Prédication
pour le Ier dimanche de Carême.
Prédication à l’occasion du premier anniversaire
de notre présence dans l’église de Rolleboise.
MBCF,
Voilà un an que nous sommes dans cette
belle église de Rolleboise.
Nous en remercions très vivement la Sainte Providence.
Nous en remercions très sincèrement le pape
Benoît XVI. C’est bien grâce à son
Motu Proprio Summorum Pontificum que nous pouvons célébrer
ici en toute tranquillité, enfin, la sainte messe de
« toujours », comme l’aimait l’appeler
Mgr Lefebvre.
Nous en remercions aussi Mgr Eric Aumonier ainsi que M l’abbé
Long. Sans leur aimable compréhension, nous ne pourrions
offrir le saint Sacrifice de la Messe sur cet autel en cette
église, en ce village que nous apprenons à aimer.
Nous ne saurions oublier de remercier aussi Mgr Lefebvre et
son œuvre sacerdotal, la FSSPX. C’est par sa détermination
éclairée que l’Eglise a pu garder ce trésor
de la messe.
Mais si, plus profondément, je me pose
la question de la raison de notre présence, ici, de
notre unité en cette église, je répondrais
volontiers que c’est la foi qui nous unit. C’est
notre Credo qui est la raison de notre présence et
de notre unité, ici. Une unité s’est consolidée
au fil du temps. Une amitié s’est constituée
au fil du temps. Nous communions au même idéal,
théologale, religieux.
Nous avons le même amour de Dieu et
de son œuvre créatrice et rédemptrice.
Nous avons le même amour de la création.
Nous voyons en tout le créé l’œuvre
de Dieu. Nous confessons alors la Toute puissance divine.
Il est le maître de toutes choses et nous aimons confesser
sa Royauté, sa Majesté, notre soumission et
notre humilité par nos génuflexions et adorations
et cela en toute liberté.
Nous confessons également notre dépendance,
notre subordination à Dieu. Il est au principe de notre
être. C’est Lui qui est au principe de notre intelligence.
Nous aimons soumettre notre intelligence à sa Vérité,
à sa Vérité révélée.
C’est dans cette vérité révélée
par NSJC et enseignée par l’Eglise que tous,
nous trouvons notre sagesse, notre loi. La vérité
de Dieu est notre vérité. Nous n’en voulons
pas d’autre. Nous désirons la connaître
toujours mieux pour en vivre toujours mieux. Nous ne cherchons
pas l’originalité de la pensée. Notre
originalité, c’est de n’en avoir pas. C’est
d’aimer pour en vivre la vérité de Dieu,
la vérité de l’Eglise. C’est là
certainement une des caractéristiques de notre union
des cœurs ; Nous sommes unis parce que nous communions
à la même vérité, vérité
qui nous permet de confesser que nous ne dépendons
que de Dieu et de sa Loi.
C’est ce qui nous distingue certainement
du monde moderne. L’homme aujourd’hui ne veut
dépendre que de lui-même. Il ne veut dépendre
que de sa propre pensée, que de ses propres idées
sans se soucier d’aucune vérité absolue
qui s’impose à lui. D’où la cacophonie
actuelle.
C’est la libre pensée qui est le formel du monde
moderne. Elle n’est mesurée par rien sinon par
elle-même. Mais le drame veut alors qu’il soit
soumis à n’importe qui, à n’importe
quoi.. C’est la logique même de tout libéralisme.
L’intelligence humaine devient législatrice en
matière spéculative, en matière morale.
Et elle façonne son objet comme bon lui plait. Elle
façonne son idéal selon son « moi »,
son désir, son plaisir. Dès lors l’intelligence
revendique l’autonomie parfaite et la parfaite immanence,
l’indépendance absolue, l’ « aséité
» de l’intelligence incréée.
L’intelligence, dans une telle perspective, se fait
Dieu. C’est la tentation démoniaque. «
Vous serez comme de Dieux connaissant le bien et le mal ».
C’est le péché originel. Cette revendication
de l’intelligence reste le principe secret de la dissolution
du monde moderne et du mal dont l’Occident apostat veut
mourir. Oui c’est dans ce principe que se trouve la
raison de l’avortement moderne, de la destruction de
la famille, de l’eugénisme. Eugénisme
que Benoît XVI vient de condamner en termes les plus
formels.
Je disais plus haut que c’est Dieu qui
est au principe de notre être, nous le confessons, et
de notre intelligence. Mais aussi de notre liberté.
Et c’est l’amour de la liberté,
non point le libertinage, bien sur, qui est aussi la raison
de notre union des cœurs et de notre présence
ici.
Mais attention ayons bonne intelligence de
la liberté. Je serai libre, dit-on couramment, aujourd’hui,
si je ne dépends de personne, si je peux faire tout
ce que je veux. Si je soutiens une telle affirmation, je fais
du « moi », de mon « ego » quelque
chose d’absolu qui veut être tout et prend tout
pour soi. Le moi absolu qui ne dépend de rien, ni de
personne, semble posséder réellement, en définitive
la liberté. Mais cette façon de penser, ce moi
absolu est finalement la propre dégradation de l’homme.
Elle n’est pas une conquête de la liberté.
Le « libertinisme » (Benoît XVI) ce n’est
pas la liberté mais bien l’échec de la
liberté.
Non ! La liberté ne se réalise qu’à
travers le service. Nous devenons libres si nous devenons
serviteurs les uns des autres, i.e. relatif aux autres et
tout d’abord à Dieu.
Oui ! L’homme n’est pas un « absolu »
comme si le « moi » pouvait s’isoler et
se comporter selon sa propre volonté. Cela est contre
la vérité de notre être. Notre vérité
est que nous sommes avant tout des créatures, des créatures
de Dieu et que nous vivons dans la relation avec le Créateur.
