Paroisse saint Michel au 12 juin 2009

Semaine du 7 au 13 juin 2009

 

De la fête des mères.

Et des familles nombreuses

 

 

Prédication pour le premier dimanche après la Pentecôte.

 

 

Vive les mères de famille !

Vive les familles nombreuses !

 

La fête des mères, en ce dimanche, me pousse à vous parler de la mère de famille et de la famille, des familles nombreuses.

 

De la mère de famille…La maternité est une belle et grande chose. La mère de famille est « ciboire de vie » : elle est première éducatrice de l’enfant. Elle est par son être et son savoir, « le paradis de l’enfant », « la joie de l’enfant ».

 

Et elle exerce ce rôle éminent dans la famille. Aussi ai-je voulu chercher l’enseignement de Pie XII sur la famille chrétienne.

Il s’est exprimé de nombreuses fois sur ce sujet mais tout particulièrement le 20 janvier 1958 alors qu’il recevait les « membres du Conseil exécutif de la fédération italienne des Associations des familles nombreuses ». C’est cet enseignement que je voudrais vous donner.  Pie XII est, vous le verrez, à la fois docteur et poète.

 

Il affirme tout de suite que les familles nombreuses… « sont bénies davantage par Dieu ». Ce sont celles, dit-il, qui sont « chéries et estimées par l’Eglise comme ses plus précieux trésors ».

 

Et pourquoi donc ? Pourquoi sont-elles « plus chéries et estimées par l’Eglise » ?

Pourquoi sont-elles comme ses plus « précieux trésors » ?

 

Parce qu’elles attestent « la santé physique et morale du peuple chrétien »

Parce qu’elles attestent « la vive foi en Dieu et en sa sainte Providence »

Par ce qu’elles attestent « la sainteté féconde et heureuse du mariage catholique ».

 

Voilà, pour Pie XII, les trois raisons de la plus spéciale estime que l’Eglise porte aux familles nombreuses.  Et Pie XII va expliquer chacun de ces points.

 

Face aux familles nombreuse et à leur développement, se dresse, il est vrai, dit Pie XII, «  l’égoïsme du monde moderne paganisant ». Ce monde considère « la fécondité des mariages » comme « une maladie sociale ». Aussi faudrait-il que les nations qui en sont atteintes, s’en guérissent par tous les moyens. Et c’est de là, de cette préoccupation égoïste et malthusienne que jaillit  la propagande de ce qu’on appelle le « contrôle rationnel des naissances ». Ce contrôle est, aujourd’hui, soutenu, vous le savez par des personnes et des organisations mondiales, des organisations politiques et des puissances pharmaceutiques, en mal de gain. Ces organismes sont « coupables  d’égoïsme individuel et social ».

Face à cet égoïsme, il faut faire effort, dit Pie XII, pour « répandre la conviction, basée sur la vérité, que la santé physique et morale de la famille et de la société ne se protège qu’en obéissant généreusement aux lois de la nature, c’est-à-dire du Créateur, et, avant tout en nourrissant pour elles un intime respect sacré ».

Voilà exprimée la loi fondamentale que doivent garder les parents. Je répète : « avoir un intime respect sacré des lois du Créateur » ; « avoir un sincère volonté de laisser le Créateur accomplir librement son œuvre » ; « rejeter sans ambages tout compromis intentionnel entre la loi de Dieu et l’égoïsme de l’homme »

Ce qui suppose que les époux soient « promptes à accepter avec joie et reconnaissance les dons inestimables de Dieu que sont les enfants aussi nombreux qu’Il lui plait ».

 

Cette disposition d’esprit, dit Pie XII, libère les époux « de cauchemars et remords intolérables », mais surtout assure, et Pie XII s’appuie, là,  sur l’avis du corps médical,  « les prémisses psychiques les plus favorables pour un sain développement des fruits propres au mariage ».

 

Et pour conclure cette idée, Pie XII affirme joliment : « Toujours et partout, le bon sens populaire a vu dans les familles nombreuses, le signe, la preuve, la source de la santé physique tandis que l’histoire ne se trompe pas quand elle indique l’altération des lois du mariage et de la procréation comme la première cause de la décadence des peuples ».

