Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Semaine du 31 mai au 6 juin 2004

Fête de la Sainte Trinité

 

Sommaire

 

 

Homélie en l’honneur de la Très Sainte Trinité.

Voilà ce que nous confessons de la Très Sainte Trinité, vous et moi.

Premièrement : nous croyons que le Père, le Fils et le Saint Esprit ne sont pas trois noms, trois formes, trois développements de l’unité divine, mais trois personnes réellement distinctes, réellement distinguées entre elles à tel point que l’une d’elles a pu se faire homme sans que cela soit vrai et puisse se dire des autres.

Deuxièmement :nous croyons que ces trois personnes sont consubstantielles l’une à l’autre. Que chacune est véritablement et réellement Dieu et possède également et éternellement la nature divine.

Troisièmement : nous croyons qu’il existe un ordre inviolable et naturel dans les personnes divines : que le Père qui est le premier, est sans principe et le principes des deux autres ; que le Fils qui est la seconde procède du ¨Père par voie de génération ; que le Saint Esprit qui est la troisième, procède du Père et du Fils, comme d’un seul principe, non par voie de génération.

Quatrièmement : nous croyons que ces trois personnes, dans leur distinction, malgré l’ordre inviolable de leurs processions, ne sont néanmoins qu’une seule chose souveraine et absolue, qu’elles possèdent toutes et chacune, la même nature, la même divinité et sont ensemble un seul et même Dieu.

Quiconque se dit catholique doit professer ces quatre vérités.

Elles se tirent toutes des textes scripturaires. L’Ecriture Sainte, que nous prenons comme un document inspiré, comme un lieu théologique, nous permet de tirer ces conclusions certaines.

Toutefois, il ne faut pas s’attendre à trouver dans l’Ecriture Sainte, les notions philosophiques de « personne », de « nature », de « processions »... Ces notions sont élaborées par la théologie.

Mais le mystère trinitaire y est contenu en substance en ce sens que l’Ecriture Sainte nous permet de dire que le Père, le Fils et le Saint Esprit sont trois distincts et que ces trois distincts sont une seul Dieu.

Le Prologue de l’Evangile de Saint Jean

Il met en relief à la fois
- la réelle distinction du Père et du Fils
- et tout également, leur consubstantialité.

« Au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu » « apud Deum » comme un Fils unique sur le sein de son Père : « Unigenitus Dei Filius qui est in sinu Patris » (Jn 5 18)
voilà la distinction des personnes. Mais leur consubstantialité est aussitôt affirmé : « Et le Verbe était Dieu ».
Cette distinction est réelle. Car tandis que le Père reste en lui-même, le Verbe se fait chair et « habite parmi nous ».

Dans le baptême de Jésus : la distinction des personnes est proclamée avec la même évidence. Le Père s’y distingue du Fils, comme d’une autre personne : « Voici mon Fils bien aimé, dont il parle, à laquelle il parle et dans laquelle il met « toute sa complaisance ».
« Voici mon Fils bien aimé. En toi je me complais (Lc 3 22)

La personnalité du Saint Esprit est aussi affirmée dans le baptême du Sauveur. L’Evangéliste a bien en vue trois distincts. Chacun a son nom propre ; à savoir le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Chacun a son opération propre : le Père parle du Ciel, Le Fils reçoit le baptême. Le Saint-Esprit descend sous la forme d’une colombe.

La formule du Baptême que propose Notre Seigneur Jésus-Christ : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du saint Esprit » enseigne le mystère tout entier : et la distinction et la relation des personnes. Dans l’expression du Christ : « Allez enseigner toutes les Nations au nom du ¨Père, du Fils et du Saint Esprit », le Père est nommé le premier, en premier lieu et le Saint Esprit, après le Fils. Il est dit : « …au nom de…. ». Cette locution ne s’emploie que lorsqu’il s’agit d’une personne et ne se dit point d’une simple force, d’une simple vertu. On ne dit pas : « ceci est donné au nom de telle force ou de telle vertu », mais bien : « au nom de telle personne ». Mais si l’on dit par exemple : « au nom de la puissance royale, l’expression est synonyme de la personne du Roi.
Donc puisque la formule du baptême est appliquée au Saint Esprit aussi bien qu’au Père et au Fils, le Saint Esprit a sa personnalité propre comme le Père et le Fils. Si on le nie, il faut également nier celle du Père et celle du Fils.

L’enseignement de Saint Jean 4 16

Le passage classique, dont l’autorité est particulièrement irréfragable et la force particulièrement convaincante, c’est celui où Notre Seigneur promet d’envoyer le saint Esprit.

« Et moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre paraclet, afin qu’il soit avec vous toujours…Le Paraclet que le Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous apprendra tout et qui vous rappellera tout ce que je vous ai dit…Quand sera venu le paraclet, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi…Quand il sera venu, lui, l’Esprit de vérité, il vous fera pénétrer dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il vous dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, car il prendra du mien et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi je vous ai dit qu’il prendra du mien et vous l’annoncera ».

Ici encore, nous trouvons les trois personnes nettement distinguées : le Père qui donne et qui envoie. Le Fils qui envoie de la part du Père et au nom de qui se fait l’envoi. Le Saint Esprit qui est envoyé et qui est autre que le Père et le Fils.

Ce sont bien des réalités ayant chacun un rôle propre, comme de vraies personnes distinctes et non moins inséparables. « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils qui crie en nous : Abba, Père » (Gal 4 6)
Donc ici encore l’Esprit est distingue et du Père par lequel il est envoyé, et du Fils auquel il appartient.
Première conclusion :

La distinction des personnes est ainsi clairement affirmée par le Nouveau Testament.

