Homélie : «
la famille et la transmission de la foi et de ses valeurs ».
J’ai eu l’occasion de célébrer
cette semaine l’anniversaire des vingt ans de mariage
d’une famille amie. Je me permets de vous en donner le
texte.
Bien chers amis,
20 ans de mariage !
Vos enfants ont voulu que vous chantiez au Seigneur votre action
de grâces au milieu de vos amis. Ils ont lancé,
au plus loin, leur belle carte d’invitation.
Comme Notre Dame, vous pouvez,
en effet, vous aussi, chanter votre « Magnificat »
: « Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit trésaille
de joie en Dieu, mon Sauveur ».
La famille et ses fruits.
Les motifs de votre « Magnificat
» commun, vous sont personnels et propres. Mais je ne
me tromperais pas trop en disant qu’ils tournent ...,
surtout aujourd’hui, autour de la beauté de la
formidable institution du mariage, qu’ils tournent autour
de ses biens...
Vous en avez goûté les fruits.
Votre union fut féconde.
Elle fut fidèle, aimante et généreuse.
Elle fut une et stable. Aussi s’est-elle écoulée,
cette union, dans la joie et la paix et la fécondité
de nombreuses œuvres...jusqu’à l’hébergement
d’un petit cours primaire, la paix pour vous, la paix
pour vos enfants.
Vous dites ainsi, à votre
manière, par l’exemple que la joie se trouve dans
le respect des lois conjugales que Dieu a voulu en créant
la cellule familiale : le procréation, l’unité,
l’indissolubilité.
La famille et la « transmission de la foi ».
Mais j’aimerais insister davantage aujourd’hui,
en ce vingtième anniversaire, sur le fait que la famille
est le lieu de la vraie « transmission de la foi ».
Saint Paul nous le rappelle lorsqu’il
écrit à Timothée, son discipline bien aimé.
Il lui rappelle que la foi qui l’anime, « c’était
celle de Loïs, ta grand-mère, et d’Eniké,
ta mère et je suis convaincu que c’est la même
foi qui t’anime aussi » (2 Tim 1 5)
De ce témoignage de Saint
Paul, la famille ne comprend pas seulement les parents et les
enfants mais aussi les grands-parents et les ancêtres.
La famille est une communauté de générations
et « comme la garante d’un patrimoine de tradition
». Ainsi s’exprimait Benoît XVI à Valences,
en juillet dernier..
La famille est une « vie
», certes, elle aussi une « tradition » qui
se transmet dans le temps de génération en génération.
Votre fierté, votre action
de grâces est d’avoir su garder, vivre et transmettre
cette tradition catholique, ce patrimoine catholique. Vous l’avez
transmis à vos enfants et vous le transmettez...et avec
quelle énergie, quelle joie, quel enthousiasme...une
joie communicative...C’est du reste l’attitude du
vrai chef qui communique dans la joie sa passion de vivre et
de vaincre.
L’homme est un héritier.
Aucun homme ne s’est donné
à lui-même son existence, ni a acquis par lui-même
les connaissances élémentaires de la vie (naturelle
et surnaturelle). Nous avons tous, tout reçu des autres.
L’homme est un « héritier » ce qui
fonde sa piété filiale et son patriotisme. Nous
avons tout reçu des autres et d’abord des parents
: la vie et les vérités fondamentales. Nous sommes
appelés, Dieu l’a voulu ainsi, à atteindre
la perfection de l’être en société,
en famille. L’homme est un animal social, vivant dans
une relation et une communion respectueuse, amicale et filiale
avec autrui. C’est ainsi que la famille est ce lieu social
nécessaire où se transmettent les vertus sociales
Fondée sur le mariage indissoluble
entre un homme et une femme, la famille exprime, réalise
cette dimension relationnelle vitale. La famille est le milieu
dans lequel l’enfant peut naître dans la dignité,
grandir et se développer de manière intégrale.
Il ne vit que parce qu’il en est le « petit »
citoyen.
Bien conscients de ces vérités
premières, vous y avez été fidèles.
Vous en rendez grâce aujourd’hui au Seigneur, au
milieu de vos enfants, fiers...Et vos amis sont dans l’admiration...Ils
sont venus aujourd’hui vous le dire et se réchauffer,
si besoin était, au contact de votre propre famille,
pour, eux aussi, fortifier leurs convictions sur la beauté
de la famille.
On peut dire que la famille est
ainsi un haut lieu de civilisation, un lieu nécessaire.
Ainsi un pays est fort de la qualité de ses familles...Que
par une raison quelconque elles faiblissent dans la transmission
de ce patrimoine, et c’est la vie sociale entière
qui en pâtira et cela nécessairement...
