Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 30 au 5 Août

Le Pape Benoît XVI à Valence, en Espagne,
Son enseignement sur la famille.

 

 

Le Pape Benoît XVI à Valence, en Espagne,
Son enseignement sur la famille.

On sait que le pape Benoît XVI a fait, les 8 et 9 juillet 2006, un voyage apostolique à Valence en Espagne, à l’occasion de la cinquième Rencontre mondiale des familles qui eut pour thème : « la transmission de la foi dans la famille ».
Vous trouverez dans cette paroisse saint Michel, tous les textes que le pape a prononcés.
- lors de la cérémonie de bienvenue à l’aéroport de Valence,
- lors de sa réception à la cathédrale, aux évêques espagnoles,
- lors de la Cérémonie de congé à l’aéroport de Valence
- lors de la veillée des familles à Valence
- lors de la messe de Valence
Son enseignement mérite d’être médité. Il pourrait parfaitement servir à l’occasion de réunions des familles.

A- Allocution de Benoît XVI, lors de la Cérémonie de bienvenue à l’aéroport de Valence

Son thème : le caractère central, pour l’Église et la société, de la famille fondée sur le mariage
« Majestés,
Monsieur le Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les membres des Autorités,
Messieurs les Cardinaux et chers Frères dans l’Épiscopat,
Chers Frères et Sœurs,

1. Avec une grande émotion, j’arrive aujourd’hui à Valence, dans la noble et la toujours bien-aimée Espagne, qui m’a laissé tant de souvenirs heureux lors de mes précédentes visites à l’occasion de congrès et de réunions.

2. Je vous salue tous cordialement, vous qui êtes ici présents et vous tous qui suivez cet événement à travers les moyens de communication.

Je remercie Sa Majesté le Roi Juan Carlos de sa présence ici, avec Sa Majesté la Reine, lui exprimant ma gratitude toute spéciale pour les paroles de bienvenue qu’il m’a adressées au nom du peuple espagnol.

J’exprime aussi ma reconnaissance déférente à Monsieur le Chef du Gouvernement et à toutes les Autorités de la Nation, de la région autonome et de la municipalité, leur manifestant ma gratitude pour la collaboration qu’ils ont apportée, afin que cette cinquième Rencontre mondiale se déroule dans les meilleures conditions possibles.

Je salue affectueusement Monseigneur Agustín García-Gasco, Archevêque de Valence, et ses Auxiliaires, ainsi que tout l’Archidiocèse levantin, qui m’a chaleureusement accueilli dans le cadre de cette Rencontre mondiale et qui accompagne en ces jours, dans la douleur, les familles qui pleurent des êtres chers, victimes d’un tragique accident, et qui demeure proche aussi de tous les blessés.

Mes salutations affectueuses vont aussi au Président du Conseil pontifical pour la Famille, le cardinal Alfonso López Trujillo, ainsi qu’aux autres Cardinaux, au Président et aux membres de la Conférence épiscopale espagnole, aux prêtres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs.

3. Le motif de cette visite attendue est de participer à la cinquième Rencontre mondiale des Familles, dont le thème est : «La transmission de la foi dans la famille». Mon désir est de proposer le caractère central, pour l’Église et pour la société, de la famille fondée sur le mariage. C’est une institution irremplaçable selon le projet de Dieu, dont l’Église ne peut cesser d’annoncer et de promouvoir la valeur fondamentale, pour qu’elle soit toujours vécue avec le sens de sa responsabilité et avec joie.

4. Mon Vénéré Prédécesseur et grand ami de l’Espagne, le cher Jean-Paul II, a convoqué cette Rencontre. Mû par la même sollicitude pastorale, j’aurai demain la joie de la conclure avec la célébration de la Sainte Messe dans la Cité des Arts et des Sciences.

Uni à tous les participants, j’implorerai le Seigneur, par l’intercession de notre Mère très sainte et de l’Apôtre Jacques, pour qu’il accorde aux familles d’Espagne et du monde entier de nombreuses grâces.

Que le Seigneur répande sur vous et sur vos chères familles l’abondance de ses bénédictions!

