Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 13 au 15 octobre

19ème dimanche après la Pentecôte

 

 

Les audiences générales du Pape, les mercredis

Lors de son audience générale du mercredi 11 octobre 2006, Benoît XVI a prononcé le discours suivant tout consacré aux deux Apôtres Simon le Cananéen et Jude Thaddée.
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Chers frères et sœurs,

Nous prenons aujourd'hui en considération deux des douze Apôtres : Simon le Cananéen et Jude Thaddée (qu'il ne faut pas confondre avec Judas Iscariote). Nous les considérons ensemble, non seulement parce que dans les listes des Douze, ils sont toujours rappelés l'un à côté de l'autre (cf. Mt 10, 4 ; Mc 3, 18 ; Lc 6, 15 ; Ac 1, 13), mais également parce que les informations qui les concernent ne sont pas nombreuses, en dehors du fait que le Canon néo-testamentaire conserve une lettre attribuée à Jude Thaddée.

Simon reçoit une épithète qui varie dans les quatre listes : alors que Matthieu et Marc le qualifient de « cananéen », Luc le définit en revanche comme un « zélote ». En réalité, les deux dénominations s'équivalent, car elles signifient la même chose : dans la langue juive, en effet, le verbe qana' signifie : « être jaloux, passionné » et peut être utilisé aussi bien à propos de Dieu, en tant que jaloux du peuple qu'il a choisi (cf. Ex 20, 5), qu'à propos des hommes qui brûlent de zèle en servant le Dieu unique avec un dévouement total, comme Elie (cf. 1 R 19, 10). Il est donc possible que ce Simon, s'il n'appartient pas précisément au mouvement nationaliste des Zélotes, soit au moins caractérisé par un zèle ardent pour l'identité juive, donc pour Dieu, pour son peuple et pour la Loi divine. S'il en est ainsi, Simon se situe aux antipodes de Matthieu qui, au contraire, en tant que publicain, provenait d'une activité considérée totalement impure. C'est le signe évident que Jésus appelle ses disciples et ses collaborateurs des horizons sociaux et religieux les plus divers, sans aucun préjugé. Ce sont les personnes qui l'intéressent, pas les catégories sociales ou les étiquettes ! Et il est beau de voir que dans le groupe de ses fidèles, tous, bien que différents, coexistaient ensemble, surmontant les difficultés imaginables : en effet, Jésus lui-même était le motif de cohésion, dans lequel tous se retrouvaient unis. Cela constitue clairement une leçon pour nous, souvent enclins à souligner les différences, voire les oppositions, oubliant qu'en Jésus Christ nous a été donnée la force pour concilier nos différences. Rappelons-nous également que le groupe des Douze est la préfiguration de l'Eglise, dans laquelle doivent trouver place tous les charismes, les peuples, les races, toutes les qualités humaines, qui trouvent leur composition et leur unité dans la communion avec Jésus.

En ce qui concerne ensuite Jude Thaddée, il est ainsi appelé par la tradition qui réunit deux noms différents : en effet, alors que Matthieu et Marc l'appellent simplement « Thaddée » (Mt 10, 3 ; Mc 3, 18), Luc l'appelle « Jude fils de Jacques » (Lc 6, 16 ; Ac 1, 13). Le surnom de Thaddée est d'une origine incertaine et il est expliqué soit comme provenant de l'araméen taddà, qui veut dire « poitrine » et qui signifierait donc « magnanime », soit comme l'abréviation d'un nom grec comme « Théodore, Théodote ». On ne connaît que peu de choses de lui. Seul Jean signale une question qu'il posa à Jésus au cours de la Dernière Cène. Thaddée dit au Seigneur : « Seigneur, pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et non pas au monde ? » C'est une question de grande actualité, que nous posons nous aussi au Seigneur : pourquoi le Ressuscité ne s'est-il pas manifesté dans toute sa gloire à ses adversaires pour montrer que le vainqueur est Dieu ? Pourquoi s'est-il manifesté seulement à ses Disciples ? La réponse de Jésus est mystérieuse et profonde. Le Seigneur dit : « Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » (Jn 14, 22-23). Cela signifie que le Ressuscité doit être vu et perçu également avec le cœur, de manière à ce que Dieu puisse demeurer en nous. Le Seigneur n'apparaît pas comme une chose. Il veut entrer dans notre vie et sa manifestation est donc une manifestation qui implique et présuppose un cœur ouvert. Ce n'est qu'ainsi que nous voyons le Ressuscité.

