Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

Membre de la FSSPX

06 80 71 71 01

 

 

Semaine du 25 janvier 2004 au 31 février 2004

Troisième dimanche après l'Epiphanie

 

Bonne et Sainte Année 2004 à tous

Aux nouveaux paroissiens de Saint Michel

Que le Bon Dieu vous protège

Et que tous justifiés par la grâce divine

Grandissions dans l'espérance joyeuse de la vie éternelle.

 

Présentation

La Providence permettant que je sois, pour l’instant, libre de toutes responsabilités paroissiales et en attendant  de retrouver un apostolat plus traditionnel, j’ai imaginé lancer cette initiative : la création d’une paroisse catholique sur la « toile ».

 

Pourquoi pas ?

 

Certes je ne pourrai donner les sacrements. Je pourrai toutefois donner l’enseignement classique que tout curé doit donner. Tous les dimanches, je vous enverrai une homélie, comme tout curé doit le faire auprès de ses paroissiens. Avec cette homélie, vous recevrez une leçon de catéchisme, comme tout curé doit encore faire. Il y aura deux leçons : une leçon de dogme et une leçon de morale. Je puiserai à la meilleure des sources : Saint Thomas. J’utiliserai le résumé du Père Pégue O .P., si louangé par Saint Pie X, et pour ceux qui seront un peu plus curieux, je joindrai les commentaires qu’il fait de la somme de Saint Thomas. Il suffira de cliquer sur la question de la somme, alors, vous apparaîtra  le commentaire du Révérend Père.

 

Enfin, il n’existe pas de vraie paroisse sans  annonces. Elles seront constituées, entre autres, de quelques nouvelles romaines.

 

Chaque semaine, il y en aura aussi pour vos enfants.  Il n’y a pas, il est vrai, de paroisse sans enfants, surtout dans le milieu de la Tradition. Je vous adresserai alors les chapitres de la « Miche de Pain ». Il vous sera loisible alors de faire travailler gentiment vos enfants, le dimanche après midi, au lieu de les laisser devant la Télévision des heures entières, pendant que les grandes personnes discutent doctement, du moins dans les familles bourgeoises. Je commencerai avec la première année. C’est charmant et frais de présentation. Dans mon enfance, j’y ai passé des heures à regarder les images et lire les textes. Vous ne trouverez pas mieux, avec les dessins originaux. Un peu vieillot.  Ce qui en fait la fraîcheur.

 

Je tiendrai également des permanences régulières. Il suffit que vous m’adressiez vos questions par é-mail, je vous répondrai comme si vous étiez devant moi, aussi vite. Et si je suis débordé par l’importance de vos questions, je saurai me faire aider. Croyez-moi. Vous avez en page de garde mon émail. Alors n’hésitez pas ! Vous ne serez pas obligé de vous déplacer pour consulter. Ce sera toujours du temps  gagné. C’est important. Je vous assure la confidentialité de l’affaire !

 Une boite de dialogue sera installée en bas de page, en fin de chapitre. Il vous suffira, là aussi, de « cliquer » pour manifester vos réactions : critiques et encouragements, et surtout suggestions.

 

Le curé de cette paroisse virtuelle , c’est Monsieur l’abbé Paul Aulagnier. Vous devez connaître ! Si l’expérience marche. Je saurai, vous dis-je, m’entourer de vicaires, de bons.

 

Abbé Paul Aulagnier

 

 

 

Sommaire

 

3° Dimanche après l'épiphanie

 

« L’Eglise, dans sa liturgie dominicale, cherche à éduquer le peuple de Dieu – c’est une des finalités de la Liturgie – lui inculquant ses propres sentiments dont elle vit, avec passion.
Remarquez que les dimanches, qui suivent le deuxième dimanche de l’Epiphanie, ont même Introït, même Graduel, même Alléluia, même Offertoire et même Communion.
Or le premier mot de l’Introït de ces messes est : « Adorate Deum » L’Eglise veut ainsi exprimer une idée forte : elle chante son adoration à Dieu. Elle exulte d’admiration et acclame son Seigneur : « Adorate Deum ». C’est la note dominante de la « spiritualité » de ces messes. C’est ce que l’Eglise veut, entre autres, nous dire.
« Adorate Deum, omnes Angeli eius ». « Anges du Seigneur, adorez le Seigneur».
« Dominus regnavit, exultet terra ». IL est le Roi. Il est le Maître, le Créateur de l’univers. La terre exulte de joie. « Que se réjouisse la multitudes de îles ». « Laetentur insulae multae ».
Le chant de l’Offertoire est plus sublime encore. Ce chant n’exprime pas seulement la gloire du Seigneur. Ce n’est pas seulement sa Puissance, manifestée dans sa création qui est magnifiée, qui est louée : « laetentur insulae multae ».
Mais cette fois, c’est le mystère de la Rédemption qui est considéré et qui est la raison de l’action de grâces du peuple : « La droite du Seigneur (i.e. sa Puissance) a fait des prodiges, la droite du Seigneur m’a sauvé « exaltavit me », « Non, je ne mourrai pas, je vivrai, et je publierai les œuvres du Seigneur ».
Et c’est ainsi que, par ses actions de grâces, ses chants d’acclamation, ses chants qui publient les merveilles du Seigneur, l’Eglise exprime son amour pour son Seigneur et Maître.

