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catholique Saint Michel
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Du 20 au 26 janvier 2008 |
L’Eglise en Chine.
Une annonce de l’agence « Zenit » concernant l’Eglise Catholique en Chine a retenu mon attention, cette semaine, par son intérêt. Vous la trouverez ci-dessous. Elle m’a amené à relire la lettre de Benoît XVI aux évêques, prêtres et fidèles de l’Eglise en Chine, du 27 mai 2007. Cette lettre est très importante. Elle aborde, à la lumière de la théologie de l’Eglise, les problèmes difficiles des relations de l’Eglise en Chine avec les autorités politiques chinoises, mais aussi des relations entre catholiques divisés par suite des prises de positions différentes vis-à-vis du gouvernement et de sa politique dominatrice sur les églises, entre l’ église « clandestine » et l’église « officielle ». Je crois que c’est l’occasion de relire ce document important. Mais tout d’abord il faut se rappeler le développement très douloureux de l’Eglise en Chine, surtout depuis la prise du pouvoir par le communisme. Que de souffrances ! Que de martyrs ! Mais « le sang des martyrs est », comme le dit Tertullien « semence de chrétienté ». Aussi, ne faudrait-il pas être surpris si le XXI siècle soit le siècle de la christianisation de l’Asie, plus particulièrement de la Chine, comme elle le fut pour l’occident et plus particulièrement pour l’Empire romain, après la période des premeirs martyrs. Voici d’abord la nouvelle de Zénit sous le titre : « Chine : L’Eglise catholique « clandestine » est bien visible ! ROME, Mercredi 23 janvier 2008 (ZENIT.org)
- Un immeuble bien visible de sept étages : de quoi
revoir nos schémas mentaux de représentation
de « l'Eglise clandestine » de Chine populaire
! Le site Internet de « Eglises d'Asie » (EDA),
l'agence des Missions étrangères de Paris propose
une photo de l'immeuble.
LETTRE DU PAPE BENOÎT XVI PREMIÈRE PARTIE : SITUATION DE L'ÉGLISE,
ASPECTS THÉOLOGIQUES Mondialisation, modernité et athéisme 3. Portant un regard attentif sur votre Peuple,
qui s'est distingué parmi les autres peuples de l'Asie
par la splendeur de sa civilisation millénaire, avec
toute son expérience de sagesse, de philosophie, ainsi
que dans les sciences et dans les arts, il me plaît
de relever que, spécialement au cours des derniers
temps, il s'est aussi mis en marche pour parvenir à
des objectifs significatifs de progrès, dans les domaines
économique et social, suscitant l'intérêt
du monde entier. « “Duc in altum” (Lc 5,
4). Cette parole résonne aujourd'hui pour nous et elle
nous invite à faire mémoire avec gratitude du
passé, à vivre avec passion le présent,
à nous ouvrir avec confiance à l'avenir: “Jésus
Christ est le même, hier et aujourd'hui, il le sera
à jamais” (He 13,8) ».7 En Chine également,
l'Église est appelée à être témoin
du Christ, à regarder en avant avec espérance
et à se confronter — dans l'annonce de l'Évangile
— aux nouveaux défis auxquels le Peuple chinois
doit faire face. La Parole de Dieu nous aide, une fois encore,
à découvrir le sens mystérieux et profond
du chemin de l'Église dans le monde. En effet, «
l'une des principales visions de l'Apocalypse a pour objet
l'Agneau en train d'ouvrir un livre, auparavant fermé
par sept sceaux que personne n'était en mesure d'ouvrir.
Jean est même présenté en train de pleurer,
car il n'y avait personne digne d'ouvrir le livre et de le
lire (cf. Ap 5, 4). L'histoire demeure incompréhensible,
indéchiffrable. Personne ne peut la lire. Peut-être
ces pleurs de Jean devant le mystère de l'histoire
si obscur expriment-ils le trouble des Églises en Asie
devant le silence de Dieu, malgré les persécutions
auxquelles elles étaient exposées à cette
époque. C'est un trouble dans lequel peut bien se refléter
notre effroi devant les graves difficultés, les incompréhensions
et les hostilités dont souffrent également aujourd'hui
les Églises dans diverses parties du monde. Ce sont
des souffrances que l'Église n'a certainement pas méritées,
pas plus que Jésus lui-même n'a mérité
son supplice. Elles révèlent cependant la méchanceté
de l'homme quand il s'abandonne aux suggestions du mal, comme
aussi la manière dont Dieu mène supérieurement
les événements ».8 Disponibilité pour un dialogue respectueux
et constructif 4. En tant que Pasteur universel de l'Église,
je désire manifester ma vive reconnaissance au Seigneur
pour le témoignage de fidélité dans la
souffrance donné par la communauté catholique
chinoise dans des circonstances vraiment difficiles. En même
temps, je ressens comme étant de mon devoir profond
et indéfectible, et comme l'expression de mon amour
de père l'urgence de confirmer dans la foi les catholiques
chinois et de favoriser leur unité par les moyens qui
sont propres à l'Église. En effet, la lourde situation de malentendus
et d'incompréhensions ne sert ni les Autorités
chinoises, ni l'Église catholique en Chine. Comme l'a
déclaré le Pape Jean-Paul II se rappelant ce
que le Père Matteo Ricci écrivait de Pékin,11
« l'Église catholique d'aujourd'hui ne demande
aucun privilège à la Chine et à ses Autorités
politiques, mais uniquement de pouvoir reprendre le dialogue,
afin de parvenir à une relation empreinte de respect
réciproque et de connaissance approfondie ».12
Que la Chine le sache: l'Église catholique a le vif
désir d'offrir, une nouvelle fois, un service humble
et désintéressé, en ce qui relève
de sa compétence, pour le bien des catholiques chinois
et de tous les habitants du Pays. Par conséquent, également l'Église
catholique qui est en Chine a la mission non pas de changer
la structure ou l'administration de l'État, mais d'annoncer
aux hommes le Christ, Sauveur du monde, s'appuyant —
dans l'accomplissement de son apostolat — sur la puissance
de Dieu. Comme je le rappelais dans mon Encyclique Deus caritas
est, « l'Église ne peut ni ne doit prendre en
main la bataille politique pour édifier une société
la plus juste possible. Elle ne peut ni ne doit se mettre
à la place de l'État. Mais elle ne peut ni ne
doit non plus rester à l'écart dans la lutte
pour la justice. Elle doit s'insérer en elle par la
voie de l'argumentation rationnelle et elle doit réveiller
les forces spirituelles, sans lesquelles la justice, qui requiert
aussi des renoncements, ne peut s'affirmer ni se développer.
