Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 19 au 26 mars 2009


 

le dimanche de « Quasi Modo »


MBCF,

Dans le Missel romain de Saint Pie V, ce dimanche après la Résurrection de NSJC et de la Semaine Pascale est appelé le dimanche de « Quasi modo » en raison des premiers mots de l’Introït de cette messe. Il est aussi appelé dimanche « in albis » car, jadis, les néophytes déposaient leurs vêtements blancs, en ce dimanche. Il nous fait contempler l’apparition de NSJC à Saint Thomas, celui qui doutait et ne voulait croire qu’après avoir mis ses mains dans les plaies du Seigneur et son doigt dans son côté transpercé par la lance du soldat romain.

Le Pape Jean-Paul II, lui, a consacré ce dimanche après la Résurrection, à la Miséricorde, en l’honneur de sœur Faustine, l’apôtre en Pologne, au début du siècle, de la miséricorde du Seigneur, comme le fut sainte Marguerite Marie Alaquoque, en France, au 16è siècle.

Nous partirons du récit de l’Evangile de cette messe du rite de saint Pie V, nous méditerons sur l’apparition de NSJC à Saint Thomas. « Huit jours après, les disciples étaient enfermés de nouveau et Thomas avec eux. Jésus vint les portes étant fermées ; et il se tint au milieu d’eux et dit : « La paix soit avec vous ». Ensuite il dit à Thomas : introduits ton doigt ici et vois mes mains ; approche aussi ta main et mets là dans mon côté ; et ne sois plus incrédule, mais croyant »…Merveilleux récit qui va nous permettre, mieux que tout autre récit, de méditer sur la miséricorde du Seigneur. Le Pape Jean-Paul II nous y encourageant fortement. Quoi qu’il en soit, tout est en tout….

En effet cette miséricorde du Seigneur, où pouvons nous la mieux saisir, la mieux contempler que dans les plaies de NSJC, les plaies de sa Passion, les plaies de ses mains, de ses pieds, de son côté. Ce sont ses plaies qu’Il montre à ses disciples, certes, comme preuve de la réalité physique de sa Résurrection, mais aussi comme preuve de son amour, de sa miséricorde. En effet ces plaies divines sont les plaies du sacrifice qu’Il vient d’accomplir au Golgotha, sur le lieu du Crâne. Ces plaies sont le sacrifice de NSJC. Ils le crucifièrent, Lui, le Juste, le Saint. Jésus présente les plaies de ses mains , son côté transpercé à Thomas, aux disciples pour qu’ils les contemplent. Mais ce sacrifice, c’est son amour manifesté. Ainsi présentant ses plaies à ses disciples, il leur présente tout autant son amour pour qu’ils le contemplent, le voient, l’admirent, en soient même confondus. Avoir été tant aimés ! Ce n’est pas possible ! Ses plaies le crient.

Comme vient de le dire Benoît XVI, dans la conclusion de la méditation du Chemin de Croix de cette année, au Colisée, « la douloureuse Passion – qui ne peut pas ne pas toucher notre cœur – mais ce sont ses plaies, son cœur transpercé, - constitue le sommet de la révélation de l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous ». Saint Jean le dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique ». Et ce Fils unique, l’objet des complaisances du Père s’est fait l’un d’entre nous, il s’est fait « Fils de l’homme ». Il s’est laissé tué, sacrifié. Il s’est laissé mettre à mort, s’est laissé suspendre à une croix, s’est laissé transpercer les mains, et les pieds… « Il veut changer le monde sans tuer les autres ». Oh que cette phrase est lourde de sous entendus…Le monde a-t-il seulement entendu cette phrase… ? Et cet Homme-Dieu, alors qu’Il est assassiné, pardonne à ses bourreaux. Attitude de miséricorde ! Alors qu’Il est rien moins que le Fils de Dieu, Il n’a pas jugé bon, nous dit saint Paul, de revendiquer son droit d’être jugé à l’égal de Dieu, mais au contraire, Il se dépouille lui-même en prenant la condition de serviteur….Il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort…jusqu’à mourir sur une croix » (Ph 2 6-8)
Il montrait ainsi sa miséricorde
Il révélait ainsi son amour pour nous, pour notre salut éternel ; « Ayant ainsi aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu’au bout », « usque ad finem ». Saint Jean est formel : « Afin que tous ceux qui croient en Lui, ne périssent pas mais aient la vie éternelle ».