Voila, vous dis-je, les sentimens de l’Eglise contemplant les œuvres du Seigneur : la création et la rédemption. Raisons de son amour et de son chant de grâces.

A notre tour, en ce dimanche, essayons de pénétrer dans ces sentiments.

Essayons d’en comprendre les raisons.

Et pour ce faire, inspirons-nous de Saint Bernard, de son petit traité merveilleux de « l’amour de Dieu ».

Dans ce petit traité, Saint Bernard a cette phrase extraordinaire, tout au début :
« Je ne saurais trouver d’autre motif d’aimer Dieu (et de le glorifier) que Dieu Lui-même ».

Ce qui veut dire que Dieu est en lui-même la raison de mon amour et de mon action de grâces, de mon chant de gloire. Parce que Dieu est ce qu’Il est, je dois, en toute justice, l’aimer sans mesure, le glorifier et chanter son nom. Dieu est tel que je dois l’aimer et le glorifier. Ainsi, plus je connais Dieu, plus je rentre dans la connaissance du mystère de Dieu, c'est-à-dire plus je connais ce qu’est Dieu, qui est Dieu, plus je me dois de l’aimer et de l’adorer et de le louer

Ainsi je sais que Dieu est créateur.

A ce titre je dois l’aimer, le louer, lui rendre grâces.

Il est Seigneur et Maître de toutes choses.

Il a droit à ma louange. « Dominus regnavit, exultet terra ».

Je confesse que Dieu est Créateur. « Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du Ciel et de la Terre ».

Je confesse le nombre infini de ses bienfaits, des bienfaits divins « Dextera Domini fecit virtutem », alors je l’adore.

Saint Bernard fait lui aussi ces considérations : « Nul autre que Dieu ne nous dispense les aliments dont nous nous nourrissons. La lumière qui nous permet de voir, l’air qui nous permet de vivre… »

Nul autre que Dieu n’a jeté dans l’existence, dans le « firmament », le soleil et la lune, les étoiles et le Ciel, la terre et sa beauté, la terre et ses semences, la terre et le ciel, le ciel et les oiseaux du Ciel, la lumière qui me permet d’admirer la créature, la nuit qui me permet de prendre quelque repos, le silence de la nuit qui permet aux contemplatifs d’aimer Dieu, de s’unir à Lui, de le contempler dans son cœur, et le temps qui me permet de grandir, de me parfaire, de mériter de faire pénitence et d’aimer un jour pour toujours.
Et tout cela, déjà merveilleux, l’atome, l’infiniment petit, l’infiniment grand.Tout cela relève de la puissance de Dieu. Mieux. De la bonté de Dieu.
Mais qu’est-ce que tout cela, s’exclamera Pascal, par rapport à la « pensée », par rapport à « l’intelligence », par rapport au « « cœur humain, par rapport à l’affection.

C’est Dieu qui me donne cette « intelligence » et ce « libre arbitre » qui fait ma noblesse, ma grandeur, ma supériorité sur le monde animal et qui me permet de le dominer, de l’exploiter, de le cultiver, de le maîtriser – ce qui fait, soit dit en passant, la beauté de la « corrida », la supériorité de la finesse sur la bête, la brute, sur la seule force.

« Libre arbitre » qui me permet d’inventer, de découvrir, d’organiser, de lutter et de vaincre.

« Libre arbitre » qui me donne cette dignité qui, comme le dit Saint Bernard « me vaut d’être non seulement placé au dessus des autres créatures vivantes, mais encore d’avoir sur elles, le droit de commander ».

« Libre arbitre », « intelligence » qui me permet, comme le dit encore Saint Bernard « de discerner cette dignité éminente ». Dignité éminente qui me vient de Dieu, qui est même le grand bienfait de Dieu et qui fait que j’en puisse remercier le Créateur.

Et c’est ce que veut dire Saint Bernard, lorsqu’il écrit, sur cette dignité éminente de l’homme : « dignité éminente, pouvoir qui ne peut avoir son origine en soi-même, mais seulement en Dieu ».

Comment ce qui n’est rien par lui-même, pourrait-il se donner à lui-même cette dignité. Elle me vient d’un autre. Et cet autre est Dieu qui est la dignité même, substantielle. « La dignité est en nous, écrit Saint Bernard, mais ne provient pas de nous ».
Aussi j’adore. J’en adore l’Auteur. Je le remercie.

On pense ici spontanément à la phrase de Saint Paul :
« Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur »

Et c’est là ma dignité.

Pouvoir reconnaître que je ne suis rien, par moi-même et que toute cette dignité qui me permet de comprendre cela, me vient de Dieu.

Jaillit, alors, spontanément, dans notre cœur, cette autre phrase de Saint Paul : « qu’as-tu que tu n’ais reçu et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifier comme si tu ne l’avais pas reçu ».