La famille et l’éducation
Lorsqu’une enfant naît,
à travers la relation avec ses parents, il commence à
faire partie d’une tradition familiale dont les racines
sont encore plus anciennes. Avec le don de la vie, il reçoit
tout un patrimoine d’expérience et de sagesse...Et
le devoir des parents, comme saint Paul le rappelle à
Timothée, un devoir et donc un droit inaliénables
parce que fondés sur la nature, est de le transmettre
aux enfants. C’est cela l’éducation : leur
faire découvrir leur identité de fils, les initier
à la vie familiale à travers la piété
filiale, à l’exercice responsable de leur liberté
morale, de leur capacité d’aimer à travers
l’expérience d’être aimé et
par-dessus tout les initier à la rencontre avec Dieu...C’est
alors que les enfants grandissent et mûrissent humainement.
Les enfants doivent accueillir avec confiance ce patrimoine.
C’est pourquoi, dans une vraie famille, il ne peut y avoir
de conflit de générations....Dans une vraie famille,
les enfants reçoivent...approfondissent, accueillent...créent
du nouveau s’ils en sont capables mais toujours sur le
« terreau » des choses anciennes et transmises.
La famille est la cellule sociale
où se transmet, vous dis-je, la tradition, la filiation
humaine et ses valeurs d’amour de la vie.
La famille et la vie divine transmise
Mais elle est aussi et surtout
le lieu où se transmet la filiation divine.
A l’origine de tout homme
et en même temps de toute paternité et maternité,
Dieu Créateur est présent.. Vous en êtes
bien conscients...Et c’est pourquoi vous avez accueilli
les enfants qui sont nés de vous, non seulement comme
de vous mais aussi comme de Dieu, comme l’a dit Benoît
XVI à Valences...Du reste, ils sont plus de Dieu que
de vous, en ce sens qu’ils ont leur être de Dieu
alors que vous leur avez donnés seulement le «
fieri », le « devenir » ...Ils sont plus de
Dieu que de vous, ils sont « comme de Dieu » qui
les aiment pour eux-mêmes et qui les appellent à
la filiation divine. Et c’est pourquoi vous vous êtes
empressés de les porter tous sur les fonds baptismaux
pour leur donner cette filiation divine, le plus beau des trésors,
la plus belle des traditions ...même la Tradition. Vous
la leur avez transmise et ainsi vous leur avez révélé
le nom de Dieu qui est « Père », Notre Père...Et
la mémoire de ce Père éclaire, de fait,
l’identité d’un chacun, a dit le pape : d’où
venons-nous, qui nous sommes et quelle est la grandeur de notre
dignité.
Cela, vous l’avez appris
à vos enfants. Ils savent qu’ils viennent de vous,
Ils sont vos enfants. Mais ils viennent aussi de Dieu. Ils disent
nous venons aussi de Dieu qui nous a créés à
son image et qui nous a appelés à être ses
fils. C’est pourquoi à l’origine de tout
être humain, il n’existe pas de « hasard »
mais un projet de l’amour de Dieu. C’est ce que
nous a révélé Jésus-Christ, vrai
Fils de Dieu et homme parfait. C’est ce que continue d’enseigner
l’Eglise. Voilà ce qu’on appelle la Tradition
: la Vérité de Dieu transmise par l’Eglise.
Et l’objet essentiel de cette Vérité traditionnelle
est que nous sommes « les « bénis de Dieu
en Jésus-Christ », ses fils adoptifs.
Saint Paul l’écrit
dans son Epître aux Ephésiens : « Béni
soit Dieu, le Père de NSJC qui nous a bénis en
NSJC de toutes sortes de bénédictions spirituelles
dans les cieux. C’est en Lui que Dieu nous a élus
dès avant la création du monde pour que nous soyons
saints et irréprochables devant Lui, nous ayant dans
son amour prédestinés à être ses
fils adoptifs par Jésus-christ selon le bon plaisir de
sa volonté... » (Eph 1 3)
Voilà la Tradition, merveilleusement
exprimée par Saint Paul et gardée jalousement
par l’Eglise.
Voilà ce à quoi votre foyer a voulu rester fidèle.
Voilà votre foi.
Dès lors, la famille n’est
donc pas simplement le lieu d’un simple héritage
culturel, d’un simple patrimoine matériel et littéraire...Elle
est le lieu surtout d’une action continue de la grâce
de Dieu qui appelle à cette filiation divine. Et c’est
pourquoi il y a un lien nécessaire entre la famille et
l’Eglise. La famille a besoin de l’Eglise qui lui
donne la grâce et l’Eglise a besoin de la famille
qui permet la grâce d’éclore heureusement....
La famille et la liberté.
Mais la liberté humaine
de l’enfant peut adhérer ou ne pas adhérer
à cet appel.
Alors là, dans ce jeu de
la liberté, le rôle des parents est capital. Leur
témoignage de foi et d’ espérance est primordial
auprès des enfants.
Vous avez su le leur donner.
Et vos enfants aujourd’hui
veulent vous en rendre grâce. C’est leur propre
témoignage de reconnaissance affectueuse. Ils vous remercient
de votre amour conjugal, vécu et imprégné
de la foi chrétienne et d’espérance joyeuse.
