En la fête de Saint
Thomas, l’Apôtre.
Voici le texte intégral
des paroles que le pape Benoît XVI a prononcé au
cours de l’audience générale du mercredi
20 décembre.
* * *
Chers frères et sœurs !
« Le Seigneur est proche,
venez, adorons-le ». A travers cette invocation, la liturgie
nous invite, au cours de ces derniers jours de l'Avent, à
nous approcher, presque sur la pointe des pieds, de la grotte
de Bethléem, où s'est accompli l'événement
extraordinaire, qui a changé le cours de l'histoire :
la naissance du Rédempteur. Dans la nuit de Noël,
nous nous arrêterons, encore une fois, devant la crèche,
pour contempler avec émerveillement le « Verbe
fait chair ». Des sentiments de joie et de gratitude,
comme chaque année, se renouvelleront dans notre cœur
en écoutant les mélodies de Noël, qui chantent
dans de nombreuses langues le même prodige extraordinaire.
Le Créateur de l'univers est venu par amour établir
sa demeure parmi les hommes. Dans la Lettre aux Philippiens,
saint Paul affirme que Jésus, « qui était
dans la condition de Dieu, [...] n'a pas jugé bon de
revendiquer son droit d'être traité à l'égal
de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même
en prenant la condition de serviteur » (2, 6). Il est
apparu sous une forme humaine, ajoute l'Apôtre, en s'humiliant
lui-même. Au cours du Saint Noël, nous revivrons
la réalisation de ce mystère sublime de grâce
et de miséricorde.
Saint Paul ajoute : « Mais
lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son
Fils ; il est né d'une femme, il a été
sous la domination de la loi de Moïse pour racheter ceux
qui étaient sous la domination de la Loi et pour faire
de nous des fils » (Ga 4, 4-5). En vérité,
depuis de nombreux siècles, le peuple élu attendait
le Messie, mais il l'imaginait comme un condottiere puissant
et victorieux, qui aurait libéré les siens de
l'oppression des étrangers. Le Sauveur naquit, en revanche,
dans le silence et dans la pauvreté la plus absolue.
Il vint comme la lumière qui éclaire chaque homme
— souligne l'évangéliste Jean —, «
et les siens ne l'ont pas reçu » (Jn 1, 9.1). L'Apôtre
ajoute cependant : « Mais tous ceux qui l'ont reçu,
il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu »
(ibid., 1, 12). La lumière promise éclaira le
cœur de ceux qui avaient persévéré
dans l'attente vigilante et active.
La Liturgie de l'Avent nous exhorte
nous aussi à être sobres et vigilants, pour ne
pas nous laisser nous alourdir par le péché et
par les préoccupations excessives du monde. C'est en
effet en veillant et en priant que nous pourrons reconnaître
et accueillir l'éclat du Noël du Christ. Saint Maxime
de Turin, évêque du IVe-Ve siècle, dans
l'une de ses homélies, affirmait : « Le temps nous
avertit que le Noël du Christ Seigneur est proche. Le monde,
par ses inquiétudes mêmes, nous parle de l'imminence
de quelque chose qui le renouvellera, et il désire avec
une attente impatiente que la splendeur d'un soleil plus resplendissant
illumine ses ténèbres... Cette attente de la création
nous persuade nous aussi d'attendre la venue du Christ, nouveau
Soleil » (Disc. 61a, 1-3). La création elle-même
nous conduit donc à découvrir et à reconnaître
Celui qui doit venir.
Mais l'humanité de notre
temps attend-elle encore le Sauveur ? On a la sensation qu'un
grand nombre de personnes considèrent Dieu comme étranger
à leurs propres intérêts. Elles n'ont apparemment
pas besoin de Lui, elles vivent comme s'il n'existait pas et,
pire encore, comme s'il constituait un « obstacle »
à éliminer pour se réaliser soi-même.
Même parmi les croyants, — nous le savons —
certains se laissent attirer par des chimères fascinantes
et distraire par des doctrines erronées qui proposent
des raccourcis pour obtenir le bonheur. Pourtant, malgré
ses contradictions, ses angoisses et ses drames, et peut-être
précisément en raison de ceux-ci, l'humanité
cherche aujourd'hui une voie de renouveau, de salut, cherche
un Sauveur et attend, parfois inconsciemment, l’avènement
du Sauveur qui renouvelle le monde et notre vie, l'avènement
du Christ, l'unique véritable Rédempteur de l'homme
et de tout l'homme. Certes, de faux prophètes continuent
de proposer un salut « à bas prix », qui
finit toujours par engendrer des déceptions cuisantes.
L'histoire des cinquante dernières années démontre
précisément cette recherche d'un Sauveur à
« bas prix » et souligne toutes les déceptions
qui en sont issues. Notre tâche de chrétiens est
de diffuser, à travers le témoignage de notre
vie, la vérité de Noël, que le Christ apporte
à chaque homme et à chaque femme de bonne volonté.
Naissant de la pauvreté de la crèche, Jésus
vient pour offrir à tous cette joie et cette paix qui
seules peuvent combler l'attente de l'âme humaine.
Mais comment nous préparer
et ouvrir notre cœur au Seigneur qui vient ? L'attitude
spirituelle de l'attente vigilante et priante reste la caractéristique
fondamentale du chrétien en ce temps de l'Avent. C'est
l'attitude qui caractérise les protagonistes de l'époque
: Zacharie et Elisabeth, les pasteurs, les Rois Mages, le peuple
simple et humble. En particulier, l'attente de Marie et de Joseph
! Ces derniers, plus que tous les autres, ont éprouvé
personnellement l'anxiété et l'agitation pour
l'Enfant qui devait naître. Il n'est pas difficile d'imaginer
comment ils ont passé les derniers jours, dans l'attente
de serrer le nouveau-né dans leurs bras. Que leur attitude
soit la nôtre, chers frères et sœurs ! Ecoutons,
à ce propos, l'exhortation de saint Maxime, évêque
de Turin, cité plus haut : « Alors que nous nous
préparons à accueillir le Noël du Seigneur,
revêtons-nous d'habits sans taches. Je parle des vêtements
de l'âme, non pas de ceux du corps. Ne nous habillons
pas avec des habits de soie, mais avec des œuvres saintes
! Les vêtements fastueux peuvent couvrir les membres,
mais n'ornent pas la conscience » (ibid.).
En naissant parmi nous, que l'Enfant
Jésus ne nous trouve pas distraits ou simplement occupés
à embellir nos maisons avec des illuminations. Préparons
plutôt dans notre âme et dans nos familles une demeure
digne, où Il se sentira accueilli avec foi et amour.
Que la Vierge et saint Joseph nous aident à vivre le
mystère de Noël avec un émerveillement renouvelé
et une sérénité pacifiante. Avec ces sentiments,
je désire former les vœux les plus fervents d'heureux
et saint Noël pour vous tous, ici présents, et pour
vos proches, avec une pensée particulière pour
ceux qui sont en difficulté ou qui souffrent dans leur
corps et dans leur esprit. Joyeux Noël à vous tous
!