Et comme je l’ai reçu, j’adore le bienfaiteur pour le bienfait donné.

Et c’est alors seulement que cette dignité « ontologique », constitutive de ce que je suis, devient « dignité morale », dignité dans l’agir. Et dès lors, n’est véritablement grand et estimable –finalement – que celui qui respecte ce qu’il est et agit en conformité, utilisant sa dignité d’être intelligent et libre pour glorifier son Seigneur et Maître et nullement pour se dresser contre Lui et conspirer contre ses bienfaits.

Et Saint Bernard le proclame : « Il est donc bon que vous sachiez et ce que vous êtes et que vous ne l’êtes pas par vous-même sinon vous risqueriez ou de ne pas vous glorifier du tout ou de vous glorifier vainement ».

Si je m’attribue ma propre dignité comme venant de moi-même, je me glorifie vainement. Je me gonfle d’orgueil. Je vis dans l’injustice à l’égard du Créateur. Je m’aime moi-même oubliant mon Créateur, mon Bienfaiteur. Je vis dans la présomption. Et je tire vanité des biens qui ne sont pas miens, qui ne m’appartiennent pas. Je m’arroge l’honneur qui, pourtant, de soi, n’en revient qu’à Dieu. C’est l’occasion de dire avec Saint Paul ce qu’il disait des Romains « Je garde captive la vérité dans mon cœur ». Je vis dans l’injustice à l’égard de mon Seigneur et Maître. « C’est une usurpation au détriment de Dieu ». C’est une « arrogance » pernicieuse puisqu’elle me conduit à mépriser Dieu. Ce qui est le plus grand des péchés.

Saint Bernard écrit : « User d’un bien reçu comme s’il était inhérent à ma nature et accepter ce bienfait –« le libre arbitre »- en s’arrogeant un mérite qui appartient au bienfaiteur, c’est l’orgueil le plus grand des péchés ». C’est à proprement parler, « oeuvre satanique ». L’expression est de Saint Bernard !

Non ! Non ! Non ! O mon âme ! Recherche et possède durablement Celui à qui revient le mérite de tous biens, puisqu’il en est l’unique auteur et le dispensateur. Ne revendique rien de ce que tu es, mais attribue tout à Dieu, à ce nom béni, de qui tout provient. Et aime ainsi Dieu pour lui-même en tant qu’il est Créateur de tout bien, corporel et spirituel.
Oui ! La simple méditation de ce qu’est Dieu-Créateur de toutes choses m’oblige à glorifier Dieu, à lui rendre grâces, à chanter d’allégresse, manière d’exprimer mon amour et d’aimer Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute mon intelligence. Car la justice m’oblige à aimer de tout mon être, « Celui auquel je sais être redevable de tout ce que je suis ».

« Je ne saurais trouver d’autre motif d’aimer Dieu qui lui-même », nous dit Saint Bernard.

Si je laisse la notion de Créateur, pour m’élever à celle de Rédempteur, comme m’y invite le chant de l’Offertoire de cette messe: « Dextera Domini exaltavit me : non moriar sed vivam, et narrabo opera Domini »…alors les raisons d’aimer Dieu sans compter, sont encore plus évidentes et mon cœur encore plus ardent. Je connais même alors ce que Saint Bernard appelle « les aiguillons de l’amour » dans son Commentaire sur le « Cantiques des Cantiques ».

« Lorsque je vois le Fils unique du Père portant sa croix, lorsque je vois le Dieu de Majesté couvert de plaies, et souillé de crachats, l’auteur de la vie et de la gloire cloué au bois, percé d’un coup de lance, saturé d’opprobres et qui donne enfin pour ses amis, son âme tant aimée, alors le glaive de l’amour me transperce le cœur » ;

Oui il est bon. Il est doux « en ce temps de l’absence », comme le dit Saint Bernard - c’est-à-dire, en ce pèlerinage terrestre à la différence du « temps de la présence » qu’est la vie éternelle, la possession de Dieu lui-même – de méditer cela.

Car cette méditation a sur l’âme le meilleur des effets.

« Quel est, dis-je, l’effet de cette contemplation attentive, sinon d’arracher l’âme à tout amour pervers, de la ravir merveilleusement, de se l’attacher avec violence et de lui inspirer le mépris de tout ce qui ne peut être désiré qu’au détriment de ces biens supérieurs » ?

Et alors, « à se voir tant aimée, elle croit aimer bien peu, même si elle est toute donnée à l’amour ».

Dans cette méditation, elle comprend que la suprême majesté a pris les devants –« prior dilexit nos »- et qu’elle apparaît toute consacrée à opérer ce salut de mon âme. Et avec quelle passion et avec quelle véhémence ! Car enfin « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique »(Jn 3 16).

Dieu aime donc. Et Il aime de tout son être. Et il aime gratuitement. Il s’est donné à nous sans que nous l’ayons aucunement mérité. Il nous aime le premier.
Il est donc digne d’être aimé en retour.
Surtout si je comprends bien « qui est Celui qui aime. Qui sont ceux qu’Il aime et combien Il les aime ».

