Paroisse catholique Saint Michel

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 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 5 au 11 novembre

Toussaint

 

 

A- L’Apôtre Saint Paul

Nous publions ci-dessous le texte intégral que le pape Benoît XVI a prononcé au cours de l’audience générale de ce mercredi 25 octobre sur le Grand Apôtre Paul.
Chers frères et sœurs,

Nous avons achevé nos réflexions sur les douze Apôtres directement appelés par Jésus au cours de sa vie terrestre. Aujourd'hui, nous commençons à aborder les figures d'autres personnages importants de l'Eglise primitive. Eux aussi ont donné leur vie pour le Seigneur, pour l'Evangile et pour l'Eglise. Il s'agit d'hommes et également de femmes, qui, comme l'écrit Luc dans le Livre des Actes « ont consacré leur vie à la cause de notre Seigneur Jésus Christ » (15, 26).

Le premier d'entre eux, appelé par le Seigneur lui-même, par le Ressuscité, à être lui aussi un véritable Apôtre, est sans aucun doute Paul de Tarse. Il brille comme une étoile de première grandeur dans l'histoire de l'Eglise, et non seulement celle des origines. Saint Jean Chrysostome l'exalte comme un personnage étant même supérieur à de nombreux anges et archanges (cf. Panégyrique, 7, 3). Dante Alighieri, dans la Divine Comédie, s'inspirant du récit de Luc dans les Actes (cf. 9, 15), le définit simplement comme une « vase d'élection » (Inf. 2, 28), ce qui signifie : instrument choisi de Dieu. D'autres l'ont appelé le « treizième Apôtre » — et il insiste réellement beaucoup sur le fait d'être un véritable Apôtre, ayant été appelé par le Ressuscité —, voire même « le premier après l'Unique ». Certes, après Jésus, il est le personnage des origines sur lequel nous possédons le plus d'informations. En effet, nous possédons non seulement le récit qu'en fait Luc dans les Actes des Apôtres, mais également un groupe de Lettres qui proviennent directement de sa main et qui, sans intermédiaires, nous en révèlent la personnalité et la pensée. Luc nous informe que son nom originel était Saul (cf. Ac 7, 58; 8, 1 etc.), ou plutôt en hébreu Saoul (cf. Ac 9, 14.17; 22, 7.13; 26, 14), comme le roi Saül (cf. Ac 13, 21), et qu’il était un juif de la diaspora, la ville de Tarse étant située entre l'Anatolie et la Syrie. Il s'était rendu très tôt à Jérusalem pour étudier en profondeur la Loi de Moïse à l'école du grand rabbin Gamaliel (cf. Ac 22, 3). Il avait également appris un métier manuel et rude, la fabrication de tentes (cf. Ac 18, 3), qui devait ensuite lui permettre d’assurer sa propre subsistance sans peser sur les Eglises (cf. Ac 20, 34; 1 Co 4 12; 2 Co 12, 13-14).

Rencontrer la communauté de ceux qui se professaient disciples du Christ fut un événement décisif pour lui. C'est par eux qu'il avait connu une foi nouvelle — un nouveau « chemin » comme l'on disait alors — , qui ne plaçait pas tant la Loi de Dieu en son centre, mais au contraire la personne de Jésus, crucifié et ressuscité, auquel était désormais liée la rémission des péchés. En juif zélé, il considérait ce message inacceptable, même scandaleux, et il se sentit donc en devoir de poursuivre les disciples du Christ, même en dehors de Jérusalem. Ce fut précisément sur le chemin de Damas, au début des années 30, que Saul, selon ses propres paroles, fut « ravi par le Christ » (Ph 3, 12). Alors que Luc raconte le fait avec une abondance de détails — comment la lumière du Ressuscité l'a touché et a profondément changé toute sa vie —, dans ses lettres, Paul va droit à l'essentiel et parle non seulement de vision (cf. 1 Co 9, 1), mais d'illumination (cf. 2 Co 4, 6) et surtout de révélation et de vocation dans la rencontre avec le Ressuscité (cf. Ga 1, 15-16). En effet, il se définira explicitement « apôtre par vocation » (cf. Rm 1, 1; 1 Co 1, 1) ou « apôtre par la volonté de Dieu » ( 2 Co 1, 1; Ep 1, 1; Col 1, 1), comme pour souligner que sa conversion n'était pas le résultat d'un développement de pensées, de réflexions, mais le fruit d'une grâce divine imprévisible. A partir de ce moment, tout ce qui constituait pour lui auparavant une valeur, devint paradoxalement, selon ses propres termes, une perte et des balayures (cf. Ph 3, 7-10). Et, à partir de ce moment, toutes ses énergies furent placées au service exclusif de Jésus Christ et de son Evangile. Son existence sera désormais celle d'un Apôtre souhaitant « se faire tout à tous » (1 Co 9, 22) sans réserve.