Deuxième conclusion :

Mais tout également, l’autre point fondamental du dogme trinitaire est aussi enseigné : à savoir que les trois personnes sont consubstantielles, c’est-à-dire, ont la même nature divine et sont un seul et même Dieu. Le Père, le Fils et le Saint Esprit sont un seul et même Dieu. On ne peut nier la divinité du Fils ni du Saint Esprit.

La divinité du Fils : Et nous retrouvons, entre autres textes scripturaires, le texte du témoignage du Père au baptême de Jésus au Jourdain : « Tu es mon Fils bien aimé, en toi j’ai mis mes complaisances ». On retrouve également le texte du témoignage du Père lors de la Transfiguration. Le Père se complet dans le Fils d’une manière toute singulière, comme en quelqu’un dans lequel il se retrouve lui-même : ce qui signifie que le Fils est la ressemblance exacte du Père. Et cette ressemblance n’est autre chose que la nature même de Dieu.

On peut également invoquer la confession de Saint Pierre à Césarée. Vous le savez : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant… »

Devant le Grand Prêtre qui pose la question à Notre Seigneur: Es-tu le Christ, le Fils de Dieu ? La réponse est claire ; « Je le suis et vous verrez le Fils d de l’homme assis à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du Ciel ». (Mc 14 61-62) et Caïphe, alors, de la condamner pour blasphème et Jésus de subir la mort parce que c’est bien la vérité qu’il est Dieu.

Saint Jean affirme aussi clairement que possible la divinité du Fils. C’est l’essentiel de son Evangile. Jésus a la nature divine. Il a les propriétés et les attributs de Dieu.

La nature divine : il faut citer le prologue de Saint Jean. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ». La divinité est dans le Verbe au même titre que dans le Père, car c’est la même terme Dieu qui est appliqué à l’un et à l’autre : le Verbe était auprès de Dieu le Père, et il était Dieu comme le Père. La formule auprès du Père « ne doit pas s’entendre d’une proximité locale ni non plus d’une subordination du verbe à Dieu ; elle exprime simplement la vie menée en commun par les deux personnes. C’est ainis que, dans un passage exactement parallèle, Saint Jean écrit pareillement : « La vie éternelle qui é »tait auprès du Père nous est apparue » (1 Jn 1 2)

Les propriétés et les attributs divins. D’abord il faut faire remarquer qu’il a « l’éternité divine ». Il est avant tous les temps ; aussi haut que remonte la pensée, « au commencement… », il est déjà, dès le principe. Qu’il a l’intelligence divine, car il a l’intuition du Père, lequel reste pour tout esprit créé un mystère insondable : personne n’a vu Dieu, mais le Dieu, le Monogène, qui est dans le sein du Père, celui-là nous l’a fait connaître. Il a la puissance divine ; la puissance de créer : « tout a été fait par lui et sans lui rien n’a été fait ». Il a la puissance de donner la vie, la vie naturelle et la vie surnaturelle : « En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes/ Il a la puissance de régénérer les âmes, de les déifier, de leur infuser la grâce : à ceux qui croient en lui, il a donné le pouvoir de devenir fils de Dieu et de naître de Dieu. Or il est manifeste que celui qui déifie les autres doit être Dieu par essence

Et quant à la divinité du saint Esprit, invoquons ici seulement la formule baptismale. Là le Saint Esprit est sur le même rang divin que le Père et le Fils. Puis donc que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu, le Saint Esprit est Dieu, consubstantiel aux deux autres. Et puis donc l’Esprit Saint est dit, dans l’Ecriture Sainte, diviniser le baptisé, il est Dieu lui car celui qui divinise doit avoir la nature divine. Donc l’Esprit Saint est Dieu.

On voit ainsi que le Père est Dieu, le Fils est Dieu, l’Esprit Saint est Dieu. Les trois personnes sont donc consubstantielles.

A travers ces quelques témoignages de l’Ecriture Sainte, nous pouvons affirmer que c’est bien Dieu lui même qui a révélé le dogme de la Très Sainte Trinité.

Il nous a enseigné qu’il y a un seul Dieu, que le Père , le Fils et le Saint Esprit sont trois distincts, Trois personnes vivantes dont aucune ne se confond avec l’autre, que toutes les trois ont la même nature divines et donc sont consubstantielles.
En un mot, la Trinité Sainte : c’est trois personnes réellement distinctes qui sont un seul et même Dieu.

Les textes scripturaires nous ont appris cette Sainte Trinité au nom de laquelle les martyrs iront au supplice parce qu’ils l’aiment comme la plus suprême et adorable réalité.


Conseils et Souvenirs de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.

Qui lira ces quelques pages, connaîtra, même s’il est dans l’épreuve, une grande paix intérieure.


« Autrefois, dans le monde, en m’éveillant le matin, je pensais à ce qui devait m’arriver d’heureux et de fâcheux dans la journée : si je ne prévoyais que des ennuis, je me levais triste. Maintenant, c’est tout le contraire : songeant aux peines, aux souffrances qui m’attendent, je me lève d’autant plus joyeuse et pleine de courage, que je prévois plus d’occasions de témoigner mon amour à Jésus et de gagner la vie de mes enfants, puisque je suis mère des âmes. Ensuite je baise mon crucifix, je le pose délicatement sur l’oreiller tout le temps que je m’habille et je lui dis : « Mon Jésus, vous avez assez travaillé, assez pleuré, pendant les trente-trois années de votre vie sur cette pauvre terre ! Aujourd’hui, reposez-vous…C’est à mon tour de combattre et de souffrir ».