A Jude Thaddée a été attribuée la paternité de l'une des Lettres du Nouveau Testament, qui sont appelées « catholiques » car adressées non pas à une Eglise locale déterminée, mais à un cercle très vaste de destinataires. Celle-ci est en effet adressée « aux appelés, bien-aimés de Dieu le Père et réservés pour Jésus Christ » (v. 1). La préoccupation centrale de cet écrit est de mettre en garde les chrétiens contre tous ceux qui prennent le prétexte de la grâce de Dieu pour excuser leur débauche et pour égarer leurs autres frères avec des enseignements inacceptables, en introduisant des divisions au sein de l'Eglise « dans leurs chimères » (v. 8) ; c'est ainsi que Jude définit leurs doctrines et leurs idées particulières. Il les compare même aux anges déchus et, utilisant des termes forts, dit qu'« ils sont partis sur le chemin de Caïn » (v. 11). En outre, il les taxe sans hésitation de « nuages sans eau emportés par le vent ; arbres de fin d'automne sans fruits, deux fois morts, déracinés ; flots sauvages de la mer, crachant l'écume de leur propre honte ; astres errants, pour lesquels est réservée à jamais l'obscurité des ténèbres » (vv. 12-13).

Aujourd'hui, nous ne sommes peut-être plus habitués à utiliser un langage aussi polémique, qui nous dit cependant quelque chose d'important. Au milieu de toutes les tentations qui existent, avec tous les courants de la vie moderne, nous devons conserver l'identité de notre foi. Certes, la voie de l'indulgence et du dialogue, que le Concile Vatican II a entreprise avec succès, doit assurément être poursuivie avec une ferme constance. Mais cette voie du dialogue, si nécessaire, ne doit pas faire oublier le devoir de repenser et de souligner toujours avec tout autant de force les lignes maîtresses et incontournables de notre identité chrétienne. D'autre part, il faut bien garder à l'esprit que notre identité demande la force, la clarté et le courage face aux contradictions du monde dans lequel nous vivons. C'est pourquoi le texte de la lettre se poursuit ainsi : « Mais vous, mes bien-aimés, — il s'adresse à nous tous — que votre foi très sainte soit le fondement de la construction que vous êtes vous-mêmes. Priez dans l'Esprit Saint, maintenez-vous dans l'amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ en vue de la vie éternelle. Ceux qui sont hésitants, prenez-les en pitié...» (vv. 20-22). La Lettre se conclut sur ces très belles paroles : « Gloire à Dieu, qui a le pouvoir de vous préserver de la chute et de vous rendre irréprochables et pleins d'allégresse, pour comparaître devant sa gloire : au Dieu unique, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et puissance, avant tous les siècles, maintenant et pour tous les siècles. Amen » (vv. 24-25).

On voit bien que l'auteur de ces lignes vit en plénitude sa propre foi, à laquelle appartiennent de grandes réalités telles que l'intégrité morale et la joie, la confiance et, enfin, la louange ; le tout n'étant motivé que par la bonté de notre unique Dieu et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ. C'est pourquoi Simon le Cananéen, ainsi que Jude Thaddée, doivent nous aider à redécouvrir toujours à nouveau et à vivre inlassablement la beauté de la foi chrétienne, en sachant en donner un témoignage à la fois fort et serein.


Benoît XVI et la famille.
Lors de l’Angelus du dimanche 8 octobre, Benoît XVI a prononcé des paroles très fortes sur la famille


Chers frères et soeurs !

Ce dimanche l’Evangile nous présente les paroles de Jésus sur le mariage. A celui qui lui demandait s’il était licite que le mari répudie sa femme, comme le prévoyait un précepte de la loi de Moïse (cf. Dt 24, 1), Il répond qu’il s’agissait là d’une concession faite par Moïse en raison de la « dureté du cœur » mais que la vérité sur le mariage remontait « au commencement de la création », lorsque – comme il est écrit dans le Livre de la Genèse – Dieu « les fit homme et femme. A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un » (Mc 10, 6-7 ; cf. Gn 1, 27 ; 2, 24). Et Jésus ajouta : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas ! » (Mc 10, 8-9). Ceci est le projet originel de Dieu, comme l’a également rappelé le Concile Vatican II dans la Constitution Gaudium et Spes : « La communauté profonde de vie et d'amour que forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur; elle est établie sur l'alliance des conjoints… Dieu lui-même est l'auteur du mariage » (n. 48).

