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catholique Saint Michel
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Du 18 au 24 mai 2008 |
Homélie du pape Benoît XVI à Gênes
Voici l'homélie de Benoît XVI en ce dimanche de la sainte Trinité. Le pape Benoît XVI a souligné les conséquences sociales et missionnaires de la foi dans la Trinité, communion d'amour du Père, du Fils et de l'Esprit Saint. Chers frères et sœurs, Au terme d'une intense journée passée
dans votre ville, nous nous retrouvons unis autour de l'autel
pour célébrer l'Eucharistie, en la solennité
de la Très Sainte Trinité. De cette place centrale
«della Vittoria», qui nous accueille pour notre
acte choral de louange et d'action de grâce à
Dieu qui conclut ma visite pastorale, j'envoie mon salut le
plus cordial à toute la communauté civile et
ecclésiale de Gênes. Je salue tout d'abord avec
affection l'archevêque, le cardinal Angelo Bagnasco,
que je remercie de la courtoisie avec laquelle il m'a accueilli
et des paroles touchantes qu'il m'a adressées au début
de la Messe. Ensuite, comment ne pas saluer le cardinal Tarcisio
Bertone, mon Secrétaire d'Etat, ancien pasteur de cette
antique et noble Eglise? Je lui adresse mes remerciements
les plus sincères pour sa proximité spirituelle
et pour sa précieuse collaboration. Je salue ensuite
l'Evêque auxiliaire, Mgr Luigi Ernesto Palletti, les
évêques de Ligurie et les autres prélats.
J'adresse ma pensée respectueuse aux Autorités
civiles, auxquelles je suis reconnaissante de leur accueil
et du soutien concret qu'elles ont apporté à
la préparation et au déroulement de mon pèlerinage
apostolique. Je salue en particulier M. le ministre Claudio
Scaiola, qui représente le nouveau gouvernement, qui
précisément ces jours derniers a pris ses pleines
fonctions au service de la bien-aimée nation italienne.
Je m'adresse ensuite avec une vive reconnaissance aux prêtres,
aux religieux et aux religieuses, aux diacres, aux laïcs
engagés, aux séminaristes et aux jeunes. A vous
tous, chers frères et sœurs, j'adresse mon salut
affectueux. J'étends ma pensée à ceux
qui n'ont pas pu être présents, de manière
particulière aux malades, aux personnes seules et à
ceux qui se trouvent en difficulté. Je confie au Seigneur
la ville de Gênes et tous ses habitants en cette solennelle
concélébration eucharistique, qui, comme chaque
dimanche, nous invite à participer de manière
communautaire à la double table de la Parole de Vérité
et du Pain de Vie éternelle. Nous avons écouté, dans la première
Lecture (Ex 34, 4b-6.8-9), un texte biblique qui nous présente
la révélation du nom de Dieu. C'est Dieu lui-même,
l'Eternel et l'Invisible, qui le proclame, en passant devant
Moïse dans une nuée, sur le mont Sinaï. Son
nom est: «Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse
et de pitié, lent à la colère, riche
en grâce et en fidélité». Saint
Jean, dans le nouveau Testament, résume cette expression
en un seul mot: «Amour» (cf. 1 Jn 4, 8.16). L'Evangile
d'aujourd'hui l'atteste également: «Dieu a tant
aimé le monde qu'il a donné son Fils unique»
(Jn 3, 16). Ce nom exprime donc clairement que le Dieu de
la Bible n'est pas une sorte de monade fermée sur elle-même
et satisfaite de sa propre autosuffisance, mais il est la
vie qui veut se communiquer, il est ouverture, relation. Des
expressions comme «Dieu de tendresse», «de
pitié», «riche en grâce» nous
parlent tous d'une relation, en particulier d'un Etre vital
qui s'offre, qui veut combler chaque lacune, chaque manque,
qui veut donner et pardonner, qui désire établir
un lien stable et durable. L'Ecriture Sainte ne connaît
pas d'autre Dieu que le Dieu de l'Alliance, qui a créé
le monde pour répandre son amour sur toutes les créatures
(cf. Missel romain, Prière eucharistique, IV) et qui
s'est choisi un peuple pour établir avec lui un pacte
nuptial, le faire devenir une bénédiction pour
toutes les nations et former ainsi une grande famille de toute
l'humanité (cf. Gn 12, 1-3; Ex 19, 3-6). Cette révélation
de Dieu s'est pleinement définie dans le Nouveau Testament,
grâce à la parole du Christ. Jésus nous
a manifesté le visage de Dieu, un dans l'essence et
trine dans les personnes: Dieu est Amour, Amour Père
- Amour Fils - Amour Esprit Saint. Et c'est précisément
au nom de ce Dieu que l'apôtre Paul salue la communauté
de Corinthe: «Que la grâce du Seigneur Jésus
Christ, l'amour de Dieu et la communion de l'Esprit Saint
soient avec vous tous» (2 Co 13, 13). C'est un salut
qui est devenu, comme vous le savez, une formule liturgique.