Il en découle une leçon très importante pour nous : ce qui compte c'est de placer Jésus Christ au centre de sa propre vie, de manière à ce que notre identité soit essentiellement marquée par la rencontre, la communion avec le Christ et sa Parole. A sa lumière, toute autre valeur est récupérée et, en même temps, purifiée de résidus éventuels. Une autre leçon fondamentale offerte par Paul est le souffle universel qui caractérise son apostolat. Ressentant de manière aiguë le problème de l'accès des Gentils, c'est-à-dire des païens, à Dieu, qui en Jésus Christ crucifié et ressuscité offre le salut à tous les hommes sans exception, il se consacra à faire connaître cet Evangile, littéralement « bonne nouvelle », c'est-à-dire annonce de grâce destinée à réconcilier l'homme avec Dieu, avec lui-même et avec les autres. Dès le premier moment, il avait compris qu'il s'agissait d'une réalité qui ne concernait pas seulement les juifs ou un certain groupe d'hommes, mais qui avait une valeur universelle et concernait chacun, car Dieu est le Dieu de tous. Le point de départ de ses voyages fut l'Eglise d'Antioche de Syrie, où pour la première fois l'Evangile fut annoncé aux Grecs et où fut également forgé le nom de « chrétiens » (cf. Ac 11, 20.26), c'est-à-dire de croyants en Christ. De là, il se dirigea tout d'abord vers Chypre et ensuite, à plusieurs reprises, vers les régions de l'Asie mineure (Pisidie, Lycaonie, Galatie), puis vers celles d'Europe (Macédoine, Grèce). Les plus importantes furent les villes d'Ephèse, de Philippe, de Thessalonique, de Corinthe, sans toutefois oublier Beréa, Athènes et Milet.

Dans l'apostolat de Paul les difficultés, qu'il affronta avec courage par amour du Christ, ne manquèrent pas. Il rappelle lui-même avoir connu « la fatigue... la prison.. les coups... le danger de mort...: trois fois j'ai subi la bastonnade; une fois, j'ai été lapidé; trois fois, j'ai fait naufrage...; souvent à pied sur les routes, avec les dangers des fleuves, les dangers des bandits, les dangers venant des juifs, les dangers venant des païens, les dangers de la ville, les dangers du désert, les dangers de la mer, les dangers des faux frères. J'ai connu la fatigue et la peine, souvent les nuits sans sommeil, la faim et la soif, les journées sans manger, le froid et le manque de vêtements, sans compter tout le reste: ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Eglises » (2 Co 11, 23-28). Dans un passage de la Lettre aux Romains (cf. 15, 24.28) transparaît son intention de pousser jusqu'à l'Espagne, à l'extrémité de l'Occident, pour annoncer partout l'Evangile, jusqu'aux extrémités de la terre connue jusque là. Comment ne pas admirer un tel homme ? Comment ne pas rendre grâce au Seigneur de nous avoir donné un Apôtre de cette envergure ? Il est clair qu'il ne lui aurait pas été possible d'affronter des situations si difficiles et parfois désespérées, s'il n'y avait pas eu une raison de valeur absolue, face à laquelle aucune limite ne pouvait être considérée comme infranchissable. Pour Paul, cette raison, nous le savons, est Jésus Christ, dont il écrit: « En effet l'amour du Christ nous saisit... afin que les vivants n'aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 14-15) pour nous, pour tous.

De fait, l'Apôtre rendra le témoignage suprême du sang sous l'empereur Néron ici à Rome, où nous conservons et vénérons sa dépouille mortelle. Clément Romain, mon prédécesseur sur ce Siège apostolique au cours des dernières années du Ier siècle, écrivit ainsi à son propos: « En raison de la jalousie et de la discorde, Paul fut obligé de nous montrer comment on obtient le prix de la patience... Après avoir prêché la justice au monde entier, et après être parvenu jusqu'aux frontières extrêmes de l'Occident, il subit le martyre devant les gouvernants; c'est ainsi qu'il partit de ce monde et rejoignit le lieu saint, devenu par cela le plus grand modèle de persévérance » (Aux Corinthiens, 5). Que le Seigneur nous aide à mettre en pratique l'exhortation que nous a laissée l'Apôtre dans ses Lettres: « Prenez-moi pour modèle; mon modèle à moi, c'est le Christ » (1 Co 11, 1).