B- Message de Benoît XVI aux évêques espagnols


Chers Frères dans l’Épiscopat,

Le cœur rempli de joie, je rends grâce au Seigneur d’avoir pu venir en Espagne comme Pape, pour participer à la Rencontre mondiale des Familles à Valence. Je vous salue affectueusement, Évêques de ce cher Pays, et je vous remercie de votre présence et des nombreux efforts que vous avez réalisés à l’occasion de sa préparation et de sa célébration. J’apprécie particulièrement l’important travail mené à bien par l’Archevêque de Valence et par ses Auxiliaires, pour que cet événement particulièrement significatif pour l’Église tout entière porte les fruits désirés, contribuant à donner un nouvel élan à la famille comme sanctuaire de l’amour, de la vie et de la foi.

En réalité, votre sollicitude à tous a rendu possible la création d’un esprit de famille entre les collaborateurs et les participants provenant des différentes régions d’Espagne. C’est un élément prometteur répondant aux désirs que vous aviez exprimés dans votre message commun concernant cette Rencontre mondiale; c’est aussi une invitation à en recevoir les fruits, pour poursuivre une pastorale familiale soutenue et forte dans vos diocèses, qui fasse entrer dans chaque foyer le message évangélique, qui fortifie et qui donne de nouvelles dimensions à l’amour, aidant ainsi à dépasser les difficultés qui peuvent se faire jour en chemin.

Vous savez que je suis de près et avec beaucoup d’intérêt les événements de l’Église dans votre pays, qui a de profondes racines chrétiennes, Église qui a tant donné et qui est appelée à donner un témoignage de foi et à le répandre dans de nombreuses autres parties du monde. Maintenez vivant et vigoureux cet esprit, qui a accompagné la vie des Espagnols dans leur histoire, pour qu’il continue à nourrir et à donner vitalité à l’âme de votre peuple.

Je connais et j’encourage l’impulsion que vous êtes en train de donner à l’action pastorale, en une période de sécularisation rapide qui affecte parfois même la vie interne des communautés chrétiennes. Continuez donc à proclamer sans vous décourager que se passer de Dieu, agir comme s’il n’existait pas ou reléguer la foi dans la sphère purement privée, détruit la vérité de l’homme et hypothèque l’avenir de la culture et de la société. Au contraire, diriger son regard vers le Dieu vivant, garant de notre liberté et de la vérité, est une promesse pour accéder à une humanité nouvelle. Le monde a aujourd’hui particulièrement besoin qu’on annonce et qu’on témoigne de Dieu, qui est amour et aussi l’unique lumière qui, en définitive, illumine l’obscurité du monde et nous donne la force de vivre et d’agir (cf. Deus caritas est, n. 39).

Dans les moments ou dans les situations difficiles, rappelez-vous les paroles de l’Épître aux Hébreux: «Nous courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de notre foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix [...] et vous ne serez pas accablés par le découragement» (12, 1-3). Proclamez que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16), celui qui a les paroles de la vie éternelle (cf. Jn 6,68), et ne nous lassez pas de rendre compte de l’espérance qui est en vous (cf. 1 P 3,15).

Poussés par votre sollicitude pastorale et par l’esprit de pleine communion dans l’annonce de l’Évangile, vous avez orienté la conscience chrétienne de vos fidèles vers divers aspects de la réalité devant laquelle ils se trouvent, aspects qui, en certaines occasions, perturbent la vie ecclésiale et la foi des gens simples. De même, vous avez mis l’Eucharistie comme thème central de votre Plan pastoral, afin de « donner une nouvelle vigueur à la vie chrétienne à partir de ce qui en est le cœur, puisqu’en pénétrant dans le mystère eucharistique, nous entrons dans le cœur de Dieu » (n. 5). Certainement, dans l’Eucharistie se réalise « l’acte central de transformation qui est seul en mesure de renouveler vraiment le monde » (Homélie à Marienfeld, Cologne, 21 août 2005).

Chers Frères dans l’Épiscopat, je vous exhorte instamment à maintenir et à fortifier votre communion fraternelle, témoignage et exemple de la communion ecclésiale qui doit régner dans tout le peuple fidèle qui vous a été confié. Je prie pour vous, je prie pour l’Espagne. Je vous demande de prier pour moi et pour toute l’Église. J’invoque la sainte Vierge Marie, si vénérée dans votre terre, pour qu’elle vous protège et qu’elle vous accompagne dans votre ministère pastoral, et je vous accorde une très affectueuse Bénédiction apostolique.

