici rassemblés, venus du monde entier,
comme une communauté qui rend grâce et qui témoigne
joyeusement que l’être humain a été
créé à l’image et la ressemblance
de Dieu pour aimer et qu’il ne peut se réaliser
pleinement lui-même que lorsqu’il se donne sincèrement
aux autres. La famille est le lieu privilégié
où toute personne apprend à donner et à
recevoir de l’amour. C’est pourquoi l’Église
manifeste constamment sa sollicitude pastorale envers ce milieu
essentiel pour la personne humaine. Elle l’enseigne ainsi
dans son Magistère: « Dieu, qui est amour et qui
a créé l’homme par amour, l’a appelé
à aimer. En créant l’homme et la femme,
il les a appelés, dans le Mariage, à une intime
communion de vie et d’amour entre eux, "à
cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul" (Mt
19,6) » (Catéchisme de l’Église catholique.
Compendium, n. 337).
Telle est la vérité
que l’Église proclame inlassablement au monde.
Mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II
affirmait que « l’homme est devenu "image et
ressemblance" de Dieu non seulement à travers sa
propre humanité, mais aussi à travers la communion
de personnes que l’homme et la femme constituent dès
le début. L’homme devient image de Dieu au moment
de la communion plus qu’au moment de la solitude »
(Audience générale du 14 novembre 1979). Aussi
ai-je confirmé la convocation de cette cinquième
Rencontre mondiale des Familles en Espagne, et plus précisément
à Valence, riche de ses traditions et fière de
sa foi chrétienne qui se vit et qui se cultive dans de
nombreuses familles.
La famille est une institution
intermédiaire entre l’individu et la société,
et rien ne peut la remplacer totalement. Elle s’appuie
elle-même par-dessus tout sur une relation interpersonnelle
profonde entre l’époux et l’épouse,
soutenue par l’affection et la compréhension mutuelles.
Pour y parvenir, elle reçoit l’aide abondante de
Dieu dans le sacrement du mariage, qui comporte une vocation
véritable à la sainteté. Puissent leurs
enfants contempler davantage les moments d’harmonie et
d’affection de leurs parents, plutôt que les moments
de discorde ou d’éloignement, puisque l’amour
entre le père et la mère offre aux enfants une
grande sécurité et leur enseigne la beauté
de l’amour fidèle et durable.
La famille est un bien nécessaire
pour les peuples, un fondement indispensable pour la société
et un grand trésor pour les époux durant toute
leur vie. C’est un bien irremplaçable pour les
enfants, qui doivent être le fruit de l’amour, du
don total et généreux de leurs parents. Proclamer
la vérité intégrale de la famille, fondée
sur le mariage comme Église domestique et sanctuaire
de la vie, est une grande responsabilité pour tous.
Le père et la mère
se sont dit un «oui» total devant Dieu, un «oui»
qui constitue la base du sacrement qui les unit; de même,
pour que la relation au sein de la famille soit totale, il est
nécessaire qu’ils disent aussi un «oui»
d’acceptation à leurs enfants, à ceux qu’ils
ont engendrés ou à ceux qu’ils ont adoptés,
qui possèdent leur propre personnalité et leur
propre caractère. Ainsi, les enfants grandiront dans
un climat d’acceptation et d’amour, et il est à
souhaiter que, lorsqu’ils parviendront à une maturité
suffisante, ils pourront donner à leur tour un «oui»
à ceux qui leur ont donné la vie.
Les défis de la société
actuelle, marquée par la dispersion que l’on observe
particulièrement dans le milieu urbain, rendent nécessaire
de garantir que les familles ne demeurent pas isolées.
Un petit noyau familial peut rencontrer des obstacles difficiles
à dépasser s’il est isolé du reste
de sa parenté et de ses amis. C’est pourquoi la
communauté ecclésiale a la responsabilité
d’offrir un accompagnement, des encouragements et une
nourriture spirituelle qui fortifient la cohésion familiale,
surtout dans les épreuves ou dans les moments critiques.