En cet amour, ils s’y sont tous comme désaltérés
comme la biche près de la source fraîche. Ils y
ont tout découverts...et surtout le sens profond de leur
vie. Ils se sentent joyeux et reconnaissants pour ce don de
cette filiation qui, par l’éducation donnée,
vous leur avez permis de garder : un don précieux ! Oui
rien moins que la vie éternelle.
Ainsi la famille transmet-elle
la foi. C’est dans la famille chrétienne que l’enfant
aussi apprend à prier qu’il s’approche des
sacrements et qu’il est introduit dans la vie de l’Eglise.
IL y a en ce sens, redisons le, une complémentarité
nécessaire entre la famille et l’Eglise. La famille
ne peut être « sanctuaire du divin » que parce
qu’elle est sujet, membre de l’Eglise, au cœur
de l’Eglise. A ce niveau on peut mesurer le préjudice
que la crise de l’Eglise fait courir aux familles....
Et si la vie familiale transmet
la foi, elle transmet aussi la liberté, le plus beau
des patrimoines. La véritable liberté de l’être
humain vient du fait « d’avoir été
créé à l’image et à la ressemblance
de Dieu ». Voilà le principe. « Spirituel
», « libre » : ce sont deux notions qui s’appellent
: « spirituel et donc libre ou libre parce qu’être
spirituel ».
Et c’est parce que vous avez
vécu cela que vous avez su donner cette éducation
qui est une éducation de la liberté, pour la liberté
et vos enfants vous en rendent grâce aujourd’hui.
Vous avez su leur faire comprendre
que si la liberté est le principe de l’être
spirituel, un apanage de l’être humain, elle n’en
est pas cependant au commencement mais à la fin. Elle
est comme la fleur ou le fruit de l’arbre. Elle est le
fruit de la vertu humaine, des vertus humaines. Autrement dit
on n’est pas libre à proportion qu’on est
meilleur. Il faut le devenir. La liberté est le fruit
de la vertu.
Vous avez su ainsi protéger
vos enfants de la mauvaise conception de la liberté de
la culture actuelle qui ne développe pas la liberté
mais la licence. Comme le dit Benoît XVI : « On
exacerbe souvent la liberté de l’individu conçu
comme un sujet autonome comme s’il se faisait lui-même
et qu’il se suffisait à lui-même en marge
de ses relations avec les autres et étrangers à
ses responsabilités avec autrui. On entend organiser
la vie sociale et familiale à partir de désirs
subjectifs et changeants sans aucune référence
à une vérité objective préalable
».
En cette ultime phrase, tout est
dit en la matière. La liberté est fondée
sur le vrai !
Ces « vérités
préalables », vous avez su les inculquer à
vos enfants : celle de la dignité de l’être
humain parce que spirituel, fait à l’image de Dieu,
celles des devoirs et des droits inaliénables à
la personne humaine...mais surtout celles de NSJC et de son
amour de charité. « Jésus-Christ est homme
parfait, l’exemple de la liberté filiale qui nous
enseigne à communiquer aux autres son propre amour. Comme
le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé.
Demeurez dans mon amour ». (Jn 15 5)
C’est dans cet amour religieux,
divin, surnaturel, « christique », comme étant
le prolongement de l’amour bienveillant de Dieu, que vous
avez su accueillir dans votre foyer vos nombreux enfants.
Et c’est aussi dans ce même
amour chaleureux que vos enfants ont grandi
Heureux sont-ils
Car l’amour parental est
« comme le fondement sûr, comme le rappelait encore
Benoît XVI, à Valences, qui favorise toujours la
croissance et le bon développement de l’enfant,
qui nous aide grandement à mûrir sur notre chemin
vers la vérité et l’amour et à sortir
de nous-mêmes pour entrer en communion avec les autres
et avec Dieu ».
Oui, il faut redire que l’amour
conjugal est la raison de la famille. Il est au cœur de
la famille. Voilà pourquoi on parle de « foyer
». Il est la raison de l’éducation tant il
est vrai que l’amour se communique. On retrouve ici la
définition même de l’amour : « diffusivum
sui ».
Alors on comprend très bien
pourquoi l’Eglise mène et mènera jusqu’au
bout le beau combat de la famille tellement menacée aujourd’hui.
C’est une question de survie de la société
politique.
Aussi par ma bouche, vous exprime-t-elle sa reconnaissance,
à vous, à votre famille, à votre épouse,
pour avoir su respecter et ainsi promouvoir la merveilleuse
réalité du mariage indissoluble.
Vous avez su créer une belle
famille
Vous avez reconnu et soutenu cette institution. Vous avez ainsi
su apporter le plus beau des services au bien commun de la société
en assurant la véritable liberté de vos enfants.
L’Eglise vous en exprime toute sa reconnaissance.
Et c’est pourquoi je vous félicite d’avoir
su organiser cette journée qui est une journée
toute à la gloire de la famille. Au delà même
de vos personnes, c’est la famille que vous avez voulu
exalter, louer, fêter. C’est bien !