Valencia, le 8 juillet 2006

BENEDICTUS PP. XVI


C- Message de Benoît XVI aux séminaristes
« Vivez intensément vos années de préparation au sein du séminaire »


Chers Frères et Sœurs,

À mon arrivée à Valence, j’ai voulu avant tout visiter le lieu qui représente le cœur de cette Église particulière, très ancienne et florissante, cette Église qui me reçoit: sa belle cathédrale, où j’ai prié devant le Saint-Sacrement et où je me suis recueilli devant la fameuse relique du Saint Calice. Là, j’ai salué les Évêques, les prêtres, les religieux et religieuses, qui, selon leur ministère et leur charisme propres, s’efforcent de maintenir vive la lumière de la foi.

Puis, devant la Vierge des Délaissés, que les habitants de Valence vénèrent avec une grande ferveur et une profonde dévotion, j’ai imploré pour qu’elle soutienne leur foi et qu’elle remplisse d’espérance tous leurs enfants. À cet endroit, accompagnant les familles des victimes du métro, j’ai aussi prié avec elles le Notre Père, pour le repos éternel de leurs chers défunts.

Je désire maintenant vous saluer avec affection, chers séminaristes, accompagnés de vos proches, qui vivent avec joie le cheminement de votre vocation. L’amour, le don mutuel et la fidélité de vos parents, de même que la concorde en famille, tel est le cadre propice pour écouter l’appel de Dieu et pour accueillir le don de la vocation. Vivez intensément vos années de préparation au sein du séminaire, avec le soutien et le discernement de vos formateurs, avec la docilité et la confiance totales des Apôtres, qui ont suivi Jésus avec promptitude. Apprenez de la Vierge Marie comment il convient d’accueillir sans réserve un tel appel, avec joie et générosité. Nous le rappelons et nous le demandons précisément dans la belle prière de l’Angélus, que nous allons réciter tous ensemble, priant aussi «le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson» (Mt, 9, 38).

Maintenant, avec un amour filial et dans la langue de Valence, je m’adresse à la Vierge, votre sainte patronne. «Devant la ‘Jorobadita’, je désire dire: ‘Protège-nous jour et nuit dans toutes les occasions, toi qui es, Vierge Marie, la Mère des Délaissés’».


D- allocution de Benoît XVI lors de la cérémonie de congé à l’aéroport de Valence
« L’alliance matrimoniale, … un grand bien pour toute l’humanité

Majestés,
Monsieur le Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les membres des Autorités,
Messieurs les Cardinaux et chers Frères dans l’Épiscopat,
Chers Frères et Sœurs,

1. Au terme de mon agréable séjour à Valence à l’occasion de la cinquième Rencontre mondiale des Familles, j’exprime ma vive gratitude à leurs Altesses Royales d’Espagne, aux Autorités de la Nation, de la Région autonome de Valence et de la Mairie, ainsi qu’à Monseigneur l’Archevêque et à vous tous, pour l’aimable hospitalité dont vous m’avez gratifié et pour les marques d’affection que vous m’avez témoignées tout au long de ma visite dans cette terre levantine florissante.

2. Je suis sûr que, avec l’aide du Très-Haut et la maternelle protection de la Vierge Marie, cette Rencontre continuera de résonner comme un hymne joyeux à l’amour, à la vie et à la foi partagée par les familles, aidant le monde d’aujourd’hui à comprendre que l’alliance matrimoniale, par laquelle le mari et la femme établissent un lien permanent, est un grand bien pour toute l’humanité.

3. Merci de votre présence ici. Vous êtes venus de tous les continents du monde, non sans avoir fait des sacrifices que vous avez offerts au Seigneur. Je vous porte dans mon cœur. Mes sentiments s’associent à ma prière pour que le Tout-Puissant vous bénisse maintenant et toujours.


E- Allocution de Benoît XVI lors de la veillée des familles à Valence


Chers Frères et Sœurs,

C’est pour moi un grand bonheur de participer à cette rencontre de prière, au cours de laquelle on célèbre dans la joie le don divin de la famille. Dans la prière et dans l’espérance dans le Christ ressuscité, qui donne force et lumière même dans les moments de plus grande détresse humaine, je me sens très proche de tous ceux qui ont récemment vécu un deuil dans cette ville.