La société juste ne peut être l'œuvre
de l'Église, mais elle doit être réalisée
par le politique. Toutefois, l'engagement pour la justice,
travaillant à l'ouverture de l'intelligence et de la
volonté aux exigences du bien, intéresse profondément
l'Église ».14 Communion entre les Églises particulières
dans l'Église universelle 5. Église catholique en Chine, petit
troupeau présent et agissant dans le vaste territoire
d'un Peuple immense qui marche dans l'histoire, comme elles
résonnent pour toi, encourageantes et provocantes,
les paroles de Jésus: « Sois sans crainte, petit
troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous
donner le Royaume (Lc 12, 32)! « Vous êtes le
sel de la terre, ... la lumière du monde »: c'est
pourquoi, « que votre lumière brille devant les
hommes: alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront
gloire à votre Père qui est aux cieux »
(Mt 5, 13. 14. 16). La doctrine catholique enseigne que l'Évêque
est le principe et le fondement visible de l'unité
dans l'Église particulière confiée à
son ministère pastoral.18 Mais, dans chaque Église
particulière, pour qu'elle soit pleinement Église,
la suprême autorité de l'Église doit être
présente, à savoir le Collège épiscopal
avec son Chef, le Pontife romain, et jamais sans lui. Par
conséquent, le ministère du Successeur de Pierre
appartient à l'essence de toute Église particulière,
« de l'intérieur ».19 En outre, la communion
de toutes les Églises particulières dans l'unique
Église catholique, et donc la communion hiérarchique
ordonnée de tous les Évêques, successeurs
des Apôtres, avec le Successeur de Pierre, sont la garantie
de l'unité de la foi et de la vie de tous les catholiques.
Il est donc indispensable, pour l'unité de l'Église
dans les différentes nations, que chaque Évêque
soit en communion avec les autres Évêques, et
que tous soient en communion visible et concrète avec
le Pape. Toute l'Église qui est en Chine est
appelée à vivre et à manifester cette
unité dans une spiritualité de communion plus
riche, qui, tenant compte des situations concrètes
complexes où la communauté catholique se trouve,
croîtra aussi dans une communion hiérarchique
harmonieuse. C'est pourquoi Pasteurs et fidèles sont
appelés à défendre et à sauvegarder
ce qui appartient à la doctrine et à la tradition
de l'Église. Tensions et divisions au sein de l'Église:
pardon et réconciliation 6. S'adressant à toute l'Église
par la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, mon vénéré
Prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, affirmait
qu'il y a un « grand domaine pour lequel il faudra manifester
et programmer un engagement résolu, au niveau de l'Église
universelle et des Églises particulières: celui
de la communion (koinonía), qui incarne et manifeste
l'essence même du mystère de l'Église.
La communion est le fruit et la manifestation de l'amour qui,
jaillissant du cœur du Père éternel, se
déverse en nous par l'Esprit que Jésus nous
donne (cf. Rm 5, 5), pour faire de nous tous “un seul
cœur et une seule âme” (Ac 4, 32). C'est
en réalisant cette communion d'amour que l'Église
se manifeste comme “sacrement”, c'est- à-dire
comme “le signe et l'instrument de l'union intime avec
Dieu et de l'unité de tout le genre humain”.
Les paroles du Seigneur à ce sujet sont trop précises
pour que l'on puisse en réduire la portée. Beaucoup
de choses, même dans le nouveau siècle, seront
nécessaires pour le cheminement historique de l'Église;
mais si la charité (l'agapè) fait défaut,
tout sera inutile. C'est l'Apôtre Paul lui-même
qui le rappelle dans l'hymne à la charité: nous
aurions beau parler les langues des hommes et des anges et
avoir une foi “à déplacer les montagnes”,
s'il nous manquait la charité, tout cela serait “rien”
(cf. 1 Co 13, 2). La charité est vraiment le “cœur”
de l'Église ».21 Ces indications, qui concernent la nature
même de l'Église universelle, ont une signification
particulière pour l'Église qui est en Chine.
