Paroisse
catholique Saint Michel
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Du 15 au 23 novembre 2008 |
C'est probablement en l'an 52 que Paul a écrit la première de ses lettres, la première Lettre aux Thessaloniciens, où il parle de ce retour de Jésus, appelé parousie, avent, présence nouvelle, définitive et manifeste (cf. 4, 13-18). Aux Thessaloniciens, qui ont leurs doutes et leurs problèmes, l'Apôtre écrit ainsi : « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils » (4, 14). Et il poursuit : « Les morts unis au Christ ressusciteront d'abord. Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu'eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur » (4, 16-17). Paul décrit la parousie du Christ avec un ton très vif et avec des images symboliques qui transmettent cependant un message simple et profond : à la fin nous serons toujours avec le Seigneur. Tel est, au-delà des images, le message essentiel : notre avenir est « être avec le Seigneur » ; en tant que croyants dans notre vie nous sommes déjà avec le Seigneur ; notre avenir, la vie éternelle, est déjà commencée. Dans la deuxième Lettre aux Thessaloniciens Paul change la perspective ; il parle des événements négatifs qui devront précéder l'événement final et conclusif. Il ne faut pas se laisser tromper - dit-il - comme si le jour du Seigneur était vraiment imminent, selon un calcul chronologique : « Frères, nous voulons vous demander une chose, au sujet de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui : si on nous attribue une révélation, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer. Ne laissez personne vous égarer d'aucune manière » (2, 1-3). La suite de ce texte annonce qu'avant l'arrivée du Seigneur il y aura l'apostasie et que devra se révéler « l'homme de l'impiété », le « fils de perdition » (2, 3), qui n'est pas mieux défini et que la tradition appellera par la suite l'antéchrist. Mais l'intention de cette lettre de saint Paul est avant tout pratique ; il écrit : « Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cette consigne : si quelqu'un ne veut pas travailler qu'il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l'oisiveté, affairés sans rien faire. A ceux-la nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu'ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu'ils auront gagné » (3, 10-12). En d'autres termes, l'attente de la parousie de Jésus ne dispense pas de l'engagement dans ce monde, mais au contraire crée une responsabilité devant le Juge divin à propos de nos actions dans ce monde. C'est justement ainsi que grandit notre responsabilité de travailler dans et pour ce monde. Nous verrons la même chose dimanche prochain dans l'évangile des talents, où le Seigneur nous dit qu'il nous a confié des talents à tous et que le Juge en demandera des comptes en disant : Avez-vous porté du fruit ? L'attente du retour implique donc une responsabilité pour ce monde. La même chose et le même lien entre parousie - retour du Juge/Sauveur et notre engagement dans notre vie apparaît dans un autre contexte et sous de nouveaux aspects dans la Lettre aux Philippiens. Paul est en prison et attend la sentence qui peut le condamner à mort. Dans cette situation il pense à sa future présence auprès du Seigneur, mais aussi il pense à la communauté de Philippe qui a besoin de son père, de Paul, et écrit : « En effet, pour moi, vivre c'est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j'arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c'est bien cela le meilleur ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. J'en suis fermement convaincu ; je sais donc que je resterai, et que je continuerai à être avec vous tous pour votre progrès et votre joie dans la foi. Ainsi, quand je serai de retour parmi vous, vous aurez en moi un nouveau motif d'orgueil dans le Christ Jésus » (1, 21-26). Paul n'a pas peur de la mort, au contraire : elle implique en effet d'être complètement avec le Christ. Mais Paul participe également des sentiments du Christ, qui n'a pas vécu pour lui-même, mais pour nous. Vivre pour les autres devient le programme de sa vie et démontre ainsi sa disponibilité parfaite à la volonté de Dieu, à ce que Dieu décidera. Il est surtout disponible, même à l'avenir, à vivre sur cette terre pour les autres, à vivre pour le Christ, à vivre pour sa présence vivante et ainsi pour le renouveau du monde. Nous voyons que cette présence auprès du Christ crée une grande liberté intérieure : liberté devant la menace de la mort, mais liberté aussi face à tous les engagements et toutes les souffrances de la vie. Il est simplement disponible pour Dieu et réellement libre. Et interrogeons-nous à présent,
