Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 11 au 18 juillet 2009


 


Prédication pour le 6ème dimanche après la Pentecôte.
La sainte Eucharistie et la sainteté dans l’Eglise.


MBCF,

L’Eglise nous donne à méditer aujourd’hui le beau récit de la multiplication des pains. Les Pères de l’Eglise ont toujours vu dans ce récit une figure de la Sainte Eucharistie, sainte Eucharistie qui est la raison du sacerdoce, qui est au principe de sa sainteté ainsi que de celle des fidèles.

Aussi je voudrais, en ce dimanche de cette année sacerdotale, rappeler les principes de la vie chrétienne à la lumière du sacrement de la Sainte Eucharistie. J’affirme que c’est en contemplant la sainte Eucharistie, cette « hostie blanche », « cette hostie sainte, immaculée, sans tache » que le chrétien trouve, de fait, les principes de la sainteté et marche royalement vers le Ciel.

La Sainte Eucharistie nous apprend, même dès le plus jeune âge, la notion de respect et de piété car l’Eglise nous enseigne qu’elle renferme « toute sainteté », mieux qu’elle contient « l’auteur même et le principe de toute Sainteté », NSJC. (Cat du Concile de Trente) Dès lors tous les honneurs lui sont dus. Et voilà l’enfant, dès l’âge de 7 ans, porté à l’adoration, à la piété, au respect. Et ce sont là, du reste, les trois piliers de la sainteté, de tout ordre et même de toute civilisation.

De plus, la Sainte Eucharistie nous apprend également la notion de charité. Charité dans la vérité qui est aussi au coeur de toute civilisation, de toute sainteté, de tout progrès véritablement humain, comme nous le rappelle tout récemment encore Benoît XVI dans son Encyclique « Caritas in veritate ». Les saints excellent dans la charité. L’Eucharistie, en effet, est bien en toute vérité la manifestation la plus sublime de la charité du Christ. Voici ce que l’Evangile nous rapporte : « le Seigneur ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13 1) et pour leur donner un gage tout à fait divin et admirable de cet amour, sachant que l’heure était venue pour Lui de passer de ce monde à son Père, Il employa pour être toujours avec les siens, un moyen incompréhensible, extraordinaire : la Sainte Eucharistie. Après avoir célébré la Pâque, Il prit du pain puis rendant grâces à Dieu, Il le bénit, le rompit, le donna à ses disciples et leur dit : prenez et mangez ceci est mon Corps qui sera livré pour vous. Faites ceci en mémoire de moi. Ensuite Il prit pareillement la coupe, après avoir soupé et Il dit : « ce Calice est le nouveau testament de mon sang. Toutes le fois que vous le boirez, faites le en mémoire de moi ». L’Eucharistie qui est le sacrement de la Charité nourrit en notre cœur, la charité Elle nous porte à la sainteté. Ainsi en notre cœur, nulle violence, nulle méchanceté, mais bien au contraire, bonté, douceur affection, attention…C’est que l’Eucharistie-Charité est la nourriture de mon âme et façonne ainsi mon âme. Ce n’est pas une question de bonté naturelle, innée à ma nature. C’est l’Eucharistie-Charité qui m’élève à cette hauteur…à la Charité du Christ.

Mais il faut ajouter aussi que l’Eucharistie nous apprend à vivre dans l’action de grâces vis-à-vis de Dieu. C’est le sens même du mot : « Eucharistia » ; mot que nous pouvons traduire en français par « grâce par excellence » ou « action de grâces ». Mais oui ! L’Eucharistie est cette grâce excellente parce qu’elle figure la « Vie éternelle »….Comme le dit Saint Paul aux Romains (6,23) : « La grâce de Dieu est la vie éternelle ». Mais, de plus, parce que l’Eucharistie contient Jésus-Christ qui est le principe de tous les bienfaits de Dieu, nous apprenons à rendre tous les jours d’infinies actions de grâces au Seigneur pour tant de merveilles. Et c’est ainsi que l’enfant, en recevant la Sainte Eucharistie, apprend, lui aussi, dès le plus jeune âge, à rendre grâces à Dieu, à le remercier. Il confesse ainsi la grandeur de Dieu, sa Toute Puissance. Il sait que Dieu entoure l’homme de ses plus grandes bienveillances. La preuve : la Sainte Eucharistie. Comme David, l’enfant chante alors devant la sainte Eucharistie : « le Seigneur, le Dieu de bonté et de miséricorde a perpétué la mémoire de ses merveilles ». Et cette disposition du cœur de l’enfant de chanter les merveilles de Dieu s’exprime particulièrement dans le chant viril de la promesse des scouts qui est pour nous un chant de chrétienté.

Mais l’Eucharistie est aussi « Communion », en ce sens qu’elle nous unit à Jésus-Christ en nous faisant participer à sa chair et à sa divinité. Elle nous rapproche, elle nous unit en Lui pour ne plus faire de nous tous qu’un seul corps. Voilà où se fonde la vraie fraternité, la véritable unité : dans l’Eucharistie. Elle réalise cette unité. Mais elle la symbolise aussi puisque l’Eucharistie est faite - quant à sa matière, le pain – d’une multitude de grains unis. Le pain est fait d’une multitude de grains. Ils nous rappellent donc très bien que si nombreux que nous soyons, le mystère divin de l’Eucharistie nous unit par le lien le plus étroit et fait de nous tous comme un seul corps. L’Eucharistie nous apprend ainsi le vrai sens de la fraternité. Tous les grains sont unis parce qu’assimilés au tout qu’est le pain. S’ils sont assimilés, c’est d’abord parce qu’ils sont assimilables. Toute autre unité est un leurre ou une subversion, celle que nous paierons prochainement très cher par la trahison de nos politiques.

