Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 30 au 1 octobre

17ème dimanche après la Pentecôte

 

 

Homélie de M l’abbé Aulagnier à l’occasion de ses 35 ans de sacerdoce.

En la solennité extérieure de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’ai eu la joie de prononcer dans la belle église de saint Eloi à Bordeaux, à l’invitation de Monsieur l’abbé Laguérie, l’homélie suivante.

Mes biens chers Frères,

Quelle meilleure date souhaiter, pour fêter ses 35 ans de sacerdoce, que la fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, elle qui aima tant le sacerdoce catholique, elle qui voulait être prêtre, missionnaire pour évangéliser et porter au loin le nom si doux de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Aussi vous pouvez imaginer la gratitude qui m’anime aujourd’hui envers M l’abbé Philippe Laguérie qui a eu la gentillesse de m’inviter en cette circonstance dans cette si belle église maintenant restaurée !

35 ans de sacerdoce !
35 ans de joie
35 ans d’épreuves. L’une ne va pas sans l’autre. C’est la vie.

35 ans de joie !

De joie d’avoir rencontré Mgr Lefebvre et d’avoir reçu de lui, le 17 octobre 1971, le sacerdoce catholique, dans cette petite église de Riddes dans le Valais en Suisse où le curé Epinay enlevait pour la cérémonie, l’autel face au peuple…Il ne le remit jamais…Il célébra la messe au maître autel.

35 ans de joie et de labeurs pour la messe tridentine. Oui ! Grâce à Mgr Lefebvre, grâce aux prêtres de la FSSPX, grâce au soutien des laïcs et de leurs associations saint Pie V, saint Pie X, grâce à des prêtres plus âgés, nous avons pu garder la messe tridentin tellement aimée,tellement menacée. Nous avons pu garder le patrimoine grégorien, comme un trésor précieux de l’Eglise et de l’Occident. Vous le goûtez ici tous les dimanches
Et avec quelle magnificence…..Et cela grâce à la création de prieurés et des écoles. Voilà le but de toutes ces fondations qui commençaient à quadriller la France. Garder la messe, Garder la source de la grâce. Garder la foi. Garder le catéchisme. Garder le patrimoine catholique, littéraire, artistique. C’est grand ! Ce fut un travail passionnant pendant 18 ans, à la tête du District. J’en remercie la Providence. J’en remercie mes confrères. Dans cette œuvre, le rôle de Mgr Lefebvre fut déterminant. Il nous donna des raisons claires, il nous fit comprendre l’importance de la messe. Avec quelle passion, quel amour, il en parlait. J’ai encore dans mes oreilles son accent pathétique…alors qu’il fêtait à la Porte de Versailles son jubilé sacerdotale… »Gardez le testament de NSJC… ». Et dans ce combat, quelle humilité, un modèle. Il était au service de l’Eglise. Il nous donna l’amour de Rome. Nous ne combattions pas contre Rome. Nous combattions pour Rome, pour l’amour de Rome, de la papauté, pour ses trésors que nous avions appris à aimer au séminaire.
Il me dit un jour, revenant de chez le dentiste qui lui avait arraché une dent - C’est une simple anecdote mais révélatrice d’un état d’esprit, esprit qu’il ne faudrait pas perdre - « C’est bizarre Il m’a arraché un dent…Pourtant je n’ai de dent contre personne…même pas contre le Pape ». Face aux destructeurs de l’Eglise, face aux libéraux aux modernistes, nous nous sommes dressés…quoi de plus naturel. Dans ce combat de « géants », je voudrais faire une mention toute particulière pour la revue « Itinéraires » et son directeur Jean Madiran. C’était notre lecture préférée. Tous les mois, nous y puisions nos raisons de combat, nos convictions, notre enthousiasme…Nous goûtions tous les articles de ses brillants collaborateurs. De lui-même, d’abord. Le Père Calmel, Melle Luce Quénette avaient pour moi une place de choix. Madiran a formé une « génération »…La notre…Celle des abbés Laguérie, de Tanouarn…Alors nous pouvons comprendre un peu l’émotion que les journalistes de « La Vie » ont ressenti à l’annonce de la création du Bon Pasteur et de notre « réception » dans l’Eglise. Si Mgr Ricard se montre courtois et bienveillant, Jean Pierre Denis, éditorialiste à la Vie, ne l’imite guère. Dans son éditorial du 14 septembre il exprime sa crainte et son hostilité …Il ose même déclarer dans un esprit peu amène : « Cette église (qui nous reçoit) la nôtre (dit-il ? comme si elle n’était pas l’Eglise de tout baptisé) depuis toujours ne se laissera pas miner de l’intérieur ». Il craint. Il faut s’attendre à bien des combats. Qu’il sache que nous voulons seulement porter à l’Eglise notre dévouement.