Mais Qui est-il donc ? Il est celui qui est. Il est l’immense,
le Souverain.
L’amour, alors, de cet être souverain doit être aussi vraiment immense et souverain.

Mais qui sont ceux auxquels s’adresse une charité si pure ? Saint Paul nous donne la réponse : « Lorsque nous étions encore ses ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu ». Dieu a donc aimé ses ennemis et les a aimés gratuitement.

Et combien nous a-t-il aimé ? D’un amour immense et sans mesure. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ».Son « trésor », ce qu’Il a de plus cher. L’immensité du don mesure l’immensité du bienfaiteur.Alors je vois dans le Christ Seigneur mon Sauveur, Celui qui, pour l’éternité, a la bonté de conserver ma vie, de l’accomplir et de l’introduire dans la gloire.

Alors Saint Bernard a raison de conclure : « Si donc déjà je me dois tout entier pour prix de ma création, qu’ajouterais-je en échange de ma réparation et surtout de cette réparation là. Il n’a pas été aussi facile de me refaire que de me faire. Il est écrit : il dit et les choses furent faites. Mais Celui qui, pour me faire, n’a eu besoin que d’une seule parole, a dû, pour me refaire, en prononcer beaucoup et accomplir des actes miraculeux et subir de dures peines non seulement dures mais indignes de Lui.
Que rendrais-je donc au Seigneur en échange de tout ce qu’il m’a donné ?
Dans une première œuvre, il m’a donné à moi-même. Dans la seconde, il s’est donné à moi et en se donnant, il m’a rendu à moi-même.
Donc donné puis rendu, je me dois pour prix de moi-même et je me dois deux fois.
Mais que vais-je rendre à Dieu pour prix de Lui-même ? Quand je pourrais me rendre mille fois, que suis-je en comparaison de Dieu » ?
Amen.

Abbé Paul Aulagnier .



Quelques informations de la semaine


A - La publication du CD d’Itinéraires

Une nouvelle très importante : la publication du CD d’Itinéraires.
Je viens de l’apprendre en lisant le journal Présent, dans le numéro du Samedi 17 janvier 2004 : Le Présent littéraire. Ce numéro est très riche. Au passage : abonnez-vous à votre tour. S'il disparaît, ce sera aussi votre faute. Il faut que les lecteurs augmentent. Ce journal le mérite.
Je tiens à communiquer au plus grand nombre cette nouvelle. Et pour cela, je me permets de relayer l’information.
Pourquoi cette publication est importante ?

Parce-que la revue ITINERAIRES est la plus importante des revues du XXè siècle. D’une part par la qualité des articles, d’autre part, par la qualité des auteurs et collaborateurs de Jean Madiran. Cette revue est une mine, une source immense et abondante de doctrine, de doctrine catholique. Les sujets les plus brûlants y sont abordés avec compétence et sagesse. Je dirais volontiers qu’ITINERAIRES est la revue de la chrétienté au XXè siècle. C’est tout à l’honneur de son fondateur et directeur : Jean Madiran.
C’est dire combien est précieuse, cette revue.
C’est dire combien est nécessaire, cette publication de ce CD :
Le CD d’Itinéraires.

Voici comment Présent présente la chose. Je reprends le papier tel quel.