Unis dans la même foi au Christ, nous sommes ici rassemblés, venus du monde entier, comme une communauté qui rend grâce et qui témoigne joyeusement que l’être humain a été créé à l’image et la ressemblance de Dieu pour aimer et qu’il ne peut se réaliser pleinement lui-même que lorsqu’il se donne sincèrement aux autres. La famille est le lieu privilégié où toute personne apprend à donner et à recevoir de l’amour. C’est pourquoi l’Église manifeste constamment sa sollicitude pastorale envers ce milieu essentiel pour la personne humaine. Elle l’enseigne ainsi dans son Magistère: « Dieu, qui est amour et qui a créé l’homme par amour, l’a appelé à aimer. En créant l’homme et la femme, il les a appelés, dans le Mariage, à une intime communion de vie et d’amour entre eux, "à cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul" (Mt 19,6) » (Catéchisme de l’Église catholique. Compendium, n. 337).

Telle est la vérité que l’Église proclame inlassablement au monde. Mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II affirmait que « l’homme est devenu "image et ressemblance" de Dieu non seulement à travers sa propre humanité, mais aussi à travers la communion de personnes que l’homme et la femme constituent dès le début. L’homme devient image de Dieu au moment de la communion plus qu’au moment de la solitude » (Audience générale du 14 novembre 1979). Aussi ai-je confirmé la convocation de cette cinquième Rencontre mondiale des Familles en Espagne, et plus précisément à Valence, riche de ses traditions et fière de sa foi chrétienne qui se vit et qui se cultive dans de nombreuses familles.

La famille est une institution intermédiaire entre l’individu et la société, et rien ne peut la remplacer totalement. Elle s’appuie elle-même par-dessus tout sur une relation interpersonnelle profonde entre l’époux et l’épouse, soutenue par l’affection et la compréhension mutuelles. Pour y parvenir, elle reçoit l’aide abondante de Dieu dans le sacrement du mariage, qui comporte une vocation véritable à la sainteté. Puissent leurs enfants contempler davantage les moments d’harmonie et d’affection de leurs parents, plutôt que les moments de discorde ou d’éloignement, puisque l’amour entre le père et la mère offre aux enfants une grande sécurité et leur enseigne la beauté de l’amour fidèle et durable.

La famille est un bien nécessaire pour les peuples, un fondement indispensable pour la société et un grand trésor pour les époux durant toute leur vie. C’est un bien irremplaçable pour les enfants, qui doivent être le fruit de l’amour, du don total et généreux de leurs parents. Proclamer la vérité intégrale de la famille, fondée sur le mariage comme Église domestique et sanctuaire de la vie, est une grande responsabilité pour tous.

Le père et la mère se sont dit un «oui» total devant Dieu, un «oui» qui constitue la base du sacrement qui les unit; de même, pour que la relation au sein de la famille soit totale, il est nécessaire qu’ils disent aussi un «oui» d’acceptation à leurs enfants, à ceux qu’ils ont engendrés ou à ceux qu’ils ont adoptés, qui possèdent leur propre personnalité et leur propre caractère. Ainsi, les enfants grandiront dans un climat d’acceptation et d’amour, et il est à souhaiter que, lorsqu’ils parviendront à une maturité suffisante, ils pourront donner à leur tour un «oui» à ceux qui leur ont donné la vie.

Les défis de la société actuelle, marquée par la dispersion que l’on observe particulièrement dans le milieu urbain, rendent nécessaire de garantir que les familles ne demeurent pas isolées. Un petit noyau familial peut rencontrer des obstacles difficiles à dépasser s’il est isolé du reste de sa parenté et de ses amis. C’est pourquoi la communauté ecclésiale a la responsabilité d’offrir un accompagnement, des encouragements et une nourriture spirituelle qui fortifient la cohésion familiale, surtout dans les épreuves ou dans les moments critiques. Dans cet esprit, le travail des paroisses, comme celui des divers mouvements ecclésiaux, est très important, eux qui sont appelés à collaborer comme des réseaux de soutien et comme la main tendue de l’Église pour la croissance de la famille dans la foi.

Le Christ a révélé ce qui est toujours la source suprême de la vie pour tous et donc aussi pour la famille : « Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 12-13). L’amour de Dieu lui-même a été répandu sur nous par le Baptême. À partir de là, les familles sont appelées à vivre une qualité d’amour, puisque que le Seigneur est celui qui se porte garant que cela est possible pour nous à travers l’amour humain, sensible, affectueux et miséricordieux comme l’amour du Christ.