En effet, les problèmes auxquels elle fait face pour
dépasser — en interne et dans ses relations avec
la société civile chinoise — tensions,
divisions et récriminations ne vous échappent
pas. L'histoire de l'Église nous enseigne
aussi qu'une authentique communion ne s'exprime pas sans un
effort douloureux de réconciliation.23 En effet, la
purification de la mémoire, le pardon de ceux qui ont
fait le mal, l'oubli des torts subis et la pacification des
cœurs dans l'amour, qui sont à réaliser
au nom de Jésus crucifié et ressuscité,
peuvent exiger le dépassement de positions ou de visions
personnelles issues d'expériences douloureuses ou difficiles,
mais ce sont des pas qu'il est urgent d'accomplir pour accroître
et manifester les liens de communion entre les fidèles
et les Pasteurs de l'Église en Chine. Nous sommes tous conscients du fait que ce
chemin ne pourra pas s'accomplir du jour au lendemain, mais
soyez sûrs que, dans ce but, l'Église entière
fera monter une prière insistante pour vous. Communautés ecclésiales et organismes
d'État: relations à vivre dans la vérité
et dans la charité 7. Une analyse attentive de la situation douloureuse
de fortes oppositions, déjà évoquée
(cf. n. 6), qui voit engagés de nombreux fidèles
laïcs et des Pasteurs, met en évidence, parmi
les causes variées, le rôle significatif rempli
par des organismes qui ont été imposés
comme les principaux responsables de la vie de la communauté
catholique. En effet, aujourd'hui encore, la reconnaissance
de la part desdits organismes est le critère pour déclarer
légaux une communauté, une personne ou un lieu
religieux, et donc « officiels ». Tout cela a
causé des divisions, que ce soit dans le clergé
ou parmi les fidèles. C'est une situation qui dépend
surtout de facteurs extérieurs à l'Église,
mais qui a conditionné son chemin de manière
sérieuse, donnant aussi naissance à des suspicions,
à des accusations réciproques, à des
dénonciations, et qui continue à être
une faiblesse préoccupante. En ce qui concerne la délicate question
des relations à entretenir avec les organismes de l'État,
l'invitation du Concile Vatican II à suivre la parole
et le mode d'agir de Jésus Christ est particulièrement
éclairante. En effet, « ne voulant pas être
un Messie politique dominant par la force,25 il préféra
se dire Fils de l'Homme venu “pour servir et donner
sa vie en rançon pour la multitude” (Mc 10, 45).
Il se montra le parfait Serviteur de Dieu,26 qui “ne
brise pas le roseau froissé et n'éteint pas
la mèche qui fume encore” (Mt 12, 20). Il reconnut
le pouvoir civil et ses droits quand il ordonna de payer le
tribut à César, mais il rappela clairement qu'il
faut respecter les droits supérieurs de Dieu: “Rendez
à César ce qui est à César et
à Dieu ce qui est à Dieu” (Mt 22, 21).
Enfin, en accomplissant sur la croix l'œuvre de rédemption
par laquelle il devait procurer aux hommes le salut et la
vraie liberté, il a mené la révélation
à son achèvement. Il a rendu témoignage
à la vérité,27 mais il n'a pas voulu
l'imposer de force à ses contradicteurs. Son royaume
en effet ne se défend pas par l'épée,28
mais il est affermi par l'écoute de la vérité
et par le témoignage rendu à celle-là,
et il connaît la croissance grâce à l'amour
par lequel le Christ, élevé sur la croix, attire
à lui les hommes (cf. Jn 12, 32) ».29 Vérité et amour sont les deux
colonnes portantes de la vie de la communauté chrétienne.
Pour cette raison, j'ai rappelé que « l'Église
de l'amour est aussi l'Église de la vérité,
entendue d'abord comme fidélité à l'Évangile
qui a été confié par le Seigneur Jésus
aux siens. [...] Mais la famille des fils de Dieu, pour vivre
dans l'unité et dans la paix, a besoin d'être
gardée dans la vérité et guidée
avec un sage discernement faisant autorité: c'est ce
qu'est appelé à faire le ministère des
Apôtres. Et ici nous arrivons à un point important.
L'Église est entièrement de l'Esprit, mais elle
possède une structure, la succession apostolique, dont
la responsabilité est de garantir le fait que l'Église
demeure dans la vérité donnée par le
Christ, de laquelle vient également la capacité
d'aimer. [...] Les Apôtres et leurs successeurs sont
donc les gardiens et les témoins autorisés du
dépôt de la vérité remis à
l'Église, de même qu'ils sont également
les ministres de la charité: deux aspects qui vont
ensemble. [...] La vérité et l'amour sont deux
visages du même don qui vient de Dieu et qui, grâce
au ministère apostolique, est conservé dans
l'Église et nous parvient jusqu'à aujourd'hui!