Dans cet esprit, le travail des paroisses, comme celui des divers
mouvements ecclésiaux, est très important, eux
qui sont appelés à collaborer comme des réseaux
de soutien et comme la main tendue de l’Église
pour la croissance de la famille dans la foi.
Le Christ a révélé
ce qui est toujours la source suprême de la vie pour tous
et donc aussi pour la famille : « Mon commandement, le
voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie
pour ses amis » (Jn 15, 12-13). L’amour de Dieu
lui-même a été répandu sur nous par
le Baptême. À partir de là, les familles
sont appelées à vivre une qualité d’amour,
puisque que le Seigneur est celui qui se porte garant que cela
est possible pour nous à travers l’amour humain,
sensible, affectueux et miséricordieux comme l’amour
du Christ.
Outre la transmission de la foi
et de l’amour du Seigneur, une des tâches les plus
importantes de la famille consiste à former des personnes
libres et responsables. C’est pourquoi les parents doivent
faire accéder leurs enfants à la liberté,
dont ils sont, durant quelque temps, les tuteurs. Si les enfants
voient que leurs parents – et en général
les adultes qui les entourent – vivent avec joie et enthousiasme,
même dans les difficultés, grandira plus facilement
en eux la joie profonde de vivre qui les aidera à dépasser
avec succès les obstacles possibles et les difficultés
que comporte la vie humaine. De plus, quand la famille ne se
renferme pas sur elle-même, les enfants apprennent que
chaque personne est digne d’être aimée, et
qu’il existe une fraternité fondamentale universelle
entre tous les êtres humains.
Cette cinquième Rencontre
mondiale nous invite à réfléchir sur un
thème qui revêt une particulière importance
et qui comporte une grande responsabilité pour nous:
« La transmission de la foi dans la famille ». Le
Catéchisme de l’Église catholique l’exprime
très bien : « Comme une mère apprend à
ses enfants à parler, et par-là même à
comprendre et à communiquer, l’Église, notre
Mère, nous apprend le langage de la foi pour nous introduire
dans l’intelligence et la vie de la foi » (n. 171).
Comme cela est manifesté
symboliquement dans la liturgie du Baptême, par la remise
du cierge allumé, les parents sont associés au
mystère de la vie nouvelle comme fils de Dieu, vie qui
se reçoit par l’eau baptismale.
Transmettre la foi à ses
enfants, avec l’aide d’autres personnes et d’autres
institutions comme la paroisse, l’école ou les
mouvements catholiques, est une responsabilité que les
parents ne peuvent oublier, négliger ou déléguer
totalement. « La famille chrétienne est appelée
Église domestique parce qu’elle manifeste et révèle
la nature de l’Église comme famille de Dieu, qui
est d’être communion et famille. Chacun de ses membres,
selon son rôle propre, exerce le sacerdoce baptismal,
contribuant à faire de la famille une communauté
de grâce et de prière, une école de vertus
humaines et chrétiennes, le lieu de la première
annonce de la foi aux enfants » (Catéchisme de
l’Église catholique, Compendium, n. 350). De plus,
« les parents, participants de la paternité divine,
sont les premiers responsables de l’éducation de
leurs enfants et les premiers à leur annoncer la foi.
Ils ont le devoir d’aimer et de respecter leurs enfants
comme personnes et comme fils de Dieu... En particulier, ils
ont pour mission de les éduquer à la foi chrétienne
» (ibid., n. 460).
Le langage de la foi s’apprend
dans les foyers où cette foi grandit et se fortifie à
travers la prière et la pratique chrétiennes.
Dans la lecture du Deutéronome, nous avons écouté
la prière répétée constamment par
le peuple élu, le Shema Israel, que Jésus écoutait
et répétait dans son foyer de Nazareth. Lui-même
rappellera cette prière durant sa vie publique, comme
nous l’indique l’Évangile de Marc (12,29).
