Paroisse
catholique Saint Michel
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Du 13 au 19 octobre 2008 |
A- Paul et la vie terrestre de Jésus
Chers frères et sœurs,
En premier lieu, des références
explicites et directes. Paul parle de l'ascendance davidique
de Jésus (cf. Rm 1, 3), il connaît l'existence
de ses « frères » ou consanguins (1 Co
9, 5; Ga 1, 19), il connaît le déroulement de
la Dernière Cène (cf. 1 Co 11, 23), il connaît
d'autres paroles de Jésus, par exemple, sur l'indissolubilité
du mariage (cf. 1 Co 7, 10 avec Mc 10, 11-12), sur la nécessité
que celui qui annonce l'Evangile soit nourri par la communauté
dans la mesure où l'ouvrier est digne de son salaire
(cf. 1 Co 9, 14 et Lc 10, 7) ; Paul connaît les paroles
prononcées par Jésus lors de la Dernière
Cène (cf. 1 Co 11, 24-25 et Lc 22, 19-20) et il connaît
aussi la croix de Jésus. Telles sont les références
directes à des paroles et des faits de la vie de Jésus. Enfin, on peut trouver une troisième
manière dont sont présentes les paroles de Jésus
dans les Lettres de Paul : lorsqu'il opère une forme
de transposition de la tradition pré-pascale à
la situation d'après la Pâque. Le thème
du Royaume de Dieu est un cas typique. Il se trouve sans aucun
doute au centre de la prédication du Jésus historique
(cf. Mt 3, 2 ; Mc 1, 15 ; Lc 4, 43). Chez Paul on trouve une
transposition de cette thématique, parce qu'après
la résurrection il est évident que Jésus
en personne, le ressuscité, est le Royaume de Dieu.
Le Royaume arrive donc là où Jésus arrive.
Et ainsi, nécessairement, le thème du Royaume
de Dieu, où était anticipé le mystère
de Jésus, se transforme en christologie. Toutefois,
les mêmes dispositions demandées par Jésus
pour entrer dans le Royaume de Dieu sont tout à fait
valables pour Paul en ce qui concerne la justification au
moyen de la foi : autant l'entrée dans le Royaume que
la justification exigent une attitude de grande humilité
et disponibilité, libre de présomptions, pour
accueillir la grâce de Dieu. Par exemple, la parabole
du pharisien et du publicain (cf. Lc 18, 9-14) donne un enseignement
que l'on retrouve tel quel chez Paul, lorsqu'il insiste sur
le fait de devoir exclure toute vanterie à l'égard
de Dieu. Les phrases de Jésus sur les publicains et
les prostituées, plus disponibles que les pharisiens
à accueillir l'Evangile (cf. Mt 21, 31 ; Lc 7, 36-50),
et son choix de partager la table avec eux (cf. Mt 9, 10-13
; Lc 15, 1-2) se retrouvent elles aussi entièrement
dans la doctrine de Paul sur l'amour miséricordieux
de Dieu envers les pécheurs (cf. Rm 5, 8-10 ; et aussi
Ep 2, 3-5). Ainsi le thème du Royaume de Dieu est reproposé
sous une forme nouvelle, mais toujours dans une pleine fidélité
à la tradition du Jésus historique. Un autre exemple de transformation
fidèle du noyau doctrinal tel que l'entendait Jésus
se trouve dans les « titres » qui lui sont attribués.
Avant Pâques, il se qualifie lui-même de Fils
de l'homme ; après la Pâque, il devient évident
que le Fils de l'homme est aussi le Fils de Dieu. Par conséquent,
le titre préféré par Paul pour qualifier
Jésus est Kyrios, « Seigneur » (cf. Ph
2, 9-11), qui indique la divinité de Jésus.
Avec ce titre le Seigneur Jésus apparaît dans
toute la lumière de la résurrection. Sur le
Mont des Oliviers, au moment de l'extrême angoisse de
Jésus (cf. Mc 14, 36), les disciples avant de s'endormir
avaient entendu comment il parlait avec le Père et
l'appelait « Abbà-Père ». C'est
un terme très familier, équivalent à
notre « papa », utilisé uniquement par
les enfants en communion avec leur père. Jusqu'à
ce moment-là il était impensable qu'un juif
utilise une parole semblable pour s'adresser à Dieu
; mais Jésus, étant vrai Fils, en ce moment
d'intimité, parle ainsi et dit : « Abbà,
Père ». Dans les Lettres de saint Paul aux Romains
et aux Galates, de manière surprenante ce terme «
Abbà », qui exprime le caractère exclusif
de la filiation de Jésus, apparaît dans la bouche
des baptisés (cf. Rm 8, 15; Ga 4, 6), parce qu'ils
ont reçu l'« esprit du Fils » et à
présent ils portent en eux-mêmes cet Esprit et
ils peuvent parler comme Jésus et avec Jésus
en vrais fils de leur Père, ils peuvent dire «
Abbà » parce qu'ils sont devenus fils dans le
Fils.
B- l’enseignement de saint Paul sur l’Eglise Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée le mercredi 15 octobre par le pape Benoît XVI au cours de l'audience générale, place Saint-Pierre.