« Le CD d’Itinéraires.
Avec l’aimable autorisation de l’Action Familiale et Scolaire (AFS : 38, avenue Niel 75017 Paris), nous reproduisons cet article paru dans sa revue d’octobre 2003.
« La collection complète de la première série de la revue Itinéraires (Itinéraires mensuel, du n° 1-mars 1956 au n° 338-décembre 1989) a été enregistré sur un CD disponible à l’adresse suivante : P Champroux, chemin du Haut Gavin 39570, Courlaoux.
« Ce CD constitue un événement. De 1956 à 1996, Itinéraires a joué un rôle fondamental dans le combat des idées religieuses, philosophiques, politiques. Rôle qui avait été ainsi présenté dans l’article « les quarante ans d’Itinéraires du n° 127 (octobre 1996) de l’AFS :
« Depuis quarante ans, s’est manifestée dans Itinéraires une ligne de pensée continue marquée par la fidélité : fidélité à l’Eglise romaine et à la patrie française ; fidélité à la doctrine et à la liturgie traditionnelle ; respect de l’ordre naturel et surnaturel et du sens commun…Belle continuité dont on ne trouve, sur une aussi longue période, que peu d’exemple.
« Les articles d’Itinéraires sur le Concile Vatican II et la réforme liturgique (étude de Jean Madiran, de Marcel de Corte, de Louis Jugnet, de Louis Salleron, du Père Calmel, de l’abbé Dulac, du Père Joseph de Sainte Marie…) constituent une analyse d’ensemble, la meilleure que l’on ait en France sur le sujet. La revue a su éviter le piège du conciliarisme dans lequel tombe trop facilement nombre de catholiques traditionnels victimes de leur tendance à la conciliation abusive.
« Quant aux études politiques, elles présentent les mêmes qualités que les études religieuses : documentation précise, raisonnements exacts, démolitions implacables des fausses argumentations.
« Ce qui a fait d’Itinéraires un instrument hors pair pour apprendre à penser juste et pour amorcer la réforme intellectuelle et morale dont notre pays a besoin. »
« Cet instrument hors pair, mis sur un CD, va prendre une vie nouvelle, avec tous les avantages qu’apporte l’informatique pour effectuer des recherches ultra rapides sur l’ensemble des documents enregistrés. Grâce au CD, les jeunes générations vont pouvoir se familiariser avec les grands auteurs précités et trouver de puissants appuis leur permettant de mieux résister à la crise doctrinale. Et les générations moins jeunes pourront retrouver les argumentations qu’elles avaient utilisées dans le passé et qui n’ont rien perdu de leur pertinence.
Les caractéristiques du CD sont ainsi précisées par son auteur :
Tous les fichiers sont en format Word 2OOO et non sous format PDF, ne serait-ce parce qu’il subsiste des fautes que l’utilisateur doit pouvoir corriger.
L’application donne d’une part la possibilité de consulter tous les numéros de la revue du n° 1 de mars 1956, au n° 338 daté de décembre 1989.
Elle permet d’autre part de consulter trois fichiers d’index : index chronologique des titres (sommaires, doc .), index alphabétique(articles, doc.) index des titres classés par nom d’auteur (auteurs, doc.), chacun donnant accès aux deux autres et aux articles de tous les numéros de la revue. Ces fichiers peuvent être annotés ou modifiés selon les besoins de l’utilisateur.
Le prix demandé pour le CD est de 3OO euros. Les personnes qui en feraient la demande à l’adresse indiquée ci-dessus pourront bénéficier d’une réduction.
Souhaitons donc un grand succès au CD d’Itinéraires qui vient s’ajouter aux CD déjà disponibles de l’AFS (n° 1 à 155 de la revue) ».


B - Un jugement sur la nécessité de recréer l’unité des forces traditionnelles dans cette présente crise de l’Eglise.

Cette idée d’unir les forces en respectant les diversités légitimes et historiques, est mon grand souhait. Et je l’exprime à tous vents, en toutes circonstances. Je prie pour cela.
Or en lisant les « étonnants » et récents articles de Jean Madiran, dans Présent et particulièrement son article du mercredi 14 janvier 2004 intitulé « Inter-laïcs : la confession d’Hubert le papiste », j’ai retenu une phrase intéressante que je vous livre. Jean Madiran la met dans la bouche d’Hubert Bassien-Quernard. Il le surnomme le « papiste ». . Il lui donne 23 ans. Veut-il dire par là que l’opinion qu’il exprime dans sa bouche est l’opinion, plus tôt, de la jeune génération. Faut-il attribuer une raison particulière au fait qu’il le surnomme le « papiste ». Je ne sais pas . Il faut que je lui demande des explications sur ces « étonnants » dialogues.

Quoi qu’il en soit, voici le jugement qui me plait :
- « Depuis que j’ai l’âge de raison, j’ai toujours entendu, dans ma famille, répéter comme un principe : « la légitimité de la résistance à la nouvelle religion se fonde davantage sur les certitudes de la foi que sur les explications de la crise ». Tous les tradis ont, par définition, les mêmes certitudes de la foi, tandis qu’ils n’ont pas tous les mêmes explications de la crise ».
- « Les explications, dit Solange (elle a 63 ans !)sont des opinions théologiques, et l’accord des théologiens entre eux n’est pas toujours évident. Les certitudes de la foi fondent la résistance passive ou active, visible ou invisible, patiente ou impatiente, selon les vocations, les circonstances, les opinions. Sur les certitudes de la foi se fonde une vraie communion. Les opinions provoquent des différences mais ne justifient pas des séparations ».

Elle est loin d’être bête « la » Solange ainsi que « notre » Hubert. Ces deux avis, du reste, se prolongent heureusement, harmonieusement. Hubert dit le principe, que je partage. Solange en tire les conclusions que je partage aussi. J’aimerais bien que mes confrères dans la FSSPX y portent quelques attentions. Il y aurait peut-être moins de séparation.


C – Un concert dit « de la réconciliation » au Vatican dans la salle Paul VI, le samedi 17 janvier 2004.

a) des paroles du Pape Jean-Paul II

Le samedi 17 janvier 2004, un concert dédié au thème de la « réconciliation » entre Juifs, Chrétiens et Musulmans, a eu lieu au Vatican, dans la grande salle Paul VI, avec la présence du Pape Jean Paul II. Il y fut interprété, par l’orchestre de Pittsburgh et les chorales de Londres, Ankara, Cracovie, sous la direction de Gilbert Levine, américain, le motet contemporain inspiré par la figure d’Abraham, du compositeur américain, présent à cette première mondiale de son œuvre, John Harbison, et trois mouvements de la symphonie de Gustave Mahler( 1860-1911) : n° 2 la Résurrection.
Je me suis intéressé à ce concert en raison des paroles prononcées par le Pape sur le sujet de la « reconciliation » entre Juifs, Catholiques et Musulmans.
A la fin de ce concert, le Pape a pris la parole et a dit entre autres :

« L’histoire des rapports entre Juifs, Chrétiens et Musulmans est marquée par des lumières et des ombres et, hélas, a connu des moments douloureux. Aujourd’hui on ressent le besoin pressant d’une sincère réconciliation entre croyants dans le Dieu unique ».