Outre la transmission de la foi et de l’amour du Seigneur, une des tâches les plus importantes de la famille consiste à former des personnes libres et responsables. C’est pourquoi les parents doivent faire accéder leurs enfants à la liberté, dont ils sont, durant quelque temps, les tuteurs. Si les enfants voient que leurs parents – et en général les adultes qui les entourent – vivent avec joie et enthousiasme, même dans les difficultés, grandira plus facilement en eux la joie profonde de vivre qui les aidera à dépasser avec succès les obstacles possibles et les difficultés que comporte la vie humaine. De plus, quand la famille ne se renferme pas sur elle-même, les enfants apprennent que chaque personne est digne d’être aimée, et qu’il existe une fraternité fondamentale universelle entre tous les êtres humains.

Cette cinquième Rencontre mondiale nous invite à réfléchir sur un thème qui revêt une particulière importance et qui comporte une grande responsabilité pour nous: « La transmission de la foi dans la famille ». Le Catéchisme de l’Église catholique l’exprime très bien : « Comme une mère apprend à ses enfants à parler, et par-là même à comprendre et à communiquer, l’Église, notre Mère, nous apprend le langage de la foi pour nous introduire dans l’intelligence et la vie de la foi » (n. 171).

Comme cela est manifesté symboliquement dans la liturgie du Baptême, par la remise du cierge allumé, les parents sont associés au mystère de la vie nouvelle comme fils de Dieu, vie qui se reçoit par l’eau baptismale.

Transmettre la foi à ses enfants, avec l’aide d’autres personnes et d’autres institutions comme la paroisse, l’école ou les mouvements catholiques, est une responsabilité que les parents ne peuvent oublier, négliger ou déléguer totalement. « La famille chrétienne est appelée Église domestique parce qu’elle manifeste et révèle la nature de l’Église comme famille de Dieu, qui est d’être communion et famille. Chacun de ses membres, selon son rôle propre, exerce le sacerdoce baptismal, contribuant à faire de la famille une communauté de grâce et de prière, une école de vertus humaines et chrétiennes, le lieu de la première annonce de la foi aux enfants » (Catéchisme de l’Église catholique, Compendium, n. 350). De plus, « les parents, participants de la paternité divine, sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants et les premiers à leur annoncer la foi. Ils ont le devoir d’aimer et de respecter leurs enfants comme personnes et comme fils de Dieu... En particulier, ils ont pour mission de les éduquer à la foi chrétienne » (ibid., n. 460).

Le langage de la foi s’apprend dans les foyers où cette foi grandit et se fortifie à travers la prière et la pratique chrétiennes. Dans la lecture du Deutéronome, nous avons écouté la prière répétée constamment par le peuple élu, le Shema Israel, que Jésus écoutait et répétait dans son foyer de Nazareth. Lui-même rappellera cette prière durant sa vie publique, comme nous l’indique l’Évangile de Marc (12,29). Telle est la foi de l’Église qui provient de l’amour de Dieu, par l’intermédiaire de vos familles. Vivre l’intégralité de cette foi, dans sa merveilleuse nouveauté, est un grand don. Mais, lorsque à certains moments le visage de Dieu semble se cacher, croire est difficile et coûte un grand effort.

Notre rencontre donne un nouveau souffle pour continuer d’annoncer l’Évangile de la famille, réaffirmer sa vigueur et son identité fondée sur le mariage ouvert au don généreux de la vie, et où l’on accompagne les enfants dans leur croissance physique et spirituelle. Ainsi, on s’oppose à un hédonisme très répandu, qui banalise les relations humaines et qui les vide de leur valeur et de leur beauté authentiques. Promouvoir les valeurs du mariage n’empêche pas de goûter pleinement le bonheur que l’homme et la femme rencontrent dans leur amour mutuel. La foi et l’éthique chrétiennes, par conséquent, ne prétendent pas étouffer l’amour, mais le rendre plus sain, plus fort et réellement plus libre. C’est pourquoi l’amour humain a besoin d’être purifié et de mûrir pour être pleinement humain et pour être le principe d’un bonheur vrai et durable (cf. Discours à Saint-Jean de Latran, 5 juin 2006).