».30 C'est pourquoi le Concile Vatican II souligne
que « le respect et l'amour doivent s'étendre
aussi à ceux qui, pour les questions sociales, politiques
ou même religieuses, pensent ou agissent autrement que
nous; à la vérité, plus nous chercherons
à comprendre en profondeur leur manière de voir
avec bienveillance et charité, plus facilement nous
pourrons engager le dialogue avec eux ». Et le même
Concile nous avertit, « cet amour et cette bienveillance
ne doivent en aucune façon nous rendre indifférents
à l'égard de la vérité et du bien
».31 Considérant « le dessein originel
de Jésus »,32 il apparaît évident
que la prétention de certains organismes, voulus par
l'État et étrangers à la structure de
l'Église, de se placer au-dessus des Évêques
eux-mêmes et de guider la vie de la communauté
ecclésiale ne correspond pas à la doctrine catholique
selon laquelle l'Église est « apostolique »,
comme l'a aussi rappelé le Concile Vatican II. L'Église
est apostolique « par son origine, parce qu'elle a “pour
fondations les Apôtres” (Ep 2, 20); par son enseignement,
qui est celui des Apôtres; par sa structure, parce qu'elle
est édifiée, sanctifiée et gouvernée,
jusqu'au retour du Christ, par les Apôtres, grâce
à leurs successeurs, les Évêques en communion
avec le successeur de Pierre »,33 Par conséquent,
dans toute Église particulière, seul «
l'Évêque diocésain paît au nom du
Seigneur le troupeau qui lui est confié comme son pasteur
propre, ordinaire et immédiat »,34 et, au niveau
national, seule une Conférence épiscopale légitime
peut formuler des orientations pastorales, valables pour la
totalité de la communauté catholique du Pays
concerné.35 À la lumière des principes exposés
ci-dessus, les Pasteurs et les fidèles laïcs se
rappelleront que la Prédication de l'Évangile,
la catéchèse et l'action caritative, l'action
liturgique et cultuelle, de même que les choix pastoraux,
sont uniquement de la compétence des Évêques,
avec leurs prêtres, dans la continuité permanente
de la foi, transmise par les Apôtres dans les Saintes
Écritures et dans la Tradition, et qu'ils ne peuvent
donc être sujets à aucune interférence
extérieure. Devant une situation aussi difficile, de nombreux
membres de la communauté catholique se demandent si
la reconnaissance de la part des Autorités civiles
— nécessaire pour agir publiquement — ne
compromet pas en quelque manière la communion avec
l'Église universelle. Je sais bien qu'une telle question
constitue une douloureuse inquiétude pour le cœur
des Pasteurs et des fidèles. À ce sujet, je
considère en premier lieu que la sauvegarde indispensable
et vigoureuse du dépôt de la foi et de la communion
sacramentelle et hiérarchique ne s'oppose pas, en soi,
au dialogue avec les Autorités en ce qui concerne les
aspects de la vie de la communauté ecclésiale
qui ont une incidence dans le domaine civil. On ne voit pas
de difficultés particulières pour accepter la
reconnaissance concédée par les Autorités
civiles, à condition que cela ne comporte pas la négation
des principes de la foi et de la communion ecclésiastique,
auxquels on ne peut pas renoncer. Cependant, dans de nombreux
cas concrets, sinon presque toujours, dans la procédure
de reconnaissance, interviennent des organismes qui obligent
les personnes engagées à avoir des attitudes,
à poser des gestes et à prendre des engagements
qui sont contraires aux préceptes de leur conscience
de catholiques. Je comprends donc que, dans ces conditions
et dans ces circonstances variées, il soit difficile
de déterminer le choix correct à faire. Pour
cette raison, le Saint-Siège, après avoir affirmé
de nouveau les principes, laisse les décisions à
chaque Évêque, qui, ayant écouté
son presbytérium, est mieux en mesure de connaître
la situation locale, d'évaluer les possibilités
concrètes de choix et d'envisager les éventuelles
conséquences au sein de la communauté diocésaine.
Il pourrait se faire que la décision finale n'ait pas
l'accord de tous les prêtres ni de tous les fidèles.
Je souhaite cependant qu'elle soit accueillie, même
si c'est douloureusement, et que se maintienne l'unité
de la communauté diocésaine avec son Pasteur. Enfin, il sera bon que les Évêques
et les prêtres, avec un cœur véritable de
pasteurs, s'emploient de toutes les manières à
ne pas donner lieu à des situations de scandale, profitant
des occasions pour former la conscience des fidèles,
avec une attention particulière aux plus faibles: tout
sera vécu dans la communion et dans la compréhension
fraternelle, évitant des jugements et des condamnations
réciproques. Dans ce cas aussi, on doit avoir présent
à l'esprit que, spécialement s'il n'y a pas
de véritable espace de liberté, il convient,
pour évaluer la moralité d'un acte, de connaître
avec un soin particulier les réelles intentions de
la personne intéressée, et non seulement les
manques objectifs. Chaque cas devra donc être évalué
individuellement, en tenant compte des circonstances. L'Épiscopat chinois 8. Dans l'Église, Peuple de Dieu, il
revient aux seuls ministres sacrés, dûment ordonnés
après un enseignement et une formation appropriés,
d'exercer l'office d'« enseigner, de sanctifier et de
gouverner ». Les fidèles laïcs peuvent,
avec une mission canonique de la part de l'Évêque,
accomplir un utile ministère ecclésial de transmission
de la foi. La communion et l'unité — que
l'on me permette de le répéter (cf. n. 5) —
sont des éléments essentiels et partie intégrante
de l'Église catholique: c'est pourquoi le projet d'une
Église « indépendante » du Saint-Siège,
dans le cadre religieux, est incompatible avec la doctrine