Ma pensée se tourne vers tous les époux chrétiens : je remercie avec eux le Seigneur pour le don du Sacrement du mariage, et je les exhorte à demeurer fidèles à leur vocation à toutes les étapes de la vie « dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie », comme ils l’ont promis dans le rite sacramentel. Conscients de la grâce reçue, puissent les conjoints chrétiens construire une famille ouverte à la vie et capable de faire face, unie, aux défis multiples et complexes de notre temps. Nous avons particulièrement besoin de leur témoignage aujourd’hui. Nous avons besoin de familles qui ne se laissent pas entraîner par des courants culturels modernes inspirés de l’hédonisme et du relativisme, et soient au contraire prêtes à accomplir leur mission dans l’Eglise et la société, en se donnant généreusement.

Dans l’Exhortation apostolique Familiaris consortio , le serviteur de Dieu Jean-Paul II a écrit que « le sacrement de mariage (…) établit les époux et les parents chrétiens comme témoins du Christ ‘jusqu'aux confins de la terre’, comme véritables ‘missionnaires’ de l'amour et de la vie » (cf. n. 54). Cette mission s’adresse aussi bien à la famille elle-même – spécialement à travers le service réciproque et l’éducation des enfants – qu’au monde extérieur : la communauté domestique est en effet appelée à être un signe de l’amour de Dieu envers toute personne. Il s’agit d’une mission que la famille chrétienne ne peut réaliser que si elle est soutenue par la grâce divine. Pour cette raison, il est nécessaire de prier sans jamais se lasser et de persévérer dans l’effort quotidien de conserver les engagements pris le jour du mariage. J’invoque sur toutes les familles, spécialement les familles en difficulté, la protection maternelle de la Vierge Marie et de son époux Joseph. Marie, Reine de la famille, prie pour nous !


Sur le gouvernement diocésain et les équipes d’animation pastorale.

A propos d’un projet diocésain d’équipe d’animation pastorale

On trouve sur le site du P. Jacques Gressier, official métropolitain de seconde instance de la Province de Reims et directeur du Centre Canonique d'Arras, cette très intéressante étude sur les équipe d’animation pastorale que les évêques mettent en place un peu partout dans leur diocèse pour essayer de faire face à la pénurie de prêtres. Cette analyse me paraît très importante…Il faut que Rome réagisse car, à travers ce projet, c’est l’Eglise entière qui se protestantise…

« Le Conseil de Pastorale d’un diocèse français vient de se voir présenter par son Evêque un « projet de charte pour les équipes d’animation pastorale » devant se mettre en place sur des « ensembles paroissiaux ». L’année précédente, certains doyennés ou instances du même diocèse avaient déjà été saisis officieusement d’un avant-projet relatif à « l’équipe paroissiale », avec la création d’« ensembles paroissiaux ». De tels « projets », de telles innovations, de telles recherches sont très nombreux dans notre pays, dont l’un des travers majeurs est de s’imaginer qu’une ré-organisation politique, administrative, ecclésiale fait partie des remèdes adéquats aux maux présents.

En ce qui concerne les paroisses, il est évident que la baisse des vocations et le manque de plus en plus grand de prêtres ont obligé les autorités ecclésiastiques à prendre des mesures, mais il faut hélas reconnaître qu’elles le firent et le font encore sans une concertation authentique des laïcs et des prêtres, et avec une méconnaissance ou un oubli fâcheux du droit de l’Eglise. Il ne s’agit pas ici de mauvais esprit, mais d’une simple constatation, alors que les bonnes volontés sont prêtes aux changements, si ceux-ci sont exposés, justifiés, discutés et décidés selon l’esprit même de l’Eglise.

Le « projet de charte pour les équipes d’animation pastorale », dont il est question ici, est accompagné de documents sur la « mission d’une EAP dans le diocèse de X. », sur le « fonctionnement d’une EAP », et sur le « Lien Conseil pastoral de doyenné et EAP ». Ces textes figurent en annexe, comme celui sur « l’équipe paroissiale » et l’ensemble paroissial, document qu’il convient d’examiner en premier, sous l’angle canonique et donc ecclésiologique.

1. L’ÉQUIPE PAROISSIALE ET L’ENSEMBLE PAROISSIAL.

« La paroisse a un curé. Il est curé de plusieurs paroisses actuelles qui forment un ensemble paroissial […] L’ensemble paroissial est composé de plusieurs paroisses actuelles : ces paroisses conservent, pour le moment, leurs registres, leur trésorier et leur comptabilité. » Tel est le texte diocésain.