Telle est la foi de l’Église qui provient de l’amour
de Dieu, par l’intermédiaire de vos familles. Vivre
l’intégralité de cette foi, dans sa merveilleuse
nouveauté, est un grand don. Mais, lorsque à certains
moments le visage de Dieu semble se cacher, croire est difficile
et coûte un grand effort.
Notre rencontre donne un nouveau
souffle pour continuer d’annoncer l’Évangile
de la famille, réaffirmer sa vigueur et son identité
fondée sur le mariage ouvert au don généreux
de la vie, et où l’on accompagne les enfants dans
leur croissance physique et spirituelle. Ainsi, on s’oppose
à un hédonisme très répandu, qui
banalise les relations humaines et qui les vide de leur valeur
et de leur beauté authentiques. Promouvoir les valeurs
du mariage n’empêche pas de goûter pleinement
le bonheur que l’homme et la femme rencontrent dans leur
amour mutuel. La foi et l’éthique chrétiennes,
par conséquent, ne prétendent pas étouffer
l’amour, mais le rendre plus sain, plus fort et réellement
plus libre. C’est pourquoi l’amour humain a besoin
d’être purifié et de mûrir pour être
pleinement humain et pour être le principe d’un
bonheur vrai et durable (cf. Discours à Saint-Jean de
Latran, 5 juin 2006).
J’invite donc les gouvernants
et les législateurs à réfléchir
sur le bien évident que les foyers en paix et en harmonie
assurent à l’homme, à la famille, centre
névralgique de la société, comme le rappelle
le Saint-Siège dans la Charte des droits de la famille.
L’objet des lois est le bien intégral de l’homme,
la réponse à ses besoins et à ses aspirations.
C’est une aide notable à la société,
dont on ne peut se passer, et cela demeure pour les peuples
une sauvegarde et une purification. De plus, la famille est
une école d’humanisation de l’homme, pour
qu’il grandisse jusqu’à devenir pleinement
homme. Dans cette perspective, l’expérience d’être
aimés par leurs parents conduit les enfants à
avoir conscience de leur dignité de fils.
La créature conçue
devra être éduquée dans la foi, aimée
et protégée. Les enfants, avec le droit fondamental
à naître et à être éduqués
dans la foi, ont droit à un foyer qui ait pour modèle
celui de Nazareth et à être préservés
de toute embûche et de toute menace.
Je souhaite m’adresser maintenant
aux grands-parents, si importants dans les familles. Ils peuvent
être – et souvent ils sont – les garants de
l’affection et de la tendresse que tout être humain
a besoin de donner et de recevoir. Ils donnent aux plus jeunes
le sens du temps, ils sont la mémoire et la richesse
des familles. Qu’ils ne soient, sous aucun prétexte,
exclus du cercle familial! Ils sont un trésor que nous
ne pouvons pas soustraire aux nouvelles générations,
surtout quand ils donnent un témoignage de foi à
l’approche de la mort.
Je souhaite maintenant reprendre
une partie de la prière que vous avez prononcée
en demandant que cette Rencontre mondiale des Familles porte
de bons fruits :
Mon Dieu, qui, dans la Sainte Famille,
nous as laissé un modèle parfait de vie familiale,
vécue dans la foi et dans l’obéissance à
ta volonté,
Aide-nous à être exemples de foi et d’amour
selon tes commandements.
Viens à notre secours dans notre mission de transmettre
la foi à nos enfants.
Ouvre leur cœur pour que grandisse en eux
la semence de la foi qu’ils ont reçue au Baptême.
Fortifie la foi de nos jeunes,
afin que se fortifie en eux la connaissance de Jésus.
Augmente l’amour et la fidélité dans tous
les foyers,
spécialement dans ceux qui connaissent des moments de
souffrance ou de difficulté.
(. . .)
Unis à Joseph et à Marie,
Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur.
