Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 10 au 16 mai 2009


4 ème dimanche après Pâques.

Sainte Jeanne d’Arc.

 

Mes Bien Chers Frères,

Nous affirmons, à l’occasion de la fête de sainte Jeanne d’Arc que sa mission principale fut de rappeler aux nations, la Royauté de NSJC. Une royauté non pas « éthérée », non pas «repoussée à la fin des temps », non pas « une Royauté seulement à la Parousie ». Mais bien une Royauté réelle, hinc et nunc sur chaque nation et plus particulièrement sur la France. Voilà ce qu’elle affirma.
Comme le dit très justement Jacques Virion, dans son beau livre, « Le mystère de Jeanne d’Arc » : « Ce n’est ni du haut d’une chaire universitaire ni dans un livre savant qu’elle a exalté le CHRIST-ROI, car, disait-elle, « je ne sais ni A ni B ». C’est en affirmant et même en soutenant jusque par les armes la particulière royauté du Christ sur la France qu’elle a proclamé l’universalité de Son Règne ». (p. 161)

Après avoir entendu Saint Michel et les Saintes, la presser d’aller à Chinon : « Va. Va Fille de Dieu, il y a grande pitié au Royaume de France », elle a rétabli un édifice politique dont la clef de voûte est, était et devait rester, fort la Révolution française, le Christ Roi.

Cette pensée n’est plus familière aux français – à tort – et c’est là son drame et sa perte. L’humanisme païen, le laïcisme d’Etat, le libéralisme catholique nous ont éloignés de cette doctrine. Et pourtant cette doctrine est au coeur de la « geste » politique de Jeanne d’Arc.

A l’époque de Jeanne, la France est au plus bas. Sur le point même de disparaître. L’Angleterre, avec cet odieux traité de Troyes, escomptait mettre la main sur le saint Royaume de France. L’arrivée de Jeanne est assurément la réponse de la Procidence qui ne l’entendait pas ainsi et qui a entendu l’angoisse de la patrie et de son roi.
Jeanne, dans sa chevalerie, va affirmer, à plusieurs reprises, le règne spécial du Christ sur notre nation. C’est même, pour elle et pour l’histoire une loi constitutive de notre pays. Ce qui nous donne une sainte espérance - La France appartient au Christ Roi. L’Islam ne pourra y faire régner la « charia », - et un principe essentiel d’une vraie pense politique.

Nous sommes en mars 1428, Jeanne , poussée par ses voix, s’en vient pour la première fois à Vaucouleurs, accompagnée de son oncle, Durand Laxard. Voici huit ans déjà, qu’Isabeau de Bavière, le duc de Bourgogne…ont fait signer au pauvre roi fou Charles VI, le traité de Troyes qui déshérite le Dauphin calomnieusement traité par sa mère d’enfant adultérin. A la mort du roi Charles, Henri V de Lancastre - ou son fils - sera proclamé roi de France et d’Angleterre. L’anglais occupe déjà une grande partie du pays. Le Dauphin, « le petit roi de Bourges » voit fondre son royaume. Les grands trahissent le Dauphin. L’université de Paris aussi. Georges de Trémouiille, Régnault de Chartres, les propres conseillers du Dauphin jouent un jeu contradictoire et équivoque, à leur propres avantages.
C’est alors que, dans la grande salle du château de Vaucouleurs, entre Jeanne. Elle s’avance, reconnaissant sans l’avoir jamais vu Robert de Baudricourt et lui tient ce langage :
« Je suis venu vers vous, Robert, de la part de mon Seigneur, afin que vous mandiez au Dauphin de bien se tenir et de na pas engager de bataille avec ses ennemis parce que mon Seigneur lui donnera secours après la mi-carême. Le Royaume n’appartient pas au Dauphin. Il appartient à mon Seigneur. Cependant Mon Seigneur veut que le Dauphin devienne roi et qu’il tienne le royaume en commende. Il sera Roi malgré ses ennemis et moi je le conduirai à son sacre ».
-Et quel est ton Seigneur.
-Le Roi du Ciel.