catholique. Je suis conscient des graves difficultés
auxquelles vous devez faire face dans une telle situation
pour vous maintenir fidèles au Christ, à son
Église et au Successeur de Pierre. En vous rappelant
que — comme l'affirmait déjà saint Paul
(cf Rm 8, 35-39) — aucune difficulté ne peut
nous séparer de l'amour du Christ, j'ai confiance que
vous saurez faire tout votre possible, en vous en remettant
à la grâce du Seigneur, pour sauvegarder l'unité
et la communion ecclésiales, même au prix de
grands sacrifices. Beaucoup de membres de l'Épiscopat
chinois qui, dans les dernières décennies, ont
guidé l'Église ont offert et offrent à
leurs communautés et à l'Église universelle
un témoignage lumineux. Encore une fois, jaillit du
cœur un hymne de louange et d'action de grâces
au « Pasteur suprême » du troupeau (1 P
5, 4): en effet, on ne peut pas oublier que beaucoup d'entre
eux ont subi la persécution et ont été
empêchés d'exercer leur ministère. Et
certains d'entre eux ont rendu féconde l'Église
par l'effusion de leur sang. Les temps nouveaux et les défis
qui en découlent pour la nouvelle évangélisation
mettent en évidence la fonction du ministère
épiscopal. Comme le disait Jean-Paul II aux Pasteurs
de toutes les parties du monde venus à Rome pour la
célébration du Jubilé, « le Pasteur
est le premier responsable et le premier animateur de la communauté
ecclésiale, tant en ce qui concerne l'exigence de la
communion que le projet missionnaire. Devant le relativisme
et le subjectivisme qui polluent une si grande partie de la
culture contemporaine, les Évêques sont appelés
à défendre et à promouvoir l'unité
doctrinale de leurs fidèles. Soucieux de toute situation
où la foi est perdue ou ignorée, ils se dépensent
de toutes leurs forces à travailler à l'évangélisation,
préparant dans ce but prêtres, religieux et laïcs,
et mettant à disposition les ressources nécessaires
».37 En cette même occasion, mon vénéré
Prédécesseur rappelait que « l'Évêque,
successeur des Apôtres, est quelqu'un pour qui le Christ
est tout. Avec Paul, il peut redire chaque jour: ‘‘Pour
moi, certes, la Vie c'est le Christ... '' (Ph 1, 21). Il doit
en porter témoignage par tout son comportement. Le
Concile Vatican II enseigne: ‘‘Les Évêques
doivent exercer leur charge apostolique comme témoins
du Christ devant tous les hommes'' ».38 Certains d'entre eux, ne voulant pas être
soumis à un contrôle indu exercé sur la
vie de l'Église et désireux de maintenir une
pleine fidélité au Successeur de Pierre et à
la doctrine catholique, se sont vus contraints de se faire
consacrer clandestinement. La clandestinité ne rentre
pas dans la normalité de la vie de l'Église,
et l'histoire montre que Pasteurs et fidèles y ont
recours uniquement avec le désir tourmenté de
maintenir intègre leur propre foi et de ne pas accepter
l'ingérence d'organismes d'État dans ce qui
touche l'intime de la vie de l'Église. Pour cette raison,
le Saint-Siège souhaite que ces Pasteurs légitimes
puissent être reconnus comme tels par les Autorités
gouvernementales, avec aussi tous les effets civils —
autant qu'ils sont nécessaires — et que tous
les fidèles puissent exprimer librement leur foi dans
le contexte social dans lequel ils vivent. À l'inverse, d'autres pasteurs, poussés
par les circonstances particulières, ont consenti à
recevoir l'ordination épiscopale sans mandat pontifical,
mais, par la suite, ils ont demandé de pouvoir être
accueillis dans la communion avec le Successeur de Pierre
et avec leurs autres Frères dans l'Épiscopat.
Considérant la sincérité de leurs sentiments
et la complexité de la situation, et tenant compte
de l'avis des Évêques les plus proches, le Pape,
en vertu de sa responsabilité de Pasteur universel
de l'Église, leur a concédé le plein
et légitime exercice de la juridiction épiscopale.
Une telle initiative du Pape naissait de la connaissance des
circonstances particulières de leur ordination et de
sa profonde préoccupation pastorale dans la perspective
de favoriser le rétablissement d'une pleine communion.
Malheureusement, dans la majorité des cas, les prêtres
et les fidèles n'ont pas été convenablement
informés de la légitimation obtenue par leur
Évêque, et cela a donné lieu à
de nombreux et graves problèmes de conscience. De plus,
certains Évêques légitimés n'ont
pas posé de gestes qui prouvaient clairement la légitimation
obtenue. Pour cette raison, il est indispensable que, pour
le bien spirituel des communautés diocésaines
intéressées, la légitimation obtenue
puisse être rendue publique dans un temps bref et que
les Évêques légitimés posent toujours
plus des gestes sans équivoques de leur pleine communion
avec le Successeur de Pierre. Il y a enfin certains Évêques
— en nombre très réduit — qui ont
été ordonnés sans mandat pontifical et
qui n'ont pas demandé, ou qui n'ont pas encore obtenu,
la légitimation nécessaire. Selon la doctrine
de l'Église catholique, ils sont à considérer
comme illégitimes, mais validement ordonnés,
dans la mesure où il y a la certitude qu'ils ont reçu
l'ordination par des Évêques validement ordonnés
et que le rite catholique de l'ordination épiscopale
a été respecté. Ces derniers, tout en
n'étant pas en communion avec le Pape, exercent validement
leur ministère dans l'administration des sacrements,
même si c'est de manière illégitime. Quelle
grande richesse spirituelle en découlerait pour l'Église
en Chine si, présentant les conditions nécessaires,
ces Pasteurs parvenaient aussi à la communion avec
le Successeur de Pierre et avec tout l'Épiscopat catholique!