Quelques remarques :

Deux interrogations. Le Pape dit :

-« l’histoire des rapports entre Juifs, Chrétiens et Musulmans…a connu des moments douloureux ». N’en connaît-il plus ? Et tous ces massacres au Nigeria, au Soudan, en Egypte et ailleurs.

-« on ressent le besoin pressant d’une sincère réconciliation entre croyants dans le Dieu unique ». Certes, c’est le vœu du Pape. C’est son opinion, son souhait. Est-il bien sur que ce souhait soit partagé par tous les musulmans ?

Le Pape affirme enfin : «tous ensemble» nous exprimons le souhait que « les hommes soient purifiés de la haine et du mal qui menacent continuellement la paix et qu’ils sachent se rendre mutuellement des mains sans violence, mais promptes à offrir de l’aide et du réconfort à qui se trouve dans le besoin ».

Ce souhait est bien noble…Il touche bien le cœur du problème « islamique » qui est une religion de « guerre ».
Daniel Raffard de Brienne touche le vif de la question, lui qui écrit, dans Présent, présentant le livre de Laurent Lagartempe « Petit guide du Coran » sous le titre « un Islam tolérant » :
« Ce qui intéresse davantage notre question concernant l’Islam tolérant, c’est le fait que près de 10% des versets du Coran sont ce que Lagartempe appelle des « versets colériques ». Ces versets s’en prennent au plus grand des péchés : l’incroyance à l’Islam. Les païens y passent un mauvais quart d’heure, mais les juifs et les chrétiens ne sont guère mieux traités. Non seulement les incroyants font l’objet d’insultes aussi violentes que variées, mais les croyants sont appelés à les supplicier et à les massacrer. C’est le djihad . Finalement, l’Islam tolérant, c’est celui qui se contente de réduire les incroyants à l’état de dhimmis, sortes de réprouvés qu’on laisse survivre moyennant humiliations et impôts spéciaux ». (In « Présent » du 3janvier 2004)

Tout cela est dans la nature de l’Islam. C’est le Coran. Certes, combien juste est le souhait du Pape. Mais ce souhait, lui, est-il de nature à changer le Coran et l’Islam ? Avec de tels souhaits et de tels vœux, on livre désarmées les nations jadis chrétiennes au péril de demain. Le dialogue interreligieux aura un jour des conséquences graves. Il sera trop tard. Le Vatican y aura sa part de responsabilité.


b) des paroles du Cardinal Kasper.

Mais celui-là que fait-il au Vatican ?

Le même jour, le 17 janvier 2004, dans la même circonstance, lors de ce fameux concert « de la Réconciliation » au Vatican, cette fois en début de concert, le cardinal Kasper, on n’en finit pas de décliner ses titres, président du « Conseil Pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens » et « Président de la Commission Pontificale pour les relations avec le judaïsme » présenta au Pape les invités. Dans son discours, il a eu l’audace de dire, au milieu de son discours, je dirais perdu dans son discours, cette phrase :

« Nous, Juifs, Chrétiens et Musulmans nous participons à l’espérance du paradis du Seigneur ».

Tout de même ! Eminence ! Voyons !

Lisez donc l’excellent livre de Laurent Lagartempe « Petit guide du Coran » .Voyez déjà ce qu’en dit Daniel Raffard de Brienne dans son commentaire de présentation : « On est frappé à la lecture des versets coraniques de l’aspect primitif et matérialiste de leur enseignement. C’est le cas, par exemple, des multiples descriptions du paradis d’Allah. Un paradis réservé aux hommes. Il semble qu’il n’ait rien de prévu pour les femmes. Les heureux hommes admis au paradis y passeront l’éternité, vautrés sur des trônes installés dans les jardins verdoyants. Ils s’occuperont à boire de délicieux breuvages, même alcoolisés, au milieu d’un essaim de jolies vierges prêtes à tout. Voilà un programme alléchant pour un week-end. N’est-il pas un peu monotone pour l’éternité ? Apparemment non, puisque des kamikazes se font sauter pour gagner vite et sûrement ce paradis. Mais que penser des femmes kamikazes qui, elles, ne sont sûres de rien ? »

Vraiment, Eminence ! « Tous, Juifs, Chrétiens et Musulmans, nous participons à l’espérance du paradis du Seigneur ». Vous vous moquez.

D – L’Islam en France.

Sous ce titre « l’Islam en France », Emmanuel Rattier, dans son « Faits et Documents » n° 165 du 15 décembre au 15 janvier 2004, retranscrit, du site de l’Assemblée Nationale, un très intéressant rapport d’Yves Bertrand, directeur central des Renseignements généraux. Ce rapport a été donné le 9 juillet 2003 dans le cadre de la Commission de l’Assemblée Nationale présidée par Jean-Louis Debré, président de l’Assemblée Nationale, ayant pour objet le problème du « voile islamique »dans les écoles publiques.