35 ans de joie, joie d’avoir soutenu Mgr Lefebvre dans le choix des sacres épiscopaux. Il les fallait. Je ne change pas d’avis. Ce n’est pas parce que « les quatre évêques » sont infidèles, pour l’instant, à la pensée de Mgr Lefebvre, à sa « praxis » qu’ils deviennent une erreur. Il les fallait. Je ne voyais pas comment la Tradition catholique, le sacerdoce catholique, la messe tridentine pouvaient survivre sans la succession épiscopale assurée. C’est l’évêque qui fait le prêtre. C’est le prêtre qui offre le sacrifice de la messe, lequel renouvelle le sacrifice de la Croix et ce sacrifice de la Croix est au cœur de l’Eglise comme il est au cœur du plan divin du salut, raison de l’Incarnation. La messe est, dès lors, essentielle à l’Eglise, au monde à toute cité. La messe, la vraie messe, celle qu’il n’est pas besoin de réformer, abolie, ce serait la fin de l’Eglise, la fin du salut éternel. Cela ne se peut. L’épiscopat est donc essentiel à l’Eglise et donc au prêtre, au sacrifice de la messe.
C’est comme cela. Or historiquement, la FSSPX est née au moment de la subversion liturgique Et cette subversion mena historiquement son train d’enfer. La Providence confiait ainsi à la FSSPX la garde de la messe tridentine.
C’est comme cela.

Mgr Lefebvre parti, nul évêque n’aurait eu le courage de soutenir son œuvre créée pour le maintien de la messe tridentine. Rome ne l’aurait pas permis. Il ne faut jamais oublier cela. Le Cardinal Villot, à l’époque, en 1976, était intervenu pour qu’aucun évêque ne donne à Mgr Lefebvre les lettres « dimissoriales » pour les ordinations. Rome ayant échoué à faire plier notre prélat n’attendait, à l’époque, que sa mort. C’est peut-être dur de dire cela mais c’est la vérité. A cette époque –ne l’oublions pas ! – le Vatican voulait toujours la disparition de la messe traditionnelle, même encore en 1988. Aucun indice ne nous permettait de dire le contraire. Si la Fraternité Saint Pierre et les « autres » ont trouvé quelques évêques après 1988, ils le doivent pour beaucoup à la pérennité de la Fraternité Saint Pie X et à sa croissance. Dom Gérard, M. l’abbé Bisig, le Père de Bligniéres, Mgr Wladimir…ont eu toutes les faveurs de Rome, certainement en raison de leurs qualités, mais aussi parce qu’il fallait absolument réduire l’influence de Mgr Lefebvre, sinon la détruire et que les inonder de privilèges était un moyen d’attirer le monde traditionnel vers eux et déstabiliser la Fraternité Saint Pie X. Pourquoi donc Rome ne leur donnait-elle pas, avant les Sacres, tous les privilèges qu’ils ont reçu après ? Ils n’avaient pas moins de qualités avant qu’après. Ainsi si Mgr Lefebvre n’avait pas fait les sacres en 1988, son œuvre sacerdotale, à terme, était finie. Comment voulez vous tenir un séminaire si vous ne pouvez plus ordonner les séminaristes ?

35 ans de joie Oui ! Joie d’avoir voulu prendre la main de Rome…Joie d’avoir soutenu les abbés de Campos au Brésil dans la création de l’Administration Apostolique Saint Jean Marie Vianney. Joie d’avoir participé à la réalisation de la création de l’Institut du Bon Pasteur. Et oui !
Les choses humaines ne sont jamais immuables ni dans le bien ni dans le mal. Elles peuvent évoluer. Elles ont évolué à Rome. Devant la situation catastrophique de l’Eglise en Occident, en Europe, les prélats romains commençaient de changer…de changer en particulier sur le problème de la messe…Vous vous souvenez de la fameuse célébration à Rome de la messe tridentine, le 24 mai 2003. O quelle joie ! Cette acte était l’aboutissement d’une longue évolution qui a commencé en 1992, peut-être même en 1988, avec les réflexions du cardinal Ratzinger, du cardinal Stickler, la publication de leurs livres et conférences. O quelle joie de lire tout cela ! J’étudiais tout cela dans « Nouvelles de Chrétientés ». Passionné de caractère, je me passionnais de ses études. Nous nous éloignons peu à peu de la fameuse interdiction de Paul VI ordonnant à chaque communauté , la célébration de la Messe Nouvelle….jusqu’au jour où, sous la plume du cardinal Ratzinger nous lisions qu’il fallait arrêter ce conflit de la messe, cette opposition de la messe tridentine. Il écrivait même qu’il ne comprenait pas pourquoi beaucoup de ses confrères dans l’épiscopat maintenaient cette lutte. Quelle joie ! Quelle joie lorsque celui qui écrivait cela, fut élu pontife suprême…Alors ceux qui étaient contre la messe tridentine…devenaient plus réservés…. Ceux qui étaient timorés devenaient plus forts…C’est humain. C’est la force du chef. C’est son rôle. Assurez l’unité

35 ans de prêtrise…35 ans de joie… de joie de voir une situation s’améliorer avec Rome. Car je suis de ceux qui pense t qu’il y a, qu’il y avait, de fait, un danger pour nous de voir ce conflit s’éterniser et de voir s’éloigner une solution d’entente avec Rome. Voilà pourquoi je fus dans la joie profonde lors de la création de l’Administration apostolique saint Jean Marie Vianney et de l’Institut de Bon Pasteur… Il ne faut pas oublier de fait que l’Eglise est une «hiérarchie et qu’on ne peut éternellement vivre sans risque en dehors d’elle….