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Un jour de lessive je me rendais à la buanderie sans me presser, regardant en passant les fleurs du jardin. Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus y allait aussi, marchant rapidement. Elle me croisa bientôt et me dit : « Est-ce ainsi qu’on se dépêche quand on a des enfants à nourrir et qu’on est obligé de travailler pour les faire vivre ?


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« Savez-vous quels sont mes dimanches et jours de fête ?… Ce sont les jours où le bon Dieu m’éprouve davantage »


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Je me désolais de mon peu de courage :
Vous vous plaignez, me dit-elle, de ce qui devrait causer votre plus grand bonheur. Où serait votre mérite s’il fallait que vous combattiez seulement quand vous vous sentez du courage ? Qu’importe que vous n’en ayez pas, pourvu que vous agissiez comme si vous en aviez ! Si vous vous trouvez trop lâche pour ramasser un bout de fil, et que néanmoins vous le fassiez pour l’amour de Jésus, vous avez plus de mérite que si vous accomplissiez une action beaucoup plus considérable dans un moment de ferveur. Au lieu de vous attrister, réjouissez-vous donc de voir qu’en vous laissant sentir votre faiblesse, le bon Jésus vous ménage l’occasion de lui sauver un plus grand nombre d’âmes ! »


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Je lui demandais si Notre Seigneur n’était pas mécontent de moi en voyant toutes mes misères. Elle me répondit : « Rassurez-vous, Celui que vous avez pris pour Epoux a certainement toutes les perfections désirables ; mais, si j’ose le dire, il a en même temps une grande infirmité : « c’est d’être aveugle ! et il est une science qu’il ne connaît pas : c’est le calcul. Ces deux grands défauts, qui seraient des lacunes fort regrettables dans un époux mortel, rendent le notre infiniment aimable.
« S’il fallait qu’il y vît clair et qu’il sût calculer, croyez-vous qu’en présence de tous nos péchés, il ne nous ferait pas rentrer dans le néant ? Mais non, son amour pour nous le rend positivement aveugle !
« Voyez plutôt : Si le plus grand pécheur de la terre, se repent au moment de la mort et expire dans un acte d’amour, aussitôt, sans calculer d’une part les nombreuses grâces dont ce malheureux a abusé, de l’autre tous ses crimes, il ne voit plus, il ne compte plus que sa dernière prière, et le reçoit sans tarder dans les bras de sa miséricorde.
« Mais, pour le rendre ainsi aveugle et l’empêcher de faire la plus petite addition, il faut savoir le prendre par le cœur ; c’est là son côté faible… »


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Je lui avais de la peine, et j’allais lui demander pardon. Elle parut très émue et me dit :
« Si vous saviez ce que j’éprouve ! Je n’ai jamais aussi bien compris avec quel amour Jésus nous reçoit quand nous lui demandons pardon après une faute ! Si moi, sa pauvre petite créature, j’ai senti tant de tendresse pour vous, au moment où vous êtes revenue à moi, que doit-il se passer dans le cœur du bon Dieu quand on revient vers lui !….Oui certainement, plus vite encore que je viens de le faire, il oubliera toutes nos iniquités pour ne plus jamais s’en souvenir…Il fera même davantage : il nous aimera plus encore qu’avant notre faute !… »

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j’avais une frayeur extrême des jugements de Dieu ; et, malgré tout ce qu’elle pouvait me dire, rien ne la dissipait. Je lui posai un jour cette objection : « On nous répète sans cesse que Dieu trouve des taches dans ses anges, comment voulez-vous que je ne tremble pas ? Elle me répondit :
« Il n’y a qu’un moyen pour forcer le bon Dieu à ne pas nous juger du tout, c’est de se présenter devant lui les mains vides.
-Comment cela ?
- C’est tout simple : ne faites aucune réserve, donnez vos bien à mesure que vous les gagnez. Pour moi, si je vis jusqu’à quatre-vingt ans, je serai toujours aussi pauvre ; je ne sais pas faire d’économies : tout ce que j’ai, je le dépense aussitôt pour acheter des âmes.
- « Si j’attendais le moment de la mort pour présenter mes petites pièces et les faire estimer à leur juste valeur, Notre Seigneur ne manquerait pas d’y découvrir de l’alliage que j’irais certainement déposer en purgatoire<.
- « N’est-il pas raconté que de grands saints, arrivant au tribunal de Dieu les mains chargées de mérites, s’en vont quelque fois dans ce lieu d’expiation, parce que toute justice est souillée aux yeux du seigneur ?

-Mais, repris-je, si Dieu ne juge pas nos bonnes actions, il jugera nos mauvaises, et alors ?
-« Que dites-vous là ? Notre Seigneur est la Justice même ; s’il ne juge pas nos bonnes actions, il ne jugera pas nos mauvaises. Pour les victimes de l’amour, il me semble qu’il n’y aura pas de jugement ; mais plutôt que le bon Dieu se hâtera de récompenser, par des délices éternelles, son propre amour qu’il verra brûler dans leur cœur.
- Pour jouir de ce privilège, croyez-vous qu’il suffise de faire l’acte d’offrande que vous avez composé ?
- Oh !non, les paroles ne suffisent pas… pour être véritablement victime d’amour, il faut se livrer totalement. On n’est consumé par l’amour qu’autant qu’on se livre à l’amour. »