Eclatante réponse !

Le Royaume de France n’appartient pas au roi. Il a seulement un droit d’accession à la couronne par ordre successoral de primogéniture. Le Royaume est un bien de Dieu qui en possède le haut domaine. Et c’est en conséquence de ce domaine suzerain qu’il en concède à Charles la royauté.

Elle va s’adresser ensuite au Dauphin lui-même. Elle le rencontre à Chinon. Elle passe la poterne. On l’introduit dans une immense salle. Plus de trois cents chevaliers sont là. Voici Jeanne. Elle reconnaît le Roi, évite celui qui voulait se faire passer pour Roi et devant le Dauphin, modestement vêtu, fléchit le genou et lui dit : « Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle. Vous mande le Roi des Cieux par moi que vous serez sacré et couronné en la ville de Reims et que vous serez lieutenant du Roi des Cieux qui est le Roi de France »

« Le Roi des Cieux qui est le Roi de France ».

Jamais n’était descendu des Cieux pareil message politique ! Le Dauphin recevra l’onction sainte à Reims et sera lieutenant du Christ qui est le Roi de France. C’est l’onction sainte qui le fera roi et lieutenant du Christ qui est « Roi de France ». Et c’est pourquoi elle affirme : « Je ne dirai pas le Roi avant qu’il soit sacré et couronné ».

La voici enfin devant les hommes d’armes. Là point de discours. Mais elle leur donne l’étendard. C’est l’étendard du Christ-Roi. Il tient lieu ici du drapeau du Suzerain. Il représente le Christ en gloire tenant en sa main le globe du monde. Cet étendard sera vainqueur à Orléans, à Jargeau, à Patay, à Troyes, à Compiègne. Il conduira l’armée de victoire en victoire. Il sera enfin à Reims.

« «Tout l’étendard, dira-t-elle à Roeun lors de son procès, était commandé par NSJC, par les voix de sainte Catherine et de sainte Marguerite qui me disaient : « Prends l’étendard de par le Roi du Ciel et porte le hardiment. Dieu t’aidera ».

N’est-ce pas là l’affirmation de la particulière royauté du Christ sur la France même

Enfin nous avons la formidable lettre de Jeanne au duc de Bedfort enjoignant l’anglais de quitter le sol de France car, dit-elle : « N’ayez point en votre opinion que vous tiendrez le royaume de France de Dieu, le Roi du Ciel, Fils de Sainte Marie, mais le tiendra le roi Charles car le Roi du Ciel le veut »

Mais on peut évoquer aussi la lettre qu’elle fit adresser à Philippe de Bourgogne, le 17 juillet 1429. Trois fois elle lui rappelle que la France est le « Saint Royaume », le fief du Christ. Cette dernière lettre est une véritable supplication : « Je vous prie, supplie et requiert…tant humblement que requérir vous puis…Je vous requiers à mains jointes…de la part du Roi du Ciel, mon droiturier et souverain Seigneur, que vous ne guerroyez plus au Royaume de France…Tous ceux qui guerroient au dit saint Royaume de France font la guerre au Roi Jésus, Roi du Ciel et de tout le monde ».

Cela fait au moins six fois que Jeanne proclame la particulière royauté du Christ sur la France.
Serons nous inattentifs à ce message du Ciel apporté par Jeanne, éclairé par saint Michel ? Toutes ces affirmations furent faites au milieu des miracles, de la délivrance des bonnes villes de France, au milieu des prophéties qui s’accomplirent sous les yeux de tous.. Ces miracles, ces prophéties sont là pour confirmer sa doctrine. Elle l’écrit encore aux habitants de Reims pour qu’ils ouvrent les portes de la ville au Dauphin ! « Jeanne la Pucelle vous mande et fait savoir de par le Roi du Ciel, son droiturier et souverain Seigneur, que vous fassiez vraie obéissance au gentil roi de France…Nous entrerons à l’aide de Dieu dans toutes le s bonnes villes qui doivent être du Saint Royaume, qui que vienne contre ».