Amen.
F- Homélie de
Benoît XVI lors de la messe de Valence, le 9 juillet.
Chers Frères et Sœurs,
Au cours de cette Messe que j’ai
la grande joie de présider, concélébrant
avec de nombreux Frères dans l’épiscopat
et un grand nombre de prêtres, je rends grâce au
Seigneur pour toutes les familles bien-aimées qui sont
rassemblées ici, formant une foule joyeuse, et aussi
pour tant d’autres familles qui, même dans des lieux
éloignés, suivent cette célébration
au moyen de la radio et de la télévision. À
tous, je désire adresser mes salutations et exprimer
ma profonde affection, avec un geste de paix.
Les témoignages d’Esther
et de Paul, que nous avons écoutés dans les lectures,
nous montrent que la famille est appelée à apporter
sa contribution à la transmission de la foi. Esther confesse:
«J’ai entendu répéter, dans la tribu
de mes pères, que tu as choisi Israël de préférence
à toutes les nations» (14, 5). Paul suit la tradition
des ses ancêtres juifs, rendant un culte à Dieu
avec une conscience pure. Il loue la foi sincère de Timothée
et lui rappelle cette foi: «C’était celle
de Loïs, ta grand-mère, et d’Eunikè,
ta mère, et je suis convaincu que c’est la même
foi qui t’anime aussi» (2 Tm 1, 5). Dans ces témoignages
bibliques, la famille ne comprend pas seulement les parents
et leurs enfants, mais aussi les grands-parents et les ancêtres.
La famille nous est ainsi présentée comme une
communauté de générations et comme la garante
d’un patrimoine de traditions.
Aucun homme ne s’est donné
à lui-même son existence, ni n’a acquis par
lui-même les connaissances élémentaires
de la vie. Nous avons tous reçu des autres la vie et
par-là même les vérités fondamentales,
et nous sommes appelés à atteindre la perfection
dans la relation et la communion amoureuse avec autrui. La famille,
fondée sur le mariage indissoluble entre un homme et
une femme, exprime cette dimension relationnelle, filiale et
communautaire, et elle constitue le milieu dans lequel l’homme
peut naître dans la dignité, grandir et se développer
de manière intégrale.
Lorsqu’un enfant naît,
à travers la relation avec ses parents, il commence à
faire partie d’une tradition familiale, dont les racines
sont encore plus anciennes. Avec le don de la vie, il reçoit
tout un patrimoine d’expériences. À cet
égard, les parents ont le droit et le devoir inaliénables
de le transmettre à leurs enfants: les éduquer
dans la découverte de leur identité, les initier
à la vie sociale, à l’exercice responsable
de leur liberté morale et de leur capacité d’aimer
à travers l’expérience d’être
aimés, et, par-dessus tout, à la rencontre avec
Dieu. Les enfants grandissent et mûrissent humainement
dans la mesure où ils accueillent avec confiance ce patrimoine
et l’éducation qu’ils doivent assumer progressivement.
De cette manière, ils sont capables d’élaborer
une synthèse personnelle entre ce qu’ils ont reçu
et la nouveauté, et ce que chacun personnellement et
ce que chaque génération sont appelés à
réaliser.
À l’origine de tout
homme et, en même temps, de toute paternité et
de toute maternité humaines, Dieu créateur est
présent. C’est pourquoi les époux doivent
accueillir l’enfant qui naît d’eux comme un
fils non seulement d’eux, mais aussi de Dieu, qui l’aime
pour lui-même et qui l’appelle à la filiation
divine. Plus encore, toutes les générations, toute
paternité et toute maternité, toute famille, trouvent
leur origine en Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint.
En plus de la mémoire de
ses ancêtres et de son peuple, son père avait transmis
à Esther la mémoire d’un Dieu de qui tous
procèdent et à qui tous sont appelés à
répondre. La mémoire de Dieu Père, qui
a choisi son peuple et qui agit dans l’histoire pour notre
salut. La mémoire de ce Père éclaire l’identité
la plus profonde des hommes: d’où nous venons,
qui nous sommes et quelle est la grandeur de notre dignité.