J’invite donc les gouvernants et les législateurs à réfléchir sur le bien évident que les foyers en paix et en harmonie assurent à l’homme, à la famille, centre névralgique de la société, comme le rappelle le Saint-Siège dans la Charte des droits de la famille. L’objet des lois est le bien intégral de l’homme, la réponse à ses besoins et à ses aspirations. C’est une aide notable à la société, dont on ne peut se passer, et cela demeure pour les peuples une sauvegarde et une purification. De plus, la famille est une école d’humanisation de l’homme, pour qu’il grandisse jusqu’à devenir pleinement homme. Dans cette perspective, l’expérience d’être aimés par leurs parents conduit les enfants à avoir conscience de leur dignité de fils.

La créature conçue devra être éduquée dans la foi, aimée et protégée. Les enfants, avec le droit fondamental à naître et à être éduqués dans la foi, ont droit à un foyer qui ait pour modèle celui de Nazareth et à être préservés de toute embûche et de toute menace.

Je souhaite m’adresser maintenant aux grands-parents, si importants dans les familles. Ils peuvent être – et souvent ils sont – les garants de l’affection et de la tendresse que tout être humain a besoin de donner et de recevoir. Ils donnent aux plus jeunes le sens du temps, ils sont la mémoire et la richesse des familles. Qu’ils ne soient, sous aucun prétexte, exclus du cercle familial! Ils sont un trésor que nous ne pouvons pas soustraire aux nouvelles générations, surtout quand ils donnent un témoignage de foi à l’approche de la mort.

Je souhaite maintenant reprendre une partie de la prière que vous avez prononcée en demandant que cette Rencontre mondiale des Familles porte de bons fruits :

Mon Dieu, qui, dans la Sainte Famille,
nous as laissé un modèle parfait de vie familiale,
vécue dans la foi et dans l’obéissance à ta volonté,
Aide-nous à être exemples de foi et d’amour selon tes commandements.
Viens à notre secours dans notre mission de transmettre la foi à nos enfants.
Ouvre leur cœur pour que grandisse en eux
la semence de la foi qu’ils ont reçue au Baptême.
Fortifie la foi de nos jeunes,
afin que se fortifie en eux la connaissance de Jésus.
Augmente l’amour et la fidélité dans tous les foyers,
spécialement dans ceux qui connaissent des moments de souffrance ou de difficulté.
(. . .)
Unis à Joseph et à Marie,
Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.

F- Homélie de Benoît XVI lors de la messe de Valence, le 9 juillet.


Chers Frères et Sœurs,

Au cours de cette Messe que j’ai la grande joie de présider, concélébrant avec de nombreux Frères dans l’épiscopat et un grand nombre de prêtres, je rends grâce au Seigneur pour toutes les familles bien-aimées qui sont rassemblées ici, formant une foule joyeuse, et aussi pour tant d’autres familles qui, même dans des lieux éloignés, suivent cette célébration au moyen de la radio et de la télévision. À tous, je désire adresser mes salutations et exprimer ma profonde affection, avec un geste de paix.

Les témoignages d’Esther et de Paul, que nous avons écoutés dans les lectures, nous montrent que la famille est appelée à apporter sa contribution à la transmission de la foi. Esther confesse: «J’ai entendu répéter, dans la tribu de mes pères, que tu as choisi Israël de préférence à toutes les nations» (14, 5). Paul suit la tradition des ses ancêtres juifs, rendant un culte à Dieu avec une conscience pure. Il loue la foi sincère de Timothée et lui rappelle cette foi: «C’était celle de Loïs, ta grand-mère, et d’Eunikè, ta mère, et je suis convaincu que c’est la même foi qui t’anime aussi» (2 Tm 1, 5). Dans ces témoignages bibliques, la famille ne comprend pas seulement les parents et leurs enfants, mais aussi les grands-parents et les ancêtres. La famille nous est ainsi présentée comme une communauté de générations et comme la garante d’un patrimoine de traditions.

Aucun homme ne s’est donné à lui-même son existence, ni n’a acquis par lui-même les connaissances élémentaires de la vie. Nous avons tous reçu des autres la vie et par-là même les vérités fondamentales, et nous sommes appelés à atteindre la perfection dans la relation et la communion amoureuse avec autrui. La famille, fondée sur le mariage indissoluble entre un homme et une femme, exprime cette dimension relationnelle, filiale et communautaire, et elle constitue le milieu dans lequel l’homme peut naître dans la dignité, grandir et se développer de manière intégrale.