Oui c’est par amour pour nous que le Christ meurt sur la croix. Comme le dit saint Augustin, cité ici par le Pape : « l’homme serait toujours dans un état de misère, s’Il ne lui avait pas fait miséricorde ». Il poursuit : « Tu n’aurais retrouvé la vie, s’Il n’avait partagé ta mort. Tu manquerais, s’Il n’était venu à ton aide. Tu serais perdu, s’Il n’était arrivé ».

Arrêtons nous, nous aussi, comme saint Thomas et les disciples, à contempler son visage, ses mains, son côté au fil des événements de sa vie. Les principaux.

Ce visage défiguré, c’est le visage de l’Homme des douleurs qui s’est chargé de toutes mes angoisses mortelles par amour et miséricorde. En versant son sang de ses plaies douloureuses, de son côté transpercé, Il nous rachète de l’esclavage de la mort,dit le Pape. Il a brisé la solitude de nos larmes, Il est entré dans toutes nos peines et dans tous nos soucis.

Ces plaies sont sans doute les plaies de l’Homme des douleurs, du sacrifice rédempteur, de la miséricorde, mais tout autant les plaies glorieuses du Christ ressuscité. Ces plaies nous rappellent à la fois le Golgotha et aux jours qui suivent, la résurrection de NSJC, gage, nous le savons, de notre propre résurrection, source de notre joie. Mais donner la joie, n’est pas la plus belle manifestation de la charité.

Oui, MBCF, les mains du Seigneur sont les preuves de sa miséricorde, de sa bonté.

Ces mains, comme le dit encore le Pape dans son homélie du Jeudi Saint, commémorant l’Institution de la Sainte Eucharistie, ce sont « les mains avec lesquelles il a guéri les hommes »…Je me remémore, avec vous, tous les miracles…preuves de sa bonté, de sa pitié…de son attention aux souffrances variées de ceux qui le suivaient. Mais s’Il était attentif aux douleurs, Il l’était plus encore à la foi de celui qui le suppliait. Et c’était la foi surtout qu’Il récompensait par la guérison donnée par ses mains…Qu’on se le dise !

Regardons ses mains avec lesquelles Il a béni les enfants, les mains qu’Il a imposé aux malades….C’est par l’imposition des mains qu’Il communique la grâce…D’où ce rite maintenu par l’Eglise et gardé dans beaucoup de sacrements : le baptême, la confirmation, l’ordre….Tous.
Ce sont ces mains qui ont été cloués à la Croix et qui pour toujours porteront les stigmates comme signe de son amour prêt à mourir…

Ces mains sont vraiment l’expression de sa miséricorde. Que d’artistes y ont porté attention.

Mais un jour, Il prit le pain dans ses mainte saintes et vénérables : « Qui pridie quam pateretur, aceptit panem in sanctas ac venrabiles manus suas…benedixit, fregit, deditque dsicipulis suis, dicens. Hoc est enim corpus meum » Ces mains saintes et vénérables ont donné à l’Eglise, le Jeudi Saint, la saint Eucharistie. Et la Sainte Eucharistie prend place dans cette Semaine Sainte qui est placé sous le signe de la Charité. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde il les aima jusqu’au bout ». L’Eucharistie confectionnée de ses mains est aussi la preuve, comme la Passion, de la miséricorde de Dieu au milieu de nous.
Et le Pape lance alors un appel solennel aux prêtres, leur rappelant leur noble mission qui vaut la peine de se lever et de dire « ad sum » : « Maintenant nous sommes chargés de faire ce qu’Il a fait : prendre entre les mains le pain pour que, par la prière eucharistique, il soit transformé, « transsubstantiée ». –Il utile le mot –Dans l’ordination sacerdotale, nos mains ont reçu l’onction afin qu’elles deviennent des mains de bénédictions. Prions le Seigneur pour que nos mains servent toujours plus à porter le salut, à porter la bénédiction, à rendre présente sa bonté ».