Non seulement leur ministère épiscopal serait
légitimé, mais la communion avec les prêtres
et les fidèles qui considèrent l'Église
en Chine comme une partie de l'Église catholique, unie
à l'Évêque de Rome et à toutes
les autres Églises particulières répandues
à travers le monde, en serait également enrichie. Dans les différentes nations, tous
les Évêques légitimes constituent une
Conférence épiscopale, régie par un statut
propre qui, selon les normes du Droit canonique, doit être
approuvé par le Siège apostolique. Une telle
Conférence épiscopale manifeste la communion
fraternelle de tous les Évêques d'une nation
et traite les questions doctrinales et pastorales qui sont
importantes pour toute la communauté catholique dans
le pays, sans cependant interférer avec l'exercice
du pouvoir ordinaire et immédiat de chaque Évêque
dans son propre diocèse. De plus, chaque Conférence
épiscopale maintient des contacts opportuns et utiles
avec les Autorités civiles du lieu, pour favoriser
aussi la collaboration entre l'Église et l'État,
mais il est clair qu'une Conférence épiscopale
ne peut être soumise à aucune Autorité
civile en matière de foi et de vie selon la foi (fides
et mores, vie sacramentelle), qui sont de la compétence
exclusive de l'Église. Nomination des Évêques 9. Comme il est connu de vous tous, un des
problèmes les plus délicats dans les relations
du Saint-Siège avec les Autorités de votre Pays
est constitué par la question des nominations épiscopales.
D'un côté, on peut comprendre que les Autorités
gouvernementales soient attentives au choix de ceux qui accompliront
le rôle important de guides et de pasteurs des communautés
catholiques locales, vu les changements sociaux que —
en Chine comme dans le reste du monde — une telle fonction
a aussi dans le domaine civil. D'un autre côté,
le Saint-Siège suit avec un soin particulier la nomination
des Évêques, étant donné que cela
touche le cœur même de la vie de l'Église,
du fait que la nomination des Évêques de la part
du Pape est la garantie de l'unité de l'Église
et de la communion hiérarchique. Pour cette raison,
le Code de Droit canonique (cf. canon n. 1382) établit
de graves sanctions soit pour l'Évêque qui confère
librement l'ordination épiscopale sans mandat apostolique,
soit pour celui qui la reçoit: une telle ordination
représente en effet une douloureuse blessure à
la communion ecclésiale et une grave violation de la
discipline canonique. Lorsqu'il concède le mandat apostolique
pour l'ordination d'un Évêque, le Pape exerce
sa suprême autorité spirituelle: autorité
et intervention qui demeurent dans le strict domaine religieux.
Il ne s'agit donc pas d'une autorité politique qui
s'introduirait de manière indue dans les affaires intérieures
d'un État et qui en léserait la souveraineté. SECONDE PARTIE : ORIENTATIONS DE VIE PASTORALE Sacrements, gouvernement des diocèses,
paroisses 10. Au cours des derniers temps, sont apparues
des difficultés liées à des initiatives
individuelles de Pasteurs, de prêtres et de fidèles
laïcs qui, mus par un généreux zèle
pastoral, n'ont pas toujours respecté les devoirs et
les responsabilités d'autrui. Dans de nombreuses circonstances, vous vous
êtes posés le problème de la concélébration
de l'Eucharistie. À ce sujet, je rappelle qu'elle présuppose,
comme conditions, la profession de la même foi et la
communion hiérarchique avec le Pape et avec l'Église
universelle. Il est donc licite de concélébrer
avec des Évêques et des prêtres qui sont
en communion avec le Pape, même s'ils sont reconnus
par les Autorités civiles et s'ils maintiennent des
relations avec des organismes voulus par l'État et
étrangers à la structure de l'Église,
pourvu que — comme cela a été dit plus
haut (cf. n. 7 alinéa 8) — la reconnaissance
et les relations ne comportent pas la négation de principes
de foi et de communion ecclésiastique, auxquels on
ne peut renoncer. De même, les fidèles laïcs
qui sont animés par un sincère amour pour le
Christ et pour l'Église ne doivent pas non plus hésiter
à participer à l'Eucharistie célébrée
par des Évêques et par des prêtres qui
sont en pleine communion avec le Successeur de Pierre, et
qui sont reconnus par les Autorités civiles. La même
chose vaut pour tous les autres sacrements. Je considère enfin opportun d'attirer
votre attention sur ce que prévoit la législation
canonique pour aider les Évêques diocésains
à réaliser leur tâche pastorale. Chaque
Évêque diocésain est invité à
se servir des instruments indispensables de communion et de
collaboration au sein de la communauté catholique diocésaine:
la curie diocésaine, le conseil presbytéral,
le collège des consulteurs, le conseil pastoral diocésain
et le conseil diocésain pour les affaires économiques. La même chose vaut pour les différents
conseils que prévoit le Droit canonique pour les paroisses:
le conseil pastoral paroissial et le conseil paroissial pour
les affaires économiques. Les provinces ecclésiastiques 11. De nombreux changements administratifs
sont intervenus dans le domaine civil au cours des cinquante
dernières années. Cela a touché aussi
diverses circonscriptions ecclésiastiques, qui ont
été supprimées ou regroupées,
ou encore modifiées dans leur configuration territoriale
sur la base des circonscriptions administratives civiles.
