Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 1er au 7 mars 2009


 

Prédication pour le Ier dimanche de Carême.
Prédication à l’occasion du premier anniversaire de notre présence dans l’église de Rolleboise.

MBCF,

Voilà un an que nous sommes dans cette belle église de Rolleboise.
Nous en remercions très vivement la Sainte Providence.
Nous en remercions très sincèrement le pape Benoît XVI. C’est bien grâce à son Motu Proprio Summorum Pontificum que nous pouvons célébrer ici en toute tranquillité, enfin, la sainte messe de « toujours », comme l’aimait l’appeler Mgr Lefebvre.
Nous en remercions aussi Mgr Eric Aumonier ainsi que M l’abbé Long. Sans leur aimable compréhension, nous ne pourrions offrir le saint Sacrifice de la Messe sur cet autel en cette église, en ce village que nous apprenons à aimer.
Nous ne saurions oublier de remercier aussi Mgr Lefebvre et son œuvre sacerdotal, la FSSPX. C’est par sa détermination éclairée que l’Eglise a pu garder ce trésor de la messe.

Mais si, plus profondément, je me pose la question de la raison de notre présence, ici, de notre unité en cette église, je répondrais volontiers que c’est la foi qui nous unit. C’est notre Credo qui est la raison de notre présence et de notre unité, ici. Une unité s’est consolidée au fil du temps. Une amitié s’est constituée au fil du temps. Nous communions au même idéal, théologale, religieux.

Nous avons le même amour de Dieu et de son œuvre créatrice et rédemptrice.

Nous avons le même amour de la création. Nous voyons en tout le créé l’œuvre de Dieu. Nous confessons alors la Toute puissance divine. Il est le maître de toutes choses et nous aimons confesser sa Royauté, sa Majesté, notre soumission et notre humilité par nos génuflexions et adorations et cela en toute liberté.
Nous confessons également notre dépendance, notre subordination à Dieu. Il est au principe de notre être. C’est Lui qui est au principe de notre intelligence. Nous aimons soumettre notre intelligence à sa Vérité, à sa Vérité révélée. C’est dans cette vérité révélée par NSJC et enseignée par l’Eglise que tous, nous trouvons notre sagesse, notre loi. La vérité de Dieu est notre vérité. Nous n’en voulons pas d’autre. Nous désirons la connaître toujours mieux pour en vivre toujours mieux. Nous ne cherchons pas l’originalité de la pensée. Notre originalité, c’est de n’en avoir pas. C’est d’aimer pour en vivre la vérité de Dieu, la vérité de l’Eglise. C’est là certainement une des caractéristiques de notre union des cœurs ; Nous sommes unis parce que nous communions à la même vérité, vérité qui nous permet de confesser que nous ne dépendons que de Dieu et de sa Loi.

C’est ce qui nous distingue certainement du monde moderne. L’homme aujourd’hui ne veut dépendre que de lui-même. Il ne veut dépendre que de sa propre pensée, que de ses propres idées sans se soucier d’aucune vérité absolue qui s’impose à lui. D’où la cacophonie actuelle.
C’est la libre pensée qui est le formel du monde moderne. Elle n’est mesurée par rien sinon par elle-même. Mais le drame veut alors qu’il soit soumis à n’importe qui, à n’importe quoi.. C’est la logique même de tout libéralisme. L’intelligence humaine devient législatrice en matière spéculative, en matière morale. Et elle façonne son objet comme bon lui plait. Elle façonne son idéal selon son « moi », son désir, son plaisir. Dès lors l’intelligence revendique l’autonomie parfaite et la parfaite immanence, l’indépendance absolue, l’ « aséité » de l’intelligence incréée.
L’intelligence, dans une telle perspective, se fait Dieu. C’est la tentation démoniaque. « Vous serez comme de Dieux connaissant le bien et le mal ». C’est le péché originel. Cette revendication de l’intelligence reste le principe secret de la dissolution du monde moderne et du mal dont l’Occident apostat veut mourir. Oui c’est dans ce principe que se trouve la raison de l’avortement moderne, de la destruction de la famille, de l’eugénisme. Eugénisme que Benoît XVI vient de condamner en termes les plus formels.

Je disais plus haut que c’est Dieu qui est au principe de notre être, nous le confessons, et de notre intelligence. Mais aussi de notre liberté.

Et c’est l’amour de la liberté, non point le libertinage, bien sur, qui est aussi la raison de notre union des cœurs et de notre présence ici.

Mais attention ayons bonne intelligence de la liberté. Je serai libre, dit-on couramment, aujourd’hui, si je ne dépends de personne, si je peux faire tout ce que je veux. Si je soutiens une telle affirmation, je fais du « moi », de mon « ego » quelque chose d’absolu qui veut être tout et prend tout pour soi. Le moi absolu qui ne dépend de rien, ni de personne, semble posséder réellement, en définitive la liberté. Mais cette façon de penser, ce moi absolu est finalement la propre dégradation de l’homme. Elle n’est pas une conquête de la liberté. Le « libertinisme » (Benoît XVI) ce n’est pas la liberté mais bien l’échec de la liberté.
Non ! La liberté ne se réalise qu’à travers le service. Nous devenons libres si nous devenons serviteurs les uns des autres, i.e. relatif aux autres et tout d’abord à Dieu.
Oui ! L’homme n’est pas un « absolu » comme si le « moi » pouvait s’isoler et se comporter selon sa propre volonté. Cela est contre la vérité de notre être. Notre vérité est que nous sommes avant tout des créatures, des créatures de Dieu et que nous vivons dans la relation avec le Créateur. Nous sommes des êtres relationnels. Ce n’est qu’en acceptant notre nature relationnelle que nous entrons dans la vérité, sinon nous tombons dans le mensonge et en lui, à la fin, nous nous détruisons. Et entrant dans la vérité sur soi, avec une juste notion de notre être, donc dans la conception relationnelle de soi avec Dieu et avec les autres, nous entrons dans la liberté. « Veritas liberavit vos ». La vérité vous rendra libres. Oui, nous devenons libres, nous dit tout récemment Benoît XVI si nous devenons serviteurs les uns des autres. Rien n’est plus libre qu’une mère de famille…qu’une épouse….elle est au service de son mari et de ses enfants.