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« Quand on me fait un reproche, lui disais-je, j’aime mieux l’avoir mérité que d’être accusée à tort.
- Moi, je préfère être accusée injustement, parce que je n’ai rien à me reprocher, et j’offre cela au bon Dieu avec joie ; ensuite, je m’humilie à la pensée que je serais bien capable de faire ce dont on m’accuse.
« Plus vous avancerez, moins vous aurez de combats, ou plutôt vous les vaincrez avec plus de facilité, par ce que vous verrez le bon côté des choses. Alors votre âme s’élèvera au-dessus des créatures. Tout ce qu’on peut me dire maintenant me laisse absolument indifférente, parce que j’ai compris le peu de solidité des jugements humains.
« Quand nous sommes incomprises et jugées défavorablement, ajouta-t-elle, à quoi bon se défendre ? Laissons cela, ne disons rien, c’est si doux de se laisser juger n’importe comment ! Il n’est point dit dans l’Evangile que sainte Madeleine se soit expliquée, quand sa sœur l’accusait d’être aux pieds de Jésus sans rien faire. Elle n’a pas dit : « Marthe ! si tu savais le bonheur que je goûte, si tu entendais les paroles que j’entends, toi aussi, tu quitterais tout pour partager ma joie et mon repos. » Non, elle a préféré se taire…o bienheureux silence qui donne tant de paix à l’âme ».


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Dans un moment de tentation et de combat, je reçus d’elle ce billet :

« Que le juste me brise par compassion pour le pécheur. Que l’huile dont on parfume la tête n’amollisse pas la mienne ».
Je ne puis être brisée, éprouvée que par des justes, puisque toutes mes sœurs sont agréables à Dieu. C’est moins amer d’être brisé par un pécheur que par un juste ; mais, par compassion pour les pécheurs, pour obtenir leur conversion, je vous demande, ô mon Dieu, d’être brisée par les âmes justes qui m’entourent. Je vous demande encore que l’huile des louanges, si douve à la nature, n’amollisse pas ma t^te, c’est-à-dire mon esprit, en me faisant croire que je possède des vertus qu’à peine j’ai pratiquées plusieurs fois.
« O mon Jésus ! votre nom est comme une huile répandue ; c’est dans ce divin parfum que je veux me plonger tout entière, loin du regard des créatures. »


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« Vouloir persuader nos sœurs qu’elles sont dans leur tort, même lorsque c’est parfaitement vrai, ce n’est pas de bonne guerre, puisque nous ne sommes pas chargées de leur conduite. Il ne faut pas que nous soyons des juges de paix, mais seulement des anges de paix »


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« Vous vous livrez trop à ce que vous faites, nous disait-elle, vous vous tourmentez trop de vos emplois, comme si vous en aviez seules la responsabilité. Vous occupez-vous, en ce moment, de ce qui se passe dans les autres Carmels ? si les religieuses sont pressées ou non ? leurs travaux vous empêchent-ils de prier, de faire oraisons ? Eh bien, vous devez vous exiler de même de votre besogne personnelle, y employer consciencieusement le temps prescrit, mais avec dégagement de cœur.
« J’ai lu autrefois que les Israélites bâtirent les murs de Jérusalem, travaillant d’une mai et tenant une épée de l’autre. C’est bien l’image de ce que nous devons faire : ne travailler que d’une main, en effet, et de l’autre défendre notre âme de la dissipation qui l’empêche de s’unir au bon Dieu ».


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« Un dimanche, raconte Thérèse, je me dirigeais toute joyeuse vers l’allée des marronniers ; c’était le printemps, je voulais jouir des beautés de la nature. Hélas ! déception cruelle ! on avait émondé mes chers marronniers. Les branches, déjà chargées de bourgeons verdoyants, étaient là, gisant à terre ! En voyants ce désastre, en pensant qu’il me faudrait attendre trois années avant de le voir réparé, mon cœur se serra. Cependant mon angoisse dura peu : « si j’étais dans un autre monastère, pensais-je, qu’est-ce que cela me ferait qu’on coupât entièrement les marronniers du carmel de Lisieux ? » Je ne veux plus me faire de peine des choses passagères ; mon Bien-Aimé me tiendra lieu de tout. Je veux me promener sans cesse dans les bosquets de son amour, auxquels personne ne peut toucher. »

 

Quelques nouvelles

 

a- sur l’interview du cardinal Castrillon Hoyos

Je vous ai adressé, cette semaine, le texte de l’interview du cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation du Clergé, en date du 5 mai 2004, donné à un journal américain « The Latin Mass ».
Cet interview fera date dans l’Eglise. Il faut le lire. Vous le trouvez aussi sur le site ITEM (http://item.snoozland.com).

Il aborde bien des sujets… entre autre celui de la Sainte Messe célébrée dans « ses formes liturgiques et disciplinaires précédentes de la Tradition latine ». Il veut parler de la messe dite de Saint Pie V. Il en rappelle, d’une manière particulièrement soutenue, « son droit de cité dans l’Eglise ».
Il interpelle, sur ce sujet, les évêques, ceux de France aussi. Il constate leurs « hésitations » à accorder « les permissions nécessaires », comme le leur demande le Saint Père : « il faudra respecter en tous lieux le désir de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine, par une application large et généreuse des directives déjà publiées depuis longtemps par le Siège Apostolique, concernant l’usage du Missel Romain selon l’édition typique de 1962 ».

Que de difficultés ! Il est vrai.

Il semble vouloir leur dire « qu’avez-vous fait, dans vos diocèses, de la messe « traditionnelle ». « Elle a droit de cité ». Un peu comme le pape Jean Paul II haranguant le peuple de France, au Bourget :« qu’as-tu fait de la foi de ton baptême » ?

Comment les évêques vont-ils réagir ?