Ainsi, les familles nombreuses, loin d’être « la maladie sociale », sont «  la garantie de la santé physique et morale d’un peuple ».

 

Et vous Mères et Pères de famille, vous aimerez entendre cette belle phrase de Pie XII concluant cette idée : « Dans les foyers où il y a toujours un berceau d’où s’élèvent des vagissements, les vertus fleurissent spontanément, tandis que le vice s’éloigne, comme chassé par l’enfance, qui s’y renouvelle ainsi qu’un souffle frais et vivifiant de printemps ».

 

Et voilà pourquoi la patrie doit avoir pour vous « gratitude » et «  prédilection » Et quant à l’Eglise, « sachez qu’elle vous est reconnaissante de pouvoir grâce à vous et avec vous présenter à l’action sanctifiante de l’Esprit divin des foules d’âmes de plus en plus saines et nombreuses ».

 

La famille nombreuse est aussi signe d’une foi profonde et d’une belle confiance en la Providence. Il ne peut en être autrement, dit Pie XII. Et c’est pourquoi il identité familles nombreuses et familles chrétiennes : « Seule la lumière divine et éternelle du christianisme illumine et vivifie la famille de telle sorte que, soit à l’origine, soit dans le développement, la famille nombreuse est souvent prise comme synonyme de famille chrétienne ».

 

Et là, Pie XII a des expressions formidables, toutes à l’honneur du père et la mère de famille.

« Le respect des lois divines, leur a donné (à l’un et à l’autre) l’exubérance de la vie »

De plus, « la foi en Dieu (leur) a fourni la force nécessaire pour affronter les sacrifices et les renoncements qu’exige l’éducation des enfants ». Ajoutons également l’attrait des joies intimes de la vie familiale. Et vous avez là,  les trois raisons des familles nombreuses, familles qui sont comme autant des « sanctuaire visibles ». L’expression est de Pie XII qui l’explicite de cette manière sublime : « Extérieurement aussi, une famille nombreuse bien ordonnée est comme un sanctuaire visible : le sacrement du baptême n’est pas pour elle un événement exceptionnel, mais renouvelle plusieurs fois la joie et la grâce du Seigneur. La série des joyeux pèlerinages aux fonts baptismaux n’est pas encore terminée que commence, resplendissante d’une égale candeur, celle des confirma tuions et des premières communions. A peine le plus petit des enfants a-t-il déposé son petit vêtement blanc parmi les plus chers souvenirs de sa vie qu’apparaît déjà le premier voile nuptial, qui réunit au pied de l’autel parents , enfants et nouveaux parents. Comme des printemps renouvelés, d’autres mariages, d’autres baptêmes, d’autres premières communions se succéderont, perpétuant pour ainsi dire dans la maison des visites de Dieu et de sa grâce ».

 

De plus, les familles nombreuses, du moins les parents, mettent en la Providence divine toute leur confiance. Et cette confiance est bien fondée, nous dit Pie XII. Ecoutez ! « Dieu ne refuse pas les moyens de vivre à celui qui appelle à la vie ».

 

Et face à cette Providence divine qui veut la vie… « Croissez et multipliez vous »…le problème du soi disant « surpeuplement de la terre » est un leurre. Pie XII dit qu’il est « déraisonnablement redouté ». En effet « avec le progrès technique, avec la facilité des transports, avec les nouvelles sources d’énergie dont on a tout juste commencé à recueillir les  fruits, la terre peut promettre à tous ceux qu’elle accueillera la prospérité pendant longtemps encore ». Et le pape de conclure sur ce problème : « le surpeuplement n’est pas une raison valable pour diffuser les méthodes illicites du contrôle des naissances, mais plutôt le prétexte pour légitimer l’avarice et l’égoïsme soit des nations  qui redoutent l’expansion des autres comme un danger pour leur propre hégémonie politique et un risque d’abaissement de leur niveau de vie, soit des individus qui préfèrent la plus large jouissance des biens de la terre à l’honneur et au mérite de susciter de nouvelle vie ».

Ainsi en raison de cette crainte illégitime du surpeuplement, on en arrive à violer les lois certaines du Créateur.