Voilà affirmée, MBCF, la politique de Jeanne qui est l’alliance entre Dieu et la France, l’affirmation du haut domaine de Dieu sur la chose politique.

Et cette alliance, pour la France, c’est faite par contrat, par un véritable « pacte ».

Cela s’est passé à Chinon, le 11 mars 1429, le lendemain de l’arrivée du duc d’Alençon qui raconte la scène au procès de réhabilitation de Jeanne :
« Le lendemain, dit-il, Jeanne vint à la messe du roi, puis le roi conduisit la pucelle dans un appartement où il retint le seigneur de la Trémouille et moi qui parle et congédia les autres. Jeanne fit au roi plusieurs requêtes dont l’une était qu’il fit donation de son royaume au Roi du Ciel et qu’après cette donation, le Roi du Ciel ferait pour lui ce qu’il avait fait pour ses prédécesseurs et le rétablirait dans l’état d’autrefois ».


Charles VII qui n’avait aucune raison de se récuser, souscrivit à la requête après quoi la victoire d’Orléans, Jargeau, Patay,le sacre de Reims le rétablirent dans l’état des ses pères.

Le saint Royaume de France est uni à son Suzerain par pacte solennel. Il est consacré à Dieu au Roi du Ciel, comme il est consacré à sa « Très Sainte Mère ».

C’est dans cet esprit de dépendance à la volonté divine que nous consacrerons, avec la bénédiction du père Long, la Chapellenie de Rolleboise, le dimanche 24 mai prochain.
Nous affirmons, éclairés par le message de Jeanne, que le Christ, Roi règne sur nous, sur la nation , sur le « royaume de France »,

Nous refusons en conséquence le programme de la Révolution et ses violences, mais surtout son apostasie, la plus grande des violence, par elle, imposée à la France. Le crime capital, que nous refusons, c’est son athéisme, sa laïcisation. Cet athéisme, cette laïcisation c’est un reniement de ce qu’est la France. C’est usurpation politique, car, là, plus qu’ailleurs, le Christ possède des droits historiques imprescriptibles. C’est le message de Jeanne qui nous l’enseigne. Nous ne voulons pas la laïcisation des tribunaux, des hôpitaux, des écoles. Nous ne voulons pas le divorce, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, mais une légitime subordination, coopération. Nous voyons dans cette Révolution dite française et son idéalisme, un radicalisme destructeur. Au « nolumus hunc regnatre super nos », nous répondons, dans la fidélité à Sainte Jeanne d’Arc « volumus hunc regnum », le Règne du Christ. Nous dressons notre regard vers le Roi desC ieux. Et nous confessons qu’en Lui est le salut de la France.

C’était le 10 mars 1431. Le gouverneur anglais et l’évêque Cauchon, effrayés par les victoires de la Pucelles, voyant le saint royaume leur échapper, veulent à tout prix connaître le « signe » miraculeux donné par Jeanne à Charles VII. Ces juges s’en vinrent donc trouver Jeanne dans sa prison pour un ultime interrogatoire, le 7 ème de son douloureux procès. On vit alors Jeanne développer ce « signe ». Il est bel et honorable, il est bon et le plus riche qui soit au monde…Il n’y a pas homme qui puisse décrire chose aussi riche que le signe…Un ange, de par Dieu et non pas un autre, bailla le signe.
-Le signe dura-t-il encore ? lui dirent-ils
-Il est bon à savoir qu’il durera mille ans et plus »
Penchés vers elle, à la fois inquiets et hostiles mais pensant enfin lui arracher son secret, ils ajoutent : « où est le signe ?
-De son doux parler de femme, elle répondit :
« le signe est au trésor du Roi ».
Le Roi ! C’est Notre Seigneur, « Fils de sainte Marie ».
Il en sera toujours ainsi.