Déjà, en 1998, le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, leur conseillait de ne pas craindre d’ouvrir de nouveau leur diocèse à ce rite : la « présence de l’ancienne liturgie ne dérange ni ne brise l’unité de (vos) diocèses mais elle est plutôt un don destiné à construire le Corps du Christ, dont nous sommes tous les serviteurs »(La Nef n°89, p. 21).

Cet appel fut peu entendu, semble-t-il.

Quand sera-t-il de cet nouvel appel ?

Le temps le dira bientôt.

b- Bref commentaire de l’interview du Cardinal

Quoi qu’il en soit, je me permets de vous communiquer quelques réflexions sur cet interview ne voulant considérer, pour l’instant, que le problème de la messe. Cet interview fera l’objet, n’en doutons pas, de biens d’autres considérations…


« Le 27 mai 2004, date à laquelle il me fut envoyé de Rome, a été diffusé sur le site ITEM l’interview du cardinal Castrillon Hoyos destiné à un journal de l’Amérique du Nord : The Latin Mass. Il est daté, de fait, du 5 mai 2004, en la fête de saint Pie V.

Cet interview est important. Il fera, certainement, date dans l’Eglise.

Dans tout ce qui va suivre, je vais me mettre pour ainsi dire dans la pensée du cardinal Castrillon Hoyos et l’interpréter en meilleure part possible.

Il marque une prise de position nette et très favorable de la hiérarchie de l’Eglise en faveur des « communautés de traditionalistes ». Le cardinal les présente comme des communautés « liées aux formes liturgiques et disciplinaires précédentes de la Tradition latine » ou plus simplement dit « liées à la Tradition ».
Il en fait un panégyrique tout à fait remarquable et qui sera, n’en doutons pas, remarqué. Le cardinal s’exprime vraiment d’une manière très paternelle, sympathique, sentie.
Il refuse qu’on voit en ces fidèles des « nostalgiques attachés d’une manière obstinés au passé « Cela ne correspond pas à la réalité, dit-il, qui se vit à l’intérieur de ce vaste groupe de fidèles ». Il remarque qu’ils ne sont pas peu nombreux, comme certains évêques voudraient le faire croire à Rome. On voit que le cardinal les a fréquentés. De fait il les a fréquentés. Il s’est trouvé au milieu d’eux. Je fus à ses côtés à Campos, le 18 janvier 2002 et de nouveau en Août 2002 pour le sacre épiscopal de Mgr Rifan, au Brésil. On sent qu’il parle d’expérience. Il est sensible à leur foi », à leur « dévotion », à leur « attachement » au passé « pour conserver les plus forts points d’ancrage du christianisme », sensible également à « un désir profond de spiritualité et de sacralité ». Il conclut, sur ce sujet, par ces mots particulièrement agréables à entendre et vrais : «L'amour pour le Seigneur et pour l'Eglise trouve ainsi, à l'intérieur de la vision chrétienne caractéristique de ces fidèles, son expression la plus haute dans l'adhésion aux anciennes formes liturgiques et dévotionnelles qui ont accompagné l'Eglise tout au long de son histoire ».
Il constate aussi l’importance de la jeunesse dans ces groupes. A leur égard il a des paroles particulièrement sympathiques. Voyez : « Il est intéressant ensuite de remarquer comment on trouve au sein de cette réalité de nombreux jeunes, nés après le Concile Oecuménique Vatican II. Ils manifestent, je dirais, comme une "sympathie du cœur" pour une forme de célébration, et aussi de catéchèse, qui selon leur "perception" laisse une large place au climat de sacralité et de spiritualité qui justement conquiert aussi les jeunes d'aujourd'hui : on ne peut certainement pas les définir comme des "nostalgiques" ou un vestige du passé ».

N’est-ce pas la première fois qu’un prélat donne pareil témoignage, en faveur de ces fidèles de la Tradition, et cela, publiquement ? Souvenez-vous des propos plutôt désobligeants tenus par l’évêque de Metz, sur ce clergé traditionnel. Il n’en voudrait pas pour un empire !. In illo tempore!

M’est avis que le cardinal Gagnon qui, lui aussi, nous a fréquenté pendant des semaines lors de sa visite canonique en 87, a du donner même témoignage dans son rapport. Il ne nous est pas connu, me direz-vous ! Soit ! Il est connu de Rome. Cela suffit. Nous, nous savons ce que nous sommes. C’est bien comme le décrit le cardinal Castrillon Hoyos. Il suffisait, ces trois jours de Pentecôte, de suivre cette « Tradition » en liesse sur les routes de Chartres, dans les deux sens, pour s’en convaincre.
Je pense que le cardinal Mayer a pareille opinion, lui qui accueillit aussi les pèlerins de la Pentecôte à Chartres, en 1988.

Telles sont de fait ces fidèles qu’il ne faut pas traiter, dit le cardinal, comme « des fidèles de seconde zone ». - Je pense que les évêques de France liront ce passage de l’interview avec profit, tout particulièrement l’évêque de Nanterre - et qu’enfin, des solutions positives seront trouvées pour chaque cas, nombreux et divers.

Et c’est pourquoi ces « communautés de fidèles » sont l’objet d’une réelle «affection du Souverain Pontife ». Ils sont l’objet de sa « sollicitude pastorale » attentive et renouvelée. Et en ce sens, le Pape est attentif à leur légitime demande de célébrer le saint mystère, -l’eucharistie -, dans le rite de Saint Pie V. Et de fait, malgré les difficultés rencontrées en ce domaine et qui viennent – là le cardinal parle sans ambages - de « différents évêques qui restent perplexes ou qui sont plutôt hésitants à accorder les permissions nécessaires » - et qui, ainsi, de fait, ont ralenti le saint désir du Pape -, le Pape et le Siège apostolique « ont généreusement répondu aux demandes légitimes » des prêtres et des fidèles de ces communautés. C’est le cardinal qui parle.

