Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 3 au 10 mai 2009


3ème dimanche après Pâques.

 

De la liberté humaine.

MBCF,

« Libres », nous le sommes. Mais saint Pierre dans l’Epître de ce dimanche, précise : « Libres non pour faire de la liberté une sorte de voile dont se couvre la méchanceté, mais comme des serviteurs de Dieu ».

Voilà la définition chrétienne de la liberté. Elle est relative au bien, au vrai, à Dieu, à sa Loi. Vous le voyez, Saint Pierre unit liberté et service divin. Service de Dieu, c’est-à-dire respect de sa loi, respect du bien, respect de l’Evangile, la Révélation de Dieu. La liberté est donc le pouvoir de faire tout ce qui n’est pas contraire à son devoir, au bien.

Mais la philosophie des Lumières, elle, la Révolution nous la présente, cette liberté, comme le pouvoir de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, au droit d’autrui. Cette définition est fausse dans son principe et désastreuse dans ses conséquences.

On pourrait licitement faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui ». Voilà leur « liberté ». Et c’est cette liberté ainsi définie qui serait « un droit naturel et imprescriptible de l’homme, d’un droit inhérent à sa nature », qu’on ne pourrait lui ravir ni lui en empêcher la jouissance.

Dès lors, si la liberté est ce droit de pouvoir faire tout, sauf ce qui ne nuit pas à autrui, il faut en conclure que « toutes les lois divines, ecclésiastiques, civiles, qui lui interdiraient quelque chose que ce soit mais qui ne blesserait pas les droits d’autrui, seraient des lois injustes et tyranniques », à fuir, à abolir.. Une seule limite est mise à la liberté de l’homme : « tout ce qui pourrait nuire aux droits d’autrui ».

Dès lors, tout ce qui n’est pernicieux qu’à son auteur, qui n’est mal qu’à son auteur, sans porter nuisance à autrui, tout ce qui ne serait contraire qu’à l’honnêteté naturelle ou surnaturelle, tout ce qui n’outragerait que Dieu, mais « ne nuirait point aux droits d’autrui », l’homme aurait le droit de se les permettre… Jusqu’à et y compris de commettre des actions portant nuisance à son propre bien, à son bien corporel, à son bien éternel. Il est libre. Sa liberté n’a pas de limite. Elle est absolue. Elle l’affranchit de tout. Sa seule limite, c’est le droit d’autrui à ne pas léser. Il peut dire, imprimer, contre Dieu, contre Jésus-Christ, contre la religion, les blasphèmes les plus impies ; les erreurs les plus évidentes ; adorer les idoles, les animaux, même les démons, nuire à sa propre santé ; adopter et exercer tel culte qu’il voudra… sans que personne puisse s’y opposer. Rien dire la contre. Il est libre ! Il pourrait se nuire à lui-même en toute liberté, s’il le veut. Rien, aucun pouvoir, ne peut l’en empêcher. Il est libre.

C’est la pensée de nos « révolutionnaires ». Ils le disent clairement dans l’article 10 de leur « Déclaration » : « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ».

Ce droit est illimité quant à son objet. On ne peut y mettre aucune restriction parce que la loi n’en met aucune, sauf de ne pas nuire à autrui.

Dès lors, cette liberté qu’on nous présente comme un droit naturel et imprescriptible de l’homme, serait une liberté qui nous affranchirait de tout devoir envers Dieu et envers nous-mêmes, et qui ne laisserait subsister qu’une partie de nos devoirs envers les autres hommes : ne pas leur nuire.

Sans doute, la justice défend ce qui peut nuire aux autres hommes. Sans doute, il est juste de dire que « la limite morale de cette liberté est dans cette maxime : « Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait ». C’est là une des limites à l’exercice de la liberté humaine.

Mais il faut faire remarquer tout de suite que ce n’est pas l’unique limite.

La maxime qui exprime entièrement la limite absolument nécessaire à l’usage que l’homme peut faire de sa liberté, c’est « Ne fais rien de ce qui est contraire à la loi naturelle et à la loi divine » ; et plus clairement encore : « Ne fais rien d’injurieux à Dieu, de nuisible au prochain et de funeste à toi-même ».

On voit par là que la maxime révolutionnaire, qu’on a citée plus haut : « Ne fais rien qui puisse nuire à autrui », n’exprime qu’en partie la limite morale de la liberté. Il fallait qu’ils incluent aussi le respect de la loi naturelle et de la loi de Dieu.

Mais nos « révolutionnaires » ne pouvaient pas aller jusque-là, puisqu’ils prétendaient « affranchir l’homme du joug de la loi naturelle et de la loi divine » telle que leur définition de la liberté le laisse clairement entendre puisque c’est dans tout affranchissement qu’ils font consister la liberté.

Et pour se convaincre que cet affranchissement de tout ce qui est divin et créé est bien la pensée des « philosophes des Lumières », il suffit de voir leur définition de « la loi ». Ils la définissent, dans l’article 6 comme « expression de la volonté générale ».

La définition de la loi est générale. Elle doit donc convenir à toute espèce de loi, car telle est la nature de la définition.

Or, il est évident que cette définition ne convient ni à la loi naturelle, ni à la loi divine, ni à la plupart des lois humaines.