Le sacrement de l’Eucharistie est le sacrement de l’unité, venons nous de dire. C’est pourquoi on peut justement appeler l’Eucharistie, le sacrement de la paix et de la charité. « Et ces mots nous font comprendre combien sont indignes du nom de chrétiens ceux qui entretiennt des inimitiés les uns contre les autres et avec quel zèle nous devons bannir loin de nous les haines, les dissensions et les discordes qui sont une peste si terrible ; d’autant que par le sacrifice quotidien de notre Religion, nous protestons hautement que nous voulons avant tout conserver la paix et la charité » (C du Cde T p 2005)

Nous entendrons bientôt, en cette messe, les paroles de la consécration : « Ceci est mon Corps », « Ceci est le calice de mon sang, le sang de la Nouvelle et Eternelle alliance, le mystère de la foi, qui sera versé pour vous et pour plusieurs pour la rémission des péchés ». Et nous savons que ces termes expriment les effets admirables du sang de Jésus-Christ répandu dans sa Passion.
Or le premier de ces effets, c’est l’accès à l’héritage éternel auquel nous donne droit l’Alliance nouvelle et éternelle scellée en le Sang du Christ-Jésus. Voilà pourquoi saint Paul a écrit : « Jésus-Christ, le Médiateur du Nouveau Testament, … par sa mort, ceux qui sont appelés, reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis » (Hb 9 13) Cet héritage éternel nous est échu par le droit que nous confère la mort, le sang de Jésus Christ, notre testateur éternel.
Mais NSJC s’était Lui aussi exprimé sur cette vérité dans ce fameux texte de Saint Jean au chapitre VI : « En vérité, en vérité, je vous le dis si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui…Celui qui mange de ce pain vivra éternellement » (Jn 6 53-58)
Et c’est ainsi cette Eucharistie qui fonde la joie chrétienne, joie chrétienne qui se nourrit d’éternité. C’est cette éternité promise qui est le soleil de l’âme chrétienne. Elle l’illumine. Ainsi ne marche-t-elle pas dans les ténèbres. Elle la réchauffe. Aussi est-elle réconfortée dans les souffrances. Et c’est pourquoi l’Eucharistie, fondamentalement, est au cœur de la cité. Elle est principe de vie…Et le monde se meurt parce qu’il se prive de ce qui peut seul, lui donner vie et joie : l’Eucharistie.

Et l’on se souvient aussi que l’Eucharistie est par excellence le mystère de la foi - « Mysterium fidei »- mots que le prêtre prononce sur le calice, - ces deux mots nous disent qu’il faut admettre, en ce sacrement, un effet caché et infiniment éloigné de la portée de nos yeux : le sang du Christ. C’est par la foi que nous voyons le sang de NSJC caché sous les apparences du vin. Voilà un des sens du Mysterium fidei. Mais c’est aussi par la foi que nous voyons dans l’Eucharistie, dans la double consécration et sur le pain et sur le vin, la vérité de la Passion et de la mort de NSJC. En effet cette mort nous est représentée par le sacrement de son sang et c’est pourquoi on ajoute tout de suite après : « Qui sera répandu pour la rémission des péchés ». « Le sang consacré séparément du pain possède beaucoup plus de force et d’efficacité pour mettre sous les yeux de tous, la Passion de NSJC, sa mort et la nature de ses souffrances »

Et c’est ainsi que l’Eucharistie nourrit particulièrement la foi des fidèles. Mais c’est le grand principe de la sainteté. Elle l’excite, comme elle excite notre raison. Je veux dire qu’elle l’appelle à la confession et à la docilité, à la confession de la Toute Puissance de Dieu….à la docilité de l’esprit s’en remettant à la Sagesse de Dieu. Confesser de la Toute Puissance de Dieu, obliger la raison à s’incliner devant la parole de Dieu….voilà d’excellents « habitus » propres à créer toute noble civilisation. S’effacer devant la Toute Puissance de Dieu : voilà encore un autre pilier nécessaire à toute civilisation, à toute sainteté.

« Pour vous et pour plusieurs » poursuit le prêtre dans la formule de la consécration du vin. Ce sont là de merveilleuses paroles mais aussi terribles et même provocantes. Ces mots servent à exprimer les fruits de la Passion du Christ. Si vous en considérerez la vertu et l’efficacité, vous êtes obligés d’avouer que le sang du Seigneur a été répandu pour le salut de tous. Merveille! Mais si vous en examinez les fruits que les hommes en retirent, il est évident que plusieurs seulement et non pas tous, en profitent. Voilà pourquoi le Christ n’a pas dit « pour tous » car la Passion ne procure le salut que pour les élus seulement. Et c’est ici que l’on comprend le côté dramatique de ces quelques mots. Ils nous poussent alors à l’élan missionnaire : que le plus grand nombre puisse jouir des bienfaits de la vie éternelle. Voilà ce qui soutient l’élan missionnaire de l’Eglise, de ses prêtres et de ses saints et des Apôtres, hier, et de leurs successeurs aujourd’hui : « Que le plus grand nombre puisse jouir du Bon Dieu par la prédication de la Passion du Christ et de sa sainte Messe ». Ainsi il n’y a pas de sainteté sans élan missionnaire. Allez demander à la petite sainte de Lisieux ce qu’elle en pense. Elle vous le confirmera. Amen.