Le cardinal refait, alors, l’histoire de cette attention particulière du Pape et de ces différentes étapes. D’une simple « permission » (avec l’indult de 1984), nous sommes passés à une « autorisation » de plus en plus généreuse, pour en arriver, avec l’affaire de Campos, a une pleine reconnaissance du « droit » objectif de cette messe dans l’Eglise. Le cardinal est clair : « On ne peut oublier que le Rite dit de Saint Pie V est le rite ordinaire accordé, le 18 janvier 2002, par décision de Sa Sainteté, à l’Administration Apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney de Campos (Bresil) ». Et notez bien la conclusion : « Tout ceci fait voir clairement que ce rite, par concession du Saint Père, a plein droit de cité dans l’Eglise, sans que cela veuille diminuer la validité du Rite approuvé par Paul VI et actuellement en vigueur dans l’Eglise latine ».

Car telles furent les demandes des fidèles et des prêtres de ces communautés traditionalistes. Et ces demandes sont déclarées à plusieurs reprises dans cet interview comme « des demandes légitimes », Légitimes, les demandes des prêtres et des fidèles de Campos : « Sa sainteté et le Siège Apostolique ont généreusement répondu aux demandes légitimes de ces prêtres et fidèles de Campos ». Légitime encore la volonté de « vouloir exprimer sa foi et sa piété en participant à ces formes liturgiques et disciplinaires précédentes de la Tradition latine ». Le Saint Père dit que cela est « tout à fait légitime ».

Comme on peut le voir, le cardinal survole l’histoire, sans entrer, il est vrai, dans les détails et les circonstances historiques. Il ne s’attarde qu’au positif, qu’à la conclusion, le retour de la messe. Comme tout bon soldat qui ne veut se souvenir que de la victoire, - la gloire -, oubliant de bon cœur, les difficultés du chemin. Un peu aussi comme le faisait Jean Madiran, dans Itinéraires, qui, à propos de l’indult de 84, faisait mille considérations vraies et quelque peu acerbes pour, enfin, conclure, quoi qu’il en soit « la messe revient ». C’est ce qui reste dans les esprits. J’aime cet état d’esprit. C’est positif. C’est ainsi que l’on va de l’avant. Nous aussi nous ne retiendrons que cela. Car il faut ce retour. Il est nécessaire. Il est même indispensable. Il fut un des objets de nos réclamations, celles que Jean Madiran précisait iterum et iterum dans Itinéraires. Cette réclamation est légitime. Nous le disions. Mais c’est l’Eglise, aujourd’hui, qui, par la bouche du cardinal, nous le dit. Oh merveille !

Elle nous le dit et avec quelle insistance ! Voyez : « Plus de quinze ans après ce Motu proprio -« Ecclesia Dei »- en considérant les nombreuses difficultés qui sont apparues entre ces fidèles et différents Évêques qui restent perplexes ou qui sont plutôt hésitants à accorder les permissions nécessaires -, je pourrais là, il est vrai, sur ce sujet, dire mille choses « ad confirmandum », mais c’est le cardinal qui le dit, j’en prends acte - une idée prend toujours plus corps, selon laquelle il est devenu nécessaire de rendre effective la concession de l'indult à une échelle plus vaste et davantage correspondante à la réalité; c'est-à-dire que l’on considère que les temps sont mûrs pour une nouvelle forme de garantie juridique, claire, de ce droit déjà reconnu par le Saint-Père par l'indult de 1988. Les Cardinaux et les Évêques, Membres de la Commission Pontificale Ecclesia Dei ont étudié très attentivement cette situation, en cherchant les meilleures suggestions à soumettre à qui de droit. »

Garantir juridiquement et clairement ce droit ! Cela est capital. Il nous faut une résolution ferme, claire de la part de Rome. L’indult de 88 en est une début de preuve. Le cardinal le dit ici. On peut en discuter. Soit ! Mais il allait dans le bon sens …Mais il faut surtout s’en reporter, nous dit le cardinal, à ce qui fut fait juridiquement, pour l’Administration Saint Jean Marie Vianney.
Nul doute, en effet, qu’il y a en cette affaire de la messe, et de la réalisation du désir du pape de redonner la possibilité de dire la messe dans les formes liturgiques et disciplinaires anciennes, une évolution réelle à Rome. Voilà le teste incontournable, irréfutable qui lient les parties : « Le fait que le saint Père ait accordé à cette Administration Apostolique le Rite de Saint Pie V comme Rite ordinaire montre une fois de plus que Sa Sainteté et le Siège Apostolique ont généreusement répondu aux demandes légitimes de ces prêtres et des fidèles de Campos ». Voilà enfin la preuve d’une intention droite, ferme, clairement dite.

M’est avis que ce langage aurait retenu l’attention de Mgr Lefebvre, lui qui retira sa signature du protocole du 5 mai 88 par suspicion et crainte des intentions romaines.

Car il est bon de mesurer le chemin parcouru par Rome depuis 1976 jusqu’à cet interview.