Elle ne convient point à la loi naturelle, puisque celle-ci est essentiellement l’expression de la Volonté immuable, éternelle de Dieu, de sa souveraine Sagesse inscrite dans le cœur humain. La loi ne peut être dite d’abord et essentiellement l’œuvre de l’opinion générale. Et si elle est déclarée telle, c’est pour prendre ses distances, son indépendance par rapport à l’ordre divin. Et de son Décalogue. Le formel de la Révolution c’est de s’affranchir de la sagesse de Dieu et de se conformer à la seule opinion générale fabriquée par les « média » et les « lobbies »

Cette définition de la loi, comme étant l’expression de l’opinion générale, ne convient pas non plus à la loi divine qui dépend uniquement de la Volonté souveraine de Dieu et ne dépend nullement de la volonté générale de ceux à qui la loi est donnée. Mais de cette loi divine, ils voulaient s’en affranchir de nouveau. Leurs successeurs, la Franc-Maçonnerie, veulent encore s’en affranchirent toujours plus.

Elle ne convient point non plus à la plupart des lois humaines parce qu’elles émanent de la volonté de celui ou de ceux qui ont la souveraine autorité sur la communauté, et qu’elle doit être conforme à l’ordre raisonnable sans qu’il soit nécessaire que ceux qui composent la communauté aient été consultés.

Ainsi par leur définition, nos Philosophes des Lumières rejettent la loi naturelle, la loi divine et la plupart des lois humaines parce qu’ils veulent s’affranchir de l’ordre naturel, du bien, du vrai et ne faire que ce que bon leur semble sans référence au moindre principe. L’immanentisme est la seule règle qu’ils acceptent. L’esprit des « philosophes des Lumières » est le règne du subjectivisme absolu. C’est le règne du seul « ego ». Voilà ce qu’on est obligé de constater. La Révolution ainsi est, en ses principes, essentiellement « anarchiste ».

Mais comme la société ne peut vivre en perpétuelle anarchie…et subversion, il était donc nécessaire d’ajouter cette clause à la définition de la liberté : pourvu qu’elle ne nuise pas au bien d’autrui. La limite la liberté n’est pas la loi naturelle et divine. La limite de la loi est un bien seulement « extrinsèque » : « ne pas nuire à autrui.
Ainsi, MBCF, qui ne voit que cette philosophie des Lumières est contraire à la vérité, à l’ordre, au bon sens. Oui ! cette définition « révolutionnaire » est comme le dit Saint Pierre un pouvoir « qui couvre la liberté d’un voile ténébreux, « une sorte de voile dont se couvre la méchanceté ».
Cette définition de la liberté tend au renversement total de la religion de Jésus-Christ. Elle est tout à fait opposée au Saint Evangile puisqu’elle tend à affranchir l’homme de tous ses devoirs que la loi, même naturelle, lui impose par rapport à Dieu. Elle est un véritable amas d’impiété et d’immoralités. Car elle affirme que seule l’opinion générale est la mesure de toutes choses ; que la volonté est autonome de tout ordre et de tout principe ; que l’homme se suffit à lui-même ; que sa liberté est essentiellement indépendante et autonome; que cette indépendance est exigée par sa dignité même ; que sa liberté est licence de faire ce qui plaît en toute indépendance ; que la souveraineté du nombre fait seule la loi, indépendamment de la loi divine; et que l’individualisme peut aller jusqu’à l’anarchie pourvu qu’il ne nuise pas autrui.

Alors que le catholicisme et l’évangile confessent que l’intelligence est dépendante du vrai ; la volonté du bien et de la loi : que dans cette dépendance se trouve la source de la perfection ; que la liberté est réglée par ce principe nécessaire : faire ce qui est bon. « étant libres, dit saint Pierre non pour faire de la liberté une sorte de voile dont se couvre la méchanceté, mais comme des serviteurs de Dieu »

Ainsi, MBCF, nous nous trouvons devant deux mondes qui invoquent l’un et l’autre, le même mot, « liberté », mais ils n’en donnent pas la même définition. Ils ont engendré deux mondes aux principes radicalement différents, tout à fait inconciliables : l’un dominé par « l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu », l’autre dominé par « l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi ».

C’est dans ce sens que le Syllabus a conclu dans sa dernière proposition, la proposition 80, à l’impossibilité pour le pape et l’Eglise de se « réconcilier » avec le monde moderne. Pie IX, en effet, condamne cette proposition : « Le Pontife romain peut et doit se réconcilier et faire un compromis avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne”. C’est le contraire qui est vrai.

La liberté évangélique n’est pas la liberté révolutionnaire qui est licence. La loi évangélique n’est pas indépendance. Elle est soumission et dépendance à Dieu et à son Christ et à son Eglise. « Sunt idem »..
Et conclusion disons : là où Dieu et sa Loi ne sont pas respectés, là non plus l’homme et ses droits ne sont pas respectés, ni sa liberté.. Les droits de Dieu et les droits de l’homme, sa liberté, sont respectés ensembles ou sont violés ensembles. Disons que la voie royale de tout totalitarisme et donc la négation de la liberté est la négation des droits de Dieu. L’histoire le prouve.