Il y a donc, dans ces lectures, un contenu
principal qui concerne Dieu et, en effet, la fête d'aujourd'hui
nous invite à Le contempler, Lui, le Seigneur, elle
nous invite à monter dans un certain sens «sur
le mont», comme le fit Moïse. Cela semble à
première vue nous conduire loin du monde et de ses
problèmes, mais en réalité on découvre
que c'est précisément en connaissant Dieu de
plus près que l'on reçoit également des
indications pratiques précieuses pour la vie: un peu
comme cela arriva à Moïse qui, en montant sur
le Sinaï et en restant en présence de Dieu, reçut
la loi gravée sur les tables de pierre, dont le peuple
tira la direction pour aller de l'avant, pour ne pas redevenir
esclave mais croître dans la liberté. Du nom
de Dieu dépend notre histoire; de la lumière
de son visage, notre chemin. De cette réalité de Dieu, qu'Il
nous a lui-même fait connaître en nous révélant
son «nom, dérive une certaine image d'homme,
c'est-à-dire le concept exact de personne. Comme on
le sait, ce concept s'est formé dans notre culture
d'Occident au cours du débat enflammé qui s'est
développé précisément autour de
la vérité de Dieu, et en particulier de Jésus
Christ. Si Dieu est une unité dialogique, substance
en relation, la créature humaine, faite à son
image et ressemblance, reflète cette constitution:
elle est donc appelée à se réaliser dans
le dialogue, dans le colloque, dans la rencontre. Jésus
nous a en particulier révélé que l'homme
est essentiellement «fils», créature qui
vit dans la relation avec Dieu le Père. L'homme ne
se réalise pas dans une autonomie absolue, en ayant
l'illusion d'être Dieu, mais, au contraire, en se reconnaissant
en tant que fils, créature ouverte, tendue vers Dieu
et vers ses frères, dans le visage desquels il retrouve
l'image du Père commun. On voit bien que cette conception
de Dieu et de l'homme se trouve à la base d'un modèle
correspondant de communauté humaine, et donc de société.
C'est un modèle qui existe avant toute règlementation
législative, juridique, institutionnelle, mais je dirais
également avant les particularités culturelles.
Un modèle de famille humaine commun à toutes
les civilisations, que nous chrétiens avons l'habitude
d'exprimer dès l'enfance en affirmant que les hommes
sont tous des fils de Dieu et donc tous frères. Il
s'agit d'une vérité qui se trouve dès
le début derrière nous et, dans le même
temps, qui est toujours devant nous, comme un projet auquel
aspirer toujours dans chaque construction sociale. C'est une
conception qui se fonde sur l'idée de Dieu Trinité,
de l'homme comme personne - non comme pur individu - et de
la société comme communauté - non comme
pure collectivité. Le Magistère de l'Eglise qui s'est
développé précisément à
partir de cette vision de Dieu et de l'homme est très
riche. Il suffit de parcourir les chapitres les plus importants
de la Doctrine sociale de l'Eglise, auquel mes vénérés
prédécesseurs ont apporté des contributions
substantielles, en particulier au cours des cent vingt dernières
années, en se faisant les interprètes autorisés
et les guides du mouvement social d'inspiration chrétienne.
La Constitution conciliaire Gaudium et spes et les Encycliques
de Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II tracent un dessein
complet et articulé, capable de motiver et d'orienter
l'engagement de promotion humaine et de service social et
politique des catholiques. Ma première Encyclique Deus
caritas est, se réfère à cet horizon:
en effet, elle repropose l'exercice de la charité concrète,
de la part de l'Eglise, à partir de la foi en Dieu
Amour, incarné en Jésus Christ. C'est spontanément
que je rappelle le Congrès ecclésial national
de Vérone, auquel j'ai participé en proposant
une profonde réflexion, pleinement accueillie dans
la Note pastorale successive de l'épiscopat: «Régénérés
pour une espérance vivante: témoins du grand
"oui" de Dieu à l'homme» (29 juin 2007).
J'ai plaisir à souligner comment deux choix de fond,
indiqués par les évêques au début
de ce document (n. 4), s'accordent avec ce que la Parole de
Dieu vient de nous suggérer. Tout d'abord, le choix
du «primat de Dieu»: toute la vie et l'œuvre
de l'Eglise dépendent du fait de placer Dieu au premier
plan; pas un Dieu générique, mais bien le Seigneur
avec son nom et son visage, le Dieu de l'Alliance qui a fait
sortir le peuple de l'esclavage d'Egypte, qui a ressuscité
Jésus des morts et qui veut conduire l'humanité
à la liberté dans la paix et dans la justice.