après avoir examiné les différents aspects
de l'attente de la parousie du Christ : quelles sont les attitudes
fondamentales du chrétien face aux choses ultimes :
la mort, la fin du monde ? La première attitude est
la certitude que Jésus est ressuscité, qu'il
est avec le Père et est ainsi justement avec nous,
pour toujours. Et personne n'est plus fort que le Christ,
parce qu'il est avec le Père, parce qu'il est avec
nous. Nous nous sentons plus sûrs, libérés
de la peur. Cela était un effet essentiel de la prédication
chrétienne. La peur des esprits, des divinités
était répandue dans tout le monde antique et
aujourd'hui également les missionnaires trouvent la
peur des esprits, des pouvoirs néfastes qui nous menacent,
mêlés à de nombreux éléments
positifs des religions naturelles. Le Christ vit, a vaincu
la mort et a vaincu tous ces pouvoirs. Nous vivons dans cette
certitude, dans cette liberté, dans cette joie. C'est
le premier aspect de notre vie concernant l'avenir. Un autre élément de l'enseignement paulinien concernant l'eschatologie est celui de l'universalité de l'appel à la foi, qui réunit les Juifs et les Gentils, c'est-à-dire les païens, comme signe et anticipation de la réalité future, ce qui nous permet de dire que nous siégeons déjà dans les cieux avec Jésus Christ, mais pour montrer dans les siècles futurs la richesse de la grâce (cf. Ep 2, 6sq) : l'après devient un avant pour mettre en évidence l'état de début de réalisation dans lequel nous vivons. Cela rend tolérables les souffrances du moment présent, qui ne sont cependant pas comparables à la gloire future (cf. Rm 8, 18). Nous marchons dans la foi et non dans une vision, et même s'il était préférable de partir en exil du corps et d'habiter auprès du Seigneur, ce qui compte en définitive, que l'on demeure dans le corps ou que l'on en sorte, est qu'on Lui soit agréable (cf. 2 Co 5, 7-9). Enfin, un dernier point qui peut nous paraître un peu difficile. Saint Paul en conclusion de sa première Lettre aux Corinthiens, répète et fait dire aux Corinthiens une prière née dans les premières communautés chrétiennes de la région palestinienne : Maranà, thà ! qui signifie littéralement « Notre Seigneur, viens ! » (16, 22). C'était la prière de la première chrétienté et même le dernier livre du Nouveau Testament, l'Apocalypse, se termine par cette prière : « Seigneur, viens ! ». Pouvons-nous nous aussi prier ainsi ? Il me semble que pour nous aujourd'hui, dans notre vie, dans notre monde, il est difficile de prier sincèrement pour que ce monde périsse, pour que vienne la nouvelle Jérusalem, pour que vienne le jugement dernier et le juge, le Christ. Je pense sincèrement que si nous n'osons pas prier ainsi pour de nombreux motifs, nous pouvons cependant également dire d'une manière juste et correcte, avec la première chrétienté : « Viens, Seigneur Jésus ! ». Bien sûr nous ne voulons pas que la fin du monde arrive. Mais d'autre part, nous voulons également que se termine ce monde injuste. Nous voulons également que le monde soit fondamentalement changé, que commence la civilisation de l'amour, qu'arrive un monde de justice, de paix, sans violence, sans faim. Nous voulons tout cela : et comment cela pourrait-il arriver sans la présence du Christ ? Sans la présence du Christ, un monde réellement juste et renouvelé n'arrivera jamais. Et même si d'une autre manière, totalement et en profondeur, nous pouvons et nous devons dire nous aussi, avec une grande urgence dans les circonstances de notre époque : viens, Seigneur ! Viens à ta manière, selon les manières que tu connais. Viens où il y a de l'injustice et de la violence. Viens dans les camps de réfugiés, au Darfour, au Nord-Kivu, dans de si nombreuses parties du monde. Viens où règne la drogue. Viens également parmi ces riches qui t'ont oublié, qui vivent seulement pour eux-mêmes. Viens là où tu n'es pas connu. Viens à ta manière et renouvelle le monde d'aujourd'hui. Viens également dans nos cœurs, viens et renouvelle notre vie, viens dans notre cœur pour que nous-mêmes puissions devenir lumière de Dieu, ta présence. Prions en ce sens avec saint Paul : Maranà, thà ! « Viens, Seigneur Jésus ! ». Et prions pour que le Christ soit réellement présent aujourd'hui dans notre monde et le renouvelle.
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