B- La Toussaint.

Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée au cours de la messe de la Toussaint, mercredi 1er novembre, en la basilique Saint-Pierre.

CHAPELLE PAPALE POUR LA SOLENNITÉ DE TOUS LES SAINTS
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Vaticane
Mercredi 1er novembre 2006


Chers frères et soeurs,

Notre célébration eucharistique s'est ouverte par l'exhortation "Réjouissons-nous tous dans le Seigneur". La liturgie nous invite à partager l'exultation céleste des saints, à en goûter la joie. Les saints ne constituent pas une caste restreinte d'élus, mais une foule innombrable, vers laquelle la liturgie nous invite aujourd'hui à élever le regard. Dans cette multitude, il n'y a pas seulement les saints officiellement reconnus, mais les baptisés de chaque époque et nation, qui se sont efforcés d'accomplir avec amour et fidélité la volonté divine. Nous ne connaissons pas le visage ni même le nom de la plupart d'entre eux, mais avec les yeux de la foi, nous les voyons resplendir, tels des astres emplis de gloire, dans le firmament de Dieu.

Aujourd'hui, l'Eglise fête sa dignité de "mère des saints, image de la cité céleste" (A. Manzoni), et manifeste sa beauté d'épouse immaculée du Christ, source et modèle de toute sainteté. Elle ne manque certes pas de fils contestataires et rebelles, mais c'est dans les saints qu'elle reconnaît ses traits caractéristiques, et c'est précisément en eux qu'elle goûte sa joie la plus profonde. Dans la première Lecture, l'auteur du Livre de l'Apocalypse les décrit comme "une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue" (Ap 7, 9). Ce peuple comprend les saints de l'Ancien Testament, à partir d'Abel le juste et du fidèle Patriarche Abraham, ceux du Nouveau Testament, les nombreux martyrs du début du christianisme, les bienheureux et saints des siècles successifs, jusqu'aux témoins du Christ de notre époque. Il sont tous unis par la volonté d'incarner l'Evangile dans leur existence, sous l'impulsion de l'éternel animateur du Peuple de Dieu qu'est l'Esprit Saint.

Mais "à quoi sert notre louange aux saints, à quoi sert notre tribut de gloire, à quoi sert cette solennité elle-même?". C'est par cette question que commence une célèbre homélie de saint Bernard pour le jour de la Toussaint. C'est une question que nous pourrions nous poser également aujourd'hui. Et la réponse que le saint nous donne est tout aussi actuelle: "Nos saints - dit-il - n'ont pas besoin de nos honneurs et et ils ne reçoivent rien de notre culte. Pour ma part, je dois confesser que, lorsque je pense aux saints, je sens brûler en moi de grands désirs" (Disc. 2; Opera Omnia Cisterc. 5, 364sqq). Telle est donc la signification de la solennité d'aujourd'hui: en regardant l'exemple lumineux des saints, réveiller en nous le grand désir d'être comme les saints: heureux de vivre proches de Dieu, dans sa lumière, dans la grande famille des amis de Dieu. Etre saint signifie: vivre dans la proximité de Dieu, vivre dans sa famille. Et telle est notre vocation à tous, répétée avec vigueur par le Concile Vatican II, et reproposée aujourd'hui de façon solennelle à notre attention.