35 ans de joie…de joie de voir enfin un combat pour la messe reconnue dans sa légitimité. Car c’est aussi cela Campos. C’est cela L’institut de Bon Pasteur.

C’est cela Campos. Car Rome lui reconnaissait le droit, « la facultas » de célébrer dans toutes les églises de son administration, la messe tridentine. J’ai étudié leur statut avec application…Ainsi les choses allaient dans le bon sens. Quelle joie ! Nous avons perdu beaucoup de combat…En 2002, avec Campos et son Administration nous mettions le coin dans l’arbre…On leur demandait de reconnaître seulement la validité de la Nouvelle Messe, ce que nous avons toujours affirmés, mais il n’était plus question de reconnaître la « légitimité » et « l’orthodoxie » du NOM. Ces deux mots étaient passés sous silence et pour cause…Lorsque vous avez un cardinal qui ne cesse de vous parler de la « Réforme de la réforme de la messe », c’est bien que la reforme, elle, pose problème et qu’elle n’est peut-être pas si « légitime » et « orthodoxe » que cela.

Alors vous pouvez imaginer la joie de la création de l’Institut du Bon Pasteur qui a stipulé dans ses statuts que le droit propre de l’Institut c’est le rite tridentin et qu’il en a un usage exclusif.
Et ce n’est pas seulement statutaire
Ce n’est pas laissé à une libre exégèse. Ce ne peut être contesté. C’est l’interprétation romaine. Le décret d’érection le confirme : « aux membres de cet institut, l’Eglise confère le droit de célébrer la liturgie sacrée en utilisant et vraiment comme leur rite propre les livres liturgiques en vigueur en 1962 ».
Le cardinal Ricard, lui-même le confesse au journaliste de la Croix : « Ce qui est accordé est un usage exclusif du rite de la messe en vigueur en 1962 ».
« Exclusif » signifie-t-il que ces prêtres peuvent refuser de célébrer dans le rite de Paul VI ? demande le journaliste
« Oui, puisque l’usage de leur rite est exclusif »
Joie du prêtre de voir enfin un combat sur le point d’être gagné

Mais je dois confesser que mon souhait profond est de voir ce que l’on pourrait appeler l‘émergence d’un épiscopat propre de rite saint Pie V. Je crois que c’était la grande idée de Mgr Lefebvre
Mgr Lefebvre désirait voir Rome créer une sorte d’Administration apostolique personnel « universel » avec droit exclusif du rite tridentin.
Mgr Lefebvre désirait que Rome nous prenne « tels que nous sommes », avec notre attachement à la messe tridentine, avec notre attachement à la Tradition catholique de toujours. Il souhaitait que Rome organise comme un « dicastère » au Vatican pour aider au développement des communautés nombreuses et actives des traditionalistes et pour régler leurs problèmes, commission composée d’une majorité de membres favorables à Rome et à la Tradition. Il proposait alors que soit crée comme une Administration apostolique personnelle,un vrai diocèse, où les évêques, à sa tête, jouissent d’une juridiction cumulative avec les évêques du lieu. Il indiquait dans sa lettre et son projet remis dans les mains du cardinal Gagnon à l’issue de la visite canonique en 1987, que Rome s’inspire, en cette affaire, de ce que Jean Paul II venait de faire pour les « ordinariats aux armées. Cette juridiction cumulative était à imiter.
Cette administration apostolique engloberait, regrouperait toutes les diverses communautés traditionalistes avec leur spécificité et leurs originalités, leurs libertés. En un mot, il proposait à Rome de « canoniser » ce que concrètement, nous vivions avec la FFSPX et les autres oeuvres…C’est ce vers quoi il faut tendre….

Et c’est ce que Rome a fait avec les pères de Campos. Et Mgr Rangel et Mgr Rifan ont bien fait de poursuivre leurs négociations avec Rome pour aller jusqu’au terme…Et il faut le reconnaître Rome s’est fort inspiré, en cette affaire, des idées de Mgr Lefebvre. Pour quoi ne pas les reprendre…Et je n’ai pas compris pourquoi les autorités de la FFSPX aient refusé les propositions romaines. Elles ont eu tort. Elles ont été sur ce sujet infidèles, sans le vouloir, je le pense, à la pensée de Mgr Lefebvre.
Alors, moi, je veux continuer à travailler dans ce sens. Il faut arriver à cette situation. La messe tridentine sera définitivement sauvée lorsq’elle sera « gardée » par un épiscopat aimant cette messe et la célébrant habituellement…Mais pourquoi donc les prêtres et les évêques de la FSSPX ne veulent pas encore entendre ce langage ? Ce serait tout à leur honneur ! et bien dans la ligne de Mgr Lefebvre.
Amen.