 

Le développement des thèses du « surpeuplement »  engendre, nous venons de le dire, la crainte et l’irrespect des lois divines, mais  aussi, et  plus fondamentalement encore, est l’occasion, pour le politique mondain, de se dresser contre Dieu lui-même incapable, soit disant, de diriger harmonieusement le cours des choses.

Alors Pie XII prend-il en main la  défendre de l’honneur de la Providence. « Par un ensemble de lois, dit-il,  toutes dirigées contre la création, contre la vie on voudrait corriger les erreurs imaginaires de la Providence. »

« Il serait plus raisonnable et utile que la société moderne s’appliquât plus raisonnablement et universellement à corriger sa propre conduite, en supprimant les causes de la faim dans les régions sous développées ou surpeuplées par une utilisation plus diligente dans des buts de paix des découvertes modernes, par une politique plus ouverte de collaboration et d’échange, par une économie plus prévoyante et moins nationaliste, surtout en réagissant contre les suggestions de l’égoïsme par la charité et de l’avarice par l’application plus concrète de la justice ».
Ecoutez encore cette conclusion « Dieu ne demandera pas compte aux hommes du destin général de l’humanité, qui est de sa compétence ; mais des actes individuels voulus par eux conformément ou en opposition aux préceptes de la conscience ».

Cet argument est à retenir non seulement face aux théories fausses du « surpeuplement », mais aussi du soi-disant « réchauffement de la planète ».

 

Quant à vous, Parents, ne doutez pas de l’assistance quotidienne de la Providence. Face au monde, sachez porter votre beau témoignage de l’amour de la vie..

Et n’oubliez pas que « les familles nombreuses sont les corbeilles les plus splendides du jardin de l’Eglise, dans lesquelles, comme sur un terrain favorable, fleurit la joie et mûrit la sainteté ».Tout noyau familial est comme « un oasis de sérénité ».

 

Les parents entourés « d’une vigoureuse floraison de jeunes vies » connaissent finalement « grande sérénité d’esprit ».

« Leur jeunesse – celle des parents -  ne semble jamais passée tant que dure dans la maison le parfum des berceaux, tant que les parois domestiques retentissent des voix argentines des enfants et des petits enfants…Les fatigues multipliées, les sacrifices redoublés, les renoncements à des divertissements coûteux sont largement compensés, même ici bas, par l’abondance inépuisables d’affections et de douces espérances qui assaillent leurs cœurs sans toutefois les opprimer ni les lasser ».

De leur côté, les nombreux enfants ignorent l’ennui de la solitude et le malaise d’être contraints à vivre au milieu des plus grands. – Même si cela peut être cause de plus grande culture – On me le fit remarquer après la prédication. Je  reçois volontiers. Mais il reste vrai, que la famille nombreuse forme les caractères.  Pie XII le reconnaît dans une belle phrase : «Il est vrai  que leur nombreuse compagnie peut se transformer  parfois en une vivacité fastidieuse et leurs disputes en tempêtes passagères ; mais quand celles-ci sont superficielles et de brève durée, elles concourent efficacement à la formation de caractère. Les enfants de familles nombreuses s’éduquent pour ainsi dire eux-mêmes à la vigilance et à la responsabilité de leurs actes, au respect et à l’aide mutuelle, à la largesse d’esprit et à la générosité. La famille est pour eux le petit monde où ils s’exercent, avant d’affronter le monde extérieur, plus ardu et plus astreignant ».

 

Enfin l’histoire nous montre que les familles nombreuses sont souvent les berceaux de saints. Ainsi de la famille de saint Louis, roi de France, composée de dix enfants ; de la famille de sainte Catherine de Sienne, de vingt cinq ; de saint Robert Bellarmin, de  douze, de saint Pie X, de  dix.. C’est dire que la famille nombreuse n’empêche pas la bonne éducation. Au contraire, elle l’assure. Le nombre ne se tourne pas au désavantage la qualité. Et souvent les vocations sacerdotales, la vie consacrée jaillissent dans de telles familles.

Vive les mères de famille.

Vive les familles nombreuses.

Amen