Le c. 526 § 1 prescrit : « § 1. Le curé n’aura la charge paroissiale que d’une seule paroisse ; cependant, à cause de la pénurie de prêtres ou d’autres circonstances, la charge de plusieurs paroisses voisines peut être confiée au même curé. » Il n’est pas nécessaire pour cela de recourir à l’union des paroisses, mais celle-ci peut se révéler indispensable. Elle revient alors au seul Evêque diocésain, qui, selon le c. 515 § 2, « n’érigera (de paroisses), ne les supprimera ni ne les modifiera de façon notable sans avoir entendu le conseil presbytéral. »

Si la charge de plusieurs paroisses voisines est confiée au même curé, celui-ci est le pasteur propre de chacune de ces paroisses, où, comme le dit le c. 519, il exerce sous l’autorité de l’Evêque diocésain, la charge pastorale de la communauté qui lui est confiée « avec la collaboration éventuelle d’autres prêtres ou de diacres, et avec l’aide apportée par des laïcs, selon le droit. » Décider que sur un ensemble paroissial est constituée une équipe paroissiale composée du curé et de cinq personnes, sans mettre en relief le rôle essentiel du prêtre qui, seul, a la charge pastorale de la communauté, c’est oublier – ou refuser – « la nature et la mission du ministère sacré », ainsi que dévier « la vocation et le caractère séculier des fidèles laïcs » (cf. Instruction romaine du 15 août 1997, Doc. cath., 7 décembre 1997, n. 2171, p. 1010. Cf. aussi site Cedregi ; www.droit-regiminal.com, Les laïcs dans l’Eglise).

Qui est « chargé » par l’Eglise de l’annonce de la Parole de Dieu dans une communauté paroissiale ? C’est le prêtre (c. 528 § 1), avec l’aide des fidèles (Instr. citée, p. 1014). Qui est « chargé » par l’Eglise de la célébration de la foi ? C’est le prêtre (c. 528 § 2) avec l’aide des fidèles (cf. Instr., p. 1016). Qui est « chargé » de veiller à ce qu’aient un sens évangélique la solidarité, les préoccupations matérielles et la communication ? C’est le prêtre (c. 528 et 529) avec ici plus spécialement l’aide des laïcs chrétiens.

Bref, transférer à des laïcs, sans précisions théologiques et sans discernement, des rôles concernant l’annonce de la Parole de Dieu, la célébration de la foi et même un rôle relatif à la solidarité et à la communication, c’est priver le prêtre de sa mission propre d’être le pasteur des âmes qui lui sont confiées. Ce n’est pas faire œuvre d’Eglise.

Très concrètement, en plus, comment cette équipe composée du curé et de cinq personnes sera-t-elle constituée ? Le texte diocésain dit : « La paroisse a un curé. Il est curé de plusieurs paroisses actuelles qui forment un ensemble paroissial ». Mais alors, si ces paroisses actuelles ont encore un curé, qui sera le curé de l’ensemble paroissial ? Et qui va choisir les cinq personnes laïques qui formeront l’« équipe paroissiale » de l’« ensemble paroissial » ? Dans quelles conditions ces personnes seront-elles désignées ? Quelle formation ou qualification devront-elles avoir ?

Le document relatif à l’équipe paroissiale et à l’ensemble paroissial est une erreur canonique et ecclésiologique. Il ne peut qu’être rejeté.

2. LE PROJET DE CHARTE POUR LES ÉQUIPES D’ANIMATION PASTORALE.

Le projet donne de l’équipe d’animation pastorale la définition suivante : « Une équipe d’animation pastorale est une équipe qui, avec le curé, pasteur propre de la paroisse, nommé par l’évêque comme signe du Christ Tête et Pasteur, pour que l’Evangile soit annoncé, pour être au service de la communion et pour exercer le ministère sacramentel, est composée de personnes nommées par l’évêque pour que soit partagé dans un ensemble paroissial déterminé, l’exercice de la charge pastorale ».

1. Plusieurs remarques sont à faire au sujet des expressions : « avec le curé », « composé de personnes nommées par l’Evêque », « partagé … l’exercice de la charge pastorale ».

« Avec le curé » : bien sûr, « il y a une collaboration de tous les fidèles dans chacun des deux domaines de la mission de l’Eglise, tant dans la sphère spirituelle […] que dans la sphère temporelle » (cf. Inst. citée et article cité du site Cedregi), mais « collaborer ne signifie pas se substituer » (cf. Inst. citée, p. 1010). « Ce n’est que pour certaines (des fonctions du ministère sacré) […] que des fidèles non-ordonnés peuvent coopérer avec les pasteurs […] L’exercice d’une telle fonction ne fait pas du fidèle laïc un pasteur […]. » (cf. Inst. citée, p. 1012).
Par ailleurs, si le c. 517 § 2 établit que « si, à cause de la pénurie de prêtres, l’Evêque diocésain estime qu’une participation à l’exercice de la charge pastorale doit être confiée […] à une communauté de personnes, il constituera un prêtre qui, muni des pouvoirs et facultés du curé, sera le modérateur de la charge pastorale » (modérateur : « manager », donneur d’ordres. cf. site Cedregi, Le modérateur de la charge pastorale), l’Instruction du 15 août 1997 précise que cette mesure exceptionnelle ne peut intervenir que :