À ce sujet, je désire confirmer que le Saint-Siège
est disposé à affronter la totalité de
la question des circonscriptions et des provinces ecclésiastiques
dans un dialogue ouvert et constructif avec l'Épiscopat
chinois et — dans la mesure où cela est opportun
et utile — avec les Autorités gouvernementales. Les communautés catholiques 12. Je sais bien que les communautés
diocésaines et paroissiales, disséminées
dans le vaste territoire chinois, font preuve d'une vie chrétienne
particulièrement vivante, de témoignages de
foi et d'initiatives pastorales. Il est pour moi consolant
de constater que, malgré les difficultés passées
et présentes, les Évêques, les prêtres,
les personnes consacrées et les fidèles laïcs
ont conservé une profonde conscience d'être des
membres vivants de l'Église universelle, en communion
de foi et de vie avec toutes les communautés catholiques
répandues à travers le monde. Dans leur cœur,
ils savent ce que veut dire être catholiques. Et c'est
précisément de ce cœur catholique que doit
naître aussi l'engagement pour rendre manifeste et effectif,
tant au sein des différentes communautés que
dans les relations entre les différentes communautés,
l'esprit de communion, de compréhension et de pardon
qui — comme cela a été dit plus haut (cf.
n. 5, alinéas 4 et 6) — est le sceau visible
d'une authentique existence chrétienne. Je suis sûr
que l'Esprit du Christ, de même qu'il a aidé
les communautés à maintenir vive la foi dans
le temps des persécutions, aidera aujourd'hui tous
les catholiques à croître dans l'unité. Comme je le faisais déjà remarquer
(cf. nn. 2, alinéa 1; 4, alinéa 1), il n'est
malheureusement pas encore permis aux membres des communautés
catholiques dans votre pays — spécialement aux
Évêques, aux prêtres et aux personnes consacrées
— de vivre et d'exprimer, pleinement et de manière
visible, certains aspects de leur appartenance à l'Église
et de leur communion hiérarchique avec le Pape, étant
normalement empêchés de libres contacts avec
le Saint-Siège et avec les autres communautés
catholiques dans les différents pays. Il est vrai que,
ces dernières années, l'Église jouit,
en regard du passé, d'une plus grande liberté
religieuse. Toutefois, on ne peut nier que demeurent de graves
limitations qui touchent le cœur de la foi et qui, dans
une certaine mesure, étouffent l'activité pastorale.
À ce sujet, je renouvelle le souhait (cf. n. 4, alinéas
2-4) que, au cours d'un dialogue respectueux et ouvert entre
le Saint-Siège et les Évêques chinois,
d'une part, et les Autorités gouvernementales, d'autre
part, puissent être dépassées les difficultés
mentionnées et que l'on parvienne ainsi à une
entente profitable, qui sera au bénéfice des
communautés catholiques et de la convivialité
sociale. Les prêtres 13. Je voudrais aussi adresser une pensée
spéciale et une invitation aux prêtres —
de manière particulière aux prêtres ordonnés
au cours des dernières années —, qui,
avec beaucoup de générosité, ont pris
le chemin du ministère pastoral. Il me semble que la
situation ecclésiale et socio- politique actuelle rend
toujours plus pressante l'exigence de puiser lumière
et force aux sources de la spiritualité sacerdotale
que sont l'amour de Dieu, une vie inconditionnelle à
la suite du Christ, la passion pour l'annonce de l'Évangile,
la fidélité à l'Église et le service
généreux du prochain.48 Comment ne pas rappeler
à ce propos, comme un encouragement pour tous, les
figures lumineuses d'Évêques et de prêtres
qui, durant les années difficiles du passé récent,
ont témoigné d'un amour indéfectible
envers l'Église, même par le don de leur vie
pour elle et pour le Christ? Chers prêtres! Vous qui portez «
le poids du jour et de la chaleur » (Mt 20, 12), qui
avez mis la main à la charrue et qui ne vous retournez
pas en arrière (cf. Lc 9, 62), pensez aux lieux où
les fidèles attendent avec angoisse un prêtre
et où, depuis de nombreuses années, en en ressentant
l'absence, ils ne cessent d'en souhaiter la présence.
Je sais bien que, au milieu de vous, il y a des confrères
qui ont dû faire face à des temps et à
des situations difficiles, prenant des positions pas toujours
partagées du point de vue ecclésial, et qui,
malgré tout, désirent revenir dans la pleine
communion de l'Église. Dans un esprit de profonde réconciliation,
à laquelle mon vénéré Prédécesseur
a invité de manière répétée
l'Église en Chine,49 je m'adresse aux Évêques
qui sont en communion avec le Successeur de Pierre, afin que,
avec une âme paternelle, ils apprécient, au cas
par cas, et qu'ils donnent une juste réponse à
ce désir, recourant — si cela est nécessaire
— au Siège Apostolique. Et, comme signe de la
réconciliation espérée, je pense qu'il
n'y a pas de geste plus significatif que celui de renouveler
sous forme communautaire — à l'occasion de la
journée sacerdotale du Jeudi saint, comme cela se fait
dans l'Église universelle, ou dans une autre circonstance
qui sera retenue plus opportune — la profession de foi,
comme témoignage de la pleine communion retrouvée,
pour l'édification du Peuple saint de Dieu confié
à votre soin pastoral, et à la louange de la
Très Sainte Trinité. Les vocations et la formation religieuse 14. Au cours des cinquante dernières
années, une abondante floraison de vocations au sacerdoce
et à la vie consacrée n'a pas fait défaut.
Il faut rendre grâce de cela au Seigneur, parce qu'il
s'agit d'un signe de vitalité et d'un motif d'espérance.