Et nous sentons bien cette liberté des enfants de Dieu plus particulièrement sur le parvis de l’église parce que nous apprenons au cours du Saint Sacrifice de la Messe, la notion de service. Parce que le Saint sacrifice de la Messe est l’expression du plus grand des services, le service du Christ pour le salut des âmes.
Et précisément, avant même de s’offrir sur la Croix, il se fit le serviteur de ses disciples…

Le saint Sacrifice de la Messe !

J’en viens ainsi à la plus belle raison de notre communion, de notre union, de notre présence dans cette église.
Le saint Sacrifice de la Messe et non point une assemblée eucharistique, non point un simple mémorial et non point une simple communion, et non point un simple repas, non point une table, et non point un simple souvenir, mais le saint Sacrifice de la Messe. Mais bien le Sacrifice de NSJC renouvelé, rendu présent sacramentellement sur nos autels, sacrifice offert par le ministère du prêtre, sacrifice auquel vous vous unissez mystiquement comme victime sainte et aimante.
Le saint Sacrifice de la messe qui est l’acte de charité du Christ le plus sublime, le plus parfait, le plus total. Acte de charité renouvelé sur les autels de l’Eglise. Acte de charité que j’adore, que je contemple pour en vivre. Sacrifice du Christ qui est la raison de mon sacrifice personnel, qui est la raison de mes efforts, de ma patience dans les croix quotidiennes.
Saint Sacrifice de la Messe, acte le plus sublime du Christ Seigneur. Voyant qu’il n’avait rien dans l’univers qui fut capable d’expier le péché des hommes, de payer la justice divine…le Christ vient et s’offre lui-même en sacrifice à son Père pour payer sa justice et pour nous retirer de l’esclavage du démon et des flammes de l’enfer et nous mériter une éternité de bonheur. Et son regard s’arrêta sur la Croix, le plus vil des instruments de supplice. Cette croix, il l’aima dès son enfance. Il la chercha pendant toute sa vie, avec empressement. « J’ai désiré d’un vif désir manger cette Pâque avec vous », prélude à sa Passion. Il la regarde comme le comble de sa Gloire et repoussa tous ceux qui l’en voulaient écarter. Comme Pierre, le traitant même de satan. « Arrière Satan…Tu m’es un scandale. Tu n’as pas l’intelligence des choses divines ». Alors qu’Il venait de lui confier l’Eglise. « Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise ».
La Croix est comme incorporé au Christ, dit Grignon de Montfort. Elle en est inséparable. Il reviendra à la fin des temps avec la Croix. Il veut que tous ses sujets l’adorent avec Lui. Mais aussi il veut qu’elle soit le signe de tous ses élus. Il ne reçoit aucun disciple qui ne la porte sur son front et dans son cœur. Il s’écrit « si quelqu’un veut venir après moi qu’il se renonce soi-même et porte sa croix et qu’il me suive ». C’est que par ce signe, il sait qu’Il a vaincu Satan et la mort et qu’il a donné la vie, la vie divine. C’est ainsi qu’il a renfermé tous ses trésors de grâces, de vie, de joie dans la Croix et dans le Sacrifice.

Et c’est, j’en suis sur, la raison de votre présence ici au pied de l’autel. Vous abreuvez aux trésors du Christ sacrifié. Oui ! Venir puiser tous les trésors divins sortant du cœur transpercé de NSJC par la lance du soldat : telle est la raison de notre présence ici. Telle est la raison du beau culte que nous souhaitons offrir à NSJC pour lui montrer notre reconnaissance et notre amour.
Et quels sont donc les trésors que nous puisons au pied de la Croix ?
Sa croix nous rend semblable à Jésus-Christ
Elle nous rend les dignes membres de Jésus-Christ. Jésus-Christ ne reçoit pour siens que ceux qui portent leur croix
Elle nous éclaire sur la vie.
Elle est la nourriture et le témoignage de la Charité.
Elle allume en nous le feu de l’amour divin en nous détachant des créatures
Elle entretient et augmente cet amour divin en nos cœurs.

Nous sommes enfin ici unis de cœur et d’esprit parce que nous voulons adorer le Seigneur notre Dieu et le servir, Lui seul
Nous sommes ici finalement unis de cœur et d’esprit et dans le joie fraternelle parce que nous voulons vivre de la parole non frelatée de l’Eglise
Nous sommes ici finalement unis de cœur et d’esprit parce que nous ne voulons pas « tenter le Seigneur Notre Dieu » i.e. parce que nous voulons vivre dans l’humilité de notre être et tout recevoir de la main de notre Dieu et Maître et comme Notre Dame, chanter tout à loisir notre « magnificat » tout à l’honneur de Dieu, de son Eglise et pour le bien de nos âmes. Amen.