Voici comment Emmanuel Ratier présente ce rapport : « Le document que nous vous proposons ci-dessous est tout à fait exceptionnel. IL n’y a pas eu que la Commission Stasi à se pencher sur la question du voile. Bien que beaucoup moins médiatisée, il y a eu aussi la Commission de l’Assemblée Nationale, présidée par Jean-Louis Debré, qui vient de s’interroger longuement sur le développement spectaculaire de l’Islam en France et de ses formes les plus visibles tels le « tchador ». ( NDLR :l’objet exact de cette Commission fut le problème de la laïcité et des insignes religieux à l’école publique). Ce rapport vient d’être rendu public, mais n’a malheureusement pas été aussi médiatisé qu’on aurait pu l’espérer….Reçu le 9 juillet 2003, Yves Bertrand, directeur central des Renseignements généraux, a sans nul doute été l’un des interlocuteurs les plus intéressants de cette commission…Le portrait qu’il trace de l’Islam est proprement stupéfiant, montrant que le « voile » n’est qu’un épiphénomène d’un vaste réseau de propagande religieuse qui est en train de s’implanter rapidement dans le monde du travail. C’est sans doute pourquoi sa prestation n’a été reprise nulle part. Il s’agit pourtant de l’avis sans doute le plus autorisé et le plus fiable sur la question ».

Une telle présentation retint mon attention. Je suis allé sur le site de l’Assemblée Nationale. J’ai trouvé le rapport de Yves Bertrand. Vous pouvez le lire in extenso sur le site ITEM. Cliquez là.
Bonne lecture.


E – Une première dans le diocèse d’Evreux.

Mgr David, évêque d’Evreux, en visite à Thiberville, grosse paroisse du diocèse, dont le sympathique curé est Monsieur l’abbé MICHEL, a célébré la messe dite de Saint Pie V, le dimanche 18 janvier 2004 dans l’église, le soir, à 17 heures, sur l’autel majeur, face à Dieu. A la joie des tous les fidèles nombreux. Qu’on se le dise. Et la situation ne changerait-elle pas un petit peu, même en France. Quand on sait les difficultés que nous avons eu en 1996 pour maintenir la messe que célébra Monsieur l’abbé Montgomery pendant quarante ans dans ses paroisses du Chamblac. Vous trouverez l’histoire racontée de cette lutte sur le site ITEM, dans la rubrique : « Sur le front de la messe ».




Traité de l’amour de Dieu.

Ce « traité de l’amour de Dieu » a pour auteur Saint Bernard, abbé de Clervaux.
Il est bref. Douze chapitres. Et encore les chapitres sont courts. Il est simple.
Les sept premiers chapitres sont passionnants, je veux dire, utiles à toute âme qui se préoccupe de son éternité.
De cette éternité, il est bon d’y penser souvent, ne serait-ce que par « pitié pour son âme ». Notre âme est immortelle. Elle a une destinée éternelle. La vie temporelle est courte. Elle passe vite, très vite. L’au-delà est certain. Le Ciel ou l’Enfer. Le Purgatoire, un temps.
Aussi, nourrir son âme de quelques bonnes pensées, peut être utiles pour son éternité.
C’est dans ce but que les quelques chapitres du « traité de l’amour de Dieu » de Saint Bernard pourraient vous êtres bénéfiques.
Quand j’ai pris connaissance, moi-même, de ce traité, j’en fus ravi. Cette lecture me fit du bien. J’aimerais qu’il en soit de même pour vous. Aussi prenez-en connaissance. Je suis sur que vous en tirerez profit aussi.
Je ne vous donnerai que les sept premiers chapitres. Ils sont toniques. Les derniers sont moins passionnants.
J’accomplis ainsi mon devoir de « curé ». La charge de curé n’est-elle pas de prendre soin de son troupeau, pour le conduire au Ciel. La « cura animarum » est la raison du sacerdoce. C’est ce que nous enseigne l’Eglise et tous les Conciles. C’est ce que nous répétait Mgr Lefebvre. Je ne l’ai pas oublié.
Je vous donne la traduction d’Albert Béguin des éditions du Seuil.


Chapitre I : Pourquoi et comment on doit aimer Dieu.


« Vous voulez donc que je vous dise pourquoi et comment on doit aimer Dieu ? Je réponds brièvement : la raison pour laquelle on aime Dieu, c’est Dieu lui-même ; et la mesure de cet amour, c’est de l’aimer sans mesure.
Ceci suffirait sans doute pour une personne déjà instruite de ces choses.
Mais je suis aussi le débiteur des simples et des ignorants, il faut qu’après avoir répondu aux savants, je tienne compte des autres. A l’intention de ces esprits moins avancés, je ne ferai pas de difficultés de m’étendre plus longuement sur ce sujet, sans pour autant l’approfondir davantage.
Je dirai donc qu’il y a deux raisons d’aimer Dieu pour lui-même : d’abord parce qu’on ne peut rien aimer avec plus de justice ; ensuite parce que rien n’est plus profitable.
Car lorsqu’on se demande pourquoi il faut aimer Dieu, cette question appelle deux pensées différentes, puisqu’on peut mettre en question le sujet même de la question : faut-il aimer Dieu pour son mérite, ou bien pour l’avantage que nous retirons de cet amour ?
En fait, je ferai la même réponse dans les deux cas, puisque je ne saurais trouver d’autre motif de l’aimer que lui-même.