Lorsqu’un enfant naît, à travers la relation avec ses parents, il commence à faire partie d’une tradition familiale, dont les racines sont encore plus anciennes. Avec le don de la vie, il reçoit tout un patrimoine d’expériences. À cet égard, les parents ont le droit et le devoir inaliénables de le transmettre à leurs enfants: les éduquer dans la découverte de leur identité, les initier à la vie sociale, à l’exercice responsable de leur liberté morale et de leur capacité d’aimer à travers l’expérience d’être aimés, et, par-dessus tout, à la rencontre avec Dieu. Les enfants grandissent et mûrissent humainement dans la mesure où ils accueillent avec confiance ce patrimoine et l’éducation qu’ils doivent assumer progressivement. De cette manière, ils sont capables d’élaborer une synthèse personnelle entre ce qu’ils ont reçu et la nouveauté, et ce que chacun personnellement et ce que chaque génération sont appelés à réaliser.

À l’origine de tout homme et, en même temps, de toute paternité et de toute maternité humaines, Dieu créateur est présent. C’est pourquoi les époux doivent accueillir l’enfant qui naît d’eux comme un fils non seulement d’eux, mais aussi de Dieu, qui l’aime pour lui-même et qui l’appelle à la filiation divine. Plus encore, toutes les générations, toute paternité et toute maternité, toute famille, trouvent leur origine en Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint.

En plus de la mémoire de ses ancêtres et de son peuple, son père avait transmis à Esther la mémoire d’un Dieu de qui tous procèdent et à qui tous sont appelés à répondre. La mémoire de Dieu Père, qui a choisi son peuple et qui agit dans l’histoire pour notre salut. La mémoire de ce Père éclaire l’identité la plus profonde des hommes: d’où nous venons, qui nous sommes et quelle est la grandeur de notre dignité. Nous venons certainement de nos parents et nous sommes leurs enfants, mais nous venons aussi de Dieu, qui nous a créés à son image et qui nous a appelés à être ses fils. C’est pourquoi, à l’origine de tout être humain, il n’existe pas d’aléa ni de hasard, mais un projet de l’amour de Dieu. C’est ce que nous a révélé Jésus Christ, vrai Fils de Dieu et homme parfait. Il connaît de qui il vient et de qui nous venons tous: de l’amour de son Père et de notre Père.

La foi n’est donc pas un simple héritage culturel, mais une action continue de la grâce de Dieu qui appelle et de la liberté humaine qui peut adhérer ou ne pas adhérer à cet appel. Bien que personne ne puisse répondre pour quelqu’un d’autre, les parents chrétiens sont cependant appelés à donner un témoignage crédible de leur foi et de leur espérance chrétiennes. Ils doivent faire en sorte que l’appel de Dieu et la Bonne Nouvelle du Christ parviennent à leurs enfants avec la plus grande clarté et la plus grande authenticité.

Au cours des années, ce don de Dieu que les parents ont contribué à placer devant les yeux de leurs tout-petits nécessitera aussi d’être éduqué avec sagesse et douceur, faisant grandir en eux la capacité de discernement. Ainsi, grâce au témoignage constant de l’amour conjugal de leurs parents, vécu et imprégné de foi, et grâce à un accompagnement véritable de la communauté chrétienne, on favorisera le don de la foi chez les enfants eux-mêmes, qui découvriront avec elle le sens profond de leur existence et qui se sentiront joyeux et reconnaissants pour ce don.

La famille chrétienne transmet la foi lorsque les parents enseignent à leurs enfants à prier et qu’ils prient avec eux (cf. Familiaris consortio, n. 60); lorsqu’ils les font s’approcher des sacrements et qu’ils les introduisent dans la vie de l’Église, lorsqu’ils se réunissent tous pour lire la Bible, plaçant la vie familiale à la lumière de la foi et louant Dieu comme un Père.

Dans la culture actuelle, on exacerbe souvent la liberté de l’individu conçu comme sujet autonome, comme s’il se faisait lui-même et qu’il se suffisait à lui-même, en marge de ses relations avec les autres et étranger à ses responsabilités envers autrui. On entend organiser la vie sociale seulement à partir de désirs subjectifs et changeants, sans aucune référence à une vérité objective préalable, tels que la dignité de tout être humain, ses droits et ses devoirs inaliénables, au service desquels doit se mettre tout groupe social.