M’est avis, MBCF, que Thomas, confondu de la présence de NSJC ressuscité, est agenouillé. Il lève les yeux vers son Maître pour voir les plaies, le cœur transpercé, pour voir, finalement, sa miséricorde. Toutes choses essentielles ! C’est aussi, de fait, les yeux levés au Ciel vers son Père que le Christ Jésus a institué de ses mains la sainte Eucharistie. Attitude qui inspire ces nouvelles paroles au Pape. Nous les faisons nôtres. Je vous les transmets. Ainsi ces paroles seront-elles vraiment dites « urbi et orbi » - « l’orbs », pour l’heure, étant le petit Rolleboise : « Demandons au Seigneur de garder nos yeux, afin qu'ils n'accueillent pas et ne laissent pas entrer en nous les "vanitates" - les vanités, les futilités, ce qui est seulement apparence. Nous prions pour qu'à travers nos yeux n'entre pas en nous le mal, falsifiant et salissant ainsi notre être. Mais nous voulons surtout prier pour avoir des yeux qui voient tout ce qui est vrai, lumineux et bon; afin que nous devenions capables de voir la présence de Dieu dans le monde ». Partout, en tout et en tous, dans la nature, la Création, son œuvre et en tous. Et que nous ne cessions de contempler ses plaies, sa Passion, sa miséricorde. Comme le dit saint Bernard : la mémoire de la Passion est l’aiguillon en nous de l’amour de Dieu et pour Dieu, formant en mon âme la plus sûr espérance.

Je contemple ses mains transpercées…Mais ce sont les mêmes mains qui, le Jeudi Saint, après avoir institué la Sainte Eucharistie, « la distribua à ses disciples ». L’Ecriture Sainte dit même qu’Il rompit le pain et le donna à ses disciples »
« Rompre le pain est le geste du père de famille, de la mère qui se préoccupent des leurs et leur donne ce dont ils ont besoin pour la vie ». Geste par excellence d’amour.

« Mais c'est aussi le geste de l'hospitalité par lequel l'étranger, l'hôte est accueilli dans la famille et il lui est consenti de prendre part à sa vie. » C’est le geste du partage.

« Partager - partager avec, c'est unir. Par le fait de partager, une communion se crée. Dans le pain rompu, « eucharistié », le Seigneur se distribue lui-même de ses mains. C’est un geste d’amour. .Mais « le geste de rompre, de ses mains, fait aussi mystérieusement allusion à sa mort, à son amour jusqu'à la mort. Il se distribue lui-même, Lui, le vrai "pain pour la vie du monde" (cf. Jn 6, 51).Geste d’amour ! « La nourriture dont l'homme a besoin au plus profond de lui-même est la communion avec Dieu lui-même ».

Nous avons dit, poursuit le Pape que le fait de rompre le pain est un geste de communion ; d’union par le fait de partager. Ainsi, dans le geste même de ses mains adorables, est encore indiqué la nature profonde de l’Eucharistie: elle est agape, elle est amour rendu corporel.

Ainsi, si je regarde bien ces mains de Jésus et ses gestes, je peux dire, avec le Pape : « Dans le geste de Jésus qui rompt le pain, l’amour auquel nous participons a atteint sa radicalité extrême. Jésus se laisse rompre comme pain vivant. Dans le pain distribué nous reconnaissons le mystère du grain de blé qui meurt et qui ainsi porte du fruit…En même temps, nous voyons que l’Eucharistie ne peut jamais être seulement une action liturgique. Elle est complète seulement si l’agape liturgique devient amour dans le quotidien. »

Qu’il en soit ainsi ! Amen !