Mais comment pouvons-nous devenir saints, amis de Dieu? On peut répondre à cette interrogation tout d'abord par une négation: pour être saint, il n'est pas nécessaire d'accomplir des actions et des oeuvres extraordinaires, ni de posséder des charismes exceptionnels. On peut ensuite répondre par une affirmation: il est nécessaire avant tout d'écouter Jésus, et de le suivre sans se décourager face aux difficultés. "Si quelqu'un me sert - nous avertit-Il - qu'il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera" (Jn 12, 26). Celui qui a confiance en Lui et l'aime d'un amour sincère, comme le grain de blé tombé en terre, accepte de mourir à lui-même. En effet, il sait que celui qui veut garder sa vie pour lui-même la perd, et que celui qui se donne, se perd, et trouve précisément ainsi la vie. (cf. Jn 12, 24-25). L'expérience de l'Eglise démontre que toute forme de sainteté, tout en suivant des parcours différents, passe toujours par le chemin de la croix, le chemin du renoncement à soi-même. Les biographies des saints décrivent des hommes et des femmes qui, dociles aux desseins divins, ont parfois affronté des épreuves et des souffrances indescriptibles, des persécutions et le martyre. Ils ont persévéré dans leur engagement, "ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve - lit-on dans l'Apocalypse - ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau" (v. 14). Leurs noms sont inscrits dans le livre de la vie (cf. Ap 20, 12); leur demeure éternelle est le Paradis. L'exemple des saints est pour nous un encouragement à suivre les mêmes pas, à ressentir la joie de celui qui a confiance en Dieu, car l'unique cause véritable de tristesse et de malheur pour l'être humain est de vivre loin de Lui.

La sainteté exige un effort constant, mais elle est à la portée de tous car, plus que l'oeuvre de l'homme, elle est avant tout un don de Dieu, trois fois Saint (cf. Is 6, 3). Dans la seconde Lecture, l'Apôtre Jean observe: "Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes!" (1 Jn 3, 1). C'est donc Dieu qui nous a aimés en premier et qui, en Jésus, a fait de nous ses fils adoptifs. Dans notre vie, tout est don de son amour: comment demeurer indifférents face à un si grand mystère? Comment ne pas répondre à l'amour du Père céleste par une vie de fils reconnaissants? Dans le Christ, il nous a fait don de tout son être, et nous appelle à une relation personnelle et profonde avec Lui. C'est pourquoi, plus nous imitons Jésus et demeurons unis à Lui, plus nous entrons dans le mystère de la sainteté divine. Nous découvrons qu'Il nous aime de façon infinie, et cela nous pousse à notre tour à aimer nos frères. Aimer implique toujours un acte de renoncement à soi-même, de "se perdre soi-même" et, précisément ainsi, cela nous rend heureux.

Ainsi, nous sommes arrivés à l'Evangile de cette fête, à l'annonce des Béatitudes que nous venons d'entendre retentir dans cette Basilique. Jésus dit: Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, heureux les doux, heureux les affligés, heureux les affamés et les assoiffés de justice, les miséricordieux, heureux les coeurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice (cf. Mt 5, 3-10). En vérité, le bienheureux par excellence est uniquement Lui, Jésus. En effet, c'est Lui qui a véritablement une âme de pauvre, l'affligé, le doux, l'affamé et assoiffé de la justice, le miséricordieux, le coeur pur, l'artisan de paix; c'est Lui le persécuté pour la justice. Les Béatitudes nous montrent la physionomie spirituelle de Jésus, et expriment ainsi son mystère, le mystère de Mort et de Résurrection, de Passion, et de joie de la Résurrection. Ce mystère, qui est le mystère de la véritable Béatitude, nous invite à suivre Jésus et, ainsi, à nous acheminer vers elle. Dans la mesure où nous accueillons sa proposition et nous nous plaçons à sa suite - chacun selon ses conditions -, nous aussi, nous pouvons participer à sa béatitude. Avec Lui, l'impossible devient possible et même un chameau peut passer par le trou d'une aiguille (cf. Mc 10, 25); avec son aide, et uniquement avec son aide, il est possible de devenir parfaits comme le Père céleste est parfait (cf. Mt 5, 48).

Chers frères et soeurs, entrons à présent dans le coeur de la Célébration eucharistique, encouragement et aliment de sainteté. Dans quelques instants deviendra présent de la façon la plus élevée le Christ, véritable Vigne, à laquelle, en tant que sarments, sont unis les fidèles qui sont sur terre et les saints du ciel. Ainsi se renforcera la communion de l'Eglise en pèlerinage dans le monde avec l'Eglise triomphante dans la gloire. Dans la Préface, nous proclamerons que les saints sont pour nous des amis et des modèles de vie. Invoquons-les afin qu'ils nous aident à les imiter et engageons-nous à répondre avec générosité, comme ils l'ont fait, à l'appel divin. Invoquons en particulier Marie, Mère du Seigneur et miroir de toute sainteté. Qu'Elle, la Toute Sainte, fasse de nous de fidèles disciples de son fils Jésus Christ! Amen.