En 1976, lors du Consistoire du 24 mai 1976, le Souverain Paul VI, au nom de son autorité apostolique, demandait que toutes les communautés religieuses, prêtres, fidèles … usent exclusivement de la messe nouvelle, laissant entendre par la que le droit de la messe dite de Saint Pie V était, dans l’Eglise, abolie. Ce choix n’était pas laisser au libre vouloir et décision d’un chacun. Il y avait un nouveau rite. Il était obligatoire pour tous. Il y eut, ici, sur ce sujet, d’abrogation ou non du rite dit de Saint Pie V, plus qu’« une désinformation ». C’est le mot du cardinal. Il y eut une volonté clairement exprimée. Mais passons. Ne retenons, vous dis-je, que le positif.
Et voilà, quarante ans plus tard, que sont reconnues parfaitement « légitimes » même « nécessaires » pour le Bien Commun de l’Eglise, les « formes liturgiques et disciplinaires précédentes de la Tradition latine ». Ces « formes liturgiques et disciplinaires » non seulement ne sont plus interdites. Non seulement elles sont « légitimes » et « nécessaires », mais elles sont et restent un « droit », malmené peut-être par la faute de certains, et le cardinal montre du doigt certains évêques, mais elles restent un droit. Il s’agit bien d’un droit, d’ « un droit objectif »
Et ce « droit objectif » est, aujourd’hui, pleinement mis en lumière, en particulier par la messe du 24 mai 2003, à Sainte Marie Majeure à Rome, célébrée par le cardinal Castrillon Hoyos. Ce fut une des bienfaits de cette célébration : « L’événement de Sainte Marie Majeure a contribué, dit le cardinal, à dissiper ce doute ». Depuis lors, il faut dire que : « le vénérable Rite de Saint Pie V bénéficie bien dans l’Eglise catholique de Rite latin, d’un « droit de cité » comme je l’ai dit dans l’homélie ». C’est toujours le cardinal qui parle !
Ainsi, il est clair, il est net, il doit être évident pour tous, même pour les évêques « que ce Rite n’est pas éteint, il n’y a pas de doute en la matière ». Le cardinal dit même ailleurs qu’il « a plein droit de cité dans l’Eglise ». Comment, du reste, en pourrait-il être autrement alors que l’on sait que « ce vénérable Rite, dit le cardinal, a formé pendant des siècles de nombreux saints » et « qu’il a modelé le visage de l’Eglise qui reconnaît encore aujourd’hui ses mérites ».

Si donc ce rite est « légitime », « nécessaire », il est clair aussi, comme le dit encore le cardinal, qu’ « il faut protéger ce droit » ( de ces traditionalistes).

C’est alors que prend tout son sens cette phrase capitale du cardinal qu’il faut lire et relire : « Plus de quinze ans après ce Motu proprio -« Ecclesia Dei »- en considérant les nombreuses difficultés qui sont apparues entre ces fidèles et différents Évêques qui restent perplexes ou qui sont plutôt hésitants à accorder les permissions nécessaires - une idée prend toujours plus corps, selon laquelle il est devenu nécessaire de rendre effective la concession de l'indult à une échelle plus vaste et davantage correspondante à la réalité; c'est-à-dire que l’on considère que les temps sont mûrs pour une nouvelle forme de garantie juridique, claire, de ce droit déjà reconnu par le Saint-Père par l'indult de 1988. Les Cardinaux et les Évêques, Membres de la Commission Pontificale Ecclesia Dei ont étudié très attentivement cette situation, en cherchant les meilleures suggestions à soumettre à qui de droit. »

En terminant, j’en profite pour dire au cardinal : Pourquoi les temps ne seraient-ils pas mûrs pour tout simplement reconnaître que la messe de saint Pie V n’a jamais été interdite et qu’elle peut être célébrée par tout prêtre, sans autre procédure ? »


c- la messe dite de Saint Pie V : Concession du Pape, simple coutume immémoriale et droit des fidèles.


Comme je l’ai dit en début de commentaire, j’ai voulu faire bonne part à la pensée du cardinal Castrillon Hoyos.

Mais, sur ce sujet de la messe, voilà comment je vois les choses.

Le droit de la messe « traditionnelle » ne me semble pas être d’abord fondé sur une « concession du pape » Jean-Paul II, celle du Motu Proprio « Ecclesia Dei, - concession qui pourtant me réjouit de facto, en ce sens que l’on peut dire que, sous ce rapport, « la messe revient » - mais son droit me semble plutôt fondé sur la coutume immémoriale, ainsi que sur la Bulle « Quo Primum Tempore » jamais abolie par l’autorité. Voilà le vrai fondement juridique de la messe dite de Saint Pie V. Et cette coutume immémoriale et cette Bulle « Quo Primum Tempore », jamais aboli, fondent alors le droit pour tout prêtre de célébrer cette messe et pour tout fidèle d’y participer.

Voilà exactement la requête que je fais à l’autorité.

Qui dira enfin le droit ? .

Requête

La messe « dite de Saint Pie V » est une messe multiséculaire.

La messe « traditionnelle, latine et grégorienne » est la messe " canonisée " par la Bulle " Quo Primum Tempore " de Saint Pie V. Elle en fut, pour l’Eglise romaine de rite latin, la « règle » pendant des siècles. Cette messe est multiséculaire.

Elle est plus que centenaire.

