Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 7 au 14 mars 2009


 

Etre disciple du Christ.

« Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ».
« Quinimo beati qui audiunt verbum Dei et custodiunt illud ».

C’est, MBCF, la plus belle définition du disciple du Christ, Jésus. Le disciple c’est celui qui écoute et qui garde la parole de Dieu, son enseignement.
Pour exprimer cette définition du disciple, l’Evangile utilise deux verbes latins d’une grande richesse : « audire » et « custodire ».

« Audire » veut dire : entendre, entendre dire, mais aussi écouter, être attentif, être disciple de, être docile à, obéir. C’est l’attitude même disciple.
Nous avons aussi le verbe « custodire » qui veut dire garder, protéger, conserver, préserver, surveiller, mais aussi prendre garde à, se conformer à, être fidèle à. Nous retrouvons le sens du audire : être docile.

Ce sont là, vous dis-je, deux beaux verbes qui définissent parfaitement le vrai disciple du Christ.
Le disciple en effet est celui qui entend la parole de Dieu, du Maître et qui la garde. C’est celui qui écoute, qui est attentif à l’enseignement du Maître. C’est celui qui est docile à la parole du Maître. Cette docilité est telle qu’elle est même une obéissance.

Ce fut l’attitude de Notre Dame.

Notre Seigneur nous présente sa Mère qui vit d’une telle docilité à la parole de Dieu. Vous vous souvenez de la scène évangélique. Nous sommes après la guérison d’un possédé du démon, aveugle et muet. Tout le peuple est dans l’admiration, étonné, à tel point qu’il pense être devant le « Fils de David », le Messie : « N’est-ce pas le Fils de David ». Mais les pharisiens, hostiles et ennemis de Jésus, entendant cela, disent : Non « Il chasse les démons que par Beelzébub, le prince des démons »… Notre Seigneur entame un dialogue avec les Pharisiens : Mt 12 23 et ss.

Et c’est alors que poursuivant son discours, il est interrompu par un « quidam », un homme, quelqu’un.
« Comme il parlait encore au peuple, sa mère et ses frères (ses cousins) étaient dehors cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : « Voici votre mère et vos frères sont dehors et ils cherchent à vous parler »
Jésus répondit à l’homme qui lui disait cela : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? Et étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les Cieux, celui-là est mon frère et ma sœur et ma mère ». En latin, nous avons « ??icumque enim fecerit voluntatem Patris mei qui in coelis est, ispe meus frater et soror et mater est ».

Et saint Marc reprendra, dans son récit le même verbe et la même expression : « Qui enim fecerit voluntatem Dei, hic est frater meus et soror mea et mater est ».
Mais saint Luc, en la même circonstance, utilise un autre verbe, il utilise le verbe « audire » pour définir ses disciples, « et sa mère et ses frères » : « Mater mea et fratres mei hi sunt qui verbum Dei audiunt et faciunt ». On retrouve ici notre verbe latin « audire ».
Ainsi Notre Dame est-elle le modèle des disciples de Dieu. Elle se définit par cette belle écoute, cette belle audition de la parole de Dieu. Elle l’a merveilleusement entendu cette parole, la parole de l’Ange, le jour de l’Annonciation. Elle l’a parfaitement écoutée. Elle y a été attentive. Elle y a été docile. Elle lui a obéi parfaitement et promptement. Ainsi elle prononça la parole du parfait disciple : « Voici la servante du Seigneur qu’il me soit fait selon votre parole » Et l’Ange la quitta.

Et dans cet esprit, il me plait de rappeler le récit de l’annonce de la Sainte Eucharistie, par NSJC et de voir l’attitude du vrai disciple.
NSJC se présente comme le pain de vie : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ». Les juifs disputaient entre eux. Ils disaient : « N’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère. Comment donc dit-il : je suis descendu du ciel…. » Jésus leur répondit : « …Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et ils son morts. Voici le pain descendu du ciel afin que celui qui mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement et le pain que je donnerai, c’est ma chair, livrée pour le salut du monde ».
Les Juifs entendent. Ils écoutent. Mais continuent de disputer : « Mais comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus, imperturbable, confirme, insiste. « Je vous le dis si vous ne mangez la chair du Fils de l’Homme et ne buvez son sang vous n’avait point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui…Celui qui me mange vivra aussi par moi…Celui qui mange de ce pain vivra éternellement ».

NSJC disait ces choses merveilleuses en pleine synagogue de Capharnaüm, nous dit saint Jean.