Nous venons certainement de nos parents et nous sommes leurs
enfants, mais nous venons aussi de Dieu, qui nous a créés
à son image et qui nous a appelés à être
ses fils. C’est pourquoi, à l’origine de
tout être humain, il n’existe pas d’aléa
ni de hasard, mais un projet de l’amour de Dieu. C’est
ce que nous a révélé Jésus Christ,
vrai Fils de Dieu et homme parfait. Il connaît de qui
il vient et de qui nous venons tous: de l’amour de son
Père et de notre Père.
La foi n’est donc pas un
simple héritage culturel, mais une action continue de
la grâce de Dieu qui appelle et de la liberté humaine
qui peut adhérer ou ne pas adhérer à cet
appel. Bien que personne ne puisse répondre pour quelqu’un
d’autre, les parents chrétiens sont cependant appelés
à donner un témoignage crédible de leur
foi et de leur espérance chrétiennes. Ils doivent
faire en sorte que l’appel de Dieu et la Bonne Nouvelle
du Christ parviennent à leurs enfants avec la plus grande
clarté et la plus grande authenticité.
Au cours des années, ce
don de Dieu que les parents ont contribué à placer
devant les yeux de leurs tout-petits nécessitera aussi
d’être éduqué avec sagesse et douceur,
faisant grandir en eux la capacité de discernement. Ainsi,
grâce au témoignage constant de l’amour conjugal
de leurs parents, vécu et imprégné de foi,
et grâce à un accompagnement véritable de
la communauté chrétienne, on favorisera le don
de la foi chez les enfants eux-mêmes, qui découvriront
avec elle le sens profond de leur existence et qui se sentiront
joyeux et reconnaissants pour ce don.
La famille chrétienne transmet
la foi lorsque les parents enseignent à leurs enfants
à prier et qu’ils prient avec eux (cf. Familiaris
consortio, n. 60); lorsqu’ils les font s’approcher
des sacrements et qu’ils les introduisent dans la vie
de l’Église, lorsqu’ils se réunissent
tous pour lire la Bible, plaçant la vie familiale à
la lumière de la foi et louant Dieu comme un Père.
Dans la culture actuelle, on exacerbe
souvent la liberté de l’individu conçu comme
sujet autonome, comme s’il se faisait lui-même et
qu’il se suffisait à lui-même, en marge de
ses relations avec les autres et étranger à ses
responsabilités envers autrui. On entend organiser la
vie sociale seulement à partir de désirs subjectifs
et changeants, sans aucune référence à
une vérité objective préalable, tels que
la dignité de tout être humain, ses droits et ses
devoirs inaliénables, au service desquels doit se mettre
tout groupe social.
L’Église ne cesse
de rappeler que la véritable liberté de l’être
humain vient du fait d’avoir été créé
à l’image et à la ressemblance de Dieu.
C’est pourquoi l’éducation chrétienne
est une éducation de la liberté et pour la liberté.
«Nous faisons le bien non comme des esclaves, qui ne sont
pas libres de faire autrement, mais nous le faisons parce que
nous portons personnellement la responsabilité pour le
monde; parce que nous aimons la vérité et le bien;
parce que nous aimons Dieu lui-même et donc ses créatures
également. Telle est la liberté véritable,
à laquelle l’Esprit Saint veut nous conduire»
(Homélie de la veillée de Pentecôte, Osservatore
Romano en langue française, n. 23, 6 juin 2006, p. 3).