Au long des années, sont apparues ensuite de nombreuses
congrégations religieuses autochtones: les Évêques
et les prêtres savent d'expérience combien est
irremplaçable la contribution des religieuses dans
la catéchèse et dans la vie paroissiale sous
toutes ses formes; en outre, l'attention aux plus nécessiteux,
réalisée aussi en collaboration avec les Autorités
civiles locales, est l'expression de la charité et
du service du prochain, qui sont le témoignage le plus
crédible de la force et de la vitalité de l'Évangile
de Jésus. Je suis cependant conscient qu'une telle floraison
s'accompagne aujourd'hui de nombreuses difficultés.
L'exigence, tant d'un discernement vocationnel plus attentif
de la part des responsables ecclésiaux, que d'une éducation
et d'un enseignement plus approfondis des candidats au sacerdoce
et à la vie religieuse, se fait donc jour. En dépit
de la précarité des moyens à disposition,
il faudra, pour l'avenir de l'Église en Chine, s'attacher
à assurer, d'une part, une attention et un soin particuliers
aux vocations et, d'autre part, une formation plus solide
en ce qui concerne les aspects humain, spirituel, philosophique,
théologique et pastoral, à mettre en œuvre
dans les séminaires et dans les instituts religieux. Les fidèles laïcs et la famille 15. Dans les moments les plus difficiles de
l'histoire récente de l'Église catholique en
Chine, les fidèles laïcs, au niveau individuelle
et familial, ou comme membres de mouvements spirituels et
apostoliques, ont fait preuve d'une entière fidélité
à l'Évangile, payant aussi de leur personne
leur fidélité au Christ. Vous, laïcs, vous
êtes appelés, aujourd'hui encore, à incarner
l'Évangile dans votre vie et à donner votre
témoignage, par un service généreux et
effectif; pour le bien du peuple et pour le développement
du Pays: et vous accomplirez une telle mission en vivant comme
des citoyens honnêtes et en agissant comme des collaborateurs
actifs et coresponsables de la diffusion de la Parole de Dieu,
dans votre milieu, rural ou urbain. Vous qui dans des périodes
récentes avez été de courageux témoins
de la foi, demeurez l'espérance de l'Église
pour l'avenir! Cela nécessite de votre part une participation
toujours plus motivée dans toutes les instances de
la vie de l'Église, en communion avec vos Pasteurs
respectifs. Puisque l'avenir de l'humanité passe
par la famille, je considère indispensable et urgent
que les laïcs en promeuvent les valeurs et en maintiennent
les exigences. Eux qui dans la foi connaissent pleinement
le dessein merveilleux de Dieu sur la famille, ils ont une
raison supplémentaire pour assumer la consigne concrète
et impérative suivante: en effet, « la famille
est le lieu normal de croissance des jeunes générations
vers une maturité personnelle et sociale. Elle est
aussi porteuse de l'héritage de l'humanité elle-
même, parce que, en elle, la vie est transmise de génération
en génération. La famille occupe une place très
importante dans les cultures asiatiques; et, comme l'ont souligné
les Pères du Synode, des valeurs familiales comme le
respect filial, l'amour et le souci des personnes âgées
et malades, l'amour à l'égard des enfants et
l'harmonie sont tenues en grande estime dans toutes les cultures
et traditions religieuses de ce Continent ».52 L'initiation chrétienne des adultes 16. L'histoire récente de l'Église
catholique en Chine a vu un nombre élevé d'adultes
qui se sont approchés de la foi grâce aussi au
témoignage de la communauté chrétienne
locale. Vous, les Pasteurs, vous êtes appelés
à prendre un soin particulier de leur initiation chrétienne,
par une période sérieuse et appropriée
de catéchuménat, qui les aidera et les préparera
à mener une vie de disciples de Jésus. La vocation missionnaire 17. L'Église, toujours et partout missionnaire,
est appelée à proclamer l'Évangile et
à en témoigner. L'Église en Chine doit
aussi ressentir en son cœur l'ardeur missionnaire de
son Fondateur et Maître. CONCLUSION Révocation des facultés et des
directives pastorales 18. Considérant en tout premier lieu
certains développements positifs de la situation de
l'Église en Chine, en deuxième lieu des opportunités
et des facilités de communications plus grandes, et
enfin les demandes que différents Évêques
et prêtres ont fait parvenir, je révoque, par
la présente Lettre, toutes les facultés qui
avaient été concédées pour faire
face à des exigences pastorales particulières,
nées en des temps spécialement difficiles. Journée de prière pour l'Église
en Chine 19. Chers Pasteurs et fidèles, le 24
mai, qui est consacré à la mémoire liturgique
de la bienheureuse Vierge Marie, Auxiliaire des chrétiens
— vénérée avec tant de dévotion
dans le sanctuaire marial de Sheshan à Shangaï
—, pourrait devenir, dans l'avenir, une occasion pour
les catholiques du monde entier de s'unir par la prière
à l'Église qui est en Chine. Salut final 20. Au terme de cette Lettre, je vous souhaite,
chers Pasteurs de l'Église catholique qui est en Chine,
prêtres, personnes consacrées et fidèles
laïcs d'être remplis « de joie, même
s'il faut que vous soyez attristés, pour un peu de
temps encore, par toutes sortes d'épreuves; elles vérifient
la qualité de votre foi qui est bien plus précieuse
que l'or, cet or voué pourtant à disparaître,
qu'on vérifie par le feu. Tout cela doit donner à
Dieu louange, gloire et honneur quand se révélera
Jésus Christ » (1 P 1, 6-7). BENEDICTUS PP. XVI ________________________________________ Notes
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