? « à cause de la pénurie de prêtres, et non pas pour des raisons de commodité ou d’une équivoque ‘promotion du laïcat’, etc. ;

? et dans ce cas « il s’agit d’une ‘participation à l’exercice de la charge pastorale’ et non de diriger, coordonner, gouverner la paroisse ; chose qui, selon les termes mêmes du canon, ne revient qu’au prêtre » (Inst., p. 1015).

Cette dernière remarque faite, on notera qu’il y a une contradiction juridique dans la définition de l’équipe d’animation pastorale. S’il y a, dans la paroisse ou l’ensemble paroissial, un curé, pasteur propre de la paroisse, qui a donc l’intégralité de la charge pastorale de cette paroisse, qu’il peut exercer avec « l’aide apportée par les laïcs » (c. 519), il n’y a aucune possibilité ecclésiologique et canonique de confier à une communauté de personnes une participation à l’exercice de la charge pastorale de ce même curé, encore moins d’envisager pour cette communauté un partage de l’exercice de la charge pastorale. (Pourquoi, malgré les insuffisances des canonistes, ne pas leur demander conseil avant de rédiger un texte canonique ?)

En ce qui concerne la désignation des personnes par l’Evêque, le principe de subsidiarité voudrait que le supérieur n’intervienne pas dans un domaine qui est du ressort de l’inférieur. Dans le conseil pour les affaires économiques, prévu obligatoirement par le c. 537 pour chaque paroisse, les laïcs qui apportent leur aide au curé sont choisis « selon les règles que l’Evêque diocésain aura portées ». Ces règles existent-elles en fait, en France ? En tout cas, en l’absence de règles portées par l’Evêque diocésain, il revient au curé, pasteur de la paroisse, de choisir ces laïcs. Il doit en être de même pour les membres du conseil pastoral de la paroisse (c. 536 § 1), dont on n’oubliera pas que celui-ci ne possède que voix consultative (c. 536 § 2).

2. Le texte relatif à la mission d’une EAP dans le diocèse de X contient une grave erreur : « Le curé a pour mission de présider et de suivre (la) vie et (le) travail (de l’EAP), mais c’est bien l’ensemble de l’EAP qui est en responsabilité ».

Certes la traduction française du c. 536 § 1 déclare que le curé « préside » le conseil pastoral, mais dans le texte latin « consilium pastorale cui parochus praeest », « praeesse » doit être compris comme le comprenaient Cicéron (praeesse quaestioni, être à la tête d’un tribunal), César (praeesse classi, commander une flotte), Salluste (provinciae praesse, être gouverneur d’une province), et donc, de même que le curé « dirige » le conseil pastoral, le curé qui aurait une EAP dans sa paroisse aurait pour mission de la diriger, d’être celui qui, après avoir consulté les membres de l’EAP et avoir discuté avec eux, prend les décisions et en assume l’exécution et la responsabilité.

Par ailleurs précisément, lorsqu’une ou plusieurs paroisses ensemble sont confiées solidairement à plusieurs prêtres, l’un d’eux est le « modérateur de la charge pastorale », c’est-à-dire qu’il dirige l’activité commune et en répond devant l’Evêque (c. 517 § 2). Le curé, pasteur de la paroisse dont il a reçu la charge pastorale, est responsable devant l’Evêque de son activité, lui, et non « l’équipe » qui l’aide.
Quant au fonctionnement d’une EAP, tel qu’il est prévu par le texte diocésain, il est tellement complexe et soumis à tellement de réunions, d’évaluations etc. qu’il est décourageant d’avance pour toute personne de bonne volonté.

Enfin le lien entre le Conseil pastoral de doyenné et l’EAP est, lui aussi, prometteur de nombreuses réunions…

En conclusion,

d’une part, étant donné que « l’obéissance promise à l’Ordinaire est à comprendre selon les canons » (Cardinal Castrillon Hoyos, Préfet de la Congrégation du clergé, 19 juin 2006, à un évêque de France ; P.N. 20061482), les textes ci-dessus examinés ne peuvent prétendre à l’obéissance de la part des prêtres qu’ils concernent ;

d’autre part, il apparaît indispensable de remettre sur le chantier tous ces projets, en commençant par une concertation avec les intéressés et une étude de la pensée de l’Eglise sur l’évangélisation dans et par les paroisses. •