Alors plusieurs de ses disciples, l’ayant entendu, dirent : « Cette parole est dure et qui peut l’écouter. » Nous avons, dans le texte latin, encore le verbe audire : « Quis potest eum audire ». Et de ce moment là, plusieurs de ses disciples se retirèrent et ils n’allaient plus avec lui. Ils manquèrent de docilité à la parole du Maître. Jésus alors dit aux 12 : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? Simon Pierre lui répondit : « Seigneur à qui irions nous. Vous avez les paroles de la vie éternelle. Nous avons cru et nous avons connu que vous êtes le Saint de Dieu ».
C’est là la merveilleuse réponse des disciples, de saint Pierre, au nom des 12. Le disciple est celui qui entend, qui écoute, qui est attentif à l’enseignement du Maître, qui est docile au Maître, qui obéit à sa parole. « Nous avons cru, nous avons connu que vous êtes le Saint de Dieu…Aussi nous savons que vous avez les paroles de la vie éternelle. Aussi croyons nous à tout votre enseignement qui est esprit et vie ».
Ainsi le disciple, c’est celui qui écoute, qui garde la parole pour en vivre. Mais C’est aussi celui qui la fait.
Nous l’avons vu tout à l’heure. NSJC définit son disciple, il décrit sa mère, sa parfaite docilité, en disant : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la font » « Hi sunt qui verbum Dei audiunt et faciunt ». Ou encore : « Quiconque fait la volonté de mon Père - facere voluntatem – qui est in coelis - celui est mon frère et ma sœur et ma mère ».
Il y a donc trois verbes pour définir le vrai disciple : audire, custodire, facere et même facere voluntatem.
Facere : faire la volonté, exécuter, effectuer, accomplir. Puur faire le vrai disciple, il faut la réunion de ces trois verbes.
Pour le prouver, je pense à l’enseignement de saint Jean, dans sa 1ère épître : « A cette marque, nous connaissons que nous avons connu Dieu, si nous gardons ses commandements…Celui qui, dit : je l’ai connu et ne garde pas ses commandements est un menteur ». En latin, nous retrouvons notre verbe « custodire » : « Qui dicit se nosse eum et mandata eius non custodit, mandax est ».

Saint Jean poursuit : « Mais celui qui garde sa parole - ici nous avons le verbe « servire » c’est en lui véritablement que l’amour de Dieu est parfait »… « Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de Lui parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui est agréable devant Lui ». Nous retrouvons nos deux verbes latins : « custodire » et « facere ». « Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu et Dieu en lui et nous connaissons qu’Il demeure en nous par l’Esprit qui nous est donné ». En latin : « Qui servat mandata eius in illo manet ». « Servire se traduit par obéir, se conformer à…C’est dire que le disciple fait la volonté de Dieu. Il la connaît. Il la garde. Or faire la volonté de Dieu, c’est aimer Dieu et aimer son prochain. C’est là son commandement. Aussi pour garder ce commandement, faut-il aimer son prochain, ne le point haïr…

« Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur ; et comment celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons reçu de Lui ce commandement : « Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère ». En latin, nous avons « et hoc mandatum habemus a Deo ». C’est bien le sens d’entendre, d’ « audire » : nous avons entendu de Dieu ce commandement. Il faut donc y être fidèle non en parole seulement mais en acte. « Audire, custodire, facere, servire » : voila quatre verbes qui qualifient le vrai disciple de NNSJC. Et vous remarquerez que ces quatre verbes sont tous des verbes actifs ? Le vrai disciple est actif et en rien passif. Il épouse la volonté du Maître pour en vivre. Il fait la volonté de Dieu.

Et le meilleure des exemples, c’est NSJC en sa Passion. Il épousa la volonté de son Père. Idem velle. Il la fit sienne. Il triompha de la mort et de l’auteur de la mort par cette obéissance. Comme le dit saint Thomas : « C’est ainsi que l'homme Christ a obtenu la victoire en obéissant à Dieu: "L'homme obéissant remportera la victoire " » III 47 2.

Et le Père Pègues fait ce beau commentaire, je termine par là : Cette dernière raison, jointe aux deux autres, éclaire d’un jour magnifique toute l’histoire du genre humain. On peut dire du genre humain, dans la suite de son histoire, que tout s’y ramène à une question de vie et de mort, rattachée elle-même à une question d’obéissance et de désobéissance. Dieu avait créé l’homme, pouvant cependant être mortel de sa nature, dans un état de vie qui ne connaissait point la mort ; mais à une condition : qu’il observerait un précepte, d’ailleurs très facile que Dieu lui donnait pour marquer sa dépendance à l’endroit du Créateur. Il était du reste, expressément averti que s’il désobéissait, il mourrait de mort. L’homme eut le malheur de ne point tenir compte de cette défense et de cette menace. Emporté par un mouvement d’orgueil, à la suggestion du Tentateur perfide, il désobéit à Dieu. Aussitôt le privilège de vie immortelle, accordée par Dieu à la nature humaine dans la personne du premier homme lui fut enlevé. Pour toujours désormais, la mort devait régner dans le genre humain déchu. Mais Dieu, dans sa miséricorde, allait tout restaurer en vue d’un triomphe éblouissant sur la mort et sur le démon, qui en était le premier auteur. Il allait créer l’Homme Nouveau, par lequel Il remporterait sa victoire. Le démon avait vaincu en amenant l’homme premier à désobéir. Dieu allait vaincre en se donnant, dans l’Homme Nouveau, un obéissant parfait. Et, de même que la désobéissance du premier avait causé la mort en violant le précepte auquel était attaché l’immortelle vie ; de même l’Homme Nouveau restaurerait la vie en observant fidèlement et par obéissance au Chef, Dieu lui-même, Souverain maître de la mort et de la vie, le précepte qui lui commandait d’aller à la mort. Toute l’économie des conseils de Dieu, dans l’histoire du genre humain, tient dans ce double contraste : d’une vie immortelle perdue par une désobéissance qui méprisait le précepte de la vie ; et de cette même vie immortelle reconquise par une obéissance qui embrasserait amoureusement le précepte de la mort ».

Oui ! Le disciple est celui qui fait la volonté de Dieu et par là, vit dans l’ordre et connaît la paix. La paix de Dieu.