Mais commençons par traiter de son mérite.

C’est évidemment avoir beaucoup mérité de nous que de se donner à nous sans que nous l’ayons aucunement mérité. Etant ce qu’il est, que pouvait-il nous donner de meilleur que lui-même ? Si donc s’interroger sur les raisons d’aimer Dieu revient à rechercher quel est le mérite de Dieu, la raison principale est que lui-même nous a aimé le premier.
IL est donc digne d’être aimé en retour, surtout si l’on comprend bien qui est celui qui aime, qui sont ceux qu’ils aiment, et combien il les aime.
Qui est-il donc ? Il est celui auquel tout esprit rend ce témoignage : « tu es mon Dieu, parce que tu n’as besoin d’aucuns de mes biens » (Ps 15, 2) L’amour de cet être souverain est vraiment immense, puisqu’il ne cherche pas son propre intérêt.
Mais qui sont ceux auxquels s’adresse une charité si pure ? « Lorsque nous étions encore ses ennemis, dit Saint Paul, nous avons été réconciliés avec Dieu » (Rm 5,10). Dieu a donc aimé ses ennemis et les a aimé gratuitement.
Enfin quelle a été la mesure de cet amour ? Saint Jean nous le dit : « Dieu a tant aimé le monde, qu’il lui a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Et saint Paul : « Il n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré à la mort pour nous » (Rm 8,32). A son tour, le Fils a dit parlant de lui-même : « Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).
Tels sont les mérites que le juste s’est acquis auprès des coupables, tel est l’amour du Très-Haut pour d’infimes créatures, du Tout Puissant pour notre extrême faiblesse.
Mais on dira peut-être que s’il a fait cela pour les hommes, il n’en a pas fait autant pour les anges. C’est vrai, mais parce que ce n’était pas nécessaire. Et d’ailleurs, celui qui vint au secours des hommes dans leur très grande misère, a préservé les anges de cette misère ; et si, dans son amour pour les hommes, il leur a donné le moyen de ne pas demeurer tels qu’ils étaient, par un amour aussi grand il a permis aux anges de ne pas déchoir comme nous ».

Voilà le premier chapitre. Vous voyez : il est court. Il est dense. Méditez-le.

Il annonce la raison fondamentale d’aimer Dieu : « la raison pour laquelle on aime Dieu, c’est Dieu lui-même »
Il donne la mesure de cet amour : « c’est de l’aimer sans mesure ». Et
n’oubliez pas la raison de l’immensité de cet amour pour Dieu : « c’est Dieu lui-même ».
Tout son exposé va tourner autour de cette idée : Dieu et son amour pour nous. En retour de cet amour premier de Dieu, nous lui devons notre amour. Dieu, en effet, a mérité notre amour. Cette idée revient sans cesse dans tout son traité.

Remarquez, en effet que Saint Bernard donne deux raisons d’aimer Dieu pour lui-même:
-d’abord parce que Dieu a mérité notre amour. C’est la première raison,
-et ensuite parce que rien n’est plus profitable à mon âme. C’est la deuxième raison.

« Je dirai qu’il y a deux raisons d’aimer Dieu pour lui-même : d’abord parce qu’on ne peut rien aimer avec plus de justice ; ensuite parce que rien n’est plus profitable ».
Saint Bernard va commencer par expliquer la première raison : Que c’est justice d’aimer Dieu parce qu’il a mérité notre amour.
Cette question va faire l’objet des six premiers chapitres.
L’autre raison, celle du profit pour mon âme, fera l’objet du septième chapitre.
Il commence par la première idée : Dieu a mérité notre amour. C’est l’objet du premier chapitre. Il donne cette idée merveilleuse que vous devez garder devant vos yeux : « C’est avoir beaucoup mérité de nous que de se donner à nous sans que nous l’ayons aucunement mérité ».
C’est équivalemment affirmer que Dieu nous a aimé le premier : « la raison principale est que lui-même nous a aimé le premier ».
Et la conclusion tombe souveraine : « il est donc digne d’être aimé en retour ».
Et Saint Bernard fait sonner cette vérité du « mérite » divin en attirant l’attention de son lecteur sur trois vérités essentielles : qui est celui qui aime. Qui sont ceux qui sont aimés. Et combien il les aime.
A votre tour, faites sonner, dans votre cœur, ces trois raisons. Méditez-les. C’est proprement ce qu’on appelle « méditer ». Elles vous permettrons de comprendre l’immensité de l’amour de Dieu, et sa gratuité et son amour miséricordieux.

Abbé Paul Aulagnier