L’Église ne cesse de rappeler que la véritable liberté de l’être humain vient du fait d’avoir été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est pourquoi l’éducation chrétienne est une éducation de la liberté et pour la liberté. «Nous faisons le bien non comme des esclaves, qui ne sont pas libres de faire autrement, mais nous le faisons parce que nous portons personnellement la responsabilité pour le monde; parce que nous aimons la vérité et le bien; parce que nous aimons Dieu lui-même et donc ses créatures également. Telle est la liberté véritable, à laquelle l’Esprit Saint veut nous conduire» (Homélie de la veillée de Pentecôte, Osservatore Romano en langue française, n. 23, 6 juin 2006, p. 3).

Jésus Christ est l’homme parfait, l’exemple de la liberté filiale, qui nous enseigne à communiquer aux autres son propre amour: «Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés; demeurez dans mon amour» (Jn 15, 9). À cet égard, le Concile Vatican II enseigne que, «en suivant la route qui leur est propre, les époux et les parents chrétiens, pour leur part, doivent se soutenir mutuellement dans la grâce, tout au long de leur vie, par un amour fidèle, et imprégner du sens des vérités chrétiennes et des vertus de l’Évangile les enfants qu’ils ont reçus de Dieu, avec amour. Ainsi, ils donnent à tous l’exemple d’un amour inlassable et généreux, ils construisent une fraternité de charité, ils sont les témoins et les coopérateurs de la fécondité de la Mère Église, en signe et en participation de l’amour dont le Christ a aimé son Épouse et s’est livré pour elle» (Lumen gentium, n. 41).

La joie amoureuse avec laquelle nos parents nous accueillirent et nous ont accompagnés dans nos premiers pas dans le monde est comme un signe et le prolongement sacramentel de l’amour bienveillant de Dieu d’où nous venons. L’expérience d’avoir été accueillis et aimés par Dieu et par nos parents est le fondement sûr qui favorise toujours la croissance et le développement authentique de l’homme, qui nous aide grandement à mûrir sur notre chemin vers la vérité et l’amour, et à sortir de nous-mêmes pour entrer en communion avec les autres et avec Dieu.

Pour avancer sur ce chemin de maturation humaine, l’Église nous enseigne à respecter et à promouvoir la merveilleuse réalité du mariage indissoluble entre un homme et une femme, qui est aussi l’origine de la famille. C’est pourquoi, reconnaître et soutenir cette institution est un des services les plus importants que l’on puisse apporter aujourd’hui au bien commun et au véritable développement des hommes et des sociétés, de même que la plus grande garantie pour assurer la dignité, l’égalité et la véritable liberté de la personne humaine.

Dans ce sens, je veux rappeler l’importance et la valeur positive de ce que réalisent pour le mariage et la famille les associations familiales ecclésiales. C’est pourquoi, «je désire enfin inviter tous les chrétiens à collaborer, avec cordialité et courage, avec tous les hommes de bonne volonté qui exercent leurs responsabilités au service de la famille» (Familiaris consortio, n. 86), pour que, unissant leurs forces et dans le pluralisme légitime des initiatives, elles contribuent à la promotion du véritable bien de la famille dans la société actuelle.

Revenons quelques instants à la première lecture de la Messe, tirée du livre d’Esther. L’église en prière a vu en cette humble reine, qui intercède avec tout son être pour son peuple qui souffre, une préfiguration de Marie, que son Fils nous a donné à tous comme Mère; une préfiguration de la Mère qui, par son amour, protège la famille de Dieu qui chemine en ce monde. Marie est l’image exemplaire de toutes les mères, de leur grande mission d’être les gardiennes de la vie, de leur mission d’enseigner l’art de la vie, l’art d’aimer.

La famille chrétienne – père, mère, enfants – est appelée aussi à accomplir les objectifs considérés non pas comme imposés de l’extérieur, mais comme un don de la grâce du sacrement de mariage fait aux époux. S’ils demeurent ouverts en permanence à l’Esprit et qu’ils demandent son aide, l’Esprit ne manquera pas de leur communiquer l’amour de Dieu Père, manifesté et incarné dans le Christ. La présence de l’Esprit aidera les époux à ne pas perdre de vue la source et la mesure de leur amour et de leur don mutuel, à collaborer avec l’Esprit pour le rendre présent et l’incarner dans toutes les dimensions de leur existence. L’Esprit suscitera alors en eux le désir de la rencontre définitive avec le Christ dans la maison de son Père et notre Père. Tel est le message d’espérance que, de Valence, je veux lancer à toutes les familles du monde. Amen.
Quel bel enseignement !
Digne d’étude.