Une chose fut pour Paul immédiatement
claire dans la nouvelle situation : la valeur fondamentale
et fondatrice du Christ et de la « parole » qui
L'annonçait. Paul savait que non seulement on ne devient
pas chrétien par la force, mais également que
dans la configuration interne de la nouvelle communauté
la composante institutionnelle était inévitablement
liée à la « parole » vivante, à
l'annonce du Christ vivant dans lequel Dieu s'ouvre à
tous les peuples et les unit en un unique peuple de Dieu.
Il est symptomatique que dans les Actes des Apôtres,
Luc emploie plusieurs fois, également à propos
de Paul, le syntagme « annoncer la parole » (Ac
4, 29.31 ; 8, 25 ; 11, 19 ; 13, 46 ; 14, 25 ; 16, 6.32), avec
l'intention évidente de souligner au maximum la portée
décisive de la « parole » de l'annonce.
Concrètement, cette parole est constituée par
la croix et la résurrection du Christ, dans lesquelles
les Ecritures se sont réalisées. Le mystère
pascal, qui a provoqué le tournant de sa vie sur le
chemin de Damas, se trouve bien sûr au centre de la
prédication de l'apôtre (cf. 1 Co 2, 2 ; 15,
14). Ce Mystère annoncé dans la parole se réalise
dans les sacrements du baptême et de l'Eucharistie et
devient ensuite réalité dans la charité
chrétienne. L'œuvre évangélisatrice
de Paul n'a pas d'autre finalité que celle d'implanter
la communauté des croyants dans le Christ. Cette idée
est comprise dans l'étymologie même du terme
ekklésia, que Paul, et avec lui tout le christianisme,
a préféré à l'autre terme de «
synagogue » : non seulement parce qu'à l'origine
le premier est plus « laïc » (dérivant
de la pratique grecque de l'assemblée politique et
pas précisément religieuse), mais également
parce qu'il implique directement l'idée plus théologique
d'un appel ab extra, et donc pas seulement l'idée de
simplement se retrouver ensemble ; les croyants sont appelés
par Dieu, qui les réunit en une communauté,
son Eglise. Dans cette optique, nous pouvons également
comprendre le concept original, exclusivement paulinien, de
l'Eglise comme « Corps du Christ ». A cet égard,
il faut avoir à l'esprit les deux dimensions de ce
concept. L'une est à caractère sociologique.
Selon cette dimension, le corps est constitué par ses
composantes et n'existerait pas sans elles. Cette interprétation
apparaît dans la Lettre aux Romains et dans la première
Lettre aux Corinthiens, où Paul reprend une image qui
existait déjà dans la sociologie romaine : il
dit qu'un peuple est comme un corps avec divers membres, dont
chacun à sa fonction, même les plus petits et
apparemment les plus insignifiants, sont nécessaires
pour que le corps puisse vivre et réaliser ses fonctions.
De manière opportune, l'apôtre observe que dans
l'Eglise il y a beaucoup de vocations : prophètes,
apôtres, maîtres, personnes simples, tous appelés
à vivre chaque jour la charité, tous nécessaires
pour construire l'unité vivante de cet organisme spirituel.
L'autre interprétation fait référence
au Corps même du Christ. Paul soutient que l'Eglise
n'est pas seulement un organisme, mais devient réellement
corps du Christ dans le sacrement de l'Eucharistie, où
tous nous recevons son Corps et nous devenons réellement
son Corps. Ainsi se réalise le mystère sponsal
que tous deviennent un seul corps et un seul esprit dans le
Christ. Ainsi la réalité va bien au-delà
de l'image sociologique, en exprimant sa véritable
essence profonde, à savoir l'unité de tous les
baptisés dans le Christ, considérés par
l'Apôtre « un » dans le Christ, conformés
au sacrement de son Corps. La qualification de « peuple de Dieu », qui chez Paul est appliquée substantiellement au peuple de l'Ancien Testament, puis aux païens qui étaient « le non peuple » et sont devenus eux aussi le peuple de Dieu grâce à leur insertion dans le Christ à travers la Parole et le sacrement, mériterait un discours à part. Et enfin, une dernière nuance. Dans la Lettre à Timothée, Paul qualifie l'Eglise de « maison de Dieu » (1 Tm 3, 15) ; et il s'agit d'une définition vraiment originale, car elle se réfère à l'Eglise comme structure communautaire où l'on vit de chaleureuses relations interpersonnelles à caractère familial. L'apôtre nous aide donc a comprendre toujours plus profondément le mystère de l'Eglise dans ses différentes dimensions d'assemblée de Dieu dans le monde. Telle est la grandeur de l'Eglise et la grandeur de notre appel : nous sommes temple de Dieu dans le monde, lieu où Dieu habite réellement, et nous sommes, dans le même temps, communauté, famille de Dieu dont Il est charité. Comme famille et maison de Dieu, nous devons réaliser dans le monde la charité de Dieu et être ainsi avec la force qui vient de la foi, le lieu et le signe de sa présence. Prions le Seigneur afin qu'il nous accorde d'être toujours davantage son Eglise, son Corps, le lieu de la présence de sa charité dans notre monde et dans notre histoire.
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