Jésus Christ est l’homme
parfait, l’exemple de la liberté filiale, qui nous
enseigne à communiquer aux autres son propre amour: «Comme
le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai
aimés; demeurez dans mon amour» (Jn 15, 9). À
cet égard, le Concile Vatican II enseigne que, «en
suivant la route qui leur est propre, les époux et les
parents chrétiens, pour leur part, doivent se soutenir
mutuellement dans la grâce, tout au long de leur vie,
par un amour fidèle, et imprégner du sens des
vérités chrétiennes et des vertus de l’Évangile
les enfants qu’ils ont reçus de Dieu, avec amour.
Ainsi, ils donnent à tous l’exemple d’un
amour inlassable et généreux, ils construisent
une fraternité de charité, ils sont les témoins
et les coopérateurs de la fécondité de
la Mère Église, en signe et en participation de
l’amour dont le Christ a aimé son Épouse
et s’est livré pour elle» (Lumen gentium,
n. 41).
La joie amoureuse avec laquelle
nos parents nous accueillirent et nous ont accompagnés
dans nos premiers pas dans le monde est comme un signe et le
prolongement sacramentel de l’amour bienveillant de Dieu
d’où nous venons. L’expérience d’avoir
été accueillis et aimés par Dieu et par
nos parents est le fondement sûr qui favorise toujours
la croissance et le développement authentique de l’homme,
qui nous aide grandement à mûrir sur notre chemin
vers la vérité et l’amour, et à sortir
de nous-mêmes pour entrer en communion avec les autres
et avec Dieu.
Pour avancer sur ce chemin de maturation
humaine, l’Église nous enseigne à respecter
et à promouvoir la merveilleuse réalité
du mariage indissoluble entre un homme et une femme, qui est
aussi l’origine de la famille. C’est pourquoi, reconnaître
et soutenir cette institution est un des services les plus importants
que l’on puisse apporter aujourd’hui au bien commun
et au véritable développement des hommes et des
sociétés, de même que la plus grande garantie
pour assurer la dignité, l’égalité
et la véritable liberté de la personne humaine.
Dans ce sens, je veux rappeler
l’importance et la valeur positive de ce que réalisent
pour le mariage et la famille les associations familiales ecclésiales.
C’est pourquoi, «je désire enfin inviter
tous les chrétiens à collaborer, avec cordialité
et courage, avec tous les hommes de bonne volonté qui
exercent leurs responsabilités au service de la famille»
(Familiaris consortio, n. 86), pour que, unissant leurs forces
et dans le pluralisme légitime des initiatives, elles
contribuent à la promotion du véritable bien de
la famille dans la société actuelle.
Revenons quelques instants à
la première lecture de la Messe, tirée du livre
d’Esther. L’église en prière a vu
en cette humble reine, qui intercède avec tout son être
pour son peuple qui souffre, une préfiguration de Marie,
que son Fils nous a donné à tous comme Mère;
une préfiguration de la Mère qui, par son amour,
protège la famille de Dieu qui chemine en ce monde. Marie
est l’image exemplaire de toutes les mères, de
leur grande mission d’être les gardiennes de la
vie, de leur mission d’enseigner l’art de la vie,
l’art d’aimer.
La famille chrétienne –
père, mère, enfants – est appelée
aussi à accomplir les objectifs considérés
non pas comme imposés de l’extérieur, mais
comme un don de la grâce du sacrement de mariage fait
aux époux. S’ils demeurent ouverts en permanence
à l’Esprit et qu’ils demandent son aide,
l’Esprit ne manquera pas de leur communiquer l’amour
de Dieu Père, manifesté et incarné dans
le Christ. La présence de l’Esprit aidera les époux
à ne pas perdre de vue la source et la mesure de leur
amour et de leur don mutuel, à collaborer avec l’Esprit
pour le rendre présent et l’incarner dans toutes
les dimensions de leur existence. L’Esprit suscitera alors
en eux le désir de la rencontre définitive avec
le Christ dans la maison de son Père et notre Père.
Tel est le message d’espérance que, de Valence,
je veux lancer à toutes les familles du monde. Amen.
Quel bel enseignement !
Digne d’étude.