L'autre choix est celui de placer au centre la personne et
l'unité de son existence, dans les divers milieux où
elle déploie son activité: la vie affective,
le travail et la fête, sa propre fragilité, la
tradition, la citoyenneté. Le Dieu un et trine et la
personne en relation: ce sont les deux références
que l'Eglise à la tâche d'offrir à chaque
génération humaine, comme service à l'édification
d'une société libre et solidaire. L'Eglise le
fait certainement avec sa doctrine, mais surtout à
travers le témoignage, qui n'est pas pour rien le troisième
choix fondamental de l'épiscopat italien: témoignage
personnel et communautaire, dans lequel convergent vie spirituelle,
mission pastorale et dimension culturelle. Dans une société tendue entre
la mondialisation et l'individualisme, l'Eglise est appelée
à offrir le témoignage de la koinonia, de la
communion. Cette réalité ne vient pas «du
bas» mais est un mystère qui a, pour ainsi dire,
ses «racines au ciel»: précisément
en Dieu un et trine. C'est Lui, en lui-même, l'éternel
dialogue d'amour qui en Jésus Christ s'est communiqué
à nous, qui est entré dans le tissu de l'humanité
et de l'histoire pour le conduire à la plénitude.
Et voilà alors la grande synthèse du Concile
Vatican II: l'Eglise, mystère de communion, «est
dans le Christ comme un sacrement, c'est-à-dire signe
et instrument de l'intime union avec Dieu et de l'unité
de toute le genre humain» (Const. Lumen gentium, n.
1). Ici aussi, dans cette grande ville, ainsi que sur son
territoire, avec la variété des problèmes
humains et sociaux respectifs, la Communauté ecclésiale,
aujourd'hui comme hier, est avant tout le signe, pauvre mais
véritable, de Dieu Amour, dont le nom est imprimé
dans l'être profond de chaque personne et dans chaque
expérience d'authentique socialité et solidarité.
Chers frères, après ces réflexions
je vous laisse plusieurs exhortations particulières.
Ayez soin de la formation spirituelle et catéchétique,
une formation «substantielle», plus que jamais
nécessaire pour bien vivre la vocation chrétienne
dans le monde d'aujourd'hui. Je le dis aux adultes et aux
jeunes: cultivez une foi pensée, capable de dialoguer
en profondeur avec tous, avec nos frères non catholiques,
avec les non chrétiens et les non-croyants. Poursuivez
votre généreux partage avec les pauvres et les
plus faibles, selon la pratique originaire de l'Eglise, en
puisant toujours votre inspiration et votre force à
l'Eucharistie, source éternelle de la charité.
J'encourage avec une affection spéciale les séminaristes
et les jeunes engagés dans un chemin de vocation: n'ayez
pas peur, au contraire, éprouvez l'attraction des choix
définitifs, d'un itinéraire de formation sérieux
et exigeant. Seule la mesure élevée de la condition
de disciple fascine et procure de la joie. J'exhorte chacun
à croître dans la dimension missionnaire, qui
est co-essentielle à la communion. En effet, la Trinité
est dans le même temps unité et mission: plus
l'amour est intense, plus l'élan à se diffuser,
à s'élargir, à se communiquer est fort.
Eglise de Gênes, sois unie et missionnaire, pour annoncer
à tous la joie de la foi et la beauté d'être
Famille de Dieu. Ma pensée s'élargit à
la ville tout entière, à tous les Gênois
et à ceux qui vivent et travaillent sur ce territoire.
Chers amis, envisagez l'avenir avec confiance et cherchez
à le construire ensemble, en évitant les attitudes
factieuses et les particularismes, en plaçant le bien
commun avant les intérêts même légitimes.
Je voudrais conclure avec un souhait que je reprends de la merveilleuse prière de Moïse, que nous avons écoutée dans la première Lecture: que le Seigneur veuille bien aller au milieu de nous et faire de nous son héritage (cf. Ex 34, 9). Que l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, que les Gênois invoquent comme la Vierge de la Garde dans leur patrie et dans le monde entier, l'obtienne pour vous. Avec son aide et avec celle des saints Patrons de votre ville bien-aimée et de votre région, que votre foi et vos œuvres soient toujours à la louange et à la gloire de la Très Sainte Trinité. En suivant l'exemple des saints de cette terre, soyez une communauté missionnaire: à l'écoute de Dieu et au service des hommes! Amen.
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