Nous sommes des êtres relationnels. Ce n’est qu’en
acceptant notre nature relationnelle que nous entrons dans
la vérité, sinon nous tombons dans le mensonge
et en lui, à la fin, nous nous détruisons. Et
entrant dans la vérité sur soi, avec une juste
notion de notre être, donc dans la conception relationnelle
de soi avec Dieu et avec les autres, nous entrons dans la
liberté. « Veritas liberavit vos ». La
vérité vous rendra libres. Oui, nous devenons
libres, nous dit tout récemment Benoît XVI si
nous devenons serviteurs les uns des autres. Rien n’est
plus libre qu’une mère de famille…qu’une
épouse….elle est au service de son mari et de
ses enfants.
Et nous sentons bien cette liberté
des enfants de Dieu plus particulièrement sur le parvis
de l’église parce que nous apprenons au cours
du Saint Sacrifice de la Messe, la notion de service. Parce
que le Saint sacrifice de la Messe est l’expression
du plus grand des services, le service du Christ pour le salut
des âmes.
Et précisément, avant même de s’offrir
sur la Croix, il se fit le serviteur de ses disciples…
Le saint Sacrifice de la Messe !
J’en viens ainsi à la plus belle
raison de notre communion, de notre union, de notre présence
dans cette église.
Le saint Sacrifice de la Messe et non point une assemblée
eucharistique, non point un simple mémorial et non
point une simple communion, et non point un simple repas,
non point une table, et non point un simple souvenir, mais
le saint Sacrifice de la Messe. Mais bien le Sacrifice de
NSJC renouvelé, rendu présent sacramentellement
sur nos autels, sacrifice offert par le ministère du
prêtre, sacrifice auquel vous vous unissez mystiquement
comme victime sainte et aimante.
Le saint Sacrifice de la messe qui est l’acte de charité
du Christ le plus sublime, le plus parfait, le plus total.
Acte de charité renouvelé sur les autels de
l’Eglise. Acte de charité que j’adore,
que je contemple pour en vivre. Sacrifice du Christ qui est
la raison de mon sacrifice personnel, qui est la raison de
mes efforts, de ma patience dans les croix quotidiennes.
Saint Sacrifice de la Messe, acte le plus sublime du Christ
Seigneur. Voyant qu’il n’avait rien dans l’univers
qui fut capable d’expier le péché des
hommes, de payer la justice divine…le Christ vient et
s’offre lui-même en sacrifice à son Père
pour payer sa justice et pour nous retirer de l’esclavage
du démon et des flammes de l’enfer et nous mériter
une éternité de bonheur. Et son regard s’arrêta
sur la Croix, le plus vil des instruments de supplice. Cette
croix, il l’aima dès son enfance. Il la chercha
pendant toute sa vie, avec empressement. « J’ai
désiré d’un vif désir manger cette
Pâque avec vous », prélude à sa
Passion. Il la regarde comme le comble de sa Gloire et repoussa
tous ceux qui l’en voulaient écarter. Comme Pierre,
le traitant même de satan. « Arrière Satan…Tu
m’es un scandale. Tu n’as pas l’intelligence
des choses divines ». Alors qu’Il venait de lui
confier l’Eglise. « Tu es Pierre et sur cette
Pierre je bâtirai mon Eglise ».
La Croix est comme incorporé au Christ, dit Grignon
de Montfort. Elle en est inséparable. Il reviendra
à la fin des temps avec la Croix. Il veut que tous
ses sujets l’adorent avec Lui. Mais aussi il veut qu’elle
soit le signe de tous ses élus. Il ne reçoit
aucun disciple qui ne la porte sur son front et dans son cœur.
Il s’écrit « si quelqu’un veut venir
après moi qu’il se renonce soi-même et
porte sa croix et qu’il me suive ». C’est
que par ce signe, il sait qu’Il a vaincu Satan et la
mort et qu’il a donné la vie, la vie divine.
C’est ainsi qu’il a renfermé tous ses trésors
de grâces, de vie, de joie dans la Croix et dans le
Sacrifice.
Et c’est, j’en suis sur, la raison
de votre présence ici au pied de l’autel. Vous
abreuvez aux trésors du Christ sacrifié. Oui
! Venir puiser tous les trésors divins sortant du cœur
transpercé de NSJC par la lance du soldat : telle est
la raison de notre présence ici. Telle est la raison
du beau culte que nous souhaitons offrir à NSJC pour
lui montrer notre reconnaissance et notre amour.
Et quels sont donc les trésors que nous puisons au
pied de la Croix ?
Sa croix nous rend semblable à Jésus-Christ
Elle nous rend les dignes membres de Jésus-Christ.
Jésus-Christ ne reçoit pour siens que ceux qui
portent leur croix
Elle nous éclaire sur la vie.
Elle est la nourriture et le témoignage de la Charité.
Elle allume en nous le feu de l’amour divin en nous
détachant des créatures
Elle entretient et augmente cet amour divin en nos cœurs.
Nous sommes enfin ici unis de cœur et
d’esprit parce que nous voulons adorer le Seigneur notre
Dieu et le servir, Lui seul
Nous sommes ici finalement unis de cœur et d’esprit
et dans le joie fraternelle parce que nous voulons vivre de
la parole non frelatée de l’Eglise
Nous sommes ici finalement unis de cœur et d’esprit
parce que nous ne voulons pas « tenter le Seigneur Notre
Dieu » i.e. parce que nous voulons vivre dans l’humilité
de notre être et tout recevoir de la main de notre Dieu
et Maître et comme Notre Dame, chanter tout à
loisir notre « magnificat » tout à l’honneur
de Dieu, de son Eglise et pour le bien de nos âmes.
Amen.