Elle remonte, pour le moins, au 13 juillet 1570, date de publication de cette Bulle par Saint Pie V.
Mais, Saint Pie V n'a fait, toutefois, que « réviser » le rite de la messe comme le dit Monseigneur K GAMBER dans son livre : « La réforme liturgique en question », (aux Editions Sainte Madeleine 1992 -page 16), livre honoré de la préface et du cardinal RATZINGER et du cardinal STICKLER :

« La liturgie romaine est restée à travers les siècles presque inchangée dans sa forme initiale, faite de simplicité et même d'austérité. Elle représente en tout cas le rite le plus ancien. Au cours des temps, plusieurs papes y ont apporté des modifications rédactionnelles, comme le fit dès le début le pape saint Damase (366-384) et, plus tard surtout saint Grégoire le grand (590-604) ... »

« La liturgie damaso-grégorienne est restée en vigueur dans l'Eglise catholique romaine jusqu'à la réforme liturgique actuelle. C'est pourquoi il est contraire aux faits de dire, comme il arrive souvent aujourd'hui, qu'on a aboli le " missel de saint Pie V ". Les modifications apportées au missel romain durant près de 1400 ans n'ont en rien touché au rite proprement dit, contrairement à ce que nous vivons aujourd'hui dans des proportions effrayantes; il s'est seulement agi d'enrichissements en fêtes nouvelles, en formulaires de messe et en certaines prières ... » (p 16).

" Le canon de la messe, à quelques modifications près effectuées sous saint Grégoire 1er (590- 604), avait atteint dès Gélase 1er (492-496) la forme qu'il a gardée jusqu'ici ".

C'est une coutume immémoriale.

Le rite de cette « messe romaine » est donc « immémorial ». Il rentre dans « ces coutumes centenaires ou immémoriales » au sujet desquels le canon 28 du nouveau code reprenant le canon 30 du code de Benoît XV dit : " la coutume. ..est révoquée par le moyen d'une loi

contraire mais s'il n'est pas fait expressément mention, les lois ( contraires) ne révoquent pas les coutumes centenaires ou immémoriales ".

Le consistoire du 24 mai 1976 et le rite dit de Saint Pie V.

Donc, la simple volonté, tacitement exprimée, voire même clairement exprimée comme le Pape Paul VI le fit au consistoire du 24 mai 1976, ne suffit pas pour abroger le rite.

La constitution «Missale Romanum» et la messe dite de Saint Pie V.

Au contraire, il était nécessaire de faire figurer, dans la Constitution " Missale Romanum " du même Pontife, une mention expresse révoquant la coutume immémoriale, du type " non obstante quacumque consuetudine etiam centenaria et immemorabili " ou autre formule semblable (voir Padre Masseo da Casola o.f.m. cap.Compendio di Diritto Canonico Marietti 1967- p. 91).

La formule générique utilisée par Paul VI: " Non obstantibus (...) Constitutionibus et Ordinationibus Apostolicis a praedecessoribus Nostris editis " (nonobstant les constitutions et ordonnances apostoliques données par nos prédécesseurs ") peut tout au plus autoriser une discussion sur l'abrogation éventuelle de la Bulle Quo Primum Tempore de Saint Pie V et d'une manière générale des normes superposées par Saint Pie V au rite romain traditionnel mais elle ne touche pas le rite romain traditionnel en tant qu'il est une coutume immémoriale.

La commission cardinalice de 1986.

Je ferai, de plus, remarquer qu'une commission de 9 cardinaux, nommée par le Pape Jean-Paul II en 1986, affirma, pour sa part, - 8 cardinaux sur 9 -, que la Bulle « Quo Primum Tempore » n'a pas été abrogée -j'ajoute, ici, ni explicitement ni tacitement.

C'est le témoignage donné par le Cardinal STICKLER en juillet 1995, dans une interview exprimée à Latin Mass Society, aux USA. Parole de cardinal !

Il est clair enfin que ni les allocutions successives de Paul VI, ni les diverses instructions et notifications de la Congrégation pour le Culte Divin ne peuvent suppléer au silence de la Constitution Apostolique « Missale Romanum » du 3 avril 1969 :

- soit parce que les documents se présentent comme de simples actes interprétatifs et exécutifs de la Constitution « Missale Romanum » ;

- soit parce que étant approuvés simplement en forme commune, ils n'ont pas les pouvoirs de déroger, abroger, ou obroger quoique ce soit par leur propre autorité (Prof. Neri Capponi).

La conclusion: la messe dite de Saint Pie V est un vrai droit pour tout catholique

La conclusion à tirer est la suivante :

Si la volonté de Paul VI avait été celle d'abroger les formes liturgiques précédentes, il aurait dû le dire explicitement puisqu'il s'agissait pour le rite traditionnel de la messe d'une coutume immémoriale.


Puisqu'il ne l'a pas dit, le rite romain traditionnel, appelé improprement de Saint Pie V, est toujours en vigueur, au moins « vi consuetudinis », « par la force de la coutume ». Si donc il est toujours en vigueur, il est légitime de le célébrer. Il est un droit « propre à tout fidèle ».

J'invoque donc le canon 96. Ce canon est ainsi libellé: " par le baptême, un être humain est incorporé à l'église du Christ et y est constitué comme personne avec les obligations et les droits qui sont propres aux chrétiens. ..Or le rite « dit de Saint Pie V » est un droit catholique. Ergo.

Je fonde également cette requête sur le canon 214 qui dit: « Les fidèles ont le droit de rendre le culte à Dieu selon les dispositions de leur rite propre approuvé par les pasteurs légitimes de l'église ". Ce qui est le cas pour le rite de la messe dite de Saint Pie V. J'ai donc le droit de rendre le culte à Dieu, - le fidèle d’y prendre part et le prêtre de le célébrer -, dans et par la célébration de cette Messe dans le rite dit de Saint Pie V.

Je fonde de plus ma requête sur le canon 221 -§ 1 : « Il appartient aux fidèles de revendiquer légitimement les droits dont ils jouissent dans l'Eglise et de les défendre devant le for ecclésiastique compétent, selon le droit ».

C'est ce que je fais dans cette requête persuadé de sa légitimité et désireux de défendre le droit du faible.